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tslvous vous débarrassiez de la peticevolx dans votre rete qul passe son temps & juger tout le mond, 8 commencer par vousmeme 2 Et si, dans le meme temps, vous arrétiez de craindre Ie Te Jugement des autres 7 Quelle delwrance! wir clee a congu un programme en 21 JOULS pour ‘exclusif en 21 jours pour en finir avecnos penstes limitantas et las aucomatismes inconscients hertés de nos parents ou de notre endronnement. nous aide & passer du jugement au diseernement, 2 remplacer nos exigences par des préférences et & dépasser nos peurs re) Quay pour enfin nous) almer et bérer nos éner gles poshives. © 21 chapltres pour 21 jours de travail personnel & tous es niveaux Pensées, emotions, comportements. * Des tests pour faire le point. «Des exercices pour accéder a lessentie + Des bilans hebdomadaites pour progresser en douceur. Alors, embarquez pour ce voyage intérieur : vous serez en paix avec vvous-méme et changeree vor relations avec las autres pour ratrowver Ia sérénité | $ Auteur et formateur, vt [es sult depuis erento ans un cher: rement personnel ou sentrelacent spirtualte et dévsioope- iment personnel. Ila érit denombreus ives dort La Grenoule dui ne savait pas quelle és cite, edu dans une deine de langues, Le Don du pardon et Metve de ordre en soi. Avec 2 femme Annabell, ies frigne des premieres Jeuméss du Parden at des Ceres de Pardon qui se multiplent en France et 3 Vetrarger, ‘et anime des conférences e ateliers sur ls thimes de ses ouvrages. nope Naa Consultee son ske internet: wwwcalivirclere.com wwweditionsey JARRETE DE... (ME) JUGER ! Groupe Eyrolles ‘e240 Pare Cedex US ‘awrsedione eyroies.cam La collection « sarréte de...» est dirigée par Anne Ghesquiére, oncatrice du magazine FamininB\o.com, pour micux vivre sa vie! Dans la méme collection Sarréte de réler, Christine Lewicki Jorréte de stresser, Patrick Amar et Sibia André Jarréte de réler sur mes enfants (et mon conjoin), CChnetine Lewicki ot Florance Leroy Jarrbte Ie superflu, joanne Tatham Jarréte détre débordée, Barbara Meyer et Isabelle Neveux Dessins ariginaus : Lulu in the Sky Création de maguette : Hung Ho Thanh ‘Mise en pages : STD! En application dela ol du 1) mars 1957, lest reer de reprocre nvegralementoupar tielemen:leprésent cuvtage sur quelgue support que ce sot sans autorsation ded ‘aur ou du Centre Fangoi clelofation du droie de copie, 20, ue des Grand Agustin, © Groupe Eyres, 2014 ISBN: Sre2-21255701-3 Olivier Clere JNRRETE DE. (ME) JUGER ! 21 jours pour réapprendre a @aimer Preface de Thierry Janssen EYROLLES oe Remerciements Un grond merci aux fées et génies qui ont accompagné de leurs bons soins la naissance dee livre: Annabelle, Anne, Gwénaélle, Lulu, Marie, Pierre, Sandrine, Valérie et Thiery | Du méme auteur Le Jeu des Accords tolteques : la vote du chevalier pour des relations Impeccables, avec Marc Kucharz et Brandt Morgan, Trédaniel, 2012 Metire de ordre en soi : séparez le réel du virtuel avec le Tamis 6-4 étages, Trédaniel, 2012 Le Don du pardon : un cadeau tolteque de Don Miguel Ruz, Trédaniel, 2010 Meme lorsqu‘lle recul, a riviére avance:: neuf histoires vivre debout, JC Lattés, 2010 dées-Forces pour le x siéle, Collectif, Chronique sociale, 2009 Ecole : changer de cop : Contributions & une éducation humanisante, Collectif, Chronique sociale, 2007 Lo grenouille quine savoit pas qu'elle était cuke... et autres lecons de vie, JC Lattts, 2005 Le Tigre et laraignée : les deux visages de fa violence, Editions Jouvence, 2004, Préfacé par Charles Rojzman Médecine, religion et peur: Vnfluence cachée des croyances, Editions Jouvence, 1999 « Appelez-moi Maitre |», Partage, 1987 Océan intérieur : guide du caisson disolation sensorielle, Soleil, 1985 Vivre ses réves : comment programmer ses réves et induire des reves luddes, Helios, 1984 Préface Cest avec étonnement que jai lu le courrier dans lequel Olivier Clere me domandalt de réciger une préface pour Fouvrage que vous tenez dans ‘vos mains. En effe, lu! @t maine nous connalssians qu’a travers nas livres respectifs. Je me demandais donc ce qui avait bien pu inater 3 me soll citer. Javais lu quelques ourages écrts par Olivier et Jy avais découvert tne véritable sagesse ~ cette connaissance née de Vexpérience, forme intelligence qui ne peut étre contestée puisquelie est anctée dans une réalité vécua avec humilits. cals done ala fols Imprassionne et honoré. Dautant plus que, face a la parole ou fécriture d'sutrui,trés souvent, je me sens comme un petit enfant inculte et encore bien inexpérimenté Cela pourrait passer pour de la fausse modestie, En réalité, moi aussi faut que farréte de me juger! Lalecture decenouveaulivre nya enchanté. Le thémeabordé est essentie! et la fagan de le traiter rest apparue trés efficace. Proposer un appren- tissage au norugement sur une période de trois fois sapt jours est une exceliente Idée, Car, fal pu le wérifler dans ma propre vie et dans calle des personnes que faccompagne en consultation, il faut du temps pour Sapprivoiser et acquéni les réflexes qui aboutissent au vrai changement. Du temps, de la discipline et de la pratique. Une rigueur qui est parfois ‘vécue comme une contrainte, une obligation qui génére des résistances, Le meillour moyen d'évker ce pidge est de comprandre que, en réalté, la discipline ota pratique nécessaires au changamentsont das cadeauxque Tron se fait, des moyens que ron sioffre pour notre transformation. Tout Voir et ne rien juger. Développer ce que dans mon livre Le Travail d'une vie appelais fObservateur~ celui qui est capable & la fois dabjectivits et de compassion, Ii faut pouvoir exercer une sorte cintransigeance bienveillante pour échapper a la culpabllté tout en assumant nos responsabiltes. Faire preuve ce dscernement, ralatviser, envisager plusiaurs points da vue replacer les actes @autrul et les ndtres dans leur contexce, éviter de faire des supsosttions, se rappeler que derriére chaque défaut se cache une qualité, devenir indulgent mais pas complaisant, comprendre, pardonnes, cdemander pardon, remercier, Dire du bien, bien dire, donner notre béné- dletion, bénir. Venseignement dOlivier Clerc - car Iisagic bien dun ense\- {gnement - est pragmatiqua, psychslogique et spirituel dans la sens ol II nous aide a mieux comprendre fesprit de nous-mémes ot des autres -le souffle qui nousrend vivant, Famour qui nous relie& la vie. Fort de son expérience de traducteur, d'éditeur et e'auteur, Olivier fait pprewe ici Gune précision que je qualifierass volontiors de chirurgical. Le choix de ses mots et la carté de son propas font office de scalpel. Un bistouri dont le maniement est indispensable si fon veut discerrer les cif- fFérentes ressources qui permettent de moins juger soi et les autres, Une lame de justesse. Ce Ire est un précieux guide sur le chemin inttiatique ui condutt a 'mour vrai - Pe amour injuste » comme le homme auteur des lignes qui suivent, un amour qui ne se contente pas des apparences {et gui, sans cesse, donne unernouvelle chance en continuant de miser sur Ie meilleur Pulssiez-vous vous faire le cadeau daccéser & cet amour-l8. Ces. jecrais, le meilleur moyen dobtenir la guérison de netre coeur blessé Comme le dit i justement Oller Clere, faut eabord guérir notre coeur avant de Songer § Fowir. Il faut arréter de nous Juger. Si vous n'y parvenez pas {du premier coup, ne vous jugez 04s. Vous comprencez bientat que Cest la plus sGre facon dy parvenir une prochaine fois. Car le meilleur reste & Thierry Janssen Chirurgien devenu pychothéropeute spécialisé cons Faccompagnement des ‘malades, outew de nombreux ouyrages dort Le Travali dune vie, Vive en paby La Solution intérieure Le Déf poskif et Confidences dun homme len quéte de coherence, fondateur de Ecole de Ia Présence Thérapeutique. Sommaire Préface lowaduetion La regie dujeu Semaine t......ce eee eee cece ence e eens Jour t Jejuge, tu juges,Vetejuge...- Jour? Au fait, pourqua’ jugeans-nous ?. Jour 9 Jejuge qui..cu quai 2. Jour Autopsie dun jugement. Jour’ « Une montée est une dascente vue cen bas » Jour € Lert de beri. Jour? Premier jour de repos Semaine 2 Jour « Et sl Javals granal dans les mérmes conditions ? = Jour ® Remplacez vos exigences per des préférences! Jour 10 Accuellir les jugements des autres. Jour t) Les specires de tempéramants Jour 12 Neppas juger, ce rvast pas tra un brl-oul-out Jour 19 Préter systématiquement une intention positive 8 autru.. Jour (4 Dewnieme jour derepos. . nN a 20 26 32 a 43 55 63 65 n” 76 83 o cr 105, Semaine 3... 0... eee cece cece eee eee Jour 15 farrete de me ger... Jour 16 Treuverla qualité cachée derridrele défaut apparent Jour 17 Etsi chacun faisalt en réalité de son mieux & cheque instant ? Jour 18 Jarréte de médire Jour ie La magle du pardon Jour 20 La gratitude : chantdu cosur.. Jour 24 Treisiéme jour de repos, dernier bilan... et aprés ? Conclusion : una justice, deux injustices Mon carnet de bord... 0... 