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La végétation

arborescente et arbustive
des Iles du Frioul
(rade de Marseille)
et les possibilités de reboisement
p ar Georges J . AILLAUD*

Les Iles du Frioul divisent le golfe de Marseille en une ( 1 7 % au lieu de 24 °8) et il fait plus
rade nord et une rade sud. Les deux îles principales, réunies chaud aux îles en hiver et en
par une digue, forment un ensemble rocheux (reliquat d'un automne, qu'à Marseille même. La
moyenne annuelle y est de 1 4 °8
ancien relief karstique submergé) de 5 kms de largeur environ contre 14 °2 à M arseille.
sur 1 00 à 600 mètres de large et une vingtaine à 86 rn de L'eau est un facteur limitant aux
hauteur. Les dimensions et la topographie font qu'aux îles le îles : elles ont le triste privilège
vent et le sel ont une action très importante, l 'eau étant aussi d'être avec Marseilleveyre, les ré­
un facteur limitant. gions les plus sèches de France.
Planier détient le record avec moins
Situées près d'une métropole, les îles ont à subir l 'action de 350 mm d'eau par an, les isohyè­
de l'homme depuis l'antiquité. Après un rôle d'annexes du port tes 3 5 0 à 400 englobent le C ap
(mouillage secondaire, quarantaine ... ) puis un rôle militaire, les Croisette et les îles du Sud, 400 et
voilà depuis peu promues comme base de loisirs avec un 450 encadrent le Frioul et Marseil­
embryon d'urbanisation (Port- Frioul). leveyre.
M olinier a donné les moyennes
La végétation arborescente et arbustive, quoi qu'on en annuelles de précipitations atmo ­
pense existe encore, très dégradée, subissant les attaques d'un sphériques ( 1 900 à 1 932) pour Pla­
nouvel ennemi redoutable : la pollution des embruns. nier (332 mm), le Cap Croisette
Après de multiples essais de reboisement, très décevants, (362 mm), les îles du Frioul
(459 mm) et Marseille (56 1 mm) ;
et, en fonction de leur nouveau rôle, qu'en est-il des possibilités qui plus est cette quantité déj à
actuelles de reboisement ? Quels objectifs doit-on se poser ? faible e s t répartie très irrégulière­
ment (avec un maximum à l ' au­
tomne) mais il n'est pas rare d'avoir
1. Les contraintes en vironnemen tales deux mois en été sans une goutte
d'eau.

1.1.
Le vent a aussi une action capi­
T.opograph ie -
- largeur e s t de 600 rn a u niveau du tale, essentiellement le mistral, re­
les facteurs clima tiques fort et constitue la masse principale doutable non seulement par sa
.
de l'île avec, de part et d'autre, des force mais aussi par les chutes de
Les îles sont au nombre de 4 ; croupes inégales délimitées par des température qu'il provoque et son
deux grandes : Ratonneau au nord calanques importantes. action desséchante.
et Pomègues au sud, réunies par Pomègues, de direction générale
1 . 2.
une digue ; deux petites : l'île d'If à SO-NE, mesure environ 2,5 km de
l'est et l 'îlot Tiboulen à l'ouest des longueur de la pointe Doriou, NE, -Géologie et
précédentes . Des îlots et des récifs à la pointe du M orlet, SO. paléogéologie sommaire,
près de la pointe d' Endoume font la Sa topographie est moins com­ les facteurs édaph iques
transition entre l 'archipel et le plexe que celle de Ratonneau ; deux
continent. masses rocheuses, l'une culminant à Les îles sont des reliquats d'un
Ratonneau, de direction générale Caveau à 70 rn, de 500 à 600 rn de ancien relief karstique submergé.
ENE-OSO, mesure environ 2,7 km diamètre, l 'autre de 400 à 800 Elles paraissent avoir, au premier
de longueur du Cap de Croix à la culminant à 86 rn au fort de Pomè­ coup d'œil, une structure et une
pointe de Brégantin . Sa plus grande gues, sont réunies par une série de composition simple . En effet, I' Ur­
hauteurs (69 rn à 3 8 rn), formant une gonien supérieur y domine large­
arête limitant deux faces très diffé­ ment par gros bancs - bien visibles
* M aître de C o n férences rentes quant à la ventilation. notamment sous le fort de Pomè­
à l ' Université d e Provence La température, comme dans gues - plongeant vers le N.O. M ais
3, place Vi ctor-Hugo tout milieu insulaire présente moins des découvertes de marnes rubé­
1 3 3 3 1 Mars e i l l e cedex 3 d'écart annuel que sur le continent fiées, du Gargasien ainsi que du

forêt méditerranéenne, t. IX, n" 2, 1 98 7 1 51


Bédou.lien surmontés par un Urgo­ · · · �--'-
nien disloqué, ont montré que cette
structure et cette composition géo­
logiques étaient complexes . Pomè­
gues, avec un Urgonien plongeant
régulièrement au nord-ouest, pré­
sente une ligne de crête S.O.-N.O.,
formée surtout de la partie
moyenne de l' Urgonien. Le revers
de l'île montre les barres les plus
anciennes avec des amandes dolo­
mitiques, alors que le revers nord
1
est formé de bancs à petites rudistes
avec des délits plus marqués et
parfois apparences de plaquettes .
Ratonneau avec un Urgonien che­
vauchant, actuellement affaissé et
disloqué, a une topographie très t \ �""'
• � Ch.
l�:,e du ·iZ> d' I F
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tourmentée avec des coupures pro­
fondes.
La structure actuelle des îles est

conditionnée par l'ouverture du
bassin de Marseille à l'Oligocène (il
se continue sous la rade), mais alors
qu'au Frioul la position de l'aptien
résulte d'un affaissement contre les
nombreuses failles d'extension qui
affectent les îles, il y a à Riou, ainsi
qu'à M aïre, un chevauchement de
l 'Urgonien sur l'Aptien en direction
S. O . - N. E. En dehors des terrains
barrémiens et aptiens, on retrouve

-b �ILDU ETPLANIPHAREI I
à Ratonneau un peu de Quater­
naire ; remplissage de sables et de
galets dans plusieurs fissures situées
sous le Fort ; remplissage de galets
au Cap de Croix et près du Lazaret.
Le dernier épisode géologique de la
région est présenté par la
transgression flandrienne aboutis­
sant aux conditions actuelles ; mais
il est intéressant de noter qu'avant
cette transgression, la mer avait Carte 1 . Situation géologique de l'archipel.
présenté un abaissement maximal
durant la régression Grimaldienne

