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Les fêtes chrétiennes : origines et sens

Philippe Cousson

Beaucoup de croyants se plaignent que la fête de Noël a maintenant complètement perdu son sens
chrétien, que c'est simplement devenue une fête populaire et commerciale.

Oui, mais voilà, Noël est-il vraiment une fête chrétienne ? L'a-t-il toujours été ? Et les autres fêtes
chrétiennes, l'ont-elles aussi toujours été ? Quelle est leur origine ? Quel sens portent-elles ?

Et même, on pourrait se demander s'il y a vraiment des fêtes chrétiennes. Parce que, en fait, aux
débuts de l'histoire de l’Église, il n'y en avait pas, et même, cela risquait de mettre en cause le salut
par la grâce seule en prétendant ajouter par les respect de quelques jours sacrés à la croix du Christ.
Voici par exemple trois passages des épîtres de Paul :
Col 2:16 16 Dès lors, que personne ne vous juge à propos de ce que vous mangez ou buvez, pour une
question de fête, de nouvelle lune ou de sabbat : 17tout cela n'est qu'une ombre de ce qui est à venir,
Gal 4:9-11 8Autrefois vous ne connaissiez pas Dieu et vous étiez esclaves de dieux qui, par nature, n'en sont
pas. 9Mais maintenant que vous connaissez Dieu — ou, plutôt, que vous êtes connus de Dieu — comment
pouvez-vous retourner à ces éléments impuissants et misérables, et vouloir à nouveau en être esclaves ?
10Vous observez scrupuleusement les jours, les mois, les saisons et les années ! 11Je crains de m'être donné
de la peine pour rien en ce qui vous concerne.
Rom 14:5-6 5 Tel juge, en effet, un jour supérieur à un autre ; tel autre les juge tous égaux. Que chacun,
dans sa propre intelligence, soit animé d'une pleine conviction ! 6Celui qui tient compte des jours en tient
compte pour le Seigneur. Celui qui mange, c'est pour le Seigneur qu'il mange, car il rend grâce à Dieu ;
celui qui ne mange pas, c'est pour le Seigneur qu'il ne mange pas : il rend aussi grâce à Dieu.

Comme nous le verrons, des fêtes sont vite apparues. Mais au moment de la Réforme, de nouvelles
préventions contre les fêtes sont apparues, avec le même motif : ne pas ajouter à la grâce. Voilà par
exemple l'article 24 de la Confession de foi de la Rochelle qui rejette "l'observation cérémonieuse
des jours", avec un ensemble de pratiques catholiques telles qu'elles étaient comprises et vécues à
l'époque.
24. Rejet de fausses doctrines
Puisque Jésus-Christ nous a été donné pour seul Avocat et nous a ordonné de nous adresser directement à
son Père en son Nom, et puisqu'il ne nous est permis de prier qu'en nous conformant à la manière que Dieu
nous a prescrite dans sa Parole:
Nous croyons que tout ce que les hommes ont inventé quant à l'intercession des saints trépassés n'est qu'abus
et ruse de Satan pour les détourner de la manière de bien prier.
Nous rejetons aussi tous les autres moyens que les hommes présument avoir pour se racheter envers Dieu,
parce qu'ils discréditent le sacrifice de la mort et de la passion de Jésus-Christ.
Enfin, nous considérons le purgatoire comme une erreur provenant de cette même boutique, d'où découlent
aussi les voeux monastiques, les pèlerinages, l'interdiction de se marier et de consommer certains aliments,
l'observation cérémonieuse des jours, la confession auriculaire, les indulgences et toutes choses semblables,
par lesquelles on pense mériter la grâce et le salut.
Toutes ces choses, nous les rejetons non seulement à cause de l'idée mensongère de mérite qui y est attachée,
mais aussi parce qu'elles sont des inventions humaines qui imposent un joug à nos consciences.
Mais, là aussi, les Eglises de la Réforme ont assez rapidement repris le rythme des fêtes annuelles, Il reste
cependant un certain nombre d'églises protestantes qui ne marquent pas ou peu ces fêtes annuelles.

Avec raison, ces églises-là insistent sur ce qui est le seul vrai jour de fête chrétienne, le premier jour
de la semaine, le dimanche.