0... cece eee eee eee Semaine 1, Bilan Index des noms prapres Index des exercices. Bibliogra phie Table des matieres 15 7 124 130 136 1s 155 163 170 m2 173 174 175 176 7 179 180 181 Introduction Jarréte de (me) juger? « Vaste programme ! », aurait dit le Géné- ral. Ca sonne un peu comme:: «Jarrate de respirer », tellement nous vivons dans une culture oi fon (se) juge comme on respire, du matin au solr. ya encore une quinzaine dannées, on m’aurait dit que jr rais un jour un live comme celui-ci, faurais franchement éclaté de Fire, Un rire un peu jaune, sans doute, tellement objectif maurait semblé inaccessible, & I'époque. Mai qui r’ai décroché mon pre- mer titre universitaire’ qu’a cinquante ans - il rvest jamais trop tard pour bien faire ! - faurais pourtant mérité trés tot un docto- rats Jugements, avec mention Trés bien. Juger ?Me juger 7tals passé mattre en la matiére depuis ladolescence ! Tres tt, cependant, je me suis passionné pour tout ce qu'on homme le développement du potential humain, au point dy consacrer mon activité professionnelle, & la fois comme auteur, formateur, traducteur et journaliste. Cette passion englobalt les deux domaines complémentaires du spirituel et du développe- ment personnel, autrement dit le «spi » et le « psy ». Paradoxa lement, cette démarche a eu pour effet premier daccentuer ma tendance au jugement, en me faisant prendre conscience de tous mes manquements et insuffisances, au plan émotionnel, relation- nel, spirituel et Jen passe. Je ne me jugeals dij pas 2 la hauteur, sur échelle de valeurs de la société, alors comparé aux sommets atteints par certains étres spirituels, vous imaginez ! Ma chance a été de crolser la route de nombreuses personnes remarquables, ayant développé des méthodes et outils de trans: formation personnelle efficaces. al toujours dit que je ne publiais 4. Unmaster Arts Leties et Langues de funiversité fAngers et ne traduisais pas des livres, mais bien des auteurs : autrement dit, ce qui me passionnait dans mon métier, cétalt de rencontrer les personnes qui se trouvaient derribre les ouvrages. Donc, chaque fois que cétait possible, fallais me former auprées delles, ce qui était aussi pour moi une maniére de mfassurer quielles vivaient bien ce quelles enseignaient. Je ne suis pas du genre 3 acheter une lotion pour faire pousser les cheveux a un chauve : si quelqu'un prétend m'apprendre & vivre une vie meilleure, il faut pour moi quil soit iui-méme exemple vivant de ce quiil enseigne. Question de coherence, Jal ainsi pu faire plusieurs rencontres déterminantes qui ont pro gressivement changé ma vie et mont aidé & sortir du jugement, au nombre desquelles, pour ne citer que les plus influentes par rapport au theme de ce livre : Marshall Rosenberg, fondateur de la communication non- violente (CNV), dont ai publié le livre culte chez Jouvence et avec qui jal suivi une formation en 1998. C'est avec la CNV que fai appris le B.A-BA du langage émotionnel qui me faisait défaut, et dévelappé une « deuxidme paire d'oreilles », pour écouter le coeur et les émotions au-dela du mental et des mots. Don Miguel Ruiz, auteur du best-seller mondial Les Quatre Accords tolteques, dont jai publié les premiers titres et traduit presque tous les livres. Je fai rencontré une premiére fois au Mexique en 1999 et il my a fait vivre un rituel de pardon qui a bouleversé ma vie. Avec lui jai découvert que cest la guérison du cceur, plus que Fouverture du coeur dont toutle monde parle, qui nous permet de faire enfin la paix en soi et de nous libérer des jugements qui nous empoisonnent la vie Charles Rojzman, fondateur de la thérapie sociale, un form! dable outil de transformation a la fois individuelle et sociale, dont j'ai suivi deux années de formation qui rr’ont profondé: ment transformé, Le Dr Stanislav Grof, lun des péres de Ia psychologie tansper sonnelle et fun des géants du monde psy et spi. La respiration holotropique qu'il a développée avec sa femme Christina ma ouvert des portes sur des états de conscience bien au-delb de tout jugement, que je ne soupconnais méme pas. Le Dr Lewis Mehl Madrona, héraut de la médecine narrative (guérir en racontant des histoires). De lui, jai appris comment réécrire souplement (histoire de ma vie, comment sortir des scénarios jugeants qui étaient les miens autrefois, pour en développer cautres empreints d'amour, de joie, de positivité, Drautres auteurs que jai traduits ou publiés sans les rencontrer, comme Ken Keyes Jr, Byron Katie ou Dan Millman. La mise en pratique des outils et réflexions quils proposaient m’a aussi fait grandir. Et blen entendu les nombreux enseignements splrituels dans lesquels jai sans relache puisé de précieux outils de transforma- tion personnelle, de la tradition chrétienne qui était la mienne a la base, aux bouddhismes zen et tibétain, en passant par les ceuvres dAlvanhov, Steiner, Yogananda, et bien d'autres. Senrichir de plusieurs approches A celul qui n'a qu'un marteau », disait Abraham Maslow, « tous les problémes sont des clous. » Autrement dit, qui n'a étudié ou ne maitrise quune seule approche, quun seul outil de dévelop pement personnel, court le risque de s'enfermer dedans, d'y voir une panacée, de vouloir tout régler avec ce seul mayen, au risque de faire des dégats. En réalité, on aautant besoin de tenailles que dun tournevis et de pinces, bref dune bolte & outils complete pour résoudre toutes les situations que la vie nous présente. Cest fa lune des lecons essentielles que m’a enseignée mon par- cours depuis plus de trente ans, Aucun outil, aucune méthode ne réglent a eux seuls tout Féventail de nos problémes. Chaque approche a ses qualités, mais aussi ses défauts ; chacune jette dintéressants éclairages, mais comprend des angles morts que peuvent judicieusement compenser d'autres techniques. C'est bien la mise en cuyre de plusieurs mayens différents qui m'a per- mis de me libérer de mes anciennes facons de fonctionner et d'en adopter progressivement de nouvelles, beaucoup plus épanouis- santes. Ce que je vous propose dans les pages qui suivent, cest donc un large éventail de réflexions, doutils et de méthodes différents ayant prouyé leur efficacité, pour cheminer a votre tour vers 1a libgration des jugements - de soi et des autres ~ qui intoxiquent actuellement votre vie et vos relations. S'approprier chaque outil Une seconde grande lecon que jai tirée de mon propre chemine ment, et qui, dans Fidéal, devrait accompagner la transmission de ntimporte quel enseignement - Fécole, a l'unWversité, dans les milieux spi et psy -, cest la nécessité de 'approprier les outils et méthodes qui nous sont transmis. De les faire notres. Si je vous offre une pomme, vous rallez pas la déposer respec- tueusement sur un autel, briler de l'encens devant, faire sonner des cloches tibétaines et prononcer des incantations : vous n’en retireriez aucun bénéfice. || vaut mieux que vous plantie2 fran- chement vas crocs dedans, que vous en explosiez la forme, que ous en fassie? jailirle jus, que votre syst@me digestif en absorbe ensuite les vitamines, les minéraux, etc., pour en faire votre chair 2 vous... avant den expulser par les voies naturelles les éléments qui ne vous conviennent pas. Demaniére analogue, il faut oser vous faire les dents sur les outils qui vous sont transmis : les tester, les décortiquer, les assimiler. et en rejeter aussi ce qui ne vous convient pas. Chacun de vous 2 un parcours de vie unique, des expériences et des références différentes. Partant, il est normal que vous vous appropriiez de maniére spécifique les choses que vous recevez et apprenez. Accordez-vous cette liberté-a Ne plus (se) juger :est-ce vraiment possible ? Alors, puis-je affirmer pour ma part que je ne (me) juge plus du tout aujourd'hui ? Puls-je par conséquent vous assurer que vous aussi allez parvenir a complétement extirper tout jugement toxique de votre vie? Lhonnéteté et la sagesse me forcent a donner ici une réponse plus nuancée qu'un simple oui catégorique et prosélyte. ui, pour commencer, la mise en ceuvre des outils que je présente ici ma réconcilié avec moi-méme, ra permis de développer un vrailien de respect et d'amour avec moi-méme d'abord, puis avec les autres, ui, je jouis aujourd'hui d'une qualité de vie intérieure et exté- rieure qui n’a plus rien 3 voir avec ce qu’elle était voici quinze ou vvingt ans : les jugements ont glabalement cédé la place a la grati- tude, 3 Fappréciation, 8 la compréhension, & amour et au pardon. Puisje pour autant dire queje suis en permanence dans cet état ? Que le juge intérieur a définitivement disparu de ma vie? Ce serait présomptueux. Le juge est encore la parfois: mais, méme Sil n'a pas totalement disparu, sa capacité & me miner par ses jugements, son aptitude & prendre le dessus et & controler ma vie ont fondu comme neige au soleil. Il continue parfois de radoter, comme les deux vieux dans la loge du Muppet Show, mais je n’ad. hare plus a ce quil me dit, je ne le crois plus. Il n'est plus maitre & bord (enfin, presque plus..). &t du coup, le changement intérieur est considérable! De méme que le courage rest pas