1 . 3.
de l'ordre de 1 00 à 1 20 rn et
peut-être davantage sur les côtes nous trouvons entre Marseille et -Les facteurs
méditerranéennes françaises. Cassis. Mais si elle " l'a été, leur biotiques
structuration est différente du fait
A cette époque les îles du Frioul
qu'a M aïre et à Riou de toutes Très dégradée, avec un pourcen­
étaient réunies au continent. Une
façons, le modelé des îles, avec des tage de recouvrement relativement
preuve paléontologique est la dé­
ravins très importants, ne répond faible, la végétation n'a que peu
couverte par M arion de restes
plus aux conditions actuelles. Il d'influence écologique. Par contre,
d'ours, renards, porc-épies et cerfs
faut envisager, aux époques anté­ les animaux, et l 'homme surtout,
dans un remplissage quaternaire
rieures, une grande activité des eaux ont marqué les îles : mis à part les
(carrière de Ratonneau). Mais alors
courantes et cette action destructive oiseaux de mer qui, par leur abon­
que M arion pensait attribuer la
a donné une topographie fossile dance à certains endroits (plateau
séparation du continent et des îles
indiquant, depuis la fin Pliocène, de C aramassagne), favorisent l'ex­
à une destruction de l 'isthme, Deni­
début Quaternaire, un déssèche­ tension d'espèces nitrophiles, c'est
zot l'attribue à la transgression jus­
ment marqué. l'homme qui est directement ou
qu'au niveau actuel. En effet, si
nous observons la carte marine du En fonction de la géologie et de indirectement responsable des
golfe, nous voyons - en suivant la la topographie, les sols meubles sur changements intervenus.
courbure bathymétrique moins 25 rn les îles sont restreints : sables ma­ Le déboisement presque complet
- qu'un seuil passant par I f, les rins au fond des calanques les plus des îles est accompli depuis fort
rochers de Sourdara et du Canou­ importantes, Saint-Estève et Morgi­ longtemps pour diverses raisons.
bier et les îlettes d' Endoume, réunit ret, des dépôts éoliens et des accu­
L'une, relativement récente, est
les îles du Frioul à la pointe d' En­ mulations dans des creux ou sur des
l'introduction de chèvres sur les
doume. replats. Sur les croupes plus arron­
îles. La multiplication de ces ani­
dies et les plus importantes comme
Si la mer descendait à - 25 rn, maux a été catastrophique : le sur­
à Mangue, il y a, par endroits, une
toutes les calanques des îles dispa­ pâturage a dû faire disparaître une
couche de sol meuble un peu plus
raîtraient (sauf le Grand Soufre), bonne partie des espèces arbustives.
importante.
cela nous indique que leur morpho­ Knoerr écrit que les dernières chè­
génèse a été identique à celles que vres de Riou « devenues sauvages

1 52
ont été abattues par des chasseurs
vers 1 909 » . Mais d'après lui, à 2. La flore et la végétation arborescen te
Jarre « après la première guerre
mondiale, on débarquait encore des
et arbustive des Iles
troupeaux ». I l y a d'ailleurs actuel­
lement des chèvres sur Maîre et
elles ont dû rendre l'alaterne, qu'el­ Lorsque du rivage en période sclérophytes. Le microclimat des
les broutent avidement, aussi rare estivale et par temps de mistral, on îles correspond à une augmentation
que sur les autres îles. Des chas­ contemple les îles de )a rade, cet de l'influence de certains facteurs.
seurs ont introduit le lapin sur les ensemble de calcaire d'un blanc Mais ce sont les caractères du sol,
îles ; Bouillon- Landais le dit instal lé étincelant, allongé entre le bleu physiques et chimiques avec l'om­
en 1 8 59. Sa pullulation a entraîné la intense de la mer et le bleu délavé niprésence du sel, vu l' altitude ré­
raréfaction de plusieurs espèces . du ciel, apparaît comme un sque­ duite des îles et leur morphologie,
Des terriers sous le sémaphore de lette blanchi par le soleil, le vent et qui imposent leurs conditions à la
Pomègues et des « pétouliers » en le sel. végétation.
divers endroits attestent la présence Au premier coup d'œil, on voit Enfin le vent imprime sa mar­
du rongeur au moins sur Pomègues. plus de roches et de pierres que de que ; les plantes adoptent un port
L'introduction accidentelle d'un végétation et pourtant elle existe, particulier, en coussinet, et même
des plus tenaces commensaux de mais dégradée et appauvrie par celles qui n'ont pas ce port habituel­
l'homme, le rat, a entraîné aussi des rapport au continent. Les condi­ lement sont morphosées en ligne de
dégâts importants ; il empêche la tions sont dures. Un sol squel etti­ fuite par rapport au vent dominant.
reproduction des espèces arbores­ que, une luminosité intense, de Elles rattrapent, plaquée au sol, ce
centes ou arbustives en dévorant les l 'eau certes, mais salée car les qu'elles perdent en hauteur, résis­
semences. précipitations sont rares, et le vent. tant ainsi au vent et à la dessication.
Enfin l'homme : sans aller jus­ Les végétaux se sont habitués au Plusieurs auteurs ont décrit ou
qu'à suivre Molinier (« certains sel et au sec avec un port particulier donné des indications sur la fl ore
méchants imbéciles n' ont pas hésité pour résister au vent. Le milieu est des îles de la rade de Marseille mais
à arracher les rares survivants d'un difficile, le micro-climat en lui­ ce sont les travaux de Laurent et
essai difficiles . . . »), il faut reconnaî­ même (températures élevées en pé­ Deleuil et surtout de Molinier, pour
tre que l 'homme a toujours été un riode estivale, précipitations faibles le Frioul, et de Knoerr pour les îles
élément hautement perturbateur. Le mal réparties et peu utilisables, Sud qui ont fait connaître celles-ci.
Frioul a profondément été modifié . insolation importante ... ) favorise les
par tous les ouvrages militaires,
surtout durant la deuxième guerre
mondiale, où le béton, les casemates
et les blockaus ont « fleuri » sur
toute l'île. Photo 1. Touffes d'oléo-lentisques sur les replats du revers sud de Pomègues.
Photo Georges-J . Aillaud

