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3.

3 Action du vent sur les constructions

Les éléments qui suivent sont extraits de l’EN 1991-1-4 [5] et de son Annexe Nationale [6].
Pour plus d’information, le lecteur est invité à consulter les documents d’origine.

3.3.1 Action du vent sur les parois d’une construction

Les actions du vent s’appliquent directement sur les faces extérieures des constructions fermées et, du fait de la
porosité des parois, agissent aussi indirectement sur les faces intérieures.
Elles peuvent également affecter directement la face intérieure des constructions ouvertes.
Ainsi, les pressions (ou dépressions) [kN/m2] qui s’exercent sur les deux faces de chaque paroi, engendrent des
forces perpendiculaires à ces parois qui sont la résultante de ces pressions (figure 3.14).

Figure 3.14 Exemple d’actions du vent sur les parois d’une construction

Lorsque l’action du vent est dirigée vers la face de la paroi (pression ou surpression), elle est comptée
positivement. Dans le cas contraire (dépression), elle est comptée négativement.
Par ailleurs, lorsque le vent balaye de larges surfaces de la construction, des forces de frottement non
négligeables peuvent se développer tangentiellement à la surface, créant alors un effet d’entraînement qui se
traduit par un effort agissant dans la direction du vent.
C’est la combinaison de ces pressions et dépressions qui permet de calculer les actions du vent sur une
construction qu’il faut évaluer pour toutes les orientations possibles du vent par rapport à l’ouvrage. On signale
toutefois que c’est lorsque le vent est normal à une surface qu’il produit l’action la plus grande. En d’autres
termes, pour un bâtiment à base rectangulaire par exemple, seules quatre directions principales sont à analyser,
c’est-à-dire les quatre directions perpendiculaires à chaque paroi verticale.
On note également que les actions du vent sur une construction ne consistent pas à combiner les effets
maximums sur chaque paroi mais à examiner les effets de chaque situation liée à une orientation spécifique du
vent par rapport à l’ouvrage.
Une étude des actions du vent sur une structure doit se traduire par l’évaluation des résultantes horizontales et
verticales pour chaque direction du vent, la résultante verticale pouvant être dirigée vers le sol, auquel cas le vent
« écrase » l’ouvrage, ou au contraire conduire à un soulèvement de ce dernier. Elle permet également de
déterminer les actions à prendre en compte pour le calcul de chaque barre ou chaque attache de la construction,
pieds de poteaux compris.
Les pressions aérodynamiques extérieure we et intérieure wi sur une paroi sont obtenues à partir :
• des coefficients de pression extérieure cpe et intérieure cpi déterminés en fonction des caractéristiques
géométriques de la construction,
• de la pression dynamique de pointe qp (Z ) déterminée en fonction de la situation géographique et de la
hauteur z au-dessus du sol (ze pour la pression extérieure et zi pour la pression intérieure).
we = cpe .qp (ze ) et wi= cpi .qp (zi ) (cpe et cpi < 0 si dépression)

Remarque : Pour la plupart des bâtiments étudiés, les hauteurs de référence ze et zi sont égales et ont pour valeur
la hauteur h du bâtiment.
Dans ce cas, l’action du vent sur une paroi est la résultante des pressions agissant sur celle-ci, soit :
w we wi cpe cpi qp z
Dans le cas contraire, on a : w we wi cpe qp ze cpi qp zi 

3.3.2 Pression dynamique de pointe


La pression dynamique de pointe qp dépend de la pression dynamique de référence qb, de la hauteur de référence
z et du coefficient d’exposition ce (z) concernant la construction :
qp(z) = ce (z) . qb
3.3.2.1 Pression dynamique de référence
La pression dynamique de référence, qb, est fixée pour chaque région climatique en fonction de la vitesse de
référence vb. Elle a pour expression :

ρ . vb ²
qb=
2
où ρ est la masse volumique de l’air prise égale à 1,225 kg/m3,
vb est la vitesse de référence du vent, avec vb = cdir . cseason . vb,0.
Les coefficients cdir et cseason sont pris égaux à 1.
vb,0 est la valeur de base de la vitesse de référence du vent (vitesse moyenne sur 10 minutes caractéristique à 10
mètres au-dessus du sol et terrain dégagé sans obstacles). Elle est donnée à la figure 3.15 pour les différentes
régions de vent [6].