absence de peur, mais la capacité & la surmonter, a ne pas y succomber, 'étape décisive 2 laquelle je peux vous assurer de pouvair parvenit, si vous vous lancez dans cette aventure, cest celle ou vous ne succomberez plus & vos jugements toxiques, oi) votre juge intérieur aura perdu son trOne pour ne conserver quun réle darriére-plan, de plus en plus anecdotique. Passé ce premier cap-l3, vous vivrez dans un état de conscience extrémem entaifférent de celui qui estencoreianorme aujourd'hui. Vous serez en paix avec vous-méme, tel que vous ates. Vous aime- rez la personne que vous étes, au lieu de la juger. Et, par effet miroir, vos jugements envers les autres seront eux aussi rempla- cés par de amour, de la compassion et de la compréhension, Vous saurez pardonner. Attention, vous n’en deviendrez pas un béni-ui-oui pour autant, Je le précise. Ne pas juger (au sens ol je le définis dans ces pages) pe veut pas dire manquer de discernement ni - quand it le faut ~ de fermeté. Aurdeld de ce col décisif, vous pourrez ensuite - comme je mvef- force de le faire jour apras jour ~ poursuivre votre ascension vers absence complate de jugement a laquelle certains disent et semblent étre parvenus. Aprés avoir atteint le camp de base, sym- boliquement parlant, vous pourrez viser Everest. a vous tente ? Vous vous y voyer déja a ce cola, ayant laissé derriére vous les gouffres arides du jugement ? Alors, langons-nous dans ce programme de 21 jours! La régle du jeu Pour cheminer vers le non-jugement, je vous propose un parcours classique en 21 jours. Vous le savez probablement déj3, 21 jours correspondent & un cycle bien connu, au-deld duquel tout chan- gement que on a mis en ceuvre durant ce temps commence & prendre solidement racine en nous. Les choses deviennent alors plus faciles 21 jours - je ne vous apprends rien - cela fait trois semaines. Et dans toute semaine qui se respecte, ily a des temps de travail et des temps de repos. Jen ai tenu compte dans le programme que je vous ai concocté dans les pages qui suivent. Chacune de ces trois semaines comportera cing jours de travail, au cours des quels vous seront proposés divers outils, suivis d'un « week-end » avec un menu plus léger pour le samedi, et surtout du repos pour le dimanche. Repos, mais pas inactivité non plus, comme vous le constatere2. ‘Tout apprentissage implique des erreurs, des loupés, des mala- dresses : cest normal. Vous n’allez pas réussir dés le premier jour 2 mettre un terme définitif 8 tous vos jugements, 8 moins d'un miracle. Je vous propose donc la régle du jeu sulvante ; du lundi au samedi, hoter sur une feuille de papier (par jour) les jugements qui vous échappent dans la journée, Si vous n/avez pas le temps de le faire sur le moment, prenez au moins un moment le soir pour inscrire tous ceux dont vous vous souvenez, Nentrez pas dans les détails soyez aussi bref que possible. Ce processus de récapitulation, comme on l'appelle dans certains enseignements, est utile pour affiner votre conscience, car on ne peut rien changer dont on n’ait pas tout d/abord conscience. Enfin,le dimanche, prene? es feuilles sur lesquelles vous avez noté vos jugerents de la semaine et bralez-tes en conscience dans la cheminge ou le poéle, si vous en aver un(e}, ou encore dehors ou ailleurs, selon ce qui est possible pour vous. Cette exigence peut tre astreignante pour certains dentre vous, selon fendroit ot vous vivez, fen ai conscience, mais je me permets dinsister, parce que ce petit rite! accompli tous les 7 jours (donc 3 fois durant le programme complet) tout ala fois beaucoup dimportance et def ficacité. Cest un temps a part, cest une borne régulére sur votre chemin, etl vaut la peine de prendre vos dispositions pour pouvoir vous accorder ce temps, en trouvant le lieu adéquat pour le faire. Dans de nombreuses traditions, le feu joue un réle purificateur Dailleurs, vous remarquerez qu'on peut polluer lz terre, on peut aussi polluer 'eau ou Nair, mais i est impossible de polluer le feu ; est au contraire lui qui permet de dépolluer ou de purifier les trois autres éléments. En brilant vos feuilles, en mettant le feu 2 vas jugements de la semaine, profitez-en pour imaginer que vous vous libérez en méme temps de ces jugements-1a, que ce feu purificateur vous nettoie de ces éléments qui « polluent » vos sentiments et vos pensées, pour pouvoir commencer la semaine suivante & neuf. Le feu est aussi un symbole de 'amour qui nous embrase et nous consume :8ce titre, mettre le feu une fois par semaine anos juge ments est une maniére dillustrer trés concrétement cette victoire de amour sur les jugements, & laquelle nous aspirons | Enfin, le feu est porteur d'une jolie lecon. Soutflez sur une bougie, vous léteignez, Soufflez sur un feu de camp, vous fattisez !Ilen va de méme dans notre vie intérieure. Au début, la flamme de notre amour est encore fragile et les jugements des autres, comme les ndtres, peuvent facilement éteindre. Mais avec de ’entrainement, vient un moment oi notre feu intérieur est assez intense et nos raises assez rouges pour « faire feu de tout bois », Cest-a-dire pour lemporter sur tous les jugements qui souffleraient sur nous. Pas plus que le vent, les jugements ne disparaitront jamais tota- lement de notre vie, ni ceux des autres, ni peut-étre certains des ndtres. En revanche, leffet quils auront sur nous ne sera plus le méme. Au lieu de nous affaiblir, si nous savons nous y prendre = et ce livre devrait y contribuer -, ils finiront par nous renforcer. Autre alternative: sil savérait toutefois vraiment par top compliqué pour vous de faire appel au feu (les cheminées ont disparu de nombreux logements, les poéles aussi), si vous vivez trop loin dun endroit ou brdler en toute tranquilité vos papers hebdomadaires, voici une autre solution : découper-les en tout petits morceaux, au cutter ou aux ciseaux, en vous imaginant que vous tranchez ainsi votre attachement au jugement. Le mot @ décision » a 12 méme racine qu’e incision » : il s'agit de trancher, de couper. En découpant vos feuilles, vous renforcez ainsi votre decision de vous libérer des jugements. Ensuite, jetez-les 2 la pou- belle en conscience. n : 3s lest effrayant de.penter que.cette chose qu’on 2 en sol le jugement, riest pas la justice. Le jugement, Cest le relat La justice, cest Tatsolu. Réfléchisser & la difference entre.un juge et un jase. Victor Hugo sceapasyate Je juge, tu juges, il/elle juge Cest impressionnant, le temps que nous pouvons consacrer dans une seule journée a juger les autres et a nous juger, ne trou- vez-vous pas ? Cest quasiment un travail de fond permanent. On se proméne dans la rue: « Oh, dis done, celle-ci, comment elle est attifée! Et celui-c, quelle sale téte ila!», etc. On apersoit son reflet dans une vitrine ou dans un miroir : « Oh la la, fai mauvaise mine. Jai les traits tirés et des cernes sous les yeux. Et ce mante au ne me va plus du tout, je ne ressemble 2 rien », etc ‘Au bureau, & la maison, partout, on a impression quil y a en hous une petite voix qui passe son temps a juger tout le monde, ‘sans nous oublier nous-mémes évidemment. Pour tout dire, cest méme avec nous, précisément, que cette voix se montre Ia plus impitoyable : elle ne nous passe rien | Quoi que nous disions, quoi que nous fassions, cette voix énonce aussitot son verdict. Comme vous, jai subi sa tyrannie quotidienne durant des années, des décennies méme : qu’est-ce que Jal pu me juger ! Unjuge omniprésent Parvenus a lage adulte, la plupart entre nous vivent avec un juge intérieur dans la téte, pratiquement vingt-quatre heures sur vingt- quatre. Et pas qu'un juge, dailleurs : un bourreau, aussi. Nous ne nous contentons pas de nous juger en permanence, mais nous exécutons aussi scrupuleusement les sentences : nous nous en voulons, nous culpabilisons, nous nous accablons de reproches, nous nous dénigrons, nous retournons maintes et maintes fois le couteau dans la plaie de nos erreurs passées. Nous sommes impitoyables avec naus-mémes ! Le plus étonnant, cest que nous trouvons ¢a normal. Durant toutes ces années ol! je me jugeais pour tout et limporte quoi, cela ne me choquait pas, puisque tout le monde faisait pareil autour de moi. En me jugeant je ne faisais quiintérioriser les juge- ments que déversaient sur moi les adultes qui mentouraient (et Qui, sans doute, se jugeaient aussi eux-ré mes) et je me confor- mais donc au modéle dominant de la société. Je juge, tu juges, i juge: déclinaison | En outre, comme nous ne cessons de juger les autres et nous- mémes, par effet miroir, nous passons également une grande partie de notre temps a craindre le jugement dautrui © Quest ce quiivelle va penser de moi? + Queest-ce quils disent a mon sujet? + Sije fais ceci ou cela, que vont en penser les autres ? Combien de fois me suisje torturé avec ces questions! A notre propre tyrannie intérieure vient sajouter celle ~ réelle ou suppo- s€e - de opinion dautrul, ou tout au moins de ce que nous imag: rons que les autres sont susceptibles de dire ou de penser de