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Revue des Deux Mondes (1829-1971)
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VOYAGES GÉOLOGIQUES
AUX AÇORES
I.
L'ILE DE TERCEIRE.
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VOYAGE AUX ACORES. 41 i»
chaque année ces millions d'oranges qui sont durant l'hiver l'objet
d'un immense commerce avec l'Angleterre. Un peu plus haut, sur
les pentes, s'étendent de jeunes bois où l'on rencontre, végétant
côte à côte, les arbres les plus divers, originaires de toutes les ré-
gions tempérées du globe; mais ce sont les points culminans de
l'île auxquels la nature semble avoir voulu réserver ses ornemens
les plus grandioses. D'un côté, l'on y trouve enclavée la pitto-
resque vallée de Furnas, environnée de roches abruptes et tra-
versée par une rivière d'eau chaude dont les sources brûlantes
reproduisent en petit les phénomènes des geysers de l'Islande;
de l'autre s'ouvre, à l'extrémité de l'arête montagneuse de l'île,
la caldeira de Sete Cidade, dépression circulaire, profonde de 200
à 300 mètres, large de plus de 2 kilomètres, à parois taillées à pic,
dont le fond renferme un village coquettement niché sur le bord
d'un lac, au pied d'anciens cratères décorés d'une sombre verdure.
- Graciosa, qui mérite encore aujourd'hui le nom expressif qu'elle
a reçu lors de sa découverte, Fayal, dont la magnifique baie es
un lieu de relâche et de ralliement recherché par les navires de
toutes les nations, Corvo, célèbre par la légende du fameux cava-
lier dont le doigt mystérieux était tourné vers l'Amérique, pos-
sèdent des caldeiras, la plupart très régulières et quelques-unes
plus profondes encore, relativement à leur diamètre, que celles de
San-Miguel. - Des champs de maïs et de gras pâturages cou-
vrent la longue crête formée par l'île de San -Jorge et s'étendent
jusqu'au bord de hautes falaises dont les escarpemens vertigi-
neux sont sillonnés de longs rubans de lave noire ou rougeâtre.
- Santa-Maria et Florès, quoique d'origine également volcanique,
semblent avoir été depuis plus longtemps respectées par les feux
souterrains; en revanche, l'action de l'atmosphère y a marqué plus
fortement son empreinte. A Florès particulièrement, les pluies ont
creusé des ravins profondément découpés, des précipices fantasti-
ques, sur la paroi desquels des plantes de la famille des composées
étalent leurs corymbes dorés, dont le vif éclat est encore relevé par
le ton verdoyant des fougères qui les accompagnent.
En somme, ce qui frappe surtout dans ces neuf îles disséminées
sur une longueur de 800 kilomètres (1) au centre de l'Atlantique,
c'est la puissance magnifique et pour ainsi dire le témoignage écrit
des forces volcaniques qui, du sein de la terre , ont fait jaillir des
torrens de matière ignée au milieu même des flots de l'Océan, et
qui, semblables aux géans légendaires, ont accumulé les uns sur
les autres des amas prodigieux de scories et de roches; - c'est
aussi le spectacle du travail infatigable de la mer pour recouvrer
(1) Les Açores sont comprises entre 39° 45' et 36° 50' de latitude nord, et 27° et
33° 40' de longitude occidentale.
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hl REVUE DES DEUX MONDES.
I.
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VOYAGE AUX ACORES. A3
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h li BEVUE DES DEUX MONDES.
