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CONCEPTION D'UN MODÈLE D'ESTIMATION DES COÛTS DE PROJETS DE

CONSTRUCTION

Abdelhak Challal

Direction et Gestion | « La Revue des Sciences de Gestion »

2014/3 N° 267-268 | pages 105 à 113


ISSN 1160-7742
ISBN 9782916490427
DOI 10.3917/rsg.267.0105
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2014-3-page-105.htm
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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 267-268 – Organisation et stratégie 105

Information ou communication financière ?


Conception d’un modèle d’estimation
des coûts de projets de construction
par Abdelhak Challal

L
a méconnaissance du coût adjacent à la réalité d’un ouvrage
est à la source de nombreuses et graves difficultés dans
le déroulement d’un projet de construction. Au Nigeria, J.O.
Ajanlekoko (1987) a identifié, par questionnaire, les effets des
retards au niveau de 61 projets de construction, les résultats
ont montré que les dépassements des coûts ont été fréquents
et significatifs, et que les causes incombent surtout aux maîtres
d’ouvrages. D.W. Chan et M.M. Kumaraswamy (1997) ont étudié
les retards dans l’industrie de la construction à Hong Kong, ils
ont souligné que l’indice de réussite d’un projet est sa livraison
Abdelhak CHALLAL dans les délais en respectant le budget affecté et les normes
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Docteur en sciences et techniques de l’Ingénieur de qualité.
Selon A.S. Faridi et S.M. El-Sayegh (2006), les retards ont un
de Ecole Mohammadia d’Ingénieurs, Université impact négatif sur la réussite du projet en termes de temps, coût,
Mohammed V , Rabat, Maroc qualité et sécurité. D’aprés G.O. Jagboro et A.A. Aibinu (2002),
Ingénieur d’Etat de l’Ecole Hassania des Travaux l’entrepreneur et le maître d’ouvrage sont conjointement ou
Publics, Casablanca, Maroc séparément responsables du retard dans l’exécution des projets
Master en Ingénierie Industriel et Ingénieur de construction, les retards ne peuvent être minimisés que si
leurs causes sont reconnues et pour avoir une bonne estimation
Industriel de la Communauté Française, Belgique. des coûts, il faut appliquer des méthodes fiables et de bonnes
Ingénieur Européen de la Fédération pratiques communément admises. Ils ont souligné aussi que
des Ingénieurs Européens, Belgique ces causes peuvent être contrôlées au cours du cycle de vie du
Licence Spécialisée en Sécurité et Hygiène projet et qu’une importante économie des ressources peut être
de Travail, Université Libre de Bruxelles, Belgique. obtenue en identifiant et en maîtrisant ces causes.
Selon K. Gkritza et S. Labi (2008), les causes de dépassement
des coûts naissent en général durant les phases préliminaires
(planification ou conception des projets), et elles concernent
la mauvaise estimation des quantités, des variantes ou des
erreurs de conception, les changements du planning du projet,
les changements de périmètre, les conditions du site et la hausse
des coûts des matériaux et de main-d’œuvre (en grande partie
due à l’inflation) et/ou des événements imprévus.
En effet, dans le monde de la construction, l’estimation sert
à cadrer le plus précisément possible le coût des travaux de

