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La propriété intellectuelle et

droits d’auteur

Le droit à l’image
Droit à l’image : quelles sont les règles
applicables?

• Droit fantôme, pas d’existence propre MAIS :


✓Le droit à l’image est un droit jurisprudentiel qui découle de
l’art. 9 du Code civil« Chacun a droit au respect de sa vie
privée. »
✓Ainsi, comme l’indique la Cour de cassation « toute personne
dispose sur son image, partie intégrante de sa personnalité,
d’un droit exclusif qui lui permet de s’opposer à sa
reproduction » (Cass. Civ. 1ère, 27 février 2007, n° 06-
10393).
✓Du parfait inconnu à la grande star internationale, ce
droit à l’image concerne tous les individus. Mais
comment est-il encadré ?
• Avant toute diffusion publique d'une photographie par voie
de presse ou autre (site internet, télévision, revue,
journaux, blogs etc.), le diffuseur doit obtenir
l'autorisation expresse de diffusion de la ou les
personnes concernées.

• consentement express : signifier son accord par écrit ;


Les images
• Qui détient le droit sur les images ?

➢le photographe qui a pris le cliché (droit d’auteur)

➢L’artiste ou l’architecte qui a réalisé l’œuvre (sauf copie


privée, parodie…)
Question….

• Faut-il déposer ses photos pour les


protéger ?
La loi n’exige aucune formalité, ni
dépôt ni enregistrement pour garantir la
protection des photos.
Car…
« du seul fait de sa création, Les œuvres
sont protégées dès leur création»
Photos libres de droits : c’est faux

• L’expression « Libre de droit » est dépourvue de


valeur juridique. Il n’existe pas d’images
véritablement libres de droits et dire qu’une image ne
donne pas lieu à rémunération ne signifie pas pour
autant qu’elle ne soit pas protégée par le droit
d’auteur.
➢Les agences et les banques d’images proposent de
nombreuses photographies soi-disant libres de droits.
C’est à l’origine une erreur de traduction de l’expression
anglo-saxonne Royalties Free (libre de redevance). Le
photographe conserve toujours son droit d’auteur même
si la photographie ne donne pas lieu à rémunération.
DR or not DR ?

• Il convient de rappeler que les mentions « DR » ou


« Tous droits réservés », dépourvues de valeur
juridique, ne sauraient remplacer le nom de l’auteur.

• De nombreux éditeurs utilisent la mention DR pour


s’affranchir du devoir de citer le nom de l’auteur de la
photographie. Cette pratique est tout simplement abusive
et vous êtes en droit de réagir si l’une de vos photos est
ainsi publiée dans la presse ou sur Internet.
• Le droit à l’image : quelques pièges
à éviter
La restauration :

• Les jardins Le Nôtre sont certes tombés dans domaine


public, mais ils ont été restaurés par Achille Duchêne. Ce
dernier a revendiqué des droits sur la restauration ; les
juges ont statué en sa faveur. Le juge a considéré qu'il
avait apporté sa propre création.

• Conclusion : si vous souhaitez photographier et exploiter


une image des Jardins Le Nôtre, il vous faudra avoir
l'accord de M. Achille Duchêne.
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
© Clément Scherrer
La décoration :
• Du 18 septembre au 3 octobre 2021, l’Arc de Triomphe a
présenté un visage totalement transformé, empaqueté
dans un gigantesque emballage de tissu. Ce projet
pharaonique, conçu par les artistes Christo et Jeanne-
Claude, a nécessité pas moins de 25 000 m2 de tissu (et
3 km de cordes). Si l’initiative a suscité quelques débats
au sein de l’opinion parisienne, cette opération de très
grande ampleur a permis aux visiteurs de (re)découvrir
l’Arc de Triomphe autrement, et de se réapproprier ce
monument incontournable de la capitale française.
• https://youtu.be/kvceBqFsY8c
• Le Pont Neuf est certes tombé dans le domaine public. Mais il a été
décoré par Christo avec 32 000 pots de fleurs. La décoration est
protégée par le droit d'auteur.

• Conclusion : si vous souhaitez photographier le pont neuf, avant de


procéder à l'exploitation de l'image, il vous faudra avoir l'accord du
décorateur.

