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INTÉRIEUR DE BERGERIE, tableau de Charles Jacque (Musée du Louvre).

abeurre . Liquide blanchâtre, appelé encore un seul versant généralement, est constituée par des châssis vitrés mobiles.
lait de beurre, qui reste dans la baratte après le ba- Les dispositions adoptées varient beaucoup suivant les cultures envisagées.
rattage de la crème du lait pour en séparer le Deux modèles surtout sont répandus :
beurre. (V. BARATTAGE.) Sa composition moyenne, Bâches fixes. — Elles sont construites le plus souvent en briques (fig. 433) ;
pour 100, est la suivante : les murs n'ont guère que 11 centimètres d'épaisseur ; le plus élevé a
Eau ................... 91,3...... Sucre ...... 4
Matières grasses. 0,5 Sels. 0,7
Caséine ..... 3,5
Il contient de 4 à 5 grammes dé moins de sucre
et de caséine que le lait écrémé, mais renferme
par contre 3 à 4 gratnmes de matière grasse de plus
par litre. Il est assez acide. On emploie quelque-
fois ce produit comme boisson rafraïchissante ; certains le transforment
en fromage ; le plus souvent on le réserve pour l'alimentation des porcs.
Ba b i 11 a rd e. —Nom vulgaire de quelques espèces de fauvettes. V. ce mot.
Babotte . — Nom vulgaire de divers insectes nuisibles, notamment la
chenille de la pyrale de la vigne, le négril et le phytonome de la luzerne.
( V. pl. en couleurs LUZERNE [Ennemis et maladies].)
Bâche. — Petite construction que l'on peut considérer comme étant une
serre de dimensions très réduites ( fig. 432). Les parois, dont l'ensemble
forme le coffre, n'ont qu'une faible saillie en dehors du sol ; la toiture, à

FIG. 433. — Bâche fixe en maçonnerie.

FIG. 434. — Bâche mobile ou volante en bois.


BACHOLLE — BACTÉRIE 132
,
1 mètre de hauteur, dont Om,50 hors de terre ; l'autre a 0. ,85 , soit 0m,35 de une cuvette plus ou moins profonde, laquelle est remplie de sable, de
saillie ; l'écartement des murs est de 1m,20 ou 1m,30, longueur d'un châssis ; tannée, de sciure de bols ou de poussier de charbon. V. SERRE.
la longueur totale dépend du nombre des châssis. Des arrêts scellés sur le
mur inférieur empêchent le glissement des panneaux vitrés ; des traverses à Bacholle. — Grand seau de bois tronconique ( fig. 436) servant au
rainure les soutiennent latéralement et obturent le vide laissé entre eux. transport des raisins, en temps de vendange, dans le centre de la France.
Bâches volantes. — Le coffre est en bois ( fig. 434), quelquefois en tôle ; Bacille. — Nom don-
il n'a que 0'n,45 de hauteur d'un côté et Om,35 de l'autre. Ce coffre est né aux bactéries ayant
la forme de petits bâton-
nets filiformes, mobiles
ou immobiles (fig. 437).
Les bacilles peuvent être
très courts, tels les bac-
teriumsou coccoba-
ci lles, ou bien allongés
en filaments. Des ba-
cilles accolés bout à bout
forment des chainettes
de streptobacilles. Les
bacilles sont toujours
droits, mais non forcé-
ment cylindriques ; ils
peuvent être renflés en
leur milieu, ou bien à
l'une de leurs extrémi-
tés et prennent alors l'as-
pect de baguettes de
tambour, de clous ou
d'épingles. Le mouve-
ment plus ou moins vif
des bacilles mobiles est
dû aux cils vibratiles
dont ils sont munis.
Quand un bacille mo- FIG 436. — Bacholle.
bile s'incurve, il prend
le nom de vibrion; si la courbure est légère, le vibrion est dit en virgule
(vibrion du choléra) ; si la courbe forme plusieurs spires, le microbe est
FIG. 435. — Culture des ananas sur bâche. un spirille.
( La bâche, en ciment, est située dans une serre.)
Bactérie. — Organisme très petit que l'on ne voit qu'au microscope et
que l'on appelle souvent microbe. Les bactéries, organismes végétaux dé-
établi sur quatre pieds et porte deux traverses ; il peut recevoir trois châssis pourvus de chlorophylle, sont composées d'une seule cellule et présentent
de lm,35 sur 1m,10. Ces bâches sont facilement transportables ; on peut même des formes très diverses (fig. 437).
les faire complètement démontables. Formes. — Les formes de bactéries se rattachent à trois types princi-
Les bâches sont surtout utilisées pour les cultures de primeurs et en flori- paux : la sphère, le bâtonnet droit et le bâtonnet plus ou moins incurvé ;
culture ; on les chauffe, soit par un thermosiphon dont les tuyaux passent entre ces trois types se trouvent toutes les formes de passage possibles : les
le long du mur le moins éleve ou encore au-dessous d'un plancher en tuiles bactéries sphériques (ou microcoques) sont isolées les unes des autres, ou
établi sur des fers à T, soit (notamment pour les bâches volantes) au moyen réunies dans les staphylocoques en grappes comme des grappes de raisin ;
de couches et de réchauds. V. COUCHE. elles sont groupées deux par deux dans les diplocoques, en longs chapelets
Sous le nom de bâches, on désigne encore les sortes de tables (fig. 435) dans les streptocoques, quatre par quatre dans les merista, en plus grand
sur lesquelles sont placées les plantes dans les serres ; elles sont cons- nombre dans les sarcines.
tituées par un plancher en tuiles plates posées à sec sur des fers à T ; ce Les bactéries en forme de bâtonnets sont plus longues que larges ; lorsque
plancher, sous lequel passent les tuyaux de chauffage, est établi sur des le bâtonnet est droit, il prend le nom de bacille; lorsqu'il est mobile et
supports en fer ou sur deux petits murs ; il est muni de rebords formant incurvé, il prend le nom de vibrion. Une même espèce de bactérie ne con-

FIG. 437. — Formes diverses des bacilles et des bactéries. — Multiplication des bactéries
133 BACTÉRIOCÉCIDIE — BAIL A FERME

serve pas toujours la même forme : elle peut présenter celle d'un micro- Bagadals . — Variété de pigeon, caractérisé par un ruban charnu autour
coque, d'un bacille, d'un vibrion ou même d'un spirille, suivant les condi- de l'oeil et des morilles sur le bec. C'est une variété de luxe.
tions de vie qui lui sont faites. Bague. Spirales de celluloïd, diversement colorées, que l'on fixe aux
Multiplication. — Les bactéries ont une longueur variant d'un à quelques

pattes des volailles pour marquer leur âge.


