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ETUDE PHYTOPEDOLOGIQUE
DES MANGROVES ET TANNES
DE LA MONDAH-GABON
J M LEBIGRE
C MARIUS
N°S
CEG ET. Damaine Universlt:BlrB da Bardeaux 334D5 Telence Cedex. France
NOVEMBRE 1986
ETUDE PHYTOPEDOLOGIQUE DES MANGROVES
ET TANNES DE LA MONDAH (GABON)
JM LEBIGRE* et C MARIUS
*.
• Enseignant de Geographie au Centre Umversitaire de TULEAR (MADAGASCAR)
Pedologue ORSTOM, Institut de Geologie, 1 rue Blessig, 67000 STRABOURG
1
Resume
1 ~ 1RnOUC r [ON
Les mdngrovos de la Mondah lormpnt un ensemble coherent de 3~ 000
ha s ordonnant aulour de 1..1 bdle du même nom et ct' un reseau (hg 1 te
de crlq\le~ (ce terme de::'lgnc1nt ILL les chenaux de marée ber des de
paletuvIers) Elles se sItuent sur le lIttoral afro-atlantIque au
nord-ouest du Gabon entre O· 22 et O· 48 lùt N (fIg 1) echancre
par oeux autres grandes rIas estuaIre du Gabon el RIO MunI lLE8IGRE,
1983)
1 LE CONTEXTE GEOGRAPHIQUE
Le der-m er: élément qUI r et.i enne notre at.t.errt i on est l'exIstence
d'Importants depôts sableux cordons ou terrasses, souvent couverts
de savane herbeuse La présence d'un hor i zon Indure (alIOS ou grès
ferrugIneux) permet de dIstInguer les formatIons de la NtsInl, de
la ï.i b ; et de la Massotle de celles de la POInte Akanda sans doute
EQUATORIAL
10
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t i "s .
Ld S.l i son s(~<:h(~ s ' <'~ tend <J<, ln i - jui Tl Ù mi - sep tembre. Néanmo i ns .
en 1979 il n'est tombé
que 12 mm de juin <1 septembre i nc: Lus. Le début du mois d' octobre n' ét-
ant guère mieux arrosé. Pendant ces quatre mois on note' un déficit
hydrique sensible qui influt sur la végétation et les sols. La grande
forêt omb r o pb il e de l'ensemble gui néo-congolais couvre toute la région
à l'exception de rares petites savanes herbeuses édapho-anthropiques.
J F M A M J J A 5 N 0
° 26· C
Tt!r.Jpératures 26,7 26,9 27 27 26,8 25,3 24,2 24,5 25,5 25,8 25,9 26,4
Précipitations 298 276 418 360 275 18 1,4 7 94 388 527 347 3005
=
Jours de pluies
(plus de 0,1 mm) 18,3 15,7 20,5 20,4 16,8 3,3 1,4 4,5 13,7 24,5 24 18,7 181,5
Evaporation 67,4 66,6 70,7 69,4 74 89,4 96,5 92,6 82 64,7 59,1 65,9 903,3 mm
Humid. Relative 86 85 85 86 85 81 80 81 84 87 88 86 85%
Insolation 176 177 169 168 156 125 123 109 91 109 129 166 1697 h.
l.:UCULJC!ICII : U1°0mJ
33 /11 mm.
500
30
00
00
cède pas <' ')0 kn/. [':n Sd i son s(~chc l ' t~COu 1cme n t se tar i t. Al' ('::; t . par
contre, t.r b i . Milssotié, Ayoriç • NgolJi1ndzé et surtout r>lbé et Nzémé sont
e u t.an t. de petits fleuves qui drainent t:.oute la région située entre
la crête formée par les grès de Ndombo et le littoral. La capacité
él~vée de rétention de ces grès permet la régularisation du régime
de ces cours d'eau et par conséquent un écoulement substantiel en
saison sèche (tabl.3).
Mangrove Mangrove
2) 2)
Bassin (km correspondante Bassin (km correspondente
Libi J26 Ikoy 40
Massotié 227 Kam
70
Ayong 40 Bombié 62
Ngouandze 78 Abondo
Mbé 273 Ntsini 130
pO
Nzémé 198 ï
Affluents
Affluents orientaux occidentaux 240 210
942 Total
Total
Iles 40
Total 1220 340
- 10
S 0 N D J F M A M J J A
0,51 4,58 9,41 2,89 1,39 2,39 4,26 3,22 4,29 1,04 0,55 0,46
Max. Min.
