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Fiche pédagogique « Enquêtons sur les origines du monde »


Avant-propos pour l’enseignant et sources de références
Les textes qui suivent résultent d’une réécriture, en vue d’un travail avec de jeunes élèves de l’école
élémentaire et de début du collège.

Ils s’inscrivent dans une séquence pédagogique abordant progressivement leur présentation en
classe, avec un cadre méthodologique, rigoureux, séparant formellement croire et savoir: extraire
ces réécritures de ce contexte fait risquer le contresens.

On peut trouver leurs versions originales, destinées à des élèves plus grands, (avec, pour les
enseignants, les références aux sources originales et les traductions littérales, ainsi que documents
iconographiques patrimoniaux), dans la collection Récits primordiaux, sous la direction de Dominique
Borne, dans le recueil Récits de création, Paris, 2008, La Documentation Française, Editeur. Cette
collection de récits a été constituée en collaboration avec l’IESR, Institut Européen en Sciences des
Religions (http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr).

1) Le récit d’Héliopolis (Hiéroglyphes)


Au commencement, il y avait le Noun, une immensité d’eau qui contenait en elle les germes de la
création, c’est-à-dire tous les éléments, on pourrait dire les ingrédients, qui allaient permettre de
créer le monde.

Dans cette vaste étendue d’eau nageait le démiurge, le futur créateur du monde. Il avait pour nom
Rê-Atoum. C’était le dieu-soleil, un être parfait. Un jour, il eut envie d’avoir un sol où se poser car il
était bien fatigué de nager.

Alors, se servant des éléments qui étaient dans le Noun et de toute sa magie, il créa une première
pierre, qu’on appelle le benben. Certains disent qu’il s’agissait plutôt d’une motte de terre ou d’une
colline de sable. En tout cas, c’est ce qui permit à Rê-Atoum de quitter les eaux alors que le sol
terrestre n’existait pas encore, et, en sortant de l’eau, de faire jaillir la lumière. A partir de là, il put
commencer à créer et agir.

Il cracha. Non pas de la salive, mais deux divinités : le Dieu de l’air, Shou, et la déesse de l’humidité,
Tefnout. Ce premier couple donna naissance à deux enfants : le dieu Geb, la terre, et la déesse Nout,
le ciel. Shou sépara le ciel et la terre d’un grand vide pour permettre à la vie d’apparaitre et de se
développer.

Nout fut donc élevée dans les airs et son corps étoilé devint la voûte céleste ; il fallut faire en sorte
qu’elle ne retombe pas sur la terre et risque d’anéantir la création qui se développait. Shou créa huit
géants-gardiens, qu’il chargea de soutenir les cieux, les huit héhéous.

Geb, dieu de la terre, son frère, créa les minéraux et les plantes. Nout mit quatre enfants au monde :
les autres dieux Osiris, Isis, Seth, et Nephtys.

Lea.fr – © Éditions Nathan – 2020/2021


Avec Rê-Atoum, Tefnout, Shou, Geb, Nout, Osiris, Isis, Seth et Nephtys, les divinités formant
l’Ennéade, la création allait continuer.

Rê-Atoum voyant que ses enfants n’avaient plus besoin de lui, se retira dans le ciel, et pleura de
tristesse de quitter ses enfants : de ses larmes naquirent les êtres humains.

Les dieux organisèrent le monde pour qu’il fonctionne bien. Osiris s’occuperait des terres fertiles.
Avec Isis, sa sœur et épouse, il apporterait aux hommes l’art et l’écriture. Seth et Nephtys
s’occuperaient des déserts… Mais Seth n’accepta pas ce partage et tua son frère Osiris, puis coupa
son corps en morceaux qu’il dispersa, dans toute l’Egypte.

Il avait introduit le mal dans le monde.

En cachette, Isis, aidée de Nephtys, reconstitua le corps d’Osiris, son époux, et par magie, lui rendit la
vie. Ils purent avoir un fils, Horus, qui combattit victorieusement Seth le jaloux. Horus devint le
premier pharaon d’Egypte.

2) Récits de l’Hindouisme : les lois de Manou (Sanskrit)


A l’origine, il y a eu «ce qui est ainsi», un tout fait de ténèbres, quelque chose d’impossible à
véritablement connaître ou définir, quelque chose d’entièrement endormi, inerte, où tout était mêlé,
sans différentiation. Alors apparut le seigneur Svayambhou, qui se mit à l’œuvre.

Il déploya son énergie et dissipa les ténèbres. Il médita longtemps, désireux de créer des créatures
de toutes sortes. Il créa d’abord les eaux et y déposa un germe : sur les eaux, apparut un œuf d’or
semblable à l’éclat du soleil rayonnant.

