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Introduction générale

Traiter de la transparence financière au sein des organisations implique nécessairement


d’évoquer une notion plus globale, celle de la gouvernance ou «corporate gouvernance ». En
effet, du fait de son importance, cette notion a été reconnue comme la pierre angulaire de
toute réforme efficace et d’ampleur visant à promouvoir la stabilité et la croissance des
marchés et rassurer la transparence financière au sein des entreprises.
Ainsi toute association a dû mettre en place des procédures et des outils de transparence et de
contrôle interne, tant en matière d’informations financières que de mode de direction et de
fonctionnement. Ces règles de bonne gouvernance permettent à l’entreprise de fonctionner
durablement et en toute transparence envers son environnement.
Dans un souci d’une plus grande transparence, le législateur tunisien a entendu renforcer
l’information mise à disposition des membres de l’organe délibérant sur le fonctionnement
interne de l’organisation.
En effet, le code des sociétés commerciales a déjà été amendé à plusieurs reprises, loi du 5
janvier 2009, loi du 27 décembre 2007 relative à l’initiative économique, loi du 18 octobre
2005 relative au renforcement de la sécurité financière, loi du 27 juillet 2005, loi du 26 janvier
2005. Et récemment, par une loi en date du 16 mars 2009 le législateur a encore modifié sa
législation relative aux sociétés commerciales.
Cette nouvelle réforme s’articule principalement autour de trois grands axes : L’introduction
de plus de souplesse dans la constitution et la gestion des sociétés, l’instauration de plus de
contrôle et de rigueur dans la gestion et l’introduction du droit de communication et d’accès
aux documents des associés.

Cette loi n°: 2009-16 du 16 mars 2009, annonce à travers les 29 articles modifiés, remplacées
ou complétés du Code des Sociétés Commerciales « CSC », des nouvelles règles et normes de
communication, d’information, de protection des associés et de gestion sécurisée, dans les
sociétés commerciales d’une manière générale et plus particulièrement au niveau des Sociétés
Anonymes.

Ainsi la lecture des différents articles modifiés, remplacés et/ou complétés, dégage l’esprit
général de la réforme de 2009, ainsi que l’intention du législateur, qui vise :
 Le renforcement du droit d’information et de communication au profit des
associés/actionnaires.
 Le renforcement du dispositif juridique en matière de responsabilisation des
gestionnaires et dirigeants des sociétés, ainsi que l’élimination de tout obstacle en
matière de mise en œuvre de l’action sociale.
 Le renforcement du dispositif juridique relatif à la gestion sécurisée et la mise en
place des nouvelles règles de transparence.
 L’assouplissement de certaines règles de forme relatives principalement à la
publicité.
 La reconnaissance conditionnée de certaines institutions juridiques.

Dans le même temps, et tout à fait logique, le rôle du commissaire aux comptes a accompagné
très étroitement toute évolution au sein de l’entreprise et dans sa gestion .En effet, sous
l’action d’un législateur multipliant sans relâche nouveaux contrôles et interventions, sa
mission est considérablement élargie.
Certes, à coté de sa mission générale le commissaire aux comptes est confié d’autres
missions spécifiques. Parmi lesquelles l’audit légal des conventions conclues entre la société
d’une part et l’un de ses dirigeants d’autre part ,qui font l’objet d’un rapport spécial du
commissaire aux comptes .Sur la base de ce rapport les associés ou les actionnaires seront
bien informés de toutes les conventions conclues et peuvent s’y prononcer .
En effet, ces conventions peuvent poser un danger menaçant l’intérêt de la société, surtout si
ce dernier risque d’être dilué par rapport aux intérêts personnels de ses dirigeants. La raison
pour laquelle la réforme du code des sociétés commerciales a modifié la réglementation de
ces conventions par l’élargissement du champ d’application au delà du cercle des dirigeants
et l’instauration des nouvelles dispositions pour plus de rigueur et de contrôle.

Nous allons nous intéresser tout au long du présent mémoire au sujet de la réglementation des
conventions concernant les sociétés commerciales et plus précisément la société anonyme ,en
essayant de traiter d’une part le champ d’application ; les parties intéressées ; la procédure de
contrôle aussi bien que les conséquences de son inobservation … et d’autre part dans une
deuxième partie le rôle principal du commissaire aux comptes et son intervention pour

contrôler le déroulement de telles conventions réglementées, son rapport spécial et


l’obligation qui lui est mise par la loi de veiller à ce que celles-ci se produisent conformément
aux dispositions légales.
D’où la problématique que nous essayerons de traiter est comment le commissaire aux
comptes parvient t-il à la découverte des conventions réglementées dans le cadre de
l’établissement de sa mission d’audit légal et l’éventualité que celles-ci pourraient revêtir ou
non de faits délictueux.
En effet, en absence d’une norme spécifique ou une réglementation bien déterminée, une
démarche suivie par le CAC pour contrôler les conventions réglementées ne serait si évidente .
1ère Partie : La réglementation des conventions
réglementées
Introduction

Pour garantir une gestion sécurisée au sein d’une société ,le code des sociétés commerciales
(C.S.C) a prévu une réglementation particulière pour les conventions conclues entre la société
et ses dirigeants.
Il s’agit d’un mécanisme de prévention qui « tend à maintenir ou le cas échéant à restaurer
l’équilibre contractuel, de telle manière que la société ne subisse aucun dommage du seul fait
qu’elle a traité avec l’un de ses dirigeants » et ainsi d’éviter toute source d’abus et de fraude
de la part des dirigeants.
En effet, le législateur tunisien a jugé nécessaire de soumettre ces conventions à un régime
particulier selon lequel : certaines conventions sont interdites ; d’autres conventions sont
soumises à une procédure d’autorisation et /ou d’approbation ; et certaines autres conventions
peuvent être conclues librement.

La lecture des nouvelles dispositions, prévues par cette dernière loi et modifiant le Code des
Sociétés Commerciales, en ce qui concerne les conventions conclues entre la société et ses
dirigeants, fait apparaître l’élargissement du domaine d’application pour plus de rigueur et de
contrôle, comportant essentiellement :
La forme juridique des sociétés visées par le Code des Sociétés Commerciales ; les parties
intéressées par la nouvelle réglementation relative aux conventions (chapitre1)
Ainsi que la nature des actes désignés par cette nouvelle réglementation (chapitre2).
Chapitre1 : Présentation des parties intéressées