millièmes de millimétre (il en est dont la taille est inférieure à 1/10000 de
millimètre) ; elles se multiplient en se divisant en deux parties ( fig. 437, 14) : Baguenaudier. —Genre d'arbrisseaux ornementaux de la famille des
on voit tout d'abord apparaitre au milieu de la cellule une cloison déter- légumineuses ( fi. 439). Le baguenaudier commun (colutea arborescens )
minant comme un étranglement, puis les deux moitiés de cellule se séparent présente les caracteres suivants : hauteur, 2 à 4 mètres ; fleurs jaunes réunies en
pour donner ainsi naissance à deux bactéries nouvelles. grappes pédonculées que l'on remarque en juin-août ; fruits représentés par des
Elles peuvent se multiplier encore d'une autre façon : quand le milieu gousses vésiculeuses gon-
dans lequel elles vivent est pauvre, il se forme dans le corps même des flées d'air ; feuilles com-
bactéries de petits corps ou grains appelés spores, sortes de cellules beau- posées de trois à six fo-
coup plus résistantes que les bactéries, et qui germent comme des graines lioles. '
en donnant naissance à une nouvelle génération de bactéries. La multipli- On le multiplie : 1° par
• cation des bactéries est-extrêmement rapide : une bactérie dans des condi- semis (les graines, strati-
tions favorables peut donner naissance jusqu'à 4 millions de bactéries en fiées à l'automne, sont se-
vingt-quatre heures. mées au rintemps en
Vie. — Pour un grand nombre de bactéries, l'oxygène est indispensable : pleine terre; 2° par divi-
elles vivent au contact de l'air, elles sont aérobies ; d'autres ne vivent qu'en sion des touffes au prin-
l'absence d'oxygène, à l'abri de l'air : elles sont anaérobies. La chaleur, sur- temps ou à l'automne ; 3° par
tout la chaleur humide, lés tue plus ou moins rapidement : vers 110 degrés, bouturage des rameaux li-
au bout d'un quart d'heure aucune bactérie ne résiste. Le froid ne les tue gneux au printemps ; 4° par
pas, mais arrête leur action. greffage en écusson vers
Action. — La plupart des bactéries, en se développant dans les tissus ou août.
dans le sang, sont la cause de maladies, qu'elles transmettent en passant Le baguenaudier se dé-
d'un individu sur un autre (bactéries ou microbes pathogènes) : tubercu- veloppe dans tous les ter-
lose, fièvre typhoïde, charbon des moutons, etc. Ainsi s'explique la conta- rains.
gion de beaucoup de maladies. Cette contagion est d'autant plus facile que Usages. — Il est em-
les bactéries peuvent se répandre dans l'air que nous respirons, dans l'eau ployé pour composer des
que nous buvons et dans les aliments que nous mangeons. Toutes les bacté- massifs d'arbrisseaux dans
ries ne sont cependant pas nuisibles, quelques-unes sont même utiles, telles les terrains calcaires secs.
les bactéries qui engendrent les fermentations (bactéries ou microbes zymo- Sa facilité de repousser de
gènes ou encore ferments) qui transforment les matières organiques ; de souche et de produire des
même les bactéries contenues dans les nodosités des légumineuses, et qui touffes épaisses, bien enra-
fixent l'azote de l'air (azotobacter). cinées, le fait rechercher
Bactériocécidie . — V. CÉCIDIE. pour le reboisement. Il
donne un bois jaunâtre à
Bactériologie. — Science qui traite des bactéries et étudie leurs rap- faible accroissement, flexi-
ports avec la santé de l'homme, des animaux et des plantes, ou leurs effets ble, ce qui permet d'en
dans les transformations organiques. confectionner des manches
t La bactériologie, comme la microbiologie tout entière, date de la décou- d'outils ou de fouets.
verte faite, en 1680, par le naturaliste hollandais Loevenhoek, à l'aide d'une
simple loupe, des êtres très petits, quelquefois mobiles, seulement soupçon- Baguette. Long bois

nés avant lui; il en signala la présence non seulement dans' les eaux natu- dans la taille de la vigne,
relles, les infusions, mais aussi dans l'intestin de plusieurs animaux et de en Bourgogne. FIG. 439. — Baguenaudier avec fruits.
l'homme. Otto Frédérick Müller (1774), naturaliste danois, puis Ehrenberg
(1833), à l'aide d'instruments plus perfectionnés, observèrent les phénomènes Bai. — Se dit d'un che-
de plus près, découvrirent un grand nombre d'espèces nouvelles, tentèrent val à robe rouge avec les extrémités des membres et crins noirs. V. ROBE.
des essais de classification • monades et vibrions de Müller, bactéries, Baie. —Fruit charnu, indéhiscent, sans noyau, dont les graines nagent
vibrions et spirochètes d'Ehrenberg. La découverte de la bactérie char- au milieu de la chair ou pulpe du fruit (V. fig. 440 et tableau FRUITS).
bonneuse par Davaine et Royer en 1850, élucidée par les travaux de Pasteur,
marque l'origine de la bactériologie pathologique qui s'est rapidement déve-
loppee avec Pasteur, Koch, Roux, Cornil, Lceffler, Eberth, etc., cependant que la
morphologie et la physiologie ont continué à progresser lentement, grâce aux
travaux de Nægeli, Cohn, Duclaux, Balbiani, Winogradski, Metchnikof, etc.
L'instrument fondamental de la bactériologie est le microscope, auquel
on adapte avec avantage, pour fixer les résultats de l'observation, un appa-
reil photographique.
L'atténuation du virus et la vaccination, la sérothérapie, la nitrification
artificielle sont les branches principales de la bactériologie appliquée.
L'agriculture a largement profité des découvertes de la bactériologie.
Badiane. — Arbrisseau de la famille des magnoliacées ( fig. 438), à
feuilles composées et à fruits formés de dix à douze capsules. Les fruits FIG. 440. — Variétés de baies.
d'une espèce ( illicium anise- A Groseille A maquereau; B. Orange (coupe transversale); C. Fruit de l'asperge;
D. Fruit de la belladone.
tum) sont utilisés sous le nom
d'anis étoilé pour la prépara-
tion de certaines liqueurs, à Ex.: groseilles, raisins, orange, fruits de l'asperge, de la belladone, de la
cause de leur saveur sucrée pomme de terre.
et aromatique, et en médecine, Baignade. — V. BAIN.
à cause de leurs propriétés
stimulantes et stomachiques. Bail à ferme. — Le fermage est un des modes d'exploitation dans
Sous le climat de Paris on le lequel le propriétaire loue sa terre au fermier, qui lui paye en échange un
cultive en orangerie et on le loyer dont le prix a été débattu entre eux. Le bail à ferme comprend deux
multiplie de semis ou de bou- modes principaux : 1° le bail à ferme ordinaire, dont le prix, payable en
ture. V. pl. en couleurs I É- argent ou en nature, est toujours d'une somme ou d'une quantite fixe ; 2° le
DICINALES (Plantes). bail à colonat partiaire ou colonage partiaire, dans lequel le premier cul-
tive le fonds affermé sous la condition d'en partager les fruits avec le
Badigeon. — Lait de chaux bailleur. Si le partage a lieu par moitié, le colon partiaire devient métayer,
obtenu en éteignant de la et le colonat est dit métayage (V. ce mot). Lorsque l'accord est établi entre
chaux grasse et en diluant cette les deux parties sur la durée, le prix et les conditions de la location, cha-
chaux dans une certaine quan- cun des contractants devient alors indépendant de l'autre. La propriété est
tité d'eau. On peut préparer distincte de la culture. Le propriétaire débarrassé des soucis de la mise en
un badigeon de la façon sui- oeuvre de son capital foncier peut se livrer selon se s goûts aux travaux
vante : chaux fraîchement qui répondent le mieux à ses aptitudes. Il lui suffit de veiller à ce que sa
éteinte, 2 kilogrammes • eau propriété soit conservée, sans detérioration, et à ce que. sa valeur soit, au-
• froide, 5 litres ; on agite vi- tant que possible , accrue par des améliorations bien entendues. Affranchi de
goureusement, puis on laisse la surveillance du propriétaire en dehors des conditions imposées par le
reposer pendant une demi- bail, le fermier a une liberté complète d'allures qui lui permet de mieux
heure, de manière à éliminer diriger son exploitation. Il est dans la situation d'un industriel auquel on
les impuretés qui tombent au aurait prêté l'usine qu'il exploite. Le fermage correspond donc à une opé-
fond du récipient. On décante, ration de crédit d'une nature spéciale qui permet au cultivateur, à l'exploi-
et, afin de donner plus d'adhé- tant, de bénéficier des économies réalisées des capitaux accumulés par les
rence au badigeon, on incor- propriétaires, souvent dans d'autres branches de l'activité humaine. C'est
pore à ce lait de chaux une colle préparée au moyen de 250 à 300 grammes d'ailleurs ce qui explique les garanties spéciales données au bailleur d'un
de gélatine dans 20 litres d'eau. fonds rural par l'article 2102 du Code civil et la loi du 19 février 1889.
Le badigeon (que l'on peut colorer avec de l'ocre, du noir de fumée, etc.) Importance du fermage en France. Le fermage est un mode