nous, Quel cauchemar! Et ce nest pas tout. Comme sinous n’en avions pas assez de juger durant la journée, nous passons ensuite quelques heures devant la télévision & voir des émissions, des séries ou des films dont les protagonistes, eux aussi n'arrétent pas de se juger les uns les autres, de fagon souvent plus radicale et excessive que ce que nous faisons dé nous.mémes, comme pour nous alder a pous serle bouchon encore un peu plus loin ! Meme les humoristes en France, aujourdhui, 8 quelques rares exceptions prés, font bien souvent rire en jugeant et en ridiculisant cempasyate les autres, dlune manidre qui releve davantage de Fironie 2 mes yeux que dun humour joyeux, d'un humour qui a du coeur. On Fit contre, on rit de, on rit rarement avec. Personnellement, cet humour-la ne me fait plus rire aujourd'hui, Je lui préfére un humour qui a du coeur, Résultat de tout cela? La vie est un tribunal permanent. Nous passons notre temps hous comparer et 3 nous juger les uns les autres. Nous sommes fréquemment en opposition ou en confit avec les autres, et encore plus souvent avec nous-mémes. On n'est pas heureux. Saviez-vous que la France r’arrive quen vingt-troisi¢me position sur Véchelle du bonheur de YONU? C'est le Danemark qui est numéro un, et Israél - malgré le contexte politico-social qui est le sien - arrive quatorziéme, loin devant nous ! Difficile d'etre heu eux, en effet, quand on passe son temps a juger autrui, & se juger sol-méme et d redouter les jugements des autres... Enfin, nous sommes aussi stressés : ce besoin d’étre & la hauteur de nos propres jugements et de ceux des autres exerce sur nous ne pression constante qui est usante et finit par avoir des réper- cussions sur notre qualité de vie et notre état de santé, Quetbilan ! Lun des moments forts de mon propre cheminement a précisé- ment été celul ou J'ai vraiment réalisé de tout mon étre - et pas juste compris intellectuellement - cet état pathologique de juge- ment permanent qui est le nétre, et plus particuliérement envers soi-méme. jusque-la, favais une compréhension intellectuelle de cet état, je savals que je jugeais beaucoup, mais je ne lavais pas vraiment conscientisé de tout mon étre et dans toute sa profon deur. Cette prise de conscience globale a représenté un déclic, un tournant définitf, « Chacun de nous devrait en réalité étre son meilleur pote, sa meilleure copine!», me suis.je dit. « Qui sait mieux que moi par ou sen suis passé pour étre ce que Je suis aujourd'hui? Quelles épreuves, quels traumatismes jai connu 7 Méme quand je me suis lamentablement planté, qui dautre que moi sait quelles intentions m’animaient vraiment? Que je n’avais pas Fintention de blesser fautre? En fait, on devrait avoir pour soi le méme amour inébranlable qu'une mere pour son enfant », al-je conclu. « Méme lorsqu'll est en prison, elle continue de lal- mer et dele soutenir. » Cette prise de conscience a été suivie d'un abandon total des charges que je retenais contre mai-méme, d'un moment de pardon a mai-meme et de profonde réconeiliation. Je vous indiquerai plus loin dans le livre comment cheminer & votre tour sur cette voie. Le diagnostic avant la cure Et vous ? Avez-vous conscience de ce juge intérieur, de cette voix en-vous qui passe son temps a soumettre & son verdict aussi bien vos actes et vos paroles, que ceux de tout le monde autour de vous ? Vous en avez conscience en partie, du moins, pulsque vous @tes justement en train de lire ce livre. Mais pour vous motiver 8 vraiment suivre jusqu’au bout le « traitement » (la cure de 21 jours qui vous est proposée ici)! vaut mieux commencer par établir un « diagnostic » assez précis, Durant Ia premiére journée de ce programme en 21 jours, je vous propose donc de mesurer votre niveau d'addiction au jugement ennotant par écrit, sur une feuille que vous conserverez soigneu- sement, toutes les fois ou * vous jugez les autres : vos parents proches, vos enfants, votre famille, vos amis, collegues, les personnalités politiques, people divers, ete + Vous vous |ugez vous-méme : vos pensées, vos émotions, vos sentiments, votre apparence, vos réactions, vos défauts suppo- sés, ete cempasyate Pour faire ce travail le plus efficacement possible, aidez-vous du tableau ci-dessous. N'oubliez pas que vos écrits vous seront utiles en fin de semaine pour pouvoir faire le bilan de votre chemine- ment (voir Jour 7, p. 55). Jejuge qui? Combiendle fois 7 Examples Mon patron o Mamere L Man mri al Mobméme gaan |Avous de over! Prenez encore le temps de la réflexion et posez-vous les ques- tions suivantes : comment vous sentez-vous quand vous jugez les autres et yousiméme? Dans quel état intérieur est-ce que cela ‘vous met ? Prenez quelques instants pour vous visualiser dans cet état et bien sentir ce que cela vous fait, au niveau émotionnel, mental et physique. Est-ce que cela favarise le contact, Fouverture, le partage, la compréhension ? Qu bien est-ce que cela vous Isole plutot des autres ? Cela vous met sur la défensive, vous durcit, vous éloigne 7 Encore une fois, finsiste ! Prenez le temps de noter vos réflexions par écrit. C'est important vous verrez, pour pouvoir relever le défi des 21 jours | D’autre part, pour compléter votre diagnostic personnel par une évaluation plus globale, vous pouvez aussi noter toutes les fois 0, dans votre entourage, quelqu’un juge les autres, ou vous juge, vous, Pour cela, aidez-vous ici encore du tableau ci-dessous pour mettre en ordre vos réflexions. (al jge au? ambien de ois? be Won colggue me jue Ma fille juge se sceur L Mon mar iuge notre vosin a ‘vous de jour! La encore, réfléchissez et prenez le temps de noter par écrit: comment yous sentez.vous quand vous entender tous ces juge- ments autour de vous? Quiest-ce que cela vous fait? Quelies réactions cela provoque en vous, au niveau mental, émotionnel et physique? Alors, quel diagnostic faites-vous au bout dune journée ?Impres- sionnant, non ? est grave, docteur? La bonne nouvelle, clest que ¢a se soigne, voire, si vous étes vrai- ment prét(e) 8 en faire Veffort, ca se guérit 2 peu pres compléte ment. Oui, ily a une vie au-deld du jugement ! Ga paratt difficile & croire au départ, mais cest pourtant possible. cempasyate Imaginez un instant ce que serait votre vie si le jugement en dis- paraissait progressivement, comme une maladie dont vous auriez guéri. Ce serait comment? Chez vous, en famille, au bureau ? Que feriez-vous que vous ne faisiez pas avant? Quiest-ce qui changerait ? Projetezvous mentalement quelques instants dans une vie exempte de jugements ou, dans un premier temps, dans une vie 0 les jugements auraient perdu les 95 % de leur pouvoir actuel, Alors? Rassurez-vous, les prochains chapitres sont |a pour vous aider & opérer progressivement cette cure. Au fait, pourquoi jugeons-nous ? Il est plus facile de modifier une habitude quand on en comprend les ressorts et les motWations. Ga nous aide a les démonter pour mieux mettre en place de nouveaux comportements, plus conformes a nos cho conscients. Personnellement, quand je veux changer quelque chose dans ma vie, jaime bien associer Ia éte, le coeur et le corps. Autrement dit, comprendre la situation actuelle, évelller le désir d'atteindre un autre état, et enfin activer ma volonté et passer & faction pour réaliser les chases. Alors, dou ¢a nous vient, cette habitude de juger en permanence, les autres, soi-méme, tout ? Question c'habitude ‘Au départ, on le fait par simple Imitation, de la méme maniére {Que nous avons acquis la plupart de nos autres comportements : en copiant nos parents et les adultes qui nous entouraient. Nous avons tous été jugés par notre entourage dés notre plus jeune age se Tues lent », « Quest-ce que tes agacante !», « Tu es aussi maladrolt que ton pére !», «Tu fas pas de coeur », etc. Partant, nous nous sommes tout naturellement mis & faire comme eux. Notez, ces jugements n’étalent pas nécessairement mal inten- tionnés. lls faisaient simplement partie de la maniére dont les « grands » considéraiant juste de nous élever. Ils ignoraient sans doute cette maxime de Goethe qui dit: « Voir un homme tel quil est, Cest labaisser. Le voir tel quill peut devenir, cest I'élever. » cempasyate Autrement dit, ce que Goethe nous dit la, Cest : « Nourrissez le meilleur dont rautre est porteur, plutdt que de vous focaliser sur ce quiln'a pas encore réalisé, sur ses manquements actuels. » A force centendre ces jugements de la part des adultes qui nous entouraient, nous avons fini par les intérioriser: cela veut dire que nous avons développé a notre tour un juge en nous, dans notre ‘éte, qui a pris le relais depuis. Et avec succes | Cest lu, désormais, qui se charge de nous rappeler a chaque instant: « Quiest-ce que je suis nul! », « Quelle idiote je fais 1», « Je ny arriverai jamais », etc. De maniére analogue, Cest aussi lui qui juge tous les autres tantot pour tenter de nous revaloriser & nos propres yeux, en nous compa- rant favorablement a autrul, tantt pour nous enfoncer encore plus nous-mémes, en nous jugeant cette