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VOYAGE AUX AÇORES. ¿5
ment observé pendant la journée. Les jours suivans, le m
nomène se reproduit un grand nombre de fois en se dév
Le 5 juin, on peut observer simultanément six ou sept
colonnes composées d'eau chaude et de vapeur d'eau,
avec impétuosité au-dessus du niveau de la mer et ne se c
par l'action du vent qu'à une hauteur de plusieurs cen
mètres, en offrant l'aspect d'un épais nuage de fumées b
Ces puissantes émissions de vapeur et d'eau chaude sont a
gnées de projections nombreuses de scories noirâtres, do
loration foncée tranche nettement sur la blancheur éclata
jets aquifères. Quelques blocs de scories ainsi lancés parai
séder exceptionnellement un volume de plusieurs mètres
volume de la plupart des fragmens semble ne pas dépasse
seur du poing. Ceux qui se trouvent engagés au milieu
lonne de vapeur montent ordinairement fort haut sous l'i
des fluides élastiques qui les enveloppent ; mais ceux que
apparaître sur le pourtour d'un jet s'écartent obliquement
vant une courbe peu étendue au-dessus de la surface de l'e
nant une sorte de couronne au pied du jet vertical qu'ils e
L'emplacement de ces phénomènes grandioses n'étai
solument fixe, la sortie des vapeurs sous la forme d'une
blanchâtre se faisait tantôt en un point, tantôt en un au
toujours dans un espace elliptique limité, d'environ 5 kil
de longueur et de 1 kilomètre de largeur. Le grand ax
ellipse était dirigé sensiblement de l'est 10° nord à l'oues
et quelquefois tous les jets se montraient en même temp
bués sur cette ligne à des distances inégales les unes d
Les plus considérables, qui étaient aussi les plus impétueu
ceux dont la position semblait le moins varier. La sit
jet principal correspondait sensiblement à l'emplacement
avait observé le 2 juin les premiers bouillonnemens d
Des sifllemens aigus, des détonations terribles compar
éclats de la foudre et redoublés par les échos des falaises
accompagnaient la formation des jets de vapeur et l'expu
scories. A une distance de plus de 10 milles , l'eau de la m
colorée de teintes diverses, vertes, jaunes, rouges, dues à
sence de sels de fer en dissolution. L'odeur pénétrante
sulfhydrique était très prononcée, et, s'il est vrai, comm
ment les gens du pays, que l'on ait vu surnager à la surf
mer du soufre sous la forme d'un précipité blanc jaunât
drait attribuer ce fait à la décomposition du gaz sulfhyd
contact de l'air. Du reste nulle trace de flammes, nulle i
cence, et dans l'obscurité de la nuit le fracas des explosion
seul révéler l'existence de l'éruption.
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lió REVUE DES DEUX MONDES.
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VOYAGE AUX AÇORES. hl
ces parages quelque inégalité brusque dans la profondeur de la
Enfin nous arrivâmes au terme de l'excursion ; mais là au
trace de l'éruption, ni modification dans la configuration du
sous-marin, ni aucun changement dans la température ou dan
coloration de la mer. Après une heure de vaines recherches, n
allions reprendre la direction d' Angra lorsqu'un des bateliers
fit remarquer à peu de distance un point où l'on apercevait un
bouillonnement. Une étendue de mer à peine de quelques mèt
carrés était agitée par un faible dégagement gazeux. Les bulles
volumineuses se succédaient par bouffées intermittentes et ven
crever en pétillant à la surface de l'eau. C'était là le phéno
ultime de l'éruption. Je n'essaierai pas de dépeindre la satisfa
que me causa cette découverte ; ceux qui ont entrepris des re
ches expérimentales peuvent seuls comprendre l'instant de bon
que l'on goûte en pareil cas. Je dus modérer l'expression ému
ma joie en présence des regards stupéfaits de l'équipage.
On emploie des appareils de formes diverses pour recueillir
gaz naturels qui se dégagent au travers d'une nappe d'eau.
que j'avais adoptés étaient de simples entonnoirs de verre, lar
ment ouverts à la base et munis d'un robinet.au niveau de la
tie rétrécie. Le robinet fermé, l'instrument est rempli d'eau e
foncé légèrement dans la mer au-dessus des bulles, qui vienn
peu à peu en occuper toute la capacité. Lorsqu'il est rempli de
on l'enlève à l'aide d'un seau introduit doucement au-dessous et
l'apporte dans le bateau. C'est là qu'a lieu le second temps de l
ration, lequel a pour but d'assurer la conservation et le trans
du fluide recueilli. 11 s'agit alors de faire passer le gaz de l'en
noir dans de longues fioles cylindriques terminées par une pa
effilée. Ces vases, dans lesquels le vide a été préalablement fa
l'aide d'une machine pneumatique, sont fermés à la lampe.
un tube de caoutchouc, on en adapte la pointe au-dessus d
de l'entonnoir, dont on ouvre le robinet, puis on casse la p
effilée de la. fiole,, et le gaz se précipite avec violence dans l
rieur du vase. Quand le sifflement qui indique le passage du f
au travers de la partie effilée a cessé, on ferme de nouveau au
lumeau cette extrémité rétrécie de la fiole; le gaz se trouve a
parfaitement emprisonné et susceptible d'être conservé intact
finiment. L'analyse exacte peut être, ainsi réservée pour le la
ratoire.
