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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Pour le 02/10/2014

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

DM no 3 : Applications, relations

Problème 1 –

Soit E et F deux ensembles. On dit que :


(i) E est moins puissant que F s’il existe une injection f : E → F ;
(ii) E est plus puissant que F s’il existe une surjection f : E → F ;
(iii) E et F sont équipotents s’il existe une bijection f : E → F ;

On se donne Ω un ensemble constitué d’ensembles (ainsi, d’après une remarque du cours Ω ne peut pas être constitué
de tous les ensembles, il faut se restreindre à des collections plus petites). On définit sur Ω les relations ∼ et R de la
façon suivante :
• pour tout (E, F ) ∈ Ω2 , E ∼ F si et seulement si E est équipotent à F ;
• pour tout (E, F ) ∈ Ω2 , ERF si et seulement si E est moins puissant que F .
Nous démontrons dans ce problème que ∼ est une relation d’équivalence sur Ω, et que R induit sur l’ensemble des
classes d’équivalence de Ω pour ∼ (c’est-à-dire l’ensemble quotient) une relation S qui est une relation d’ordre. Nous
démontrons au passage quelques résultats sur le cardinal de R.
1. (a) Montrer que la relation ∼ est une relation d’équivalence. La relation R est-elle une relation d’équivalence ?
une relation d’ordre ?
(b) Montrer que si E ∼ E ′ et F ∼ F ′ , et si ERF , alors E ′ RF ′ .
(c) En déduire que la relation R définit une relation S sur l’ensemble Ω̃ des classes d’équivalences de Ω pour
la relation ∼.
2. (Avec AC) Soit E et F deux ensembles. Montrer que E est moins puissant que F si et seulement si F est plus
puissant que E.
3. Théorème de Bernstein
Soit E et F deux ensembles. Le but de cette question est de montrer que si E est moins puissant que F , et si F
est moins puissant que E, alors E et F sont équipotents (théorème de Bernstein).
Soit f : E −→ F et g : F −→ E deux injections. On note :
\
h = g ◦ f, R = E \ g(F ), F = {M ∈ P(E) | R ∪ h(M ) ⊂ M }, et A= M.
M∈F

(a) Vérifier que E ∈ F et A ∈ F .


(b) Montrer que : ∀M ∈ F , R ∪ h(M ) ∈ F .
(c) On note B = ∁E A, A′ = f (A) et B ′ = g −1 (B). Vérifier que R ∪ h(A) = A et que B ′ = ∁F A′ .
(d) Soit f ′ : A −→ A′ et g ′ : B ′ −→ B les restrictions de f et g. Montrer que f ′ et g ′ sont bijectives.
(e) Montrer que l’application :
ϕ: E −→ F
(
f ′ (x) si x ∈ A
x 7−→
(g ′ )−1 (x) si x ∈ B
est bien définie et bijective.
(f) Montrer que S est une relation d’ordre.
4. Cardinal de R et cardinal de P(N).
sin(x)
(a) En considérant la fonction tan : x 7→ cos(x) , montrer que R et [0, 1] sont équipotents.

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(b) En utilisant le développement en base 2 d’un réel x ∈ [0, 1], montrer qu’il existe une surjection de P(N) sur
[0, 1].
(c) En utilisant le développement en base 3, montrer qu’il existe une injection de P(N) sur [0, 1].
(d) En déduire que P(N) et R sont équipotents.
5. (avec AC). Soit F l’ensemble des fonctions f , définies sur un sous-ensemble Ef de E, et injectives de Ef dans
F . on définit sur F une relation 6 par :

f 6 g si et seulement si Ef ⊂ Eg et g|Ef = f.

(a) Montrer que F est un ensemble inductif, et en déduire l’existence d’un élément maximal f .
(b) En déduire que ERF ou F RE.
(c) En déduire que S est un ordre total.

Problème 2 – Treillis et algèbres de Boole

Partie I – Treillis
Soit E un ensemble, et 6 une relation d’ordre sur E. On dit que E est un treillis si tout couple (x, y) ∈ E 2 admet une
borne supérieure et une borne inférieure. On notera dans ce cas x a y la borne inférieure et x ` y la borne supérieure.
1. Montrer que si (E, 6) est un ensemble totalement ordonné, alors E est un treillis.
2. Les ensembles ordonnés suivants sont-ils des treillis ? Si oui, donner l’expression x a y et x ` y pour tout couple
(x, y) :
(i) N∗ muni de la relation de divisibilité
(ii) P(X), muni de la relation d’inclusion (X étant un ensemble quelconque)
On dit qu’un treillis est borné s’il admet un minimum, qu’on notera 0 et un maximum, qu’on notera 1. Un treillis
E borné est dit complémenté si et seulement si pour tout élément x il existe un élément xc , appelé complémentaire,
vérifiant x a xc = 0 et x ` xc = 1. On dit qu’il est distributif si a est distributif sur `, et inversement.
3. Montrer que pour tout ensemble X, P(X) est un treillis borné complémenté et distributif.
4. Soit (E, 6) un treillis borné, complémenté et distributif.
(a) Soit x ∈ E. Que valent x a 0, x ` 0, x a 1 et x ` 1 ?
(b) Montrer que a est associatif, à savoir : ∀(x, y, z) ∈ E 3 , inf(inf(x, y), z) = inf(x, inf(y, z)).
On admet sans justification que ` est également associatif.

(c) Montrer que tout x ∈ E admet un unique complémentaire xc .


Indication : Si x′ et x′′ sont deux complémentaires, on pourra considérer y = (x a x′ ) ` x′′ .