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construction qui seront requis pour bâtir ou modifier (rénover Il est à noter, à cet égard, que la multiplication du nombre
et/ou agrandir) un édifice. L’estimation est donc habituellement d’acteurs intervenant dans le secteur du bâtiment, les nouvelles
faite à partir de plans et devis. technologies de construction et les innovations qui ne cessent
L’estimation peut prendre différentes formes. Par exemple, s’il de voir le jour se traduisent par une plus grande complexité et
s’agit d’un budget que le propriétaire calcule pour vérifier sa plus d’incertitudes dans les estimations des projets.
capacité de financement, une forme plutôt imprécise d’estimation Dans la pratique courante d’aujourd’hui, l’établissement de
sera alors utilisée. Dans le cas d’une soumission faite par un l’estimation du budget d’un projet de construction de bâtiment
entrepreneur pour l’obtention d’un contrat, par contre, la forme par le maître d’œuvre et l’entreprise se fait principalement selon
la plus précise d’estimation sera utilisée. deux démarches : soit en fonction du coût du m² construit, soit
Envisager un projet de construction, quel qu’il soit, c’est souvent sur la base des prix d’ouvrages similaires au projet.
aussi difficile que de se lancer dans la réalisation de sa propre Avec la première méthode, les estimations établies ne sont pas
maison. précises vu que les bâtiments qui se trouvent sur les alentours
L’estimation du coût d’un projet de construction est établie par le du terrain de construction ne sont pas identiques et par consé-
maître d’ouvrage bien en amont du choix de la maîtrise d’œuvre, quent le coût du mètre carré construit est sous- ou surestimé.
généralement au cours de l’établissement du préprogramme ou L’utilisation de la deuxième méthode nécessite la mise en
au plus tard, au cours de celui du programme. place d’une gestion continue des coûts unitaires, alimentée
L’estimation de cette enveloppe est une tâche délicate, car il en permanence par des éléments d’expérience des chantiers
convient d’anticiper sur les caractéristiques du futur ouvrage et récents. L’existence de coûts unitaires, non fidèles à la réalité,
des modalités de déroulement de l’opération. ne garantit pas une bonne estimation du coût des projets et un
Cette estimation mérite d’être soigneusement établie car il s’agit meilleur suivi budgétaire du portefeuille de projets.
d’un budget que l’on va faire voter, négocier avec les directions Le principal objectif de ce travail est la conception d’un modèle
concernées (direction du Budget, direction des Affaires adminis- d’estimation du coût d’un projet de construction, pour ce faire
tratives et générales etc.), et très souvent rendre publique. Les il a été procédé à :
évolutions inhérentes au développement du projet, en général – l’analyse, dans un premier temps, des principales méthodes
sur plusieurs années, doivent s’inscrire dans cette estimation. existantes d’estimation des coûts, en définissant leurs
L’élaboration de cette estimation, dans sa sincérité, constitue un avantages et leurs inconvénients en termes d’utilisation des
enjeu particulièrement important. Il est essentiel que le maître concepts, des démarches et outils de gestion des projets. Et
d’ouvrage se donne tous les moyens nécessaires pour l’établir ce, afin de comparer les différentes méthodes et d’arrêter celle
dans les meilleures conditions possibles et ainsi tenter d’éviter qui sera utilisée dans la construction du modèle d’estimation
les conséquences toujours préjudiciables d’une surestimation du coût d’un projet de construction objet du présent travail.
ou d’une sous-estimation (figure A.1) – la définition, dans un deuxième temps, des différentes compo-
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santes du coût d’un projet de construction. En effet, tout prix
est composé de plusieurs éléments. C’est pour cela qu’avant
d’entamer le calcul de n’importe quel prix (prix d’achat, prix de
revient…), il faut tout d’abord lister les composantes de ces
prix et procéder à leurs estimations.
– ensuite, l’accent a été mis d’abord sur les postes importants à
estimer dans un projet de construction et dans un deuxième lieu
sur les relations usuelles à respecter ainsi que sur l’importance
de la prise en charge d’un projet par un logiciel de gestion de
projet, pour la construction d’un modèle d’estimation des coûts
qui est testé, comme dans le cadre d’une étude de cas réel.
Cet article est organisé comme suit : la section 1 explique les
méthodes d’estimation des coûts et les composantes élémen-
taires pour la détermination de l’estimation d’un projet de construc-
tion. La section 2 discute les résultats. Quant à la section 3, elle
tentera de dégager les conclusions ainsi que les perspectives.

Figure A.1.
1. Les méthodes d’estimation
En effet, les estimations des entreprises sont souvent élaborées des coûts et les composantes
dans la hâte, parce qu’elles doivent présenter un grand nombre
d’offres pour obtenir une affaire ou parce que les délais de remise élémentaires pour la détermination
des offres sont trop courts.

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de l’estimation d’un projet

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Le choix est donc porté sur la méthode analytique bien qu’elle

de construction exige du gestionnaire d’être rigoureuse et vu qu’elle est plus


détaillée que les autres et ne présente pas de subjectivité.