est employé pour recouvrir les murs des locaux occupés par des animaux d'exploitation des pays riches.
(écuries, etables, poulaillers). Il a pour résultat non seulement de nettoyer Pour que l'exploitation dirigée par un fermier donne d'utiles résultats, il
les murs, mais encore de les débarrasser de la vermine qui se réfugie dans faut que celui-ci ait non seulement les aptitudes et les connaissances néces-
leurs interstices. saires, mais encore qu'il possède un capital d'exploitation suffisant. C'est
On l'applique à l'aide de gros pinceaux, voire de balais, ou bien on le pro- pour cela que le fermage convient surtout aux pays riches, aux pays de
jette au moyen de pulvérisateurs. Le prix de revient d'un badigeonnage étant grande culture, qu'il répond plus spécialement aux besoins des sociétés
minime, c'est une opération que l'on peut répéter régulièrement (deux fois avancées et qu'il progresse surtout dans les régions les plus prospères.
par an), mais qui s'impose en tout cas à la suite d'une maladie contagieuse. Nécessité d'un contrat régulier pour les baux à terme. — Il peut
BAIL A FERME 134
arriver quelquefois que les intérêts respectifs du propriétaire du domaine acte authentique. En ce cas, elle pourrait être évidemment supportée par
et ceux du fermier soient quelque peu opposés. C'est pour cela qu'il est moitié par les parties, ainsi que cela se fait dans certaines régions de la France.
nécessaire de bien préciser par un contrat régulier les droits et les devoirs Obligations du preneur.— Les clauses des baux, en ce qui concerne les obli-
de chacune des parties. C'est le bail ä ferme. gations du preneur, sont beaucoup plus nombreuses. Il faut spécifier le
Forme du contrat. — Ce bail pourrait être sans doute purement verbal, mode de paiement, le prix, les diverses redevances, leur époque ; l'obligation
mais cela ne saurait suffire pour des locations sérieuses. Il importe que les de cultiver selon un certain système de culture, prévoir certaines clauses
dauses du bail soient bien précisées par écrit. C'est du reste ce qui se fait culturales avec des dispositions spéciales pour les plantations, les animaux
ordinairement. Le ,bail écrit peut être fait par acte authentique, c'est-à-dire ä entretenir, l'utilisation des pailles et fourrages, les rapports du fermier
par acte notarié, ou par simple acte sous seing privé. L'intervention d'un entrant et du fermier sortant ; et enfin la question des indemnités ä payer
notaire est une garantie. Elle donne d'ailleurs plus de poids au bail en four- pour moins-value ou ä recevoir pour améliorations effectuées.
nissant le moyen d'acquérir une hypothèque sur les biens du preneur et en Prix et paiement des fermages. — Le prix du fermage est fixé en argent,
en constituant immédiatement un titre exécutoire en cas de non-paiement soit par une estimation globale, soit en tenant compte de la surface et en
des fermages. Mais, à part l'avantage de l'authenticité et ceux indiqués plus fixant le prix de l'unité. Le paiement en est toujours effectué en deux termes :
haut, pour quelqu'un qui est bien au courant des clauses ä insérer dans les habituellement ä Pâques ou ä la Saint-Michel, ä la Saint-Jean (24 juin), à la
baux et de la forme à leur donner, les baux notariés n'ont pas d'autre Noël suivant les différentes régions. Ces paiements ont lieu après les termes
supériorité sur les baux sous seing privé. échus, sauf pour la dernière année, dont le loyer est exigible par anticipa-
Formalités remplir. — Dans les deux cas, du reste, le bail fait par acte tion ; ordinairement ä la Saint-Jean précédant la sortie du fermier.
notarié ou par acte sous seing privé doit être enregistré en vertu de l'article 1 Le fermier, en outre, est presque toujours tenu ä certaines redevances en
de la loi du 23 août 1871. Cette formalité donne date certaine ä l'acte, mais nature : fourniture de volailles (poulets, chapons ou dindons), vin, cidre,
elle a aussi pour but évident le paiement d'un droit de 0 fr. 25 pour 100, calculé beurre, bois, foin et paille, charrois ä effectuer. Ces faisances et redevances
sur le total du prix des fermages payable en une fois. Toutefois, si le bail sont évidemment le souvenir d'anciermes traditions qui peuvent s'expliquer
a plus de trois ans et que les parties le requièrent, le montant du droit peut encore par le désir que peut avoir le propriétaire de consommer cert»ins
ètre fractionné en autant de paiements égaux qu'il y a de périodes triennales produits provenant de son domaine ou par l'habitude que l'on a encore
dans la durée du bail : les paiements devant être faits au début de chaque quelquefois d'offrir un repas aux fermiers venant vous payer leurs fermages.
période, sous peine &amende. Certains fermiers protestent contre ces usages de l'ancien régime ; et ces fai-
Ces frais, qui s'ajoutent aux honoraires du notaire (1 pour 100), s'il y a sances et redevances tendent ä disparaitre peu à peu, et disparaitront sans
-lieu, constituent une charge relativement assez importante qui est ordinai- doute bientôt complètement des baux, sans qu'il soit besoin de hâter leur
rement supportée par le fermier. disparition.
En outre, les baux d'une durée supérieure ä dix-huit années doivent être Impôts et assurances. — Les impôts, de quelque nature qu'ils soient, les
transcrits au bureau des hypothèques de la situation des domaines d'après prestations 'comme l'impôt foncier, sont parfois ä la charge du fermier, qui
les articles 2 et 3 de la loi du 23 mars 1855. doit justifier de leur paiement. En outre la plupart des baux stipulent aussi
Règles ordinaires des baux ferme. — Il faut tout d'abord bien préciser dans quelques départements la même Aligation pour tous les impôts qui
dans le bail les diverses conditions prévues par le contrat. viendraient ä être créés, remplaçant les impôts actuels. Les fermiers pro-
Un bail à ferme stipule ordinairement en premier lieu, dans un préam- testent généralement contre cette clause. Dans un grand nombre de com-
bule, la nature de l'acte, public ou sous seing privé, les noms des parties munes, l'impôt de prestation a été remplacé maintenant par les centimes
eontractantes, leur domicile, leur consentement et l'état social qui leur additiormels ä l'impôt foncier, qui, dans la pensée du législateur, devraient
donne le droit de s'obliger. être ä la charge du propriétaire et qui se trouvent ainsi a celle des fermiers.
La première partie, la plus importante, contient ensuite les conventions Cette dernière clause constitue ainsi une augmentation, en fait, du prix de
spéciales aux parties ; obligations du propriétaire ou bailleur et obligations fermage.
du fermier ou preneur. Il est certain qu'il y a lä une grande imprécision. Bien que le désir des
La deuxième partie vise seulement les exceptions qui peuvent être faites propriétaires d'avoir un revenu fixe de leurs terres soit légitime, il serait
aux différentes dispositions du Code civil relatives aux baux ä ferme bien préférable de modifier la clause mettant ä la charge du fermier les
(livre III titre vin, section in) et auxquelles on peut déroger par des conven- impôts créés ou ä créer. La jurisprudence récente de la Cour de cassation
tions speciales. est d'ailleurs plutôt favorable ä cette revendication des preneurs.
Les conclusions visent enfin les sûretés données par les parties : hypo- Le fermier doit aussi payer l'assurance-incendie des bâtiments ; il doit
thèques, cautions et noms des témoins, nombre des parties et des copies, assurer, en outre, son mobilier, son matériel, ses animaux et justifier de cette
s'il s'agit d'actes sous seing privé, date, approbation et signatures. assurance par la production de quittances. Cette clause est utile dans l'in-
Obligations du bailleur. — Le bailleur s'engage ä livrer et donner en jouis- térêt commun des deux parties.