Néanmoins ces petites opérations si simples rencontrent da
pratique des obstacles ignorés dans, un cabinet .confortablem
installé. La surface de lia mer est; rarement unie- comme celle de
la cuve à mercure d'un laboratoire. Le plus souvent les courans
entraînent le bateau d'un côté on de l'autre du point' où l'on vou-
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ÄS REVUE DES DEUX MONDES.
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VOYAGE AUX AÇORES. A 9
II.
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50 REVUE DES DEUX MONDES.
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VOYAGE AUX AÇORES. 51
grés sur les bords de la mer pendant les mois les plus ch
l'été, et le plus souvent elle ne s'y abaisse pas au-dess
même au cœur de l'hiver. Les journées où le thermomètr
au-dessus de 26 degrés et celles où il descend au-desso
sont véritablement exceptionnelles : aussi peut-on dire q
dans la région littorale un printemps perpétuel; mais
printemps éminemment pluvieux pendant neuf mois de
Le mode de construction et la distribution des habita
tent le cachet de ces conditions climatériques ; aucun
tion ne parait prise contre des chaleurs trop grandes
des froids trop intenses. Il n'existe ni cheminée ni au
moyen de chauffage ; la cuisine du pauvre se fait devant
lorsque le temps est beau, et au milieu même de l'habita
il pleut. Gomme il n'existe pas de plafonds, la fumée sort
lement par les ouvertures normales de la maison, ma
par les interstices des tuiles du toit.
En revanche, tout indique le soin extrême que l'on a pri
garantir de l'humidité. Dans les maisons de la classe aisée
de-chaussée sont délaissés comme lieu d'habitation. Us servent
d'écuries, de celliers, de magasins et aussi de boutiques dans les
villes. Les pièces du premier étage sont vastes et bien aérées. Une
demeure de médiocre apparence possède souvent un salon de 15 ou
20 mètres de long et large en proportion. Les papiers de tenture,
que l'humidité détacherait promptement et couvrirait de moisis-
sures, sont proscrits : les murs sont simplement blanchis à la chaux;
les meubles compliqués et délicats, les placages, sont remplacés par
des objets massifs et solides qui déûent toutes- les influences hygro-
métriques.
Bien que la chaleur de l'été soit toujours modérée, et que des brises
rafraîchissantes soufflent sans cesse soit de la terre vers la mer, soit
en sens inverse, néanmoins l'abondance de l'humidité répandue dans
l'air augmente la fréquence et le danger des insolations. C'est sans
doute un des motifs pour lesquels on a conservé l'usage des gril-
lages en bois à mailles étroites, qui garnissent encore aujourd'hui
la plupart des fenêtres et des balcons. Dans ces treillis peints en
vert sont encadrés des volets carrés, construits de la même ma-
nière, qui peuvent être soulevés de bas en haut en tournant autour
d'une charnière fixée au bord supérieur. Les femmes d' Angra pas-
sent une grande partie de la journée derrière ces châssis, accrou-
pies sur des nattes, causant ou travaillant, et surtout guettant avec
avidité du côté de la çue les occasions trop rares de satisfaire leur
curiosité. Dès qu'un étranger chemine sur la voie, à l'instant les
volets se soulèvent, le passant subit l'inspection féminine; pui8,
tout le long de son trajet, le bruit sec que font les châssis en re-
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52 REVUE DES DEUX MONDES.
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VOYAGE AUX AÇORES. 58
plus souvent en avant une large visière très saillante, ter
chaque côté par une pointe recourbée en haut. Cette capu
le visage et le cou à l'abri des rayons du soleil, et garantit
de la pluie la tête et toute la partie supérieure du dos.
possible d'imaginer une coiffure mieux adaptée aux condi
matériques des Açores.