• Dans le même ordre d'idée, les jeux de lumière apposés sur une
façade d'un bâtiment sont protégés par le droit d'auteur. C'est le cas
pour le Château de Chambord.
Gustave Eiffel 1889 (décès 1923)
Éclairage Pierre Bideau 1985
• Œuvre tombée domaine public 1993
• Éclairage réalisé en 1985 par Pierre Bideau
• Droits d’auteur gérés par la SETE
• Tolérance sauf si usage commercial
Feux d’artifice, création bijoux….
Place des terreaux Lyon
Place des terreaux à Lyon
Théorie dite de l’accessoire (ou de
« l’arrière plan »
• Affaire place des terreaux à Lyon
• Arrêt de la cour de cassation du 15 mars 2005
• Les colonnes de Buren et Drevet se fondaient dans
l’ensemble architectural : donc simple élément
• Ce n’est pas une exception du droit mais une décision de
justice
• Notion de cadrage, contexte……
Arrêt C.Cassation du 06/05/2014 :
HM/LVMH
• Lorsque l'on commercialise des vêtements, comment
communiquer sur ses propres produits sans porter
atteinte aux droits des tiers ?

➢C'est le dilemme de la célèbre chaîne suédoise H&M,


qui, pour faire la promotion d'un modèle de robe,
avait doté les mannequins de chaussures Louis
Vuitton en 2008.
Tolérance par jurisprudence
• Un tiers peut photographier ou filmer une œuvre sans
autorisation de l'auteur, à condition qu'elle ne constitue
que l'accessoire d'un sujet principal différent.
• Cette exception, d'origine jurisprudentielle, repose sur la
théorie dite de l'accessoire ou de "l'arrière-plan". Elle
a d'abord été appliquée aux œuvres (architecture,
sculpture...) situées dans les lieux publics.
• Dorénavant, il importe peu que l'œuvre soit située
dans un lieu public ou non : le critère est bel et bien
celui de l'accessoire.
Les propriétaires de bâtiments
• Faut-il avoir l'accord du propriétaire
lorsque l'on réalise des images dans la
rue ?
Par le passé, les juridictions françaises avaient
multiplié les décisions tendant à élargir la protection
du droit à l'image pour les propriétaires de biens. Les
propriétaires pouvaient exiger une participation aux
bénéfices des reproductions dès lors qu'il y avait
usage commercial. Cette tendance avait été renforcée
par un jugement rendu en 1999.
L’affaire Gondrée (jugement 1999)
L'affaire Gondrée
• Il s'agit de l'affaire la plus célèbre, jugée en 1999. Une
société d'édition avait commercialisé des cartes postales
d'une maison classée monument historique, le café
Gondrée, réputé être le premier bâtiment libéré par les
alliés en 1944.
solution
• À l'issue de la procédure, la cour de cassation a donné
raison au propriétaire de ce café considérant que
l'intéressé disposait d'un droit absolu sur son bien. Le
propriétaire revendiquait une rémunération.
• Dans cette perspective, les professionnels ne
pouvaient plus prendre d'images sans prendre des
risques considérables de se voir poursuivre en
justice.
Affaire hôtel Girancourt
L'affaire Hôtel Girancourt

• Les promoteurs d'un projet immobilier avaient publié une


brochure publicitaire dans laquelle se trouvait une image
d'un bâtiment classé monument historique l'Hôtel
«Girancourt», situé à proximité du chantier, afin de
montrer l'environnement favorable de la future résidence.
(jugement du 07/05/2004)
solution
• Le juge a considéré que le propriétaire d'un bien ne
dispose pas d'un droit exclusif sur l'image de celui-ci. La
cour de cassation en rendant son arrêté exige que le
propriétaire prouve l'existence d'un trouble anormal
dans la jouissance de son bien.
• En étant détenteur d'un bien visible de tous, le
propriétaire doit tolérer que son bien puisse être admiré,
photographié, filmé, reproduit à partir du moment qu'il
ne subit pas de réel et anormal trouble.
• Faut-il avoir l'accord du propriétaire
lorsque l'on réalise des images dans la
rue ?
• Le juge a considéré que le propriétaire d'un bien ne
dispose pas d'un droit exclusif sur l'image de celui-ci.

• Le propriétaire doit prouver l'existence d'un trouble


anormal dans la jouissance de son bien.