Pour pouvoir parler du dimanche, il faut d'abord parler de la semaine. Elle est très très ancienne,
probablement née en Mésopotamie, liée aux phases de la lune et donc au culte lunaire. La semaine,

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nombre premier de jours, quart de mois lunaire a été associée aux planètes observées, les étoiles qui
ne sont pas fixes. Chaque jour a reçu le nom d'un dieu, qui bien sûr variait avec les mythologies.
Ceux qui nous restent sont romains. Dimanche, Sunday, jour du soleil, lundi, la lune, mardi, Mars,
mercredi, Mercure, jeudi Jupiter, Vendredi Vénus, Samedi, Saturday Saturne. Il y a des langues où
les jours sont simplement numérotés : premier, deuxième, etc. Le premier jour est pour nous le
dimanche, mais pour l'ISO, c'est le lundi, pour les musulmans c'est le samedi.
Le texte biblique rattache la semaine au récit de la création en 6 jours et le septième pour le repos de
Dieu. C'est d'ailleurs cet argument qui est à l'origine de la prescription du Sabbat.
Dans le livre du Deutéronome : 12Observe le sabbat, pour en faire un jour sacré, comme le SEIGNEUR,
ton Dieu, te l'a ordonné. 13Pendant six jours tu travailleras, et tu feras tout ton ouvrage. 14Mais le septième
jour, c'est un sabbat pour le SEIGNEUR, ton Dieu : tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni
ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l'immigré qui est dans tes
villes, afin que ton serviteur et ta servante puissent se reposer comme toi. 15Tu te souviendras que tu as été
esclave en Egypte et que le SEIGNEUR, ton Dieu, t'en a fait sortir d'une main forte, d'un bras étendu : c'est
pourquoi le SEIGNEUR, ton Dieu, t'a ordonné de célébrer le jour du sabbat.
On voit donc que ce jour doit être consacré au repos et au culte, et non pas au profit, et cela a
ensuite été élargi à toute une liste de choses à ne pas faire, qui peuvent vous amener dans certains
quartiers juifs orthodoxes de Jérusalem à recevoir des pierres.
Mais pourtant, dès les prophètes, l'observance du sabbat est remise en cause, non pas en elle-même
mais dans ce qu'elle a d'hypocrite, d'apparence.
(Esa 1:13-19)13 Cessez d'apporter des offrandes inutiles : l'encens est pour moi une abomination ; quant
aux nouvelles lunes, aux sabbats et aux convocations, je ne supporte pas le mal avec les assemblées
solennelles. 14Je déteste vos nouvelles lunes et vos rencontres festives, elles me pèsent ; je suis las de les
supporter.

Il est à noter, comme l'a fait Tertullien, que le Sabbat c'était aussi le jour de Saturne, qui était un jour
de repos également pour des païens.

Jésus, s'il était respectueux de la Loi et des prophètes, a lui-même condamné le mauvais usage qui
était fait de ce commandement, comme aussi celui d'autres commandements :
Mc 2:27 27Et il leur disait : Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat, 28de sorte
que le Fils de l'homme est maître même du sabbat.

L'épître aux Hébreux nous dit que le vrai jour du repos n'est pas encore là, et que Dieu lui-même se
reposera à l'avènement du Royaume 4:1-10 4en effet, il a dit quelque part, à propos du septième jour : Et
Dieu se reposa de toutes ses œuvres le septième jour. 5Et encore dans ce passage : En aucun cas ils
n'entreront dans mon repos ! 6Ainsi, puisqu'il est réservé à certains d'y entrer, et que ceux qui avaient reçu
les premiers cette bonne nouvelle n'y entrèrent pas, à cause de leur refus d'obéir, 7il institue encore un jour
— « aujourd'hui » — en disant bien longtemps après, par David, comme il a été dit plus haut : Aujourd'hui,
si vous entendez sa voix, ne vous obstinez pas. 8En effet, si Josué leur avait donné le repos, il n'aurait pas,
après, parlé d'un autre jour. 9Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu.

Par quelques passages du Nouveau Testament, nous savons que dès le début, les croyants
marquaient le premier jour de la semaine, non pas en se reposant mais en se réunissant.
Ac 22:7 les Chrétiens se réunissent le 1er jour pour la fraction du pain 7Le premier jour de la semaine,
nous étions rassemblés pour rompre le pain.
Jean situe sa vision le "jour du Seigneur", c'est à dire très probablement le dimanche Apo 1:10
10quand je fus saisi par l'Esprit, au jour du Seigneur ; j'entendis derrière moi une voix, forte comme le son
d'une trompette,

Plus tard, Ignace d'Antioche nous parle du : "dimanche, jour où notre vie s'est levé par le Christ et
par sa mort"

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Mais, le premier jour portait aussi d'autres significations : c'était l'anniversaire de la création du
monde, le premier jour. C'était aussi en univers païen le jour du soleil. Ce symbole du soleil et de la
lumière sera même repris en christianisme : le "soleil de justice", qui sera appliqué à Jésus. Il suffit
de se rappeler d'un cantique connu.