fois plus nuls que les autres Une parenthése a souligner: méme quand je juge négativernent autrul pour me valoriser (je pense d'untel « C'est un idiot », et du coup je me trouve plus intelligent que lui; je déclare d'une telle « Queest-ce quelle est mache !», et je me juge plus belle qu'elle, etc.), je ne développe pas du tout une saine estime de mol. Car si la valeur que je maccorde dé pend des comparaisons que j'établis avec les autres, les qualités que je me trouve seront toujours rela tives, incertaines et fluctuantes. Pas tres rassurant...A inverse, si jarréte de (me) juger, si je développe une vraie relation damour avec les autres, et surtout avec moi-meme, ce n'est plus en me comparant avantageusement 2 autui que je construirai mon estime de moi, mais simplement en reconnaissant ce que je suis, indépendamment de opinion d'autrui Pour conclure, je juge parce que jai été jugé. Je juge comme jai été jugé molan@me, de la méme facon. Mais voll& une tres bonne nouvelle, une nouvelle importante ! Pourquoi ? Parce que cela signifie que mes jugements ne sont pas mes jugements | Ils ne sont que la copie conforme de ceux que les autres ont portés sur moi. En réalité, ils ne m’appartiennent pas. Preuve en est que quand /étais enfant, je ne me jugeats pas. Jal dai apprendre a me juger, en suivant pour cela fexemple que me donnait mon entourage. Cotte prise de conscience va vous aider 3 « rendre César ce qui est a César », comme dit fadage biblique, cesta-dire 8 rendre & vos parents ou grands-parents, et aux adultes qui vous entou- raient autrefois, leurs propres jugements 8 votre égard (dont ils ont probablement hérité eux-mémes de la génération avant) Enroute vers le détachement Je me souviens encore la premitre fois od jai entrepris ce proces sus : Jai redonné a toute la lignée dont je suls issu les jugements qui se sont transmis de génération en génération jusqu’a moi, et qui mont rien & voir avec moi ! Je fai fait sans animosité, sans ran cune, en reconnaissant méme les intentions positives qui s'expri- malent maladroltement a travers ces jugements. On ne se libére pas avec de la haine et du ressentiment. Au contraire, ga crée des liens maisains. On se bere avec conscience etavec amour, Ce processus de détachement des jugements ne se limite pas & nos parents, daailleurs. Car, enfant, jai ausst intériorisé des juge- ments propres au pays ou /aigrandi, a rencontre des autres natio nalités par exemple, Jai sans doute intériorisé les jugements de la classe sociale & laquelle fappartenais, a 'égard des autres classes, sociales. Jai peut-étre intériorisé les jugements dea religion dans laquelle j'ai été élevé envers les autres religions, ou ceux du partl politique auquel adhéraient mes parents vis-a-vis des autres cempasyate tendances. Rien de tout cela ne mappartient en propre | Jai sim- plement absorbé ces jugements par osmose. Il est légitime de se poser la question : aire envie de garder ces jugements, aujourdtui, maintenant que je suis adulte? Est-ce quils me rendent heureux, épanoui? Ou est-ce quiils empoi- sonnent plutét mon existence ? Ai-je envie de les transmettre & mon tour a mes enfants et aux générations futures ? Ou aije plu- 1t6t envie que la chaine des jugements sinterrompe avec moi? Pour ce denséme jour je vous propece donc Feerice suka Her vous deviez simplement prendre. conscience. de; toutes les fois oi il (bus art de ger Auoutdrul 8 cham jgemert que vous vous surpenez a pronncere vous nite ut dabord le nter par ect af enste 8 yous demander dui vent: de os parents de vere fami devote pays, devote religon? Demancez-vis a chs 5 sce jgement est went ver, prenez coratience de ce il promepe en vou comme certnen, comin ensées comme eatin Et sivus es re) ce qe cette chanece igerers taste de genertonen genera penne Fnacwan, pes aggre dee stewoyer son exper» ces ar de erestuer aur gencatoe qu vote on recede). corme.on renee cit quineue ae eu, mae gelonne tent ps Prenez le tems de reclser cet eercice sur une feulle que vous conerverez colgreusement (comme vo avez concerué celled} imagrez que ous tec un arbre. Ve racine, en forme de pyramid, représenfen fous vos ancétes Vous tla eune poise le ronc a emerge dusol (Note son represent atort les arbres geneaiogauesd Tenvers, ce quifut poser sur nos épaues tut pick dex énératonc passées. En reat, nos ancétres sont bien nos racine, ils sont eh dessous de nous, nous cores la pousse supérieure, la parte la las haute deco reseau spurts) Inagirez ensuite que vous remoyez dans fx probndeurs du sok travers ces rcines au conmencent par v0s parents, Owe lea ge tment don vote ne voulez plc Vout et confez ‘ete, asonacton transformatrice. qui sait faire des fears et des fruits a partir de tows lescechets Darsle meme temps, maginez ae par vos branches, smmboiguemert portang cesr-a-de par ce au vous rele au solel Gymbole de [a vie de Lamour wus fakes descent en vous une. ner de guércon du vent mere Fano de sola ou iy ov Jagement de 30k Voses commaricants:en méme empsque vous renoyez de vewigements dans vos racnes, yous puisez par vos branches une séve. réparatrice, solare ql ven rectaureren vous moar ef Tuite de vote ere. Fates ce bro exercice chacte bis qe vous vous surprenee 6 répe- ter aikomatquement (eniers lp aires ou emers vous-méré) un vew jugement dont vous avez hérité. Vous alle ainsi progressive tment inverse le cours des choses en vous, lt leu qe 6 Seve mone inconsclemment des racines vers votre tron, et que vous reproduisier Imecenigicmeat ks comportements des generations poasees, vous lez consciemmen’ puter ine rowel stve (pus de conaclence, das dimou, de compréhensior) et la faire descendte: dans votre trone esque dana vox racnes od vows remterez les jgement oncenc Faites ces exercices une fois, deux fois, dix fois, vingt fois, et vien- dra un moment ou vous aurez acquis une nouvelle habitude, un réflexe de conscience et de choix. Faites de chaque jugement qui ‘se manifeste en vous occasion d'une pause de pleine conscience : cempasyate “© Ah, je suis en train de juger ! »EtsitBt aprés, transformez ce juge- ment avec 'exercice cl-dessus. Vos jugements deviendront alors des cadeaux, des bénédictions, puisquiils serviront de déclen- cheurs & une prise de conscience et un travail de transformation alchimique de vos vieux jugements en un plus grand amour et en un plus grand respect pour soi, et pour les autres. Jai appris de Don Miguel Ruiz’ que, dans le Mexique ancien, le jaguar symbolisait attention, la conscience : comme ce félin bon- dit sur sa proie, notre conscience doit développer la capacté 2 nous prendre sur le fait chaque fois que nous jugeons, que nous pensons ou agissons d'une maniére contraire a ce que nous sou haitons, si nous voulons pouvoir changer et nous transformer. Depuis, le jaguar m'accompagne au quotidien pour infuser plus de conscience dans ma vie. Alors, si ce symbole de la conscience ‘vous parle, je vous invite aussi a faire appel a cet allié dans votre chemine ment pour vous libérer des jugements | Ty Auteur das best-salles Les Quatre Accords toteques et Lo Mftiise de Jomeur (oir biblographie) Je juge qui... ou quoi ? Au fait, quand nous jugeons, que jugeons-nous au juste? Des comportements, des actes, des réactions ? Ou plutét Vindividu, la personne méme quia agi? Vous étes-vous déj& posé la question ? Pour ma part, jeme suis rendu compte voici quelques années que = comme la plupart centre vous sans doute - favais effectivement tendance a juger la personne, globalement. Je ne dissociais pas Vacte de individu qui le commettait. Au contraire, fidentifiais ce dernier & ce quil avait fait, je le réduisais méme a son geste. Ce faisant, fen restals @ ces comportements quion développe quand on est enfant: «Ma mere est méchante!» dit-on & cet 4ge13, plutot que o'isoler telle chose précise quelle a dite ou faite qui nous a déplu. Lenfant en moi a tendance a réduire Fautre & ce quil vient de dire ou de faire, Etce n’est pas tout :il 3 aussi une vision binaire des gens, en noir et blanc. Elle, elle est gentille. Lui, lest méchant. Untel est génial. Tel autre est nul La complexité ? Les nuances ? Les teintes de gris ? Connais pas ! Ces comportements infantiles restent malheureusement trés pré- sents dans notre monde adulte. Regardez ce qui se passe en poll tique, par exemple : combien de fois cest thomme ou la femme politiques quon juge et qu’on attaque directement, plutOt que tel ou tel de ses propos ou de ses actes ? cempasyate Le cinéma aussi nous a beaucoup offert de personnages d'un seul bloc, tout bons ou tout méchants (notamment dans les dessins animés pour enfants), méme si depuis quelques années on voit plus souvent des personnages aux contours plus nuancés et plus complexes. Bien entendu, si mon enfant intérieur a tendance a juger les per sonnes plutat que leurs actes, Cest parce quiil a lui-méme subi cela de la part des adultes (qui !avaient subi eux-mémes dans leur jeune age, et ainsi de suite). « Tu n’es qu/un idiot... un mala droit. Une égoiste... une brute... une chochotte... un