Les articles 200,202, 203 et 205 du Code des Sociétés Commerciales définissent les règles
applicables pour les sociétés anonymes à conseil d’administration. Des règles identiques ont
été transposées aux sociétés anonymes à directoire et conseil de surveillance (article 249),
avec interdiction de certaines conventions (art.252 nouveau) (Section1).
Des procédures de contrôle ont été aussi prévues pour les sociétés à responsabilité limitée
(article115, 116) et les sociétés unipersonnelles à responsabilité limitée (article 152)
(Section2).
Qu’en est t-il le cas pour les autres sociétés commerciales ou entités notamment les SA
exerçant dans des domaines d’activités spécifiquement réglementées telles que les banques et
les compagnies d’assurance ? (Section3).
Nous-nous intéresserons à ce stade aux personnes chargées légalement de solliciter
l’autorisation du conseil d’administration/de surveillance avant de conclure des conventions
entrant dans le champ d’application de l’article 200 du CSC. La procédure de contrôle
s’applique que la convention est conclue avec ces personnes ou avec les tiers.
Section1 : Dans le cas des sociétés anonymes :
L’article 200 paragraphe II alinéa 1, soumet toutes conventions conclues par certaines
personnes, à la procédure du contrôle, laquelle procédure s’applique nonobstant la nature de la
convention conclue, et ce tant que les personnes visées sont des parties contractantes
directement ou indirectement intéressées.
Le nouvel article élargit la liste des personnes avec lesquelles toute convention doit être
soumise à l’autorisation. L’ancien article 200 ne concernait que : le président, le directeur
général, les directeurs généraux adjoints ou les membres du conseil d’administration.
I. Personnes Physiques directement ou indirectement
intéressées :c’est quoi un paragraphe (une fois I et une fois tu
écris Ier paragraphe)
Les personnes parties aux conventions conclues avec la Société anonyme, sont les suivantes :
 Le président du conseil d’administration
 L’administrateur délégué
 Le directeur général
 L’un des directeurs généraux adjoints
 L’un de ses administrateurs
 L’un des actionnaires personnes physiques y détenant directement ou indirectement
une fraction des droits de vote supérieurs à 10%
 ou la société la contrôlant au sens de l’article 461 du CSC 1
 Les membres du conseil de surveillance
I ou Paragraphe 1er : Les SA à conseil d’administration :
1. Les administrateurs :
Le conseil d’administration est composé de trois membres au moins et douze membres au
plus. Les statuts peuvent fixer un nombre d’administrateurs minimum ou maximum à
l’intérieur de ces deux limites. Les administrateurs qu’ils sont choisis parmi les actionnaires,
les salariés ou les tiers sont désignés par l’assemblée générale constitutive ou l’assemblé
ordinaire.
Un administrateur peut également être choisi parmi les tiers étrangers à la société. Aucune
limite n’est imposée à la liberté des actionnaires de recruter les administrateurs parmi les
personnes liées à la société par une relation d’affaires (banquier, assureur, fournisseur,
client…..)2.
C’est quoi ce titre Les personnes morales administrateurs :
Une personne morale peut occuper la fonction d’administrateur. Elle est tenue de nommer un
représentant permanent. La personne morale peut à tout moment remplacer son représentant
moral.
Notre objectif est d’examiner le régime des conventions qu’ils peuvent conclure avec la
société et leur responsabilité qui fera l’objet des chapitres suivants dans cette première partie.
2. Le président du conseil d’administration :
En principe, la direction générale des sociétés anonymes est assumée par le président du
conseil. Il tient à ce titre un pouvoir de direction et d’organisation interne au sein de
l’entreprise.
Le conseil d’administration est animé par un président qui doit être une personne physique
ayant la qualité d’actionnaire. Le président est désigné parmi les administrateurs, nommé par
1
( conformément aux dispositions de l’article 461 du CSC, est considérée comme étant contrôlée par
une autre société, toute société, (i) dont une autre détient une fraction du capital lui conférant la
majorité des droits de vote, OU (ii) dont une autre société y détient la majorité des droits de vote, seule
ou en vertu d’un accord conclu avec d’autres associés).
2
La doctrine de la corporate governance critique cependant la nomination de ces personnes car elles
ne forment pas de bon non-executive directors .Par le fait qu’elles sont rémunérées pour leurs
prestations de services par la société, elles ne peuvent être totalement indépendantes de la direction .
le conseil pour une durée qui ne saurait excéder celle de son mandat de membre du conseil
d’administration. Il est éligible pour un ou plusieurs mandats. Il est révocable en tout moment.
Le président convoque le conseil, propose son ordre du jour, préside ses réunions et veille à la
réalisation des options arrêtées par le conseil.
Le président directeur général est également investi de représenter la société dans les rapports
avec les tiers. Ses pouvoirs sont en principe aussi étendus que ceux reconnus au conseil
d’administration avec cette réserve que les statuts ou le conseil peut les limiter. Une telle
limitation n’est toutefois opposable aux tiers de bonne fois. Le tiers est considéré de mauvaise
fois lorsqu’il traite avec le président directeur général alors qu’il a une connaissance
personnelle des limites apportées à ses pouvoirs.
3. Le directeur général :
Lorsque la société choisit de scinder les fonctions de président et de directeur général, le statut
du directeur général est calqué sur celui du président directeur général. Il doit être une
personne physique mais il n’est pas qu’il soit actionnaire ou membre du conseil
d’administration.
Dans ce cas il assiste aux réunions du conseil d’administration sans voix délibérative. Il est
responsable à l’égard de la société et à l’égard des tiers comme s’il est administrateur.
4. Le Directeur Général adjoint :
Le conseil d’administration peut désigner un ou plusieurs directeurs généraux adjoints. Le
conseil d’administration ne peut imposer la nomination d’un directeur général adjoint. Le
directeur général adjoint peut être choisi en dehors du conseil notamment parmi les salariés.
L’article 212 du CSC prévoit que le directeur général adjoint assiste le président du conseil.
L’assistance signifie que le président va se décharger en quelque sorte pour certaines de ses
fonctions sur le directeur général adjoint .A ce titre ce dernier peut être investi des pouvoirs de
direction interne et de pouvoir de représentation.
Paragraphe 2ème : Les SA à directoire et conseil de surveillance :
Le choix de ce mode d’organisation est possible pour toute société anonyme. Il peut intervenir
au moment de la création de la société ou en cours de vie sociale.
Les conventions passées entre la société et les membres du directoire ou du conseil de
surveillance sont soumis au même régime pour les conventions passées avec les
administrateurs dans une société anonyme de type classique. (Article 249 du CSC).
En matière de conventions intervenant entre la société et l’un des membres du directoire ou du
conseil de surveillance le législateur légifère par renvoi aux règles applicables aux sociétés
anonymes de type classique (en se référant à l’article 200 CSC).Une telle méthode ne manque
pas de soulever des difficultés d’application.
A cet égard il faut rappeler l’apport de la récente réforme dans ce cadre.
L’article 248 est ainsi abrogé. En effet l’article 249 précise que « Le membre du directoire ou
du conseil de surveillance intéressé est tenu d'informer le conseil de surveillance dès qu'il a
connaissance d'une convention à laquelle l'article 200 du présent code est applicable. »
Le législateur a modifié l’intégralité du contenu de l’article 252 en remplaçant tout
simplement par « Les dispositions de l’article 200 du présent code sont applicables aux
opérations conclues par la société anonyme à directoire et à conseil de surveillance ».
C’est quoi ce titre Les membres du conseil de surveillance :
Le conseil de surveillance est un organe collégial composé de trois membres au moins et de
douze au plus. Ses membres sont nommés par l’assemblée générale constitutive ou
l’assemblée générale ordinaire.
Les fonctions de direction et de gestion sont incompatibles avec les fonctions de surveillance.
Par conséquent aucun membre du conseil de surveillance de la société ne peut faire partie du
directoire.
Le conseil de surveillance exerce le contrôle permanent de la gestion de la société par le
directoire. Le texte ne précise pas la nature de ce contrôle ce qui ouvre la voie à un contrôle
d’opportunité de la gestion.
Le directoire :
Le directoire est en principe un organe collégial composé de cinq membres au maximum. Le
code ne fixe pas un nombre minimum.
Les membres du directoire sont nommés par le conseil de surveillance. Ils peuvent être choisis
en dehors des actionnaires mais doivent être des personnes physiques.. Et ils peuvent cumuler
entre leurs fonctions et la qualité de salarié.
Le directoire est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom
de la société dans les limites de l’objet social.
Le président du directoire :
Malgré le caractère collégial du directoire, dans les rapports à l’égard des tiers, la société est
représentée par un président. Si une seule personne exerce les fonctions relevant du directoire,
il sera dénommé directeur général unique. Les statuts peuvent habiliter le conseil de
surveillance à attribuer le même pouvoir de représentation à un ou plusieurs membres du
directoire qui portent alors le titre du directeur général.
Le président du directoire apparaît ainsi doté de pouvoirs plus larges que ceux reconnus au
président directeur général ou du directeur général d’une société anonyme du type classique
puisqu’il peut engager la société vis-à-vis des tiers pour des actes de cession ou de location de
fonds de commerce et des emprunts.
II. Personnes Morales contractantes :
Le même paragraphe II alinéa 1 de l’article 200, soumet à la procédure d’autorisation
préalable les conventions conclues entre la société anonyme et une autre société, et ce dans le
cas ou le président directeur général, le directeur général, l’administrateur délégué, l’un des
directeurs généraux adjoints ou l’un des administrateurs, est :
 Associé tenu solidairement des dettes de cette société
 Gérant
 Directeur général
 Administrateur
 Ou, d’une façon générale, dirigeant de cette société.

Section2 : Dans les cas des SARL et SUARL

I. Les personnes intéressées dans une SARL :


Les règles applicables aux sociétés à responsabilité limitée en matière de conventions
réglementées sont fixées par l’article 115 du code des sociétés commerciales. La procédure de
contrôle prévue par le législateur tunisien est générale, elle s’applique même si la convention
porte sur des opérations courantes et conclues à des conditions normales. En effet d’après cet
article toute convention, quelque soit sa nature, intervenue, directement ou par personne
interposée3, entre la société et certaines personnes doit faire l’objet d’un rapport présenté à
l’assemblée générale soit par le gérant, ou par le commissaire aux comptes, au cas où il en
existe un.

Les personnes parties de ces conventions sont les suivantes :

 Les gérants non associés;


 Les gérants associés;

3
Le législateur n’a pas défini la notion de personne interposées. Mais on peut dire qu’il ya
interposition, si la convention est indirectement conclue par le gérant ou associe de la SARL et le
contractant de la société n’est qu’un intermédiaire qui accepte de servir de prête-nom a l’une des
personnes sus-indiqués qui cherche à dissimuler la convention et détourner la loi .
 Les associés ;
 La société dont un associé solidairement responsable, gérant, administrateur, directeur
général ou membre du directoire ou membre du conseil de surveillance est
simultanément gérant ou associé de la SARL.

