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Filière : Etudes Françaises Module : Lexicologie

Professeure : Amal Chekrouni Semestre 3 ; G :3-4-5-6

Plan du cours
Introduction
1- Définition et objet de la lexicologie
2- Relations avec les autres domaines
3- Le mot et le lexique
3.1. La catégorie grammaticale
3.2. La forme
3.3. Le sens
4- Qu’est-ce que le lexique ?

I. La morphologie lexicale
1- La nominalisation
2- La composition
2.1. Les composés populaires
2.2. Les composés savants
3- La dérivation
3.1. La préfixation
3.2. La suffixation
3.3. La formation parasynthétique ou parasynthèse

II. La sémantique lexicale


1- L’homonymie
2- La synonymie
3- L’antonymie
4- L’hyponymie et partie-tout
5- La polysémie.

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Introduction

1- Définition et objet de la lexicologie


La lexicologie est définie comme l’étude de la signification des unités qui constituent le
lexique d’une langue. En tant qu’étude des vocabulaires et des mots d’une langue donnée, elle
croise ensemble la langue, les interlocuteurs, les sociétés et leurs histoires respectives.
La lexicologie doit être distinguée de la lexicographie qui a pour objet la confection et
l’écriture des dictionnaires, qu’il s’agisse de dictionnaires en papier ou de dictionnaires
électroniques.
La lexicologie a pour objet de répertorier les unités qui constituent le lexique et de décrire
les relations entre ces unités.
Le lexique d’une langue ne se constitue pas seulement d’une liste ordonnée selon l’ordre
alphabétique, mais il obéit à plusieurs sortes d’organisations, entre autres sur les deux plans de
la forme et du sens :
- le premier plan nous donne la morphologie lexicale qui étudie l’organisation formelle du
lexique, c’est-à-dire la structure des mots et les relations de forme et de sens aussi qui
existent entre eux (composition, dérivation…) ;
- le second plan est rattaché à la sémantique lexicale qui porte sur l’organisation sémantique
du lexique, c’est-à-dire le sens des mots et les relations de sens qu’ils entretiennent entre
eux (synonymie, antonymie, homonymie…)
A côté de ces relations internes au lexique, la lexicologie entretient différentes relations avec
les autres disciplines linguistiques.

2- Relations avec les autres domaines


Aborder le lexique, c’est s’intéresser aux mots à la fois en tant qu’unités isolées et en tant
que mots employés dans des phrases. Ceci nous amène à dire que le lexique est lié à la syntaxe.
Les mots utilisés dans des phrases se déclinent en verbes, noms, adjectifs…La forme variable
des mots est liée à leur emploi dans la phrase, cette variation est appelée flexion (conjugaison,
déclinaison, variation en genre et en nombre…) et elle est l’objet de la morphologie
flexionnelle. La morphologie lexicale est donc une partie de la morphologie. L’opposition

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entre morphologie flexionnelle et morphologie lexicale correspond à l’opposition entre
grammaire et lexique.
Le sens des énoncés n’est pas seulement la somme du sens des mots qui les composent, il
dépend aussi de la syntaxe de la phrase et de la situation d’énonciation ou contexte. La
sémantique lexicale est donc une partie de la sémantique, discipline qui s’intéresse à l’étude
du sens et de la signification.
La lexicologie entretient également des relations avec des domaines voisins : le lexique est
étudié par la lexicologie, certes, mais il est aussi décrit par les dictionnaires, ce qui nous donne
la lexicographie (confection des dictionnaires et répertoires des mots). Ce sont deux disciplines
proches et qui se sont constamment inspirées l’une de l’autre ; mais l’objet « langue » et l’objet
« dictionnaire » sont de natures différentes.
On distingue le lexique général ou commun et les lexiques de spécialité (des disciplines
scientifiques, techniques, métiers…) ; l’étude des lexiques de spécialité est appelée la
terminologie.
Les mots, enfin, sont attestés dans des textes, et l’étude des textes a pu privilégier ce niveau
d’analyse : la lexicologie est liée à la stylistique et à l’analyse du discours. L’un des outils de
ces disciplines est la lexicométrie ou statistique lexicale qui mesure la fréquence des mots dans
un texte ou un ensemble de textes.
3- Le mot et le lexique
L’unité du lexique est le mot (certains linguistes parlent de lexème) qui est constitué de trois
éléments : une forme, un sens et une catégorie grammaticale.
Comme le dit Antoine Meillet dans son livre Linguistique historique et linguistique
générale, « Un mot résulte de l’association d’un sens donné à un ensemble de sons donnés,
susceptible d’un emploi grammatical donné »
Nous allons nous arrêter sur ces trois éléments constitutifs du mot.
3.1. La catégorie grammaticale
Le mot est l’intégrant de la phrase ; il appartient aux différentes parties du discours : nom,
verbe, adjectif, déterminant, pronom, adverbe, préposition et conjonction. La même forme peut
correspondre à plusieurs catégories grammaticales, ce qui contribue à la richesse de la langue
française et en même temps à sa difficulté (comme d’ailleurs dans toutes les langues du
monde). Ainsi le mot ‘boucher’ peut être utilisé en tant que verbe ou nom, l’exemple de ‘alerte’