L'habitude de marcher nu-pieds, contre laquelle les hyg
s'élèvent avec raison quand il s'agit des contrées froides et
de l'Europe tempérée, n'offre véritablement ici aucun inco
grave. Le terrain est tellement accidenté et constitué si g
ment de détritus volcaniques poreux, que l'eau des pluies
à la surface des laves ou s'enfonce presque immédiatemen
sol. Les flaques d'eau stagnantes sont tout à fait exceptionn
chemins ne sont jamais boueux. Cependant rien de tout c
plique et surtout n'excuse le peu de soin que l'on appor
giène des enfans. Dans la plupart des villages, garçons et
portent, jusqu'à l'âge de six à sept ans, pour tout vêtemen
chemise plus ou moins en lambeaux, beaucoup même sont
ment nus. Les insolations en font périr un grand nombre.
le soin extrême avec lequel les adultes des deux sexes cher
se préserver de l'humidité et du rayonnement direct du so
véritablement peine à comprendre l'incurie dont sont vic
enfans en bas âge.
Pendant les mois pluvieux que j'ai passés à Terceire, je s
aussi peu que possible dans la ville; pourtant, lorsque
nuages gris se maintenaient entassés autour des sommets
impossible de diriger des excursions fructueuses du côté
teurs. Une brume épaisse y dérobait aux regards les objet
rapprochés, une pluie fine et pénétrante imbibait très vit
vêtemens, et dès que l'on quittait les sentiers à demi trac
lieu de ces solitudes, on était exposé à de grands dangers,
la constitution des parties superficielles du sol et à la nat
ciale de la végétation qui les recouvre. Les éruptions vo
ont répandu dans cette région, à la surface du terrain, u
ponces incohérentes à demi décomposées aujourd'hui pa
de l'humidité ; une couche de sphagnum , qui parfois atte
d'un mètre d'épaisseur, s'étend au-dessus comme un énor
feutré toujours imprégné d'eau. Rien n'est pénible comm
cher à l'aventure au milieu de cette végétation spongie
laquelle on enfonce à chaque instant jusqu'à la ceinture
qui y rend la marche périlleuse, c'est que cette mousse to
cache souvent des ravinemens profonds creusés par l'e
ponce sous-jacente. Il faut avec un bâton sonder le terrain
pas, sans quoi l'on courrait risque de tomber subitement d
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54 REVDE DES DEUX MONDES.
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VOYAGE AUX AÇORES. 55
crête du cône, les couches de tuf entaillées et déchiquetées fo
comme un immense rempart décoré de bizarres couleurs. Qua
contourne extérieurement en bateau le pied de la falaise, on f
à la vue de la texture granuleuse et du défaut apparent de co
sion de la roche qui compose le massif. Le tuf est cependant
coup plus résistant qu'on ne serait tenté de le croire; les pig
ramiers, fort abondans aux Açores, et les hirondelles de mer
volent en bandes nombreuses aux alentours du mont, ne craig
pas de confier leurs nids aux anfractuosités de l'escarpement.
La forteresse qui occupe l'entrée du mont du côté de la vill
joué à deux reprises un rôle considérable dans l'histoire du P
gal. La première fois, moins d'un siècle après la découverte d
de Terceire, elle a servi avec éclat de suprême refuge à l'indé
dance nationale. Le prieur de Crato, oncle de dom Manuel, le
nier roi, s'y maintint trois ans contre les forces de son redou
compétiteur, le roi d'Espagne Philippe II. Le prieur avait été
par les flottes de l'Angleterre. Le secours de la France ne lui
pas non plus fait défaut, et aujourd'hui le mont Brazil renfe
dans un petit fortin en ruines un curieux témoignage de l'assi
donnée par notre nation au dernier défenseur de la nationalit
tugaise. C'est un canon en bronze admirablement ciselé et orn
chiffres symboliques du roi Henri II de France et de Diane d
tiers. La longueur totale de la pièce est de 2™, 80, l'embouch
de 15 à 16 centimètres de diamètre. Autour de la bouche s'enro
une guirlande saillante de fleurs et de feuillages; à la face
rieure se présente une H enlacée avec le double D de Diane
des fleurs de lis et des H semées en quinconces sur toute l'ét
du bronze jusqu'aux tourillons. La culasse porte une grande H
montée de la couronne royale, et en arrière un croissant
deux arcs tendus par des cordes dont les bouts dénoués figu
des bois de cerf.