Le ou les gérants peuvent être désignés parmi les associés ou parmi des tiers (Article 112
CSC). Seules les personnes physiques peuvent avoir la qualité de gérant d’une SARL (Article
112 CSC). Ainsi, les personnes morales ne peuvent donc assumer les fonctions de gérant. Les
statuts peuvent valablement exiger la qualité d’associé pour le gérant et fixer librement le
nombre des gérants.
Ils peuvent aussi prévoir toute catégorie de restrictions quant à la qualité du gérant (qualité
d’associé ; diplôme ou une limite d’âge ; interdire qu’il gère une autre société...).
Les pouvoirs du gérant peuvent être limités par une clause statutaire .Dans le cas contraire,
l’article 113 du CSC autorise le gérant à « effectuer tous les actes relevant de l'objet de la
société et dans l'intérêt de celle-ci ».

II. Les personnes intéressées dans une SUARL :


L’article 152 du code des sociétés commerciales soumet toute convention intervenue entre
l’associé unique, soit directement ou par personne interposée, et la SUARL à une procédure
de contrôle spécifique. En effet ces conventions devront être annexées aux documents
comptables annuels et au rapport du commissaire aux comptes.
Ainsi, contrairement au régime des S.A.R.L, il n’est pas, exigé, que le commissaire aux
comptes s’il en existe un, établisse un rapport spécial sur les conventions.

Section3 : Autres entités


C’est quoi ce titre ? Entités soumises à la réglementation
La procédure de conventions réglementées ne s’applique ainsi qu’aux entités pour lesquelles
une réglementation spécifique existe ; c’est le cas des entreprises publiques à caractère
industriel et commercial (EPIC), pour les quelles l’article 9 du décret n° 87-529 du 1er Avril
1987 est d’application (EPNA).
C’est quoi ce titre ? Entités non soumises à la réglementation
Toute société ou organisme, dont la réglementation particulière ne comporte aucun texte légal
ou réglementaire régissant des conventions, se situe hors du champ d’application de la
procédure des conventions réglementées. Il en est ainsi, notamment, les entités suivantes :
Société en participation ;
Société en commandite simple ;
Société en commandite par action ;
Société en nom collectif ;
Groupement d’intérêts économiques ;
Associations ;
Etc…
Chapitre2 :
Nature des conventions et opérations réglementées
Différentes catégories de conventions sont envisagées par la loi qui a prévu une procédure
particulière pour certaines d'entre elles. La nouvelle loi n°: 2009-16 du 16 mars 2009 portant
modification du CSC, a abrogé l’intégralité du texte de l’article 200 régissant les conventions
réglementées et interdites dans les sociétés anonymes. Rappelons que le même article a subi
une première modification à l’occasion de la promulgation de la loi n°: 65-2005 du 27 juillet
2005.
Le nouveau texte de l’article 200, traite la question des conventions et opérations
réglementées en cinq grands thèmes, à savoir :
Évitement des conflits d’intérêts (section1) ; les conventions hors du champ des conventions
réglementées celles qui concernent des avantages purement financiers que le dirigeant est
susceptible d'obtenir : la prohibition est alors totale. Ces opérations sont qualifiées de «
conventions interdites » (section5).
Et enfin les conventions non interdites qu’il convient de les distinguer et de les classer en
trois catégories : les opérations, conclues entre la société et certaines personnes nonobstant
l’objet de la dite convention, soumises à autorisation du CA (section2) ; les opérations
soumises à autorisation, à approbation et à audit nonobstant les personnes contractantes
(section3) et les Opérations courantes conclues aux conditions normales (section4).
Trois conditions nécessaires se dégagent pour appréhender la notion de convention
réglementée : tout d'abord, une convention doit exister, ensuite cette convention doit
obligatoirement concerner la société, d'une part, et une personne dont les intérêts peuvent
entrer en conflit avec ceux de la société, d'autre part.
Ainsi les dirigeants de la société anonyme doivent la servir et non pas s’en servir ; et ne
doivent pas profiter de leur position dans la société et des pouvoirs qui lui sont confiés pour
servir leurs propres intérêts ou ceux d’autres entreprises auxquelles ils seraient intéressés et ce
au détriment de la société qu’ils sont censés diriger ou administrer.
Et c’est là le but de la réforme de 2005, organisant le régime des conventions entre la société
et ses dirigeants, étant renforcé par les nouvelles dispositions légales de la nouvelle reforme
de 2009.

Section1 : Évitement des conflits d’intérêts :


Le nouvel article 200 C.S.C énonce le principe selon lequel les dirigeants doivent éviter le
conflit d’intérêts :
« Les dirigeants de la société anonyme doivent veiller à éviter tout conflit entre leurs intérêts
personnels et ceux de la société et à ce que les termes des opérations qu’ils concluent avec la
société qu’ils dirigent soient équitables. Ils doivent déclarer par écrit tout intérêt direct ou
indirect qu’ils ont dans les contrats ou opérations conclus avec la société ou demander de la
mentionner dans les procès-verbaux du conseil d’administration. »
1. La conclusion des opérations d’une manière équitable :
L’article 200, paragraphe I prévoit une obligation générale en matière de conclusion des
conventions entre les dirigeants et la Société, qui consiste à imposer à tous dirigeants d’une
société anonyme :
(i) l’obligation de veiller à éviter tout conflit entre leurs intérêts personnels et ceux de la
Société et ;
(ii) à ce que les termes des opérations qu’ils concluent avec la société qu’ils dirigent soient
équitables.
2. Le respect de certaines conditions en cas de conclusion des
opérations:
Le même paragraphe impose, aux dirigeants, en cas de conclusion desdits contrats, le respect
de deux conditions, à savoir :
 l’obligation de déclarer par écrit tout intérêt direct ou indirect qu’ils ont dans les
contrats ou opérations conclues avec la société ;
 ou demander de le mentionner dans les procès verbaux du conseil d’administration.
Section2 : Les opérations soumises à autorisation :
Le nouvel article 200 élargit la liste des personnes avec lesquelles toute convention doit être
soumise à autorisation4, et ce quelque soit l’objet de la convention. Désormais « (…) Toute
convention conclue directement ou par personne interposée entre la société, d’une part, et le
président de son conseil d’administration, son administrateur délégué, son directeur général,
l’un de ses directeurs généraux adjoints, l’un de ses administrateurs, l’un des actionnaires
personnes physiques y détenant directement ou indirectement une fraction des droits de vote
supérieurs à dix pour cent, ou la société la contrôlant au sens de l’article 461 du présent code,
d’autre part, est soumise à l’autorisation préalable de conseil d’administration.(…) »