prétentioux... un pétochard... une indécise... » Quin’a jamais fait robjet de tels jugements de son entourage dans son enfance ? Quin'a pas été étiqueté globalement en fonction de tel ou tel de ses actes ou de ses faiblesses ? Comme on ma jugé dun bloc, mon enfant intérieur a ja méme propension a juger les autres, et |ui-méme, de la méme facon, sans faire le detail, Séparer les actes de la personne Un cap décisif que vous pouve franchir, dans votre émancipation des jugements, consiste donc & apprendte & clairement séparer la personne des actes qu'elle commet ou des propos quielle tient. Nu n'est tout noir ou tout blanc, sauf dans les contes et les mythes (Gont les personages ne sont que les symboles des diverses par- ties de nous-némes, comme les différentes facettes tun méme diamang) Létre le meileur peut commettre des choses trés laides. Lindividu le pire peut réaliser des actions magnifiques. Chacun de nous porte en lui la fois la lurnitre et Fombre. Jai done progressivement appris & pouvoir simultanément désapprowver, voire condamner tel acte ou tel propos, sans our autont juger la personne dans son entier. A distinguer ce quelle est fondamentalement, de ce quelle a fait ponctuellement, A-commencer par mol-méme : ce que je suis, au niveau le plus profond, le plus essentiel, west pas réductible & tel de mes com- ortements, de mes paroles ou de mes actes. Oui, je peux étre mécontent de ce que j’ai fait, souhaiter m'améliorer, mais sans our autant nier, juger ou condamner globalement qui je suis, Ft, par résonance. plus jarcive & opérer en moi cette distinction tentre mon éire essentiel et mes actes (qui parfois ne sont pas conformes au meilleur auquel aspire), plus jarriverai également 8le faire pour les autres, ne pas les limiter au pire quils expri- ment parfois, a ne pas les enfermer dans leurs comportements les moins reluisants, & ne pas (plus grave encore N/nourrir et ren- forcer leur part dombre, en ne voyant plus quielle en eux. En réalité, cette distinction, nous savons déja 'opérer. La plupart dientre nous lont déja faite, drailleurs. Avec un tout-petit, par exemple : quand il trébuche, quand il tombe, quand i renverse quelque chose, nous ne réduisons pas ce quil est a tel ou tel de ses gestes, Nous n'y voyons qutune maladresse liée a son jeune ge et 8 son inexperience. De méme avec les personnes qui nous sont cheres : au-dela de telle parole ou de tel comportement mal heureux qu‘elles peuvent avoir, nous continuons le plus souvent de vorr Vetre aimé Pourquoi ne pas nous appuyer sur cette experience connue, quoique restreinte, pour létendre & nos autres interactions, anos relations avec des personnes moins praches ? est un choix que nous pouvons faire. Un choix qui sappuie sur une certaine vision de l@tre humain que fon retrouve dans la plu- part des traditions spirituelles : Vidée quil y a en nous une part de lumiére (qu'on appelle tant6t Fesprit, le souffle, !me}, qui se manifeste & travers notre corps, avec plus ou moins de succés. Ainsi, derriére le comportement négatif, derriére facte blessant, Ilya un étre qui (comme le bébé qui renverse son verre) exprime encore maladroitement le potentiel quil porte en lui. Cette vision, cempasyate que j'ai personnellement fait le choix d'adopter, me permet de déplorer ou de condamner un acte, sans condamner en bloc rétre luiméme. alternative, ce serait de croire quil y a des gens qui sont intrin- sequement et définitivement mauvais, ce qui laisse peu de marge pour apprendre & ne pas juger ! Pour ma part, je préftre laisser les méchantes sorciéres et les bonnes fées dans les contes et légendes, et adopter le point de vue que quelque chose de grand et de lumineux en nous tente de se manifester avec plus ou moins de bonheur et de constance. Et qu'en ne jugeant pas, en conti- nuant de miser sur cette partie-1a de chacun, je Falimente aussi bien en moi-méme que chez autre. Sexercer progressivement Puisque ce qui nous intéresse ici cest précisément darriver & mottre en pratique ces idées, le non-jugement s‘apparentea rim: porte quel sport ou art martial. On ne souléve pas cent kilos 8 son premier entrainement d'haltérophilie. On ne se bat pas contre quatre adversaires & la fois a sa premiere lecon de karaté. I faut commencer petit, progressivement, et 8 mesure quion développe ses «muscles », qu'on se renforce, qu’on acquiert davantage diadresse, on peut se mesurer & des défis ou a des adversaires plus importants. Si, au terme de ce chapitre, vous tentiez tout de suite de séparer letre et les comoortements de Hitler, vous auriez probablement du mal !Entrainez-vous donc pour commencer avec les situations les plus anodines de la ve quotidienne : ce sontelles qui vont vous permettre de développer et de renforcer votre capacité & ne pas (ous) juger, Jusqu’a ce que celle-ci puisse progressivements‘appll- quer & des cas et a des personnes de plus grande envergure. Par analogie, quand vous regardez la télévision, vous avez conscience que !émission vient de loin : a plupart des chaines ont leur sidge a Paris. Méme si vous avez un vieux poste noir et blanc, meme si le son n'est pas en stéréo, vous savez distinguer Ia qua- lité dimage et de son qui saffiche chez vous, sur votre poste, de celle qui est émise en ondes au départ de la chaine. En troquant votre vieux poste pour un écran plasma dernier cri avec la 30 en prime, pourquoi pas 2), vous allez tout dun coup voir les mames Emissions avec une qualité dix fois meilleure. Distinguer les actes et propos (la télévision) de la personne qui en est auteur (la chaine émettricel, cest un peu la méme chose. Der ribre le comportement que jobserve, derriére les paroles qui me sont adressées, je continue de distinguer un étre qui vaut mieux que ¢a, qui nvexprime pas (encore) le meilleur dont il ou elle est potentieliement capable. ‘Pour ce trokiéme, jour je vous propose, encore un autre evercice, une autre manlére davancer vers lenon-ugerrent. Chez yous, au buceau,slmporte cy import. quand, soyez a Taft dea actes ct des parses que vou user négtif, qu vous agressent ‘Mame des pts rene une remarquepar-cl un comportement par. Au lieu de vouloir les éviter, de-les rier ou de: faire rine.de.niavor rien v.nen encend: raquen-es Er dex que vous en reperez un voyez-y tue auhae, we le occation anode de vous entraer 8 ditguer tes aces (bu les propos) de a persome ele-meme, A travers ce.quivous est dit. a travers tel comportement, efforcez-vous auaator de dstngier friday, etre numatn dans route sa richesse tout son porte, dela du peu (u du pe) ql en las. entrevair cet stant + Une personne. vous ince en veture? Ele lest pas son ae Désapprouvez sa grossiéreté si vous vokez, mals ne vous y arrétez cempasyate pes, ne vou: fuez pac dessus, passer 8 travers jucqu’a alscerner (re complet Geut-étre stessé) il se trowe derigre + Quelqiun vous fat une cresee au bureau? Il rst pas davontoge ce comportement mediocre. Condannez Tact, prenez au besoin lee mesures ql clnpccent, wok ne blsse2 pos vote coeur engober sans dscernement cet ace, cee personne, s fale le « gens dé son espece», et ainsi de sue | ‘Attention, nous y reviendrons ultérieurement (voir p. 91), mais notez dés maintenant que ne pas(se) juger ne signitie pas devenir un faible, un mou, un béni-oul-oul ou un lache. Le non-jugement est pas le non-discernement. Et, sans juger pour autant, on peut faire preuve de fermeté, vaire faire appel a la justice, Dans le méme esprit, run de mes amis a cette formule éloquente : «Je pardonne tout... mais je ne passe rien |» Toute nowelle habitude quron sefforce de développer semble ‘au début totalement artificielle. « Ce nest pas natura !», seraient tentés de dire certains & propos des exercices proposés. Effecti- vernent, mais thabitude est une seconde nature, justement. Votre nature actuelle est le résultat dhabitudes prises dans lenfance qui ne vous étaient pas naturelles du tout. Alors, pratique ces exercices réguliérement, en les alternant, en en changeant et y revenant, et bientét ils vous deviendront aussi naturels que des dizaines drautres de vos vielles habitudes ! Autopsie d’un jugement Voila plus de trois jours que nous avangans sur les voies du non- jugement, mais au fait, quest-ce exactement quun jugement ? Etes-vous bien sir de le savoir? Dans la pratique, je constate depuis longtemps quil regne une grande confusion 3 ce sujet « Jugement» fait partie de ces mots Que nous sommes nombreux a utiliser sans toutefois en avoir une définition précise, ni la méme compréhension générale. i! me semble donc nécessaire de faire ici Tautopsie de ce motet den don ner la définition qui sera celle qui aura cours tout au long de ce livre. Du méme coup, ce sera pour moi l'occasion de préciser ce que ne sont pas le jugement et le non-jugement. Rien de tel, pour clarifier un concept, que den mettre en évidence les limites, voire Fopposé | Tentative de définition Alors, qu’est-ce qu'un jugement, au sens ot nous 'entendons ici? Clest un mélange d'observations, d'émotions et parfois dinten tions quon