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Français Discussion
Français Discussion
L’exercice
- Il s’agit de résumer en 220 mots (+/- 10%) un texte d’une longueur de 1500
mots environ, puis de discuter une citation extraite du texte ou de répondre à une
question prenant appui sur une idée directrice du texte.
- Les textes proposés portent sur des grandes questions de société. Ce sont des
extraits d’essais de sociologues, philosophes, psychiatres, historiens… Ou des articles
de journaux tirés du journal Le Monde, de revues comme Sciences humaines,
Télérama, Courrier International …
- Être un bon lecteur, capable de comprendre l’idée directrice d’un texte abstrait, de
voir le cheminement d’une pensée en mouvement et d’en percevoir les implicites.
- Savoir déployer une argumentation autour d’un sujet abstrait, illustrer ses
arguments d’exemples, ordonner et hiérarchiser ses arguments, de manière à
convaincre son lecteur.
- Être rapide, car il faut mener à bien les 2 exercices en 4 heures le jour de
l’examen.
On évalue :
• La capacité à raisonner
• La capacité à écrire dans une langue correcte et précise, en évitant donc les
imprécisions et le manque de clarté.
Que cache la réforme de l'orthographe ?
INTERVIEW - L'orthographe est en proie à de grands changements : disparition partielle de
l'accent circonflexe, simplification graphique de 2400 mots... Pourquoi de telles modifications ? A-
t-on raison de parler de nivellement par le bas ? L'écrivain et professeur de lettres classiques Julien
Soulié répond au Figaro.
La réforme de l'orthographe prendra effet dans quelques jours. Le 1er septembre exactement. Tous
les manuels scolaires sont concernés. Y compris leurs «apprenants».
Comme des milliers d'étudiants qui s'apprêtent à faire leur rentrée des classes, des millions de
francophones vont voir leur quotidien changer avec l'apparition de 2400 nouveaux mots. Du moins
2400 simplifications. Parmi les principaux points, la réforme ne rendra plus obligatoire l'accent
circonflexe sur le «u» et le «i», elle excusera le «f» de «nénufar» et permettra la suppression du trait
d'union. Adieu donc les «extra-terrestres», les «porte-clés» et les «pique-niques».
Jugée irrecevable pour les puristes et les amoureux de la langue française, la nouvelle réforme de
l'orthographe n'en reste pas moins adoptée. Que faut-il penser de cette simplification? Que cache-t-
elle vraiment? A-t-on raison de s'en inquiéter? Julien Soulié, professeur de lettres classiques et
auteur de La nouvelle orthographe, Les 2400 mots qui changent , analyse ce bouleversement
linguistique.
Julien Soulié - En réalité, cette réforme n'est pas nouvelle. Elle date d'il y a 25 ans. On l'a
simplement ressortie des cartons. Alors pourquoi maintenant? On se demande bien pourquoi.
D'autant plus qu'il y a des mots dont on propose la modification, qui ont déjà vu leur orthographe
changer par l'usage, ou qui sont totalement obsolètes. Le mot «tagliatelle» par exemple s'écrit
depuis des années avec un «g» et les réformateurs proposent de lui en enlever un...
En fait, je pense que cette réforme coïncide avec celle du collège, introduite par la ministre de
l'éducation Mme. Vallaud-Belkacem. C'est une concomitance qui me paraît quelque peu
hasardeuse... Je me demande si celle-ci n'aurait pas été pilotée par le ministère de l'éducation
nationale. Est-ce qu'elle ne servirait pas à faire diversion, pour ne avoir à parler d'autre chose?
Sous couvert de simplifier la langue, les réformateurs l'ont rendu encore plus compliquée
Vous savez, on les ennuie tellement avec l'orthographe que lorsqu'ils l'ont acquise et qu'on leur dit
finalement «non, il va falloir en changer», c'est un peu rayer d'un trait de plume tout ce pourquoi ils
ont sué et fait des efforts. Vous annihilez des années de travail... Mais je suis réaliste, je pense que
cette réforme cache aussi la déshérence de l'orthographe et de la grammaire chez les jeunes. En
effet, j'ai lu dans une étude que les élèves de cinquième avaient aujourd'hui, en 2016, le même
niveau scolaire que des élèves de CM2 dans les années 1980.
Plutôt que d'essayer de faire progresser les élèves en orthographe, on change l'orthographe. On a
effacé le problème au lieu de le prendre à bras-le-corps. C'est comme si pour l'histoire de France, on
disait: «Comme il est trop difficile de retenir des dates, on va les supprimer». Ça n'a pas de sens.
En fait si l'on est contre la réforme, on considère que ce changement c'est déjà trop de changement.
On a changé des mots qui n'avaient pas forcément besoin de l'être. En revanche, si l'on est pour la
réforme on peut considérer que les réformateurs n'en ont pas fait assez. Ils ont modifié a minima, en
introduisant parfois des anomalies. Par exemple, «porteclés», «portemonnaie» seront soudés, mais
d'autres composants avec le mot «porte» resteront avec leur trait d'union. Sous couvert de simplifier,
les réformateurs rendent en réalité l'orthographe encore plus compliquée. On en arrive à des
constructions absurdes...
N'aurait-on pas finalement voulu adapter notre orthographe à toutes celles et ceux qui ne la
maîtrisent pas?
Cette simplification pourrait en effet aider les francophones ou du moins les étrangers à apprendre
le français. Mais il ne faut pas être dupe, toute langue a ses difficultés. L'anglais a une prononciation
extrêmement difficile par exemple. Il y a plusieurs graphies pour un seul son et plusieurs sons pour
une seule graphie. Mais les anglais n'ont pas réformé leur langue pour nous. Ni même les
allemands. Ils n'ont pas supprimé leurs déclinaisons sous prétexte que c'était difficile à apprendre
pour les étrangers.
On est dans une société qui cherche ses repères et la langue française est une valeur refuge
Je ne pense pas que le changement puisse se faire en légiférant et que le pouvoir politique doive
d'ailleurs avoir une influence sur la langue. La modification de la langue se fait naturellement, dans
l'usage de tous les jours, dans la communication, par les écrivains, l'Académie... Lorsque l'usage a
entériné une certaine forme, il est difficile de revenir en arrière.
La langue est notre plus grand dénominateur commun. C'est important de se retrouver là-dessus.
C'est une valeur refuge. On est dans une société qui est un peu perdue, qui cherche ses repères et la
langue française fait partie de notre identité. L'orthographe est aussi un code social. Bien écrire à
quelqu'un, c'est le respecter et faire acte de bonne manière. En fait, l'orthographe dit beaucoup de
choses de notre société, de notre culture...
Est-ce une façon de préparer les Français à de plus amples modifications à l'avenir?
Il y a un petit côté «cheval de Troie» avec cette réforme. C'est la partie émergée de l'iceberg. Je sais
qu'il y aura à l'avenir des changements au niveau de la grammaire et plus particulièrement du
participe passé. La règle du participe passé avec le COD placé devant, est une règle qui dans
environ cinquante ans aura disparu. Et je suis optimiste! Mais ce qui peut-être intéressant dans ce
débat, c'est de se demander: «Est-ce que l'on doit complètement laisser faire l'usage ou est-ce que
l'on doit résister?» C'est là, toute la question.