(d) Montrer que pour tout couple (x, y) ∈ E, on a les relations (appelées lois de de Morgan) : (x a y)c = xc ` y c
et (x ` y)c = xc a y c .
5. On définit deux lois + et × sur E par :

∀(x, y) ∈ E, x + y = (x a y c ) ` (xc a y) et x×y = xa y

(a) Déterminer, pour tout x ∈ E, x + 0, x × 1, x2 et x + x.


(b) Montrer que + est commutative et associative, que × est associative et distributive sur l’addition.
Ces propriétés montrent que tout treillis borné complémenté et distributif peut être muni d’une structure d’algèbre
de Boole dans le sens défini dans la partie suivante.

Partie II – Algèbres de Boole


Une algèbre de Boole est un ensemble A, muni d’une loi d’addition notée +, et d’une loi de multiplication notée ×,
telles que :

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• les lois + et × sont associatives, c’est-à-dire, pour tout (x, y, z) ∈ A3 , (x+y)+z = x+(y+z) et (x×y)×z = x×(y×z) ;
• la loi + est commutative (donc vérifie x + y = y + x) ;
• il existe un élément neutre 0 pour la loi d’addition, c’est-à-dire vérifiant : ∀x ∈ A, x + 0 = x ;
• il existe un élément neutre 1 pour la loi de multiplication ×, c’est-à-dire vérifiant : ∀x ∈ A, x × 1 = x ;
• la multiplication est distributive sur l’addition, c’est-à-dire, pour tout (x, y, z) ∈ A3 , x × (y + z) = (x × y) + (x × z) ;
• tout élément x admet un opposé −x pour l’addition (donc vérifiant x + (−x) = 0) ;
• tout élément x de A est idempotent pour ×, à savoir : pour tout x ∈ A, x2 = x, où x2 désigne x × x.
Pour simplifier les notations, on se permettra d’omettre le signe ×, donc d’écrire xy à la place de x × y.

Dans ce qui suit, on se donne A une algèbre de Boole.


1. Soit X un ensemble quelconque. En se servant de certains résultats établis précédemment, montrer que P(X)
est une algèbre de Boole, lorsqu’on le munit des opérations suivantes :
• ∀(Y, Z) ∈ P(X)2 , Y + Z = Y △Z = (Y ∩ ∁X Z) ∪ (∁X Y ∩ Z) (différence symétrique)
• ∀(Y, Z) ∈ P(X)2 , Y × Z = Y ∩ Z.
Quels sont les éléments 0 et 1 ?
2. (a) En considérant (x + y)2 , montrer que pour tout (x, y) ∈ A2 , xy + yx = 0.
(b) En déduire que :
i. pour tout x ∈ E, −x = x ;
ii. la loi × est commutative.
3. On définit sur A une relation 6 par :

∀(x, y) ∈ A, x 6 y ⇐⇒ xy = x.

(a) Montrer que 6 est une relation d’ordre sur A.


(b) Montrer que pour cette relation d’ordre 0 est le minimum de A, et 1 le maximum.
(c) Montrer que pour tout (x, y) ∈ A2 , x a y existe, et vaut xy.
(d) Montrer que pour tout (x, y) ∈ A2 , x ` y existe et vaut x + y + xy.
(e) Montrer que a et ` sont associatives, commutatives, et distributives l’une par rapport à l’autre.
(f) Montrer que tout élément x de A admet un complémentaire xc , dans le sens défini dans la partie I.
Ainsi, toute algèbre de Boole peut être muni d’une relation d’ordre qui en fait un treillis borné complémenté distributif.
La réciproque avait été établie dans la partie I.

Partie III – Description des algèbres de Boole finies


Le but de cette partie est d’établir que toute algèbre de Boole est isomorphe (c’est-à-dire en bijection, avec conservation
de la structure) à l’algèbre de Boole P(E) des parties d’un ensemble.
Étant donné deux algèbres de Boole A et B, munies des relations d’ordre décrites dans la partie II, on dit que l’appli-
cation h : A −→ B est un homomorphisme d’algèbres de Boole si pour tout (x, y) ∈ A2 , h(x a y) = h(x) a h(y) et si
h(xc ) = h(x)c . On dit qu’il s’agit d’un isomophisme si de plus h est bijective.
Étant donné une algèbre de Boole A, on appelle atome de A tout élément minimal de A \ {0}, donc tout élément a tel
que les seuls éléments x tels que x 6 a sont 0 et a lui-même.
Soit A une algèbre de Boole finie.
1. En considérant m(x) l’ensemble des minorants stricts de x, montrer que tout x non nul de A est minoré par au
moins un atome.
2. (a) Soit (x, y) ∈ A2 , et a un atome de A. Montrer que si a 6 x ` y et si a x, alors a 6 y
Indication : on pourra considérer a a (x ` y).

(b) En déduire que pour tout (x1 , . . . , xn ) ∈ An et tout atome a, si a 6 x1 ` x2 ` · · · ` xn , alors a 6 x1 ou


a 6 x2 ou ... ou a 6 xn .

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3. Soit E l’ensemble des atomes de A, et h : A −→ P(E) définie par :

∀x ∈ A, h(x) = {a ∈ E | a 6 x}.

(a) Montrer que h est un homomorphisme d’algèbres de Boole


(b) Soit X = {a1 , . . . , ak } ∈ P(E), et x = a1 ` · · · ` ak ∈ A. Montrer que h(x) = X. Qu’en déduit-on sur h ?
(c) Montrer que h est injective. Conclure.

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