Relier pour relire

La reliure artisanale un savoir-faire qui demande

patience et précision.
Alors qu’il y a quelques années, certains avaient prédit la
disparition des livres, au profit des tablettes numériques,
on n’a jamais acheté autant de livres qu’aujourd’hui. Le
plaisir de tourner les pages et d’admirer de belles couver-
tures et une mise en page originale nous rappellent qu’un
livre n’est pas qu’un texte, c’est aussi un objet. Du livre
de poche que l’on emporte facilement au livre de collec-
tion, cet objet est bien sûr très différent dans sa facture
et ne nécessite pas le même travail de fabrication, voire
de restauration pour les livres anciens. Imprimeurs, typo-
graphes, relieurs, enlumineurs, calligraphes, ces métiers
du livre convoquent des savoir-faire exceptionnels et des
traditions qui remontent au Moyen Âge. Partons à la dé-
couverte de la reliure d’art et ses nombreuses étapes de ré-
alisation. Si la reliure peut être simplement fonctionnelle,
la reliure d’art ajoute solidité, longévité et esthétique. La
reliure artisanale a aussi pour fonction de valoriser, de
conserver et de transmettre.

Qu’est-ce que la reliure ?

La reliure (issue du latin
religare) est l’opération
de production du livre qui
intervient juste après le
travail d’impression. Elle
englobe toutes les étapes
de l’assemblage des pages
ou des cahiers du livre
jusqu’à la pose du maté-
riau de couvrure (ou réa-
lisation de la couverture).
La reliure peut être indus-
trielle et mécanisée ou ar-
tisanale : on parle alors de
reliure d’art.
La reliure artisanale s’op-
pose au « brochage » (tech-
nique moderne, couverture
en papier épais collée au
dos du livre). Les livres
brochés sont mal protégés
des manipulations, pous-
sières et lumières car ils
n’ont pas de couverture
cartonnée. Souvent, les
pages des livres édités ré-
cemment sont simplement
collées au dos du livre et
se détachent rapidement
après quelques ouvertures.

Le métier de relieur d’art

Le travail du relieur
consiste à solidariser
contenu et contenant en
utilisant des techniques
adaptées à chaque cas.
Louise Bescond est re-
lieuse d’art. Diplômée
de l’École Estienne et de
l’École de La Cambre, elle
s’est également formée
auprès du Maître d’art
Renaud Vernier. Elle est
l’une des seules en Eu-
rope à maîtriser la qua-
si-totalité des 70 étapes de
fabrication d’une reliure
d’exception. Son atelier de
Bruxelles voit passer les
plus beaux manuscrits et
les éditions originales les
plus rares.
Son rôle consiste à pro-
téger le livre, l’embellir,
augmenter sa durée de
vie et faciliter sa consul-
tation. Les collection-
neurs la connaissent et
lui confient leurs trésors.
Contrairement à la reliure
industrielle et mécanisée,
ici, c’est le geste du relieur
qui prime, son savoir-faire
et son « tour de main ».
Dans certain cas, le relieur
d’art peut être aussi ame- Les formations à ce métier se raréfient, alors Louise
né à restaurer d’anciens Bescond porte l’héritage et la responsabilité d’un mé-
ouvrages et manuscrits. tier d’art qui disparaît. Même si la reliure remonte aux
La restauration de reliure traditions du Moyen-Âge, c’est une technique qui reste
demande des compétences actuelle. Les reliures de Louise Bescond font régulière-
de réalisation et de respect ment l’objet d’expositions comme en décembre 2021, à
de l’ouvrage encore plus la Librairie Métamorphoses où elle présenta 39 de ses
fines. reliures les plus récentes.
La reliure étape par étape
Il n’est pas évident de se rendre compte du travail qui se cache derrière la réalisation d’une reliure, car en effet la reliure
artisanale passe par une série d’étapes bien précises.

1. La plaçure 4. De l’apprêture à
Le débrochage : couper la couvrure
et retirer les fils de cou- Poser des tranchefiles
ture qui retiennent les et un signet, combler le
pages d’un livre broché dos, fixer des ficelles ou
Le nettoyage des fonds rubans et poser la carte
de cahier : retirer les à nerfs pour fixer des
restes de colle de l’an- reliefs de différentes
cien brochage. tailles.
Collationner, faire des Tailler la toile ou le cuir,
réparations, préparer parer les coins, encoller
des gardes unies ou le matériau taillé, cou-
marbrées, massicoter et vrir l’ouvrage et à faire
mettre en presse. sécher sous presse.

2. La couture 5. La finissure
Le Grecquage : entailler Égaliser les remplis,
le dos du volume à l’aide combler les contre plats,
d’une scie à main et pré- poser les gardes et mettre
parer les trous pour passer en presse.
le fil de reliure Réaliser une coiffe en
La couture : coudre les ca- tête et en queue du livre.
hiers sur du fil de chamvre
ou sur ruban à l’aide d’un
cousoir

3. Le travail du 6. La dorure
corps d’ouvrage Confectionner
Encoller le dos de l’ou- des pièces de titre,
vrage, tailler les plats
cartonnés, et poser une Orner des plats et le
mousseline dos du livre à l’aide de
fleurons, palettes, filets,
L’arrondissure : arrondir roulettes sur la couver-
le dos du livre ture.
L’endossure : aménager
une gorge pour le carton
de couverture
La passure : passer des
ficelles dans le plat car-
tonné.

Sources :
Site : Connaissance des Arts : émission «The Craft Project», épisode « Louise Bescond, relieuse d’art »
Site de Louise Bescond : http://www.louisebescond.eu
The center for book arts, « La reliure : art et techniques »
« 100 modèles de reliure créative », Alisa Golden
Atelier De Reliure D’Art Keinañ : http://www.reliure.infini.fr
Le livre dans la peau : https://reliure.fr