1.1. Les différentes méthodes d’estimation


1.2. Les composantes élémentaires du coût
du coût
d’un projet de construction
Les estimations sont faites par des personnes et non par des
outils. Les outils sont des moyens mis à la disposition des – Main-d’œuvre ;
analystes. Il n’existe pas vraiment de système expert fiable en – Matériaux & matières consommables ;
matière d’estimation de coûts actuellement. – Prévisions des coûts d’ouvrages ;
Toutes les estimations sont basées sur des comparaisons et – Les principaux constituants d’une étude de prix d’un projet
s’appuient sur des bases de données propres à l’entreprise. Il de construction :
n’existe pas de manuel de coûts permettant de s’affranchir de
la création d’une base de données propre à son activité.
Pour estimer, il faut d’abord acquérir les connaissances techniques
1. Le déboursé sec
du contexte, des outils et des moyens de production utilisés, Ces charges sont aussi appelées déboursés directs ou débours.
des produits et technologies. Les déboursés secs sont constitués de tâches unitaires contenant
Il existe un certain nombre de méthodes d’estimation prévision- chacune, tout ou partie des ressources suivantes : main-d’œuvre
nelle des constructions, essentiellement différenciées par le de production ; fournitures ; matériel ; sous-traitants.
degré de précision recherché. Les plus rigoureuses étant bien Ces déboursés sont qualifiés de « secs » parce que leur valeur
sûr les plus ardues et les plus longues. n’est affectée d’aucun coefficient majorateur.

1.1.1. La méthode analogique 2. Les frais de chantier


Cette méthode analogique fournit avec rapidité et à faible coût Ces frais comportent la totalité des six masses budgétaires
des résultats intéressants si elle est appliquée avec rigueur. suivantes : main-d’œuvre ; frais de chantier ; fournitures ; matériel
Elle permet aussi, en travaillant sur les coefficients d’analogie, affecté et non affectable ; sous-traitants ; charges d’exploitation.
des études rapides de sensibilité. Elle peut donc servir d’entrée
pour des comparaisons de principes de solutions étudiées dans
le cadre d’analyses de la valeur. Il ne faut pas cependant en
3. Le déboursé total
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attendre une précision extraordinaire, elle donne simplement, Le déboursé total est, selon les relations usuelles, la somme
d’excellents ordres de grandeur. des déboursés secs et des frais de chantier. C’est donc le
budget total mis à la disposition du responsable du chantier
pour exécuter l’ouvrage dans les règles de l’art. En contrepartie
1.1.2. La méthode paramétrique d’une qualité totale, ce dernier pourra facturer sur cette base
Bien que fondée elle aussi sur le retour d’expérience, elle fait les travaux exécutés.
appel à des calculs plus complexes que dans la méthode analo- Le déboursé total est également appelé coût de production.
gique. Elle ne fonctionne que sur une famille de produits (ou Exprimé en valeur, il permet, au moyen d’une règle de trois,
de projets) de structure identique ne différant que par la taille. d’obtenir directement le montant de la vente hors taxes, et
Les calculs sont automatisables sur un simple tableur comme ensuite le coefficient d’étude appelé K1. Exprimé en valeur, il
Excel par exemple. permet de calculer le K1 d’abord et le montant de la vente hors
L’utilisation de l’application de chiffrage paramétrique est à la taxes ensuite. Les résultats sont naturellement concordants. Le
portée d’un opérateur inexpérimenté. Par contre, l’élaboration déboursé total sera géré par le responsable du chantier.
de la formule d’estimation des coûts est complexe et nécessite
un expert rompu au calcul statistique.
4. Les frais spéciaux
Chronologiquement, ces charges viennent après les frais de
1.1.3. La méthode analytique chantier. Elles sont aussi appelées frais de marché.
On retiendra que la méthode analytique permet d’obtenir des Ces charges ne seront pas gérées par le chantier et ne font pas
estimations de coûts précises mais présente l’inconvénient majeur partie des frais généraux puisqu’elles sont relatives à une affaire ;
de nécessiter beaucoup d’informations détaillées sur, à la fois le ce sont la plupart du temps des frais imposés à un chantier qui
produit et l’outillage utilisé dans une gamme opératoire donnée. comprennent :