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2. 1 . - la flore
« ligneuse »
La flore arborescente est peu
abondante en espèces et en indivi­
dus.
- A ilantus glandulosa Desf.
(Simarubacées) Ailanthe, appelé
par erreur « vernis du Japon » , in­
troduit, plusieurs pieds.
- Cupressus Sempervirens L.
(Cupressacées) le Cyprès, introduit.
- Ficus Carica L. (Moracées), le
figuier, planté et spontané ; présent
notamment à l'hôpital Caroline où
plusieurs pieds dépassaient 5 mètres
en 1 966 ; subspontané, plaqué
contre l e rocher notamment sous le
Sémaphore, au-dessus de la calan­
que de Crine où il recouvre plu­
sieurs dizaines de mètres carrés.
Photo 2. Gros figuier ( Ficus carica) dans le vallon nord sous le sémaphore - 0/ea Europea L. Sous-espèce
de Pomègues. Photo G.-J . A. Si/vestris Mill (
= 0/easter Hoffng et
Link) (Oleacées) Olivier sauvage ou
oléastre ; introduit et spontané no­
tamment près de C aveau.
- Pinus halepensis Mill. (Abie­
tacées). Le plus important des arbres
des îles en nombre d'individus et en
taille. Ce sont essentiellement des
arbres isolés, très morphosés par le
vent, issus pour l a plupart des
diverses opérations de reboisement.
I l n'y a qu'au bas des pentes NE de
l'ancien port de Pomègues (Vallon
S1-Jean) qu'un groupement d'arbres
plus important forme l'ébauche
d'une pinède, ainsi que sur les
pentes dominant l a Grande Calan­
que sous le fort de Caveau.
- Prunus Armeniaca L. (Rosa­
cées), abricotier. Introduit involon­
tairement, un pied au fort de Ca­
veau (qui avait fructifié en 1 966) et
un autre au fort d e Pomègues, mort
Photo 3. Le « gros pin » de la Calanque de Crine. Photo G.-J . A. récemment.
- Quercus ilex L. (Fagacées)
yeuse, chêne-vert. I ntroduit par se­
mis (en 1 934- 1 93 5) à Ratonneau
entre la maison du Commandant et
le fort.
- Robinia pseudo-acacid L. ( Pa­
pilionacées). Robinier au faux aca­
cia. I ntroduit, notamment dans
l'hôpital Caroline où plusieurs
pieds dépassent 3 mètres.
- Tamaris Gal/ica L. (Tamari­
cacées) tamaris. I ntroduit, S1-Estève
et divers points d e Ratonneau.
Les arbustes et autres plantes
ligneuses :
- A triplex halimus L. (Chéno­
podiacées).
- Cistus albidus L. (Cistacées)
Ciste cotonneux.
- Cistus salviaefolius L. (Cista­
cées) Ciste à feuilles de sauge.
Photo 4. Mini maquis ( oleo-lentiscetum ) dans un vallon abrité du nord, avec - Cistus Monspeliensis L. (Cis­
Ruscus aculeatus « brûlé » par le froid. Photo G.-J . A. tacées) Ciste de Montpellier.

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- Juniperus Phoenicea L. (Cu­
pressacées) Genévrier de Phénicie.
- Phillyrea augustifolia L.
(Oleacées) Filaire, Alavert.
Pistacia /en ticus (Térébenta­
cées) Lentisque.
- Rhamnus a/aternus L. (Rham­
nacées) Alaterne ; Pomègues et Ra­
tonneau.
- Rosmarinus officinalis L. (La­
biées) Romarin ; Pomègues et Ra­
tonneau.
- Suaeda fruticosa (L.) Fork.
(Chénopodiacées) Soude ; Pomè­
gues et Ratonneau.
I l faut ajouter à cette liste un
certain nombre de plantes plus ou
moins ligneuses, basses ou élevées,
dont la dominance à certains en­
droits donne un aspect particulier :
- Astraga/us Massiliensis (Du­
ham) Lmk ( Papilionacées) Astra­ Photo 5. Revers sud de Pomègues ( 1 966) (Cf. Photo 1 . 1 987). Photo G .-J . A .
gale de Marseille, coussin de
belle-mère ; Pomègues et Raton­
neau . Sur le Continent, il existe en cation est absente, elle apparaît
arrière du Crithmo-Staticetum, une seulement en quelques points des
- Coronilla juncea L. (Papilio­
association décrite par Molinier en rives Sud de l'étang de Berre expo­
nacées). 1 934 près des Goudes : c'est l 'As­ sées au vent (entre M artigues et la
- La vatera arborea L. (Malva­ traga/eto-Plantaginetum subulatae, Mède) mais appauvrie (disparition
cées). dont les caractéristiques sont : de l ' Astragale).
- Ruscus aculeatus L. ( Lilia­ - Astraga/us Massiliensis, astra­ Les trois caractéristiques de l'as­
cées), Petit- Houx ; Pomègues. gale de Marseille. sociation ne se sont pas étendues
- Thymus vu/ga ris L. (Labiées) ; - Plan tago subulata ssp subu­ depuis l e XVI' siècle (Clusius, herbo­
Pomègues et Ratonneau. lata Plantain subuleux. risant sur la côte de M arseille en
- Thymelea tartonraira ou pas­ 1 5 52, trouve notamment l 'astragale ;
serine. à la même époque, Pena cueille à
2.2. - La végéta tion C'est une association endémique Montredon l 'astragale et la passe­
rine). D'après René Molinier,
avec une répartition sur une aire
« l'association qu'elles caractérisent
La végétation est une notion restreinte : essentiellement du
qualitative et évolutive (Quezel). Mont- Rose au Cap Croisette, puis se maintient en Provence depuis des
L'association végétale a été définie en divers points, du cap Croisette à temps certaine'!lent très reculés )) .
par Braun- Blanquet en 1 9 1 5, la calanque des Marseillais ; et enfin Au Frioul, la passerine manque,
comme un groupement plus ou en quelques rares points du Var le plantain subuleux est rare, seule
moins stable en équilibre avec le (Les Lecques de Saint-Cyr, baie l' astragale y est bien développée sur
milieu ambiant, dans lequel certains d'AJon, ouest de Toulon). A l ' ouest les points exposés au M istral (no­
éléments exclusifs ou à peu près (les de Marseille, sur la côte de la tamment à Mangue et sur la Crête
caractéristiques) révèlent par leur Nerthe protégée du Mistral, l'asso- de Pomègues).
présence une écologie particulière.
Ce sont les associations halophi­
les qui occupent une grande partie
des îles et surtout celle à Crithmum
maritimum et Limonium minutum
( Crithmo-Staticetum, Molinier,
1 93 4) qui forme une ceinture conti­
nue sur les rochers littoraux et qui
dépasse largement les 6-8 mètres
d'altitude habituelle, surtout sur les
faces nord. On peut trouver du
Crithmum jusqu'à 1 00 rn d'altitude
(sur l'île Maïre par exemple).
I l faut souligner l'intérêt botani­
que de cette association car, sur les
dix p lantes caractéristiques, six sont
des endémiques provençales, par­
fois extrêmement localisées.
Sur les sols rapportés ou remués
(et ils sont nombreux avec les amé­
nagements successifs des îles), on
observe l'association à Frankenia
hirsuta et Camphorosma monspe­
liana. Photo 6. Peuplement d'Iris à Ratonneau. Photo G.-J . A.