Le second événement mémorable dont la forteresse du Brazi
été le point de départ n'est autre que la révolution qui en 18
replacé sur le trône de Portugal la dynastie aujourd'hui régn
Dom Miguel, nommé en 1826 régent du royaume au nom
nièce dona Maria, était parvenu au bout de deux ans à la sup
ter età s'emparer du pouvoir absolu. Soutenu par le clergé et
la noblesse du pays, il avait dans les provinces du continent d
tous les obstacles et imposé son autorité à la plupart des p
sions insulaires du Portugal. Seul de toute l'armée, un régimen
chasseurs en garnison à Terceire refusa de reconnaître l'usur
teur. L'un des propriétaires les plus influens de l'île, descend
des anciens capitaines donataires de Terceire, appuya la résis
de l'autorité de son nom, de sa fortune et de sa haute intelli
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56 R lì VU E DES DEUX MONDES.
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VOYAGE AUX AGORES. 57
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58 REVUE DES DEUX MONDES.
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VOYAGE AUX AÇORES, 59
rature, elle était à peine fluide au moment de sa sortie,
amoncelée sur l'orifice même dont elle était issue. Quand ces
de laves se sont répandues à quelque distance de leur point d
gence, c'est toujours en coulées volumineuses. Grâce à l'e
viscosité du liquide imparfait qu'elles constituaient, elles reti
souvent captives, après leur solidification, les matières v
qu'elles ont apportées avec elles. Dans d'autres cas cependa
gaz et les vapeurs inclus dans la masse fondue triomphen
résistance que celle-ci leur oppose, et alors ont lieu des expl
d'autant plus formidables qu'elles ont été plus fortement rép
C'est dans de telles conditions que se produisent ces immense
jections de ponces et de cendres gris-clair qui couvrent des c
entières, et dont les vents transportent les parties les plus t
plusieurs centaines de lieues. Les laves riches en silice sont
ralement rudes au toucher, ce qui tient à ce qu'au moment
consolidation elles laissent souvent échapper des myriades de
microscopiques de gaz et de vapeurs, et se montrent alors c
d'une infinité de petites cellules qui rendent la surface âpre
nue. C'est cette particularité de structure fréquente dans le
duits volcaniques de cette catégorie qui leur a valu le nom g
rique de laves trachy tiques (âpres au toucher).
Au contraire, les laves pauvres en silice contiennent beauc
d'oxyde de fer, de chaux, de magnésie, peu de soude et
moins de potasse; elles possèdent une couleur foncée, son
denses et fondent avec facilité. On les désigne sous la dénom
tion commune de laves basaltiques. En raison de leur fluidit
grande, au lieu de s'entasser sur place quand elles sont r
abondamment, elles s'écoulent et descendent le long des
sous la forme de longs rubans de feu étroits et minces, ou s'
en nappes, si le terrain n'offre qu'une faible déclivité. Lors
coulées possèdent une épaisseur de quelques mètres, elles se r
dissent et se solidifient promptement dans leurs parties su
cielles, tandis que l'intérieur de la masse conserve d'ordinair
longtemps sa limpidité. 11 se forme donc une sorte de gain
reuse remplie de matière en fusion; mais il est rare que l'étu
engendré possède la solidité suffisante pour garder son inté
dans la plupart des cas, il se divise en une mosaïque irrég
dont les pièces se disjoignent aussitôt par l'effet des mouve
du liquide sous-jacent. Les fragmens scoriacés qui en résulten
charriés à la surface du courant incandescent, et se déposen
peu sur les flancs, à l'extrémité terminale de la coulée, et s'y
sent en moraines analogues, à certains égards, à celles des g
Un cas moins fréquent est celui où l'enveloppe solide d'une
lée persiste sans se rompre, et se maintient continue au-des
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60 REVUE DES DEUX MONDES.
