Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Extrait 42474210
Extrait 42474210
III
Cet ouvrage fait par tie de
Plastiques et composites
(Réf. Internet ti100)
composé de :
Finitions des plastiques - Fabrication additive des polymères Réf. Internet : 42475
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
IV
Cet ouvrage fait par tie de
Plastiques et composites
(Réf. Internet ti100)
Jean-François AGASSANT
Professeur Mines-Paristech, Responsable Département « Mécanique et Matériaux »,
Délégué Mines-Paristech à Sophia-Antipolis
Christophe BINÉTRUY
Professeur à l'Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique (GeM), École Centrale de
Nantes
Pierre CHARRIER
Global Advanced Engineering , CAE Durability Prediction Director, Modyn,
TrelleborgVibracoustic Group
Claude JANIN
Conseiller scientifique du LRCCP
Patricia KRAWCZAK
Professeur à l'Ecole des Mines de Douai, Responsable du Département Technologie des
Polymères et Composites et Ingénierie Mécanique
Marie-France LACRAMPE
Responsable du Groupe Polymères, Professeur au Département Technologie des
Polymères et Composites et Ingénierie Mécanique de l'Ecole des Mines de Douai
Jean-Benoît LE CAM
Professeur des Universités, Institut de Physique de Rennes, CNRS/Université de Rennes 1
Francis PINSOLLE
Ingénieur ENSEM (École nationale supérieure d'électricité et de mécanique de Nancy),
IAE (Institut d'administration des entreprises d'Aix-en-Provence)
Gilbert VILLOUTREIX
Professeur au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers)
Redouane ZITOUNE
Maître de conférences-HdR à l'IUT-A de l'Université Paul Sabatier
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VI
Plasturgie : procédés spécifiques aux composites
(Réf. Internet 42474)
SOMMAIRE
Mise en oeuvre des composites TP. Compounds à ibres courtes et longues AM5235 13
Orientation des ibres courtes dans les pièces en thermoplastique renforcé AM3729 57
Pultrusion AM3730 59
Méthodologie spéciique à l'usinage des composites par jet d'eau abrasif RE237 75
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VII
Dimensionnement des trous et des assemblages dans les structures composites TRP4036 93
Analyse du délaminage lors du perçage des composites ibres longues RE228 111
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
Plasturgie : procédés spécifiques aux composites
(Réf. Internet 42474)
Q
1– Procédés de mise en oeuvre et mise en forme Réf. Internet page
Mise en oeuvre des composites TP. Compounds à ibres courtes et longues AM5235 13
Orientation des ibres courtes dans les pièces en thermoplastique renforcé AM3729 57
Pultrusion AM3730 59
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
Y
Q
QP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURQP
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et composites AM 5 210 − 1
QQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURQP
Dans la plupart des cas les renforts sont des fibres de verre coupées, ce qui
confère des performances mécaniques moyennes caractéristiques des maté-
riaux composites produits par cette méthode. Quand les pièces sont de petit
diamètre il est possible d’incorporer des renforts à fibres continues (tissu) et
donc d’améliorer les caractéristiques mécaniques du matériau.
Les renforts sont incorporés au matériau composite, soit par une mise en
place préalable dans le moule de mats (feutres de fibres de verre coupés et
Q agglomérés par un liant organique) ou tissus notamment, soit par découpage
de mèches de fibres continues (ou rovings) directement en cours de centri-
fugation ; pour cette deuxième solution, le type de renforts est limité aux fibres
de verre seulement en raison de leur mode de rupture fragile et donc, de leur
facilité de coupe.
La surface du composite étant en contact avec le milieu est moulée à l’air
libre. Il s’agit donc généralement d’une résine paraffinée (dite top-coat ) pour
assurer une réticulation complète. De ce fait, elle consiste en une couche de
résine pure plus ou moins épaisse, ce qui limite parfois les possibilités d’appli-
cations dans le domaine de la chimie des procédés.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 5 210 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et composites
QR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURSU
QS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURSU
(0)
Notations
CLFT Continuous Long Fiber Thermoplastic
DLFT Direct Long Fiber Thermoplastic
GLFT Granules Long Fiber Thermoplastic
Q
GLFTC Granules Long Fiber Thermoplastic Concentrate
GMT Glass Mat Thermoplastic
LFT Long Fiber Thermoplastic
SFT Short Fiber Thermoplastic
QT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURSV
QU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURSV
1. Produits
Solvant Poudre Matière fondue Poudre
QV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURSV
Parmi les renforts, la fibre de verre est aujourd’hui la plus large- L’extrusion est la poussée d’un matériau à travers une filière alors
ment utilisée, les fibres de carbone et d’aramide restent encore rése- que la pultrusion est le tirage d’un support fibreux préimprégné de
rvées à des applications « haut de gamme » du fait de leur prix. résine à travers une filière à l’aide d’un banc de traction puissant
Parmi les résines, les PP s’imposent dans les applications de (500 à 1 000 daN).
grande diffusion (automobile). Les PPS, les PEI, les PEEK... sont La pultrusion des TDA est née dans les années 1960 et représente
aujourd’hui majoritaires dans l’aéronautique. Enfin, les technopoly- 4 % du marché total européen du TDA.
mères tels que les PET [poly(butylène téréphtalate)], les PA com- Les différents travaux commencés dans les années 1980 sur la
Q
mencent à trouver des débouchés dans l’automobile grâce pultrusion thermoplastique (TP) par imprégnation des renforts
notamment à l’arrivée de procédés de fabrication plus industriels. fibreux avec émulsion, ou poudre TP, même à partir de bain fondu
Parmi les différentes familles de produits, on distinguera : TP, sont restés sans applications industrielles jusque dans les
— les produits « rovings » dit souples : ces produits disponibles années 1990.
sous forme de rovings ou bobines sont destinés à la production de Pour des raisons techniques et d’hygiène sécurité, le marché des
profilés, par pultrusion et/ou pulextrusion, ou de corps creux par profilés composites est demandeur d’un profilé thermoplastique
enroulement filamentaire. Ces produits peuvent également être armé de renfort fibreux continus pouvant se rapprocher des caracté-
tissés ; ristiques de contraintes et de module de flexion et de traction de
— les tissus « déformables » souples : ils sont obtenus après tis- ceux des TDA.
sage sur des métiers à tisser le textile et sont destinés à des applica-
tions par moulage, tels que le moulage sous vide ou le moulage au La présentation d’un composite TP sec sous forme de fibre pou-
diaphragme ; drée et gainé en continu FIT, cofibré, comélangé à partir de fila-
— les rubans et plaques « consolidés » rigides : ces produits peu- ments de thermoplastique et de fibres renforçantes comme le
vent être obtenus soit par pultrusion de rovings, soit par consolidation Twintex® permettra la fabrication de profilés CLFT.
et/ou calandrage de tissus. Les applications sont très diverses dans
des procédés tels que le roll forming, le thermoestampage, le mou-
lage sandwich, la thermocompression, les comoulages hybrides. 2.1.1 Principe
L’ensemble des technologies citées ci-dessus sont vues dans les
paragraphes suivants. Il consiste à obtenir un profilé de section précise en composite
thermoplastique armé de fibres de renforts continues et unidirec-
tionnelles, avec une consolidation homogène (figures 3 et 4).
Un résumé des performances des composites TP est donné À partir d’un support de bobines CLFT, le dévidage, de l’intérieur
dans le dossier [AM 5 235] (§ 4). ou de l’extérieur, sous tension contrôlée des mèches de roving leur
permet d’être guidées et assemblées avant leur passage dans un four
à IR, air chaud, ou à catalyse de gaz, autorégulé entre 250 et 600 ˚C
suivant les vitesses de pultrusion de 5 à 100 m/min.
2. Procédés de production Après fusion des filaments de polypropylène, le passage des ren-
forts fibreux sur les embarrages chauffés, statiques ou dynamiques,
de profilés fournit la pression nécessaire à l’imprégnation des fibres renforçan-
tes par le thermoplastique.
Le passage des mèches imprégnées et assemblées, dans une
suite de filières chaudes de section décroissante, donne la forme au
2.1 Pultrusion profilé. Les différentes sections absorbent la variation de densité
apparente du TP chaud.
C’est un procédé résultant du verbe anglais « to pull » qui signifie La conformation et le refroidissement de la forme sont effectués
tirer, et la fin du terme « extrusion » procédé de l’industrie du ther- par une filière froide ou par des conformateurs dynamiques immer-
moplastique. gés dans un bac à eau, ou sous pulvérisation d’eau.
La pultrusion et l’extrusion ont, toutes les deux, la finalité de réa- Le cycle de fabrication se termine par le séchage et le découpage
liser des profilés et font appel à des installations en ligne, dont les à la longueur désirée qui est réalisé à l’aide d’une scie à denture
principaux organes sont les filières et le banc de traction. fines au carbure (scie identique à celles pour les bois reconstitués).
QW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURSV
Hotte Cantre
d'aspiration
Banc de traction
a cantre
Zone de conformation
et gainage
■ Les fours
Leur fonction est de fondre le TP, avec différentes énergies de
chauffage :
— les fours à air chaud : leur rendement est faible et leur vitesse
de pultrusion limitée de 5 à 10 m/min ;
— les fours à gaz avec panneaux à catalyse : ils se caractérisent
par une forte inertie thermique et une faible réactivité aux variations
de réglages ;
— les fours à panneaux IR (infrarouge) moyens (3 à 5 µm) : leur
inertie thermique est faible (< 20 s) et leur réactivité au réglage est
forte, le procédé à rubans est le plus employé ;
— les fours à panneaux IR courts (0,5 à 1 µm) : ils se caractérisent
par une faible inertie thermique et une rapide réactivité aux réglages
(2 à 5 s), leur coût est élevé ;
— les fours à panneau IR longs de 5 à 10 µm : il s’agit de fours
électriques à résistances noyées dans les céramiques (inertie ther-
mique très forte : 2 à 3 min ; réactivité aux réglages lente : 2 à Figure 6 – Fours à panneaux infrarouges (moyens)
5 min).
Le système le mieux adapté au CLFT est le four à panneaux IR
moyens 3 à 5 µm (figure 6), avec des panneaux sous forme de ■ Les filières CLFT chaudes
rubans d’une puissance de 30 kW/cm2. Le nombre de rovings est directement dépendant de la section du
profilé à réaliser et se calcule à l’aide de la formule suivante :
■ Les embarrages chauds
Les embarrages (figure 7) sont en métal conducteur, offrant un nombre de rovings = (S/t[(1/ρrTv) − (1/ρr) + (1/ρv)]−1
état de surface d’une rugosité de 1 à 4 µm après polissage soigné au
avec S section du profilé,
grade 800. De forme cylindrique, ils ont un diamètre allant de 20 à
50 mm et une puissance de chauffe de 2,5 à 5 W/cm2. ρv masse volumique du verre (2,6 g/cm3),
QX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURSV
QY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURSV
Q
2.3 Extrusion et coextrusion de GLFT
et GLFTC (C=concentré)
2.2.2 Pulextrusion avec double filière La figure 13 présente l’influence sur les propriétés mécaniques
des taux et des longueurs des fibres de verre (FV). Le renforcement
Le profilé composite est formé par sa propre filière, puis suffisam- localisé par renforts continus, ou le revêtement d’un profilé par une
ment consolidé, avant son introduction dans la filière de gainage matière, améliore les caractéristiques du profilé.
(0)
RP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQT
RQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQT
RR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQT
agents d’expansion complémentaires peuvent être nécessaires, alors des problèmes de mauvaise adhésion. Le collapse peut aussi
notamment pour fabriquer des mousses à faible densité. Le dichlo- être dû à une hétérogénéité anormale de température du moule.
rométhane a remplacé le fréon depuis 1995 (Accords de Montréal).
Les solutions envisagées dans l’industrie sont en général de
Deux voies sont possibles pour la mise en œuvre par moussage
nature empirique. Elles relèvent du grand savoir-faire acquis après
chimique, la coulée et l’injection.
plusieurs décennies de production :
1.2.1 Coulée souple – en premier lieu, le tracé de coulée peut être modifié afin d’amé-
liorer la répartition du polyuréthane dans le moule ;
Ce procédé continu vise à fabriquer de grands blocs de mousse. – un second moyen d’action consiste à diminuer légèrement les
Le mélange liquide est déposé en continu par une tête de coulée
sur une bande de papier kraft et/ou de film polyéthylène à bords
relevés, entraı̂né par une bande transporteuse mue sur des rou-
quantités de matières car cela suffit parfois à baisser le niveau de
pression interne ;
– si aucune solution n’est efficace, il faut revoir le schéma de
Q
leaux. Le mélange, dont l’expansion commence très vite, est égale- dégagement gazeux du moule, c’est-à-dire le positionnement et
ment contenu latéralement et en partie supérieure par des bandes parfois même la nature des évents ;
de papier kraft et des rouleaux. La bande de mousse peut assez – en cas d’impossibilité technique, c’est la formulation même des
facilement atteindre rapidement plusieurs mètres de largeur et de produits primaires qui doit être modifiée, afin de jouer sur les réac-
hauteur tout en conservant une assez bonne homogénéité de den- tivités (de polymérisation ou de création de gaz) ou même sur la
sité et de tailles de cellules. Pendant toute la durée de la coulée, la structure cellulaire en modifiant les proportions des constituants.
bande de mousse avance continuellement, à une vitesse de plu-
sieurs mètres par minute, avant d’être découpée en blocs avec
une scie. Les blocs sont ensuite stockés pour le mûrissement (envi-
ron 24 h, temps nécessaire au polyuréthane pour achever sa poly-
mérisation). Après la période de mûrissement, les blocs de mousse
sont soit encore découpés en blocs plus petits soit refendus en
feuilles et conditionnées en rouleaux.
RS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQT
2. Différentes étapes le rhéomètre afin de remplir complètement la zone utile entre les
deux plateaux, on procède comme suit :
du moussage réactif 1. mélange des réactifs dans une seringue ;
2. injection du mélange dans le rhéomètre ;
3. fermeture du rhéomètre, mise en marche et acquisition des
Qu’il s’agisse de coulée souple ou de moulage par injection, les mesures.
réactifs sont mélangés dans la tête d’injection puis injectés. Les
réactions démarrent aussitôt – ou avec un temps de retard (induc- Un soin tout particulier doit être porté au contrôle en tempéra-
Q tion) – et le mélange déposé par la tête commence à s’expanser et ture du rhéomètre, afin de rester dans des conditions les plus iso-
à polymériser d’un point de vue macroscopique. thermes possibles. On s’arrange pour que le volume initial du
mélange (avant expansion) corresponde exactement au volume
Du point de vue physique, un certain nombre de phénomènes disponible entre les plateaux du rhéomètre.
concomitants, dont les cinétiques sont associées à celles des réac-
tions chimiques, s’opposent ou se conjuguent pour créer la mousse : La figure 3 montre l’évolution type des modules G′ et G′′ que l’on
peut enregistrer avec une telle mesure. Y sont également portés les
– la nucléation de poches de gaz thermodynamiquement stables ; temps caractéristiques mesurés par DSC (figure 2), qui correspon-
– la croissance de ces poches de gaz, liée à leur pression interne dent également à des points particuliers des courbes G′ et G′′ et
(fonction de la température et de la réaction de dégagement permettent là encore de définir quatre périodes.
gazeux, donc fonction des mécanismes de diffusion de gaz dissous
dans le mélange et de la perméabilité de l’interface polymère/CO2),
à la tension interfaciale et à la viscoélasticité du mélange ; 2.1 Induction
– la coalescence et le mûrissement d’Ostwald des cellules de gaz
(liés à la tension interfaciale, à la viscoélasticité et aux hétérogénéi- Juste après le mélange des matières premières, on obtient un
tés de pression dans la mousse en cours de formation) ; liquide assez visqueux G′′, voire d’ores et déjà viscoélastique. Les
– la création d’un réseau macromoléculaire stabilisant la mousse ; modules visqueux et élastique G′ du mélange sont du même ordre
– la diffusion de gaz à l’échelle globale de la mousse (percolation de grandeur et évoluent très lentement tout comme la structure du
par ouverture des cellules de gaz pour des taux de gaz élevés) pou- mélange : durant les toutes premières secondes des réactions chimi-
vant générer l’effondrement de la mousse. ques, des germes de bulles de gaz commencent à apparaı̂tre au sein
du mélange en proportion assez faible, ce qui modifie peu le com-
Un certain nombre de mesures en laboratoire permettent de met- portement mécanique du mélange. Chaque bulle reste isolée des
tre en évidence les évolutions thermo-chemio-rhéologiques de la autres et peut commencer à croı̂tre assez librement. C’est seulement
mousse polyuréthane en cours de fabrication. Citons à titre lorsque la fraction volumique de bulles de gaz devient plus impor-
d’exemple l’observation au microscope, la DSC (figure 2), la rhéo- tante que le mélange commence à se fluidifier notablement.
métrie ou encore les rayons X.
DSC Differential Scanning Calorimetry.
2.2 Expansion
À partir de mesures DSC, l’évolution de la mousse polyuréthane
durant la mise en œuvre peut être décrite selon quatre principales À partir d’un certain seuil, le mélange est suffisamment riche en
étapes, l’induction, l’expansion, la polymérisation et le mûrisse- gaz (avec des taux volumique de gaz de l’ordre de 40 à 50 %) pour
ment. Ces quatre étapes chronologiques, dont les frontières sont commencer à confiner le liquide entre les bulles de gaz. Les bulles
plus ou moins nettes, correspondent à des évolutions microstructu- de gaz ne sont plus isolées les unes par rapport aux autres et des
interactions fortes commencent à apparaı̂tre entre elles. Une
rales et des propriétés rhéologiques différentes.
mousse humide (taux volumique de gaz inférieur à 70 %) com-
Il est en effet également possible d’observer ces quatre étapes de mence à se former, et, du fait de la tension interfaciale, les deux
la formation de la mousse par le biais de mesures rhéométriques. Il modules commencent à augmenter significativement. À ce niveau,
s’agit de mesurer in-situ l’évolution des modules élastique G′ et vis- deux phénomènes concomitants conduisent à l’obtention de la
queux G′′ de la mousse au cours de son développement. Après microstructure cellulaire que conserve la mousse après le procédé.
avoir défini la masse et la proportion des réactifs à disposer dans
& Séparation de phases : dans le cas de mousse humide, la ten-
sion interfaciale génère des forces importantes dans les films
(encore épais) constitutifs du squelette de la mousse (appelé
Flux de chaleur (W)
30
27,5
lg G”(G” en Pa)
lg G’(G’ en Pa)
25 Indices 6 6
22,5 i : induction 5,5 5,5
t t G ’ à 25 °C
gas : dégagement gazeux 5 igas gas 5
20 tigel tgel
gel : gel = polymérisation 4,5 4,5
17,5
4 G” à 25 °C 4
15 3,5 3,5
12,5 3 3
10 2,5 2,5
7,5 2 2
1,5 1,5
5
1 1
2,5 ti gas tgas ti gel tgel 0,5 0,5
0 0 0
15 30 45 60 75 90 105 120 135 150 165 180 195 310 225 240 0 50 100 150 200 250 300 350 400
Temps (s) Temps (s)
Figure 2 – Mesure par DSC de la chaleur créée par les réactions Figure 3 – Évolution des modules G ′ et G ′′ de la mousse en cours
chimiques de dégagement gazeux et de polymérisation. Mise de formation. Mise en évidence des quatre étapes déjà identifiées
en évidence de quatre temps caractéristiques du procédé [1] en DSC et d’un point d’inflexion caractéristique à t = 100 s [1]
RT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQT
également paraison) ; elles peuvent être plus importantes encore 400 s à T = 25 C, même si le point de gel mis en évidence autour
que les efforts de viscosité propres au cisaillement ou à l’élonga- de t = 150 s a déjà été atteint. La réaction de polymérisation conti-
tion du liquide lui-même. À une échelle plus macroscopique (celle nue encore pendant une vingtaine d’heures après le point de gel
d’un volume représentatif, c’est-à-dire celle d’une population de (temps pendant lequel la mousse présente encore un aspect vis-
bulles dans le mélange), ces forces induisent une élasticité de la queux et collant).
mousse [2] [3]. Lorsque la microstructure cellulaire a été obtenue,
les poches de gaz continuent à croı̂tre jusqu’à obtention d’une
mousse sèche (taux de gaz supérieurs à 80 %). Le liquide se 2.5 Couplages forts dans le procédé : rôle
retrouve alors confiné à l’intérieur de films minces qui séparent
Q
les poches de gaz. L’évolution de la microstructure cellulaire n’est
de la thermique
plus alors régie que par la différence de pression capillaire entre
Comme les figures 2 et 5 le montrent, les réactions sont exother-
les bulles (diffusion du gaz et mûrissement d’Ostwald) et de la rai-
miques. La viscosité h (ou la viscoélasticité) du mélange dépend de
deur des films, qui, s’ils rompent, conduisent à la coalescence bru-
la température, mais également, comme les figures 3 et 4 en ren-
tale de deux ou plusieurs bulles.
dent compte, du degré d’avancement des réactions chimiques,
& Amorçage de la réticulation du polyuréthane : à ce niveau, le dont les temps caractéristiques sont eux-mêmes thermodépen-
comportement mécanique des films est au premier plan corrélé au dants (figures 6a, 6b). Par ailleurs, la température elle-même
niveau de polymérisation du liquide. Suivant les cinétiques du dépend fortement de l’avancement des réactions, qui sont exother-
dégagement gazeux et de la polymérisation, l’évolution cellulaire miques (figure 5). On est donc en présence d’un couplage fort
de la mousse est différente : thermo-chemio-rhéologique, de telle sorte que
– si la réaction de polymérisation débute trop tard, la réaction de
dégagement gazeux conduit à l’obtention d’une mousse liquide qui η = f (T , α , β )
a du mal à être stabilisée. La diffusion des gaz dans la mousse et le
drainage gravitaire du liquide dans les films va conduire à son avec a degré d’avancement de la réaction de dégage-
effondrement, tout comme dans les mousses aqueuses (cf. [J 2 200] ment gazeux,
Mousses) avec un temps caractéristique toutefois plus long ; b degré d’avancement de la réaction de polymé-
– si la réaction de polymérisation débute trop tôt, le liquide se risation.
rigidifie trop rapidement, ce qui empêche la microstructure cellu-
laire de se développer.