1969-70 3,30 70 0,090
1970-71 2,34 56 0,370
1971-72 2,84 110 0,380
1972-73 3,43 69 0,410
1973-74 2,89 S·. 0,407
Moyenne 2,96
l i c-u dans L' abo r-d i mrnod i a t. (ks ('.lIll!H'ments, Ce bois est utilisé directe-
men t comme combus Lib 1(' pou [' film\' r 1(' po i s s on ,
baie de
c orrsco
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5~
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200m.
4) le tanne comportant
une partie déprimée, criblée de trous creusés par les crabes
violinistes avec quelques plaques de Sesuvium portulacastrum (Aizoacée)
très chétifs ct épars c'est l'équivalent du tanne à Sesuvium du
Sénégal;
une partie hnute complètement nue couverte d'une pellicule
de sable blanc: c'est le tanne vif;
une partie déprimée couverte de Cypéracées et de Graminées
avec quelques buissons d'Ormocarpum verrucosum (Papilionacée) c'est
le tanne herbeux, ne couvrant qu'un liseré à la limi te de la forêt
littorale; i l prend sa véri table extension au sud du tanne, et a donc
une signi fication très faible dans la zonation, au contraire de ce
qui se passe au Sénégal;
trois petites galeries coupent la continuité du tanne. Elles
sont formées de Conocarpus erectus (Combrétacée), d'Avicennia et de Sy-
zygium guineense (Myrtacée) avec un tapis épars de Paspalum vaginatum.
D'un point de vue topographique, elles ne correspondent à rien : ni
dunettes de sable, ni dépressions. Une hypothèse vraisemblable est
qu'elles recouvrent un écoulement souterrain d'eau douce.
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o - - - - - 2 km
c'est Rhizophora harrisonii qui dans tous les cas observés apparait
d'une manière monospécifique au sein des s.e. Autour prédominent les
Rhizophora racemosa associés à quelques R. harrlsonii.
Alors que la taille des R. harrisonii de la s.e. est très homogène
(2 m environ. parfois 3 ml. sur le pourtour ces palétuviers sont un
tout petit peu plus haut. A la périphérie on note une auréole de quel-
ques mètres de large sans palétuviers mais encombrée par de nombreuses
racines aériennes en arceaux provenant des Rhizophora de la formation
encaissante. Ce secteur parait être très légèrement déprimé (flaques
rèsiduelles à marée basse). Cependant l'existence de cette auréole
n'est pas générale.
elles pourraient répondre 4 des dolines mais leur absence totale d'or-
qanisation rend cette idée peu crédible. On peut également concevoir
qu'elles correspondent à des concentrations de minéraux dans le sol
ou à des remontées d'eau dans le sol. voire à des sources. A ces hypo-
thèses mal étayées nous préférons celle d'une évolution de la mangrove
(LEBIGRE. 1983).
Quatre profils ont été étudiés :
Environ JO profils ont été observés et décrits sur les cinq sé-
quences et 85 échantillons ont été prélevés.
1) Séquence de Malibé :
Les six profils observés sont très peu épais et reposent sur une
dalle de calcaire oolithique et quartzeux.
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3~
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o-s cm ~dse eL debrl::' veqetnux snn::. conslstclnce 5YR 2/2 brun rouge
tance pH 6 8
ho r i z on tres t i b r eux c-oris i s t an t 7 5R 3/4 rouge traces
de vase ~YR 2/2 brun rouge tonce forte odeur de H S pH 6 6
2
-l5-60 cm hor i zon f i br eux ( r ad i ce l Le s blanches) 10R 311 q r i s rouge
fonce tres malleable forte odeur de H S pH 7
2
00 cm ccllcalre
Pro t l l 530 'iOUS Acr os t rchum aureum zone plus haute sol epa i s
Je 10 a 1':1 cm 7 5YR 3/2 brun sombre pH 6 9
Pr o f i I 540 sous r i mbr i s t.q l t.» zone plus haute sol tres mi nce
':> cm max i mum 5\R 2/2 brun rouge sombre Lraces Jaunes (5Y 6/3
pale ollve) sur les raClr~s ct sur la roche pH
Pro f l l 550 sous Pùspa l um Vdg Ina tum - zone un peu plus basse que
1.3 precedente sol epalS de 10 cl 15 rm morceaux de calcaIre en surface
1-7 cm couleur no i r pH 7 3 en des sous, 10YR 4/3 brun traces Jaunes
et rouges au Illveau des raClnes et couche Jaune au nl~eau de la roche
ph 7 1
3) Séquence de Moka
humide.