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VOYAGE AUX AÇORES. 61
tude à la même hauteur des deux côtés du souterrain. Ces
correspondent aux temps d'arrêt subis par la surface
fondue pendant son mouvement de progression; elles so
moins accentuées suivant la durée du stationnement de la lave.
Quelques-unes, finement tracées, semblent l'œuvre d'un burin
délicat, d'autres affectent la forme d'entablemens épais à surface
supérieure plane et à face inférieure concave. On marche sur un
plancher presque uni, représentant le dernier ruisseau de lave
qui a circulé dans la galerie; des plis peu saillans, à convexité
tournée vers la partie déclive du terrain, y attestent la consistance
pâteuse et la demi-solidification qu'offrait la matière du courant
vers la fin de l'écoulement. Ici et là, on trouve à terre des petits
tas de lave agglutinés et bizarrement contournés qui ont dégoutté
en filamens visqueux des stalactites de la voûte. Une grande humi-
dité règne dans toute l'étendue de ces souterrains. Les roches des
parois sont fendillées; l'eau suinte ou ruisselle de chacune des cre-
vasses. Le tunnel de lave fait l'office d'un immense tuyau de drai-
nage; il soutire et reçoit l'excès d'humidité du terrain superposé.
Dans celui du haut plateau de l'île de Terceire, l'eau est tellement
abondante qu'elle forme un gros ruisseau dont le débit suffit pour
mettre en mouvement les roues des moulins à blé de la ville
d' Angra.
Les eaux qui alimentent ce courant proviennent d'un vaste champ
de laves en partie désagrégées par l'humidité, envahies par les li-
chens et les mousses et à demi cachées par les broussailles qui
poussent dans les intervalles. Une ceinture continue de rochers tra-
chytiques grisâtres, divisés en prismes verticaux, environne cet es-
pace au sud et à l'ouest ; du côté du nord se dresse une suite d'a-
mas arrondis de scories basaltiques, les uns nus et arides, comme
s'ils dataient d'hier, les autres enveloppés d'une épaisse végétation.
Le tout forme une sorte de cirque incomplet de plus de 3 kilomè-
tres de diamètre, dont l'ouverture tournée vers l'est èst encore à
demi obstruée par plusieurs cônes d'éruption. C'est là ce qu'on
nomme le Caldeiraõ ou grande caldeira de Terceire. L'examen géo-
logique des diverses parties de ce large enclos démontre qu'elles
ont été successivement édifiées et permet de rétablir en partie l'his-
toire des révolutions dont ces lieux ont été le théâtre. Les laves
trachytiques ont été les premières épanchées et ont formé proba-
blement dans l'origine un dôme montagneux d'où sont sorties les
coulées massives qui descendent en bourrelets tortueux sur les ver-
sans extérieurs. Un effondrement subit a entaillé cet amas et dé-
coupé verticalement dans les roehes un gçuffre bordé du côté du
sud par les colonnades visibles encore aujourd'hui. L'abîme était
béant du côté du nord. C'est là que les éruptions postérieures ont
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62 REVUE DES DEUX MONDES.
III.
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VOYAGE AÜX AÇORES. 63
de l'île de Terceire, où ces amusemens sont fréquens, le taureau
lâché sur la place publique, est attaché à un long câble que
tiennent cinq ou six individus masqués et bizarrement costumé
ses cornes sont garnies de tampons. Dans cet état, il ne peut g
que culbuter quelques-uns des assistans et les rouler dans la pou
sière. Pour lui, il reçoit de fortes volées de coups de bâton. Qu
on le juge suffisamment roué, on l'entraîne hors du lieu de la lu
et on le renvoie au pâturage sans autre accident.