sance au preneur un domaine désigné dans le préambule dont on précise Dans certaines régions, l'assurance des bâtiments est à la charge du pro-
alors la nature, c'est-à-dire la situation, l'étendue, les diverses parties. La priétaire ; dans d'autres, c'est le fermier qui doit payer l'assurance des bâti-
jouissance doit en commencer ä une époque déterminée et finir ä une autre ments, le preneur ayant toujours l'obligation de conserver et de rendre la
époque également précisée, sauf prorogation par tacite reconduction si l'une chose louée en parfait état. La somme dont il s'agit est relativement peu
des parties n'a pas manifesté dans un certain délai le désir de faire cesser importante et les assurances mutuelles agricoles contre l'incendie offrent
le contrat. Le bailleur peut s'engager ä faire effectuer certains travaux et, maintenant aux agriculteurs les moyens de s'assurer plus économiquement
dans certaines régions, ä laisser au fermier un cheptel plus ou moins important. que par le passé.
Durée des baux. — La durée des baux varie. Elle est toujours un multiple Résidence, nantissement et sous-location. — Le fermier est tenu ordinai-
de l'assolement triennal : 3, 6 ou 9 ans, mais le plus souvent est de 9 ou rement de résider avec sa famille sur la ferme qu'il a louée, sans pouvoir
parfois 12 ans, exceptionnellement 18 ans ; avec entrée a la Saint-Michel entreprendre d'autres exploitations. Il doit la nantir de meubles, de bestiaux.
(29 septembre) pour les terres labourables et les bâtiments ou au 15 mars d'instruments en nombre suffisant pour la bien cultiver et répondre du prix
pour les herbages. et des charges du bail. Ces clauses sont prudentes et ont pour but d'assu-
Désignation et description des lieux loués. — La description des lieux rer un bon entretien de l'exploitation.
loués est le plus souvent très sommaire ; quelquefois même elle n'existe pas, Quelques fermiers peuvent désirer cependant être autorisés ä cultiver
le bail stipulant que le preneur déclare bien connaître la ferme et, par cela des biens propres ou ä diriger d'autres domaines en même temps que ceux
mémé, renonce au bénéfice de l'article 1619 du Code civil (diminution du qu'ils afferment. Cette danse est parfois sollicitée par certains fermiers
prix si la surface réelle diffère de celle exprimée au contrat d'un vingtième éclairés disposant de capitaux d'exploitation importants, et il peut se
en moins). Mais il est bien préférable d'avoir un état de lieux détaillé fait faire, dans ce cas, que les propriétaires acceptent facilement des déroga-
au besoin par un spécialiste, par un expert. Cela pourrait être utile notam- tions aux clauses ordinaires en usage. Il est presque toujours interdit de
ment pour fixer les relations entre fermier entrant et fermier sortant. Les sous-louer sans l'autorisation expresse et écrite du propriétaire et de per-
frais peuvent être supportés per moitié par chacune des parties, chacune mettre ä des tiers d'exploiter une partie de la ferme.
d'elles pouvant en bénéficier. Le fermier doit aussi garantir les possession et droits du bailleur et
Réserve de l'exercice de tous actes de pitopriété. — Le propriétaire l'avertir sans retard des atteintes portees ä ces droits et possession sous
stipule ordinairement dans les baux qu'il se réserve expressément l'exercice peine d'en être responsable, en confirmation des articles 614, 1149, 1724, 1727
de tous les actes de propriété sur sa ferme et, entre autres, « celui de bâtir, du Code civil.
débâtir, planter, déplanter, vendre et faire exploiter les bois sans que le Clauses d'entretien des bâtiments et clötures, chemins, etc. — Le fermier
preneur puisse prétendre a aucune indemnité ». Quelques baux precasent est tenu d'user de la chose louée en bon père de famille. Il doit entretenir
même encore que le bailleur pourra échanger des pièces de terre, à condi- en bon état de réparations locatives la maison et les bätiments, assurer la
tion qu'il n'y ait pas de différence sensible dans la valeur respective des réfection des couvertures, l'entretien des tuyaux de descente des eaux,
terres échangées • qu'il pourra déplacer ou modifier les pâtiments, élargir et chéneaux, etc. Il doit même parfois fournir les matériaux nécessaires et
déplacer tous chemins d'explditation, faire tous terrassements, extraction faire les charrois utiles.
de l'argile, du sable, de l'eau de la propriété sans que le fermier puisse Parfois les preneurs sont obligés aussi de prendre ä leur charge un cer-
prétendre ä une indemnité. tain nombre de journées de travaux de terrassement, de maçonnerie, et de
Indépendamment du droit de chasse qu'ils se réservent toujours, les pro- les justifier par la production de mémoires, d'entretenir les murs jusqu'à
priétaires se réservent aussi parfois pour eux, leur famille et leur préposée, la hauteur de 1 mètre environ, de refaire les peintures, de maintenir en bon
la faculté d'aller et venir sur la propriété, ä pied, ä cheval et en voiture, les état les cloisons, plâtrages, de faire réparer a leurs frais les vitrages, les
preneurs devant en outre se charger de dételer atteler, panser, nourrir le fermetures des portes des granges, verrous, serrures, pavage des fours, et
cheval à l'écurie et de remiser la voiture. Quelquefois même le bailleur en général toutes les réparations reconnues urgentes.
exige qu'une chambre lui soit réservée pour-pouvoir y coucher et qu'on lui Ils doivent entretenir en bon état de clôture les haies et les élaguer,
fasse la préparation des repas. parfois deux fois par an ; ils sont tenus de remplacer les pieux et fils de
Il y a parfois peut-être quelques abus dans les restrictions ainsi appor- fer, de veiller ä l'entretien des échelles et barrières, etc.
tées ä la jouissance complète de l'exploitation ; ils sont cependant assez rares. Ils doivent également nettoyer les fossés, les mares, et conserver les
Droit de chasse. — Dans certaines régions, cette restriction est quelque- chemins d'exploitation en bon état.
fois un peu exagérée. Il serait peut-etre plus équitable de laisser le droit de Dans les pays de vignobles et de pommes ä cidre, ils sont tenus aussi de
chasse au preneur qui nourrit le gibier et qui pourrait le louer à son tour nettoyer le pressoir et les cuves, de démonter tous les ans le pressoir de
aux propriétaires, le preneur considérant comme une gêne le droit de visite renverser les cuves nettoyées, de remplacer les cercles de fer ou de Châ-
du bailleur et de ses amis. Cependant, il faut laisser aux propriétaires cer- taignier, ainsi que les pièces usées de ce matériel, etc.
tains avantages, si l'on ne veut pas trop éloigner les capitaux de la terre, ces Arbres fruitiers. — Lorsqu'il y a des arbres fruitiers, le fermier est ordi-
capitaux etant moins rémunéres que les capitaux industriels. On pourrait, nairement chargé de les entretenir et parfois de les remplacer.
dans certains cas, autoriser aussi le fermier ä chasser, mais cela est délicat. Dans les régions où il y a des pommiers, des règles très précises sont
On peut prévoir, par contre, que le baillent sera tenu ä indemnité s'il abîme établies dans le bail pour l'entretien de ces arbres ä fruits.
la récolte en chassant • ce fait se produit d'ailleurs rarement. Bois et taillis. Arbres de haute tige. — Pour les bois, les règles sont va-
Frais d'établissemen't du bail. — Les frais d'établissement du bail sont riables selon les régions, mais les preneurs sont prestiue toujours chargés
ordinairement ä la charge du preneur, certains fermiers ne voulant pas d'ébrancher les arbres de haute tige. Le plus souvent, les bois doivent être
supporter cette charge, qui est peu élevée lorsqu'il s'agit seulement d'actes taillés en neuf ou douze coupes égales, en laissant chaque année un nombre
sous seing privé, mais qui devient assez onéreuse quand le bail est fait par déterminé de baliveaux par hectare de hêtre, chêne, orme, frêne, selon la
, .
135 BAILLEMENT BAIN