4) Séquence de Busimba
Quatre profils ont été observés, essentiellement sous R. harrisonii
et R. racemosa. Ils se caractérisent tous par leur richesse en fibres,
leur consistance semi-développée et la forte odeur H Le pH mesuré in
2S.
situ est de l'ordre de 6,5.
Profil 410: SCV - Rhizophora harrisonii de 2 m; quelques Tympanoto-
nus; forte odeur de H
2S.
0-40 cm: très fibreux. SR 2/1, très malléable; pH 6,4.
40-60 cm: transition.
60-100 cm: peu fibreux. 5YR 2/1,
très malléable, odeur de H pH 6,7.
2S,
Profil 420: Pourtour de la SCV, légèrement en dépression: flaques
en surface, nombreuses racines en arcs boutants.
0-40 cm: très fibreux, 5R 2/2, très malléable, pH 6,5.
40-60 cm:' transi tion.
60-100 cm: peu fibreux, 5YR 2/1, très malléable, pH 6,5.
34 -
5) Séquence de Ntsini-Akanda :
1) le pH :
A l'exception de la séquence de Moka où le pH in situ est nettement
acide avec des valeurs inférieures à J.5 sous Avicennia et sous les
tannes, on observe que dans toutes les autres séquences, le pH in
situ est compris entre 6 et 7. Mesuré sur sol séché à l'air, le pH
est, dans l'ensemble, inférieur au pH in situ, en particulier dans
les séquences de Moka, Busimba et Akinda où, notamment dans les hori-
zons profonds, il est très acide et parfois inférieur à 2, indiquant
une acidité "potentielle" élevée de ces sols.
2) la salinité:
Un des caractères dominants des sols de mangroves du Gabon et
qui leur confie une forte originalité est leur salinité. En effet.
compte tenu de l'environnement climatique de type équatorial avec
des précipitations élevées, on aurait pu s'attendre à ce que les sols
35
Séquence ~ ~ Busimba ~
Echantillon 520,0 410 430 620 660
Na+ mmoles/l 300,0 260,0 428,0 548,0 596,0 324
+
K mmoles/l 5,8 5,4 8,9 Il,5 Il,3 6,6
Mg++ mmoles/l 38,0 34,0 53,0 75,0 73,0 39,0
++
Ca mmoles/l 9,1 7, 1 9,5 11,8 13,8 0,091
€ Cations meq/l 400,0 347,6 561,9 733,1 780,9 408,8
Alcalinité 8,6 2,2 2,6 7,6 0,05 3,85
Cl lDlJIoles/l 372 ,0 320,0 500,0 636,0 664,0 384,0
S04 17,2 17,6 28,2 36,2 39,2 21,3
t: Anions meq/l 415,0 357,4 559,0 716,0 742,4 429,9
Conductivité
calculée mmhos/cm 41,5 35,7 55,9 71,6 74,2 42,9
60
80
\
100cm , 1 , ..... _ . a • , l 'lIIIIIIîOO! • 1 1 1 • l ,1, • -.......... - -
10 20 30
...,
'"
0
330 360 3to
20J \ Gd.,! A"icennia Rhizophore. Forêt littorale
40
1 .
60
80
100cm
tO
•
c) qôoch i m i ~~ :
Sur' les el) t~<:hdIlL i lions, on il d os o l e s c l cmcn t.s ma j eu r s et traces.
Les résultats sont exprimés en g pour 100 g du sol séché a 110· pour
les éléments majeurs el en ppm pour les éléments traces. Le tableau 8
donne la moyenne et l'écart type pour les différentes séquences.
40
,LC.1ULnu. 1'10111
v. )" - •• 11111111- Plldoll- pli l,II ( 1 1/ III
Il Il 1 tL
1utru.