4
L’ancien article 200 ne concernait que : le président, le directeur général, les directeurs généraux
adjoints ou les membres du conseil d’administration
Sont également soumises à autorisation les conventions où ces personnes sont indirectement
intéressées.
En effet, la loi prévoit que « (…) Sont également soumises à autorisation préalable les
conventions conclues entre la société et une autre société lorsque le président directeur
général, l’administrateur délégué, l’un des directeurs généraux adjoints ou l’un des
administrateurs est associé (…), gérant, directeur général, administrateur ou, d’une façon
générale, dirigeant de cette société.
L’intéressé ne peut prendre part au vote sur l’autorisation sollicitée. (…) »
Section3: Les opérations soumises à autorisation, approbation et audit
Comme on l’a mentionné dans le chapitre précédant (Section2) il existe des conventions
nonobstant leur objet sont frappées par une procédure du contrôle du simple fait qu’elles
soient contractées par des personnes spécifiques. On parle ainsi des opérations attachées aux
personnes contractantes déjà sus mentionnées.
Mises à part ces conventions, le nouvel article 200 précise certaines conventions qui même si
elles ne sont pas conclues avec l’un des dirigeants ou des associés, doivent obligatoirement
être soumises à autorisation.
A cet égard on va s’intéresser aux opérations attachées à l’objet de la convention.
1. Opérations attachées à l’objet de la convention :
Le paragraphe II alinéa 2 soumet à l’autorisation préalable du conseil d’administration, à
l’approbation de l’assemblée générale et à l’audit du commissaire aux comptes, certaines
opérations nonobstant la personne contractante, et ce en fonction de l’objet desdites
opérations.
Il s’agit des opérations suivantes :
 La cession des fonds de commerce ou d’un de leurs éléments, ou leur location à
un tiers, à moins qu’elles ne constituent l’activité principale exercée par la
société :
En application des dispositions de l’article 189 du code de commerce, le fonds de
commerce comprend obligatoirement la clientèle et l'achalandage. Mais, il
comprend également :
- les biens mobiliers affectés à l'exercice d'une activité commerciale.
- et, sauf dispositions contraires, tous autres biens nécessaires à l'exploitation du fonds, tels
que l'enseigne, le nom commercial, le droit au bail, le matériel, l'outillage, les marchandises,
les brevets, marques de fabrique, dessins et modèles, droits de propriété littéraire et artistique
(….)
 L’emprunt important conclu au profit de la société dont les statuts fixent le
minimum :
Aucune définition de la notion d’emprunt important n’est donnée par le législateur. On
pourrait s’interroger si les opérations suivantes entrent dans la définition des conventions
réglementées :
-les crédits fournisseurs
- les conventions de crédit-bail …
Si les statuts d’une société ne fixent pas le plafond des emprunts importants pouvant être
librement contractés, on peut alors considérer que ce plafond n’a pas de limites et que
l’emprunt ainsi obtenu constitue une convention libre.
 La vente des immeubles lorsque les statuts le prévoient.
 La garantie des dettes d’autrui, à moins que les statuts ne prévoient une dispense de
l’autorisation, de l’approbation et de l’audit dans la limite d’un seuil déterminé. Les
dispositions ci-dessus ne s’appliquent pas aux établissements de crédit et d’assurance.
2. Rémunérations et avantages servis aux dirigeants :
Le paragraphe II alinéa 5 de l’article 200 du CSC, soumet à la procédure d’autorisation,
d’approbation et d’audit, les obligations et engagements pris par la société elle même ou par
une société qu’elle contrôle au sens des dispositions de l’article 461 du CSC.
Il s’agit des rémunérations et avantages servis au profit des personnes dirigeantes suivantes:
 Le président directeur général.
 Le directeur général.
 L’administrateur délégué.
 L’un de ses directeurs généraux adjoints.
 Ou de l’un de ses administrateurs.
Ces rémunérations et avantages servis aux personnes susmentionnées concernent :
 Les éléments de leur rémunération.
 Les indemnités ou avantages qui leurs sont attribués.
 Les indemnités ou avantages qui leurs sont dus ou auxquels ils pourraient avoir droit
au titre :
 de la cessation ou de la modification de leurs fonctions
 ou suite à la cessation ou la modification de leurs fonctions
3. La rémunération des membres du CA (Ar204-…-207)

L'assemblée générale peut allouer aux membres du conseil d'administration en rémunération


de leur activité, une somme fixée annuellement à titre de jetons de présence. Le montant de
cette rémunération est porté aux charges d'exploitation de la société. (Article204).

Le conseil d'administration peut allouer des rémunérations exceptionnelles pour les missions
ou mandats confiés aux membres du conseil d'administration, dans ce cas, ces rémunérations
portées aux charges d'exploitation de la société, sont soumises aux dispositions des
articles 200 et 202 (Article 205).

Les membres du conseil d'administration ne peuvent recevoir de la société aucune


rémunération autre que celles prévues aux articles 204 et 205 du présent code. Toute clause
statutaire contraire est réputée non écrite. (Article206)

Section4 : Les opérations interdites

Le législateur tunisien est intervenu par cette nouvelle réforme du droit des sociétés pour
mettre fin à des pratiques qui étaient plus que douteuses, mais pas interdites et élargir le cercle
des personnes concernées par l’interdiction. 5

Ainsi et avec le nouvel article 200 du C.S.C, paragraphe 3, les dirigeants (PDG, DG, DGA),
les administrateurs de la société à l’exception des personnes morales membres du CA
(administrateur délégué, membre du conseil d’administration) et ses actionnaires ainsi que
leurs conjoints, ascendants et descendants, et toute personne interposée, ne peuvent plus
avoir de traitement de faveur, à savoir ils ne peuvent plus contracter sous quelque forme que
ce soit les opérations suivantes :

-Des emprunts avec la société ;

-De se faire consentir par elle une avance, un découvert en compte courant ou autrement

-ou d’en recevoir des subventions

-de faire cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers les tiers

5
Dans sa version initiale, celle de la loi n°2005-65 du 27 juillet 2005, l’article 200 avait pris
ses distances par rapport à l’article 78 du code de commerce, en supprimant la catégorie des
conventions interdites. Les voila « réapparaitre » avec la réforme du 16 mars 2009.
La prohibition s'applique aussi au représentant permanent de la personne morale
administrateur.

Une lecture du paragraphe 3 de l’article 200 nouveau nous permet de noter que le législateur
n’a pas interdit les opérations susmentionnées aux personnes morales ayant la qualité
d'administrateur , à une filiale de la société ou bien aux personnes morales n'ayant pas la
qualité d'administrateur et dans lesquelles les dirigeants de la société ont quelques intérêts .
Toute convention conclue nonobstant l'interdiction édictée est nulle. Cette nullité est d'ordre
public.
En outre, une sanction pénale peut être appliquée selon l’article 223 du CSC « Sont punis
d'une peine d'emprisonnement d'un an au moins et de cinq ans au plus et d'une amende de
deux mille à dix mille dinars ou de l'une de ces deux peines seulement …» en cas d'usage
abusif des biens ou du crédit de la société.

Section 5 : Les opérations conclues aux conditions normales (les opérations


libres)
Les dirigeants et les associés des sociétés anonymes peuvent toutefois avoir des conventions
avec la société si ces opérations sont des opérations courantes en raison de leur objet ou de
leurs implications financières conclues à des conditions normales. On pourrait citer le cas
d’une banque qui devrait pouvoir donner des crédits à ses actionnaires, ses dirigeants… dans
des conditions normales.
Ces conventions devront toutefois être communiquées par l’intéressé au président du conseil
d’administration, au directeur général, ou à l’administrateur délégué. La liste détaillée de ces
conventions est communiquée aux membres du conseil d’administration et/ou aux
commissaires aux comptes, ces opérations sont auditées selon les normes d’audit d’usage6.
Ainsi La procédure de l'autorisation préalable de l'assemblée n'est pas applicable aux
conventions qui, à la fois :

6
Article 200, paragraphe IV : « Les dispositions du paragraphe II ci-dessus ne s’appliquent pas aux
conventions relatives aux opérations courantes conclues à des conditions normales. Les dispositions
du paragraphe III ne s’appliquent pas aux opérations courantes conclues à des conditions normales par
les établissements de crédit.
Cependant, ces conventions doivent être communiquées par l’intéressé au président du conseil
d’administration, au directeur général, ou à l’administrateur délégué. Une liste détaillée de ces
conventions est communiquée aux membres du conseil d’administration et au ou aux commissaires
aux comptes, ces opérations sont auditées selon les normes d’audit d’usage. »
- portent sur des opérations courantes, c'est-à-dire sur des opérations effectuées par la
société d'une manière habituelle dans le cadre de son activité. Une opération courante est celle
entrant dans l'activité habituelle d'une société fixée par son objet social.

- et sont conclues à des conditions normales, c'est-à-dire ne comportent pas, au profit des
personnes visées un gain exorbitant ou des conditions exceptionnelles.

Le caractère normal des conditions consenties ne peut s'apprécier qu'eu égard aux usages de la
société en cause et des autres sociétés du même secteur d'activité.

Chapitre 3 : Procédure d’autorisation et d’approbation


des conventions réglementées
L’article 200 du CSC soumet certaines conventions (dites réglementées) conclues avec la
société anonyme à une procédure de contrôle pouvant être résumée en quatre phases
essentielles :
Procédure de contrôle des conventions réglementées :

Autorisation préalable du conseil d’administration

Information du commissaire aux comptes

Rapport du commissaire aux comptes sur les conventions réglementées

Approbation de l’assemblée générale des actionnaires

Nous allons traiter dans ce chapitre les modalités de fonctionnement et d’application de la


procédure de contrôle , exposer les principes relatifs à chaque étape de la procédure et
discuter éventuellement les vacances ou le silence de la loi concernant certains sujets.
Section1 : L’obligation d’information :

I ou Paragraphe 1er : le principe (règle juridique)