Le dimanche c'est le premier jour, mais c'est aussi le 8e jour, un temps au-delà des temps et du
monde. Basile, un des pères de l’Église a dit que : "le jour du Seigneur est l'éon futur, le 8e jour"

D'après Pline, 112, nous savons que : "Les chrétiens avaient coutume de se réunir avant l'aube une fois
par semaine pour chanter des hymnes et manger un repas en commun."
Justin Martyr (2e s.) "Dimanche est le jour où nous tenons nos assemblées, parce que c'est le
premier jour, celui où Dieu créa le monde et où Jésus notre Sauveur ressuscita des morts."

C'est Constantin (4e s.) qui a institué une législation concernant le dimanche. Le jour du repos était
distinct du dimanche puis a été fixé au dimanche par Constantin comme le "vénérable jour du
soleil". Sa décision n'était pas fondamentalement chrétienne.
Le repos dominical a connu un relâchement au Moyen Age.
Les Réformateurs, qui ne se voulaient liés par aucun légalisme, ni aucune superstition, n'ont pas non
plus insisté sur le repos.
C'est le Puritanisme qui a conduit à un dimanche compris comme un"sabbat chrétien". Il suffit de se
rappeler du film "Les Chariots de feu" et du refus de Eric Liddel de courir le dimanche. Pas de sport
le dimanche.
Le dimanche marque le rythme hebdomadaire donné à la vie spirituelle, avant d'être envoyé comme
témoin dans le monde pour les autres jours.

Pour présenter les fêtes annuelles, je vais commencer par les fêtes d'origine juive passées au
christianisme.

La fête la plus importante pour la plupart des chrétiens, c'est la fête de Pâques, et même l'ensemble
du cyle de Pâques.

Cette fête de Pâques est bien sûr pour nous, au départ une fête juive, la Pâque, Pesaĥ.
Mais en fait, on peut remonter au-delà de cette fête juive. Son origine est agricole. C'est au Proche
Orient l'époque de la première récolte de l'orge, une céréale essentielle depuis le néolithique.
Le mot Pesaĥ signifie : passage. Il rappelle la sortie d'Egypte, la fin de l'esclavage, le sang des
agneaux versé
Exo 12 Le dixième jour de ce mois, on prendra un mouton ou une chèvre pour chaque famille, une bête par
maison…. 6Vous le tiendrez en réserve jusqu'au quatorzième jour de ce mois ; toute l'assemblée de la
communauté d'Israël l'immolera à la tombée du soir.
Cette fête a lieu au printemps. D'après Philon, elle marque la fête de la création du monde. Plus
tard, Eusèbe la voit comme symbole de la recréation par la résurrection.

Mais le sens essentiel pour les chrétiens, c'est de marquer comme le note Paul que Christ, notre
Pâque a été immolé.
(1Co 5:8) 7Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain ; car le
Christ, notre Pâque, a été sacrifié. 8Célébrons donc la fête, non pas avec du vieux levain, ni avec un levain
de malfaisance et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité.

Tout un folklore a été ajouté postérieurement.

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Par exemple au 12e siècle sont apparus les œufs, symbole des régénérations éternelles. Mais cette
symbolique s'oppose à la croix comme événement unique et définitif. Les œufs sont parfois associés
à un lapin (légende allemande) ou aux cloches (sud de l'Europe).
La fête de Pâques a été superposée à une fête païenne de l'équinoxe de Printemps, où dans le monde
germanique une déesse de l'Est était célébrée comme portant le réveil de la nature. Elle a laissé son
nom au terme anglais qui désigne Pâques, Easter.

