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12 THÉORIE COMPTABLE

système capitaliste, les comptabilités allemande et américaine, en 1990, étaient


très différentes. On verra également que les comptabilités capitalistes évoluent
constamment en fonction de la montée en puissance de certains acteurs sociaux :
l’apparition de la comptabilité en juste valeur fournit un bon exemple.
Dès lors, une question fondamentale se pose : quel est l’élément, le critère fonda-
mental, qui permet d’affirmer que tel ou tel pays a (ou a eu) un système comptable
capitaliste. Le critère à retenir, à notre avis, est celui du concept de résultat 1 appa-
raissant au compte de résultat 2 : l’hypothèse est que l’agent économique qui a le
pouvoir (qui domine) dans un système économique donné, façonne le système
comptable (et donc le compte de résultat) de façon à faire apparaître en priorité
« son » résultat, calculé selon sa propre vision de la réalité économique.
Si cette hypothèse est valable, le concept de résultat devrait varier selon les systè-
mes économiques de la façon suivante :
– dans les systèmes capitalistes, où le pouvoir dominant dans l’entreprise appartient,
en règle générale, aux propriétaires privés apporteurs de capitaux propres 3 (et non
aux prêteurs ou au personnel) le résultat comptable devrait mesurer le résultat de
ces propriétaires privés ;
– dans les systèmes de type soviétique où le pouvoir appartient, en général, à une
bureaucratie d’État, le résultat comptable devrait représenter la ponction de
valeur que cette bureaucratie prélève sur les entreprises ;
– dans les systèmes autogestionnaires où le pouvoir appartient, en principe, au
personnel, le résultat comptable devrait mesurer l’ensemble des rémunérations qui
reviennent au personnel de l’entreprise.
Cette hypothèse est validée par l’observation des comptes de résultat 4 américain,
soviétique et yougoslave tels qu’ils se présentaient vers 1980 5.
Pour déterminer le résultat d’une entreprise au cours d’une période donnée, il
faut prendre les produits (en pratique les ventes) et en déduire les charges, c’est-à-
dire les consommations de matières, de services, etc.) qui ont permis d’obtenir ce
résultat.
Le problème est que, selon la philosophie qui anime les différents systèmes écono-
miques, le concept de charges est différent.

1. Par concept de résultat, on entend ici les éléments qui le composent et non leur évaluation (voir infra
pour plus de précision).
2. Comme son nom l’indique le compte de résultat est un document qui indique le résultat d’une entreprise.
3. Les capitaux propres comprennent le capital, au sens comptable du terme, et les réserves (voir le
chapitre 42).
4. Ces comptes sont présentés de façon particulière pour les rendre comparables et lisibles par un
lecteur débutant : ils ne correspondent pas strictement à leur apparence réelle (par exemple, les char-
ges aux USA et en URSS sont classées par fonction et non par nature, mais ils respectent, du point
de vue du contenu, l’essentiel.
5. Cette comparaison est basée sur les travaux de J. Richard (1980 et 1983).

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