Figure 3.15 Carte de la valeur de base de la vitesse de référence en France et dans les départements
d’Outre-mer.
Note : vb étant exprimée en m/s, il faut multiplier le résultat par 103 pour obtenir une pression en kN/m2.
Les hauteurs de référence ze pour les murs au vent des bâtiments à plan rectangulaire
Dépendent du facteur de forme h b et sont toujours les hauteurs supérieures des différentes parties des murs.
Elles sont représentées sur la figure 3.16 pour les trois cas suivants :
Figure 3.16 Hauteur de référence, ze, en fonction de h et b et profil correspondant de pression dynamique
• si h ≤b : ze = h
• si b < h ≤ 2b : ze = b jusqu’à z = b et ze = h au-delà
• si h > 2b, la partie médiane située entre z = b et z = h − b est divisée en bandes horizontales (hauteur d’étage,
en général) tel qu’indiqué à la figure 3.17.

Figure 3.17 Hauteur de référence dans le cas d’une face au vent élancée

Pour les murs sous le vent et la toiture, ze = h

3.3.2.3 Coefficient d’exposition

Le coefficient d’exposition ce (z) est lu sur les courbes de la figure 3.18 en fonction :
• de la hauteur z de la construction au-dessus du sol,
• de la catégorie du terrain déterminée à partir du tableau 3.8.
Le coefficient d’exposition peut aussi être calculé par l’expression :
0 ;07
z z z0
ce (z) = kr . ln( ) . [7+ . ln( )] kr = 0,19 . ( )
z0 z0 0 , 05
La valeur de z ne peut pas être prise inférieure à zmin, valeur représentative de la dimension des obstacles
environnants.
z0 est la longueur de rugosité, elle caractérise donc la rugosité du terrain.
Figure 3.18 Représentation du coefficient d’exposition ce(z)

Tableau 3.8 Catégories et paramètres de terrain

3.3.2.4 Exemple d’application


Soit un bâtiment de hauteur h = 12,00 m construit dans une zone industrielle du département du Lot-et-Garonne.
Ce département est classé en région climatique 1.
La vitesse de référence du vent a pour valeur vb 22 m/s.
On obtient la pression dynamique de référence par le calcul :
qb= 0,5 .ρ . v b² = 0,5 ×1, 225 × 222×10−3 = 0, 296 kN/m²
En admettant que la largeur b de la face au vent soit supérieure à la hauteur du bâtiment, la hauteur de référence
à utiliser pour le calcul du coefficient d’exposition a pour valeur :
z = h = 12,00 m
La zone industrielle est classée en catégorie de terrain IIIb :
z0 0,50 m zmin 9,00 m donc z > zmin
Le coefficient d’exposition est lu sur la courbe IIIb de la figure 3.18 : ce (z) = 1,6 ou obtenu par le calcul :
0 , 07 0 , 07
kr = 0,19 . (
z0 0 , 50
) = 0,19×( ) = 0,22
0 , 05 0 , 05
z z 12, 00 12 , 00
ce (z) = kr² . ln( ¿ .[7 +ln ⁡( )] = 0,22² × ln( ¿ ×[7+ ln ⁡( )] = 1,612
z0 z0 0 ,50 0 , 50
La pression dynamique de pointe a pour valeur :
qp(z) = ce (z) . qb = 1,612 × 0,296 = 0,478 kN/m²

3.3.3 Coefficients de pression pour les bâtiments


Les coefficients de pression extérieure et intérieure sont notés respectivement cpe et cpi. On rappelle que :
– cp positif correspond à une pression sur la face considérée,
– cp négatif correspond à une dépression sur la face considérée.