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5. Les frais généraux


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Il consiste à compiler tous les coûts, directs et indirects, requis


par la réalisation du projet, selon la planification retenue, afin
Les frais généraux sont des frais nécessaires au bon fonction- d’établir le budget nécessaire pour la réalisation du projet.
nement de l’entreprise, qu’il n’est pas possible de ventiler et Enfin, il se fonde sur l’examen de multiples données, dont le
d’affecter à une production précise : administration, organisa- traitement est grandement facilité par le recours à des logiciels
tion, gestion. appropriés, pour déterminer les chemins critiques, pour permettre
la rationalisation des dépenses relatives à l’affectation des
ressources aux activités et afin d’identifier et de résoudre le
6. Le prix de revient problème de la sous- ou surutilisation des ressources et de
C’est la somme déboursé total + frais spéciaux + frais généraux, faire des simulations de planification en vue de respecter le
c’est-à-dire le coût toutes dépenses confondues d’un projet. délai contractuel.
Le modèle se présente comme suit (Figure 1) :

7. La marge et les aléas


– La marge brute : Le montant de la marge brute rassemble le
total des charges situées après le déboursé total (coût de
production).
– La marge nette : Le montant de la marge nette est la diffé-
rence entre le montant de la vente hors taxe d’une affaire et
le montant de son prix de revient.

8. Le prix de vente hors taxes


C’est le prix de revient majoré d’une marge bénéficiaire variable
suivant les affaires :
Cette marge est décidée en fonction de renseignements généra-
lement subjectifs. La somme de toutes les ventes hors taxes de
l’année constitue le chiffre d’affaires de l’entreprise. C’est une
donnée essentielle qui caractérise une entreprise. Figure 1 : Modèle développé d’estimation du coût d’un projet de construction

Le modèle proposé pour l’estimation des coûts des ouvrages


2. Résultat : Modèle développé
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de construction comprend huit étapes :
d’estimation des coûts d’un projet 1. Exploitation des différents types de documents nécessaires
pour l’estimation des coûts ;
de construction 2. Structure de fractionnement du travail (SFT ou WBS (work
Breakdown Structure) ;
Le modèle construit est basé sur la méthode d’estimation analy- 3. Gestion des risques ;
tique permettant une décomposition réfléchie et ordonnée des 4. Détermination des besoins en matériels nécessaires à l’exé-
composants de l’ouvrage à estimer, et sur les relations usuelles cution des travaux ;
qui existent entre les différents frais engagés. 5. Détermination des temps prévisionnels totaux et délais
d’exécution ;
Il prend en considération la gestion des risques, le respect du 6. Détermination des effectifs de main-d’œuvre réels nécessaires
délai contractuel et fait recours à l’apport informatique. à l’exécution des travaux et encadrement ;
C’est un modèle qui nécessite des informations très détaillées 7. Détermination de la meilleure planification opérationnelle par
sur le produit à chiffrer mais aussi sur son procédé de réalisation, recours à l’informatique ;
la connaissance de la structure exacte du produit et du descriptif 8. Détermination de l’estimation du coût d’un projet de construc-
détaillé des travaux (nomenclature et gamme en production etc.). tion.
Il cherche à valoriser chaque activité séparément, à décomposer Ci-dessous, cinq étapes sont expliquées de manière approfondie
chaque activité en tâches élémentaires dont le temps d’exécution vu leur importance :
est connu grâce aux temps unitaires prévisionnels. Etape 4 : Détermination des besoins en ressources matérielles
C’est un modèle qui consiste à expliciter les différentes dépenses nécessaires à l’exécution des travaux
à prendre en compte pour le coût, après les avoir classées en La gestion des projets requiert la détermination, à l’aide des
deux catégories : celles directement et indirectement rattachées prévisions et des budgets à l’étape de la planification et grâce aux
à la production. observations appropriées à l’étape du contrôle, des durées des