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Dans la zone halophile, en quel­
ques points comme à la calanque de
S'-Estève, le sol sableux a permis
l'installation de représentants d'une
association halophile de substrat
meuble avec Sa/sola soda, Cakile
maritima, ainsi que Suaeda fructi­
cosa et Salicornia macrostachya.
La plupart de ces plantes ne sont
pas des ligneuses mais sont extrê­
mement intéressantes et il faudrait
en tenir compte dans tout schéma
d'aménagement des îles.
Dans les parties relativement à
l ' abri de l 'influence marine, ont pu
se développer des associations très
ouvertes ; ce sont elles qui abritent
l'essentiel de la flore arborescente et
arbustive des îles :
- bosquets de pin d'Alep, l e
plus souvent en buissons b a s , ex­
trêmement morphosés par le vent.
D'après Molinier, ce sont des vesti­ Photos 7 et 8 . Pinède Saint-Jean en juin 1 966 et mai 1 98 7 . Photos G .-J . A .
ges des anciennes garrigues à chê­
nes verts et chênes Kermès. Les plus
développés correspondent aux divers être p l u s abondant. Cette associa­ intéresse, les végétaux arbustifs y
essais de reboisement. En dehors du tion est à son optimum en France, étant moins nombreux et peu déve­
Vallon Saint-Jean qui est une ébau­ entre Nice et M enton, où ses autres loppés en hauteur, garrigue basse à
che de pinède, plantée au début du caractéristiques et celles de l'al­ romarin, association à « Lavatera
siècle, il y a des pins en divers liance ( 0/éo-Ceratonion ) Euphorbia arborea » . Il est curieux de consta­
endroits de pentes sud de Pomè­ dendroïdes et Cneorum tricoccum, ter que le romarin, relativement
gues, dans le vallon sous le Séma­ ainsi que le laurier rose ( Nerium abondant au Frioul, l'est moins à
phore et sous C aveau. Sur Raton­ oleander ) et peut-être le palmier Riou et à Jarre et manque d'après
neau, il y en a plusieurs bien déve­ nain ( chamaerops humilis ) sont pré­ Knoerr à Maïre où par contre l a
loppés dans le vallon entre le fort sentes. bruyère ( Erica multiflora ) e s t bien
et la presqu'île du soldat où un - Les autres groupements sont représentée alors qu'elle est absente
ensemble d'environ cinq mètres de moins importants pour ce qui nous au Frioul.
haut couvrait en 1 966, 20 m2, avec
autour 1 3 jeunes pins, en majorité
au sud du porte-graine. Cet ensem­
ble a été très dégradée depuis avec 3. Le passé.
l a fréquentation anarchique des îles.
- touffes de l entisques que
Les « bois » aux îles : mythe ou réalité ?
Molinier a qualifiées de véritables Les divers essais de reboisemen t
maquis en miniature, surtout à
3. 1 .
Caveau et sous le port de Pomè­
gues, Knoerr les signale abondantes L 'édit de la R eine
- d'héberger des peuplements arbo­
sur les grandes îles du Sud, sauf Jean n e ou la naissance rescents conséquents. La transgres­
Maïre où un relevé dans l a calanque sion grimaldienne, qui a transformé
de l ' Aiglon à Riou donne sur 1 00 m2
d 'un mythe les presqu'îles en îles, les halophiles
et avec une couverture à 1 00 %, le se déplaçant vers les sommets, a
Dans tous les ouvrages traitant repoussé d'autant les non-halophi­
lentisque ( Pistacia Lentiscus L.). des îles du Frioul, on se réfère à un
L'Oleastre ( 0/ea Europea, ssp SU­ les, ce déplacement étant encore
édit de l a Reine Jeanne, pour affir­ accentué par les vents.
vestris Mill) (Oleaster Hoffng et mer que celles-ci étaient boisées au
Link), le figuier ( Ficus carica L.), XVI' siècl e . Cela me paraît d'ab ord Voici donc des lambeaux de
c'est un vestige de l ' association à peu vraisemblable pour diverses forêts accrochées sur des pentes
lentisque, myrte et olivier sauvage raisons, et constituer ensuite une battues par le vent, avec la plus
ou Oleo-lentiscetum provincialis Br. interprétation abusive des textes . faible pluviosité relevée de France,
BI et Mol. 1 95 1 . à proximité d'un centre urbain très
La première raison q u e j 'invoque
C ette association est en peuple­ pour affirmer que selon toute vrai­ ancien et très actif; ils n'ont pas dû
ments discontinus, cantonnée dans semblance, les bois des îles ont y résister. M arins, pêcheurs, voya­
le fond de certains vallons particu­ précocément disparu, c'est la geurs, militaires . . . de passage ou à
lièrement abrités et chauds. Elle conformation de celles-ci associées demeure sur les îles ont joué un rôl e
constitue le plus thermophile des à leur situation. En effet, les îles, dans cette disparition.
groupements végétaux arbustifs de que ce soit celles du Frioul ou de Parmi les premiers responsables
la côte méditerranéenne française. l'archipel de Riou présentent des du déboisement, ce furent vraisem­
Dans la zone littorale de Marseille­ masses calcaires avec des abrupts blablement les équipages des navi­
veyre et les îles de l a rade, elle est importants, des arêtes rocheuses res qui relâchaient aux îles. Elles
appauvrie et ne comporte que des battues par les vents, et relativement sont admirablement placées, faciles
touffes de lentisques et quelquefois peu d'espaces plans ou en pentes à défendre, bien abritées, riches en
d'olivier. Ce n'est qu'entre Cassis et douces permettant l'accumulation poisson. Busquet s e demande si ce
l a Ciotat que le myrte commence à d'éléments meubles susceptibles ne sont pas les pêcheries de murex