Divers modèles permettant de relier la viscosité aux degrés
La transition séparation des phases/amorçage de la réticulation d’avancement des réactions sont proposés dans la littérature, ce
est particulièrement visible sur la figure 3 par la présence d’un qui l’objet du paragraphe 4.
changement de concavité des modules à t = 100 s environ, temps Les résultats du tableau 1 et de la figure 6b montrent qu’en
correspondant globalement au temps d’induction de la réaction de
modifiant la température du procédé, les réactions de polymérisa-
polymérisation ti gel tel que défini figure 2.
tion et de dégagement gazeux se décalent l’une par rapport à l’au-
tre avec des tendances différentes (figure 7). Pour une faible tem-
2.3 Polymérisation pérature (25 C), la réaction de polymérisation démarre environ
une minute après que la réaction de dégagement gazeux ait été
Au cours de la polymérisation, les chaı̂nes macromoléculaires se achevée, ce qui laisse supposer une forte probabilité de collapse
réticulent pour former un réseau tridimensionnel de polymère pour la mousse (la structure cellulaire n’étant alors pas figée). Au
autour des bulles de gaz. Au croisement des courbes tan d = f (t) contraire, pour de plus hautes températures (65 C), la réaction de
(figure 4), point caractéristique appelé gel ou point de gel, les polymérisation démarre avant même que la réaction de dégage-
modules visqueux et élastiques sont tous deux du même ordre de ment gazeux ne soit achevée, ce qui risque d’être un frein au déve-
grandeur [4] [5]. En revanche, la figure 4 met en exergue un pic loppement de la structure cellulaire de la mousse.
dont l’amplitude dépend de la fréquence mais pas de la position.
Par analogie mais de façon arbitraire, on associe à ce pic un
temps caractéristique tgas de la cinétique de dégagement gazeux.
Flux de chaleur (W)
50
2.4 Mûrissement 45
Comme le montre la figure 3, les modules élastique G′ et vis-
40
queux G′′ n’ont pas encore atteint leur valeur maximale après
35
tan d
30
8 25 °C
10 Hz 45 °C
7 25
35 °C
6 5 Hz 20
5 3 Hz
4 2 Hz 15
3 0,1 Hz 10
2
tgel 5
1
tgas
0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 15 30 45 60 75 90 105 120 135 150 165 180 195 310 225 240
Temps (s) Temps (s)
′′ ′ à T = 25 C pour différentes
Figure 4 – Évolution de tan d = G ′′/G Figure 5 – Mise en évidence de la dépendance des cinétiques
fréquences de sollicitation des réactions chimiques à la température d’enceinte par DSC [1]
RU
Q
RV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQU
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 3 715 − 1
RW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQU
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 3 715 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
RX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQU
1. Systèmes réactifs Les diols les plus utilisés dans ce but sont :
— le butanediol-1,4 ;
— l’éthylèneglycol ;
1.1 Polyuréthannes — le diéthylèneglycol.
Les polyuréthannes (PUR) [AM 3 425] constituent la famille la plus 1.1.4 Catalyseurs
utilisée dans le procédé RIM.
Un uréthanne est obtenu par addition d’un alcool sur un isocya-
nate suivant la réaction (processus ionique) :
Ils sont utilisés pour augmenter la vitesse de réaction et sont
généralement de deux types :
— un catalyseur aminé pour initialiser la polymérisation ;
Q
ROH + R′NCO → R′NHCOOR — un catalyseur organométallique pour accélérer le processus
En pratique, les mélanges utilisés, traditionnellement appelés de durcissement.
constituants A et B, ont la composition type suivante :
A : diisocyanate
1.1.5 Agents d’expansion
B : polyol + réticulant : diol à chaînes courtes
+ catalyseur Leur rôle est d’aider le mélange à se répartir dans le moule, sans
pour cela abaisser considérablement la densité du matériau final.
+ agent d′expansion suivant le
Le plus répandu est le trichlorofluorométhane (température
+ tensioactifs type de
d’ébullition : 24 ˚C).
+ eau formulation
+ pigments 1.1.6 Tensioactifs
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 3 715 − 3
RY
Q
SP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURUP
que les produits passent par le corps des pompes, puis une fois la coulée termi-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 5 250 − 1
SQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURUP
Q
Les études ont principalement été menées en République fédérale d’Allema-
gne. Le développement du procédé RIM (« reaction injection molding ») utilisant
ce type de tête de mélange a connu un essor industriel important à partir du
milieu des années 1970. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un procédé d’injec-
tion dans un moule en même temps que se produit la réaction chimique.
Tout polymère résultant de la polycondensation d’éléments liquides ou facile-
ment liquéfiables peut être transformé par le procédé RIM qui fait l’objet d’un
article spécialisé [A 3 746] dans la rubrique Plasturgie du présent traité.
À ces polymères peuvent être ajoutées des charges renforçantes ou non, de
taille compatible avec le procédé que l’on appelle alors R-RIM (« reinforced
RIM »), c’est-à-dire des charges pouvant passer par les injecteurs des têtes de
mélange.
Il est également possible de renforcer les pièces à l’aide de fibres longues uni-
directionnelles tissées ou à distribution aléatoire, en positionnant au préalable
ces renforts dans le moule avant l’injection du polymère (S-RIM : « structural
RIM »).
Les polyuréthannes sont les polymères les plus utilisés industriellement dans
les procédés R-RIM et S-RIM. On assiste à leur remplacement progressif par des
polyurées ou d’autres polymères qui devraient permettre au procédé RIM de
satisfaire pleinement les besoins des industriels, et plus particulièrement des
constructeurs automobiles européens, pour la réalisation de pièces de carrosse-
rie peintes, cela dans le cadre d’une production réellement industrielle et auto-
matisable.
Le rapport qualité/prix de ces nouveaux matériaux pour RIM est prometteur.
De larges possibilités sont offertes aux matériaux polymérisables à partir de
deux constituants liquides, susceptibles d’être chargés à l’aide de fibres végé-
tales ou minérales.
Outre les polyurées, il faut noter le développement d’autres matériaux tels que
les polydicyclopentadiènes, les polyesters ou d’autres à venir.
On peut également envisager l’élaboration de nouveaux polymères par inter-
pénétration simultanée de réseaux ou SIN (« simultaneous interpenetration
networks »). Le degré d’interpénétration sera alors fonction de la compatibilité
entre les polymères [1] [2].
Ces types de produits sont encore assez peu utilisés dans le cadre du procédé
RIM et nous allons nous intéresser plus particulièrement aux grandes familles de
polymères transformés industriellement, avec les renforts et les charges asso-
ciés les plus utilisés.
Ensuite nous décrirons le matériel nécessaire pour mettre en œuvre le procédé
RIM :
— machine pour doser et injecter les constituants réactifs ;
— moule qui donne sa forme à la pièce à réaliser ;
— presse porte-moule ;
puis nous préciserons le mode opératoire et les performances des procédés
R-RIM et S-RIM comparés à d’autres méthodes concurrentes.
Pour terminer, nous en donnerons les principales applications actuelles et
futures.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 5 250 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
SR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURUP
Q
Les polyuréthannes [AM 3 425] constituent la famille la plus utili- — l’éthylèneglycol ;
sée dans les procédés RIM. — le diéthylèneglycol.
Un uréthanne est obtenu par addition d’un alcool sur un isocya-
nate suivant la réaction (processus ionique) :
1.1.4 Catalyseurs
ROH + R'NCO R'NHCOOR
Ils sont utilisés pour accélérer la vitesse de réaction et sont géné-
En pratique, les mélanges utilisés, traditionnellement appelés ralement de deux types :
constituants A et B, ont la composition type suivante : — un catalyseur aminé pour initialiser la polymérisation ;
A : diisocyanate — un catalyseur organométallique pour accélérer le processus
de durcissement.
B : polyol + réticulant : diol à chaînes courtes
+ catalyseur
1.1.5 Agents d’expansion
+ agent d′expansion suivant le
type de
+ tensioactifs Leur rôle est d’aider le mélange à se répartir dans le moule, sans
formulation.
+ eau pour cela abaisser considérablement la densité du matériau final.
+ pigments
Le plus répandu est le trichlorofluorométhane (température
d’ébullition : 24 ˚C).
1.1.1 Diisocyanates
1.1.6 Tensioactifs
Le principal diisocyanate utilisé avec le procédé RIM est le 4,4’-
diphénylméthane diisocyanate ou MDI. Il peut être utilisé sous
forme : Ils sont utilisés à la fois comme régulateurs de cellules et comme
aides à l’écoulement de la matière dans le moule. Ce sont essentiel-
— polymérisée : fonctionnalité de 2,1 à 2,7 ; lement des silicones.
— prépolymère : produit de réaction d’un diisocyanate sur un
composé à hydrogène mobile ;
— modifiée par des groupes carbodiimides. 1.1.7 Eau
Cette modification conduit à l’élaboration d’un polymère ramifié
(branché), ce qui améliore la tenue thermique du polyuréthanne L’eau est à la fois un agent d’expansion et un promoteur de seg-
obtenu. ments rigides qui réagit sur l’isocyanate suivant le schéma :
D’autres diisocyanates ou dérivés de diisocyanates tels que le 2,4-
toluylène diisocyanate (2,4-TDI) pur ou en mélange avec le 2,6- R N C O + H2O R N C O
toluylène diisocyanate (2,6-TDI), l’hexaméthylène diisocyanate
(HDI) ou le 3,3’-diméthyldiphényl-4,4’-diisocyanate (TODI), par H OH
exemple, peuvent être utilisés pour fabriquer des polyuréthannes. acide carbamique instable
RNH2 + CO2
1.1.2 Polyols
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 5 250 − 3
SS
Q
ST
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQX
Physique du moulage
des composites structuraux
Aspects théoriques
Q
par Christophe BINETRUY
Professeur
École Centrale de Nantes, Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique,
UMR CNRS 6183, Nantes, France
SU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQX
Q partie. Plus que tout autre matériau, les composites requièrent une intégration
étroite des connaissances des matériaux constitutifs, à l’étude des procédés de
fabrication et aux performances des pièces obtenues. Bien que les propriétés
des composites soient principalement déterminées par celles de ses consti-
tuants, l’expérience prouve que leur mode d’élaboration influe de façon signifi-
cative sur leur niveau de performance et ceci d’au moins deux façons :
– par la génération d’imperfections de moulage plus communément désignées
sous le terme de défauts qui altèrent les performances de la pièce (porosités, désa-
lignement des fibres, sous-polymérisation des résines, contraintes internes…) ;
– par la modification des paramètres définis en phase de conception de la
pièce composite (orientation et distribution des fibres).
La technologie de fabrication constitue donc un maillon essentiel dans la
chaı̂ne de conception-fabrication de la pièce composite. Elle prend ainsi une
grande part dans la croissance des composites de par les coûts qu’elle génère,
sa capacité à transformer des pièces techniques de taille plus ou moins grande,
sa souplesse d’utilisation, les cadences qu’elle autorise et sa reproductibilité. Le
choix d’un procédé de fabrication est également guidé par son impact environ-
nemental et par l’adéquation au besoin technique.
Un facteur clé de développement des technologies, et donc des composites,
est la capacité de développement de procédés qui satisfont aux exigences du
marché visé. Au cours des trois dernières décennies de nombreuses technolo-
gies ont été développées pour répondre aux marchés de grande diffusion et de
haute performance. Bien que l’empirisme ait souvent accompagné les premiers
pas de ces technologies, les progrès les plus importants sont venus de l’effort
de compréhension et de modélisation des phénomènes physiques associés à
ces procédés. Des modèles plus ou moins sophistiqués ont été élaborés sur la
base de connaissances qui restent encore partielles mais néanmoins suffisantes
pour aider les ingénieurs et techniciens à mettre en place des technologies
robustes. Ils permettent de comprendre comment les paramètres du procédé
et les caractéristiques des constituants affectent les propriétés finales des piè-
ces composites. Historiquement ce sont les bureaux d’étude ou de calcul qui
ont en premier fait usage de logiciels métier pour comparer des stratégies de
fabrication, des choix de matériaux et ainsi apporter un support aux équipes de
production. L’enjeu actuel est que des outils, méthodes, modèles, règles soient
également utilisés directement dans les ateliers de fabrication pour :
– anticiper des difficultés pratiques réelles ;
– répondre de façon très interactive aux aléas de production ;
– optimiser des techniques de moulage des composites ;
– définir la meilleure stratégie de surveillance des procédés (mesure de pres-
sion, température, etc.) ;
– réduire les temps de mise au point des procédés.
Ainsi, ce type d’approche permet de remplacer progressivement l’empirisme
très fortement ancré dans l’univers des ateliers de fabrication par des règles
quantitatives prédictives.
L’objet de cet article est de présenter les principaux phénomènes impliqués dans
les procédés de moulage des composites structuraux à matrice polymère et de pro-
poser une description mathématique simplifiée qui découle directement des grands
principes physiques adaptés aux milieux fibreux hétérogènes et anisotropes. Les
composites structuraux désignent des polymères thermoplastiques ou thermodur-
cissables renforcés de fibres continues. Le moulage recouvre les technologies où les
écoulements de polymère jouent un rôle important dans la fabrication de la pièce.
SV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQX
1. Classification des procédés filières. Le lecteur pourra se reporter à l’article [AM 3 729] pour en
savoir plus sur ces mécanismes ;
de fabrication – la deuxième catégorie concerne des procédés qui mettent en
œuvre des matériaux contenant les fibres longues (au delà du cen-
des composites structuraux timètre) ou continues imprégnées complètement ou partiellement
d’un polymère visqueux. Les procédés utilisant ces matériaux for-
cent des déformations et apportent de la chaleur pour mettre en
forme et consolider la pièce composite. Les renforts fibreux oppo-
1.1 Classification technologique sent généralement une résistance anisotrope au mouvement du
SW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQX
qu’on appelle mèche ou roving. Il y a plusieurs éléments géométri- n’est pas visible. Ces caractéristiques propres aux composites
ques importants à considérer dans le but de modéliser les procédés structuraux vont se révéler dans la forme des équations réécrites à
composites : l’échelle globale.
– les composites synthétiques sont renforcés par des structures
fibreuses issues d’un processus de fabrication dont le but est de
construire des architectures périodiques contrôlées comme des tis-
2.1 Descripteur du premier ordre
sus, (multiaxiaux, etc. ou totalement aléatoires comme des Un matériau composite comportant au moins deux phases, le
mats [N 2 511]. Ces renforts sont stratifiés et mis en forme au tra- réseau de fibres et la matrice, il est important de distinguer leurs
vers de procédés de fabrication qui leur font perdre une partie de
Q
propriétés contrastées et leur répartition dans le matériau. Dans la
cette régularité géométrique. Cela peut se traduire par le présence suite, on adoptera la nomenclature usuelle des milieux poreux où
à longue distance d’hétérogénéités dont l’influence à l’échelle des la fibre sera désignée par l’indice s (solide) et la matrice (ou résine
procédés peut être suffisamment importante pour constituer une ou polymère) par l’indice f (fluide). Par exemple rf désigne la den-
cause d’apparition de défaut. Un exemple de non-localité de ce sité du fluide et s s représente une contrainte dans le solide.
type est une variation du taux de fibre sur une distance d’un ordre
de grandeur similaire à celui de la pièce, qui engendre une distor- Les fibres aux sein des renforts fibreux des composites structu-
sion de la géométrie d’un front de résine ; raux peuvent être organisées de multiples façons, allant de la sim-
– dans les procédés mettant en jeu des écoulements de résine ple structure unidirectionnelle aux arrangements multiaxiaux.
entre les fibres, c’est le volume complémentaire aux fibres qui La description de ces arrangements n’est pas aisée, cependant elle
constitue le facteur géométrique le plus important. Alors que le est fondamentale dans la construction de modèles décrivant les
volume total de chaque phase peut être facilement déterminé à par- procédés à l’échelle macroscopique. La microstructure peut être
tir de la connaissance des masses surfaciques des renforts et de la décrite par la fonction indicatrice de phase Xi (x). Elle est utilisée
densité des fibres, les caractéristiques géométriques de ces volu- pour repérer un point x situé à l’intérieur ou à l’extérieur de la
mes (appelés espace poral) sont quant à elles indéterminées. On phase i et s’exprime par :
verra au paragraphe 2.1 que cette notion est fondamentale pour
⎧1 si x se situe dans la phase i
comprendre et quantifier les écoulements au sein des réseaux X i (x ) = ⎨ (1)
fibreux ; ⎩0 si x se situe dans une autre phase
– les milieux fibreux comportant un très grand nombre de fibres,
ils ne peuvent pas être décrits en considérant chacune des fibres À partir de ce descripteur, il est possible de déterminer la fraction
(considérées ici comme des hétérogénéités). La méthode classique volumique de chaque phase constituant le milieu. Par exemple la
consiste alors à remplacer ce milieu hétérogène par un milieu fraction volumique de pores (ou d’une résine) φf situés entre les
continu équivalent où les propriétés seront homogènes. Le prix à fibres est le rapport du volume occupé par les pores Vf sur le
payer est la perte de la description directe des mécanismes se volume total V du composite est obtenue par :
développant aux échelles inférieures, mais leur influence sera tra-
duite par les paramètres homogénéisés. Le passage de la petite Vf 1
V V V∫ f
échelle à la grande échelle (dite macroscopique ou globale) s’effec- φf = = X dV (2)
tue par homogénéisation [AM 5 310]. Le comportement macrosco-
pique obtenu doit être intrinsèque au milieu hétérogène et doit être
indépendant des conditions limites macroscopiques. L’homogénéi- et celle des fibres φs est le complémentaire φs = 1 − φ f :
sation est réalisée sur un volume élémentaire représentatif (VER)
Vs 1
V V V∫ s
qui doit donc être suffisamment grand pour être représentatif du φs = = X dV (3)
milieu complet lorsque ce dernier n’est pas strictement périodique.
Lorsque le milieu est parfaitement périodique le VER correspond à
la cellule périodique ; où Vs représente le volume des fibres.