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activités, des ressources nécessaires à leur accomplissement et quantité prévisionnelle est donnée par le maître d’œuvre au
des coûts directs et indirects qu’elles devraient engendrer. Encore cadre du détail estimatif.
ici, l’aide d’experts des divers domaines s’avérera précieuse au Temps unitaire * Quantité = Temps de main-d’œuvre (par nature
gestionnaire des projets. d’ouvrage)
La détermination des besoins en ressources de production pour Le temps unitaire de main-d’œuvre est également utilisé pour
chaque activité du projet doit être aussi précise que possible déterminer le temps d’exécution avec une équipe donnée.
dès l’étape de la planification. On se sert en général des taux
d’utilisation des ressources (par exemple, telle activité exige, pour • Rendement
chaque jour ouvrable de son déroulement, trois ouvriers, deux Le rendement indique la quantité d’unités d’ouvrage qui doit
grues, un camion, etc.) pour toutes les ressources directes. Pour être réalisée en une durée donnée, généralement arrêtée à une
les ressources indirectes, on peut procéder à une estimation heure ou à une journée.
du coût quotidien du déroulement du projet, indépendamment Le temps unitaire (TU) et le rendement (R) sont ainsi inverses
des activités accomplies, ou à une évaluation globale pour l’un de l’autre.
l’ensemble du projet. R = 1/TU
À cette étape, il est également essentiel d’établir les activités
dont la durée dépend du taux des ressources utilisées. Certaines • Détermination des temps unitaires et des rendements
activités peuvent être raccourcies en utilisant plus de ressources Les temps unitaires et les rendements lors de l’étude d’un projet se
simultanément ; par exemple, six ouvriers peuvent parfois accom- déterminent de trois façons, comme le montre la figure ci-après :
plir en huit jours ce que trois ouvriers mettraient seize jours
à réaliser. Toutefois, ce n’est pas toujours le cas. Certaines
activités ont une durée indépendante du taux des ressources
employées et on ne peut pas en accélérer l’accomplissement
en y consacrant plus de ressources. Cette distinction aura une
influence déterminante sur les étapes subséquentes de la
gestion des projets.

Détermination des principales ressources matérielles


• Nombre de grues et leurs capacités (station de levage)
Le nombre de grues est égal à la quantité en m² de plancher à
couler divisé par le délai, sachant que le gros œuvre représente
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à peu prés 70 % du délai global. – par comparaison (analogique) ;
La capacité de la grue est déterminée en fonction de la quantité – par déduction, c’est-à-dire par la recherche et l’analyse (analy-
de plancher m² à couler par mois, sachant qu’en général la tique) ;
production mensuelle moyenne d’une grue est de 800 m² (avec – par méthode des trois points (paramétrique).
des pointes de l’ordre de 1 400 m²), a) Comparaison
• Nombre et capacité de stations de bétonnage Lors du précédent chantier, l’entreprise qui a été amenée à
Le nombre de stations de bétonnage est égal à la quantité de exécuter des tâches similaires a noté sur ses comptes rendus
m³ de béton à mettre en place figurant dans le devis quantitatif de travaux les conditions de réalisation suivantes :
estimatif divisé par le délai sachant que le gros œuvre représente – Nombre d’ouvriers : n
à peu prés 70 % du délai global. – Quantité d’ouvrages effectuée dans la journée avec ces n
La capacité est déterminée en fonction de la quantité de béton ouvriers : q
en m³ à mettre en place en une heure. – Nombre d’heures de travail par jour : 8 heures
Le temps unitaire moyen pour réaliser une unité d’ouvrage est
Étape 5 : Détermination des temps prévisionnels totaux et délais alors :
d’exécution t = 8n/q
Détermination des temps unitaires et des rendements
• Temps unitaire Une exploitation systématique des comptes rendus de chantier
Le temps unitaire correspond à la durée de travail de l’ouvrier permet d’établir sans trop de difficulté des barèmes de temps
moyen (ouvrier + manœuvre) pour réaliser à lui seul une unité de main-d’œuvre.
d’ouvrage, il est minuté en heures et en centièmes d’heure afin Ces derniers sont d’une grande utilité lorsque les travaux à
de faciliter les calculs. exécuter sont très semblables d’un chantier à l’autre à quelques
La connaissance du temps unitaire permet de déterminer le exceptions près, dues aux dimensions réduites ou exceptionnelles
temps de main-d’œuvre pour chaque nature d’ouvrage dont la et une certaine pondération pour les cas des travaux publics.

