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Design d’attention :

Comment nos applications


nous exploitent
quotidiennement ?
Tous les jours, chacun d’entre nous utilise son
smartphone pour aller sur les réseaux sociaux,
jouer à ses jeux ou aller sur d’autres applications
en tout genre. Tellement, que ceci est devenu un
réel besoin dont on ne parvient pas à se détacher.
Mais alors, comment et surtout pourquoi cette
utilisation souvent excessive s’est mise en place ?

« Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit ».


Une idée développée par Richard Serra en 1973
dans Television Delivers People ; on connaît tous ce
slogan mais pourtant il n’est pas si simple à cerner.

Nous sommes manipulés au quotidien par une


« nouvelle forme de pollution des cerveaux par
l’excès d’informations », affirme Joel De Rosnay,
scientifique français. Pourtant, vous nous diriez
Extrait de Television Delivers People, photomontage par Julien
que vous êtes l’unique acteur de votre smartphone
RIEDEL
ou ordinateur et que vous seul, êtes maître de
votre consommation ; en réalité, pas tellement. Les GAFA (Google, Amazon, Facebook
etc.) deviennent des quasi géants, assis,
attendant patiemment qu’on viennent les
nourrir d’informations grâce à notre temps
d’utilisation sur leurs produits/applications.
En effet, Tristan Harris, ancien « philosophe produit »
chez Google, était justement chargé de travailler sur
des solutions de persuasion qui permettent aux applis
de monopoliser notre attention et donc notre temps.
Certes, la plupart des applications sont gratuites,
mais dans les faits on finit par payer sans même
s’en rendre compte. Plus précisément, payer par
notre temps et ce, via des publicités ou récolte
d’informations personnelles. Ce n’est pas pour
rien que des équipes entières travaillent à nous
Illustration par Miguel Porlan
« emprisonner » sur certaines appli. Cette technique
de capture de notre attention se déroule en un cycle
de 4 étapes selon Nir Eyal « déclencheur ; action ;
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récompense ; investissement » ; dans son ouvrage
Hooked, Eyal théorise par rapport aux techniques
Hooked
d’hameçonnage qu’utilisent les entreprises pour nous
captiver. En effet, selon lui, leur but serait de créer
un produit ou un service qui ancre des habitudes.
Habitudes qui nous contraignent à revenir, encore
et encore sur l’application, monétisant ainsi nos
utilisations quotidiennes. Cette captivité de notre
attention, pose problème, notamment sur la santé
de chacun. En effet, aujourd’hui en France, on estime
à 4 % le nombre d’adultes atteints de trouble de
l’attention, causé majoritairement par la surcharge
d’informations qui émergent sur nos écrans.

Si toutefois le design d’attention semble bel


et bien instauré dans notre société et qu’il est
Traduit par : «Hameçonné : Comment créer des produits qui
difficile de percevoir comment sortir de ce cercle génèrent une habitude»
vicieux, il existe certaines alternatives que les
designers peuvent adopter pour lutter face à cela. Avant de passer aux changements que le designer
doit apporter sur son propre travail pour rendre
son produit « moins addictif », il est également
important de rappeler que chacun à son rôle
à jouer dans cette lutte contre la dépendance
de notre attention sur ces applications. En
effet, nous autres, utilisateurs, devriont adopter
une utilisation plus raisonnée de ces applis,
notamment en évitant le clic émotionnel,
émotionnel compulsif.
Cependant, il est certain que nous ne sommes pas
les seuls acteurs de ce combat et les designers,
servant des clients (entreprises et autres) sont
directement à l’origine de cette problématique.
Ainsi, il va de soit que chaque designer devrait
davantage se concentrer à développer des produits
plus utiles, avec un réel côté pratique et surtout ;
moins addictifs. En effet, on doit permettre à
l’utilisateur de rationaliser ses envies. Ne pas
nécessairement lui fournir tout, tout de suite, comme
il le veut. Au delà de ça les designers devraient
s’engager à prendre conscience du réel besoin
de l’utilisateur plutôt que d’exploiter son désir.
Certaines solutions s’offrent alors aux designers,
comme notamment le Goodvertising
Goodvertising. Lancé
par Thomas Kolster, ce mouvement expose les
Photographie par Greta Hoffman possibilités de “bonne communication” qui se
proposent aux designers. En effet, la communication
Sources : n’a pas seulement pour but de « voler l’attention »,
mais avant tout devéhiculer des valeurs. Le
Europresse - Stratégies : Nous sommes constamment
goodvertising montre ainsi le rôle d’apaisement
sollicités par le capitalisme
que joue la communication dans notre société.
La Croix : Comment les écrans captent notre
attention
En somme, l’usage excessif des smartphones,
Spotify - Podcast Cognitif : Pourquoi suis-je de moins en
moins capable de me concentrer ?
résultat de stratégies captatrices des GAFA, pose
Podcast Design Masterclass : #10
des défis pour la santé mentale. La responsabilité de
Autres - L’OBS : Article sur Tristan Harris
cette dépendance repose autant sur les utilisateurs,
Lebondigital : Design d’attention, quand le
appelés à une utilisation plus réfléchie, que sur les
design influence nos comportements
designers, invités à créer des produits moins addictifs,
soulignant ainsi la nécessité d’une approche éthique
et consciente dans le développement technologique.
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