– l’échelle macroscopique correspond à la plus petite dimension À noter que la moyenne spatiale du gradient de l’indicatrice de la
de la pièce composite en cours de fabrication, c’est-à-dire l’épais- phase fibre est égale à la surface spécifique des fibres.
seur de la pièce. C’est l’échelle de la mesure physique, celle où les
prévisions peuvent être confrontées aux valeurs expérimentales. Par définition, la fraction volumique des phases i ne peut pas tra-
À cette échelle on s’intéresse aux relations entre les paramètres duire seule toute la complexité morphologique des milieux. Il s’agit
du procédé (tels que la pression, le débit, la température, des for- d’un descripteur du premier ordre qui ne renseigne pas sur les for-
ces et vitesse de fermeture d’outillage, etc.) et les critères de qualité mes, orientations, corrélations spatiales entre phases, etc. Pour
(niveau de porosités résiduelles, dimensions et géométrie de la s’en rendre compte, il suffit de comparer les comportements dans
pièce, etc.) dans le but de déterminer les conditions opératoires le plan et dans l’épaisseur d’un composite stratifié. Pour cette struc-
garantissant une qualité de pièce satisfaisante. ture de même taux de fibre, on sait que le comportement transver-
sal respectivement dans le plan des couches fait intervenir l’in-
La suite de l’article met en évidence le rôle respectif dans les dif- fluence en série, respectivement en parallèle, des couches. Les
férents procédés de trois éléments fondamentaux : l’espace poral, écarts de comportement sont considérables, ce qui montre que la
le polymère et les fibres continues. Cette distinction des rôles est à seule connaissance de la fraction volumique de fibre n’est pas suf-
la base de la classification proposée au paragraphe 1.2. Par exem- fisante pour exprimer cette différence.
ple lorsqu’il y a une vitesse relative entre la résine et les fibres, ces Bien qu’incomplet, ce descripteur s’avère néanmoins très utile
dernières apparaissent donc comme des obstacles au mouvement dans la démarche d’homogénéisation qui sera présentée au
du fluide. C’est cette influence qui sera exprimée dans les équa- paragraphe 3.2.
tions de comportement global. En revanche, si les fibres sont trans-
portées à la même vitesse que le polymère, alors c’est au travers de D’autres informations géométriques peuvent être extraites au
la viscosité du mélange fibres/polymère que la contribution des moyen de descripteurs d’ordre supérieur. Ce point fait l’objet du
fibres solides sera traduite. On voit donc qu’on ne fera pas appel paragraphe 2.2.
aux mêmes propriétés des trois éléments précités pour construire
une représentation globale des mécanismes.
2.2 Descripteur du second ordre
La particularité de l’approche vient de la traduction à l’échelle
globale macroscopique des équations de comportement local. Ces La fonction de corrélation à n points est définie comme la proba-
dernières n’ont rien de spécifique au domaine des composites car à bilité que n points existent dans une certaine combinaison de pha-
cette échelle le caractère hétérogène et anisotrope des composites ses. Par exemple, si l’on considère deux points x et x′ dans un
SX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQY
SY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQY
Q
Face à la complexité croissante des applications et à la réduction des temps
de développement, l’empirisme doit céder la place à des méthodes plus
rationnelles, plus rapides et plus sûres. Dans ce contexte technico-économique,
les outils de calcul décrivant la fabrication des composites en relation avec la
conception des pièces deviennent des instruments nécessaires dans la chaîne
de conception-fabrication et participent au développement et au déploiement
des technologies dans le monde industriel.
L’objet de ce dossier est de présenter des relations simples découlant des
grands principes physiques décrits dans le dossier [AM 3 718] et qui ont un
intérêt pratique pour l’estimation de grandeurs telles que des pressions de
résine et des temps d’injection. Afin d’illustrer le potentiel de cette modé-
lisation, plusieurs exemples d’utilisation de la physique du moulage des
composites avancés sont décrits dans le cas de pièces industrielles complexes.
La dénomination « composite avancé » fait référence aux matériaux élaborés
à partir de résine thermodurcissable (polyester, vinylester, époxyde,...) et de
fibres continues (verre, carbone, aramide,...) qui constituent le squelette de la
structure.
TP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQY
Pression résine Pr
du moulage à l’autoclave t1
Ce que la modélisation
Problème
peut apporter t2
Pression de résine Minimiser la porosité
Écoulement de la résine
Épaisseur z
Q
Température Réduire les gradients de Côté moule Côté membrane
température et une dégradation
de la résine t3 > t2 > t1
Cinétique de polymérisation Réduire les contraintes internes
et optimiser le temps de cycle Figure 2 – Évolution de la pression de la résine au cours
de la consolidation (épaisseur totale et perméabilité fixées)
TQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWQY
Pression (MPa)
charge radiale et de la diminution de la perméabilité au fur et à 3
mesure de la compression. Dans ce cas, une expression plus
proche de la réalité physique du procédé de compression est pour
2
0 4 r 4 rf :
Q 4K ( h ) h
µ 2 dh
P r ( r ) = ------------------------- n r 2 – r f o ---------
dt
(6)
1
nK
∇ – ----- ∇P r
µ o = – --------------
1 dh
h ( t ) dt
- --------- (10) ∂ P
2
2
∂ P
2
2
h ∂ P
2
2 2
2
h
°
K xx -----------r + K yy -----------r + K zz -----0- -----------r = µ -----
h
∂x ∂y h ∂z
La pression de résine satisfait à l’équation différentielle du
second ordre : avec Kxx et Kyy les perméabilités principales dans le plan,
Kzz la perméabilité transverse,
1 dP d2 P µ dh
----- ----------r- – --------------r- = --------------------- --------- (11) h0 l’épaisseur initiale de renforts,
r dr dr 2 K ( h ) h dt
h l’épaisseur instantanée,
En supposant que la perméabilité et la viscosité ne dépendent h
°
la vitesse de compression.
pas de la position radiale r, la pression de résine à une distance
radiale r calculée pour une position radiale de front de résine rf La solution ne peut plus être déterminée analytiquement et il
est de la forme : faut avoir recours à des techniques de résolution numérique. La
figure 5 présente l’influence de la présence du renfort de pompage
µ dh
P r ( r ) = ------------------------- --------- r 2 – aln ( r ) + b (12) sur la distribution de pression de la résine liquide. Ici la pression
4K ( h ) h dt devient homogène dans le plan de la pièce et varie dans
avec a et b deux constantes d’intégration. l’épaisseur. Noter que le drainage de la résine conduit à faire
chuter très fortement la pression.
L’ingénieur de fabrication peut mesurer l’effet de l’augmentation
L’introduction des conditions aux limites : de la viscosité de la résine, de la vitesse de compression, de l’intro-
dP duction d’un évent supplémentaire, d’un changement de renfort
µ dh
----------r- = ------------------------- --------- r fibreux sur la pression de la résine. Cette dernière influence la qualité
Pr ( rf ) = 0 et
dr 2K ( h ) h dt de l’imprégnation des renforts et donc la qualité du composite.
permet d’identifier les deux constantes :
a = 0 et
µ dh 2
b = – ------------------------- --------- r f 1.3 Enroulement filamentaire
4K ( h ) h dt
L’enroulement filamentaire permet l’obtention de pièces creuses
En remplaçant la valeur des constantes dans l’équation (12), on par bobinage sur un mandrin des renforts continus imprégnés de
retrouve le résultat de la relation (6). résine (figure 6a ). Le renfort le plus couramment employé est le
La figure 4 montre la répartition de la pression de résine à un ins- roving. Le lecteur pourra se reporter à l’article [A 3 720] pour plus
tant donné au cours de la compression à 30 mm/min d’un ensemble de détails sur cette technologie.
TR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aSWRP
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 3 720 − 1
TS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aSWRP
Les tonnages les plus importants sont encore obtenus avec le couple verre/UP
(polyester insaturé). On signalera cependant dans quelle mesure les techniques
présentées sont applicables ou appliquées aux autres matrices ou aux autres
renforts.
Aujourd’hui, les plastiques renforcés ou composites ont atteint l’âge adulte
et peuvent être obtenus par de nombreux procédés de mise en œuvre ici décrits.
Ces procédés nécessitent l’emploi de certaines matrices polymériques et de dif-
Q férentes présentations de renforts qui seront précisées au fur et à mesure ; mais,
d’une manière générale, les plastiques renforcés sont toujours constitués de deux
matériaux principaux : le renfort et la matrice, auxquels sont associés différents
adjuvants.
Le renfort est constitué d’un matériau fibreux. Il s’agit le plus souvent de fibres
de verre, mais aussi de fibres de carbone, de fibres d’aramide, de silice, de bore,
etc. Il se présente sous la forme de mats (feutres constitués de fils coupés ou
de fibres longues), de tissus, de rovings (mèches), de fils coupés.
La matrice est soit une résine thermodurcissable (polyester insaturé, résine
époxyde, ou formophénolique, polyimide, polyuréthanne, etc.), soit une résine
thermoplastique (polyamide, polycarbonate, polyester saturé, polypropylène,
etc.).
Les adjuvants sont des produits nécessaires à la réticulation ou à la polymé-
risation des résines (accélérateurs, catalyseurs, etc.) ou bien à l’obtention de
caractéristiques spécifiques (comportement au feu, résistance au vieillissement,
coloration, etc).
On utilise aussi des charges (carbonate de calcium, talc, etc.) pour des raisons
économiques ou, dans certains cas, pour faciliter la mise en œuvre.
La vaste gamme de méthodes de mise en œuvre utilisables pour la fabrication
de pièces en plastiques renforcés permet de répondre aux différents critères
exigés pour la réalisation envisagée : forme, dimension, caractéristiques méca-
niques, aspect, série, cadence, etc.
Associés à chacune de ces méthodes, les matériaux utilisés (renfort, matrice
et adjuvants) seront choisis pour que la pièce à fabriquer réponde aux sollici-
tations exigées : caractéristiques mécaniques, comportement au feu, résistance
à la corrosion, tenue aux rayons ultraviolets, etc.
Les méthodes de mise en œuvre des matières plastiques renforcées thermo-
durcissables se classent généralement en fonction :
— des séries à réaliser :
• petites (moins de 1 000 pièces/an),
• moyennes (1 000 à 15 000 pièces/an),
• grandes (au-delà de 15 000 pièces/an) ;
— des dimensions :
• très petites (surface développée de quelques cm 2),
• petites (surface développée inférieure à 1 m 2),
• moyennes (surface développée de 1 à 5 m 2),
• grandes (surface développé supérieure à 5 m 2).
Néanmoins, deux catégories de procédés se réfèrent aux formes des pièces
à réaliser ; ce sont les procédés pour la réalisation de corps creux (tubes et
citernes) et les procédés en continu qui permettent la réalisation de pièces à
section constante (profilés).
Les méthodes de mise en œuvre des matières thermoplastiques renforcées
se classent, elles, en deux catégories : l’injection qui est le procédé le plus utilisé,
et l’emboutissage ou l’estampage de plaques qui sont des procédés plus récents ;
les mèches imprégnées sont également utilisables directement.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
A 3 720 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
TT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aSWRP
Q
1.1.1 Moulage au contact
1.1.1.1 Principe
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 3 720 − 3
TU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aSWRP
Dans certains cas, avant la première couche de renfort, on utilisera ■ Finition. Détourage
un voile de surface. Le voile de surface est un feutre à base de fibres Le moulage au contact ne permet pas de réaliser directement une
de verre ou de fibres synthétiques dont la masse surfacique est pièce aux cotes exactes sur sa périphérie.
comprise entre 20 et 50 g/m2. On procède ainsi lorsque l’on veut
donner à la pièce fabriquée de bonnes qualités de résistance à la Il nécessite une reprise appelée ébarbage ou détourage qui
corrosion. consiste à enlever l’excès de matière (verre et résine) située sur le
pourtour de la pièce.
Généralement, la première couche de renfort est un mat de
300 g/m2, notamment pour les pièces pour lesquelles les critères Cette opération peut s’effectuer de deux façons :
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
A 3 720 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
TV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aSWRP
Q
l’air par convergence des deux faisceaux de particules.
On trouve des pièces moulées au contact dans tout ce qui concerne
l’équipement des industries où la corrosion est permanente : L’utilisation de machines de projection nécessite de disposer d’une
industrie chimique, industrie pétrolière, industrie papetière, traite- alimentation en air comprimé permettant d’assurer un certain débit
ment des eaux, etc. à pression stable.
Le moulage au contact est également utilisé pour la fabrication Pour les autres matériels, nous retrouvons l’outillage du mouleur
de piscines, de toboggans, de capots de machines-outils ou de maté- au contact, à savoir :
riel agricole, de carrosseries de voitures de sport ou de compétition, — matériel de projection du gel coat ;
de cabines de téléphériques, etc. — rouleaux débulleurs ;
— outils de découpe du stratifié.
De même, les moules seront de conception et de constitution
1.1.2 Projection simultanée identiques à celles des moules pour moulage au contact.
1.1.2.4 Avantages
Faibles investissements pour la réalisation de pièces de moyennes
Figure 2 – Moulage par projection simultanée et grandes dimensions en petite série.
Par rapport au moulage au contact :
— coûts de main-d’œuvre et de renfort inférieurs ;
— suppression des problèmes (et risques) liés au mélange manuel
des résines et des catalyseurs.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 3 720 − 5
TW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aSWRP
Q seur) ;
— encore plus de dépendance envers la qualité de la
main-d’œuvre ;
la pression exercée sur les parois du poinçon lui permet de reprendre
sa forme initiale tout en faisant fluer la résine.
De même qu’il existe plusieurs conceptions de moule, le trans-
— une limitation à des formes relativement simples, ne compor- formateur dispose de diverses méthodes d’application ou d’ali-
tant pas de gorges étroites, par exemple. mentation de la résine, décrites ci-après :
— la résine peut être distribuée régulièrement sur le moule
1.1.2.6 Rendements matrice ou sur le renfort pour le préimprégner. La membrane défor-
Le moulage par projection permet d’obtenir des rendements mable est mise en place et le vide est appliqué pour chasser les bulles
supérieurs à celui du moulage au contact surtout lorsque l’on a de et donner une face lisse. Cette technique est principalement utilisée
grandes pièces de forme simple. pour la réalisation de plaques planes et panneaux sandwiches de
grandes dimensions ;
Le débit moyen d’un appareil de projection simultanée se situe — la résine peut être versée dans la partie centrale du fond du
entre 6 et 10 kg de verre et de résine par minute, selon que ce moule sur le renfort préalablement positionné. Le contre-moule
matériel est alimenté avec une ou deux mèches de roving. souple ou semi-rigide est ensuite mis en place, puis le vide est établi.
Ces débits nécessitent, sur un poste de travail, la présence de 3 Il y a, dans ce cas, écoulement de la résine ;
à 5 personnes chargées du roulage-débullage pour un seul projeteur, — la résine peut être coulée ou injectée sous faible pression
selon l’importance des pièces et l’organisation du poste de travail. dans le moule préalablement fermé, le remplissage du moule et
Les rendements et la qualité du matériau peuvent être grandement l’imprégnation du renfort se faisant sous l’action du vide (figure 4).
améliorés par l’utilisation d’un robot pour la manipulation du pistolet
de projection, mais le coût de cet investissement est tel que cette
automatisation n’est envisageable que pour des cas très spécifiques
et peu nombreux.
1.1.2.7 Applications
Les pièces réalisées par projection sont les coques pour bateaux
de plaisance, les piscines, les pièces de capotage, les fonds de cuve
de grand diamètre, les baignoires avec peau acrylique, etc.
Ce procédé représente en France environ 10 % en tonnage du
marché des plastiques renforcés en fibres de verre.
Le principe du moulage sous vide consiste à utiliser le vide pour Figure 3 – Moulage sous vide ou par dépression
permettre l’imprégnation progressive du renfort par la résine entre
un moule (matrice) et un contre-moule (poinçon).
Le vide va provoquer sur les parois du moule les phénomènes
suivants :
— dans le cas d’un vide poussé, la pression sera voisine de la
pression atmosphérique ;
— dans le cas d’un vide partiel, la pression sera équivalente à la
différence des pressions existant entre l’extérieur et l’intérieur du
moule.
Il existe plusieurs variantes du procédé de moulage sous vide
qui se distinguent essentiellement par différentes conceptions des
moules, principalement au niveau du poinçon, et par diverses tech-
niques pour l’alimentation de la résine.
1.2.1.2 Matériel
Pour les méthodes les plus courantes, il existe trois conceptions
du moule possibles :
Figure 4 – Moulage par injection sous vide
— dans la première, le poinçon est une membrane souple défor-
mable qui, sous l’action du vide, épouse la forme de la matrice et
vient comprimer résine et renfort ;
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
A 3 720 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
TX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
aSWRP
Quels que soient les cas de figure, les résines utilisées sont géné- 1.2.1.3 Mode opératoire
ralement très fluides (viscosité comprise entre 0,15 et 0,4 Pa · s). Les principales étapes du procédé sont :
Le choix des renforts sera fonction de la technique adoptée et — le nettoyage et le traitement du moule par un agent de
des caractéristiques recherchées. démoulage ;
Si le renfort est préalablement imprégné sur le moule, on utilisera — la mise en place d’un gel coat si la pièce le nécessite ;
un mat à fils coupés ; au contraire, si la résine flue dans le moule — la dépose des renforts et de la résine ;
sous l’action du vide, on utilisera un mat à fils continus. — la mise sous vide et le maintien de celui-ci jusqu’au durcisse-
Q
Les tissus peuvent être également employés dans les limites per- ment de la pièce ;
mises par leur déformabilité en fonction de la complexité de la pièce. — le démoulage et le détourage aux dimensions exactes de la
pièce.
Selon qu’il s’agit d’un mat à fils coupés ou un mat à fils continus,
les taux de renfort seront différents. C’est ainsi que, dans le premier Les cadences de moulage sont très variables selon la technique
cas, on pourra obtenir des structures à 33 % de fibres de verre alors de vide employée, la complexité et les dimensions de la pièce.
que, dans le second, on aura plus généralement 20 à 22 % de verre. C’est ainsi que, pour des pièces sans gel coat relativement simples
Quelles que soient les variantes, la méthode sous vide est utilisée du type capotage de faible surface (environ 1 m2), la cadence peut
pour la réalisation de pièces à deux faces lisses avec des investis- aller jusqu’à 2 pièces/h, alors que pour des panneaux sandwiches
sements relativement peu importants. de grandes dimensions (jusqu’à 12 m de long) le cycle de moulage
Cette méthode se trouve à la limite de la petite et de la moyenne sera de 3 à 4 h.
série dans le domaine des composites et permet ainsi une première
approche des procédés entre moule et contre-moule à vocation 1.2.1.4 Avantages
industrielle. Ils sont de deux ordres :
Les moules : la matrice rigide est généralement en plastique — possibilité d’obtenir des pièces avec deux faces lisses en petite
renforcé et fabriquée comme un moule pour moulage au contact, ou moyenne série (500 à 1 500 pièces/an) avec des investissements
avec des épaisseurs de peau plus importantes. La paroi est ensuite relativement faibles ;
fortement rigidifiée pour éviter toute déformation qui pourrait être — diminution des coûts de main-d’œuvre pour les techniques
provoquée par la pression engendrée lors de la mise sous vide. utilisant l’écoulement de la résine, et suppression des problèmes
Le poinçon déformable peut être une membrane étanche en d’hygiène et de sécurité rencontrés avec les procédés de moulage
élastomère souple, du type caoutchouc, ou en PVC plastifié, résistant au contact et par projection.
à l’attaque du styrène.
1.2.1.5 Inconvénients
Pour la réalisation de plaques planes ou de panneaux sandwiches
plans, on peut utiliser soit la membrane en élastomère, soit un film L’inconvénient majeur des procédés de moulage sous vide réside
épais de polyamide ou de polyester saturé (PET). dans la difficulté de la maîtrise technique des pièces à réaliser, ce
Le poinçon semi-rigide est réalisé, comme la matrice, en plastique qui entraîne :
renforcé, par moulage au contact, avec une épaisseur de l’ordre de — des variations plus ou moins importantes des épaisseurs, et
4 à 5 mm. donc des variations de masse de la pièce ;
— des fluctuations dans les proportions renfort/résine ;
Pour la conception de l’ensemble, une des conditions primordiales
— des risques de pièces incomplètes ;
à la réussite d’une pièce par moulage sous vide est l’obtention d’une
— des risques de bulles induisant des défauts d’aspect et de
étanchéité parfaite entre l’intérieur et l’extérieur du moule.
caractéristiques mécaniques ;
Dans le cas où le poinçon est une membrane souple, celle-ci assure — des risques de rebuts importants avec leur incidence
également l’étanchéité sur toute la périphérie par un système de économique.
pincement sur la matrice par exemple.