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b) Déduction (voir méthode analytique) Étape 6 : Détermination des effectifs de main-d’œuvre réels
Il arrive parfois qu’aucune comparaison ne soit possible : nécessaires à l’exécution des travaux et encadrement
– soit pour ne pas avoir eu l’occasion de réaliser des travaux Estimation effectif de main-d’œuvre – crédit d’heure
similaires ; Le temps total de main-d’œuvre permet de déterminer l’effectif
– soit pour être en face d’un cas particulier propre au futur chantier. d’ouvriers capables de réaliser les travaux dans un délai donné.
La détermination du temps unitaire se fera alors par déduction Le choix de ce dernier résulte de celui défini avec le maître d’œuvre
à la suite de recherche et de raisonnement logique basés sur : pour l’exécution de la commande. Il est parfois légèrement diminué
– l’étude des mouvements, la décomposition des tâches ; pour faciliter les approximations des calculs. Ceux-ci sont menés
– la composition de l’équipe chargée de la réalisation ; en considérant qu’une équipe de n ouvriers travaillera du début
la durée probable des mouvements et des tâches décomposées. à la fin et de façon continue à toutes les natures d’ouvrages.
c) Méthode « des trois points » Bien que correspondant peu à la réalité, ce raisonnement permet
La durée est considérée comme une variable aléatoire. de définir très rapidement la valeur de n et d’avoir ainsi un bon
On ne connaît pas la durée, mais la probabilité des différentes repère pour l’organisation du chantier et pour la mise au point
durées. du programme d’exécution.

TO + 4TM + TP
Temps espéré = Schématiquement, la valeur de n se détermine par la relation
6
Avec : suivante :
– TM : temps moyen estimé (travail dans des conditions normales) ; Temps total de M.O (en heure)/ 8*Dj = n
– TO : temps optimiste (conditions idéales, pas d’obstacle, temps Avec 8 = nombre d’heures de travail/j
minimum pour accomplir la tâche) ; Dj = durée retenue en jours de travail ;
– TP : temps pessimiste (temps maximum pour accomplir la N = effectif total d’ouvriers.
tâche dans les pires conditions). Les grandeurs invariables sont :
– le temps total de main-d’œuvre ;
– la durée journalière de travail.
Temps total prévisionnel
Le temps total prévisionnel est directement lié aux quantités Ainsi, pour un chantier donné, le produit nxDj reste constant, ce
d’ouvrages à réaliser et non au délai d’exécution. Chaque quantité qui entraîne les conséquences suivantes :
d’ouvrage nécessite un temps de travail de main-d’œuvre ou de – toute augmentation ou diminution de l’effectif donne lieu
matériel. Chaque quantité prévisionnelle correspondant à une corrélativement à une diminution ou à une augmentation de
nature d’ouvrage est multipliée par le temps unitaire de main- la durée d’exécution ;
d’œuvre approprié, la somme des produits donne le temps total – pour une durée, Dj imposée, le nombre n est défini sans
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de main-d’œuvre. ambiguïté, vouloir effectuer le chantier avec un effectif plus faible
De même, le temps prévisionnel de matériel est obtenu en dans le temps Dj est utopique, vouloir employer un effectif plus
divisant par le rendement escompté des engins. Chaque quantité fort pour tenir facilement le délai Dj est de mauvaise gestion.
prévisionnelle correspond à une nature d’ouvrage. Au début du chantier, le temps total de main-d’œuvre constitue
un objectif d’emploi d’ouvriers à ne pas dépasser, il peut être
alors considéré comme un crédit.
Détermination des délais C’est le crédit de main-d’œuvre qui va diminuer avec la réalisa-
Les délais pour chaque type de prestation sont déterminés selon tion des travaux. Cette notion de crédit est d’une grande utilité,
la formule suivante : les comptes rendus sur l’emploi du personnel permettent de
Délai pour chaque type de prestation = (Nombre d’heures de comparer le crédit utilisé avec le temps réel de main-d’œuvre.
réalisation* délai contractuel)/Total h projet La situation du chantier « en bénéfice » ou « en déficit » est très
Avec : rapidement connue.
– Nombre d’heures de réalisation : Le temps prévisionnel néces-
saire pour la réalisation des quantités correspondant à l’ouvrage Étape 7 : Détermination de la meilleure planification opérationnelle
élémentaire, objet de la détermination de son délai. par recours à l’informatique
– Délai contractuel : C’est le délai de réalisation spécifié dans Le diagramme de GANTT est la technique et la représentation
le contrat. graphique permettant de renseigner et de situer dans le temps
– Total h projet : C’est la somme des temps prévisionnels néces- les phases activités, tâches et ressources du projet :
saires pour la réalisation des quantités correspondant à tous – en ligne, on liste les tâches et en colonne les jours, semaines
les ouvrages élémentaires composant le projet. ou mois. Les tâches sont représentées par des barres dont la
Ces délais sont déterminés en considérant qu’une équipe de n longueur est proportionnelle à la durée estimée ;
ouvriers travaillera du début à la fin et de façon continue à toutes – les tâches peuvent se succéder ou se réaliser en parallèle
les natures d’ouvrage. entièrement ou partiellement.