Les bœufs de la même race, soumis au joug, se montrent asse
dociles. On les attelle à des chariots dont la forme rappelle cell
des chars antiques. Les roues de ces lourds véhicules ont enviro
1 mètre de diamètre; elles sont composées de pièces de bois ple
et garnies sur la circonférence de grosses têtes de clous coniqu
L'essieu et les moyeux sont en bois. A chaque tour de roue,
moyeux, qu'on évite à dessein de graisser, font entendre les gri
mens les plus dissonans; les gens du pays prétendent que
bœufs refuseraient d'avancer, s'ils n'entendaient cette singuliè
musique. Quand le chariot est débarrassé de sa charge, le pay
qui le conduit se hâte d'y monter, et s'y tient debout dans la p
d'un triomphateur romain. L'aiguillon sur lequel il s'appuie est
forte baguette terminée par un bout de corne noire surmonté d
petite pointe de fer et incrusté d'ornemens de cuivre ou d'arg
Un autre instrument que les campagnards des Açores portent
core plus volontiers est la faux à broussailles (fouce roçadou
long bâton solide dont l'extrémité est garnie d'une forte serpe
d'un crochet. A diverses reprises, l'aiguillon et la faux ont été en
les mains des paysans des armes dangereuses, dont les ancienn
administrations ont cru devoir, sous des peines sévères, réglem
ter la forme et la longueur; mais aujourd'hui les mœurs des A
riens se sont assez adoucies pour que de telles précautions soien
devenues tout à fait inutiles. Le seul acte répréhensible que
puisse maintenant imputer aux habitans de Terceire, c'est leur
sistance obstinée à la division des biens communaux, et surtou
destruction nocturne des murs de clôture élevés par les acquére
de ces propriétés.
Quand on franchit la crête occidentale du Caldeiraõ, on aper
un vaste plateau limité à l'ouest par le dôme de Santa-Barbara.
pâturages qu'un peu de soin et une direction intelligente suffira
à transformer en excellentes prairies occupent la majeure part
de cet espace. D'anciens cônes éruptifs s'y élèvent par groupes
sont revêtus d'un riche tapis de verdure. L'humidité a telleme
altéré la couche superficielle des lapilli dont ils sont composés
les pieds des bestiaux s'y enfoncent comme dans de l'argile. La st
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6â REVUE DES DEUX MONDES.
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VOYAGE AUX AÇORES. 65
formée par la réunion de deux cratères accolés. L'une
deux cavités renferme un petit lac et est entourée d'une
de prismes trachytiques; la partie centrale de l'autre est o
par un amas de blocs de lave entassés dans le plus effraya
ordre. Le point culminant du mont possède une altitude
1,000 mètres. De ce lieu, on jouit de la vue la plus éte
aperçoit toute l'île de Terceire, San-Jorge, la cime de Pic
ciosa, et, quand le temps est très clair, on découvre San-M
La partie la plus élevée du massif est entièrement formé
riches en silice ; quelques-unes des coulées épanchées
présentent aussi exceptionnellement le même caractère, e
remarquer par leur blancheur et l'abondance des cristaux
de feldspath qu'elles renferment, mais la plupart des lave
à des altitudes peu élevées présentent les caractères des la
saltiques, sont denses et noires, et dans le creux des torr
quels elles servent de lit abondent les gros cristaux noirs
roxène ou les globules verdâtres de péridot. Il sembl
matière en fusion aux dépens de laquelle se sont pro
corps ait subi une séparation spontanée semblable à la
des ^alliages métalliques fondus. Les élémens les moins de
montent vers la surface, les plus lourds offrent la tenda
verse. De là vient sans doute la diversité des laves fourni
même volcan à des époques peu éloignées, suivant le po
fait la sortie des coulées. Il se rencontre à la vérité quelque
semblent contredire cette explication si simple, et qui la f
ter par beaucoup de géologues ; mais la contradiction n'es
souvent qu'apparente, et, pour mon compte, je ne connais
Açores un seul cas où cette théorie soit positivement déme
les faits.
, Les détails géologiques dans lesquels je suis entré relativ
à Terceire me permettront, dans un prochain récit, d'abr
description du terrain des autres îles de l'archipel açorien
aux'considérations d'un autre genre auxquelles je me su
aller, je ne puis les clore sans insister sur la richesse que
bitans de Terceire pourront tirer de la partie centrale de
lorsqu'ils la mettront en culture, et surtout lorsque le goû
grès aura pénétré dans les mœurs de cette population hon
laborieuse.
F. Fouqué.
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