C’est pour ces diverses raisons que les procédés sous vide tels
Dans le cas où le poinçon est semi-rigide, celui-ci est monté sur qu’ils viennent d’être présentés sont peu développés et sont prin-
un cadre rigide qui permet l’accouplement avec la matrice. cipalement utilisés pour la réalisation de pièces simples de grandes
L’étanchéité entre les deux moules est alors assurée par des joints dimensions où le facteur investissement est prépondérant dans le
en élastomère qui sont disposés sur toute la périphérie. Ces joints choix du procédé.
sont fixés indifféremment sur la matrice ou sur le cadre support du
poinçon. 1.2.1.6 Applications
Afin de limiter les risques de pièces incomplètes, on travaille tou- Les principales pièces réalisées sont :
jours avec un excès de résine, ce qui signifie que, en fin de remplis-
sage de l’empreinte, il faut prévoir un écoulement de cet excès de — des panneaux sandwiches pour camions isothermes, pour
résine, généralement par une rigole aménagée sur toute la périphérie shelters (cellules servant d’abris fixes ou mobiles), etc. ;
de la matrice. — des capots de machines ;
— des bornes de distribution d’eau ;
Outre le moule, le moulage sous vide nécessite un matériel spéci- — des armoires électriques.
fique comprenant une pompe à vide avec un ballon tampon de capa-
cité suffisante (environ 3 m 3 ) pour alimenter simultanément
plusieurs moules ainsi que des manomètres de contrôle. 1.2.2 Moulage par injection basse pression
Comme dans les autres procédés, nous retrouvons tout le matériel de résine liquide
nécessaire à la découpe des renforts, au dosage et au mélange des
résines et des adjuvants, au traitement des moules et à la finition 1.2.2.1 Principe
des pièces.
Ce procédé consiste à remplir l’empreinte d’un moule, rigide et
fermé, par injection d’une résine en un ou plusieurs points selon
l’importance de la pièce. Les renforts sont préalablement disposés
à l’intérieur du moule avant sa fermeture et son verrouillage
(figure 5).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 3 720 − 7
TY
Q
UP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWRQ
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 3 721 − 1
UQ
Q
UR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWRS
US
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWRS
Néanmoins, des formes fermées continues comme des tubes ou des cuves
sont réalisables moyennant un moule astucieusement démontable.
La projection simultanée fait ses premières pas dans les années 1950 en
réponse aux demandes particulières d’après-guerre ; premièrement, un intérêt
croissant auprès du public et de l’industrie pour ces nouveaux matériaux
composites à base de fibres de verre et de résines polyester qui avaient déjà
Q
fait leurs preuves, et deuxièmement, la fébrilité de la demande en produits de
première nécessité, d’équipement et de loisirs.
La projection de matière, par exemple un mortier de sable et de ciment sur
une ossature métallique, avait été exploitée pendant la guerre 1939-45 avec la
construction de grandes pièces à parois minces telles que des caissons et des
barges qui avaient fait preuve de rapidité et de solidité. Par ailleurs, la peinture
au pistolet, mue par l’air comprimé, avait bénéficié d’avancées techniques
développées grâce à l’énorme effort d’industrialisation au cours de cette
période.
Quiconque ayant fabriqué des pièces en matériau composite par moulage
au contact s’aperçoit que la préparation de la résine avec son système cataly-
tique puis sa mise en œuvre est un frein à la rapidité d’exécution et donc à la
productivité. Le pistolet à peinture classique est donc vite mis à contribution,
moyennant quelques modifications, pour la préparation de la résine
(mélanger la résine avec son système catalytique) et l’appliquer sur les ren-
forts à fibres de verre de type mats et/ou tissus placés au préalable dans un
moule.
En ajoutant un dispositif léger et performant pour couper les fibres de verre
et les orienter vers le moule, le simple pistolet à peinture devient un véritable
outil à produire de la matière première complète de la future pièce et ouvre la
voie vers une fabrication semi-industrielle des composites.
1. Matériel de projection
simultanée Moteur
Au cours des années, les pistolets et leur équipement de service Figure 1 – Pistolet moderne à mélange interne en action projetant
résine polyester et fibres de verre E (doc. Hermex/pistolet GS Manu-
ont évolué lentement pour atteindre aujourd’hui un niveau plutôt facturing, Inc.)
stable. Dans le contexte réglementaire actuel (et qui ne peut que se
durcir), il est peu probable que la projection manuelle n’évolue
plus de manière significative. 1.1 Pistolet
Le pistolet doit remplir deux fonctions :
Un pistolet à usage général à mélange interne est présenté
figure 1. La partie supérieure du pistolet reçoit le système de coupe – la distribution de la résine dans un mode préétabli par l’opéra-
qui dirige le faisceau de fibres vers le moule. La sortie de résine est teur, souvent selon une procédure formelle ;
située juste au-dessous du guide fibres. – la projection des renforts coupés vers le moule.
UT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWRS
1.1.1 Projection de la résine Le panache de résine était autrefois modelé en éventail par
des jets d’air comprimé qui sont réglés indépendamment des
Une première fonction du pistolet est le contrôle du débit d’une autres flux. Malgré toutes les précautions, cette méthode avait
résine polyester catalysée homogène. Quand l’opérateur actionne tendance à créer un brouillard dont une partie n’allait pas direc-
la gâchette, les fluides doivent instantanément sortir pulvérisés de tement sur le moule et donc créait une pollution nocive de l’air
la buse tout comme la projection doit être instantanément inter- autour de l’opérateur, notamment avec les particules libres de
rompue lorsque la gâchette est relâchée. Cela peut paraître une catalyseur.
évidence mais l’importance est capitale car la projection simulta-
Q
Aujourd’hui, les pistolets bénéficient de certaines avancées tech-
née manuelle est rarement une opération continue et la fonction niques et sont qualifiés comme étant « airless », c’est-à-dire que la
marche-arrêt est activée des dizaines de fois par pièce. Un retard à pression d’air comprimé est réduite ou n’utilisent que de la pres-
l’ouverture ou à la fermeture nuirait à la composition et à la distri- sion hydraulique et des buses particulières pour former le pana-
bution uniformes de la matière. che. Bien qu’il ne s’agisse pas de la projection simultanée
proprement dite, les gel-coats sont souvent mis en œuvre par le
pistolet à mélange externe pour obtenir un bon aspect de surface.
À ce propos, rappelons brièvement que le matériau compo- La légèreté du pistolet et l’absence du rinçage interne à l’acétone
site est défini par son épaisseur, son taux de fibres ou par sont des avantages supplémentaires.
défaut le taux de résine et la présence, ou non, de porosités.
De plus, la résine doit réticuler dans un temps imparti et
atteindre la dureté requise pour assurer l’intégrité mécanique Rappelons qu’un gel-coat est une couche de résine élaborée
du matériau final. pour protéger et/ou décorer la pièce faciale.
Résine
accélérée Tête du pistolet
Résine
préparée
Résine
accélérée
Catalyseur
Résine
préparée
Catalyseur
Figure 2 – Mélange externe au pistolet : les deux faisceaux de liqui- Figure 3 – Mélange interne hydrodynamique entre la résine poly-
des pulvérisés s’entrecroisent pour assurer le mélange ester et son catalyseur
UU
Q
UV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWRY
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 3 729 − 1
UW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWRY
ORIENTATION DES FIBRES COURTES DANS LES PIÈCES EN THERMOPLASTIQUE RENFORCÉ ___________________________________________________________
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 3 729 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
UX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWSP
Pultrusion
par Laurent DESTOUCHES
Dirigeant fondateur de la société SOLUTIONS COMPOSITES
Ingénieur mécanicien DPE titulaire d’une spécialisation « matériaux composites »
Q
(Université de Bordeaux)
rocédé « continu » (un des rares parmi les différents modes de transforma-
P tion existants pour les composites), la pultrusion est une technologie per-
mettant la production de profilés composites.
Contraction du verbe « to pull » (tirer) et d’extrusion, ce procédé, apparu après
la seconde guerre mondiale concurrence (voire complète) les technologies de
filage de l’aluminium, d’extrusion des résines thermoplastiques, de profilage
des métaux et aussi celui du bois.
Si la pultrusion ne représente que 2 à 3 % du marché mondial des composi-
tes, soit 200 à 300 000 tonnes de matières transformées par an, elle est certai-
nement aujourd’hui une des technologies de production les plus prometteuses
en terme de développement.
La pultrusion offre en effet les spécificités suivantes :
– des combinaisons quasi infinies de couples renforts/matrices laissant libre
court à l’imagination des concepteurs et conférant aux produits finis des pro-
priétés extrêmement variées ;
– des taux de renforts pouvant atteindre 70 % en masse, à l’orientation bien
maitrisée, garantissant aux profilés des caractéristiques mécaniques de tout
premier plan ;
– la possibilité de créer aisément des géométries même complexes, cela à
coûts réduits étant donné le degré d’automatisation élevé du procédé ;
– le faible besoin de main-d’œuvre pour ces opérations de transformation.
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQP
UY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWSP
PULTRUSION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Q
La pultrusion n’est donc pas uniquement un procédé de transfor-
1. Technologie de pultrusion mation de la matière première ; c’est aussi une technologie de for-
mulation de cette matière première.
Viscosité des résines (de 500 à 5 000 mPa.s.), durée de vie et
Si, dans tous les cas, la pultrusion reste un procédé de transfor- conditions de sécurité lors des manipulations diffèrent selon les
mation des matériaux composites en continu capable de générer composants, rendant l’automatisation de ce processus complexe.
des profilés de section constante, on distingue au sein de cette C’est pourtant une des « étapes clefs » pour l’assurance qualité en
grande famille, plusieurs « filiations technologiques ». production, car ces mélanges sont instables (résines chargées qui
décantent au fil du temps, résines précatalysées à la durée de vie
La pultrusion des résines thermodurcissables et celle des thermo-
limitée, etc). Il s’agit en effet, depuis les zones de stockage des pro-
plastiques tout d’abord, mais également encore 2 ou 3 technologies duits, de les manutentionner, de les doser de façon très précise, de
dérivées que sont le pullwinding, le pullforming et le pullpress. les mélanger puis enfin les distribuer aux postes de travail dans
des délais précis.
1.1 Pultrusion des résines Cette phase préliminaire peut être qualifiée de « Clef » aussi en
terme de reproductibilité, car il faut se montrer capable de pro-
thermodurcissables duire, mois après mois, des produits strictement identiques aux
C’est la famille la plus répandue et de très loin aujourd’hui (plus précédents lots délivrés aux clients…
de 99 % du marché). La figure 1 schématise les grandes étapes de
transformation des constituants de base des composites qui, en On note à cette occasion que le contrôle réception des produits
quelques mètres seulement, vont passer de l’état de fibres (en rou- sera aussi une étape à ne pas négliger pour s’assurer que les
leaux) et résines (liquides) à celui d’un produit semi ouvré/fini sous différents lots offrent bien eux aussi cette constance de
forme de profilé (figure 2). propriétés…
1.1.1 Différentes étapes du processus La préparation des renforts est plus simple et consiste bien sou-
vent, après l’étape de contrôle en réception, à leur seul stockage
& 1ère étape : préparation des matières premières pour les rovings (bobines). Les mats ou tissus, stockés en larges
rouleaux sont quant à eux découpés en « sous-rouleaux » de plus
Une toute première opération, très importante mais « hors ligne »,
petites largeurs, spécifiques à chaque production.
est celle de la préparation des résines. Certaines formulations
contiennent en effet jusqu’à 10, voir 12 composants élémentaires,
On note que contrairement aux résines, les renforts n’ont pas
sous forme liquides ou solides (pulvérulent telles les charges minéra-
de problème de « date de péremption ».
les) et ce dans des quantités très différentes (de 1 à 1 000 en masse).
& 2e étape : imprégnation et préformage
En cela, ce travail diffère significativement de la transformation Les renforts, sous différents agencements (fibres longues, mats
des thermoplastiques : les pultrudeurs, « fabriquent », conçoi- ou tissus), sont tout d’abord imprégnés de résine dans un bain à
vent aussi pour certains, leurs formulations. Cette étape est l’air libre (voire aussi, procédé beaucoup moins répandu, impré-
essentielle, stratégique même en ce sens qu’elle offre à cer- gnés sous basse pression à l’entrée de la filière) (figure 3).
tains l’occasion de se distinguer à travers une maı̂trise de cer-
taines formulations qui les abritent de la concurrence sur quel- Ils sont ensuite guidés à travers plusieurs stations dites de pré-
ques niches de marché. formage, phase durant laquelle ils sont amenés progressivement
Renforts de
rovings & mat
Imprégnation
de la résine
Coupe
Filière de
cuisson
Tirage
Figure 1 – Principe général de la technologie de pultrusion Figure 2 – Exemple de produit fini pultrudé (profilé composite)
VP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWSP
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– PULTRUSION
Température (°C)
Pic exothermique
200
Température
du matériau
Température
Q
150 du moule
Chauffage
du moule
100
Détecteur de chaleur
0
0 20 40 60 80 100
Position du moule (cm)
VQ
Q
VR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWST
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AM 3 734 − 1
VS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWST
Q
1.1 Spécificité de la mise en forme
des composites
■ Un matériau composite est obtenu par l’association de renforts
(fibres) et d’une matrice (résine). On doit distinguer ici les compo- a formage du b injection sur renfort c pièce composite
sites à fibres courtes ou coupées et les composites à fibres renfort fibreux puis polymérisation finale
continues. Les deux classes de matériaux sont assez différentes.
Les fibres courtes améliorent le comportement mécanique du Figure 1 – Les principales étapes du procédé RTM
matériau composé de la matrice seule, mais celle-ci reste l‘élément
de base. Les techniques de mise en œuvre des polymères peuvent
plus ou moins être étendues à ces matériaux chargés de fibres, en
particulier l’injection [1].
Dans le cas d’un renfort continu, celui-ci joue un rôle principal
dans le comportement mécanique du composite, la fonction de la
matrice étant, en particulier, d’empêcher les déplacements relatifs
des fibres continues. C’est ce type de composite qui est utilisé dans
les applications structurelles fortement sollicitées et ce sont ces
renforts continus qui seront considérés dans le présent article.
■ La mise en forme des matériaux composites se différencie de
celle des matériaux classiques et utilise la composition fibres-
matrice. Le formage est réalisé dans un état où la matrice ne joue
pas son rôle. En particulier :
● Dans le cas du procédé RTM (Resin Transfer Moulding ) [2] [3]
[4], la première opération consiste à mettre en forme le renfort
(généralement tissé) dans un moule ; une deuxième opération
consiste ensuite à injecter au travers de ce renfort la résine qui est
Figure 2 – Drapage de préimprégnés
polymérisée à chaud (schéma du procédé figure 1). Dans ce pro-
cédé, la mise en forme du renfort se fait en l’absence de matrice,
celle-ci n’étant injectée qu’après le formage. Des déformations du
renfort tissé seul sont possibles, en particulier en flexion et en
cisaillement dans le plan ; il est possible d’atteindre des formes for-
tement non développables.
● Dans le cas de la mise en forme des préimprégnés thermo-
durcissables, la matrice est présente, mais elle n’est pas solide, son
état est visqueux car la résine n’a pas encore été polymérisée. Ceci
permet là aussi une mise en forme par les mêmes mécanismes
que précédemment car la faible résistance de la matrice permet
également la flexion et le cisaillement plan du renfort (figure 2). Ce a chauffage du CFRTP b formage poinçon-matrice
procédé de mise en forme est utilisé fréquemment dans la dépose
manuelle ou automatique des préimprégnés thermodurcissables
qui est une méthode très utilisée en aéronautique où les séries
restent modestes [5] [6]. La qualité du produit et l’absence de vide
entre les couches de renfort peuvent être assurées par sac à vides
ou autoclaves [1].
● Dans le cas des préimprégnés thermoplastiques (CFRTP, Con-
tinuous Fibres Reinforced ThermoPlastic ), on obtient cette possibi- c phase de reconsolidation d pièce finale
lité de mouvement relatif des fibres et donc de déformation du
renfort en chauffant préalablement le préimprégné (rigide à Figure 3 – Les différentes étapes du formage d’un thermoplastique
l’ambiante) à une température supérieure à celle de fusion de la à fibres continues
résine. Le formage a ensuite lieu grâce aux déformations de flexion
et de cisaillement plan ainsi rendues possibles (figure 3). Après
une phase de consolidation (compression transverse) qui a pour
objectif d’éviter les vides entre les plis, le composite retrouve sa composites. Il est à noter que l’allongement des fibres est souvent
rigidité complète après refroidissement. Comme l’ensemble des faible dans cette opération de formage, alors que l’allongement
étapes décrites figure 3 est rapide (de l’ordre de une ou quelques d’une tôle métallique, par exemple, peut être important dans une
minutes), ce procédé est intéressant économiquement, en particu- opération d’emboutissage. Finalement, l’opération de formage
lier pour les moyennes et grandes séries [7] [8]. concerne le renfort fibreux. C’est le cas pour le procédé RTM, mais
● Dans les trois cas ci-dessus, on utilise le défaut d’efficacité de également pour le formage des préimprégnés thermodurcissables
la résine (absente ou fluide) pour permettre des glissements rela- et thermoplastiques si l’on néglige l’influence de la résine non
tifs des fibres du renfort. Cela est spécifique aux matériaux durcie.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 3 734 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
VT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWSW
VU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWSW
VV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWSW
Température (K)
une puissance de 1 MW, ce qui est techniquement irréaliste.
400,0
La seconde erreur, qui a beaucoup retardé certaines utilisations
raisonnées de l’hystérésis diélectrique, est l’aspect non seulement 390,0
énergétique mais thermique, au sens de la diffusion de la chaleur, 380,0
manquant à l’alinéa précédent. Beaucoup d’essais ont été limités à 370,0
la mesure de l’incrément de température à leur instant initial : dans
360,0
Q
cette situation, les transferts thermiques sont nuls et on peut
considérer que la transformation de l’énergie électromagnétique est 350,0
adiabatique, avec un rendement thermique maximal. Cette seconde 340,0
erreur est masquée par un avantage factice que l’on dénomme 330,0
« chauffage à cœur ». Qu’en est-il du chauffage de la partie des
objets située à la périphérie de ces derniers ? Cette périphérie est en 320,0
contact immédiat avec l’extérieur des objets qui n’est pas le lieu de 310,0
sources de chaleur. La diffusion de la chaleur, de l’intérieur vers 300,0
l’extérieur des objets, rend la température du cœur des objets plus
290,0
élevée que la température de leur surface par laquelle se fait la
pénétration des ondes. Par contre, la puissance véhiculée par les 0,000 0,050 0,100 0,150 0,200 0,250 0,300
ondes est plus importante en périphérie qu’en profondeur des Abscisse d'épaisseur (m)
objets. En fonction des dimensions des objets et de l’absorption de Température à 100 s Température à 2 000 s
l’énergie par la matière, il y a atténuation de la puissance électroma- Température à 200 s Température à 3 000 s
gnétique véhiculée par les ondes et cette atténuation, associée à la Température à 1 000 s Température à 4 000 s
diffusion de la chaleur, conduit dans la majorité des situations à la
création d’un maximum de température entre la périphérie et le « Puits de chaleur » négatif d'épaisseur 0,1 m compris entre les
cœur des objets. Cette observation d’origine uniquement thermi- abscisses 0,1 m et 0,2 m et de conductivité thermique 0,2 W · m–1 · K–1,
que, est développée au paragraphe 1.2. Les effets thermiques d’ori- inséré entre 2 « murs de chaleur » externes de conductivité thermique
20 W · m–1 · K–1, en contact thermique parfait avec le puits central. La
gine électromagnétique, comme l’atténuation de l’énergie portée
température initiale de celui-ci est de 293 K ; celle des deux murs
par les ondes, sont l’objet du paragraphe 1.4.
externes est de 393 K. Les températures de ces derniers aux abscisses 0
et 0,3 m sont fixées à 393 K. Le résultat le plus caractéristique de cette
situation thermique est la durée d'obtention de 4 000 s pour une
1.2 Condition fondamentale élévation de 97 K environ de la température du plan médian du puits de
de l’obtention de l’uniformité chaleur central.
thermique spatiale
Figure 1 – Profils transversaux de température en diffusion
Le chauffage par diffusion de la chaleur et le chauffage par
sources thermiques internes sont souvent comparés ; il s’agit des
Température (K)
VW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amSWSW
Q
des comparaisons comme celle-ci qui ont conduit à mettre en rature en respectant l’uniformité spatiale du traitement thermique,
avant la notion de réduction des échelles de temps lors de l’emploi que l’hystérésis diélectrique seule ne permet pas ;
des technologies à sources thermiques internes ; – la seconde difficulté est l’obtention d’une caractéristique tem-
– la seconde remarque concerne le détail des profils de tempéra- porelle faible en comparaison avec la caractéristique temporelle de
ture obtenus et en particulier dans la situation de l’élévation de la diffusion.
température à l’aide de sources internes de densité de puissance
volumique uniforme. À cette uniformité des sources thermiques ne Ce paragraphe renvoie à l’approfondissement, dans le dossier
correspond pas une uniformité de la température, toujours du fait [AM 3 046], de la question des échelles de temps liées aux aspects
du simple effet de la diffusion de la température. Il est possible de énergétiques de la diffusion de la chaleur et de l’hystérésis diélec-
proposer des sources de chaleur secondaires dans une section trique. La réalisation optimale de toute transformation chimique
réduite des deux parties latérales. La nature de ces sources de cha- ou physico-chimique, qui conduit à l’élaboration du matériau
leur secondaires est sans conséquence sur la distribution de tem- constitutif d’un objet, dépend de la maîtrise de la cinétique de
pérature recherchée et elle peut relever de tout autre phénomène l’élévation de la température puisque les transformations du maté-
physique adapté (figure 3) [1]. riau concerné sont non seulement thermodépendantes mais
dépendantes aussi de l’évolution de la température en fonction du
temps. La présence d’une source chaude permettant un transfert
Ce paragraphe conduit à une première conclusion fonda- de chaleur et la présence simultanée d’une création de chaleur
mentale pour l’utilisation des sources thermiques internes sont nécessaires. Les cinétiques thermiques des deux types de
dans le but d’obtenir une distribution uniforme de la tempéra- phénomène sont fondées sur deux temps caractéristiques :
ture. La création de sources thermiques internes uniformes au – le temps caractéristique de la diffusion de la chaleur appelé
sein de l’objet à chauffer est, en soi, une opération insuffi- quelquefois constante de temps de diffusion de la chaleur
sante pour atteindre l’objectif fixé ; il est indispensable d’asso- exprimé, si le nombre de Fourier est égal à 1, par :
cier d’autres sources de chaleur.