nature du bois, choisis parfois par le bailleur. Le preneur est tenu d'ébran- sera délivrée ä l'entrant le jour de la Saint-Michel par ledit fermier sor-
cher chaque année les arbres du bois désignés par le bailleur, ainsi que les tant, sans, en aucun cas, exiger l'intervention du bailleur.
arbres de haute tige isolés ou formant clôture. Il est aussi prévu dans les On précise aussi que le fermier sortant doit autoriser le fermier entrant
baux de certaines régions que le fermier devra laisser aux arbres ébranchés à faire les ensemencements et les cultures nécessaires.
des cimes assez belles ; il est même précisé quelquefois que l'on ne devra M. Convert conseille, comme la meilleure méthode ä employer pour
pas ébrancher à plus de 5 mètres. éviter les froissements entre fermier entrant et fermier sortant, d'obliger le
Les travaux d'émondage sont ä la charge du preneur, mais ils doivent fermier sortant à céder ses récoltes sur pied à son successeur ä un prix
être effectués quelquefois par des ouvriers désignés par le bailleur ; les fixé par les experts el ä imposer leur acquisition par ce dernier. Cette
bois d'émondage sont laisses aux fermiers. clause avait été adoptée de concert entre M. Berthier et Mathieu de Dom.
Assolement. Clauses culturales. Entretien des terres. — Il faut bien pré- baste, le célèbre agronome, pour le bail de sa ferme de Roville en 1843 et
ciser dans un contrat de fermage les conditions de la culture, et il est neces- qui résultait surtout de rarticle 43 de ce 'contrat, ainsi conçu « A l'expi-
saire de prendre des mesures sauvegardant ä la fois les intérêts du proprié- ration du bail, le preneur sera obligé de céder au bailleur, qui, ä son tour,
taire et ceux du fermier. sera tenu d'accepter, toutes les récoltes sur pied, en céréales et autres den.
D'après les articles 1728 et 1766 du Code civil, le preneur doit, en prin- rées d'hiver, ä récolter en 1843 et ce au prix de l'estimation qui en sera faite
cipe, cultiver « en bon père de famille ». Les règles posées par la loi sont par experts amiablement choisis, ou nommés par qui de droit, lesquels ex-
assez formelles. Toutefois, la plupart des baux précisent bien cette clause, perts feront leur évaluation en argent en leur âme et conscience, sans égard
afin d'éviter, par la suite, des difficultés. ä la valeur de la paille, que les parties reconnaissent appartenir au fonds de
Le mode de culture est dans une étroite relation avec l'assolement la terre, et, pour cette estimation, ils auront aussi égard aux frais de récolte...»
adopté. Mais, par mesure de précaution, de crainte d'abus, on défend aux Ce moyen est ingénieux ; il offre l'avantage au fermier entrant d'être
fermiers de modifier la proportion des plantes cultivées et l'ordre dans lequel maitre chez lui et de lui éviter comme au fermier sortant d'avoir ä s'oc-
' elles se succèdent. On assure ainsi la conservation de la propriété dans sa cuper pendant quelques mois de deux exploitations. Toutefois, cette con-
situation actuelle, mais on empêche aussi l'amélioration de la propriété. vention est enc,ore peu répandue.
Cette disposition est inadmissible pour les agriculteurs qui ont un certain Indemnités en fin de bail. — Lorsqu'un fermier laisse la ferme en mauvais
revenu et qui veulent être maitres de leur culture, et celui qui voudra faire état, le droit commun permet au propriétaire de réclamer ä ce dernier des
une culture intensive ne pourra se plier ä des clauses semblables. Du reste, dommages et intérêts. Les fermiers font remarquer par contre qu'il serait
les protestations contre ces clauses sont presque unanimes. équitable de leur donner ä leur sortie une indemnité pour plus-value ou
Tous les contrats prévoient l'obligation pour les preneurs d'entretenir améliorations apportées ä la ferme. Cette question de l'indemnité au fermier
les terres en bon état de culture et de détruire les mauvaises herbes. On sortant est une des plus difficiles ä résoudre équitablement.
stipule même ordinairement que les fermiers doivent échardonner, arracher Types spéciaux de baux proposés en cas d'amélioration par le
les épines, les ronces, les orties, le chiendent et toutes autres mauvaises fermier. — En France, on a adopte a plusieurs reprises dans les baux des
herbes abondantes dans la région. clauses spéciales pour régler les améliorations pouvant être faites par les
Parfois même on prescrit certaines mesures hygiéniques. Quelques baux fermiers. De Gasparin avait déjà proposé un type de bail avec apprécia-
prévoient d'isoler tous les fumiers ä 4 mètres des bâtiments devant les- tion de la fertilité acquise dans lequel l'augmentation de fertilité du sol,
quels ils se trouvent, en les entourant d'un talus qui empêche l'eau d'y mesurée par la progression au rendement du blé donnait droit ä une
pénétrer, et de maintenir le terrain en contre-bas du niveau des bâtiments indemnité au fermier. C'est insuffisant, les améliorâtions ne se traduisant
et en pente pour écarter l'eau du pied des murailles. pas exclusivement par une augmentation de rendement des céréales.
Dans les pays d'herbage, on impose aux preneurs de faire parquer chaque Lord Kames, agriculteur anglais, a recommandé ce que l'on appelait le bail
année et continuellement, du 15 mai au 15 novembre, les herbages de la avec enchère et surenchère, que Mathieu de Dombasle a appliqué aussi dans
ferme par les vaches, d'éparpiller les bouses de vache, les fourmilières et sa ferme de Roville.
les taupinières. La durée d'un bail, de vingt ans, est prorogée avec une augmentation de
Marnage. — Quelques baux prévoient l'exécution du marnage par les prix de 1 000 francs par exemple. Le bailleur est tenu de l'accepter ou de
fermiers ; dans ce cas le fermier doit marner chaque hiver une certaine payer une indemnité de 10 000 francs au preneur. Le preneur peut ä son
quantité de terre. Par exemple, en Seine-Inférieure, il doit marner chaque tour faire une nouvelle offre d'augmentation de fermage que le bailleur sera
année 1/27 du domaine avec une dose de 90 mètres cubes ä l'hectare. tenu d'accepter ou, sinon, devra donner une indemnite égale a dix fois
Pailles et fourrages. — Tous les baux indiquent que les preneurs seront l'augmentation proposée par le fermier. Ces enchère et surenchère se ter-
expressément tenus d'engranger dans les bâtiments de la ferme les pailles minent lorsque l'entente est complete entre les deux parties.
et fourrages récoltés sur le domaine et de les conv.ertir en fumier et engrais, Coke d'Holkam, lord de Leicester, agronome célèbre, a proposé et appliqué
pour fumer également les terres, chacune ä leur tour, sans avoir le droit le bail avec rachat des années de jouissance, que Mathieu de Dombasle a
de vendre ou de brûler ce fumier. On peut, sans inconvénient, autoriser le aussi recommandé. Il consiste ä insérer dans le bail une clause en vertu de
fermier sortant ä emporter les pailles et fourrages nécessaires ä l'alimen- laquelle un fermier, jouissant d'un domaine depuis quelques années, peut
tation des animaux. proposer de payer une indemnité ä titre de pot-de-vin pour racheter les
Certains baux exigent que lefermier sortant laisse en partant une certaine années écoulées. Si le propriétaire accepte cette proposition, la durée du
quantité de paille et fourrages rangés convenablement dans les granges. bail est prorogée du nombre des années rachetées. Cela revient en somme
On pourrait fort bien aussi autoriser les fermiers exploitant un domaine ä un prolongement de la durée du bail. C'est un système très recommandable.
dans le voisinage des grandes villes ä vendre des pailles et fourrages si, On peut encore citer le type de bail rente progressive, dans lequel le
sous forme d'aliments concentrés et d'engrais, ils introduisent dans la pro- propriétaire consent, les premières années, une réduction du prix du fermage
priété des quantités au moins équivalentes d'éléments fertilisants. qui s'élève ainsi au fur et a mesure que les améliorations sont apportées par
Clauses diverses. — En application des articles 1772 et 1773 du Code civil, le fermier. Dans les environs de Paris, l'usage est que le fermier entrant est
la plupart des baux laissent ä la charge du preneur les pertes résultant de proposé par le fermier sortant, qui cède en quelque sorte son droit au bail,
la grêle, de la foudre, de la gelée, des inondations et de la guerre. moyennant indemnité.
On prévoit assez rarement des dommages et intérêts et la résiliation du Etant donné d'ailleurs la complexité du problème, il est probable que
bail en cas d'inexécution des charges des conditions du contrat, mais c'est cette question de l'indemnité au fermier sortant restera encore longtemps
une des clauses qu'il est bon de prévoir, fixant même par exemple une sans -être résolue par le législateur et ne. sera encore fixée pendant long-
indemnité exigible dans le cas d'acte sous seing privé par la seule existence temps que par les conventions passées entre les deux parties.
du fait sans formalité, ni mise en demeure spéciale. Bâillement (méd. vit.). — Nom donné ä une maladie contagieuse des
Rapports du fermier entrant et du fermier sortant. — Les rapports entre gallinacés (poules, dindons, faisans), occasionnée par la présence d'un ver
le fermier entrant et le fermier sortant ne sont pas toujours indiqués dans nématode, le syngame trachéal (syngamus trachealis), dans la trachée et les
les baux- d'une façon très précise. Ils sont surtout réglés par les usages bronches de ces oiseaux. V. SYNGAME.
locaux ; cependant quelques contrats exigent que le preneur s'entende avec
le fermier qui lui succédera pour les logements qui lui seront dus selon Bâillon. — Tampon qu'on met dans la bouche d'un animal pour lui faire
l'usage, tant pour: lui que pour ses chevaux, ä partir du jour de la Saint-Jean- prendre un médicament, ou appareil destiné ä l'empêcher de mordre (ou de
Baptiste (24 Juin) de la dernière année, comme celui-ci sera tenu de souf- téter s'il s'agit d'un veau).
frir que le fermier sortant reprenne les mêmes logements depuis la Saint- Bain. — Immersion plus ou moins complète du corps dans l'eau froide
Michel jusqu'au jour de Noël suivant, excepté la maison d'habitation, qui ( fig. 441) ou chaude. Les bains froids sont ceux dont la température est