L’article 200 C.S.C soumet les conventions à l’autorisation du conseil d’administration et cela
suppose implicitement l’information préalable auprès de cet organe.
En effet les dispositions de l’alinéa 3 du paragraphe II de l’article 200, imposent au dirigeant
ou actionnaire intéressé par une convention avec la société, l’obligation d’informer le
président directeur général, le directeur général ou l’administrateur délégué de cette
convention, et ce dès qu’il en prend connaissance.
Dans le même sens l’article 249 C.S.C impose au membre du conseil de surveillance ou du
directoire intéressé d’informer le conseil de surveillance dès qu’il a connaissance, d’une
convention qui doit être soumise à la procédure de l’autorisation préalable.
Aucune disposition similaire n’existe pour les SARL.
II ou Paragraphe 2ème : La forme de l’information
L’article 200 du CSC n’a pas précisé la forme de la déclaration. Selon l’avis de la commission
juridique de l’ordre des experts comptables tunisien la forme est libre.
Elle peut être écrite ou verbale. Lorsque la déclaration est verbale, la preuve peut être établie
par tous les moyens de preuve.
De même le conseil d’administration peut en être informé à l’occasion de sa réunion. Dans ce
cas, il serait préférable d’en faire mention au procès-verbal de la séance. L’administrateur
concerné doit, lors de la séance du conseil d’administration, donner aux autres administrateurs
connaissance de la nature et des conditions essentielles, des clauses et même du texte de la
convention. Dans ce cas, la demande d’explication d’un ou plusieurs administrateurs doit être
satisfaite.7
Le problème qui se pose est de savoir si cette déclaration doit émaner de l’administrateur lui
même comme la loi l’a prévue ou bien la divulgation par un tiers constitue l’objectif
recherché par l’article 200 du C.S.C. lequel n’a pas précisé cette hypothèse.
La réponse selon une partie de la doctrine française, est que : la saisine du conseil
d’administration par l’administrateur lui-même n’exclut pas que le conseil se saisisse d’office
ou sur intervention de l’un de ses membres, s’il découvre un projet de convention qui, selon
lui, nécessite son autorisation.
S’il en est ainsi, c’est parce qu’il peut arriver que l’administrateur intéressé omet d’informer
le conseil d’administration ou pense ne pas devoir le faire, considérant par exemple que la
convention envisagée échappe à la réglementation puisqu’elle rentre dans le cadre de l’article
200 alinéa 3. En effet, l’administrateur n’est tenu d’informer le conseil que des conventions
auxquelles l’article 200 alinéas 3 sont applicables et non de celles dont l’autorisation du
conseil d’administration n’est pas requise.8

7
Jean Eurgard « Droit des sociétés commerciales » édition Lamy Société anonyme 1985, n 3355. :
1328.
8
Guyon et Coquereau : « Le commissariat aux comptes », n’ 308, p : 234.
Section2 : Autorisation préalable par l’organe de gestion ou
d’administration
Paragraphe 1er : le principe (règle juridique)

L’autorisation préalable du conseil d’administration revêt une grande importance. Elle


constitue la phase principale du contrôle de la convention. Elle est requise du conseil
d’administration en vertu de l’article 200 du C.S.C qui exige que toute convention entre une
société et l’un de ses administrateurs ... doit être soumise à l’autorisation préalable du conseil
d’administration. Elle suppose que le conseil statuera sur cette convention et donne son
autorisation au sein d’un procès-verbal des délibérations du conseil.
Les nouvelles dispositions de l’article 200, exigent que l’intéressé, soit le dirigeant soit
l’actionnaire, qui a participé à l’opération ou qui y a un intérêt indirect ne peut prendre part au
vote.
Paragraphe 2ème : les conditions de l’autorisation

1. L’antériorité à la conclusion de la convention : c’est pas gras ???????????

L’autorisation doit être donnée antérieurement à la conclusion de la convention envisagée. Le


conseil ne doit pas être mis devant le fait accompli9. Ainsi, on évitera toute contestation sur la
portée de l’autorisation, en présentant au conseil d’administration un projet du contrat et en
l’annexant au procès-verbal de la délibération autorisant sa conclusion si le conseil l’exige.
2. La spécificité de l’autorisation :
En outre, l’autorisation préalable doit être spéciale, c’est-à-dire qu’elle ne doit concerner
qu’une convention déterminée. En effet, il est nécessaire que chaque convention à autoriser
fasse l’objet d’une délibération particulière.
Le conseil d’administration ne peut donner une autorisation générale et de principe à tel
intéressé de conclure avec la société quand bon lui semble tel ou tel type de contrats.
Une autorisation générale donnée pour une durée indéfinie équivaut à notre avis (la
commission juridique de l’OECT) à une absence d’autorisation. Une convention de cette
nature va à l’encontre du but recherché par l’article 200 du code des sociétés commerciales.
En effet, le législateur entend par ces mécanismes de contrôle protéger aussi bien la société
que les actionnaires contre les manœuvres éventuelles d’un de ses administrateurs. La

9
Daniel Bastian refondu par Michel Germai- Contrats entre les administrateurs et la société’, J. CI,
sociétés, fascicule 130.5. p : 13.
procédure d’autorisation perd toute sa signification lorsque l’intéressé peut conclure avec la
société quand bon lui semble tout contrat dont il a envie.
3. Une délibération véritable du conseil
Par ailleurs, l’autorisation doit résulter d’une véritable délibération du conseil
d’administration qui, en tant qu’organe collégial, est appelé à donner son autorisation après
délibération.
10
II ne pourrait y être supplée par une somme d’accords individuels ou par
l’information faite à chacun des administrateurs de l’existence et de la teneur de la
convention. La jurisprudence française a adopté une position constante en la matière. C’est
11
dans ce sens qu’a jugé la cour d’appel de Rouen dans un arrêt rendu le 24 Novembre 1959 à
ce titre La cour estime que :
« L’assentiment de chacun des membres du conseil, recueilli isolément, serait sans valeur,
seule une délibération contradictoire étant de nature à rendre efficace la protection organisée
par le législateur ».
Cette autorisation doit, en effet, être précédée d’une discussion contradictoire, suivie d’un
vote express, et ce n’est que dans ces conditions que l’autorisation du conseil
d’administration peut être donnée en connaissance de cause et avec toutes les
garanties12. La jurisprudence française soutient aussi que la simple connaissance de la
convention par tous les autres administrateurs ne peut être considérée comme valant
autorisation13.
La Cour à décidé qu’elle ne se contente pas d’une somme d’opinions recueillies isolément «
en dehors du cadre de l’organe social dans lequel elles doivent s’exprimer sans délibération
permettant une discussion contradictoire et sans décision majoritaire ».
En définitive, l’autorisation préalable du conseil d’administration doit postuler d’une
véritable délibération. Cette délibération doit être suivie d’un vote.
Le nouvel article 200 du (CSC) ne pas permet à l’administrateur concerné par la
convention de prendre part au vote sur l’autorisation sollicitée. Une telle modification est
de nature à renforcer les mécanismes de contrôle institués par le législateur, en évitant que
l’administrateur soit juge et partie.

10
vlichel De Juglart et Benjamin Ippolito : op. cit. n : 722-5, p : 465.
11
Rouen, 24 novembre 1959, GP - 1960-1-144.
Paris. 18 mars 1959, Gp-1959-11-7, conclusion de l’avocat général Lambert
12
Yvan Balensi op. cit. p : 117.
13
Daniel Bastian refondu par Michel Germain: op. cit. p : 13
La même solution est expressément consacrée par le législateur français dans l’article 103
alinéa premier de la loi du 24 juillet 1966 qui dispose que : « ... II (l’administrateur) ne peut
prendre part au vote sur l’autorisation sollicitée... ».
Selon la doctrine française, l’interdiction faite à l’administrateur concerné, de participer au
vote, est destinée à empêcher qu’il influence la décision du conseil dans un sens défavorable
aux intérêts de la société14 .
La jurisprudence française estime que la participation de l’administrateur intéressé à la
délibération du conseil d’administration autorisant la convention, suffit à rendre cette
délibération irrégulière même si la décision a été prise à l’unanimité15.
4. La régularité/ la formalité de l’autorisation
Par ailleurs, l’autorisation préalable doit être régulière en la forme. Cette condition a pour
conséquence d’exclure l’approbation tacite de la convention par le conseil
d’administration.
C’est ainsi que l’exécution de la convention par le conseil d’administration constitue une
approbation tacite, mais elle ne constitue pas une autorisation valable et conforme aux
conditions prévues par l’article 200 du code des sociétés commerciales qui exige une
autorisation formelle non tacite. C’est dans ce sens que la chambre commerciale de la cour de
cassation française s’est prononcée16.
Nous considérons que, la preuve de l’autorisation préalable résulte des procès verbaux de
séances.
En effet, « il est nécessaire, pour éviter toute discussion sur la réalité de l’autorisation, que
celle-ci figure au procès-verbal de la réunion du conseil d’administration, avec indication des
éléments essentiels de la convention17 ».
Paragraphe 3ème : le sort de la convention :
Une fois ces conditions réunies, le conseil d’administration peut adopter
trois attitudes : refuser l’autorisation, s’abstenir de se prononcer ou
autoriser la convention.
1. Refus d’autorisation