1 56
qui avaient d'abord attiré l'attention Marseille, parlant de l'acte de dona­ 3. 2. Les divers essais
-

des navigateurs sur Je golfe de tion des îles en 1 3 8 1 par la reine


Marseille. D'après M . Clerc, Je nom Jeanne, à Arnaud de Montolieu, de reboisemen t ou la dure
de Phoenice (île de la pourpre) son écuyer, ajoute que « trois ans réalité
désignait l'une des Stoechades. Si après, Montolieu se pourvut devant le
l'on prouvait que la fabrication de Viguier de Marseille, pour faire dé­ C'est à ma connaissance, dans
la pourpre a eu lieu sur les îles, le fense à toutes personnes d 'aller chas- une conférence à l'Académie de
problème des bois des îles ne se ser à ses îles avec des oiseaux, des Marseille l e 26 mai 1 92 1 , faite par
poserait plus ; deux jours de cuisson filets, des bâtons, des chiens, des L. Laurent ( « une promenade bota­
sont nécessaires et ce pendant les furets et autres animaux sans sa nique aux îles du Frioul ») qu'il est
deux saisons de pêche, printemps et permission. . . Il fit aussi défense, fait mention des premiers essais de
automne, en y ajoutant le bois poursuit-il d 'aller faire du bois dans reboisement, malheureusement sans
nécessaire à l'hivernage, cela fait les îles, à la réserve des pêcheurs à références « sérieuses )) : « d 'après
une sérieuse réduction du capital qui il était permis d 'en prendre pour de vieux témoins oculaires, des plan­
ligneux des îles. faire chauffer leurs chaudrons, sans tations de p ins, dont on voit encore
Les îles de la rade ont de tout toutefois en pouvoir porter chez aujourd 'hui les dernières reliques, on
temps servi d'annexe au port ; c'est eUX )) . été faites sur Pomègues de 1 864 à
de l à que partent les flottes des Mais l 'acte de chasse peut s'ef­ 1868. Ces plantations qui a vaient
croisés après s'être regroupées . La fectuer en dehors de l'existence de réussi, furent anéanties entre 1 885 et
plupart des navires y relâchaient au bois et on pouvait très bien chasser 1 9 1 0 par les émigrants et les entrepri­
XIII' siècle avant Je vrai départ. aux îles les oiseaux de passage sans ses établies sur les îles pour l 'édifi­
Pendant Je séjour aux îles, la moitié que cela prouve une végétation cation de divers bâtiments )) .
de l 'équipage ainsi que les passa­ arborescente. Par contre, les essais entrepris en
gers pouvaient descendre à terre où Par ailleurs, on a chauffé pen­ 1 9 1 2 sont décrits avec minutie et les
ils trouvaient selon Blancard dant des siècles des fours de bou­ résultats suivis jusqu'en 1 9 1 4, par
« viande, poissons, vins et autres langers avec des fagots prélevés A. Cyprien- Fabre.
marchandises . . . », que débitaient dans les buissons de la garrigue. Dès Je mois de j anvier 1 9 1 2, des
entre autres Bernard Ambulet et Pour flamber l a coque des navires semis de pins sont effectués dans les
Marie Valence dans « la maison lors du carénage, on employait des environs du port de Pomègues dans
que l adite Marie possède aux îles « brusques )) (en provençal brus co : des endroits abrités du nord-ouest
de M arseille » . Le Frioul subissait bruyère, en réalité des rameaux de ainsi que sur Je plateau du Séma­
donc une pression humaine impor­ genêt aussi bien que de bruyère). phore, sur le versant de Crine et
tante et s'il restait du bois, à défaut Lorsqu'on sait que les allumettes près de la calanque de Morgiret
de bois, il a dû partir en fumée. (les brauqueto ou busquetto : bu­ (Ratonneau).
Les îles du Sud, plus éloignées chettes) étaient des morceaux de D'autres semis, notamment de
du port, plus difficilement accessi­ fenouil enduits de soufre, on pou­ chênes verts, ont été faits à la même
bles et sans établissement perma­ vait bien appeler bois ce qui n'était époque, notamment sur le plateau
nent n'en ont pas moins perdu leurs que broussailles. D'ailleurs, le Dic­ et l e versant sud de Ratonneau. Que
arbres, à quelques exceptions près. tionnaire de l'Académie en 1 802 sont-ils devenus ?
Pour Knoerr, les responsables en donne pour l a buchette « menu
bois )) ; A. Fabre écrit, à propos des « En mars 1 91 2, les graines se­
sont, au Moyen-âge, les trois gar­ mées. . . a vaient abondamment
diens installés à la vigie de Riou « brusques )) qu'avant 1 766, « plu­
sieurs ordonnances de police défen­ germé. . . mais l 'absence de brancha­
pendant des siècles. ges de protection des semis, se fai­
daient aux calfats de Marseille de
Les causes de dégradation des sait sentir )) .
vendre eux-mêmes ce petit bois de
forêts marseillaises en général sont
chauffage )) ; l'on peut faire chauffer A la fin de l'été 1 9 1 2, « bon
vraiment multiples. En dehors des
un chaudron avec des cistes ou nombre de petits pins et quelques
utilisations continues ou répétées, il
d'autres buissons. chênes verts a vaient survécu. Des
y eut des causes ponctuelles. Cer­ graines de cyprès semées dans le
taines sont connues (siège de M ar­ Un bon exemple sur les erreurs
d'interprétation possibles des textes cimetière . . . n 'avaient pas germé » .
seille, en 49 avant J.-C., durant
lequel tous les lieux boisés d'alen­ est donné par les comptes de L'été de 1 9 1 3 voit périr u n grand
tour furent ravagés, d'après Lu­ construction du fort Ratonneau nombre de petits pins, qui avaient
cain). D'autres sont supposées, (5 avril 1 598), où un rapport d'es­ à cette époque de douze à quinze
comme les périodes de froid intense time des saules coupés pour faire centimètres de hauteur, par suite de
(en 1 956, un grand nombre d'arbres des gabions est donné. On pourrait la sécheresse et des coups de vent.
ont disparu). en déduire qu'ils ont été coupés sur
Les derniers chênes verts dispa­
place. Or, i l n'y a ni cours d'eau ni
Qu'en est-il exactement de l'acte raissaient vers mai 1 9 1 3 , « quant
source dans les îles, seulement
de donation de la reine Jeanne ? I l aux pins survivants en 1 91 4, ils se
quelques suintements printaniers
énonce q u e l e s îles sont données trouvaient dans les vallons a voisi­
bien vite taris (une mare temporaire
« cum donibus edificis planis morti­ nants la Vieille-quarantaine )) .
existe à Jarre à l'emplacement d'une
bus pratis nemoribus juribus juridic­ poche argileuse) il ne pouvait y Un essai de transplantation de
tionibus et pertinenciis omnibus » . En avoir des saules et même quelques sujets venus par semis en pot est fait
dehors du mot « bois )) que nous « égarés )) ne pouvaient suffire à en novembre 1 9 1 2, mais en août
contestons, il y a l e mot « pratis )) : faire des gabions pour le fort ! 1 9 1 3 , un seul des soixante trans­
or nul n'est besoin d'un long dis­ plantés a survécu.
Qu'ajouter de plus sur la ques­
cours pour convaincre qui que ce Cyprien- Fabre titre les conclu­
tions des bois aux îles, à une épo­
soit sur l ' absence de prés dans les
îles ! Cette énumération peut être
que où i l n'y avait pas d'autre sions de ces essais. « La preuve est
combustible, où l'écologie n'existait faite que des graines de pins peuvent
considérée comme une formule facilement germer dans la terre des
pas et a fortiori les écologistes.
notariale, employée par l a chancel­ îles du Frioul. . . que les semis direct
lerie provençale. du pin d 'A lep ou des chênes verts est
Ruffi, dans son Histoire de le seul procédé utilisable. . . qu 'il est