L'autre fête chrétienne importante héritée des fêtes d'Israël, c'est la Pentecôte.
Très longtemps, les fêtes de Pâques et de Pentecôte composaient un ensemble.
La fête juive (Shavouot), qui a donné la Pentecôte, a la même origine agricole. Il s'agit encore d'une
fête des prémices de la moisson, cette fois-ci, il s'agit de la récolte du blé, plus tardif,
(Nom 28:26-31) 26Le jour des premiers fruits, où vous présenterez au SEIGNEUR une offrande végétale
nouvelle, à votre fête des Semaines, il y aura pour vous convocation sacrée : vous ne ferez aucun travail
servile.
La tradition rabbinique a remplacé cette fête agricole par une célébration du don de la Torah. Ce qui
relie l'Exode (la Pâque) avec la Torah (Shavouot), c'est que la Torah est le "but et objet de l'Exode".
Au cours de cette fête est faite la lecture du livre de Ruth, pour montrer l'universalisme de la Torah,
qui n'est pas seulement pour le peuple d'Israël, mais pour tous les peuples.
Cette fête a pris pour le christianisme un autre sens : la commémoration de la venue du Saint-Esprit
après le départ du Christ, son ascension.
Actes2 :1 Lorsque arriva le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble en un même lieu. 2Tout à coup, il
vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis.
3Des langues leur apparurent, qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des autres ; il s'en posa sur
chacun d'eux. 4Ils furent tous remplis d'Esprit saint et se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que
l'Esprit leur donnait d'énoncer.
Les premiers chrétiens ont continué de célébrer les fêtes d'Israël, au moins tant que le Temple était
debout. Luc nous rapporte que Paul désirait célébrer cette fête avec ses frères à Jérusalem
(Ac 20:16) 16En effet, Paul avait résolu de passer au large d'Ephèse, afin de ne pas perdre de temps en
Asie : il se hâtait pour être à Jérusalem, si possible, le jour de la Pentecôte.
L’Église a commencer à célébrer la Pentecôte distinctement du cycle de Pâques à partir du 4e siècle.
En protestantisme, c'est fréquemment l'occasion des baptêmes et des confirmations.
Le fait que le récit des Actes des Apôtres mentionne que les disciples parlaient d'autres langues a
souvent conduit à associer ce jour au récit de la Tour de Babel où la confusion des langues a été
située par le livre de la Genèse.
Aux 12e et 13e s. la Pentecôte était devenue une fête de la chevalerie.

Un certain nombre de fêtes complémentaires à ce cycle ont été instituées. Deux sont communément
partagées par l'ensemble du christianisme, les Rameaux, le vendredi Saint et l'Ascension.
Les Rameaux, c'est la commémoration de l'entrée de Jésus à Jérusalem, qui rappelle l'entrée du Roi
dans l'Ancien Testament. Les Rameaux, des branches, des palmes, étaient placées sur le passage de
l'ânon qui portait le roi entrant dans sa ville. D'où le nom de la fête. Elle ouvre la semaine de
Pâques.
Le vendredi Saint commémore la mort de Jésus sur la croix, l'événement essentiel de l'histoire du
salut, avec la résurrection célébrée à Pâques. C'est un jour férié dans un grand nombre de pays de
tradition protestante. Je cite le site web de la FPF : Le vendredi saint est aussi le moment où la
communion avec toutes les souffrances du monde est la plus soulignée. A la lumière de la résurrection la
commémoration de cette mort n’est pas que tristesse, les croyants y discernent la plénitude d’un don qui est
en train de sauver le monde. Tout comme la mort est suivie de la résurrection, nous croyons que l’Histoire
sera menée à son terme, c’est à dire au Règne de Dieu.
Quarante jours après, l'Ascension est parfois beaucoup moins célébrée. L'image de la montée du
Christ ressuscité vers les cieux peut évoquer les apothéoses des empereurs romains. Sa célébration

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montre que le seul Seigneur, Jésus-Christ, a lui et lui seul les attributs de la divinité. On peut y
associer, autant qu'aux Rameaux le Psaume 24 Portes, élevez vos linteaux; Élevez-les, portes éternelles!
Que le roi de gloire fasse son entrée! qui parle autant de l'entrée à la Jérusalem terrestre que de celle de
la Jérusalem céleste, où le Christ victorieux fait son entrée.

Il y a un certain nombres de fêtes juives que le christianisme n'a pas reprises.

Purim : c'est une fête basée en théorie sur Esther mais sans doute antérieure, qui a été codifiée par le
Talmud : Elle célèbre la libération des Juifs du joug Perse. Ce sont des manifestations joyeuses et
des ripailles. Elle est encore célébrée vers Février/ Mars.