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aussi (nom ou adjectif) et la liste est longue. Il s’agit de deux mots différents, mais qui
présentent une graphie commune, ce qu’on appelle des homonymes.
Dans d’autres cas, le mot connaît un changement de catégorie grammaticale de par le nouvel
emploi qu’il acquiert dans la langue française : l’exemple de ‘rapide’ (adjectif), et ‘rapide’
(nom). On dira qu’il s’agit de deux emplois d’un même mot : un rapide est un train ou un fleuve
rapide, le nom est une substantivation de l’adjectif, procédé de l’économie de la langue.
La phrase est considérée ainsi comme le niveau de l’interprétation, d’où la nécessité de
repérer la catégorie grammaticale du mot pour une lecture correcte. L’exemple de « Mes fils
ont cassé mes fils » nécessite de savoir qui a cassé qui ou quoi pour comprendre le sens de la
phrase !!
3.2. La forme
Les mots variables ont plusieurs formes : ils ont une flexion (1) (conjugaison, déclinaison,
variation en genre et en nombre). La forme utilisée conventionnellement pour nommer le mot
en tant qu’unité lexicale est le masculin singulier des mots variables en genre et en nombre, le
singulier des mots variables en nombre, l’infinitif des verbes. Ce sont les formes attestées dans
les entrées des dictionnaires.
Chaque fois qu’une forme a un sens particulier, elle acquiert le statut d’unité lexicale
différente : cela arrive surtout avec la variation en genre. Le mot cuisinière désignant
l’« appareil » par exemple n’est pas à considérer comme la forme féminine de cuisinier. Il
s’agit d’un autre mot qui n’est pas dans le rapport féminin/masculin. La même chose pour le
mot ‘loup’ désignant un « demi-masque noir » et qui n’est pas la forme masculine de ‘louve’.
Il est important de repérer la forme du mot pour pouvoir comprendre ce mot et la phrase dans
laquelle il est inséré.
3.3. Le sens
Certaines formes ont plusieurs sens, comme c’est le cas des homonymes et des mots
polysémiques. Ainsi un mot comme ‘bise’ signifie aussi bien ‘vent du nord’ que ‘baiser’.
____________________
(1) Il existe deux catégories de flexions selon la classe lexicale considérée :
*La déclinaison pour le système nominal, dans lequel on englobe généralement l’adjectif et le pronom. Les noms
y changent généralement de forme selon le genre, le cas ou le nombre entre autres possibilités.
*La conjugaison pour les verbes qui varient généralement en personne, nombre, genre, voix et mode entre autres
possibilités.

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Le mot ‘grève’ désigne le bord, plage (‘se promener le long de la grève’ signifie ‘se
promener le long de la plage ou au bord d’un fleuve par exemple’). Le même mot désigne,
dans un autre sens, ‘la cessation de travail volontaire et collective’. On considère dans ce cas
qu’il y a autant de mots différents que de sens différents, donc qu’il y a homonymie.
Par contre, pour des mots comme ‘perle’ qui signifie ‘boule de nacre’, ‘personne
remarquable’ ou ‘erreur ridicule’, on constate que les deux derniers emplois sont dans un
rapport métaphorique avec le premier sens, ce qui suggère que nous avons affaire à un mot
unique qui a plusieurs acceptions, donc qu’il y a polysémie. Mais il est souvent difficile de
trancher entre les deux rapports de sens. Comme on l’a vu dans le cours de lexicographie, selon
qu’on s’inscrit dans une démarche diachronique ou synchronique, on va opter pour
l’homonymie ou la polysémie, en s’appuyant sur les critères de regroupement ou de
dégroupement morphologique, syntaxique et sémantique.

4- Qu’est-ce que le lexique ?


Le lexique est constitué de mots ou de lexèmes. Le lexème, unité du lexique, est un signe à
valeur dénominative qui a deux faces, selon la définition de F. de Saussure, le signifiant et le
signifié, inséparables. Le signifiant fait référence à la forme du mot et dont la description est
prise en charge par la morphologie lexicale ; la description du signifié est assurée par la
sémantique lexicale.
Généralement, les mots français viennent d’une autre langue par héritage ou par emprunt,
ou ont été construits par le français selon deux procédés principaux : la composition et la
dérivation.
Les mots héréditaires sont ceux hérités d’une langue ancienne qui est le latin, le francique
ou le gaulois. L’étymologie s’intéresse à l’étude de leur histoire phonétique et sémantique en
remontant jusqu’à leur forme la plus ancienne qui est leur étymon. Exemple du verbe ‘chanter’
qui vient du latin ‘cantare’.
Le français a aussi emprunté aux langues modernes ou aux langues anciennes des mots qui
gardent leur forme d’origine ou qui subissent des modifications pour s’adapter au système
français. Les exemples suivants sont très parlants : le mot ‘bravade’ qui vient de l’italien
‘bravata’ signifiant l’attitude de défi envers les autorités. On peut citer aussi le mot ‘chiffre’
qui vient de l’arabe ‘sifr’ (zéro) ; le mot ‘algèbre’ qui vient de l’arabe ‘aljabr’ ; ‘kayak’ qui

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vient de l’esquimau ; ‘képi’ qui vient de l’allemand ; ‘riding-coat’ qui vient de l’anglais et qui
donne ‘redingote’ en français ; ‘therm-’, qu’on trouve dans thermal, thermos entre autres, qui
vient du grec ; ‘karaoké’ qui vient du japonais où ‘kara’ signifie ‘vide’ et ‘oké’ signifie
‘orchestration’, le tout ayant le sens du « fait de chanter en public à l’aide d’un appareil qui
fait défiler les paroles sur un écran et qui fournit l’accompagnement musical ». Et la liste est
bien longue.
Et enfin, il y a les mots construits, c’est-à-dire créés à partir du « fonds primitif » et des
emprunts. Ces mots-là font l’objet de trois types de formation principaux, à savoir la
nominalisation, la composition et la dérivation et qui s’inscrivent dans la morphologie lexicale.

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