1 57
Ces essais ont été décrits en éviter aux jeunes plants la fraîcheur
des citernes !), le résultat en a été
indispensable de protéger les jeunes
sujets du vent et de l 'excès de séche­ détail par René Molinier en 1 936,
resse des premiers étés. . . par des leur devenir n'a guère été meilleur très décevant. Cela tient, non seu­
fascines recouvrant les semis » . que pour les essais précédents : « . . . lement aux condition très dures du
au seuil de l 'été 1 936, l 'échec est total milieu, mais aussi « à un choix
E n 1 934 e t 1 93 5 , l e s services de à Pomègues. A Ratonneau : les pins malheureux des espèces à utiliser et
la M arine, sous la direction du parasols à S'-Estève et sur les pen tes de l 'époque de leur mise en place » .
Commandant Péron au Frioul, ef­ du fort, les pins d 'A lep, les tamarix, Divers essais ont été encore ef­
fectuent plusieurs essais de reboi­ les chênes verts ont bien résisté. A u fectués après la guerre mais tou­
sement (semis et plantations) de terrain des ports, 2 2 chênes verts se jours ponctuels et non suivis.
diverses espèces (chênes verts, pin main tiennent depuis 1 934 ». Depuis la construction de
d'Alep, pins pignons, cyprès de Bien que ces essais aient été Port-Frioul, diverses espèces arbo­
Lambert, tamarix, faux-poivriers, effectués avec un maximum de rescentes et arbustives ont été
eucalyptus . . . ) en divers endroits de soins (notamment l 'eau ne man­ planté près des maisons et entrete­
Pomègues depuis le Sémaphore quait pas et l e sous-officier, chargé nus à grands frais. M ais cela ne
jusqu'au vallon Saint-Jean et les de surveiller l 'arrosage, faisait pla­ peut servir d'exemple pour un re­
pentes sud de Ratonneau et à S'­ cer les bidons plusieurs heures au boisement des pentes, loin des habi­
Estève. soleil après leur remplissage, pour tations.

4. L 'a venir. Quels objectifs ?


le nécessaire et le possible

Les îles sont maintenant ouvertes aspect anarchique. Le manque de de se fixer un objectif pour assurer
largement au public, pratiquement surveillance fait que les quelques la gestion de ce type d'espace est
sans restrictions, l a M arine n' ayant ligneux qui restent sont saccagés et impérative. Apparemment, la Ville
conservé que très peu de terrains notamment coupés pour faire de Marseille, maintenant proprié­
après l'achat par l a Ville de M ar­ « chauffer la gamelle ». taire majoritaire, a choisi d'en faire
seille en 1 970 de la plus grande A ces dégradations viennent un espace naturel de loisirs protégé.
partie des îles. Un « Marseille In­ s'ajouter les dégâts occasionnés par I l est urgent que le volet protection
formations » de cette époque ( 1 970) un nouvel ennemi : la pollution. En soit effectif, si l'on ne veut pas,
donne comme objectif « un site effet depuis quelques années, les après l 'ouverture au public, à notre
reboisé, aménagé pour accueillir végétaux de toute la zone littorale, avis prématuré, voir les derniers
40 000 marseillais par jour » . I l y est et ceux des îles n'y échappent pas, arbustes et les derniers arbres dis­
indiqué aussi « reboisement sur plu­ sont « grillés » par les embruns paraître de la surface des îles.
sieurs dizaines d 'hectares avec les
A.
chargés de détergents, de tensio­
essences appropriées » . Dans un au­ actifs, hydrocarbures et autres pol­ G.-J.
tre « M arseille Informations », luants . . . les embruns sous la forme
consacré au Frioul ( 1 974), trois d'aérosols sont phytotoxiques par
idées maîtresses sont à la base du solubilisation de la partie lipidique
programme d'aménagements : des membranes et entraînent la
- « création d 'un port de plaisance dégénérescence des chloroplastes.
de 1 500 bateaux.
- aménagement des îles en zone
naturelle réservée à la promenade et
aux loisirs orientés vers la mer qui
attirent de très nombreux marseillais.
- création d 'un village de 1 7 hecta­
Conclusion
res seulement, sans pollution et sans Les îles du Frioul, malgré leur
circulation automobile ». aspect inhospitalier et dénudé, ont
Dans la même brochure, il est une flore herbacée relativement im­
décrit que « une surface de 1 85 hec­ portante (environ 300 espèces) mais
tares, soit plus de 90 % de la super­ appauvrie par rapport au continent
ficie totale sera protégée. . . et reboi­ voisin. La flore arbustive et arbo­
semen t dans tous les secteurs favora­ rescente est encore plus pauvre, à la
bles au développement de la végéta­ fois en espèces et en nombre d'indi­
tion » . vidus, mais touj ours présente mal­
Actuellement, si le port e t une gré des siècles d�atteintes diverses.
partie du village sont réalisés, I l a été longuement question à
l'aménagement de la zone naturelle « Foresterranée 87 », des espaces
protégée n'existe pas, à ma connais­ naturels subissant des contraintes
sance. Et cela est fort regrettable, environnementales particulières. On
car tant que les îles étaient interdi­ peut classer les îles du Frioul dans
tes, la végétation n'était pas agres­ cette catégorie par les contraintes
sée. La fréquentation actuelle est climatiques, édaphiques et bioti­
génératrice de dommages par son ques qu'elles subissent. La nécessité

1 58
La fréquentation excessive depuis l 'ouverture au public
Bibliographie : ·
sans surveillance et la pollution des embruns entraînent des
dégradations.
Anonyme, « Marseille-informations », no 1 6 de Mai 1 970 et
Une intervention rapide est nécessaire.
no 57 d'Octobre 1 974.
Blancard L., 1 88 5 . Documents inédits sur le commerce de

