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LES CONCEPTS DE BASE

La communauté linguistique
Introduction

■ Cette notion est parmi les notions clés de la sociolinguistique. On la définit souvent
comme un groupe utilisant la même variété linguistique. Cette définition n’est
évidemment pas loin de poser problème du moment que la coïncidence entre
pratiques linguistiques et territoire géographique ne va pas de soi (voir Moreau 88)
Introduction

■ « La croyance en l’existence de communautés linguistiques aux limites nettes, de


communautés linguistiques à l’intérieur desquelles tous parlent toujours la même
langue et de la même façon, n’est pas simplement une croyance naïve de non-
spécialistes. Parce qu’ils ont défini la langue avant tout comme un instrument de
communication adapté aux besoins de ceux qui l’utilisent, les spécialistes eux-
mêmes ont pu, en un premier temps, contribuer à entretenir la croyance naïve. » (J.
Garmadi 1981 : 21).
■ « La formulation, déjà, fait l’objet de débats qui touchent des questions de fond. En
anglais, le terme le plus communément en usage est celui de « speech community ».
Employée par des linguistes inscrits dans des approches théoriques contrastées
(Bloomfield, Gumperz, Labov, Fishman…), la notion apparaît peu connotée sur le
plan théorique. En français, le terme dominant est celui de « communauté
linguistique », qui marque, à partir des années 60, une rupture à la conception
linguistique de « communauté de langue », qu’elle fait évoluer en « communauté de
normes ». (A. Bretegnier, « Communauté linguistique » : renoncer ou problématiser ?
», La Bretagne Linguistique [En ligne], 21 | 2017, 174
Problématiques liées au concept

■ La définition du concept suit donc deux grandes tendances :


– une communauté de langue et/ou une communauté de normes ?
Définition

■ La première définition est linguistique (Saussure, Martinet, entre autres) dans le


sens où elle est construite autour d’une seule langue, unique et homogène :
■ « Dans l’ensemble de ces travaux [linguistiques], l’idée de « communauté »
manifeste ainsi la conception d’un « social » qui n’est sollicité qu’en tant qu’élément
préexistant et unifiant, permettant de renforcer l’image d’une langue commune,
stable, bien circonscrite, et unique, mise en œuvre en fonction d’une compétence
formelle, selon un schéma communicationnel symétrique, par des locuteurs
monolingues interchangeables, dans une « communauté » dissociée de toute
variation et hétérogénéité, réduit à la langue » (Bretegnier 2017 : 176).
■ Ce qui a permis de problématiser le concept autrement en soulignant la dimension
sociale (l’usager) et en abandonnant le facteur linguistique (langue). Il s’agit de
« concevoir « la langue » comme pratique sociale marquée par une hétérogénéité
socialement signifiante, ce qui permet de déplacer le questionnement de la langue
du point de vue de ses règles de structuration interne, aux normes
sociolinguistiques en partage au sein d’une communauté linguistique. » (Bretegnier
179).
Définition

■ En effet, l’autre définition attribuée au concept tient compte des normes partagées
par les locuteurs. Pour Labov, il serait faux de concevoir la communauté linguistique
comme un ensemble de locuteurs employant les mêmes formes. On la décrit mieux
comme étant un groupe qui partage les mêmes normes quant à la langue » (Labov,
1976, p. 228).
Communauté de norme

■ La reconnaissance partagée d’une norme fonde le concept de communauté


linguistique.
■ Ce qui pose problème à d’autres courants en sociolinguistique. Pour ces derniers
(l’interactionnisme, entre autres), les locuteurs « ne sont plus catégorisés à partir de
leur position sociale, mais des positionnements par lesquels ils se situent et se
définissent. Les normes partagées, conventions sociales, ne sont plus regardées
telles qu’ils s’y soumettent, mais telles qu’ils les prennent en charge, les négocient,
les (re)construisent en interaction[…]. Cette logique en acte de normes
situationnelles fait apparaitre leur diversité, qu’elles ne s’organisent pas seulement
selon la stratification sociale, que la norme dominante n’est pas toujours la variété
légitime. La CL reste le lieu du rapport langue/société, le contexte, mais que
l’interaction participe a produire, et cette idée renforce la conception de la langue
comme pratique sociale. » (A. Bretegnier, 2021 : 52-53).

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