Q !I"I1. l'yrltL Jlro~ltl'
to.lllllll lou .I.lIr (111 III Iln ~. l. IIIl11lul"/' III ffiln[rrlUX
-
Sil o - S l, lJ li 4 4 '>7 + +
Rh
5rO 512 JO - 40 6 li l 6 3 50
raL
w 513 SO - 60 7 5 7 lU (, + +
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.... 510 AVlcen. 520 6.7 5.2 6,9 + + F
-l
.,;
530 Achlost. 530 .. 6 9 7 1 7
::;: 540 Funbr r s , 540 7 7 1 9
611 5 - IS 6 2 6 7 +++
Tanne 612 25 - 35 3 7 4 2 +++
610
vif 613 60 - 70 6.2 5 +++
l<l
614 110 -120 4 3.3 +++
y
621 5 - 15 6 1 6 2 +++
-l AVlcen-
620 622 40 - 50 5.8 2.8 +++
nia
... 623 70 - SO 6 1 3 3 +++
661 10 - 20 6 9 7
660 Phoam x
662 80 - 90 7 6 7
.
311 0- 5 4 4 6 0.37 ++
Forêt
310 312 40 - 50 4 2 3 2 0.27 +++
littorale
313 90 -100 3.5 3 4 o 26 ++
Pe t i cs
321 o- 10 5 4 2 6 7 34 + + +
320 322 30 - 40 5 4 4 Il 56 ++ ++ j
AVIC
323 90 -100 5 4 1 2 24 + + ++ + + G
- -
331 o - 10 5 7 4 1 5 6 + ++ + -1
Grands
330 3J2 45 - 55 4 0 3 3 14 ++ + ++
AVIC.
33J 90 -100 4 1 7 31 'J + + +++ + + C
et
341 .. o - la 7 8 5.> 4
5 04
63 ++
++
+
+
Tanne 342 10 - 20
343 50 - 60 3 a 3.4 6 9 ++ +
:.: )40 li 344 90 -100 3.5 3.5 6 5 ++ +
a 351 o- 10 3 6 3 1 3 7 ++ + + + ,
Tanne 352 50 - 60 31 3 1 4 2 ++ + +
361 5 - 10 5 5 4 0 0 74 +++
RlllZ
3(,0 362 40 - 50 5 5 J 9 1 86 +++ +
harr
363 90 -100 6 0 2.5 2.2 ++ +
...:
Rh i z
371 o - 10 6.5 4.3 7 85 ++ + +
\ 370
h"lrr
372 45 - 55 6.5 1 8 a.8 + + ++ ++ ++ G
.~
373 90 -100 6.8 1.5 28 J + + +++ ++ ++ G
0
Tanne
381 o- 5 4 0 4 6 0.09 +++
l' 380 382 10 - 20 4.2 3 2 0.57 +++ +
herbacé
-- 383 80 -100 3.5 3.4 0.48 +++ + +
+
r:z=-FTEC ~~-
RhlZ 441 10 - 20
'" 440 6.5 5.3 7.5
rac 442 70 - 80 6.5 2 1 0.5 + + + ++ +
RhLZ
211 o- 5 6.5 4.2 14.8 + + + G
210 212 40 - 50 6.2 1 4 19 15 + + + + G
< rac
213 90 -100 6.3 1 7 16.75 + + + +' + G
1 Cl
Rh i z
221 o- 5 7.5 6 7 8.7 + + + + +
220 222 40 - 50 6 8 1 9 14. + + + + + G
2' han
-II 223 90 -100 6 2 2.1 14 7 + + + + + G
.....
RhLZ
231 o- 5 6 1 4.9 10 6 ++ + + + G
Tableau 9
CONCLUSION
Mangrove sur substrat rocheux (Malibe). Le fond du chenal formé de grès calcaire se d é-
cou vre à marée descendante .
(Photo J.M. LEBlGRE)
id Mondah sont des manqroves a
- 43 -
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
AOUTIN, J Les pollens et les spores des s~dlments du delta de l'Ogoou~, Montpel-
lIer, EPHE, Lab de PalynologIe, 1967, 160 P
LEBIGRE, J.M Les mangroves des rIas du lIttoral gabonaIs EssaI de cartographIe
typologIque BOIS et Forêts des TropIques, 199, 1983, pp 3-28.