préte aux autres, Sont réunis péle-méle des données objectives, des appréciations subjectives, des projections, des composantes mentales et affecctives : une vraie pagaille ! Pour simplifier, si je regarde ce qui se passe en moi quand je juge, Je constate que se mélent mes deux polarités intérieures : Fintel- lect et le cceur. Mon mental commence par regarder objective ment les choses cempasyate Exemples + ihest peut; + elle est bien enveloppée ; + elles ont la peau noire ; + ils sont arrivés en retard: + ila plaquée ; = etc. Mais les choses nen restent pas |2, Mon coeur, mon affect, se méle aussi de Vaffaire et - & partir de ce quia été objectivement observé - attache un sentiment négatif a cette observation. Exemples + ilest petit, cest nul! + elle est bien enveloppée, cest moche + elles ont la peau noire, cest inquiétant...; + ils sont arrivés en retard, je suis en colére | + illfa plaquée, ga me peine beaucoup ; = etc. Enfin, une troisiéme composante fait parfois 4 nouveau intervenir mon mental. Fort de ce que j'€prouve, je préte des intentions autre, je fais des suppositions quant & ce qui motive ce que J'ai observé, je projette sur lui mes propres motivations. Exemples: + ils sont arrivés en retard, je suis en colére, ils nvont aucun res- pect pour moi ! + ifa plaquée, ca me peine beaucoup, il ne pense qua Wi! En réalité, est-ce que je sais pourquo’ ils sont arrés en retard? Le leur aije seulement demandé? Est-ce que je sais vraiment pourquoi ill'a plaquée ? Ou est-ce que je me fais mon petit scénario tout(e) seul(e) dans ma téte ? La réalité, le plus souvent, c'est que je n’en sais rien: je suppose, imagine, je préte des intentions a lautre, je projette sur lui mes motivations, en choisissant généralement les plus sombres. Je suls dans le virtuel de mon mental, nourri de mes émotions (je ne suis pas dans le réel, dans le vrai) Dans le jugement, on voit donc la téte influencer le coeur, lequel influence en retour la téte, et Cest ainsi que, partant dune obser- vation objective, nos pensées et nos sentiments en tissent une inte rprétation qui n‘a souvent plus grand-chose a voir avec la réa lité, Et qui nous enferme dans un véritable cocon psychique qui nous coupe du réel. Ne confondez pas jugement et discernement Comment en sortir? Comment éviter de juger de la sorte, en alliant inconsciemment son intellect et son coeur ? En apprenant & clairement discerner, puis a séparer ce qui se passe dans votre téte (mental) et dans votre cceur (affect). En apprenant donc & dissocier lobservation objective de faits ou de personnes, des sentiments gu’elle peut susciter en vous. Et 3 ne pas laisser non plus vos émotions vous pousser & préter des Intentions négatives & autru, as Asovoir Lobjectif, est de renoncer au jugement, tout en conservant votre discernement, Attention, toutefois ! A vouloir développer le nor-jugement mal compris, on court le risque de tomber dans le non-discernement, comme cela observe fréquemiment. Cestnotamment le cos dans les cercles du développement personnel et de la spiritualté que Je connais bien le mot dordre de ne pas juger y est si répanéu cempasyate aujourd'hui que, de crainte de tomber dans le jugement, certains finissent par ne méme plus oser faire preuve de discernement. La logique sous-jacente est apparemment la suivante : si juger cest discerner les caractéristiques objectives des gens et y ajouter des sentiments négatifs, alorsen renongant a tout discernement, onn’a plus rien sur quoi projeter des émotions négatives. On reste dans un brouillard dindifférenciation. Du coup, certains se refusent & voir les différences objectives qui existent pourtant entre les gens, entre les situations ou les choses. « Tout est pareil », « Tout se vvaut » affirme cette tyrannie de l'égalité mal camprise, qui vise le on-jugement, mais ne fatteint jamais vraiment. Cela me rappellethistoire de ce chauffeur de bus scolaire du Ken- tucky. Tous les matins, les écoiers novrs et blancs einsultalent vio lemment : «Sale Noir», «Sale Blane!» Puis, ls en venaient aux poings. Un matin, &bout de nerfs, le chauffeur plante les freins de son bus et les fait tous descendre de force. « Ecoutez-moi bien | » leur divi, « Ga suffit|Adater de maintenant, il n'y a plus de Blanes, plus de Noirs! Vous étes tous bleus, désormais. Bleus, cest bien compris ? Bon, alors remontez dans le bus : les bleus fencés der- rigre, les bleus clairs devant | » Nier les différences - comme notre époque est devenue cham- plonne a le faire - ne résout rien. On rrapprend pas 2 aimer en floutantla réalité, nien la colorant en rose, ou en bleu. Le vrai défi, Cest de voir la réalité dans toutes ses nuances, ses différences et ses inégalités, et de raimer telle quielle est, de discerner sans juger, daimer les gens tels quis sont (ou tels quis peuvent deve- hir, comme suggérait Goethe). Alors, non-jugement, oul. Mais non-discerement, non ! Mental vsaffect Pour cela, je vous invite a développer la capacité a clairement di férencier en vous Fobjectif du subjectif, le mental de Fatfectif, et 2 savoir bien utiliser les deux qui sont également importants. A terme, vous y gagnerez un intellect etun cceur autonomes etindé- pendants. Vos pensées ne seront pas systématiquement teintées et déformeées par vos sentiments, Etvos sentiments ne seront pas non plus niés, ni rationalisés par votre intellect. Vous aurez dun 6x6 une capacité dobservation et danalyse aussi claire et juste que possible ; de Vautre, vous aurez une vraie capacié aressentir las choses et & étre & Fécoute de vos sentiments! Grace a cette indgpendance de la téte et du coeur, quand ce der hier est submergé par I'émotion, la t8te arrive a rester « hors de eau » ; inversement, si cest la téte qui est déboussolée et n'y voit plus clair, le cceur conserve sa capacité & étre 8 Fécoute de son ressenti, Dailleurs, selon une interprétation qui me parle, cest ce que voudrait dire lnjonction biblique de « tendre Fautre joue » quand on est frappé sur la premiere : faire appel a rautre polarité en nous. La téte et le cceur sont en quelque sorte notre couple homme/femme intérieur. Alors. vosistours A vous, maintenant d’apprendre a diseéquer ce ul Se passe en vous quand vous jagez. Il sagt de parvenr a séparer eau du jgfement, du bébé du dscernement. Concrétement pariant Texercice que je vous propose. awjowrdhul vs consster — quaral vous {ous prenez oir le fit en train de juger (ar exemple, 3 propos dun college au bureau: «I est toalement bordélique |») ~ a fake une pase pour séparer les composantes de ce jugemet: 1. Le communication nonviolence (CNV) dévelop pte par Marshall Rosenberg est fun des outils qu permettent ¢apprencte 2 fare cette distinction entre ce Que fon! observe et les sentiments que cela provoque en nous les 3 dex bascins tvaleurs satisaits 01 non) cempasyate + Commences par éncncer cllrement les fis, & réalté ckjecthe tell qielle se présente A vos yeuw: «Son bureau est en désordre. Des poplerstrahentpartouty compris ror terre. lly 2 méme des affaes personnells et des re‘es de.nourritue.» Encute, dentiter ls sertiments ou émotions que vous éprower : Jk ails agace@)», ou «J suis en coléren ou encore «Je sus trate, decourage(), degoitele)». Puls, observez comment vos émotions (os Emotions: ce sont les votres out le monde ta pos lez mémes face a la méme station) agssent comme des vertes de, lunettes tentés: eles déforment votre vision de cette personne qul vous apparait des lors « bordé- lque * Enth — cist lastuce finale! ~ identflez en vous quel beso, ou quele valeur est isatkfit ou bafbué par le comportement de vote colégue, Londre ? La progteté ? Lhartronie? Lttertion a utr ? Autre choce 2 Lillusion que nous avons tous au départ, est que nos émotions sont dues a ce que font les autres. «Tu me mets en colere!s, «Tu me dégoiites!», «Tu miattristes ». En réalité, notre émo- tion est due a lécart entre ce que font les autres et nos propres besoins, valeurs ou attentes. Nuance ! Cest comme pour ke feu: il faut un combustible (du bois, par exemple) et un comburant (de lair). Sans air, pas de feu. Sans bois, non plus. I faut les deux. Pas d'émotion non plus sans cette rencontre entre une réalité exté- rieure et nos attentes et besoins intérieurs. Le bureau « bordéli- que » de votre collegue n’agace pas tout le monde, par exemple certains sen fichent, d autres en sourient parce quils n’ontpas les mémes besoins ou valeurs que vous. Quant a votre fameux col- legue, 4 faune de ses attentes a lui, vous lui paraissez sans doute maniaque ! ¥ aviez-vous songé? Ce qui est réel, dans cet exemple, c'est la différence dordre entre le bureau de votre collague et le votre, ou Vidéal de rangement augue! vous aspirez. Ga, c'est objectif: est c® que le discerne- ment permet de constater. Ce qui est aussi réel, ce sont vos émo tions : agacement, tristesse, colére... Mais le jugement « bordeéli- que » qui résulte de Falliage des deux et du lien de cause a effet ue vous imaginez entre eux, n'est pas du tout réel : est une itu sion, une projection