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Ce diagramme a été conçu par Henry L. GANTT (en 1917) et est Relations usuelles entre les différents frais de dépenses (Figure 2)
encore aujourd’hui la représentation la plus utilisée.
L’estimation de la durée de chaque activité d’un projet constitue
une tâche déterminante pour sa gestion. En effet, l’estimation des
coûts, la répartition des ressources et les efforts de planification
et de contrôle sont orientés en fonction des diverses tâches
prévues. S’il se glisse beaucoup d’erreurs importantes dans
cette estimation, la planification résultante sera en bonne partie
inutile. Il est habituel pour les responsables des diverses étapes
d’un projet de gonfler quelque peu les estimations de temps,
afin de conserver une certaine marge de manœuvre en cas de
difficultés imprévues. Ces estimations, gonflées volontairement
ou non, induisent les gestionnaires et les travailleurs à prendre
tout le temps alloué pour effectuer la plupart des tâches. Ce
qui peut entraîner des conséquences néfastes quant au respect
des délais et des budgets.
À l’inverse, une durée sous-estimée peut causer de nombreux
problèmes lors du déroulement du projet : impossibilité de
respecter les délais et les budgets alloués, nécessité de recourir
aux transferts de main-d’œuvre et équipement, aux heures
supplémentaires ou à la sous-traitance.
Comme signalé dans les orientations de gestion de projet, l’uti-
lisation d’un outil informatique est nécessaire. En effet, parmi
les outils performants et fiables existe MS Project1 : Ce logiciel Figure 2 : Relations usuelles entre les différents frais de dépenses
possède une belle présentation et est facile à lire.
Pour aboutir à l’élaboration du diagramme de Gantt, il faut suivre Coefficient de majoration/Prix de vente (Figure 3) :
plusieurs étapes précisées dans l’aide du logiciel : – majoration sur prix Chantier :
Modèle retenu (détermination du nombre des ouvriers par nature La somme des frais de siège, financiers, d’assurance (assurance
de prestation) décennale d’étanchéité, assurance civile) et aléas proportionnels
Le diagramme de Gantt permet de calculer la durée totale du projet plus le bénéfice, exprimés en pourcentage par rapport au prix
en fonction des ressources affectées, des temps unitaires d’exé- de vente est noté K.
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cution utilisés pour la réalisation de chaque ouvrage élémentaire. Pour retrouver le prix de vente représentant 100 % des frais
Il permet aussi de visualiser les ressources sur ou sous-utilisées. globaux, on définit un coefficient de majoration (c1) applicable
Sur la base des données des résultats du logiciel, il y a lieu de au déboursé du chantier par la relation :
procéder à des simulations, permettant d’abord de résoudre PV = (DS + FI) X C1
le problème de sur ou sous-utilisation des ressources afin de PV = D X C1
déterminer le nombre des ouvriers par nature de prestation Soit alors C1 = 100/100 – K
ainsi que l’encadrement nécessaire et ensuite de respecter le
délai contractuel figurant dans le contrat. Par la suite, il faut
choisir le modèle de la planification qui répond aux objectifs de
réalisation du projet.

Étape 8 : Détermination de l’estimation du coût d’un projet de


construction
L’estimation du coût d’un projet de construction n’est autre que
le prix de vente qui peut être déterminé à partir des relations
usuelles entre les différents frais de dépenses.
En appliquant les relations usuelles entre les frais de dépenses
et en utilisant le coefficient de passage du prix de revient au
prix de vente, on obtient la valeur de l’estimation du coût d’un
projet de construction, objectif de ce mémoire comme illustré
dans la figure ci-après.
Figure 3 : Utilisation du coefficient de majoration dans les relations usuelles entre
1. Voir guide MS Project élaboré par M Abdelhak Challal en annexe.
les différents frais de dépenses

mai-août 2014
Dossier II
112 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 267-268 – Organisation et stratégie
Information ou communication financière ?