• En étant détenteur d'un bien visible de tous, le


propriétaire doit tolérer que son bien puisse être admiré,
photographié, filmé, reproduit à partir du moment qu'il ne
subit pas de réel et anormal trouble.
• Faut-il l'accord du propriétaire lorsque
l'on réalise des images à l'intérieur d'un
lieu public ?
• Si l'image est prise durant les heures d'ouverture de ce
lieu public, il n'y a pas d'autorisation à demander.

• Par contre s'il s'agit d'une soirée privée organisée dans


ce lieu public, avec contrôle à l'entrée, il est impératif de
formuler une demande d'autorisation. Si cette demande
n'est pas formulée, il y aura atteinte à la vie privée.
• Faut-il l'accord du ou des propriétaires
lorsque l'on réalise des images aériennes ?
Le principe est clair (mais pas tant que ça) :

➢Pas d’autorisation sauf si atteinte à la vie privée et au droit


d’auteur des œuvres.
➢Droit de l’espace aérien : aéronef ne peut dépasser une
altitude de 150 mètres et doit être visible par le pilote.
➢Pas au dessus d’une agglomération, centrale nucléaire,
aéroport et le vol doit respecter les règles de sécurité et ne
jamais survoler des personnes.
➢L’utilisation et la diffusion d’image portant atteinte à la
dignité humaine est interdite et sanctionnée.
Les images représentant des
personnes
• Toute personne a sur son image (brute ou faisant partie
d'un montage) et sur l'utilisation qui en est faite, un droit
exclusif et peut s'opposer à sa diffusion sans son
autorisation.

• Toute publication de l'image d'une personne suppose, en


principe, une autorisation préalable, de la part de
l'intéressée ou de son représentant légal.
Photographier une personne sur la voie
publique
• Le droit à l'image (exclusivité sur son image) : demande
d'autorisation sous la présomption d'atteinte à la vie
privée.
• Si les personnes photographiées, en groupe sur la voie
publique, ne sont pas l'objet principal de l'image, il n'y a
pas nécessité de demander les autorisations.
• Mais si le photographe ou le caméraman réalise un
focus sur un petit groupe de personnes, que ce groupe
devient l'objet principal de l'image et que chacune des
personnes est reconnaissable, il faudra obtenir toutes les
autorisations. La jurisprudence utilise le terme de cadrage
restrictif ou individualisation.
Photographier ou filmer une personne lors d'un
événement
• L'autorisation n'est pas automatique.
• Le photographe ou le caméraman n'a pas nécessité de
recueillir les autorisations des personnes dans une
manifestation par exemple, cela dit l'image doit avoir un
lien direct avec l'événement. Il ne faut pas dépasser les
limites du droit de l'information.
• Dans une conférence, il est recommandé d'afficher l'information à
l'entrée de la salle puis de demander l'autorisation individuellement
au conférencier.

• Attention aux extraits repris pour illustrer un autre support, la vocation


de départ à savoir illustrer une information en lien direct avec
l'événement, peut avoir changer. Dans ce cas, il y a atteinte à l'image
de la personne.
Personnes décédées
• Les héritiers d'une personne décédée peuvent s'opposer
à la diffusion de son image après son décès s'ils en
éprouvent un préjudice personnel (par exemple, l'atteinte
à la mémoire du défunt, le respect dû au mort, etc.).

• Ex. : affaire du préfet Erignac


Exceptions
• d'images d'événements d'actualité qui peuvent être
publiées sans l'autorisation des participants (par exemple,
une manifestation publique où la personne n'est pas
reconnaissable) au nom du droit à l'information,

• d'images de personnalités publiques dans l'exercice de


leur fonction (par exemple, les hommes politiques) à
condition de les utiliser à des fins d'information,

• d'images illustrant un sujet historique...


Domaines concernés
• La santé, la vie sentimentale, familiale, le domicile, les
revenus, les convictions religieuses, politiques, etc.
constituent des éléments de la vie privée de toute
personne.
• Reproduire ou diffuser une image (photographie ou vidéo)
s'y rapportant doit respecter les principes issus du droit de
la vie privée et du droit à l'image. Toute atteinte au droit à
l'image constitue donc une violation de la vie privée.