τ =L2 /a (1)
avec L (m) dimension de l’objet,
Température (K)
VX
Plasturgie : procédés spécifiques aux composites
(Réf. Internet 42474)
Méthodologie spéciique à l'usinage des composites par jet d'eau abrasif RE237 75
Dimensionnement des trous et des assemblages dans les structures composites TRP4036 93
Analyse du délaminage lors du perçage des composites ibres longues RE228 111
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VY
R
WP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURQU
R
et composites au Centre technique des industries mécaniques (CETIM)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 5 215 - 1
WQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURQU
R
— hétérogénéité : les matériaux composites sont constitués délaminage visible (arrachement de couche), délaminage interne
d'un polymère contenant un réseau de fibres en nappe, éventuelle- (dissociation entre deux couches du matériau), dégradation ther-
ment tissées. Il faut donc usiner simultanément deux matières de mique (échauffement trop important), obtention d'une surface
natures différentes (résine et fibres), voire trois si la matrice contient rugueuse car les charges ou les fibres ont été arrachées et non pas
en plus des charges minérales. Avec ce type de matériau, l'usinage coupées, etc.
dit « par enlèvement de copeaux » se traduit en fait par une création
de poudre et non pas par la formation d'un copeau. Ces poudres
sont souvent propulsées dans l'air autour de l'outil de coupe avant
de retomber. Il faut alors penser que ces poudres peuvent être abra- Il faut noter au préalable que les données pratiques énumé-
sives (fibres de verre) ou conductrices d'électricité et susceptibles de rées dans ce qui suit émanent pour la plupart de documents
générer un court-circuit (fibres de carbone) ; techniques publiés par des sociétés spécialisées, mais qu'il est
— anisotropie : dans le cas de composites à fibres orientées, on parfois apparu des indications contradictoires ; aussi est-il
peut aussi avoir une structure anisotrope (comportement différent conseillé de retenir les valeurs proposées comme valeurs de
selon la direction envisagée), ce qui s'ajoute aux difficultés d'usi- base pour effectuer quelques essais préliminaires de manière à
nage. La rigidité, par exemple, sera plus grande dans le sens longi- les confirmer ou les réajuster à l'application prévue.
tudinal des fibres que dans le sens perpendiculaire, ce qui peut, à
l'usinage, générer des déformations non souhaitées ;
— conductivité thermique : ce sont des matériaux isolants Les composites à matrice polymère ne sont généralement pas
sauf ceux chargés de particules métalliques ou renforcés de fibres conducteurs d'électricité, l'électroérosion est donc impossible, ce
de carbone. La chaleur créée par l'opération d'usinage restant qui limite les procédés utilisables à, essentiellement, l'usinage
concentrée sur la zone usinée peut entraîner une déformation ther- conventionnel, parfois qualifié d’usinage par enlèvement de
mique importante et un risque de dégradation thermique ; copeaux, l'usinage par laser, par jet d'eau et par ultrasons.
— usure des outils : la présence de fibres de verre engendre Les ultrasons ne sont que rarement utilisés, car ils sont plutôt
une usure très rapide des outils traditionnels (acier rapide). Les adaptés aux matières dures. On peut noter quelques applications
outils au carbure, voire diamantés, sont impératifs. pour la découpe de tissu de verre par exemple.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 5 215 - 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
WR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURQU
L'usinage conventionnel est toujours très utilisé, mais on peut — un mélange eau-huile soluble : dans la mesure où celle-ci ne
remarquer un fort développement des deux méthodes laser et sur- réagit pas avec le matériau ;
tout jet d'eau qui, pour la découpe et le perçage, présentent de gros — l’air : soit sous forme d'air comprimé soufflé, soit par aspira-
avantages avec les matériaux composites, hétérogènes et relative- tion. Dans ce 2e cas, s'il s'agit d'usinage créant de la poudre ou des
ment « tendres » par rapport aux métaux usuels (tableau 1). copeaux très petits, on a l'avantage de les récupérer dès leur forma-
Pour l'usinage par enlèvement de copeau, on peut faire les tion par l’usinage.
remarques générales suivantes. ■ Spécificités de comportement des composites
■ Outils ● La conductibilité thermique des composites, inférieure à celle
● En acier rapide : ils sont les moins chers à l’achat mais ils ont des métaux, oblige à limiter le plus possible la chaleur engendrée
une durée de vie moins longue, surtout avec les matériaux renforcés en diminuant la friction de l’outil.
de fibres de verre. Leur qualité de coupe est bonne à moyenne. ● La respiration de la poussière issue de l'usinage de composites
L’acier rapide est un acier allié comportant du carbone, du chrome et à base de fibres de verre est nuisible à la santé. II faut donc prévoir
du tungstène, parfois du molybdène, du vanadium et du cobalt.
● En carbure : ils ont une plus grande résistance à l’abrasion que
les aciers rapides et sont d’un bon rapport prix/usure. Les carbures
des installations d'aspiration efficaces sur les machines et veiller à
un nettoyage méticuleux après le travail.
● Des différences de comportement sont constatées selon la
R
métalliques (de tungstène mais aussi de cobalt, de titane ou de tan- nature des fibres. Ainsi, par exemple, les paramètres sont différents
tale) sont obtenus par frittage. L’outil peut être entièrement en car- selon que le composite est à base de fibres d'aramide (Kevlar® de
bure ou, plus souvent (car moins cher), constitué d’une plaquette Du Pont de Nemours par exemple) ou de polyéthylène, puis de
rapportée et fixée sur un support métallique classique. fibres de carbone, et de fibres de verre. On peut noter, par exemple,
● Diamantés : ce sont les plus chers mais pour certains usinages, que l'effort nécessaire de perçage est plus élevé pour le composite
par exemple une grande série de pièces en composites fortement à base d’aramide, un peu moins pour le composite contenant des
renforcés en fibres de verre qui génèrent une usure rapide d’outil, le fibres de carbone et plus faible pour le composite renforcé de fibres
coût global de l’usinage peut être inférieur à celui d’un usinage avec de verre. Par contre, que le stratifié soit à base de résine polyester,
une autre nature d’outil. Ils sont souvent constitués de grains de dia- ou époxyde, ou phénolique, etc., influe très peu sur les caractéristi-
mants fixés sur un support. Les dimensions et la concentration des ques d'usinage. Des détails sont donnés ci-après en fonction de la
grains ainsi que la nature du support sont à prendre en compte dans nature des fibres. Le cas de la fibre de verre peut être considéré
le choix d'un outil. La granulométrie est souvent définie par un comme le cas général de l'usinage des stratifiés. Les paragraphes
nombre : concernant les autres fibres ne donnent que des recommandations
— 40 à 60 sont des valeurs courantes ; vraiment particulières.
— 100 à 200 et plus sont des granulométries fines à extrafines ● Il faut éviter toute déformation due au dispositif de fixation sur
pour des finitions. le bâti de machine.
Ces nombres correspondent à une norme américaine. En fait, il ● Pour les stratifiés en fibres de verre : le verre est très abrasif
existe plusieurs normes pour définir la granulométrie parmi lesquel- aussi bien sous forme de fibres, courtes ou longues, que sous forme
les celle de la Fédération européenne des producteurs d'abrasifs de microbilles. L'emploi d'outils en acier rapide est par conséquent
(FEPA) et la mesure américaine en mesh qui correspondent, de la déconseillé en raison de leur usure très rapide, les carbures sont
manière suivante, à la grosseur du grain abrasif : préférables et les outils diamantés sont quasiment indispensables
FEPA - D602 = 30 à 40 mesh = grain d’environ 0,5 mm ; pour les grandes séries et les stratifiés à taux de fibres élevé.
FEPA - D252 = 60 à 80 mesh = grain d’environ 0,2 mm ; Il est recommandé d'utiliser un fluide de refroidissement pour
100 à 200 mesh = grain d’environ 0,1 mm ; réduire l'usure de l'outil et évacuer les fines particules de verre
200 à 400 mesh = grain d’environ 0,05 mm. résultant de l'usinage et qui peuvent être dangereuses pour le per-
Les normes ISO 565, NF X11-504, ASTM E11, WS Tyler sonnel de l'atelier (inhalation, contact avec les yeux). Dans certains
Cleveland 14 et BS410 concernent également la granulométrie. cas, on peut se contenter d'aspirer la poudre causée par l’usinage.
● Pour les stratifiés en fibres de carbone : les opérations d'usi-
Selon le mode de fixation des grains sur le support, on distingue :
— les outils à grains fixés par dépôt électrolytique sur un support nage recommandées pour ces matériaux sont semblables à celles
métallique à revêtement généralement au nickel. Il en résulte un conseillées pour les composites verre-résine. Cependant, en raison
outil comportant une simple couche de grains très abrasifs car très du coût de ces produits, il est essentiel d'utiliser des outils bien affû-
en relief sur la surface, ce qui implique en contrepartie une durée de tés qui assureront une meilleure qualité et éviteront des délamina-
vie assez courte car les grains sont plus facilement arrachés lors des ges impliquant une baisse des performances du matériau. Les fibres
usinages ; cependant, l'outil peut être reconstitué par un nouveau de carbone usent moins vite les outils que les fibres de verre.
dépôt ; ● Pour les stratifiés en fibres d’aramide : la fibre d’aramide est
— les outils à grains compactés à l'aide d'un liant sur un support très difficile à couper car, contrairement aux fibres de verre et de car-
métallique. Ceux-ci sont plus résistants car ils comportent plusieurs bone, elle n'est pas fragile ou cassante. Elle « fuit » devant l'outil et
couches de grains de diamants, mais ils nécessitent un refroidisse- il faut, soit la maintenir latéralement, soit donner des mouvements
ment en cours d'usinage ; à l'outil pour agir par cisaillement pur, sinon de nombreuses fibres
— les outils en diamant massif fixés sur un support métallique. sont arrachées et laissent un aspect pelucheux. Pour s'en rendre
compte, il suffit d'essayer de couper une mèche ou un tissu de fibres
Les outils diamantés sont utilisés à des vitesses supérieures à cel-
avec une paire de ciseaux classique. L'usinage (découpe ou perçage
les employées avec les aciers rapides ou les carbures.
par exemple) d'un stratifié Kevlar® se traduit par un bord de coupe
● Revêtements spéciaux anti-usure : de nombreux dévelop- recouvert de « peluches » constituées par les extrémités de fibres
pements sont en cours pour mettre au point des outils plus résis- « arrachées » plutôt que découpées nettement (un perçage Æ10 mm
tants à l'usure. Il existe ainsi des revêtements déposés sur les outils avec un outil conventionnel peut conduire à l'obtention d'un trou
en acier qui prolongent la durée de vie de manière très sensible. Ce rendu invisible après enlèvement du foret à cause des peluches qui
sont des revêtements à base de nitrure de titane, par exemple, qui recouvrent le trou percé). Des outils spécifiques « Kevlar » ont donc
multiplieraient par 2 à 5 (selon les sources d'information et le type été développés.
d'utilisation) la durée de vie d'un outil de fraisage.
● Pour les stratifiés cellulosiques : les résines renforcées de
■ Fluide de refroidissement. Ce peut être : fibres cellulosiques (bois, papier, coton) sont fréquemment usinées
— l’eau : sous forme de jet liquide continu ou vaporisé en fines à partir de demi-produits (plaque, tube…). Ce sont, en effet, les stra-
gouttelettes ; tifiés industriels, les placages pour mobilier de bureau, établi, mobi-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 5 215 - 3
WS
R
WT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRSW
RECHERCHE
Résumé : Le protocole expérimental d’usinage par jet d’eau abrasif (JEA) proposé et
validé sur une pièce isotrope (aluminium) est adapté aux matériaux composites. On
met en exergue deux différences majeures liées à l’effet du JEA entre les composites et
l’aluminium que sont l’usinabilité et les variabilités. L’usinabilité des matériaux
composites étant plus importante que celle de l’aluminium pour le JEA, pour cela, on
propose des plages de paramètres d’usinage différentes pour les composites. On établit
plusieurs modèles concernant d’une part, le débit d’abrasif optimal et, d’autre part, la
vitesse d’avance en fonction des paramètres de coupe. Par la suite, on propose un
modèle unique applicable aux deux matériaux et on illustre la pertinence du procédé
d’usinage et des modèles identifiés en présentant des applications industrielles.
Points clés
Domaine : Aéronautique et spatial
Degré de diffusion de la technologie : Émergence | Croissance | Maturité
Technologies impliquées :
Domaines d’application : réparation des matériaux composites
Principaux acteurs français :
Pôles de compétitivité : Aerospace valley
Centres de compétence :
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPQS
Industriels :
Autres acteurs dans le monde :
Contact :
WU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRSW
RECHERCHE
R quelques dixièmes de millimètre. Les particules abrasives sont usinée. Cela provient du fait que le débit de matière enlevée
transportées par de l’air puis sont introduites dans le jet d’eau varie peu avec la hauteur de coupe. À titre d’exemple, lorsque la
avec un débit d’abrasif Da de l’ordre de quelques centaines de hauteur de coupe varie de 5 mm à 30 mm, le débit de la matière
grammes par minute. Les particules abrasives sont accélérées enlevée varie de 59 mm3/min à 58 mm3/min. Par conséquent,
dans un canon de focalisation et projetées sur la pièce. Dans avec l’usinage par JEA, la profondeur usinée n’est pas affectée
l’industrie et pour des raisons économiques, ce type de par la présence de déformations liée aux relaxations des
procédé est principalement utilisé pour la découpe des maté- contraintes résiduelles contenues dans le matériau [3].
riaux difficilement usinables (titane, mousse, composites...) Dans les travaux menés sur l’usinage par jet d’eau abrasif,
avec un procédé d’enlèvement de matière conventionnel [3]. les auteurs se sont intéressés principalement à l’influence des
On trouve dans la littérature de nombreux travaux expéri- paramètres machine sur les profondeurs usinées et la qualité
mentaux et analytiques qui portent uniquement sur la découpe d’usinage [12] [13] [14] [15] [16]. Les études déjà
par jet d’eau abrasif. Parmi eux, on note ceux qui s’intéressent réalisées [12] [13] [14] se sont focalisées sur des matériaux
à la modélisation analytique du phénomène d’érosion par une isotropes avec des grandes profondeurs d’usinage. Cependant,
particule d’abrasif [4] [5] [6], à la modélisation de la vitesse d’après les travaux de Fowler et al. [15], le mode d’érosion
des particules abrasives [7] et à l’influence des paramètres de dominant en usinage par JEA dépend de la profondeur usinée.
coupe et de la taille et la dureté de l’abrasif sur la profondeur Les auteurs ont observé que les particules agissent principa-
usinée [8] [9] [10] [11]. Bien que (depuis une dizaine lement par micro-incision pour les usinages profonds alors que
d’années) Hashish [3] ait montré que le jet d’eau abrasif pré- l’érosion par rupture fragile prédomine pour les faibles profon-
sente des avantages (tels que : faible température d’usinage et deurs. De plus, ces auteurs ont souligné la présence d’un
des efforts de coupe de quelques newtons, etc.), pour le frai- couplage entre la profondeur usinée et le mode d’érosion.
sage, le tournage et le microperçage (comparé au procédé Dans d’autres travaux [16], les auteurs ont étudié l’évolution
d’enlèvement de matière conventionnel), ce dernier n’est pas du débit massique de matière enlevée en fonction des para-
encore exploité dans le domaine industriel pour l’enlèvement de mètres d’usinage (vitesse et pression), de la dureté des parti-
matière comme le fraisage. cules et de leur facteur de forme. À partir de cette étude, ils
ont relevé qu’il y a une forte probabilité de la présence d’un
Peu d’auteurs se sont intéressés à l’usinage non débouchant
couplage entre la dureté des particules d’abrasives et la
par JEA, même si parmi eux on peut évoquer les travaux des
vitesse d’avance ou entre le facteur de forme des particules
auteurs de [12] [13] [14] [15] [16]. Les travaux de [1] [12]
d’abrasives et la vitesse d’avance. Enfin, les travaux de Lauri-
montrent que le JEA provoque un enlèvement de matière à pro-
nat et al. [17] mentionnent la présence de couplage entre la
fondeur constante h alors que, par l’usinage conventionnel, on
longueur du canon et le débit d’abrasif et leur influence sur le
usine à cote constante. La figure 1 compare de façon schémati-
débit de matière enlevée.
que deux situations d’usinage : l’une obtenue avec le JEA et
l’autre avec un outil coupant sur une pièce de forme avec un L’objectif principal de cet article est de proposer une métho-
tracé d’outil rectiligne. L’apparition de déformations résiduelles dologie d’optimisation des paramètres de coupe afin de réali-
de cuisson dans les panneaux en matériaux composites de fai- ser un usinage non débouchant par jet d’eau abrasif, et de
bles épaisseurs rend leur usinage par outil coupant (fraisage) proposer des modèles de prédiction de la profondeur usinée
très délicat. Les contraintes associées sont généralement équili- en fonction des paramètres de coupe. Les profondeurs de
brées grâce au choix d’une séquence d’empilement qui respecte coupe visées dans cette étude sont représentatives de l’épais-
la symétrie miroir. Mais en supprimant localement (ou seur d’un pli de plaque composite stratifiée (200 µm). De cette
complètement) cette symétrie, l’usinage provoque une déforma- façon, il peut être possible d’exploiter la capacité du JEA pour
tion de la pièce par redistribution des contraintes. De ce fait, le la réparation des zones endommagées dans une structure en
profil de la pièce composite peut évoluer au cours de l’usinage et matériau composite.
Hauteur de coupe : s
Figure 1 – Comparaison entre l’usinage JEA à profondeur constante (a) et l’usinage conventionnel à cote constante (b)
WV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRSW
RECHERCHE
Usinages acceptables
10 mm
Figure 2 – Photos d’usinages sur M21-T700GC (a) et sur HexFIT (b) avec des exemples de poches à trop grande rugosité,
de poches délaminées et d’usinages acceptables
WW
R
WX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRP
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AM 5 220 − 1
WY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRP
R Pour en savoir plus, le lecteur consultera utilement les références [3] à [9].
Abréviations utilisées
(0)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 5 220 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
XP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRP
R
— des nids d’abeilles divers : aluminium, Nomex (à base de Afin de rendre la surface rugueuse et plus facile à mouiller par
fibres aramides ou Kevlar) ; l’adhésif, et d’éliminer la couche superficielle qui contient l’agent
de démoulage, on procédera souvent à une abrasion de la surface
— des pièces composites de formes courbes, raidisseurs, profilés
avec un papier abrasif dont le grain ne doit pas être trop gros car
pultrudés, réalisés à partir de préimprégnés thermodurcissables,
il ne faut pas aller en profondeur jusqu’aux fibres de renfort,
qui doivent alors être collés ou stratifiés par cocuisson (cuisson
celles-ci devant rester enrobées et intactes.
simultanée de la résine, du composite et de l’adhésif). Il s’agit alors
de collages composite sur composite ;
On peut aussi utiliser un tampon abrasif (utilisé pour le récurage
— des pièces composites réalisées avec des polymères thermo-
par exemple), éventuellement imprégné d’un détergent léger pour
plastiques divers (PE, PP, nylon, polycarbonates, PPS, PEEK...) par
éliminer les produits de démoulage.
exemple en mécanique, électroménager... ;
— des pièces métalliques (cadres, attaches, charnières, inserts,
Après abrasion, on doit bien sûr dépoussiérer et nettoyer soi-
renforts) à coller sur les pièces en composites. Ces pièces peuvent
gneusement la surface avec un solvant adapté.