14
Yvan Balensi : op. cit. p : 119
15
Paris. 3éme chambre, 11 mars 1976, D Soc. 1976. n- 141
16
Cass. Com, 26janvier 1965, D 1966, p 469, Note Dalsace. RTD-Com 1965. p : 624.
17
Joly - Dictionnaire des sociétés anonymes et en commandites par actions. Tome 3. deuxième édition,
étude« conseil d’administration », série A, p . 155.
Ainsi, si le conseil d’administration refuse de donner son autorisation, l’administrateur doit
s’incliner et s’empêcher de conclure la convention avec la société.
2. Abstention de délibérer
Dans le second cas, le conseil d’administration ayant été saisi ne délibère pas. II peut
s’abstenir de délibérer sur l’autorisation ; soit qu’il estime que la convention n’est pas
soumise à la procédure de contrôle, en raison de son objet portant sur une opération conclue à
des conditions normales, soit qu’il préfère garder le silence en présence d’une convention
qu’il ne tient pas à autoriser.
Dans ce cas et faute d’autorisation préalable, la convention ne pourra pas être conclue 18.
3. Autorisation de la convention
Dans le cas ou le conseil d’administration autorise la convention, les commissaires aux
comptes doivent être avisés en vue de soumettre la convention préalablement autorisée à
l’approbation de l’assemblée générale des actionnaires.
Section3 : L’information du commissaire aux comptes :
La nouvelle loi a prévu l’obligation pour les dirigeants d’informer le commissaire aux
comptes des conventions réglementées autorisées.
Les commissaires aux comptes jouent un rôle central dans la procédure de contrôle des
conventions réglementées.
L’importance de ce rôle est d’ailleurs proclamée par l’article 203 du CSC qui dispose «Les
commissaires aux comptes doivent s'assurer, dans le cadre de leurs missions et sous leur
responsabilité, du respect des dispositions des articles 200, 201 et202 du présent code.»
Paragraphe 1er : Le principe :
Lorsque la convention est autorisée par le conseil d’administration, l’article 200 du code CSC,
exige qu’un avis soit donné aux commissaires aux comptes qui doivent établir un rapport
spécial sur les conventions réglementées qu’ils communiquent à l’assemblée générale des
actionnaires appelée à approuver (ou désapprouver) les conventions réglementées.
Ils n’ont pas à apprécier ou juger l’opportunité des conventions réglementées car ils
leurs est interdit de s’immiscer dans la gestion de la société.
Le rapport du commissaire aux comptes doit être mis à la disposition des actionnaires au siège
de la société, quinze jours au moins avant la date prévue pour la tenue de l’assemblée.19

18
Traité Pratique des sociétés commerciales - Tome 2 sous la direction de Pierre-Andre ,MoreaL et
Jean Guyenot - Mise à jour 9 avril 1988, p : 349
19
Article 280 - Le conseil d'administration ou le directoire doit mettre à la disposition des actionnaires
au siège de la société, quinze jours au moins avant la date prévue pour la tenue de l'assemblée, les
documents nécessaires pour leur permettre de se prononcer en connaissance de cause et de donner leur
Paragraphe 2ème : La forme, le délai et l’objet de l’avis
 La forme de l’avis
La loi n’a pas précisé la forme selon laquelle l’avis doit être donné. La commission juridique
de l’OECT estime que l’avis doit être donné par écrit, par lettre avec accusé de réception
pour éviter toutes contestations.
La nouvelle réforme ajoute en précisant les auteurs de l’avis en incombant l’obligation
d’informer le ou les commissaires aux comptes de toute convention autorisée par le conseil à
l’un des parties suivantes :
 Le président-directeur général,
 Le directeur général ou
 L’administrateur délégué,
Une partie de la doctrine estime que l’obligation d’aviser les commissaires aux comptes
incombe également, à l’administrateur concerné qui a intérêt à le faire ou à n’importe quel
autre administrateur s’il constate que le président du conseil d’administration ne l’a pas fait.
Cette solution s’impose surtout que l’article 207 du C.S.C prévoit que les administrateurs sont
responsables, conformément aux règles du droit commun individuellement ou solidairement
suivant les cas de la violation des dispositions du code société commerciales notamment les
dispositions de l’article 200 du même code .
II y a lieu de signaler à ce propos qu’en cas de pluralité de commissaires, chacun parmi eux
doit être avisé séparément20.

 Le délai de l’avis
Le même article reste silencieux en ne fixant pas le délai prévu pour l’accomplissement de
cette obligation.
En ce qui concerne le délai imparti pour donner avis aux commissaires aux comptes, nous
estimons qu’un délai de 30 jours serait justifié par les dispositions de l’article 269 du code des
sociétés commerciales21.
 L’objet de l’avis
La question qui se pose à ce niveau est de savoir si l’avis donné aux commissaires aux
comptes est exigé pour toutes les conventions.

avis sur la gestion et le fonctionnement de la société.


20
Youssef Knani op. cit
21
Article 269 - Les commissaires aux comptes sont tenus de présenter leur rapport dans le mois qui
suit la communication qui leur est faite des états financiers de la société.
Selon la doctrine tunisienne, l’avis ne semble être exigé que pour les conventions autorisées
par le conseil d’administration22. Les commissaires aux comptes n’ont pas, donc, à être avisés
des conventions qui n’ont pas été soumises à l’autorisation préalable, de celles pour lesquelles
le conseil a refusé son autorisation23, ou de celles dont le conseil a été saisi sans qu’il n’ait
estimé nécessaire de donner son autorisation.
Pour ces conventions le contrôle de l’assemblée générale n’a pas de sens selon Mr. Youssef
Knani et il est inutile d’aviser les commissaires aux comptes ; les mesures de contrôle de la
convention réglementée ne se limitent pas à l’autorisation du conseil d’administration. En
effet, le législateur, conscient de l’impact et de l’importance de la convention sur les intérêts
voire l’avenir de la société, a exigé la soumission de cette dernière au contrôle de l’organe de
délibération de la société, et de l’assemblée générale des actionnaires.

Paragraphe 3ème : Défaut d’avis donné au CAC d’une convention non


autorisée
Le défaut d’avis ou l’avis donné hors délai au commissaire aux comptes d’une convention
non autorisée peut conduire à notre avis deux situations :
• soit que le commissaire aux comptes découvre l’existence de la convention qui aurait dû être
soumise à autorisation préalable du conseil d’administration.
• ou que le commissaire aux comptes ne la découvre pas et la solution reste celle donnée, en
cas d’absence de rapport du commissaire aux comptes sur les conventions réglementées
Section4 : Vote de l’assemblée générale des actionnaires
Paragraphe 1er : Le principe
La résolution de l’assemblée générale approuvant ou désapprouvant la convention qui lui est
soumise constitue la dernière phase de la procédure de contrôle qui demeure un contrôle à
posteriori, puisque les conventions peuvent être exécutées aussitôt après l’autorisation du
conseil d’administration. Mais l’article 200 du code (C.S.C) n’a pas prévu un mode de saisine
particulier de l’assemblée générale. II appartient à celle-ci dans ce cas d’exercer les pouvoirs
qui lui sont attribués par l’article 200 du CSC alinéa 1.
Elle peut donc se saisir de manière incidente sans que la question n’ait été préalablement
inscrite à l’ordre du jour et statuer sur les conventions qui ont fait l’objet d’un rapport de
commissaires aux comptes.
22
Youssef Knani op. cit
23
Hemard, Terré et Mabilat, op. cit, n- 1033, p 907.
Pierre André Moreau et Jean Guyenot, op. cit. p : 349
Cette solution paraît satisfaisante, car elle permet d’atténuer les conséquences de l’attitude
irrégulière du conseil d’administration qui aurait omis de soumettre à l’assemblée générale
des actionnaires, les conventions préalablement autorisées par le conseil d’administration.
Paragraphe 2ème : L’assemblée générale compétente
Les conventions réglementées doivent être soumises à «l'approbation de l'assemblée générale
des actionnaires délibérant aux conditions prévues par les statuts, après avoir eu
communication d'un rapport des commissaires aux comptes».
Il est à préciser à ce niveau, que la personne intéressée par la convention ne peut prendre part
au vote et ses actions ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum et de la majorité.
Le texte de l’article 200 est muet sur une question assez importante, à savoir la nature de
l’Assemblée Générale compétente en matière d’approbation desdites conventions. S’agit
t-il de l’assemblée Générale Ordinaire ou Extraordinaire.
A notre avis, toutes les conventions soumises aux conditions de l’article 200 doivent faire
l’objet de l’approbation par l’Assemblée Générale Ordinaire 24 , exception les conventions et
opérations suivantes, qui sont soumises à l’approbation de l’Assemblée Générale
Extraordinaire25, à savoir :
 la cession des fonds de commerce ou d’un de leurs éléments, ou leur location à un tiers
et ;
 la vente des immeubles.