La majoration du déboursé de chantier par le coefficient C1


permet de passer directement du prix de revient chantier au
prix de vente.
Ainsi ce modèle a été testé sur le cas d’un projet immobilier,
pour pouvoir comparer l’estimation déterminée à l’aide du modèle
arrêté et celle élaborée par le maître d’œuvre et l’entreprise en
vue de connaître l’importance des écarts, afin de juger de la
fiabilité des estimations établies sans et avec le modèle.
L’application de ce modèle a permis à l’administration :
– d’établir l’estimation exigée par la réglementation ;
– de déterminer les spécifications, la consistance des prestations
et le délai d’exécution à satisfaire ;
– de contrôler en amont l’estimation établie par le BET, l‘archi-
tecte et le coût proposé par l‘entreprise.
En effet, la comparaison des estimations a permis de constater
un écart entre l’offre de l’entreprise et l’estimation déterminée Figure 5 : Evolution du prix de vente en fonction du bénéfice
par le modèle objet du présent mémoire.
Ce modèle pourra aussi servir de base à la commission d’appels
d’offres pour :
– examiner et évaluer les offres techniques (conformité aux
spécifications exigées par le règlement, la note sur les moyens
humains et matériels affectés au projet) ;
– pouvoir étudier les prix figurant dans le bordereau des prix et/
ou le détail estimatif de l’offre, des ouvrages élémentaires
composant le projet ;
– ainsi que pour faire des simulations (Fig 4, 5, 6).
La figure 4 montre l’impact financier en fonction du choix du
procédé de fabrication, en effet le choix du béton prêt à l’emploi
revient plus cher par rapport au choix du béton coulé sur place.
La figure 5 montre que le prix de vente augmente en fonction
du % du bénéfice souhaité.
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La figure 6 montre le pourcentage en budget des déboursés
secs par rapport au budget global dans un projet immobilier.
Figure 6 : % en budget des déboursés secs par rapport au budget global

Conclusion
Notre but consiste à consolider tous les acquis qui existent
tant au niveau national qu’international en termes de méthodes
d’estimation des coûts, de calcul du coût de vente, en termes
de relations usuelles entre les différentes dépenses, en termes
de management des projets et d’apport informatique relatif à
la gestion de projet, pour construire un modèle permettant de
s’approcher au plus près de la réalité dans l’estimation du coût
d’un projet de construction.
En effet, après analyse des avantages et inconvénients des
méthodes d’estimation des coûts, il a été procédé au choix d’une
méthode pour la détermination des temps unitaires et après
étude des composantes des prix d’un projet de construction, il
a été tenu compte des principales composantes ainsi que des
relations usuelles entre les charges.
Figure 4 : Impact du choix de procédé de fabrication sur les prix de vente Aussi et après détermination des insuffisances des méthodes des
estimations des coûts, il a été tenu compte du délai contractuel

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Dossier II
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 267-268 – Organisation et stratégie 113

Bibliographie

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pour la réalisation du projet, des concepts du management du
projet ainsi que les fonctionnalités des logiciels de gestion des
Ajanlekoko J.O. Controlling cost in the construction industry. Lagos QS
projets lors de la construction du modèle. Digest, Lagos 1987 ; 1(1):8–12.
Cette méthode permettra ainsi de déterminer les ressources
Chan D.W., Kumaraswamy M.M., 1997. A comparative study of causes
nécessaires à l’exécution de chaque prestation du projet, afin of time overruns in Hong Kong construction projects. International
de juger les offres techniques des soumissionnaires proposant Journal of Project Management, 15(1):55–63.
la liste des moyens humains et matériels. Faridi, A.S. and S.M. EL-Sayegh, 2006. Significant factors causing
Il est à signaler que nous avons aussi appliqué cette méthode delay in the UAE construction industry. Construction Management and
à d’autres projets de grande consistance et nous avons obtenu Economics, 24 : 1167-1176.
des résultats pertinents, vu que la démarche est semblable. Jagboro G.O. and Aibinu A.A, 2002. The effects of construction delays
Mais la concrétisation des avantages de la méthodologie d’estima- on project delivery in Nigerian construction industry. International Journal
tion des coûts de projets de construction réclame une attention of Project Management, 20 : 593-599.
particulière à tous les stades de la vie du contrat, c’est-à-dire, un Gkritza K. and S. Labi, 2008. Estimating cost discrepancies in highway
suivi particulier depuis le stade du coût initial d’investissement contracts : Multistep econometric approach. Journal of Construction
au stade de l’attribution. Engineering and Management, 134(12): 953-962.
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