Le caractère privé ou public et le lieu de la situation


donnent - ou non - le droit à chacun de s'opposer à la
publication de ces informations personnelles.
Recours et sanctions
• Sanctions pénales

• La victime du non-respect de son droit à l'image peut


saisir le juge pénal afin qu'il prononce des sanctions
pénales à l'encontre de l'auteur de la diffusion litigieuse.
Elle dispose d'un délai de 3 ans à partir de la diffusion de
l'image.
Quelles sanctions en cas de non-respect au droit à l’image?

• Cas général :
• Photographier ou filmer une personne dans un lieu privé ou
transmettre son image, sans son accord, est sanctionné d'un
an d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende.
• Publier la photo ou la vidéo sans l'accord de la personne est
sanctionné d'un an d'emprisonnement et de 15
000 € d'amende.
Image à caractère sexuel :

• Photographier ou filmer une personne ou transmettre son


image, sans son accord, lorsque l'image a un caractère
sexuel, est sanctionné de 2 ans d'emprisonnement et
de 60 000 € d'amende.

• Diffuser cette photo ou cette vidéo, même si elle a été


obtenue avec l'accord de la personne, est également
sanctionné. C'est la pratique du revenge porn. La
sanction est de 2 ans d'emprisonnement et de 60
000 € d'amende.
Sanctions civiles
• La personne dont l'image a été diffusée sans son
autorisation peut saisir le juge civil en référé afin d’obtenir
:

✓Demande de retrait des photographies litigieuses,


✓Contacter le réseau social
✓Porter plainte
✓l'octroi de dommages-intérêts des préjudices subis,
✓le remboursement des frais d'avocat engagés pour le
procès.
• La victime peut saisir gratuitement et en ligne la
cnil pour contester la diffusion de son image en
tant que donnée à caractère personne par un site
internet après avoir demandé sans succès l’arrêt
de cette diffusion au responsable du site.

• La Cnil peut prononcer des sanctions


(avertissement, sanctions pécuniaires,
injonctions, etc).
• Le motif du « droit à l'information » est souvent mis en
avant dans les différents liés au droit à l'image. La
jurisprudence a précisé la notion de droit à l'information.

• Deux questions sont à poser :

➢ le contexte de la publication de l'image répond-t-il à un


intérêt légitime du public ?

➢ existe t-il un lien direct entre l'image publiée et


l'information qu'elle vient illustrer ?
Photographier un mineur

• Pour les enfants, l'autorisation des deux parents est


obligatoire quel que soit le lieu privé ou le lieu public, il n'y
a aucune exception possible.
• Pour un groupe d'enfants, il faudra l'autorisation des
parents de tous les enfants.
Nouvelles règles pour diffuser l'image d'un enfant sur
une plateforme en ligne
• La loi du 19 octobre 2020 encadre l'activité d'un enfant de
moins de 16 ans dont l'image est diffusée sur une plateforme
de vidéos en ligne (YouTube, Instagram, TikTok, Twitch
...).
• Même si l'activité de l'enfant n'est pas considérée comme un
travail, ses représentants légaux: Personne désignée par la
loi pour représenter et défendre les intérêts d'une autre
personne. Par exemple, le père ou la mère d'un enfant
mineur ou le dirigeant d'un organisme. doivent faire
une déclaration lorsque l'enfant est le sujet principal de la
vidéo.
• Un décret doit préciser les seuils de durée et de revenus au-
dessus desquels la déclaration est obligatoire.
Comment contacter l’artiste?
• www.adagp.fr société des auteurs dans les arts
graphiques et plastiques
• Si utilisation su support multimédia interactif contacter la
SESAM
• Ou contacter directement l’artiste ou l’architecte
• Certains ayants droit ont créé leur propre structure pour
gérer les droits :
• Picasso Administration (domaine public le 01/01/2044)
• Pierre Matisse « les héritiers de Matisse »
• www.fondationlecorbusier.asso.fr
Faire une demande écrite :
• Le nom de l’œuvre
• Les utilisations envisagées : duplication sur un support,
représentation dans une exposition
• Leur étendue : quels supports, quels formats, combien
d’exemplaires?
• Finalité poursuivie : pédagogique, culturelle,
évènementielle, promotionnelle, publicitaire; accès à
l’exposition gratuite ou payante? Son prix?
• Durée d’utilisation
• Territoire couvert
Cas des « Restos du cœur »

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