être en alliages d’aluminium, ou en titane dans le domaine
aéronautique, ou en acier pour l’automobile, en laiton ou duralu-
min pour les inserts ;
— des panneaux-sandwichs à assembler et coller sur eux-
mêmes, sur des raidisseurs ou sur des cadres ; 2.3 Système « Tear ply »
— éventuellement on peut coller des composites sur bois dans (ou tissu de délaminage)
le bâtiment ou en ameublement, sur béton dans le bâtiment..., sur
des hublots en verre ou plastique transparent pour la fabrication
de hublots des peaux en composites sur mousses isolantes.
Le système tear ply (ou tissu de délaminage) peut être utilisé
pour obtenir une surface propre. La figure 1 montre ce système qui
consiste à appliquer lors de la fabrication du composite, une feuille
de Dacron ou autre textile à la surface externe, dans la couche
superficielle de résine. Lorsque l’on doit procéder au collage, il suf-
2. Préparation des surfaces fit de peler cette feuille pour trouver en dessous un matériau pro-
pre, dépourvu de toute pollution ou agent de démoulage.
On peut considérer que les composites se traitent et se collent
comme le polymère constituant leur matrice. Nous renverrons
donc le lecteur à l’article Assemblage par collage [A 3 758] dans ce
traité. Nous étudierons cependant ici en détail les modes de pré-
paration des surfaces propres aux matériaux composites. Nous ne Tissu à délaminer
traiterons évidemment pas le traitement de surface des fibres de
renfort (« ensimage ») pour promouvoir l’adhérence des résines
sur les fibres car ceci a été traité dans les articles concernant la
fabrication des matériaux composites et les fibres de renforcement
(voir articles spécialisés dans ce traité).
Surface propre
pour le collage
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AM 5 220 − 3
XQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRP
Traitements de surface
Polymères
Aucune Nettoyage Abrasion Plasma
Acide
Sulfo- Sodium
Flamme Silination chromique naphtalénide sulfonique Résorcinol
Pression Faible de toluène
ambiante pression
de mélamine et d’urée ● ● ● ● ●
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 5 220 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
XR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRP
R
pare-chocs automobile
Pupitre de commande en polypropylène) au préalable avec un sensibilisateur qui peut être un solvant
du brûleur Robot halogéné tel que le trichloéthylène.
(automatisme et fluides)
Dans les conditions les meilleures, la tension superficielle passe
de 31 · 10–5 N · cm–1 à 44 · 10–5 N · cm–1.
Figure 2 – Système de flammage embarqué sur robot (source IPROS)
Tableau 2 – Efficacité comparée de divers traitements plasma sur différents matériaux composites :
collage à recouvrement testé en cisaillement (source ASM international)
Adhésif époxyde Adhésif PU
Traitement plasma :
Matériau composite collé
gaz utilisés (1) Force de cisaillement Mode de rupture Force de cisaillement Mode de rupture
(MPa) (2) (MPa) (2)
Résine polyester (Valox 310) aucun 3,6 RA 1,3 RA
oxygène 11,3 RCM 1,5 RA
ammoniac 9,8 RCM 6,6 RA
Poly(phénylène éther) aucun 4,3 RA 1,5 RA
(Noryl 731)
oxygène 10,2 RA 13,0 RCM
ammoniac 12,4 RCM 6,6 RA
Polyétherimide (Ultem 1000) contrôle (aucun) 1,3 RA – –
oxygène 13,4 RCM – –
ammoniac 14,2 RCM – –
Polycarbonate (Lexan 121) contrôle 11,7 RA 3,7 RA
oxygène 15,5 RCM 7,8 RCA
ammoniac 4,7 RA 3,2 RCA
Polyacétal (Delrin 503) contrôle 1,1 RA 0,2 RA
oxygène 4,5 RA 9,3 RA
ammoniac 3,9 RA 2,7 RA
(1) Contrôle = témoin = sans traitement.
(2) RA : rupture adhésive ;
RCM : rupture cohésive dans le matériau ;
RCA : rupture cohésive dans l’adhésif.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AM 5 220 − 5
XS
R
XT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRQ
R
Ingénieur de l’École supérieure de physique et chimie de Paris
Expert près les tribunaux,
Ancien Directeur commercial à la société Bostik Findley
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AM 5 221 − 1
XU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRQ
COLLAGE DES COM POSITES : CON STRUCTION S AÉROSPATIALE, AUTOM OB ILE ET FERROVIAIRE _______________________________________________________
de fibres de verre, — soit moulé par compression, soit injecté — qui étaient
collés ou boulonnés avec des inserts, sur une caisse squelette métallique.
Les pare-chocs anciens en métal ont été remplacés à partir de 1972 par des
boucliers en SMC (Sheet Moulding Compound), comme sur la Renault R 5, et
ces boucliers et pare-chocs en composite ont ensuite évolué vers des pièces
composites en deux parties avec renforts assemblées par collage.
L’utilisation de pièces en plastiques et en composites entraîne la nécessité
d’assembler soit par collage, soit par des inserts métalliques noyés dans la
résine et qui permettent ensuite d’assembler par vis et boulons.
L’utilisation de plastiques et composites augmente aussi dans le secteur des
R
transports ferroviaires, principalement dans le métro, ce qui implique le
recours au collage des composites dans ces secteurs également.
Le lecteur pourra se reporter utilement à l’article [AM 5 220] Collage des composites. Carac-
téristiques et choix des adhésifs et [Doc. AM 5 220] dans lequel il trouvera des informations
techniques, des listes de fournisseurs d’adhésifs, de matériels, de services, des normes ainsi
que des sources d’informations (sites Internet, organismes de normalisation ou centres de
compétences).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 5 221 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
XV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRQ
______________________________________________________ COLLAGE DES COM POSITES : CON STRUCTION S AÉROSPATIALE, AUTOM OB ILE ET FERROVIAIRE
Karmans ou carénages en
préimprégné carbone-époxyde
sur nida composite
R
Radome en sandwich : époxyde, nida Nomex®
peau époxyde ou BMI/verre ou Hexweb®
sur nida composite - pièce monolithique non
(la plus ancienne utilisation collée (attaches métalliques
dès 1960) collées ou insérées dans
Aileron canard en peau le composite)
carbone-époxyde et âme
en nida : Dérive de gouvernail en
composite (non métallique) (plusieurs possibilités
assemblée par cocuisson dès 1975) :
- caisson monolithique
(carbone-époxyde …)
- sandwich
Figure 1 – Pièces en composites collées dans un avion de combat moderne (source : Hexcel Composites 2002)
revêtements composites est réalisé par boulonnage sur une sous- ■ Cocuisson
structure métallique ou composite. C’est le cas par exemple d’ailes La pièce est réalisée en une seule opération : la stratification et
ou de dérives qui incorporent les réservoirs de carburant. Il n’y a le durcissement des revêtements composites sont réalisés en
donc pas de collage ; même temps que leur collage, par exemple sur nids d’abeilles ou
— pour les pièces complexes (figure 2b), le collage et la sur les fixations métalliques ou sur les renforts (métalliques ou
cocuisson (cf. [AM 5 220]) sont utilisés. composites).
Cette technique rapide est utilisée pour des pièces secondaires
■ Collage (portes, trappes, carénages). Le contrôle final de la pièce ne peut
être que global, donc certains défauts peuvent ne pas être détec-
Dans le cas des caissons collés, on assemble les différentes piè- tés. Nous verrons au paragraphe 1.4.2 l’exemple de la fabrication
ces élémentaires, elles-mêmes composites ou métalliques, par col- des aérofreins de l’avion de combat F 15 américain.
lage sur une sous-structure qui peut être soit composite soit en
métal de faible coefficient de dilatation comme le titane pour ■ Selon que les pièces sont monolithiques, collées ou cocuites, les
réduire les tensions dans les plans de collage lors de fortes varia- conditions de polymérisation seront de 180 à 120 oC sous des pres-
tions de température (sur avions militaires et supersoniques ainsi sions de 1 à 7 bar, dans le cas des adhésifs époxydes.
que dans l’aérospatiale). La cuisson des pièces et des adhésifs est toujours réalisée dans
des autoclaves de grandes dimensions (figure 3) qui permettent de
Exemple : gouvernail du Mirage 2000 les porter à des températures de 100 à 300 oC (ces températures éle-
Le revêtement est en hybride bore/carbone-époxyde afin d’obtenir vées étant nécessaires pour le durcissement des polyimides et bis-
une très grande rigidité du caisson de torsion. Le collage est réalisé maléimides), sous des pressions de 1 à 15 bar, avec des montées en
avec un adhésif époxyde en film, à haut module. température programmables, conformément aux instructions des
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AM 5 221 − 3
XW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRQ
COLLAGE DES COM POSITES : CON STRUCTION S AÉROSPATIALE, AUTOM OB ILE ET FERROVIAIRE _______________________________________________________
R Carène intégrale
(réalisée par moulage intégral)
Panneaux autoraidis
(réalisés par moulage intégral)
plus utilisées au monde pour le collage des composites en
aéronautique : ceux de la société Loctite Aerospace (marque
Hysol), et ceux de la société Hexcel (qui a repris les adhésifs en
films Redux de la société Ciba). Les Redux étaient, à l’origine, uni-
quement à base de phénolique + formol polyvinylique. Certains
adhésifs en pâte de la société Ciba sont maintenant commerciali-
sés sous le nouveau nom de Ciba à savoir Huntsman Chemicals.
Les adhésifs pour l’aéronautique sont normalisés depuis
quarante ans de façon très sérieuse. Le lecteur peut trouver en
Longerons sinus
(réalisés par moulage intégral) [Doc. AM 5 220] les normes, américaines principalement, mais
aussi européennes, concernant ces adhésifs, ainsi que des normes
a pièces monolithiques concernant le collage structural des métaux et des matériaux
composites.
Dans la pratique, on utilise des normes aéronautiques ASTM ou
militaires (série MIL spécifications) ainsi que des spécifications
constructeurs (Boeing, Airbus) concernant le collage des métaux.
Caissons sandwichs
cocuits (porte)
Caissons sandwichs
nid d'abeilles collés (aileron)
1.4 Pièces composites collées
dans un avion moderne
b caissons composites
Les figures 1 et 4 montrent les pièces composites qui peuvent être
Figure 2 – Techniques de fabrication utilisées sur les avions collées ou cocuites dans un avion militaire et dans un avion de trans-
(source : Avions Dassault) port civil. Nous allons étudier celles qui sont réalisées par collage.
Options de chauffage :
- soit par tubes radiants à gaz
avec ventilation de l'air
- soit par chauffage électrique
Système de pressurisation
jusqu'à 30 bar par air haute pression
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 5 221 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
XX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRR
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AM 5 222 − 1
XY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRR
Cet article s’insère dans une série consacrée au collage des composites :
— Collage des composites. Caractéristiques et choix des adhésifs [AM 5 220] ;
— Collage des composites en constructions aéronautique, automobile et ferroviaire
[AM 5 221] ;
— Collage des composites dans diverses industries [AM 5 222] ;
— Collage des composites. Pour en savoir plus [Doc. AM 5 220], dans lequel le lecteur trou-
vera des informations techniques (notices techniques de certains adhésifs), des listes de
fournisseurs d’adhésifs, de matériels, de services, des normes françaises, européennes, inter-
nationales et américaines ainsi que des sources d’informations (sites Internet, organismes de
normalisation ou centres de compétences).
R 1. Construction navale
1.1 Techniques d’assemblage
Vide
et de collage
Les figures 1, 2, 3 et 4 montrent diverses techniques d’assemblage
par stratification (technique présentée dans l’article [BM 7 624]) et Jonction souple
collage que nous allons discuter en donnant quelques exemples.
Étant donné la grande taille des pièces, le durcissement des Stratifié de renfort
résines et adhésifs a toujours lieu à température ambiante. Ces pour augmenter
adhésifs sont donc à deux composants, sauf pour quelques pièces la base d'appui
de bateaux de course à très hautes performances pour lesquelles
on utilise parfois le durcissement à chaud par cocuisson pour met-
tre en œuvre des résines et des fibres de renfort à hautes perfor-
Jonction rigide
mances (époxydes, fibres de carbone).
avant la cornière
L’environnement, les contraintes auxquels sont soumis les navi-
res imposent quelques exigences aux assemblages par collage
qu’ils comportent :
— tenue à l’eau de mer, avec un contact fréquent ou permanent :
au fond du bateau, l’eau de mer stagne souvent de façon presque Jonction avec cornière d'appui
permanente. Le tableau 1 indique les résistances à l’eau de quel-
ques plastiques renforcés (spécifications américaines). L’eau plus
chaude de certains pays est plus agressive. Les adhésifs devront
avoir des résistances à l’eau compatibles avec celles des plastiques
renforcés de verre ;
— résistance à la fatigue et aux sollicitations alternées dues aux
chocs des vagues sur la coque : un choc toutes les cinq ou six
secondes donne 600 000 chocs au bout de 1 000 heures de mer. À Jonction boulonnée sur cornière stratifiée
cet égard, les adhésifs polyuréthanes (PU) ou uréthanes-acrylates,
souples, sont plus intéressants que les adhésifs ou mastics poly-
esters, ou les époxydes rigides ;
— durabilité : la durée de vie d’un bateau de pêche est de
30 ans, avec un certain nombre d’heures de mer qui le soumettent
à la fatigue. Un catamaran de compétition, en raison de la recher-
che de vitesse, fatigue aussi à la mer, et il peut, comme on l’a sou-
vent vu, casser au niveau des poutres et des emplantures de mâts,
par excès de finesse et de voilure ; Jonction avec embout à épaisseur dégressive
— abaissement du poids des superstructures, afin d’abaisser le
centre de gravité ;
— abaissement du coût de fabrication en série ; Zone non
— application manuelle de l’adhésif sur de grandes pièces, ce accessible
qui exige une durée pratique d’utilisation du mélange de une à
deux heures, sauf si l’on utilise une pompe de mélange des deux
composants.
Assemblage d'angle
1.3 Matériaux utilisés
Figure 1 – Assemblage par stratification en construction navale :
Pour les bateaux de plaisance ou de pêche, on construit les jonctions en angle droit (membrures, renforts, cloisons)
coques en stratifiés polyester-verre. (source : CETIM)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 5 222 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
YP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amURRR
Bordé h
extérieur
Point 2q q
p> p> h
dur 3 2
1 mat
membrure de Mat
raidissement
(si h > valeur recommandée)
R
a assemblage de membrure dans une coque h > 15 mm pour 1 000 g/m2
du stratifié le plus faible
Pont
Point en sandwich
dur
Joint en bideau
biseau
Mousse
Tableau 1 – Spécifications américaines de tenue de résistance à l’immersion dans l’eau des stratifiés
utilisés en construction navale (spécifications américaines militaires MIL-P-17549)
Valeurs exigées pour les divers types de stratifiés (1)
Conditions Unités
Propriétés
d’essai de mesure
Grade 1 Grade 2 Grade 3 Grade 4 Grade 5 Grade W
Teneur en résine (mini maxi) – % 35-43 42-52 45-59 55-65 65-75 45-56
(1) Définitions des grades :
Grade 1 : Stratifié tissu style 181 ;
Grade 2 : Stratifié tissu style 1000 ;
Grade 3 : Stratifié tissu style 1044 ;
Grade 4 : Stratifié mat de verre ;
Grade 5 : Stratifié mat de verre haute teneur en résine ;
Grade W : Stratifié roving tissé.
(2) Essai à l’état humide : après 2 heures dans l’eau bouillante.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur AM 5 222 − 3
YQ
R
YR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
trpTPSV
YS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
trpTPSV
DIMENSIONNEMENT DES TROUS ET DES ASSEMBLAGES DANS LES STRUCTURES COMPOSITES ___________________________________________________
YT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
trpTPSV
___________________________________________________ DIMENSIONNEMENT DES TROUS ET DES ASSEMBLAGES DANS LES STRUCTURES COMPOSITES
Quelques
1.1 Comportement du pli dixièmes de
millimètres
Une plaque stratifiée composite est composée de plusieurs plis
de composite unidirectionnels (figure 1) ou tissés [1] [2] [3] [4] [5] Fibres de carbone, verre, Résine polymère :
[6] [7] [BM 5 080] [AM 5 000]. Vous noterez que, sur la figure 1, le Kevlar, PE…(diamètre époxy, PEEK, PPS, PE…
R
cas d’un stratifié avec seulement des plis dans une direction est quelques µm à quelques
présenté mais ce cas est inenvisageable dans la réalité car il serait dizaines de µm)
trop fragile dans les directions autres que celle des fibres. La direc-
tion des différents plis dépendra du type de sollicitation auquel le Figure 2 – Stratifié UD carbone/époxy
stratifié est soumis, sans oublier qu’autour d’un trou les
contraintes étant largement multiaxiales, des fibres dans toutes les
directions seront nécessaires (§ 3.1).
Chaque pli est lui-même composé de fibres et de résine. Dans le
cadre de cet article je me limiterai au cas des composites orga-
z
niques, c’est-à-dire composés à partir de matériaux dérivés du
pétrole, et donc du carbone. Les principales résines sont l’époxy, le
PEEK (polyétheréthercétone), le PPS (sulfure de polyphénylène), le
PE (polyéthylène) et les principales fibres sont le carbone, le verre,
le Kevlar ou le PE (polyéthylène) [5] [AM 5 000] [BM 5 080]. Prati-
quement le taux de fibre varie entre 30 et 65 %, plus il est haut et
plus le matériau est résistant, mais plus il est fragile. Il faut en effet
garder à l’esprit que la fibre est en général plus résistante et fragile t
que la résine, et que cette résine est là pour rendre le matériau
moins fragile. Pour rappel, pour des fibres circulaires le taux de I
fibre maximum est de 74 % dans le cas idéal [5] [AM 5 000] ; dans
la pratique on atteint au maximum entre 60 et 65 %. Figure 3 – Définition du repère d’un pli UD
Par exemple, dans le cas d’un pli unidirectionnel, toutes les
fibres sont alignées dans la même direction et cela donne un maté-
riau qui ressemble à la figure 2. Pour la suite de cet article je me On peut donc écrire les contraintes et les déformations en 2D :
limiterai à ce cas, mais cette démarche peut facilement se généra-
liser au cas d’un tissu.
(2)
L’épaisseur d’un stratifié composite étant en général faible
(quelques millimètres), les contraintes hors plan peuvent être
négligées et les contraintes peuvent donc être supposées planes Néanmoins afin de simplifier les écritures on a l’habitude de
dans le plan du stratifié (figure 3), où correspond à la direc- noter les contraintes et les déformations sous forme de vecteur.
tion longitudinale, ou encore à la direction des fibres, t à la direc- Attention ce n’est qu’une notation et cela ne veut pas dire que les
tion transverse et z à la direction hors plan : propriétés mathématiques associées aux vecteurs s’appliquent
(par exemple la règle de la rotation) ; il faut garder à l’esprit que ce
sont des matrices avec les propriétés mathématiques associées à
des matrices. De plus on utilise la cisaillement plutôt que le
(1) cisaillement , avec le fameux coefficient 2 entre les deux :
(3)
Stratifié unidirectionnel Stratifié quasi-isotrope où sont les modules de Young dans les directions et t,
le coefficient de Poisson et le module de cisaillement dans le
plan. Par exemple, pour un carbone/époxy unidirectionnel classi-
Figure 1 – Stratifié unidirectionnel et quasi-isotrope quement utilisé dans l’industrie aéronautique [1] [5] [AM 5 645] tel
YU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
trpTPSV
DIMENSIONNEMENT DES TROUS ET DES ASSEMBLAGES DANS LES STRUCTURES COMPOSITES ___________________________________________________
que le T700/M21 (T700 représente la référence d’une fibre de car- pour le problème 3D, où vous auriez simplement besoin des
bone fabriquée par Toray [8] et M21 la référence d’une résine contraintes et des déformations (en tout dans le cas d’un modèle
époxy fabriquée par Hexcel [9]), on obtient : élastique) dans chaque pli :
(5) (8)
R
d’une matrice alors que dans la réalité c’est un tenseur d’ordre 4 flux de moment, des efforts, des moments... et les déformations
(que je souligne 4 fois pour ne pas l’oublier, même si par la suite je généralisées pourront consister en des déformations, des cour-
l’omettrai pour simplifier les notations) : bures, des rotations... (cela dépendra de la richesse du modèle).