Par ailleurs, il y a lieu de signaler que dès l’instant où il existe plusieurs conventions
concernant des administrateurs différents, chaque convention devra faire l’objet d’un vote
séparé.
Paragraphe3 : L’incidence de l’intervention de l’assemblée sur le sort des
conventions
L’article 200 nouveau précise que : « Les conventions approuvées par l’assemblée générale,
ainsi que celles qu’elle désapprouve, produisent leurs effets à l’égard des tiers sauf
lorsqu’elles sont annulées pour dol. Les conséquences préjudiciables à la société de ces

24
En se référant à l’article 269 alinéa 1 du code (C.S.C) qui dispose que les commissaires établissent
un rapport dans lequel ils rendent compte à l’assemblée générale de l’exécution de son mandat ainsi
qu’à l’article 270 CSC alinéa 2, et à l’article 275 alinéa 2. On peut déduire que l’assemblée générale,
visée par le législateur, d’autant plus que celle-ci a une compétence générale contrairement à
l’assemblée générale extraordinaire qui a une compétence exceptionnelle
25
conformément à l'article 291 du CSC. Or, l’article 291 du CSC habilite l’assemblée générale
conventions sont mises à la charge de l’intéressé lorsqu’elles ne sont pas autorisées par le
conseil d’administration et désapprouvées par l’assemblée générale. Pour les opérations
autorisées par le conseil d’administration et désapprouvées par l’assemblée générale, la
responsabilité est mise à la charge de l’intéressé et des administrateurs, à moins qu’ils
n’établissent qu’ils n’en sont pas responsables.

II résulte de cette disposition que les conventions conclues avec l’autorisation préalable du
conseil d’administration peuvent-être désapprouvées par l’assemblée générale mais elles
produisent quand même leurs effets. Ces conventions ne peuvent être annulées car elles ont le
plus souvent commencé à être exécutées. Par contre, les conséquences préjudiciables des
conventions désapprouvées peuvent être mises à la charge de l’administrateur intéressé et
éventuellement des autres membres du conseil d’administration. On constate que la
responsabilité de l’administrateur et éventuellement celle du conseil d’administration ne peut
être engagée qu’en cas de dol. II faut remarquer que la fraude exigée dans ce cas est la même
que celle qui est visée en cas d’approbation des conventions par l’assemblée générale.
Ainsi, on peut soutenir que l’approbation de l’assemblée générale des actionnaires n’est
pas une condition de validité des conventions.
En effet, l’assemblée générale ne peut pas remettre en cause la validité des conventions,
préalablement, autorisées par le conseil d’administration.
Les procédures instituées par le législateur pour veiller à la régularité des conventions
réglementées peuvent être rendues inefficaces ou mises en échec ; c’est la raison pour laquelle
le législateur a institué des sanctions tant civiles que pénales.

Chapitre 4 :
Les conséquences de l’inobservation de la
procédure de contrôle
Introduction :
Toute imposition légale doit être accompagnée par une sanction à son inobservation pour
assurer son application .Ainsi dans le but d’assurer le respect des dispositions légales prévues
par le code des sociétés commerciales, notamment par l’article 200, en ce qui concerne la
procédure du contrôle des conventions réglementées, le législateur tunisien a instauré
certaines sanctions à l’inobservation de ces dispositions. Il a préféré des sanctions d’ordre
civiles que pénales.

Nous allons alors étudier les principes régissant l’inobservation de chaque étape du contrôle et
les conséquences résultantes sur le sort des conventions irrégulièrement conclues.

Section 1 : Conventions non autorisées par le conseil d’administration

1. le sort des conventions non autorisées :

On s’intéresse à ce niveau aux conventions conclues nonobstant l’autorisation préalable du


conseil d’administration exigée par l’article 200 (à cause de son objet ou bien à cause de la
personne contractante). Cette autorisation constitue la phase principale du contrôle.

L’article 202 du (CSC) stipule que : « Nonobstant la responsabilité de l’intéressé, les


conventions sus-indiquées à l’article 200 du présent code, contractées sans l’autorisation
préalable du conseil d’administration, peuvent faire l’objet d’annulation si elles entraînent
des dommages à la société… »

Ainsi, il résulte de ce principe que la convention conclue sans l’autorisation préalable du


conseil d’administration est exécutoire et n’est pas nulle de plein droit. En effet, elle peut être
annulable ; et cette annulation ne peut être envisagée que lorsque ces conventions entraînent
des dommages à la société.

Une non autorisation préalable par le conseil pourrait résulter de diverses situations : soit
d’une absence de demande d’autorisation, soit d’une autorisation accordée postérieurement
(considérée comme non autorisation) ou une autorisation irrégulière ou bien le cas d’un refus
ou d’impossibilité d’une autorisation…Mais normalement la possibilité d’annulation couvre
uniquement la situation du non respect de l’obligation de soumettre une convention à
l’autorisation, puisque le législateur, dans l’avant dernier alinéa de l’article 202 du CSC,
prévoit la possibilité de couvrir la nullité par un vote de l'assemblée générale intervenant sur
rapport spécial des commissaires aux comptes exposant les circonstances en raison desquelles
la procédure d'autorisation n'a pas été suivie.

2. Les modalités d’annulation des conventions non autorisées


préalablement
a. L’annulation par vote de l’assemblée générale :

L’article 202 du (CSC) a évoqué la possibilité que la nullité puisse être couverte par un vote
de l'assemblée générale intervenant sur rapport spécial des commissaires aux comptes
exposant les circonstances en raison desquelles la procédure d'autorisation n'a pas été suivie.

Dans ce cas, l'intéressé ne peut pas prendre part au vote et ses actions ne sont pas prises en
compte pour le calcul du quorum et de la majorité.

b. L’annulation par décision du juge :

Comme nous l’avons évoqué, la convention ne peut être annulée qu’en cas de dommage subi
par la société. Dans ce cas la preuve du préjudice doit être apportée devant le tribunal saisi. Et
la convention n’est pas nulle de plein droit : Il s’agit d’une nullité facultative que le juge est
libre de prononcer ou non.

Cette nullité ne peut être invoquée que par la société ou ses actionnaires 26. Les tiers ne
peuvent pas normalement invoquer cette nullité puisque l’autorisation du conseil
d’administration n’est pas requise dans leur propre intérêt.

L’action en annulation se prescrit dans un délai de trois ans à compter de la date de la


convention. Toutefois, si la convention a été dissimulée, le point de départ du délai de la
prescription est reporté au jour où elle a été révélée (Nullité relative).

3. La responsabilité de la personne intéressée

Indépendamment de l’action en nullité, le défaut d’autorisation préalable engage la


responsabilité de la personne intéressée (l’administrateur, le dirigeant…) en cause ; il s’agit
d’une responsabilité de droit commun qui suppose un dommage subi par la société, une faute
26
http://www.prosocietes.com
commise par la personne et un lien de causalité entre la faute et le dommage. La faute peut
consister dans le défaut d’avis au conseil ; et le dommage sera celui subi par la société du fait
de la convention.

Pour conclure, les conventions conclues sans une autorisation préalable du conseil
d’administration produisent leurs effets tant qu’elles n’ont pas causées de préjudice pour la
société, dans le cas ou le préjudice est approuvé, c’est la personne intéressée partie la
convention qui serait responsable et la convention pourrait être annulée.

Section 2 : Défaut d’accomplissement des autres formalités

Lorsqu’une convention réglementée n’aurait pas fait l’objet d’un rapport du commissaire aux
comptes, d’un vote à l’assemblée générale des actionnaires ou lorsque les commissaires aux
comptes n’auraient pas été avisés de l’issue du vote, la responsabilité de celui qui est à
l’origine de la faute est susceptible d’être engagée.

I. Absence d’information du conseil


Bien que cette obligation d’information ne soit pas sanctionnée par un texte et, au cas où la
personne intéressée27 se serait abstenue, les administrateurs qui auraient néanmoins eu
connaissance d’une telle convention pourraient , être tenus responsables de la violation des
dispositions légales et ce conformément aux dispositions de l’article 207 C.S.C .Ce dernier
prévoit que les administrateurs sont responsables… des infractions aux dispositions
législatives ou réglementaires applicables aux sociétés anonymes… »28
II. Le défaut du rapport du CAC :on met commissaire aux comptes pas
cac tu dois corriger ca partout

Le défaut d’avis ou l’avis donné hors délai au commissaire aux comptes d’une convention
non autorisée peut conduire à notre avis deux situations :

• soit que le commissaire aux comptes découvre l’existence de la convention qui aurait dû être
soumise à autorisation préalable du conseil d’administration.

