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BOHM DAVID (1917-1992)


28 NOVEMBRE 2020 | PATRICE PORTEMANN

David Bohm est né à Wilkes-Barre en Pennsylvanie aux États-Unis, et il manifeste de manière pré-
coce un fort intérêt pour la science. C’est dans les années 70-80 qu’il formule ses idées sur
« l’ordre implicite » dans l’univers et sur le relatif « modèle holographique » de la réalité. Bohm est
un physicien qui s’interroge constamment sur les liens possibles entre la science et la philosophie.
En 1959, il rencontre le penseur indien Jiddu Krishnamurti qui l’in�uence grandement dans sa
« perception invisible » de la réalité.

Sa relation avec Krishnamurti


David Bohm était un physicien complet, un individu qui, au �l du temps, n’a pas hésité à se tourner
vers la mystique tout en approfondissant le langage de la science formelle dans le domaine de la
mécanique quantique.

Krishnamurti développe une « philosophie pratique » à l’usage de l’âme. Le niveau nécessaire pour
comprendre son enseignement est élevé, trop d’ailleurs, pour l’époque où il l’exprima. Et cela posa
des problèmes puisque certaines personnalités conditionnées par la « maya » ont déformé le mes-
sage de Krishnamurti. Mais ce n’est pas le cas de Bohm qui, plongé dans les profondeurs de la ma-
tière et inspiré par la modélisation (possible) des phénomènes à cette échelle, intégra « l’ordre im-
plicite » dans ses représentations. Bohm ré�échissait (avec d’autres) aux relations existantes entre
la conscience et la matière. Il n’y a pas de séparation (à proprement parlé) entre les deux, mais une
continuité et une dépendance de la matière à « l’ordre implicite » d’une réalité sous-jacente et im-
matérielle. Cette vision est contenue dans les nombreux mythes de l’Ancien Commentaire
Oriental. D’où les liens maintenus et fermes entre Bohm et Krishnamurti.

Bohm et le potentiel quantique


Dans le domaine de la physique théorique, David Bohm injecte dans les équations probabilistes de
la mécanique quantique un caractère déterministe avec la notion du potentiel quantique.

Bohm est diplômé de physique subatomique en 1939. Il obtint son doctorat en 1943 à Berkeley au
Lawrence Radiation Laboratory. C’est le dernier physicien-chercheur qui travailla sous la houlette
de Robert Oppenheimer. Les recherches de Bohm concernaient la théorie des plasmas, la théorie
du synchrotron (et synchrocyclotrons) et par la suite à l’université de Princeton, la théorie des
électrons dans les métaux, la mécanique quantique et les particules élémentaires. Bohm était un
intuitif et contrairement aux thèses de Niels Bohr, Werner Heisenberg, Erwin Schrödinger, John
Von Neumann et Wolfgang Pauli qui prévoyaient une interprétation nettement indéterministe,
Bohm « décrivit les particules élémentaires comme des entités qui bougent de façon apparem-
ment déterministe sous la conduite de ce qu’il appela le potentiel quantique. » (Massimo

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Teodorani)

C’est en 1952 qu’il développe ce concept dans deux articles publiés dans la revue américaine
Physical Review. Stimulé par les conséquences épistémologiques des résultats de l’expérience EPR
(dé�nitivement validée en 1982), Bohm démontre que « les particules élémentaires peuvent com-
muniquer de manière instantanée, indépendamment de la distance qui les sépare ».

Bohm est issu d’une famille juive, son père voulait qu’il use de sa créativité dans les inventions
scienti�ques pour gagner de l’argent. Mais le �ls refusa et se plongea, au contraire, dans les idées
politiques liées au communisme. Avant de terminer sa thèse à Berkeley, Oppenheimer lui de-
mande (1942) de participer au projet Los Alamos pour construire une bombe basée sur l’énergie
nucléaire. Mais le général Leslie Groves (chef de projet Manattan) s’y opposa en prétextant les im-
plications de Bohm dans ses opinions politiques. Au cours de ses recherches à Berkeley, Bohm
avait travaillé sur les collisions proton-deutérons qui se trouvent justement à la base des connais-
sances nécessaires pour l’élaboration d’une bombe atomique. « Il fut considéré comme un individu
très dangereux, voire comme un potentiel traître à la solde de l’ex-Union-Soviétique. » Dans ce
contexte, il éprouva de nombreuses dif�cultés pour terminer sa thèse en 1943. Heureusement
qu’Oppenheimer était là pour le soutenir et intervenir dans le bon sens auprès des autorités.