S UMMA R Y
Marseille au M oyen-Age, contrats no 737-948, Mar­
seille.
Bonifay E., 1 965. Remarques sur le pleistocène marin des
1. - Surrounding pressu res
Alpes- Maritimes, Bull. soc., géol. Fr. (7) VII, 946-956.
1 . 1 . - Topography - The climatic factors
Bouches-du-Rhône 1 9 1 4. Encyclopédie départementale, T.
X I I , « Le sol », Marseille. Frioul Islands gathers four islands. The two biggest are
Corroy et Denizot G. Guide géologique de la Provence of 2, 7 ki/ometers and 2, 5 kilometers /ength and 600 meters wide
occidentale, Ann. Fac. Sc. Marseille, 2' série, VI II, are lied by a dam. Ratonneau has a complex topography with
Fas. 1 . unequal crests limited by deep narrow creeks. Pomègues is
Cyprien- Fabre, 1 932. Essai de reboisement aux îles du Frioul, formed by rocks in ridges with two very different faces because
Le Chêne, no 3 5 . of the capital action of the wind. Water is a limit factor for these
islands (400 millimètres per year).
Denizot, 1 934. Monographie géologique d e s environs d e
M arseille, Ann. Musée Hist. Nat. Marseille, T . XXVI . 1 .2. - Geology and succint paléogeology - The edaphic
Denizot, 1 934. Monographie géologique des environs de factors
M arseille, Ann. Musée Hist. Nat. Marseille, T. XXVI. The islands are a residue of an lod karstic submerged
Guieu G. Schéma structural de la région de Marseille (carte) relief The preliminating superior urgonien has riffs sinking to
et communication personnelle. the north-west, but the structure is complicated. Before the
flandrian transgression the islands were tied to the continent.
Knoeer A., Le milieu, la flore, la végétation, la biologie des
The islands shape is no more due to the present conditions but
halophytes dans l 'archipel de Riou et sur la côte Sud
is due at a great water circulation. A n important drying up at
de Marseille, Bull. Mus. Hist. Nat. Marseille 1 960- 1 96 1 ,
the end of the pliocène period has given a fossile topography.
20 : 89- 1 73 ; 2 1 : 5- 1 00.
There are little running soi/ and no pedologie soils, the basing
Laurent L. 1 92 1 . Une promenade botanique aux îles du rock being out croping a/most every where.
Frioul, Académie de Marseille, séance publique du 26
Mai 1 92 1 . 2. - The Islands flora ; arborescent and shrubby vegeta­
Laurent L. et Deleuil G., 1 93 8 . La répartition des végétaux tion
dans les îles du Frioul : Pomègues et Ratonneau et la The arborescent flora gathers over al/ the Alepo Pine
question du reboisement de ces îles, Bull. « Le chêne » (Pinus halepensis), which is a survivor of aforestation of
n° 45, 1 3-76. differents eras, as other like (Ailanthus glandulosus, Ficus
Molinier R., 1 936. Le reboisement des îles du Frioul, les carica, Olea oleaster, Tamarix gallica .
conditions du milieu, les possibilités, les essais, Bull. The shrubby flora is composed especcial/y by Atriplex
« Le chêne », no 42 1 -30. halimus, the cistus (Cistus albidus, salviaefolius, cistus
Molinier R., 1 940. A propos des îles du Frioul, Bull. « Le monspeliensis). Juniperus pheonicea, Pistacia lentiscus . . .
Chêne », no 46, 1 -23. The hal/ophytic associations takes a great part of the
Molinier René, 1 954. Les climats côtiers de la méditerranée islands, over al/ the Crithmo-staticetum, which is very inferes­
occidentale, Végétation, vol. IV. ting concerning the botanics, for six of its ten caracteristics are
endemies. In the inner of the island, the Astrogaleto-plantagi­
Saurel Alf., 1 877. Dictionnaire des villes, villages, hameaux
netum has also three endemies.
du département des B.-du-Rh . , Marseille, Marius Olive,
p. 367-375. In relative/y sheltered parts of marine influence, the main
of arborescent and shrubby flora is developping with Alepo Pine
Villeneuve (Comte de), 1 826. Statistique du département des
graves extremely deformed by the wind. The clups of Pistacia
Bouches-du- Rhône, 3' volume, Marseille.
lentiscus, real « maquis » in miniature are survivor of the
association Oleo-lentiscetum, but it is here very impoorish.

RÉS UMÉ
3. - The past : A wood in the Islands, myth or reality ?
The different aforestation temptatives

Les îles du Frioul subissent des contraintes environnemen­ Al/ books concerning the Frioul Islands refers to an edict
tales particulières. of the Qeen Jane to conclude that they were woody at the 1 4
t h century. l t seems thal the woods o n the islands have early
A u point de vue topographie et pédologie : les îles sont
disappeared because of their peculiar conformation and their
étroites a vec des abrupts importants et peu de parties planes avec
situation near by an important urban center, active and very
un urgonien en gros bancs, les sols meubles sont donc rares.
old : sai/ors, fishers, travel/ers, soldiers, . . . passing or staying in
Les facteurs climatiques : l 'eau est un facteur limitant the islands were an additional factor in this disparition.
(précipitations très faibles et mal réparties). Le vent a aussi une
Severa[ temptatives of aforestation have been made :
action capitale (morphoses, action déssechante, chute de tempé­
particularly in 1 912, plantations of Alep Pine, Cypress, and
rature . . .) . Quant aux facteurs biotiques, en dehors des oiseaux,
Green Oaks and sews, were the only process.
c 'est l 'homme qui directement ou indirectement a entraîné le
déboisement presque complet des îles. Other trying in 1 934 dans 1 935, with different plantations
and sews (Green Oaks, Alepo Pine, Kernel Pine, Lambert
La flore arborescente et arbustive est réduite (présente
Cypress, Tamarix, False Pepper plant, Eucalyptus .. .) were a huge
dans des associations type garrigue dégradée ou oleolentisce­
failure in spite of attentive care. lt was due to a bad choice of
tum).
species and of the period with the method of seulement.
Le déboisement des îles est ancien (l'édit de la Reine
Jeanne a été mal interprété). 4. - The future : What goals ? The necessary and the
Des essais de reboisement ont eu lieu à diverses époques, possible
mais se sont soldés par des échecs (essences, types et époques The islands were forbidden (military zone) for a long time
de plantation mal choisis). and are now open to the public. After the purehase of the islands