Dans le cas des plaques qui nous intéresse ici nous allons nous
(6) limiter au cas où la plaque est sollicitée en membrane, c’est-à-dire
lorsque la plaque est sollicitée par des efforts plans et qu’elle se
Par la suite nous auront besoin de la matrice de raideur, qui est déforme dans le plan. Pour rappel une plaque peut être déformée
évidemment l’inverse de la matrice de souplesse : en membrane et/ou en flexion (figure 5), et pour qu’une plaque
soit sollicitée seulement en membrane, il faut que les efforts de
sollicitations soient plans mais également que la plaque soit symé-
trique par rapport à son plan médian (sinon lorsque vous la sollici-
tez en membrane, une flexion sera générée) ; cette symétrie porte
(7) le nom de symétrie miroir, et, en pratique, une grande majorité
des drapages utilisés industriellement présentent cette symétrie
miroir [5] [10] [BM 5 080].
En réalité on peut montrer qu’il existe quelques cas particuliers
de drapages ne présentant pas la symétrie miroir et ne présentant
pas de couplage membrane/flexion (c’est-à-dire qu’une sollicitation
1.2 Modèle de plaque de membrane n’induit pas de déformation de flexion, et inverse-
ment), ce sont les drapages QIQH (quasi-isotropes quasi-
Maintenant que nous avons rappelé le comportement élastique homogènes) [11], mais ces drapages restent assez anecdotiques et
d’un pli nous allons pouvoir revenir sur le modèle plaque compo- sont peu utilisés.
site. Le principe d’un modèle plaque est de ramener toutes les
informations nécessaires au calcul sur le plan moyen (on peut éga- Dans la pratique si l’on évite d’utiliser des drapages ne présentant
lement utiliser un autre plan si besoin), puis une fois le calcul pas la symétrie miroir, et qui présenteraient donc un couplage
effectué sur le plan moyen, on va ensuite pouvoir déterminer les membrane/flexion, c’est principalement à cause de leur fabrication.
contraintes et les déformations dans tous les plis du stratifié En effet, le coefficient de dilation des composites n’est pas le même
(figure 4). L’intérêt de ce type de démarche est évidemment de
passer d’un problème 3D à un problème 2D qui sera beaucoup
plus simple, et en particulier le modèle par éléments finis présen-
tera beaucoup moins de degrés de liberté et le temps de calcul
sera dès lors bien plus raisonnable ! Pour faciliter les notations
nous noterons z = 0 le plan moyen, nous numéroterons les plis du
bas vers le haut et zk représente la coordonnée selon z de la face
supérieure du pli k (figure 4).
La contrepartie du modèle plaque par rapport à un modèle 3D,
c’est que les informations dont vous aurez besoin sur le plan
moyen sont en général plus complexes et plus nombreuses que
a en membrane
z Interface
k
k–1
2
1
pli 0 y
zk
ek pli k
h zk–1 Plan moyen
z2 z=0
z1 pli 2
z0
b en flexion
x pli1
Coordonnée z
Figure 5 – Schéma d’une plaque sollicitée en membrane et en
Figure 4 – Notation des plis dans un stratifié flexion
YV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
trpTPSV
___________________________________________________ DIMENSIONNEMENT DES TROUS ET DES ASSEMBLAGES DANS LES STRUCTURES COMPOSITES
z
120 °C Après refroidissement
Plan moyen
u (M (x , y , z ))
YW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
trpTPSV
DIMENSIONNEMENT DES TROUS ET DES ASSEMBLAGES DANS LES STRUCTURES COMPOSITES ___________________________________________________
Txy Ny
z
Txy (13)
y
x
R
Txy
Nx
où sont les contraintes de traction (resp. compression) à
rupture dans la direction longitudinale, les contraintes
Figure 9 – Flux d’effort d’une plaque avec symétrie miroir sollicitée
en membrane de traction (resp. compression) à rupture dans la direction trans-
verse, et la contrainte à rupture en cisaillement. Par exemple,
pour le T700/M21 précédemment évoqué [8] [9], on obtient :
Il ne reste plus qu’à sommer les contraintes selon l’épaisseur de
la plaque afin d’obtenir les flux d’effort :
(14)
(11)
Vous noterez que dans ce critère (comme dans bien d’autres tel
que, par exemple, le critère de Von Mises), on somme le carré des
où Nx est le flux d’effort de traction/compression (selon son signe) contraintes, adimensionnées par les contraintes à ruptures corres-
selon x, Ny le flux d’effort de traction/compression selon y et Txy le pondantes. Cela revient à sommer l’énergie associée à chaque
flux d’effort de cisaillement selon (x, y). mode de rupture ; le terme en correspondant à la rupture des
Vous noterez que l’unité des flux d’effort est donc le N/m, ou le fibres, le terme en σt à la rupture matricielle, le terme en à un
N/mm. Physiquement un flux d’effort Nx de 1 N/mm signifie que terme de couplage (qui se révèle peu pertinent dans la pratique et
l’effort sur la face de normale x (– x) d’une plaque de longueur peut avantageusement être oublié) et le terme en à la rupture
1 mm selon y est de 1 N selon x (– x) ou qu’un flux d’effort Txy de en cisaillement (associée à la fois à la matrice et aux fibres).
1 N/mm signifie que l’effort sur la face de normale x (– x) d’une Dans la pratique le critère de Tai-Hill a tendance à trop prendre
plaque de longueur 10 mm selon y est de 10 N selon y (– y) et que en compte la fissuration matricielle des composites unidirection-
l’effort sur la face de normale y (– y) d’une plaque de longueur nels et on utilise souvent le critère de Yamada-Sun dans lequel la
10 mm selon x est de 10 N selon x (– x) (figure 9). fissuration matricielle a été retirée :
Si maintenant on considère le comportement du pli k, supposé
orthotrope élastique linéaire, avec une matrice de raideur notée
Qk, alors on obtient que les flux d’efforts de la plaque peuvent être (15)
obtenus en sommant les matrices de raideurs des plis et en les
multipliant par les déformations (qui sont les mêmes pour tous les
plis) : En effet on montre qu’un matériau composite, même après avoir
été endommagé en fissuration matricielle, peut encore supporter
des efforts importants. Et comme dans le même temps la majorité
de la raideur du stratifié est due aux fibres, même après fissuration
(12) matricielle la rigidité globale du stratifié sera peu affectée. Autre-
ment dit, si vous dimensionnez votre composite afin d’éviter la fis-
suration matricielle vous aurez tendance à largement sous-estimer
ses capacités et donc à surdimensionner votre structure.
La contrepartie est qu’il faut faire attention à ce que cette fissura-
où ek est l’épaisseur du pli k et A est la matrice de rigidité du stra- tion matricielle ne devienne pas critique, et donc qu’une fois cette
tifié. fissuration matricielle présente dans le stratifié, elle ne provoque
Attention, pour que cette formule soit valable, et pour pouvoir pas de rupture trop importante. Il faut donc disposer un pli perpen-
sommer les matrices de rigidité Qk des différents plis, il faut diculaire au pli présentant de la fissuration matricielle afin de sup-
qu’elles soient exprimées dans le même repère, ici le repère global porter l’effort qui ne sera plus repris selon la direction transverse.
du stratifié (x, y). Il sera donc nécessaire d’effectuer une rotation Autrement dit le critère de Yamada-Sun doit être utilisé seulement
de la matrice de rigidité de chaque pli du repère local du pli si chaque direction de pli est associée avec au moins un pli dans la
vers le repère global (x, y). direction perpendiculaire.
Le modèle plaque membrane peut donc se résumer à cette for- Cette condition est très souvent vérifiée dans les cas réels. Par
mule entre les déformations et les flux d’effort, via la matrice de exemple, dans les cas classiques où l’on utilise seulement des plis
rigidité A. Vous pourrez donc effectuer les calculs de la structure à 0°, 90°, 45° et – 45°, on mettra au moins 8 à 10 % de plis dans
complète avec des éléments plaques, puis une fois les déforma- chaque direction afin de remplir cette condition (§ 3.1). De plus,
tions obtenues, remonter aux contraintes dans chaque pli afin même si le stratifié est principalement sollicité dans une direction
d’appliquer un critère de rupture pour chaque pli [1] [2] [3] [4] [5] donnée, comme il présentera également un certain nombre de
[6] [7] [BM 5 080]. trous et de vis/rivets, alors localement les contraintes seront
YX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
trpTPSV
___________________________________________________ DIMENSIONNEMENT DES TROUS ET DES ASSEMBLAGES DANS LES STRUCTURES COMPOSITES
R
. Attention ces déformations sont exprimées dans le repère
(x, y) ; Figure 10 – Géométrie d’une plaque trouée chargée par un flux
– on effectue la rotation de la déformation dans le repère de d’effort en traction à l’infini
chaque pli. Comme on est en membrane avec symétrie miroir tous
les plis voient la même déformation ;
– on multiplie cette déformation par la matrice de rigidité de Vous noterez ici que le drapage utilisé respecte bien la règle des 8
chaque pli (7) afin d’obtenir les contraintes de chaque pli dans le à 10 % de pli dans chaque direction (§ 3.1), et la présence des plis
repère ; à ± 45° en surface permet d’augmenter la tenue au flambage et de
– on applique le critère choisi, par exemple celui de Yamada- protéger les plis supportant les efforts principaux [1] [2] [3] [4] [5]
Sun (15), afin de déterminer s’il y a rupture du pli considéré. On [6] [7], ici les plis à 0°.
doit évidemment effectuer ce calcul du critère pour tous les plis.
Nous allons supposer que cette plaque trouée est soumise à un
Afin de caractériser la rupture on utilise souvent un indicateur de flux d’effort de traction appliqué à l’infini (en pratique suffisam-
rupture du type : ment loin du trou) :
(20)
(16)
Commençons par déterminer si la plaque lisse (c’est-à-dire sans
trou) casse lorsqu’elle est soumise à ce flux d’effort. Pour cela il
faut commencer par calculer la matrice de rigidité du stratifié à
(17) l’aide de l’équation (12), ce qui donne ici :
(22)
2. Dimensionnement
des plaques trouées On peut alors définir les rigidités équivalentes du stratifié. Pour
cela, imaginez que je vous donne cette plaque stratifiée sans vous
dire qu’elle est composée de plusieurs couches différentes ; dans
2.1 Rupture de la plaque lisse ce cas vous auriez alors mesuré les module de Young, coefficient
Nous allons étudier une plaque composite stratifiée trouée en de Poisson et rigidité de cisaillement en effectuant des essais de
traction dont les dimensions sont données sur la figure 10. On traction et/ou de cisaillement et vous auriez trouvé des modules
supposera que le matériau est l’unidirectionnel carbone/époxy équivalents que vous auriez pu mettre sous la forme d’une matrice
T700/M21 évoqué précédemment avec une épaisseur par pli de de rigidité équivalente Q. Cela aurait donné pour le stratifié consi-
0,25 mm dont les caractéristiques élastiques sont données déré ici :
équation (5) et les caractéristiques à rupture équation (14). Nous
allons considérer le drapage suivant :
(23)
(18)
soit au total 10 plis pour une épaisseur totale de 2,5 mm. Sur cette
notation le S en indice signifie évidemment la symétrie miroir,
autrement dit le drapage réel est : Et l’on retrouve logiquement que le stratifié présente une raideur
plus importante dans la direction x que dans la direction y car il y
(19) a plus de plis à 0° qu’à 90°.
YY
R
QPP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amUXYU
R
Responsable du Département Technologie des Polymères et Composites
Ingénierie Mécanique de l’École des Mines de Douai
QPQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amUXYU
R
de la filière composites, l’identification et la mise en place de solu-
plastiques (polypropylène, polyamide …). Les renforts, très majori-
tions alternatives à la mise en décharge des déchets de production
tairement à base de verre, et dans une moindre mesure à base de
et au-delà des produits en fin de vie est cruciale [2]. Différentes
carbone ou aramide, sont utilisés sous des formes diverses allant
de la fibre (coupée courte ou longue, ou continue) aux tissus et solutions de valorisation ont été imaginées (cf § 3, 4 et 5).
préformes textiles complexes, parfois associés à des charges
minérales. Il y a peu de formulations standard, et pour la majorité
des applications, le type et le taux des constituants (résine, renfort,
charges) sont définis spécifiquement « à façon » en fonction du cas 2. Gisement de déchets
d’application finale particulier. Ces matériaux sont en outre sou-
vent associés à d’autres (inserts métalliques pour faciliter les composites à valoriser
assemblages, âmes en mousses pour alléger) dans les modules
complexes. Le marché mondial en volume des composites pèse environ
Perçue de ce fait comme étant difficile ou pour le moins perfecti- 7,6 millions de tonnes/an dont environ 65 à 70 % de thermodurcis-
ble du fait de leur hétérogénéité et de la prédominance actuelle sables (chiffres 2005). La part de l’Europe est de l’ordre de 24 %,
des formulations thermodurcies, la recyclabilité des composites soit 1,8 millions de tonnes/an. Les secteurs applicatifs concernés
peut toutefois constituer un frein à leur pénétration plus large de [3] sont :
certains marchés. Contrairement aux idées reçues, l’apparition sur – l’automobile et les transports (26 % en volume) ;
le marché des « bio » ou « agro » composites associant matrices et – la construction et le génie civil (30 %) ;
renforts issus de ressources renouvelables, végétales en général,
– les équipements électriques et électroniques (14 %) ;
ne constitue pas une panacée dans la mesure où le problème de
leur recyclage subsiste. Les applications visées pour les composi- – les sports, loisirs et la construction nautique (16 %) ;
tes structuraux sont en effet durables, et dans ce cas, contrairement – l’aéronautique ne représentant que 3 % en volume (mais 18 %
au secteur de l’emballage, la biodégradabilité des formulations n’est en valeur).
pas un avantage mais plutôt un inconvénient que l’on cherche à La France représente environ 300 000 tonnes/an. Sur cette base,
pallier. on peut estimer que l’automobile en consomme 108 000 tonnes/
an, les équipements électriques et électroniques 45 000 tonnes/an,
les sports, loisirs et la construction nautique 36 000 tonnes/an [4].
1.2 Impératif du recyclage Un grand défi auquel est confrontée l’industrie des composites
est celui de l’environnement et de la valorisation des déchets. En
Les préoccupations environnementales, à la fois en termes de effet, le potentiel de croissance de ce secteur risque d’être entravé
limitation de l’utilisation de ressources fossiles et de nécessité de par les évolutions réglementaires notamment au niveau de la mise
gestion des déchets produits, ont conduit à accroître la pression en décharge contrôlée. Si la majorité des déchets de production en
pour recycler les matériaux. composite est/était stockée en centre d’enfouissement technique
La gestion des déchets est ainsi devenue une priorité au sein de (CET), les CET ne sont autorisés à recevoir depuis 2002 que des
l’union européenne. La hiérarchie des différentes solutions adopta- déchets ultimes, définis comme « résultant ou non du traitement
bles est bien établie, avec par ordre de préférence décroissant [1] : d’un déchet qui n’est plus susceptible d’être traité dans les condi-
– la réduction de la masse des déchets par prévention à la tions techniques et économiques du moment, notamment par
source lors de la production ; extraction de la part valorisable ou par la réduction de son carac-
– la réutilisation des produits ; tère polluant ou dangereux ». D’une manière générale, on observe
une saturation des CET et une augmentation du coût d’enfouisse-
– le recyclage des matériaux ;
ment [2].
– le recyclage d’une partie des constituants des matériaux ;
– l’incinération des déchets La réglementation s’applique aussi bien aux déchets de pro-
duction qu’aux produits en fin de vie. Les premiers sont plus faci-
• avec valorisation matière et énergétique, les à gérer (identification de leur typologie, tri et collecte à la
• avec valorisation énergétique seulement, source, absence de pollution par association à d’autres matériaux
ou composants …). Les seconds nécessitent la mise en place de
• sans valorisation énergétique, véritables filières de démantèlement, collecte, tri avant recyclage/
– la mise en décharge. valorisation par des solutions technologiques en cours de déve-
loppement à l’échelle industrielle dont la viabilité économique
À chaque fois qu’il s’avère rentable de recycler, les filières de
repose en premier lieu sur l’évaluation du flux de déchets compo-
recyclage de matériaux sont désormais bien établies, gouvernées
sites à traiter.
par des raisons économiques, comme dans le cas de l’industrie
des métaux. Les polymères et polymères renforcés (i.e. composi- De ce fait, des actions ont été entreprises en France visant à
tes à matrice organique) sont en général moins faciles à recycler, déterminer les flux de déchets de production en composites
et les incitations économiques sont moins favorables, en particu- thermodurcis puis à étudier les solutions opérationnelles ou en
lier tant que la mise en décharge est relativement peu coûteuse. En développement pour leur valorisation (cf. encadré « initiatives
conséquence, l’arsenal législatif est souvent utilisé, combiné à des nationales »).
QPR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amUXYU
R
– composites à fibres de verre dans une première phase,
déchets verre/époxy ne représentant quant à eux que 6 % du ton-
puis composites à fibres de carbone.
nage total et les autres compositions (carbone/résine, verre/viny-
Ont été menés dans ce cadre un état des lieux conduisant à lester …) étant marginales.
la définition des divers types de composites, la collecte et
SMC : Sheet Molding Compound (matière à mouler polyester + verre + charges sous
l’évaluation des résultats du projet VALCOR et enfin, l’étude forme de feuille)
des flux de déchets et des solutions de valorisation [2][5]. BMC : Bulk Molding Compound (matière à mouler polyester + verre + charges en vrac)
Par ailleurs, le GPIC (Groupement de la plasturgie indus- Cette étude montre en outre que chacune des trois « régions »
trielle et des composites) et la Fédération de la plasturgie ani- est caractérisée par un procédé de fabrication prédominant et donc
ment un groupe de travail national sur le thème « Composites des déchets de nature différente (figure 1) [6] :
et Environnement ». Ce groupe a engagé, avec le soutien de
l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie – Ouest (Atlantique) : 66 % des déchets de production sont issus
(ADEME), un projet intitulé « déchets composites, une des procédés de moulage au contact et par projection ;
meilleure connaissance pour une meilleure gestion ». L’objec- – Centre-Sud (Rhône-Alpes) : 72 % des déchets de production
tif est d’établir une stratégie de R&D à l’échelon national dans résultent des procédés Sheet Molding Compound (SMC) et Bulk
le domaine des composites pour se doter des moyens de valo- Molding Compound (BMC) ;
riser tant les déchets de production que les produits de fin de – Nord-Est : 75 % des déchets de production proviennent
vie. d’autres procédés de fabrication
Par ailleurs, une enquête régionale menée en Rhône-Alpes [2],
VALCOR : groupement d’intérêt économique initié dès 1994 et regroupant PSA,
Renault ainsi que 10 autres partenaires industriels acteurs de la filière composites limitée à un panel restreint de 140 entreprises ayant une activité
pour développer des techniques de valorisation des matériaux composites à basse dans le domaine des composites thermodurcis, révèle que le flux
de polyesters insaturés. est principalement issu de petits gisements de moins de 10 t/an
(55 % des entreprises), avec quelques gisements compris entre 10 et
50 t (25 %) et certains de plus de 100 t (18 %) (figure 2). Il apparaît
NORD-EST
ATLANTIQUE
RHÔNE-ALPES
4%
66 %
QPS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amUXYU
R 2% 6%
(valorisation énergétique), et dans certains cas en résidus pouvant
être utilisés comme matériaux à des fins diverses (valorisation
matière) hors carburants.
– les procédés chimiques, lorsque les molécules de base des
44 % 48 % matrices plastiques sont dissociées et les fractions minérales sépa-
rées, dans le but de réaliser des produits chimiques intermédiaires
utilisables pour de nouvelles synthèses ou d’être réintégrées dans
la production de nouvelles pièces (valorisation matière).