De cet œuf naquit Brahma, l’ancêtre de tous les mondes: il resta dans cet œuf une année puis, par sa
méditation, il sépara l’œuf en deux, pour en faire deux parties. Il fit ainsi la terre et le ciel, et au
milieu, l’éther.
Il fit aussi les huit directions et le lieu éternel où séjourne l’eau. De lui-même, il fit jaillir tout ce qui
constitue les êtres et leurs activités. Il fit la troupe des dieux et inventa le sacrifice. Il créa le feu. Il
créa ensuite le temps et ses divisions, les constellations et les planètes, les rivières et les rochers, les
plaines et les précipices. Puis les créatures vinrent au monde. Pour différencier les actes des
créatures, il créa le juste et l’injuste, et tous les couples contraires, comme plaisir et douleur,
douceur et cruauté, vérité et mensonge.

Pour la prospérité du monde, il tira de sa bouche, de ses bras, de ses cuisses et de ses pieds, quatre
groupes d’hommes. Celui des maîtres de la science sacrée, celui des guerriers, celui de ceux qui
fabriquent et celui des serviteurs. Il continua à partager son propre corps pour créer d’autres êtres.

Ce monde s’usa, et le temps fut venu de sa dissolution. Une sécheresse sans fin commença, et un
immense incendie cosmique embrasa le triple monde : la terre, le ciel et l’éther intermédiaire. Puis
de vastes nuages versèrent une pluie sans fin, tout n’était qu’une seule mer, et la terre semblait avoir
disparu. Vishnou, celui qui repose sur les eaux, le dieu immense aux mille yeux, aux mille têtes,
désirait la paix du sommeil et s’endormit au milieu de l’océan, d’un sommeil de yoga, sur les anneaux
enroulés du serpent Shesha-Ananta, dont le nom signifie éternité.

Son épouse, la déesse Shri Lakshmi, l’éveilla doucement en lui massant les pieds.
Alors, Vishnou songea bientôt à créer des êtres.

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3) Récits du pays Dogon
A l’origine de toutes choses était Amma, Dieu, et rien d’autre n’existait.

Amma commença par dessiner dans l’espace le plan du monde qu’il allait créer. Il utilisa les 266
signes sacrés. Une fois le plan tracé, il commença son œuvre.

A l’intérieur d’un œuf, il superposa les quatre matières qui devaient entrer dans la composition de la
vie : l’air, l’eau, le feu et la terre. De cet assemblage naquit une petite graine, la graine d’acacia. Mais
les quatre éléments ne tenaient pas bien ensemble : l’eau s’échappa et le premier monde d’Amma
échoua.

Dieu décida d’en construire un second qui aurait pour base l’homme. Au lieu de superposer les
quatre éléments, il décida de les mélanger. Ce tourbillon donna la minuscule graine de fonio. La
graine de fonio, si nourrissante, était comme le grain du monde : en elle, elle condensait tout
l’univers. Dieu put alors créer d’autres graines. Puis ce fut le tour des êtres animés.

Amma les avait imaginés parfaits : deux couples de jumeaux, composés chacun d’un mâle et d’une
femelle. Amma avait voulu leur donner la parole, et qu’ils soient les rois du monde.

Avant leur naissance, ces êtres avaient une forme de poisson. Ils devaient attendre d’être terminés
pour sortir de l’œuf du monde. Mais l’un d’eux, Ogo, s’impatienta, et il sortit tout seul de l’œuf,
arrachant un morceau de placenta avec lequel il voulait façonner son propre monde, en concurrence
avec celui de Dieu. Cet événement bouleversa le plan de Dieu : au lieu de jumeaux parfaits, la toute
première créature était un être unique et incomplet !

Dieu punit Ogo en lui retirant le langage puis en le transformant en animal nocturne et sauvage : le
renard pâle, appelé Yurugu. Depuis ce jour, déçu et décevant, ce fils d’Amma ne cesse de perturber
le plan de son père.

Le morceau de placenta devint notre terre, une planète parmi les quatorze planètes qu’Amma créa
et peupla.

A cause du désordre de sa naissance, notre terre était impure. Pour la purifier, Amma dut tuer puis
découper le corps de l’autre jumeau mâle, le Nommo, en soixante-dix morceaux qui donnèrent
naissance aux étoiles, aux plantes et aux animaux. Puis, il rassembla les morceaux, refaçonna le corps
du Nommo, et lui redonna vie.

Puis, il construisit une arche rectangulaire, pour faire descendre sur la terre les divers êtres et choses
de l’univers. Au milieu de l’arche, il plaça le Nommo qui fut chargé d’apporter la parole sur la terre de
Yurugu. La parole est ce qui est le plus important de toute la création.

Le Nommo eut huit enfants, quatre couples de jumeaux cette fois parfaits, qui sont les huit ancêtres
des humains. Chacun avait son rôle dans l’organisation future. Mais sur la terre restait le renard pâle,
Yuguru.

C’est pourquoi, depuis, le jour, l’eau, la fécondité, l’agriculture, la vie et l’ordre, principes de Nommo,
luttent contre la nuit, la sécheresse, la stérilité, la nature sauvage, la mort et le désordre.

Mariannick Dubois-Lazzarotto, auteure Lea

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