Sukot, une autre fête agricole au départ, fêtes des récoltes de fruits est importante pour le judaïsme.
Lev 23:39-43 34Dis aux Israélites : Le quinzième jour du septième mois, il y aura la fête des Huttes pour le
SEIGNEUR — pendant sept jours. 39Le quinzième jour du septième mois, quand vous récolterez les produits
du pays, vous célébrerez la fête du SEIGNEUR 42Vous habiterez pendant sept jours dans des huttes ; tous les
autochtones en Israël habiteront dans des huttes,
On l'appelle aussi la fête des Cabanes. Elle est célébrée en septembre ou octobre. Fête des récoltes,
elle en marque aussi la précarité, et donc par conséquent la dépendance radicale, et donc la gratuité
de ce que Dieu pourvoit à son peuple. Elle commémore aussi l'époque où le peuple n'avait pas de
maison. Pour marquer cette dépendance et rappeler le nomadisme, le peuple est donc invité à
construire des cabanes de branchages et à y manger. On n'y dort pas forcément.
La confiance en Dieu est la marque de cette fête, l'annonce d'un avenir avec Dieu :
Esaïe 32:18 18Mon peuple habitera dans un domaine de paix, dans des demeures de confiance, dans des
lieux de repos tranquilles.
Psa 118 (v, 25-26) 8Mieux vaut trouver un abri dans le SEIGNEUR que de mettre sa confiance dans les
humains ;
On trouve trace de cette fête dans les Evangiles, dans le récit de la Transfiguration 4Pierre dit à
Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une
pour Moïse et une pour Elie. Les Tentes mentionnées sont en fait des cabanes comme à Soukot.
Maintenant, cette fête se termine par le "simhat Torah", la joie de la Torah, où les rouleaux sont
portés en procession.

Il y a aussi celles qui sont appelées les Fêtes austères, marquant la teshuvah, le retour à l'Alliance.
Elles ont lieu en automne.
Rosh Hashanah, le nouvel an, mais en fait on considère plusieurs débuts de l'année, au printemps et
en automne.
Yom Kippur : qui marque à la fois le retour sur soi et le pardon de Dieu,
27Le dixième jour de ce septième mois, il y aura le jour de l'Expiation. Il y aura pour vous convocation
sacrée : vous vous priverez et vous présenterez au SEIGNEUR des offrandes consumées par le feu.

Hanukah, est une fête relativement récente qui regroupe des éléments divers : la lumière, la révolte
des Maccabées, le redédicace du Temple. Elle est marquée par l'illumination de la Ménorah et est
proche de Noël.

J'avais laissé de côté cette fête chrétienne devenue importante, qui s'annonce dans quelques jours,
Noël, parce qu'elle n'est pas d'origine juive.
Au départ, c'est une fête païenne. C'est la fête du soleil, du solstice, du rallongement des jours. Des
dieux du monde oriental ou gréco-romain y ont été successivement ou simultanément célébrés, vers
la fin c'était Mithra, le Sol invictus, le soleil invaincu, celui qu'on trouve mentionné sur des
monnaies de Constantin.

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On ne s'occupait pas aux débuts de l’Église de marquer la naissance de Jésus. La fête chrétienne
date des 3e ou 4e s. Elle est mentionnée en 336. Elle a commencé à être célébrée d'abord en Egypte.
Pour la fixation d'une date, il y a eu des hésitations, non pas sur la plausibilité d'un jour, mais sur
l'opportunité d'une date. Pour faire une comparaison contemporaine, Jésus se trouve dans la
situation des ces Africains "nés vers". Comme on ne connaît pas leur date de naissance par absence
d'état civil, quelqu'un, en général un médecin, évalue leur âge, et donc leur date de naissance.
Pour Jésus, le jour de l'épiphanie (6 jan) a été la date choisie en Orient,
Des calculs donnaient le 25 décembre si la date de la conception était le 25 mars. En fait, c'était une
coïncidence avec les fêtes du solstice, du soleil, de Mithra. Ce qui a permis de déplacer le sens de
cette fête vers la venue de Jésus, le Christ, pour remplacer les divinités et symboles païens, et
squatter leur fête.
Ainsi, pour justifier ce hold-up de fête, Jésus fut comparé avec le soleil d'après le prophète
Malachie :
Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera Le soleil de la justice, Et la guérison sera sous ses ailes;
Vous sortirez, et vous sauterez comme les veaux d'une étable, Malachie 4/2
Saint Augustin, qui voulait éviter les amalgames, suppliait de "ne pas révérer ce jour comme s'il
était consacré au soleil, mais uniquement en l'honneur du Créateur du soleil"

Il nous faut encore bien garder à l'esprit le sens chrétien à donner à cette fête : la venue du Sauveur,
non pas uniquement ce joli petit bébé dans une crèche, mais celui qui est venu vivre une vie
d'homme, qui va mourir sur la Croix pour nos péchés et qui est ressuscité.