FIG. 441. — Baignade des chevaux. FIG. 442. — Bain ou pédiluve des animaux leur arrivée au concours agricole.
BALA.I — BALIVEAU 136
comprise entre 8 et 20 degrés ; les bains tièdes, ceux dont la température varie La femelle perce le fruit avec son rostre et y dépose un ceuf, d'où sort
de 2U ä 35 degrés ; les bains chauds ont une température variant entre 35 et une larve qui ronge rainande. Le fruit ne tarde pas ä tomber ä terre ; la
50 degrés. larve (petit ver ä tete noire) le quitte alors pour s'enfoncer dans le sol et y
1321ns locaux. — Les bains locaux sont ceux où l'immersion est limitée continuer ses métamorphoses. Au printemps suivant reparaît l'insecte par-
aux membres. fait. V. CHARANÇON, et tableaux INSECTES NUISIBLES.
Ils conviennent aux chevaux fatigués. La température de l'eau ne sera pas Balanite (bot.). — Genre de plantes de la famille des rutacées ( fig. 445)
inférieure ä 8 degrés ; la durée sera comprise entre 15 et 30 minutes et d'autant formé par des arbustes ä rameaux épineux, ä feuilles alternes et ä fleurs dis-
plus courte que l'eau sera plus froide. Un massage des membres est indiqué posées en cymes axillaires, ä fruits analogues aux olives avec noyau renfer-
au sortir du bain. Un bain local peut être donné ä un cheval boiteux, soit mant une graine ä embryon charnu et sans albumen.
dan% une « botte », soit dan% un seau (en bois ou en toile). Le balanite d'Egypte porte des fruits sucrés que l'on mange en. ce pays,
En général on impose (ä l'entrée) aux animaux que doit réunir un concours lorsqu'ils sont mûrs, sous le nom de « dattes du désert », et qui, avant la
agricole le passage dans un pédiluve hygiénique désinfectant (fig. 442), afin maturité, sont amers, âcres et purgatifs. L'em-
d'éviter la contagion de certaines maladies, notamment de la fièvre aphteuse. bryon fournit de l'huile, et l'on fait avec sa pulpe
Bains généraux. — Ils consistent en une immersion presque complète une boisson fermentée.
du corps et nécessitent par conséquent quelques précautions spéciales : le — (méd. vétér.). — Inflammation de la mem-
moment favorable est le matin ou le soir, deux heures après le repas. La brane muqueuse qui revét le gland et la face
température Ia. plus convenable de l'eau est 15 degrés, et la durée de 6 ä interne du fourreau. Elle s'observe surtout chez
10 minutes. Si la température de l'eau atteint 20-25 degrés, la durée pourra le chien, moins souvent chez le cheval, le bceuf et
être portée ä 15 minutes, ce qui est toutefois un maximum. L'animal ne sera le mouton, rarement chez le porc.
pas laissé immobile pendant le bain ; il sera ensuite séché, couvert et pro- Traitement. — Eloigner les femelles dont la
mené. On ne devra jamais baigner un cheval en transpiration. présence pourrait surexciter les mâles et aggra-
Des bains généraux sont utilisés ä titre thérapeutique chez le mouton ver la maladie. Lotions antiseptiques et astrin-
(contre la gale), le chien et le porc. Les bains alcalins et les bains sulfureux gentes.
sont des bains médicaux recommandés contre les maladies de peau.
Indication des bains. — Chez les chevaux, les bains sont un des moyens Balata. — Grand arbre des forêts de la
de coinbattre la fatigue ; ils réveillent l'appétit et exercent une action favo- Guyane et du Venezuela appartenant ä la famille
rable sur le système nerveux. • des sapotacées. Le .balata (mimusops balata) at-
On les applique rarement aux bétes bovines • chez les moutons, ils sont teint 20 ä 25 mètres de hauteur avec une circon-
limités au lavage de la toison avant la tonte. Le porc ä l'engrais exige un férence de 2m,50 ä 3 mètres.
bassin plein d'eau, où il se baigne volontiers. Un usage fréquent des bains Son bois est recherché pour l'ébénisterie, mais
est recommandé pour les chiens ä long poils. le végétal est surtout exploité pour sa gomme,
Contre-indications. — Il faut éviter de donner des bains aux femelles qui ressemble ä la gutta-percha, et que l'on ob-
en gestation et ä celles qui allaitent, ainsi qu'aux animaux atteints d'affec- tient par la coagulation du latex, recueilli dan,s
tions chroniques des voies respiratoires. des godets, en pratiquant des incisions sur le
Balai. -- Faisceau de menus brins ou brindilles de bouleau, de genêt, de tronc de rarbre.
houx, de jonc, etc., ou brosse de crin, que l'on adapte ä un manche et dont on se Ce latex est épais et comestible ; dans le pays
il est apprécié par les indigènes, qui le mélangent
sert pourpousser dehors la avec du café ou du thé, ä la place du lait de vache. FIG. 445. -- Balanite.
poussière et les ordures. a. Fleur; b. Fruat.
Pour nettoyer les éta- La préparation «le la balata ou gomme de ba-
lata consiste laisser le latex se dessécher au soleil,
bles, les écuries, les cours, ou bien ä le faire chauffer dans une marmite. Dans le premier cas on obtient
les basses-cours, on se sert
généralement de balais de une mince pellicule qui, après dessiccation, est roulée et exportée sous cette
bouleau. Ceux de houx forme. Dans le second cas on obtient des blocs d'environ 12 kilogrammes,
sontplus convenables pour par moulage de la pâte, dans une caisse en bois. On peut évaluer le rende-
enlever des prairies, au ment d'un balata ä 5 litres de latex, fournissant 1 kilogramme de gomme
commencement du prin- par an.
C'est en 1860 que la balata fut envoyée pour la première fois en An-
temps, les feuilles, les gleterre. Cette gomme est de couleur rougeâtre ou grisâtre, ayant assez
pailles, le fumier non con-
sommé et le menu bois l'aspect du cuir. La balata se laisse couper comme la gutta-percha ; elle est
peu élastique et supporte un effort de traction considérable. Par ses pro-
provenant de la tonte des priétés physiques et chimiques, elle peut remplacer la gutta-percha pour
haies.
Les brindilles de bou- un certain nombre d'usages.
leau de bruyère, de ge- • Dans le commerce, la balata en feuilles est plus estimée que la balata en
bloc. La balata trouve un gros débouché dans la fabrication des isolants
nêt, ele houx, sont les ma- électriques. Elle est également utilisée pour les courroies de transmission,
tières les plus souvent