de vos émotions. C'est un écairage biaisé sur son comportement, depuis un point de vue partie! et relatif (le votre). Voil3 ce que mer en evidence cette dissection. En disséquant chacun de vos jugements de cette maniére, vous allez progressivement sortir de la confusion et mieux comprendre ce qui vous appartient 8 vous, et ce qui appartient a autre. Aujourd'hui encore, je vous encourage vivement & prendre le temps de la réflexion et a faire cet exertice par écrit. Aldez-vous du tableau ci-dessous pour noter vos jugements, et conserver-le consciencieusement, il vous resservira, Non jugement ital (equemontelediscemement lestaits Mes emaions bemples Hest bordélique Son bureau est mal Lecolere range. Cestune pétasse! lea un comportement La jalouse, ‘aguicheur e plet suxhommes, ‘vous de jouer! cempasyate ‘bu départ, cette dissection de vos jugements va probablement vous sembler difficle, voire artifcielle. Crest normal. On a telle ment thabitude de tout mélanger, de ne pas faire dans le détail, que faire preuve dun tel discernement ne va pas sans effort au début. Mais avec de entrainement, ga va devenir plus facile, plus Gvident, Avec comme récompense que chacun de vos jugements vva vous apprendre quelque chose sur vous | Tout ce qui tantot ménerve, nrattriste, me réjouit, me met en colbre ou me dégotte, me permet de mieux connaitre res valeurs, mes besoins, mes attentes. Au lieu de projeter mon état émotionnel sur fautre, je peux accepter mes émotions, découvrir ce qufelles m‘apprennent sur moi, apprendre a mieux identifier et ‘exprimer mes besoins, et accepter que les autres ne soient pas, toujours conformes & mes attentes, et quils aient leurs propres valeurs et besoins. ‘« Quand on a mal aux pieds », suggére un proverbe japonais que Jaffectionne beaucoup, « on a le choix entre recouvrir toute la terre de cuir... ou porter des chaussures!» Autrement dit, soit vvous passez votre temps a vouloir changer les autres - et si vous étes comme moi, vous aurez déja constaté combien cest peu effi cace | -, soit vous concentrez vos efforts sur vous-méme, sur votre maniére de fonctionner, de juger, de vous emporter, jusqu’aujour 0 les mémes comportements extérieurs ne provoqueront plus du tout les mémes réactions en vous. En prime, comme vous ne réagirez plus négativement comme avant, vous constaterer que vos demandes aux autres seront du méme coup d'autant mieux entendues et prises en compte ! Noubliez pas que object de ce livre est non seulement darriver progressivement a ne plus juger les autres, mais aussi et surtout sol-méme. Alors, ne vous jugez pas si vous narrivez pas tout de suite & mettre en pratique les exercices proposés, & chaque ins- tant. Soyer indulgent avac vous: méme | Ce serait quand méme un comble de vous juger parce que vous r’arrivez pas encore & ne pas juger ! cempasyate «Une montée est une descente vue d’en bas » Quand Jétais gamin, mon pare citait souvent cette phrase qui tenait de son propre pére : « Une montée est une descente vue den bas. » A fépoque, je trouvais cela surtout rigolo ! Cest plus tard que jai compris la sagesse qui se cachait derriére cette affir- mation, «Montée» et «descente» sont les deux noms quion donne une seule et méme chose : une pente. Qu'est-ce qui nous fait cholsir 'un ou Fautre de ces deux termes, pour qualifier cette pente ? Le point de vue d'aprés lequel on la regarde: den haut, Cest une descente ; d'en bas, Cest une montée. co De maniére analogue, si je me trouve & lintérieur dune paroi de verre et vous a extérieur, je jugerai celle-ci concave, alors qu'elle vous apparattra convexe, deux manieres différentes d'apprécier le fait qurelle est sphérique. Une fois encore, notre appréciation, notre jugement dépend de nos points de we respectfs. Question de point de vue Curieusement, cette distinction entre un jugement (ou une opi- nnion) et un point de vue ne fait pas partie des choses qu'on nous ‘a enseignées a I'école. La plupart dentre nous finissent dail- leurs par les confondre et par utlliser indifféremment ces termes comme sill sagissait de la meme chose. Pour mieux souligner la différence entre les deux, imaginez que quelqu'un émette un jugement trés négatif sur vous : « Quel cré tin fini! », «Quelle femme stupide!». Quel effet ce jugement aura-til sur vous ? Vous ne pouvez pas le savoir. Pourquol ? Parce que cela va entigrement dépendre de qui va le prononcer. Si cest opinion de quelqu'un pour qui vous n’avez aucune estime, vous allez peut-étre en sourire (« Se faire traiter didiot par un imbécile, Ironisait Courteline, est une volupté de fin gourmet »). S'l sagit d'une personne que vous ne connaissez méme pas, cela peut ne rien vous faire du tout. En revanche, sil sagit dune figure dau- torité, de quelquiun que vous respectez beaucoup ou d'un ami proche, vous risquez d'étre tras vexé(e), en colare, ou profendé- ‘ment chagriné(e). Ce n'est dane pas opinion ou le jugement exprimé - en soi - qui vous atteint, qui vous blesse ou vous indiffere. Ce qui lui confere ou nen un impact sur vous, ’est bien le point de vue dant ilémane, est-8-dire celui de la personne qui lexprime. Une opinion éma nant d'un point de vue étroit,limité, insignifiant n’aura que peu ou pas d'impact sur vous. En revanche, une opinion émise d'un point de vue élevé, pertinent, éclairé, risque de vous toucher beaucoup cempasyate plus. Au passage, on notera que cette distinction souligne inu- Uulité de la plupart des commentaires et opinions émis sur inter: het, sous un pseudanyme qui plus est: comment savoir de que! point de vue émanent ces opinions anonymes, et donc si elles ont la moindre chance de correspondre & notre propre vision des choses, 8 nos propres valeurs ? Les jugements que /'exprime, comme ceux qui sont dirigés contre moi, sont toujours le reflet dun paint de we bien précis. Celui qui me trouve nul et minable m‘indique du méme coup quil me regarde probablement de trés haut. Celui qui me trouve génial et formidable, qui me met sur un piédestal, me fait aussi savoir quil se positionne Iui-méme bien bas, quil se trouve peut-étre nul. Si Je me connais bien moi-méme, leurs jugements respectifs m’en apprendront finalement davantage sur eux que sur moi ! Retenez donc déja que tout jugement correspond & un paint de ‘ue spécifique, et que tout point de vue est forcément relatif. Un cheval qui regarde un lapin le trouve minuscule : une fourmi qui lave les yeux vers ce méme lapin le trouve gigantesque. Mais le lapin reste le méme dans les deux cas. Il est ce quil est. Ces juge- ments nvont pas plus deffet sur lui quun projecteur braqué sur une statue depuis le haut, depuis le bas, la droite ou la gauche, qui en soulignerait a chaque fols diverses facettes et projetterait tour A tour des ombres différentes : la statue resterait exactement ce qu'elle est, quel que soit 'éclairage auquel elle serait soumise. Considérer un jugement qui nous est adressé comme un simple éclairage relatif, projeté sur nous depuis tel point de vue, en dimi hue grandement limpact quill pourrait avoir sur nous. De méme, considérer nos propres jugements comme Féclairage que nous projetons sur les autres, de notre point de vue & nous, relativise tout autant la valeur absolue que nous serions tentés de leur accorder. Ne soyons plus des Cyclones ! Allons plus loin, maintenant. « Montée» et «descente » pour une méme pente, « convexe » et « concave » pour une méme parai sphérique : dans les deux cas, il faut deux points de vue différents (voire opposés) pour commencer & distinguer dans son entier la vraie nature de ce qui est observé, Quelle conclusion utile pour nous pouvons-nous en tirer ? Nous avons besoin de deux yeux pour voir en relief (essayez de conduire votre voiture en fermant un cal’, vous perdre2 tout sens de la perspective). De méme, il faut deux oreilles pour entendre enstérgo : avec une seule, nous perdons tout relief musical. Or, curieusement, on voudrait se contenter dun seul point de vue sur les gens et les choses, pour se forger un jugement fiable | ‘Avec un seul point de vue, nous némettons que des jugements de Cyclopes, naus ne vayons les chases que d'un seul eel, sous un seul angle, forcément relatif, nécessairement incomplet. Nous sommes comme un éclairagiste qui ne projetterait qu'un seul spot Sur un objet dont toute une moitié resterait dans Fombre. Il faut ‘au moins deux sources de lumiére pour commencer & distinguer Vobjet dans sa totalité, voire trois ou quatre et quelques réflec teurs pour en discerner tous les détails. Durant année que fal passée aux Etats-Unis & dix-sept ans, chaque fois que quelqu'un émettait un jugement négatif sur une personne, ma emére » américaine disait: «Je suis sire que sa maman faime beaucoup!» Cétait sa manibre 2 elle de ne pas limiter autrui a un seul éclairage trés négatif, en imaginant aussi- tot dans quelle lumiere chaleureuse sa maman devait le voir. Son exemple m’a beaucoup marqué. Tout compte fat, non, esseyez pas | Cest wop dangereux! cempasyate

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