Après la guerre Bohm travailla avec Einstein à l’université de Princeton. Ils étaient proches et
amis. Le sénateur McCarthy et le comité qu’il présidait enquêtait sur les opposants politiques et
surtout les communistes. En 1950 Bohm doit témoigner sur ses activités politiques et après avoir
invoqué le cinquième amendement de la Constitution américaine, il est arrêté jusqu’en mai 1951.
L’université de Princeton l’avait déjà licencié sans reproduire son contrat. Il choisit l’université de
Sao-Paulo au Brésil pour poursuivre ses recherches (sur les plasmas). Il passe peu de temps, en
1955, au Technion Institute de Haïfa en Israël, ses travaux n’y sont pas stimulés mais il trouve sa
femme (Saral) avec laquelle il restera jusqu’à la �n de sa vie. Il part pour la Grande-Bretagne en
1957 pour travailler à l’université de bristol, puis à l’université de Londres, au Birbeck Collège où il
enseigna la physique théorique jusqu’à sa retraite en 1987. Après l’invasion de la Hongrie par
l’Union Soviétique (en 1957), il se détache du communisme pour s’adonner à la philosophie de
Hegel. Au cours du temps, la vision du monde selon Bohm devient de plus en plus mystique.

La conscience de soi et du monde


A force d’étudier les phénomènes de la nature, d’essayer de percer les mystères de la réalité et de
la vie, les théoriciens développent leurs modèles avec toujours plus de précision pour aboutir aux
identi�cations surprenantes avec la conscience humaine. La psychologie utilise les termes de
« conscience de soi » et de « conscience de groupe » pour différentier l’individu et la communauté.
Qu’il s’agisse de communauté locale, nationale ou mondiale. Il est évident que l’être, l’un, est au
cœur de tous, et qu’une transition de conscience (à double sens) s’effectue obligatoirement entre
la personne unique vers sa famille, son village, son pays, le continent pour atteindre la globalité
terrestre. L’ancienne maxime gnostique est toujours d’actualité : « Un est dans tout, tout est dans

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Un ». Il est certain qu’en politique également, il se manifeste dans les oppositions manichéennes de
la droite et de la gauche, une confrontation entre l’individualisme et le collectivisme. Comme dans
de nombreux domaine de la vie humaine depuis des millénaires, il semble évident que « le Tout est
plus que la somme de ses parties ».

La particularité des plasmas


« Plasma » est un terme générique pour décrire le comportement global d’une matière gazeuse
contenant des électrons et des ions positifs d’une densité très élevé. Exactement comme ce qui se
passe au cœur des étoiles. Bohm s’aperçut bien vite que les électrons contenus dans un plasma
cessent de se comporter comme des particules individuelles qui commencent à s’identi�er à un
ensemble plus vaste en interconnexion. L’électricité est un déplacement d’électron dans un métal.
Et dans ce cas également, les « électrons individualisés » sont en mesure de produire des effets
d’ensemble hautement organisés.

Dans notre système solaire, comme dans les autres, la matière s’identi�ant aux plasmas constitue
donc 99 % de la matière totale de notre système. Il s’agit donc du tout ! Le reste, qui compose
toutes les planètes, les comètes et autres astéroïdes, ne représente qu’un négligeable pourcen-
tage. Lorsqu’on analyse les phénomènes liés aux plasmas, la vision systémique est naturellement
considérée puisque c’est une perception globale du système qui permet d’éviter les errances illu-
soires d’une théorie approximativement locale. Il me semble judicieux de prolonger cette ré�exion
sur les différences formelles des équations intégrales ou locales dans le champ électromagnétique
(par exemple).

Dans un plasma, la densité est telle, que les interactions des particules chargées sont limitées aux
particules proches (petites distances). Bohm explique le mouvement libre des particules agissant
de proches en proches par des coordonnées individuelles (mouvement aléatoire) sachant qu’un
plasma est décrit comme une série d’oscillations collectives comportant un très grands nombres
de particules. Bohm établit des relations mathématiques pour exprimer le mouvement collectif du
tout comme initié par le mouvement aléatoire individuel (et inversement). Ces relations de pas-
sage permettent de démontrer pourquoi les plasmas deviennent instables dans un champ magné-
tique externe (diffusion de Bohm).

Les plasmas s’inscrivent pleinement dans une recherche holistique de la transcription/formalisa-


tion des phénomènes physiques. Avec les explications précédentes, les relations de passage entre
« l’un et le tout » sont encore à préciser.

Le terme « plasma » (grec : matière informe) est introduit en 1923 par le physicien américain Irving
Langmuir pour désigner le milieu partiellement ionisé dans les tubes à décharge (Crookes…). Les
plasmas sont classés en fonction de leur densité :

• Plasma à forte densité comme dans le cœur des étoiles ;

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• Plasma à densité moyenne comme dans les tubes à décharge ;


• Plasma à faible densité comme dans l’ionosphère terrestre.

L’état plasma est un nouvel état de la matière au même titre que l’état solide, l’état liquide et l’état
gazeux. Les états de la matière se distinguent les uns des autres par l’importance relative des in-
teractions entre particules par rapport aux mouvements d’agitation propre. Pour les plasmas,
cette relation holistique est essentielle car le comportement d’un plasma dépend des « collisions
binaires » entre constituants et les interactions collectives traduisant l’in�uence d’un milieu élec-
trique environnant. Il s’agit donc de connaître le « degré d’ionisation » d’un plasma pour le classer :
Si les atomes neutres sont suf�samment nombreux, il s’agit de plasma faiblement ionisé puisque
les collisions entre électrons et atomes l’emportent sur les collisions entre ions chargés.

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