3.3.3.1 Coefficients de pression extérieure Généralités

Cette méthode est applicable aux bâtiments ne comportant pas plus d’une face ouverte à plus de 30 . Les parois
des bâtiments ne satisfaisant pas ce critère doivent être traitées comme des parois isolées.
– Aire de la surface chargée
La pression aérodynamique sur la face extérieure d’une paroi n’est ni constante, ni uniforme et la probabilité
d’atteindre une valeur moyenne élevée sur un intervalle de temps donné est plus grande si la surface est réduite.
C’est pourquoi la valeur du coefficient de pression cpe dépend de l’aire de la surface chargée ; deux valeurs sont
données dans les tableaux de l’EN 1991-1-4 :
• cpe,1 pour le calcul des petits éléments et de leurs fixations, valable pour des éléments d’aire inférieure ou
égale à 1m2 tels que des éléments de façade et de toiture ;
• cpe,10 pour le calcul d’éléments supportant des surfaces chargées d’aire supérieure ou égale à 10 m2 tels que
les portiques ou les stabilités de bâtiments.
Dans le cas de surfaces d’aire A comprise entre 1 et 10 m2, le coefficient de pression est obtenu par interpolation
logarithmique :
cpe = cpe,1 – (cpe,1 = cpe,10) . log10 A
– Directions de vent
On doit étudier les quatre directions de vent perpendiculaires aux faces du bâtiment ; ces cas couvrent les vents
obliques dans la limite de ± 45° par rapport à la direction étudiée.
Ɵ = 0° correspond à une direction de vent perpendiculaire au long-pan (figure 3.19)

Figure 3.19 Vue en plan du bâtiment précisant les directions de vent à prendre en compte

Note : Dans ce chapitre, la direction du vent est précisée si nécessaire par un indice correspondant à l’angle θ,
par exemple : W−90°
– Découpage des parois en zones
Les zones de rive adjacentes à une face au vent subissent des pressions ou dépressions plus élevées que le reste
de la paroi.
L’Eurocode 1 définit un découpage des parois en zones repérées par des lettres A à J
(figure 3.20) et les valeurs du coefficient cpe sont donnés pour chaque zone.

Figure 3.20 Découpage des parois en zones

Les dimensions des zones de rives sont calculées à partir d’une largeur :
e = min(b ; 2h)
avec : h : hauteur de la construction,
b : largeur de la face verticale au vent.
La profondeur de la construction, mesurée dans la direction parallèle au vent, est notée d
(voir figure 3.20).
Les dimensions b, d, e et les zones doivent être redéfinies pour chaque direction de vent.
Faces verticales des bâtiments rectangulaires
La figure 3.21 illustre à travers un exemple le découpage en zones des faces verticales d’un bâtiment pour une
direction du vent donnée.

Figure 3.21 Exemple de découpage en zones des parois verticales d’un bâtiment

Suivant le type de toiture, la hauteur de la construction est mesurée au faîtage ou en sommet d’acrotère (figure
3.22).

Figure 3.22 Hauteur du bâtiment, mesurée au faîtage ou en sommet d’acrotère

Remarque :
• si d e, il n’y a pas de zone C,
• si d e/5, il n’y a ni zone C, ni zone B.
Les coefficients cpe sont donnés dans le tableau 3.9. Ils dépendent du rapport h d pour les faces perpendiculaires
au vent (zones D et E).