employées ä la confec- la confection de tissus imperméabilisés, la fabrication d'instruments de
tion des balais de ferme chirurgie, d'objets scientifiques, décoratifs, etc.
( fig. 443). Pour faire un Balbuzard. — Nom vulgaire des faucons du genre pandion ( fig. 446).
bon balai, il est impor- Ce sont des rapaces diurnes ä bec court et crochu, ä plumage brun cendré
tant de n'employer ces sur les parties supérieures, blanc. sur les parties inférieures ; une tache
matériaux qu'a moitié des- brune marque les côtés du corps, depuis la tête ; les plumes caudales sont
séchés : le bois est ainsi rayées de bandes transversales foncées. Ces rapaces détruisent nombre de
plus résistant, ne fait pas petits animaux. Le balbuzard fluviatile, appelé encore aigle pécheur ou
de retrait et les liens ne aigle plongeur, se nourrit presque
se. détachent pas. exclusivement de poissons. Il plane
très haut dans l'espace, et pique ä
Balai de sorcière. —
une vitesse vertigineuse sur la proie
Nom donne ä des ramifi- qu'il a aperçue, plongeant même har-
cations courtes, serrées et diment ä sa poursuite. Il est rare
enchevêtrées ( fig. 444), qu'il ne ramène pas sa victime dans
qui se développent plus FIG. 443. — Paysan fabriquant un balai de bouleau.
ses serres.
particulièrement sur les • Sur les pièces d'eau où il exerce ses
branches des pruniers, cerisiers, pins, sapins, épicéas. Leur formation est ravages, on diSpose, ä l'extrémité d'un
due ä des champignons parasites microscopiques (urédinées, exoascées). pieu enfoncé dans la vase, une petite
Balance. — La balance plinchette de bois supportant un piège
est un instrument qui sert ä ressort (à environ 1 mètre de la sur-
ä mesurer le poids des corps. face de l'eau). Apercevant cette ta-
Elle se compose essentielle- blette, le rapace vient s'y poser pour
ment d'une barre métallique dévorer sa capture, et déclanche le
appelée fléau, traversée per- ressort du piège.
pendiculairement ä sa lon- Baie. — V. BALLE.
gueur par trois prismes
d'acier appelés couteaux; Balisier. — V. CANNA.
l'un des prismes, placé au Balivage. — Opération qui con-
milieu du fléau, repose par siste ä choisir pour les réserves, avant
une de ses arêtes sur deux de procéder ä la coupe d'un taillis, des
petits plans d'acier ou d'a- arbres de l'âge du taillis (baliveaux).
gate fixés ä l'extrémité d'une Les arbres choisis sont marqués d'une
colonne qui, par suite, sou- empreinte qui les désigne ä l'atten-
tient le fléau. Les deux tion des bûcherons. Pour les brins de
autres couteaux sont fixés FIG. 444. — Balai de sorcière. l'âge de la coupe, la marque est sou-
aux extrémités du fléau et, FIG. 446. — Balbuzard.
A. Rameau normal d'epicea; B. Ramification dite vent un simple griffage ; pour les mo-
disposés en sens inverse du balai de sorcière. dernes, la marque est un blanchis
premier, servent ä suppor- martelé. La marque se fait au pied de l'arbre et aussi bas que possible sur
ter, l'un le corps ä peser, l'autre les poids destinés ä faire équilibre ä ce l'empattement, sur les premieres racines même, de manière ä ne pas
corps. Il existe diverses sortes de balances dont la constritction varie avec endommager le baliveau.
les matières ä peser. Les plus usitées en agriculture sont la balance ro-
maine et surtout la bascule. V. BASCULE. Baliveau. — Arbre réservé, lors de l'exploitation des bois taillis, pour
le laisser croître en futaie. V. TAILLIS et FUTAIE.
— (pêche). — Petit filet servant pêcher l'écrevisse et dont la forme, Suivant que ces réserves sont maintenues sur pied durant une ou plusieurs
lorsqu il est replié, rappelle un plateau de balance. V. ÉCREVISSE. révolutions du taillis (V. AMÉNAGEMENT), on leur donne plus spécialement
Balanln. — Genre d'insectes coléoptères, de la famille des curculionidés, les noms de ; baliveau (arbre âgé d'une révolution du taillis), moderne
renfermant des charançons qui s'attaquent aux glands, aux noisettes, aux (2 révolutions), ancien de 2e et de lrœ classe (3 et 4 révolutions), vieille
châtaignes, etc. écorce (5 révolutions et au-dessus).
137 BALLE — BAMBOU
Les bois traités en taillis sont nécessairement exploités à des âges trop COMPOSITION ALIMENTAIRE DES BALLES EN PRINCIPES DIGESTIBLES
peu avancés pour donner d'autres produits que . de menus bois de chauf-
fage dont la valeur a diminué de plus en plus avec l'extension de l'usage des
MATIÈRES MATIÈRES
combustibles minéraux. L'éducation des réserves dans ces taillis procure DESIGNATION PROTÉINE
grasses
EXTRACTIFS CELLULOSE
VALEUR
séchas digestible. nntritr:ve
des arbres de fort diamètre, dont le bois, pourvu des meilleures qualités de la balle.
totales, digestibles. non azotés. digestible .
utile.
techniques, donne des produits variés, répondant à de nombreux usages
industriels, et capables d'accroître dans une large mesure les revenus des Pour 100. Pour 100. Pour 100. Pour 1r 0. Pour 100. Pour 100.
propriétaires.
Blé .................... 84 • 1,4 0,5 16,7 14 24,3
On réserve parfois, dans les taillis simples, quelques baliveaux qu'on ne Avoine .............. 86,2 1,9 0,8 19,9 13,6 28,6
maintient sur pied que pendant une révolution. La pratique, très répandue Sorgho ............. 94,3 1,5 0,4 33,4 12,9 40,7
actuellement, consistant à élever, sur les taillis en bons sols, des reserves Riz... ............. 90 , 0,4 0,9 11,3 0,4 2,5
nombreuses et d'âges variés, constitue le mode de traitement spécial connu
sous le nom de taillis sous futaie ou de taillis composé. -
L'opération par laquelle on choisit et désigne les arbres à réserver s'ap- 2° Comme litière. — Les balles peuvent servir également de litières :
pelle le balivage. celles de blé et d'avoine ne sont utilisées que lorsqu'il est impossible de les
Les considérations essentielles qui doivent guider les propriétaires de employer dans l'alimentation ; ce sont surtout celles de seigle et d'orge dont
taillis dans le balivage sont les suivantes : on se sert, à cause de leurs barbes qui les rendent beaucoup moins propres
Action du taillis sur la réserve., — Les réserves, se recrutant dans les à l'alimentation.
éléments du taillis, sont formées des mêmes essences, . sauf introduction Ballonnement. Gonflement et tension de l'abdomen, résultant de