• ou que le commissaire aux comptes ne la découvre pas et la solution reste celle donnée, en
cas d’absence de rapport du commissaire aux comptes sur les conventions réglementées.
27
Il s’agit des personnes indiquées à l’alinéa 1 de l’article 200
28
Article 207 - Les membres du conseil d'administration sont solidairement responsables,
conformément aux règles de droit commun, envers la société ou envers les tiers, de leurs faits
contraires aux dispositions du présent code ou des fautes qu'ils auraient commises dans leur gestion.
Le rapport du CAC doit fournir toute indication permettant aux actionnaires d’apprécier
l’intérêt qui s’attache à la conclusion des conventions analysées.

Par conséquence, l’absence ou l’insuffisance du rapport entraîne la responsabilité du CAC 29,


et la nullité de la délibération de l’assemblée, mais pas la nullité de la convention. Les
conséquences sont identiques à celles résultant d’une convention désapprouvée.

Ainsi, si la convention ne peut être annulée faute de rapport du commissaire aux comptes, les
délibérations de l’assemblée générale portant approbation des états financiers peuvent être
annulées lorsqu’il y a absence d’un tel rapport sur les conventions réglementées .En effet,
l’article 275 du CSC frappe de nullité « la décision de l'assemblée générale portant
approbation du bilan et des comptes si elle n'est pas précédée par la présentation des rapports
des contrôleurs dans le cas où il est requis l'existence d'un ou plusieurs ». L’utilisation des
rapports indiquerait que le législateur vise les rapports général et spécial du commissaire aux
comptes. Mais les conventions demeurent valables et s’assimileraient à des conventions
désapprouvées par l’assemblée.

De plus ,dans le but d’éviter les délibérations irrégulières (prononcées nonobstant le défaut
d’un des rapports du CAC) , le législateur donne le droit aux actionnaires détenant au moins
vingt pour cent du capital social de demander l’annulation des décisions prises contrairement
au statut ou portant atteinte aux intérêts de la société, et prises dans l’intérêt d'un ou de
quelques actionnaires ou au profit d'un tiers » (l’article 290 du CSC).

Et aux termes de l’article 270 du CSC, les commissaires aux comptes doivent signaler à
l'assemblée générale les irrégularités et les inexactitudes relevées par eux au cours de
l'accomplissement de leur mission.

III. Le défaut d’approbation de l’assemblée générale :


a. Le cas de désapprobation des conventions

Le paragraphe 4 nouveau de l’article 200, prévoit un principe général en vertu duquel, les
conventions approuvées par l’assemblée générale, ainsi que celles qu’elle désapprouve,
produisent leurs effets à l’égard des tiers, sauf lorsqu’elles sont annulées pour dol30.
29
Selon l’article203
30
Selon l’article 56 : « Le dol donne ouverture à la rescision lorsque les manœuvres ou les réticences
de l'une des parties, de celui qui la représente ou qui est de complicité avec elle,sont de telle nature
que, sans ces manœuvres ou ces réticences, l'autre partie n'aurait pas contracté. Le dol pratiqué par un
tiers a le même effet, lorsque la partie qui en profite en avait connaissance. »
Ainsi, en l’absence du vice et du dol, toute convention conclue et désapprouvée par
l’Assemblée Générale reste exécutoire à l’égard des tiers.

Sur le plan des conséquences préjudiciables à la société, le paragraphe 4 de l’article 200


prévoit deux cas de figure :

- Les conventions et opérations non autorisées par le conseil d’administration et


désapprouvées par l’Assemblée : les conséquences préjudiciables à la société de ces
conventions sont mises à la charge de l’intéressé.

- Les opérations autorisées par le conseil d’administration et désapprouvées par l’Assemblée


Générale : la responsabilité est mise à la charge de l’intéressé et des administrateurs, à moins
que ces derniers n’établissent qu’ils n’en sont pas responsables.

On constate donc que la responsabilité de l’administrateur et éventuellement celle du conseil


d’administration ne peut être engagée qu’en cas de dol.

L’appréciation de la fraude dans ce cas ressort des règles générales du droit civil 31 qui exigent
la mauvaise foi et l’intention de nuire. II faut entendre par fraude, tous faits résultants d’une
tromperie destinée à induire en erreur, les commissaires aux comptes et l’assemblée générale
des actionnaires32. La fraude peut correspondre aussi à l’utilisation d’un complice comme
personne interposée, à des affirmations mensongères et à tous les éléments qui peuvent
intervenir lors de la conclusion du contrat 33. Certains auteurs estiment que la fraude peut
intervenir lors de la conclusion du contrat, ou lors du déroulement de la procédure
d’autorisation du conseil d’administration ou d’approbation par l’assemblée générale des
actionnaires34 .

Pour conclure, l’assemblée générale ne peut pas, par une désapprobation, remettre en cause la
validité des conventions, préalablement, autorisées par le conseil d’administration. La
chambre commerciale de la cour de cassation française dans un arrêt rendu le 23 juillet 1985 a
précisé, dans ce sens, que l’approbation de l’assemblée générale des actionnaires n’était pas
une condition de validité des conventions autorisées par le conseil d’administration puisque
celles-ci produisent leurs effets malgré une désapprobation.

31
Articles 43 a 61 du code des obligations et des contrats.
32
Youssef Knani op. oit.
33
Encyclopédie des études juridiques, op. oit, p : 70,
34
Migeon- Nelson. « Les conventions entre la société et leurs dirigeants »: Les petites affiches n-89 -
27luillet 198. Cité in Encyclopédie des études juridiques. op, oit, p .- 68.
Le législateur a justement estimé que, l'assemblée statuant longtemps après la conclusion du
contrat et souvent même après l'exécution (c'est habituellement l'assemblée annuelle qui se
prononce), la nullité était une sanction inadaptée. La convention bien que désapprouvée,
produit donc ses effets à l'égard des tiers, sauf annulation dans le cas de fraude. Mais, les
conséquences préjudiciables à la société des conventions désapprouvées peuvent être mises à
la charge de l'intéressé et, éventuellement, des autres membres du conseil d'administration,
même en l'absence de fraude. Autrement dit, le législateur a préféré à titre de sanction, un
rééquilibrage du contrat, plutôt que son annulation35.

b. Le non soumission de la convention à l’approbation

Si la convention n'était pas soumise à l'assemblée, l'absence de décision ne devrait pas


entraîner de conséquences plus graves qu'un refus d'approbation: sauf fraude, la nullité ne
peut être prononcée ; seules les conséquences dommageables pour la société de cette
convention doivent être mises à la charge des dirigeants 36. Il n’est donc pas possible de
demander l’annulation de cette convention. En effet, la nullité ne couvre que la situation
prévue par l’article 202 du CSC et qui correspond à la situation où une convention serait
contractée sans l’autorisation préalable du conseil.

En d’autres termes, « si l’autorisation préalable du conseil a été obtenue, les vices ultérieurs
de la procédure du contrôle n’entraînent pas nullité de la convention. 37

Ainsi, on peut soutenir que l’approbation de l’assemblée générale des actionnaires n’est pas
une condition de validité des conventions.

IV. La rémunération et avantages visés au paragraphe 5 nouveau de


l’article 200 :

Les rémunérations et avantages servis au président directeur général, au directeur général, à


l’administrateur délégué, à l’un des directeurs généraux adjoints, ou à l’un des
administrateurs, sont soumis à la triple procédure de contrôle, à savoir l’autorisation du

35
P. MERLE, Droit commercial, Sociétés commerciales, Editions DALLOZ, 8ème édition, 2001, §
401.
36
MERLE, op. cit, § 401.
37
M. COZIAN, A. VIANDIER, Droit des sociétés, Editions LITEC, 9ème édition, 1996, § 729.
conseil d’administration, l’information du commissaire aux comptes et l’approbation de
l’Assemblée Générale.

Le défaut du respect de cette procédure, expose ces conventions à la nullité lorsqu’elles


causent un préjudice à la société. Outre la sanction de la nullité, la responsabilité de l’intéressé
ou du conseil d’administration peut être engagé.

Convention réglementée

Non Autorisation préalable du conseil Oui


d’administration

Les conventions peuvent faire


l’objet d’une annulation si elles
entrainent des dommages à la
société.

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