– les procédés biologiques, lorsque la matière du déchet est
dégradée sous l’action d’organismes vivants.
b tonnage cumulé des gisements
Les trois premiers modes de traitement des déchets ont été
abordés dans une optique d’application aux composites thermo-
PD < 10 t/an PD > 100 t/an durcis ou thermoplastiques issus de ressources fossiles. Leurs
10 < PD < 50 t/an PD > 2 000 t/an principes sont exposés dans les paragraphes 3, 4 et 5. Une atten-
tion particulière est portée au cas des composites thermodurcis, le
recyclage des composites thermoplastiques à fibres coupées rele-
Figure 2 – Production de déchets en composites (PD) en région vant en partie des techniques utilisées pour le recyclage des ther-
Rhône-Alpes [2]
moplastiques traités dans le dossier [AM 3832].
Charges pulvérulentes, Mâchefers, résidus Fibres, gaz Fibres, gaz, Matières Composés A développer pour
renfort fibreux solides combustibles coke, goudron minérales chimiques, les bio-/agro-composites
(cokes), résidus huileux pour ciment, fibres, charges
combustibles, gaz énergie
QPT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
amUXYU
3. Procédés thermiques sés dans le génie civil ; la présence de verre dans les composites
pourrait permettre d’améliorer leur qualité [2].
Certains centres ont des quotas prévus pour les déchets indus-
Les matériaux composites, comme tous les matériaux compor- triels banals (DIB), mais d’une manière générale les UIOM traitent
tant une part organique (ici la matrice polymère), ont un pouvoir en priorité les ordures ménagères. De plus, dans de nombreux
calorifique permettant leur valorisation comme source d’énergie. départements, les UIOM sont saturées et l’opinion publique n’est
pas favorable à la construction de nouvelles unités. Il semble donc
À titre d’exemple, les résines thermodurcissables (de type polyes- que cette filière ne constitue pas une solution pérenne pour le trai-
ter insaturé, vinylester, phénolique, époxy) ont un pouvoir calorifique tement des DIB en général et des composites en particulier. Cepen-
moyen de 30 000 kJ/kg. dant, elle peut être considérée comme une solution de proximité
Les fibres et charges majoritairement utilisées (verre, ignifugeants pour des gisements de petit tonnage [2].
…) étant quant à elles incombustibles, le pouvoir calorifique d’un
R
composite verre/résine dépend en général du taux de matrice poly-
mère (variation linéaire entre 30 000 kJ/kg pour 100 % de polymère à
3.1.2 Incinération industrielle des déchets
0 pour 0 % de polymère) [1]. Plusieurs solutions de traitement thermi-
industriels banals (DIB)
que des déchets et de valorisation énergétique, dont certaines avec Outre les UIOM, il existe des centres d’incinération réservés uni-
valorisation matière partielle de résidus générés, peuvent donc être quement au traitement des DIB. Ces deniers sont toutefois encore
envisagées. peu nombreux (comparativement aux UIOM).
Le lecteur pourra consulter le dossier [G2051] ainsi que le rap- On peut citer par exemple le site de Trédi (groupe Séché Environ-
port [7] pour plus d’informations sur les différents procédés et nement) à Salaise (38, Isère) qui possède trois unités d’incinération de
technologies associées de traitement thermique des déchets (inci- ce type. Deux d’entre-elles, de capacité 50 000 t/an chacune, utilisent
nération, pyrolyse/thermolyse, gazéification … et dispositifs de un four tournant, sont dédiées aux déchets chlorés et non chlorés, et
valorisation énergétique correspondants). produisent de la vapeur revendue à une usine de produits chimiques
se trouvant à proximité. La troisième unité, de capacité 120 000 t/an
utilise un four à grille (température échelonnée entre 800 et 650 ° C),
Terminologie relative aux traitements thermiques des déchets est réservée au traitement des DIB et produit de l’électricité revendue
L’incinération est un traitement thermique basé sur la à EDF.
combustion avec excès d’air. Elle génère des résidus solides
appelés mâchefers, déchets non dangereux valorisables en Deux types de résidus sont récupérés après incinération :
remblai ou sous-couche routière dans des conditions strictes
définies par réglementation. – les mâchefers d’incinération de déchets industriels (MIDI) qui
représentent 30 % des déchets entrants ;
La thermolyse (ou pyrolyse) et la gazéification permettent de – les cendres volantes.
traiter des déchets contenant une fraction combustible. Le trai-
tement thermique est effectué à température modérée (400 à Les mâchefers sont actuellement mis en centre d’enfouissement
750 ° C) soit en l’absence d’oxygène (cas de la pyrolyse), soit en technique (CET) ; cependant, l’influence de l’apport de matières
présence d’une quantité réduite d’oxygène (gazéification). Les minérales par les composites sur leur qualité est un élément inté-
matières organiques sont décomposées en un sous-produit ressant à valider. Une valorisation en remblais de travaux publics
solide (coke de thermolyse ou pyrolyse) et en une phase est une piste à explorer [2].
gazeuse (gaz de thermolyse).
La vitrification consiste à chauffer les déchets à une tempéra-
ture telle que leur fraction non combustible fonde. Un refroidis- 3.2 Co-incinération en cimenterie
sement brutal conduit à un produit s’apparentant à un verre
(structure amorphe) nommé « vitrifiat ». Outre les procédés conventionnels d’incinération, les déchets
composites, thermodurcis en particulier, peuvent êtres utilisés
comme combustible de substitution en cimenterie. En effet, la
composition des composites, riches en matières minérales pou-
3.1 Incinération vant être incorporées au ciment (apport de CaCO3, d’alumine et de
silice, constituant de base des fibres de verre), rend ces déchets
intéressants [1][2]. Le traitement en cimenterie permet de réaliser à
3.1.1 Incinération en unité d’incinération la fois un recyclage matière des charges minérales (≈ 40 à 70 %)
des ordures ménagères (UIOM) et une valorisation énergétique de la partie organique. Il n’y a donc
pas de résidu secondaire dans ce cas. Le principe du procédé est
Les déchets composites pourraient être valorisés en mélange présenté sur la figure 4 [8].
avec les ordures ménagères (OM). Leur pouvoir calorifique moyen,
de l’ordre de 8000-15 000 kJ/kg, dépend de la présence ou non de Le recyclage des déchets de composites thermodurcis par co-inci-
verre et du pourcentage de matrice organique (polymère). Des nération en cimenterie est désormais qualifié comme réutilisation
essais ont démontré la faisabilité du concept pour des mélanges à (valorisation simultanée énergétique et matière) au sens de la direc-
hauteur de 10 % de déchets de composites avec les ordures tive européenne cadre sur la gestion des déchets (WFD 2008/98/EC),
ménagères [1]. Il est envisageable de traiter de 2 à 6 t/h par four. dans la mesure où ce procédé, contrairement à d’autres, n’est pas
Les grosses installations (fours > 6 t/h) sont moins sensibles aux utilisé pour générer de l’énergie par simple combustion de déchets
hétérogénéités des combustibles que les petites. La technologie la composites. La majeure partie (2/3 environ) des composites est en
plus utilisée est celle du four à grille. Les déchets sont brûlés pen- effet transformée en matière première constitutive du ciment. Seule
dant deux à trois heures environ à une température maximale de la partie organique minoritaire (1/3 environ) des composites ainsi
400 ° C pour les solides et de 1000° C pour les gaz. La grille permet traités est brûlée, générant de l’énergie, ce qui contribue accessoire-
le passage de l’air à travers la couche en ignition. L’incinération en ment à diminuer légèrement le coût de fonctionnement des cimen-
unité d’incinération des ordures ménagères (UIOM) génère des teries en énergie (gaz, pétrole requis pour la calcination).
mâchefers d’incinération des ordures ménagères (MIOM) et des L’effet des minéraux contenus dans les formulations de compo-
résidus d’épuration de fumée d’incinération des ordures ménagè- sites sur le procédé de production du ciment a été étudié [9]. Le
res (REFIOM). Les mâchefers peuvent dans certain cas être valori- seul problème soulevé est la présence de bore dans les fibres de
QPU
R
QPV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRRW
RECHERCHE
Résumé
Le perçage des matériaux composites fibres longues est souvent accompagné de
trois types de dommages qui sont répertoriés selon leurs zones d’apparitions :
– le délaminage en entrée du trou ;
– la dégradation de la résine et des fibres au niveau de la paroi du trou ;
– le délaminage en sortie du trou.
L’analyse du délaminage en sortie et plus particulièrement sur les différents modèles
analytiques et numériques disponibles dans la littérature permettent de prédire le
facteur responsable de ce dommage : l’effort de poussée. Les écarts observés entre
les résultats donnés par le modèle numérique, le modèle analytique et l’expérimenta-
tion sont analysés.
Abstract
Points clés
Domaine : modélisation du perçage des matériaux composites
Degré de diffusion de la technologie : Émergence I Croissance I Maturité
Domaines d’application : aéronautique, transport, automobile, électronique,
génie civil
Principaux acteurs français :
Centres de compétence : Institut Clément Ader de Toulouse
Industriels : Latécoère
Contact : http://www.institut-clement-ader.org/pageperso.php?id=rzitoune
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQS
QPW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRRW
RECHERCHE
1. Délaminage par perçage théorie des plaques. De plus, ils postulent la présence d’une
fissure circulaire ou elliptique entre la partie non usinée du
L’assemblage d’un élément composite sur une structure stratifié (située au-dessous du foret) et le reste de la plaque.
nécessite souvent la réalisation de trous pour recevoir Ces modèles analytiques sont développés à partir de deux
des boulons ou des rivets. Les procédés d’obtention des hypothèses fortes :
trous sont divers. Citons principalement le moulage et l’usi- – pour la première hypothèse, ils considèrent que l’effort de
nage (grâce à un outil de coupe ou à l’utilisation du jet poussée critique est piloté seulement par le taux de restitution
d’eau abrasif). d’énergie critique en mode I du matériau considéré ;
QPX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRRW
RECHERCHE
R
Le premier modèle a été développé par Hocheng et Dahran [1] et de l’épaisseur des plis endommagés (h en mm) :
(figure 1).
(3)
Durant l’avancement du foret dans la matière, les plis non
coupés sous l’outil sont entraînés vers le bas par l’effort de
poussée et subissent une déformation élastique. Si la
contrainte résultante en front de fissure dépasse une valeur 2.1.2 Modèle de Upadhyay et Lyons (1999)
critique, alors la fissure se propage. À cet instant, l’effort Ce modèle est proche de celui développé par HoCheng et al.
appliqué correspond à l’effort de poussée critique. Cependant, les auteurs [11] ont introduit deux nouvelles
hypothèses comparées aux travaux de [1].
– La première hypothèse est relative au chargement s’appli-
Les hypothèses utilisées dans ce modèle sont les suivantes : quant sur la zone de la plaque non usinée située sous le foret.
– le comportement global du stratifié est considéré élastique Ils font l’hypothèse d’un chargement uniformément réparti et
isotrope et la zone de délaminage est supposée symétrique non pas d’un changement concentré en un point comme
par rapport à l’axe de l’outil ; HoCheng et al. [1]. La surface de répartition de la charge est
– la propagation du délaminage en sortie du trou s’effectue considérée circulaire de rayon a. Ce rayon représente la
en mode I ; dimension de l’âme du foret.
– la mécanique de la rupture linéaire élastique est appliquée, – Dans la deuxième hypothèse, les auteurs considèrent que
– la fissure est considérée circulaire et de rayon a ; sous le chargement appliqué par le foret, la flèche de plaque
– l’effort de poussée du foret est dirigé du haut vers le bas composite située sous le foret est plus importante que l’épais-
et sa résultante est appliquée au centre du trou ; seur de la plaque. De ce fait, l’hypothèse des grands déplace-
– la partie non usinée du stratifié (située au-dessous du foret) ments est considérée dans le modèle. Cette hypothèse est
subit une flexion vérifiant l’hypothèse des petits déplacements ; réaliste, surtout dans le cas où la zone de la plaque composite
– la flexion globale de la plaque est négligée. située sous le foret est composée d’un seul pli ou de deux plis.
Le bilan énergétique appliqué sur la structure dans le Avec la prise en compte de ces deux hypothèses, l’expres-
domaine linéaire élastique s’écrit : sion de l’effort de poussée critique est donnée par l’équation :
(1)
(4)
(2)
QPY
R
QQP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRRX
RECHERCHE
Analyse du délaminage
lors du perçage des composites
fibres longues
R
par Redouane ZITOUNE
Maître de conférences, HdR, à l’institut Clément Ader, IUT-A de l’université Paul Sabatier
et Francis COLLOMBET
Professeur des universités, à l’institut Clément Ader, IUT-A de l’université Paul Sabatier
Abstract : The aim of this paper consists of the understanding and the resolution of
issues coming from delamination during composite plate drilling. We suggest using a
global approach based on surface methodology technics. It leads to the study of the
influence of drilling parameters as well as the manufacturing conditions on the delami-
nation extension at the hole exit. Empirical models are developed to identify optimal
parameters and predict occurrence of defects at the hole exit. Especially we underline
the influence of thermoplastic nodules within the resin and their effect on the impro-
vement of milling quality (reduction of delamination area and pull off as well).
Points clés
Domaine : fabrication des matériaux composites, assemblage, détourage, perçage
Degré de diffusion de la technologie : Émergence | Croissance | Maturité
Technologies impliquées : toute technologie qui a un lien avec l’usinage
Domaines d’application : aéronautique, navale, ferroviaire, éolienne, automobile
Principaux acteurs français : Snecma, Airbus, Latécoère
Pôles de compétitivité : Aerospace Valley – Pôle de compétitivité mondial Aéro-
nautique, espace et systèmes embarqués
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPQS
Centres de compétence :
Industriels :
Autres acteurs dans le monde :
Contact : redouane.zitoune@iut-tlse3.fr
QQQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRRX
RECHERCHE
1. Contexte Les travaux menés par [21] montrent que, lors du perçage d’un
matériau composite tissé avec une vitesse d’avance de
0,2 mm/tr et une vitesse de rotation de 9 600 tr/min (à l’aide
L’assemblage d’un élément composite sur une structure néces- d’un outil en carbure de tungstène et un diamètre nominal de
site souvent la réalisation de trous pour recevoir des boulons ou 1,5 mm), l’outil présente une durée de vie plus importante si on
des rivets. Aujourd’hui la réparation d’éléments composites n’est la compare au cas de perçage d’un matériau composite produit
certifiée que grâce à la présence de rivets entre la pièce composite à partir de nappes unidirectionnelles.
et le patch. Les procédés d’obtention des trous sont divers. On cite
principalement celui de l’usinage (grâce à un outil de coupe ou à Les travaux menés par [22] (sur le perçage d’un matériau
QQR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
reRRX
RECHERCHE
R
Composites). Afin de réduire la variabilité liée au procédé de
fabrication, des plaques dites « mères » de grandes dimen-
sions sont fabriquées. On propose des modèles empiriques
permettant de prédire le délaminage en sortie du trou pour les Support massif
deux types de procédés de fabrication utilisés. Expérimentale-
ment, ce délaminage est quantifié en utilisant la notion de
facteur de délaminage Fd proposé par [6] [7] [8] [9]. Ces 6 mm
modèles empiriques sont de deux types. On distingue ceux qui
prennent en considération le couplage entre les paramètres
d’usinage et ceux qui ne prennent pas ce couplage en compte.
Par la suite, ces modèles empiriques sont exploités afin Figure 1 – Vue du système de bridage des plaques composites
d’obtenir les paramètres de perçage optimaux permettant de sur la table de la fraiseuse
minimiser le défaut de délaminage en sortie du trou.
Dans la deuxième section de cet article, le but est d’estimer
l’apport de la présence des nodules thermoplastiques sur la vitesse d’avance avec quatre niveaux (0,05 ; 0,1 ; 0,25 et
la qualité de l’usinage. Dans cette optique, une étude 0,3 mm/tr). Les pièces à usiner sont encastrées sur la table
comparative de la qualité d’usinage par perçage est réalisée de la machine d’usinage grâce à quatre brides (figure 1).
pour des matériaux EH25-T2H et T700GC-M21. Afin de Afin de réduire la flexion des pièces à usiner (et donc de ne
comparer l’usinabilité de ces matériaux dans des plages de pas introduire l’influence de ce paramètre structural dans
conditions d’usinage identiques, une comparaison entre les l’étude) durant la phase de perçage pour ne pas amplifier
pressions spécifiques de coupe de ces deux matériaux est réa- l’étendue du défaut en sortie du trou, un support massif en
lisée en fonction des paramètres d’usinage. acier est utilisé sous les pièces composites. Ce bloc de calage
contient des trous de passage du foret de 20 mm de diamètre
(figure 1). L’outil de perçage utilisé pour l’étude est hélicoïdal
2. Influence du procédé à deux lèvres de 6 mm de diamètre. Il est composé de pla-
de fabrication sur le délaminage quettes en carbure de tungstène de nuance K20 abrasées sur
un corps en acier rapide. La partie active de cet outil se carac-
en sortie du trou térise par un angle de pointe de 118o avec un affûtage en
deux pentes. Les résultats obtenus à l’issue de ce plan d’expé-
2.1 Protocole expérimental riences complet sont détaillés ci-après.
Le matériau composite étudié est un HexFIT® (Hexcel Film
Infusion Technology). C’est un composite tissé sergé 2 × 2 en 2.2 Paramètres d’usinage et de fabrication
verre/époxy de type semi pré-imprégné avec une épaisseur de affectant le délaminage en sortie du trou
pli de l’ordre de 1 mm et fabriqué par la société Hexcel
Composite. Sa mise en œuvre utilise le principe d’infusion d’un Les figure 2 et 3 représentent l’état du trou après perçage
film de résine. Du point de vue de son coût de revient, il est avec une vitesse d’avance et une vitesse de rotation respective-
un bon candidat pour la fabrication de panneaux composites ment de 0,25 mm/tr et de 1 050 tr/min. Les images sont obte-
de grandes dimensions [32]. nues en scannant les plaques composites usinées avec un
Pour ce type de matériau, le fournisseur préconise deux scanner standard de bureau avec une résolution de 5 000
cycles de polymérisation. Le premier cycle est utilisé avec le pixels. Grâce à un logiciel de traitement d’images, on peut tra-
procédé de fabrication de type autoclave. Le deuxième cycle cer deux cercles concentriques. Le premier se caractérise par
est utilisé lorsque la polymérisation des plaques est réalisée un diamètre D qui représente le diamètre nominal du foret et le
en étuve. Pour notre étude, nous avons fabriqué deux plaques deuxième correspond au diamètre Dmax qui représente l’éten-
mères, une polymérisée en autoclave et l’autre polymérisée due du délaminage. D’après les figures 2 et 3, on note que le
en étuve. Les deux plaques mères sont drapées avec une facteur de délaminage (Fd = Dmax/D) est influencé par les
séquence d’empilement de type [0o/90]s. Elles sont de dimen- paramètres de coupe et le procédé de fabrication des pla-
sions 950 mm × 650 mm, avec une épaisseur théorique de ques composites. Avec une vitesse d’avance et une vitesse de
l’ordre de 4 mm. Les échantillons usinés sont débités à partir rotation de 0,3 mm/tr et 1 050 tr/min, le facteur de délaminage
de ces deux plaques mères. en sortie du trou d’une plaque fabriquée en étuve est de 2,25
Les essais de perçage sont réalisés sur une machine de type comparé à 1,8 pour une plaque fabriquée en autoclave.
fraiseuse à axe vertical avec une vitesse d’avance automa- Avec ces mêmes conditions d’usinage, le facteur de délami-
tique (figure 1). nage en entrée du trou pour une plaque fabriquée en étuve
Les plages de variation de la vitesse d’avance et de la est de 1,32 comparé à un facteur de délaminage de 1,26 pour
vitesse de rotation choisies sont respectivement de 0,05 à une plaque fabriquée en autoclave. Donc pour les mêmes
0,3 mm/tr et de 320 à 2 750 tr/min. Pour notre étude, un conditions d’usinage, on observe que la taille du délaminage
plan d’expériences complet avec deux facteurs est réalisé. Le en entrée ou en sortie du trou des plaques fabriquées en
premier facteur est la vitesse de rotation avec quatre niveaux étuve est plus importante que celle observée sur des plaques
(750, 1 050, 1 450 et 2 020 tr/min). Le deuxième facteur est fabriquées en autoclave.
QQS
GAGNEZ DU TEMPS ET SÉCURISEZ VOS PROJETS
EN UTILISANT UNE SOURCE ACTUALISÉE ET FIABLE
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com
LES AVANTAGES ET SERVICES
compris dans les offres Techniques de l’Ingénieur
ACCÈS
SERVICES ET OUTILS PRATIQUES
Archives Impression à la demande Alertes actualisations
Technologies anciennes et versions Commandez les éditions papier Recevez par email toutes les nouveautés
antérieures des articles de vos ressources documentaires de vos ressources documentaires
*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com