A cette fête se sont agglutinés d'autres parallèles souvent d'origine païenne :


la naissance dans une grotte :
St Jérôme note que "la grotte montrée était auparavant un sanctuaire à Tammuz ou Adonis". De
nombreuses divinités étaient réputées être nées dans une grotte ou y étaient célébrées,
Une crèche :
(Hermès et Dionysos seraient nés dans une auge). On peut ainsi réaliser le côté absurde des
disputes actuelles au sujet des crèches.
L'âne et le bœuf sont cités dans un évangile apocryphe (Matthieu du 6e s.). Ils sont une allusion à
Esaïe 1:3 3Le bœuf connaît son propriétaire, l'âne connaît la mangeoire où ses maîtres le nourrissent ;
Israël, lui, ne connaît rien, mon peuple ne comprend rien.
Le sapin :
Je cite Wikipedia : Le culte des arbres est courant dans l'Europe païenne et survit à sa conversion au
christianisme dans les coutumes scandinaves où persiste la tradition lors des fêtes d'hiver de Yule de décorer
la maison et la grange avec des conifères auxquels on attache des torches et des rubans de couleur ou de
suspendre des branches de sapin dans la maison pour chasser les mauvais esprits
C'est dans les Mystères du Moyen-Age qu'on retrouve l'arbre de Noël, symbolisant l'arbre de vie,
auquel on accroche des pommes rouges (le fruit défendu) et l'étoile de Béthléem. Il se répand au 15e
siècle en Allemagne, au début plutôt chez les Protestants.
La Couronne de l'Avent :
Elle est née en Allemagne protestante au 19e siècle pour faire attendre des enfants avant que Noël
n'arrive. On lui suppose éventuellement des origines dans l'église orientale.

Le Noël devenu chrétien a fait depuis l'objet d'une récupération agnostique et commerciale :
Le Père Noël :
Le personnage apparaît au 19e siècle. Il est mentionné par George Sand. Il a été développé aux
Etats-Unis sous le nom de Santa Claus, d'après Saint Nicolas. Il est en grande partie inspiré de
Julenisse, un lutin nordique, qu'on a tenté d'associer à un évêque du 3e s., qui serait le Saint Nicolas.
La galette des rois :

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C'est une trace des Saturnales, ces fêtes romaines de solstice avec inversion des rôles sociaux et roi
d'un jour. Dans certaines traditions païennes, ce roi d'un jour pouvait faire tout ce qu'il voulait, et il
était exécuté à la fin de la fête, pour remettre le monde en ordre. Cette tradition de la galette
remonte au moins au Moyen-Âge. Et Louis XIV tirait les rois.

Je mentionnerai aussi une fête païenne qui a perduré sans être vraiment récupérée par le
christianisme : le Carnaval. Elle reprend des coutumes des Saturnales, déguisements, abolition des
interdits.

Je ne ferai que mentionner les fêtes qui ne sont célébrées que par une partie des chrétiens.
La fête de la Réformation à la fin du mois d'octobre, qui commémore les 95 thèses de Luther, qui
auraient été placardées sur la porte d'une chapelle en 1517. Ce n'est pas à proprement parler une fête
liturgique. C'est une commémoration.
Le 15 août c'est-à-dire l'Assomption et le 1er novembre, c'est-à-dire la Toussaint, fêtes liturgiques
catholiques, dont on ne trouve aucun fondement dans le Nouveau Testament, que des ancêtres
paysans protestants marquaient par une ostensible journée de travail.

Pour conclure, je voudrais commenter la notion de "jour du Seigneur" qui parcourt l'ensemble des
Ecritures, jour de jugement, jour de colère, jour de libération, jour attendu, jour redouté, jour éternel
et jour déjà venu. Une interprétation du livre de l'Apocalypse conclut que le jour du Seigneur, nœud
de l'histoire, point central, point d'équilibre de l'histoire, que ce jour a déjà eu lieu, au moment de la
croix. Mais en même temps, ce jour exceptionnel est aussi un jour éternel, parce qu'il appartient à
l'éternité, qu'il est indissociable de notre monde lui-même, qu'il en est le pivot.
Chaque jour et l'éternité sont un même jour de fête pour la gloire de Dieu et de son Christ. Il est
bien sûr possible et même significatif d'en mettre à part quelques-uns, mais en gardant à l'esprit ce
que Luther avait noté dans son commentaire aux Galates : "nous fêtons ces jours avant tout afin que
la Parole de Dieu soit répandue" .

Je vous remercie.

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