1 59
by the city of Marseilles in 1 9 70, the aims were : tiche sono endemiche. L'astragaleto-plantaginetum meno im­
creation of yatchting harbor; portante della precedente è formata an ch 'essa da tre endemiche.
- creation of a village of 1 7 hectares; Nei posti relativamente al riparo de/l'influenza marittima,
- and 90 % of the area (1 85 ha) wouid be protected by hanno potuto svilupparsi associazioni molto varie che compren­
aforestation. dono l 'essenziale della flora arborescente a arbus tiva delle isole
This transformation in natural zone reserved to walking con dei boschi di pini d 'Aleppo estremamente morfosati dai
and leisure was not made. The excessive frequentation, the fock vento. 1 gruppi di /entischi, vera macchia in miniatura sono i
of watchning, carries in dégradations. vestigi dell'associazione oleo-lentiscetum; questa è qui molto
The pollution of sprays is additional factor of degrada­ impoverita.
tion. The sprays carryins severa/ pollution factors are phytotoxics
3. - Il passato. 1 « boschi » nelle isole. Mito o realta ?
(membrane degeneration and chloroplast degenerency).
1 diversi tentativi di rimboschimento.
ft is possible to make plantations of trees and shubs bust
not every one, every where, at ali time. The species to keep are In tutte le opere relative alle isole del Frioul si riferisce
main/y : the Alepo Pine, the Green Oak in somme hallows, the ad un editto della Regina « Jeanne » per affirmare che queste
tamarix behind of beaches and the main bushy plants of the erano ancora boscose nef XJVo secolo. Verosimilmente, i boschi
« garrigue » and the Oleo-lentiscetum. The sewings for trees are delle isole sono spariti precocemente tanto per causa della
preferable to plantations and have to be protected of the heat conformazione partico/are delle isole, quanto per la /oro situa­
of the sun. zione vicina ad un centro urbano importante, attivo e molto
antico : marinai, pescatori, viaggiatori, militari... di passaggio
Conclusion o abitanti hanno avuto una influenza in questa disparizione.
The inslands constitute a natural space under peculiar Le isole sono state /'oggetto di parecchi tentativi di
envionnemental pressures. To the hard natural conditions and rimboschimento. Particolarmente ne/ 1 91 2, prove di piantagioni
degradations long the history of wthe vegetal covering, is now di pini d 'Aleppo, cipressi e lecci, cosi come certi affettuati e
additioning the pollution carried by the sprays cand the present seguiti fino nef 1914. Le conc/uzioni erano che la seminaggione
excessive fréquentation since there were open to the public. diretta di grani di pino d 'A lep e di lecci è il solo processo
Plantations are on/y possible, but not a real aforestation. utilizzabile e che bisogna proteggere dall 'ardore del sole le
Mesures ofprotection and watching have to be taken very rapidly giovani semine.
if we dont 't want to get disappear what has laboriously survived. A/tri tentativi nef 1 934 e 1 935 portando su semine e
piantate di diverse spêcie (lecci, pini d 'Aleppo, pini pinoli, cipressi
di Lambert, tamarici, fa/si pepi, eucalipti .. .) sono stati un
insuccesso importante nonostante attente cure. Questo proveniva

RIASS UNTO
dello sce/to contestabi/e delle specie cosi comme della forma e
del periodo della messa in opera.
4. - Il futuro. Quali obiettivi ? Il necessario e il
1. - Le costrizioni dell'ambiente
possibile
1 . 1 . - Topografia - 1 fattori climatici
Le isole che fossero vietate per molto tempo (terreno
Le isole del Frioul si compongono essenzialmente da due militario) sono adesso largamente aperte al pubblico. Dopo
grandi isole congiun te da una diga e sono rispettivamente l'acquisto dalla Municipalità di Marsiglia nef 1 9 70, gli obiettivi
lunghe 2, 7 e 2, 5 chi/ometri con larghezze molto di.fferenti, erano :
600 me tri al massimo. L 'una, « Ratonneau » ha una topografia creazione di un porto da diporto
complessa con groppe ineguali delimitate da calanchi impor­ creazione di un villaggio di 1 7 ettari
tanti. L 'altra, « Pom egue » è formata da una successione di il resto, cioè 90 % della superjicia (185 ettari), sarebbe
masse rocciose con due faccie molto di.fferenti quanto alla protetto con rimboschimenti.
ventilazione.
Questa sistemazione in zona naturale riservata alla
1 .2. - Geologie e paleogeologia sommaria - 1 fattori edafi­ passeggiati e ai divertimenti non fù fatta. La frequentazione
chi eccessiva, il manco di sorveglianza causano digradazioni.
Le isole sono il residuo di un antico rilievo carsico A queste digradazioni si aggiungono i danni fatti dall'in­
sommerso. L 'urgoniano superiore è predominante, in grandi quinamento degli spruzzi. Gli spruzzi carichi da diversi inqui­
stratti cadendo verso il N. O., ma la struttura è complessa. nanti sono fitotossici (digradazione delle membrane e degenera­
Prima, le siole erano riunite al continente, l'ultimo episodio zione dei c/oroplasti .. .).
geologico è rappresentato dalla tt;asgressione flandriena che ha E possibile di fare piantaggioni di legnosi ma non
sboccato alle condizioni attuali. Il rilievo della isole non risponde qualunque siano, in qualunque luogo, in qualunque momento.
più alle condizioni a ttua/i, / 'hanno creato una grande attività Soprattutto il pino, il /eccio in qua/che fondo di vallone, la
delle acque correnti, ma un importante seccarsi alla fine del tamarice dietro alle spiaggie; cosi come le principali specie
pliocene ha dato una topografia fossile. Ci sono pochi terreni cespugliose della gariga, cosi come l'oleastro ed il /entischio, sole
friabili e nullo suolo, ne/ senso pleologico del termine, la roccia specie d'ell'oleo-lentiscetum in questo luogo. Le semine per gli
madre affioranda quasi dappertutto. a/beri sono preferibili alle piantagioni; queste ultime dovendo
essere imperativamente protette dagli ardori del sole.
2. - La flora e la vegetazione arborescente e arbustiva
delle isole
Conclusione
La flora arborescente è composta soprattutto dai pino
Le isole costituiscono uno spazio naturale sottomesso a
d 'Aleppo (Pinus halepensis ) essenzialmente, resti delle opera­
degli assoggettamenti particolari dell'ambiente. Alle dure condi­
zioni di rimboschimento di diverse epoche come di a/tri specie
zioni naturali, alla digradazione nef corso dei tempi storici, del
come l' Ailanthus glandulosus, Ficus cari ca, Olea oleaster, ricoprimento vegetale si aggiunge ora l 'inquinamento caricato
Tamarix gallica.
dagli spruzzi e da poco dalla frequentazione eccessiva dovuta
La flora arbustiva comprende particolarmente Atriplex all 'apertura al pubblico. Le piantagioni saranno possibili, ma
halimus, i cisti (Cistus albidus, Salviaefolius e monspeliensis, non il vero rimboschimento che la Municipalità di Marsiglia
Juniperus phoenicea, Pistacia Jentiscus ... ) proprietario dei luoghi aveva esaminato ne/ suo piano di
Le associazioni alofile occupano una grande parte delle gestione. Certe misure di protezione e di sorveglianza devono
isole : soprattutto il Crithmo-staticetum molto interessante dai essere prese molto presto se non si vuole compromettere quel che
punto di vista botanico poichè sei su dieci delle sue caratteris- ha sopravissuto penosamente.

1 60

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