Tableau 3.9 Coefficients de pression extérieure pour les murs verticaux des bâtiments à plan rectangulaire

Remarques :
• Les bâtiments hauts tels que h ≥ 5.d sont assimilés à des barres ou des plaques et ne sont pas traités par cette
méthode.
• Pour les valeurs intermédiaires de h d, les coefficients cpe des zones D et E sont obtenus par interpolation
linéaire.
Application à l’exemple de la figure 3.21 :
h /d = 4,50 /12,00 = 0,375 0,25 < h < 1
0,375−0 ,25
Zone D : cpe,10 = 0,7 + × ( 0 , 8−0 ,7 )=+0 , 72
1−0 , 25
0,375−0 ,25
Zone E : cpe,10 = -0,3 + × (−0 , 5−(−0 , 3 ) )=−0 ,33
1−0 , 25
Figure 3.23 Coefficients de pression cpe,10 sur les faces extérieures des parois verticales

Toitures-terrasses
Les toitures dont les versants ont un angle de pente inférieur à 5° sont considérées comme
toitures-terrasses.
La figure 3.24 définit à travers un exemple les différentes zones à considérer par rapport à la direction du vent.

Figure 3.24 Exemple de définition des zones d’une toiture-terrasse

Les hauteurs utilisées dans les calculs sont définies comme suit :
h : hauteur de la toiture par rapport au sol (figure 3.25),
hp : hauteur de l’acrotère éventuel (doit être inférieure à h/10).

Figure 3.25 Hauteur de la toiture et de l’acrotère

Les coefficients cpe sont donnés dans le tableau 3.10 pour des toitures avec acrotères ou rives
à arêtes vives.
Remarques :
• La dépression sur les zones de rive F et G décroît avec la hauteur de l’acrotère ; pour des valeurs intermédiaires
de hp h, une interpolation linéaire peut être utilisée.
• En zone I, le coefficient cpe varie dans un intervalle de valeurs positives et négatives ; chacune des bornes doit
être prise en considération.

Tableau 3.10 Coefficients de pression extérieure applicables aux toitures-terrasses


Toitures à un seul versant
Un exemple de toiture à un versant est donné à la figure 3.26 ; il servira de support dans la suite de ce
paragraphe.

Figure 3.26 Toiture à un versant

Selon l’EN 1991-1-4, la direction _ = 0° correspond au vent sur long-pan côté rive basse.
Trois directions de vent sont à étudier : W0, W180et W90.
– Vent W0° sur long pan rive basse
Les zones de la toiture sont définies à la figure 3.27.
Les coefficients cpe sont donnés en fonction de l’angle de pente α.
Lorsque l’angle de pente est compris entre 5° et 45°, on doit considérer le cas du versant en dépression (tableau
3.11) et celui du versant en pression (tableau 3.12).
Application à l’exemple : α = arc tan0,125 = 7,13°
Les valeurs de cpe,10 obtenues par interpolation linéaire entre les valeurs données pour α = 5° et pour α = 15°
sont indiquées dans le tableau 3.13.
Les coefficients cpe sont donnés dans le tableau 3.15 en fonction de l’angle α.

Tableau 3.15 Coefficients cpe applicables aux toitures à un versant pour un vent W 90°

Toitures à deux versants


Si la toiture est symétrique, deux directions de vent sont à considérer : W0 ϒet W±90°.
L’angle de pente est compté négatif lorsque les deux versants forment une noue.
– Vent W0° sur long pan
Un exemple est donné à la figure 3.30
Figure 3.30 Découpage en zones d’une toiture à deux versants pour un vent W0°

Les coefficients cpe sont donnés dans le tableau 3.16 en fonction de l’angle de pente α.
Pour les versants dont l’angle de pente est compris entre –5° et 45°, deux cas sont à considérer.
La toiture doit alors être étudiée dans quatre cas au total en combinant les deux cas possibles pour chaque
versant.

Les coefficients cpe sont donnés dans le tableau 3.17 en fonction de l’angle de pente α.
Tableau 3.17 Coefficients cpe applicables aux toitures à deux versants pour un vent W90°

Avancées de toitures
Pour les avancées de toit, la pression exercée sur la face inférieure de l’avant-toit est égale à la pression
applicable à la zone du mur vertical directement relié à l’avancée de toit. La pression exercée sur la face
supérieure de l’avant-toit est égale à la pression de la zone, définie pour la toiture elle-même.
Un exemple est donné à la figure 3.32.

Figure 3.32 Bâtiment avec avancée de toit

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