artificielle d'espèces nouvelles. Elles étalent leurs cimes en pleine lumière, l'accumulation des gaz dans les intestins ou dans la cavité péritonéale.
au-dessus des taillis qui les environnent et qui provoquent l'élagage spontané V. MÉTÉORISATION.
de leurs fûts; par suite, plus la révolution du taillis sera longue, plus les Balonge .
fûts des réserves seront élevés. Pratiquement, il convient d'adopter des Nom donné en Bourgogne à une petite cuve oblongue dans

révolutions comprises entre 25 et 40 ans. laquelle on transporte la vendange de la vigne à la cuverie.


Action des réserves sur le taillis. — Le taillis, dominé par la futaie, croît Balsamine. Genre de plantes dicotylédones, type de la famille des

d'autant plus clair et moins vigoureux que celle-ci est formée d'arbres plus balsamines ( fig. 448), et appelée aussi impatiente, à cause de l'irritabilité
nombreux, plus gros et à ombrage plus épais. du fruit, qui, à sa maturité, éclate dès qu'on le touche. Ce fruit est une
Essences à réserver. — Essences de lumière surtout, c'est-à-dire celles capsule à cinq valves
qui par tempérament sont le plus aptes à croître à l'état isolé et dont le qui se roulent brusque-
couvert, léger, entrave le moins la pousse des taillis. En premier lieu, on ment en spirale, au mo-
choisira les chênes (rouvre et pédonculé) ; puis les frénes , érables, ormes, ment de la maturité, et
fruitiers, trembles et bouleaux; enfin, à défaut des précédentes essences, lancent au loin les grai-
et en restreignant leur nombre, les hêtres et les charmes. nes • d'où son nom (de
Origine des réserves. — Réserver autant que possible les sujets pro- ballein , lancer, et semen ,
venant de semis naturels, de drageons, de rejets crûs sur de jeunes souches. graine). On multiplie les
Choisir des arbres bien conformés, à tige droite, élancée et fortement balsamines par semis ef-
ramifiée, exempts de tares et vices héréditaires. fectués au printemps.
Nombre des réserves. — Au point de vue cultural, le nombre des arbres Variétés. — Sur une
à réserver à l'hectare doit être limité de façon qu'à aucun moment leur vingtaine d'espèces qui
présence n'entrave la régénération du taillis ; avec des essences de lumière, composent ce genre, on
on,peut admettre qu'il suffit pour cela que les cimes des réserves soient, peut citer la balsamine
immédiatement avant la coupe, largement isolées les unes des autres; des jardins (impatiens
En dessous de cette limite supérieure, la fixation du nombre des réserves balsamina) [ fig. 448],
est surtout une question d'aménagement, relevant de la condition du pro- plante annuelle et l'une
priétaire et du but qu'il poursuit ; plus la réserve est nombreuse et formée des plus belles de nos
d'arbres âgés, plus les revenus annuels sont élevés, mais plus est faible le jardins ; sa tige, haute
taux de placement des capitaux engagés dans l'exploitation. En principe, on de 60 à 80 centimètres,
peut maintenir les réserves sur pied, en supposant que leur bois demeure est très rameuse • ses
sain, jusqu'au moment où la gêne qu'elles causent au taillis ou aux réserves feuilles sont lancéolées,
qui les avoisinent devient plus considérable que l'accroissement de revenu dentées ; ses fleurs sont
qu'elles produisent annuellement à l'époque considérée. réunies en bouquets sur
Répartition des réserves. — Elles doivent être réparties aussi unifor- des pédoncules simples
mément que possible en surface ; pratiquement, cela n'est pas souvent réa- et axillaires ; il y en a
lisable. Les règles de culture suivantes doivent être observées : a) le chêne de nombreuses variétés
étant l'essence la plus précieuse, il faut sacrifer à son bénéfice toute réserve (rouges, roses, violettes,
d'autres essences qui le gène ; b) de deux chênes également vigoureux, panachées, blanches).
mais d'âges différents, qui se gênent, c'est le moins gros qu'il faut supprimer ; L'une des plus belles
c) de deux réserves, également bonnes, d'essences autres que le chêne, qui est la balsamine camé-
se gènent, c'est 1a plus vigoureuse qu'il faut conserver, quelle que soit sa lia. Mentionnons aussi :
grosseur; d) il faut éviter de réserver des baliveaux de l'âge trop rap- la balsamine à 3 cornes,
prochés de réserves préexistantes. dont les fleurs sont jau-
nes et de forme bizarre ;
Balle ou baie. — Glumes et glumelles réunies, qui sont détachées des la balsamine glandu FIG. 448.
-
Balsamine des jardins.
grains des céréales par le battage. On les appelle quelquefois communé-

leuse, à grandes fleurs


ment menues pailles. Les botanistes donnent plus particulièrement le nom d'un violet sombre ; la
de balles aux glumelles. balsamine rampante, qui est une plante de serre chaude et se cultive comme
Emplois : 1° Dans l'alimentation du bétail. — Les balles sont employées les orchidées dans des vases suspendus.
dans l'alimentation du bétail ; elles ont une valeur nutritive que l'on évalue La balsamine des bois (impatiens noli me tangere) est vivace et se trouve
généralement au double de celle des pailles correspondantes. Les balles en France dans les bois ; ses fleurs jaunes font peu d'effet, mais les feuilles,
grandes, ovales, se mangent comme les épinards.
Balzane. Tache de poils blancs (fig. 449) qu'un cheval présente an-

dessus de la couronne ; la balzane peut être plus ou moins développée.V. ROBE.

FIG. 447. Machine à nettoyer les balles.

de blé et d'avoine sont assez appréciées ; les balles de seigle et d'orge ont
des barbes rudes et piquantes qui les font moins apprécier des animaux.
Une fermentation de 48 heures dans un mélange assez aqueux atténue for-
tement l'action des barbes. On les donne au bétail ' en mélange avec des
pulpes, des drêches, des racines hachées (betteraves, carottes, etc.), avec du Phot, Dumont.
son légèrement humecté, etc. Ces mélanges sont préférables à l'emploi des FIG. 449. — Cheval breton portant une balzane postérieure gauche.
balles seules • ils sont mieux acceptés des animaux. Avant de donner les
balles au bétail, il est bon de leur faire subir une sorte de tamisage (criblage Bambou. Graminée vivace de la tribu des bambusées ( fig. 450, 452),

et vannage) pour les débarrasser des pierres et des poussières ( fig. 447) ; arborescente, croissant en touffes serrées et pouvant atteindre 25 mètres
BAN — BANANE 138

de haut et plus. Les bambous donnent des tiges cylindriques creuses, Ban. — A l'origine, si-
ligneuses, ä nceuds annulaires pleins formant cloison transversale. Ils se gnifiait un ordre notifié ou
ramifient et possèdent des feuilles rubannées. Ils forment dans le sol une proclamé publiquement :
grosse souche d'où repartent, tous les ans, de nouvelles tiges ä parois extrê- ban de vendange, bans de
mement dures. L'apparition des fleurs est le signe d'une mort prochaine de fauchaison et de moisson.
la tiee qui a fleuri. Tous les bambous d'une même région, d'une même espèce Le ban de vendange est
ou d'une même origine fructifient et un vieux droit féodal qui,
meurent souvent en même temps. jadis, avait surtout pour
Les graines sont comestibles et ont but de faciliter au seigneur
fréquemment contribué, aux Indes, ä la perception de la dîme
sauver de nombreuses personnes de et de lui permettre, en de-
la famine vançant ses vassaux, de
Les jeunes pousses sont recherchées vendre plus tôt et plus
comme légume, surtout en Chine. cher sa récolte. La loi
Les bambous peuvent être multi- du 28 septembre 1791 abo-
pliés par graines, par boutures et lit ce ban, mais elle dis-
surtout par division des touffes. posa en même temps que,
Espèces. — Ces plantes, originaires dans les communes où cet
d'Asie, d'Amérique et d'Afrique, sont usage existait encore, il se-
répandues dans. toute la zone tropi- rait réglementé par le con-
cale, où elles couvrent parfois, ä elles seil général et seulement
seules, de très grandes étendues de pour les vignes non doses.
terrain. Quelques espèces sont capa- Par la suite, ce sont les mai-
bles de vivre en pleine terre sous nos res qui, comme héritiers des
latitudes. attributions de ces conseils,
Les principaux bambous sont : ont été chargés de prendre
bambou commun (barnbusa arundi- les arrêtés relatifs au ban
nacea [Asie]), bambou feuilles de vendange. La matière
étroites (bambusa angustifolia [Amé- est actuellement régie par
rique du Sud]), bambou épineux la loi du 9 j uillet 1889 (liv. Ier,
(bambusa spinosa), bambou ä larges titres 2 et 3 du Code rural).
feuilles (bambusa latifolia), bambou Aux termes de l'article 13
noir (bambusa aigre [Chine]), bam- de cette loi, le ban de ven-
bou vert glauque (bambusa viridi- no. 450. — Port du bambou. dange ne peut être établi
glaucescens), très rustique (Chine), A. Fpi ; B. Épillet.
ou maintenu que par déli-
bambou doré (bambusa aurea, etc.). bération du conseil muni-
Usages. — Les emplois de cette graminée sont imiombrables. C'est en cipal, approuvé par le con-
Asie et en Malaisie que l'on parait savpir le mieux utiliser ces plantes seil général du départe- FIG. 452. Pieds d'une touffe de bambous

remarquables dont on peut se servir pour faire des charpentes, des ponts et ment. Il est alors régle- en Extrême-Orient.
des machines hydrauliques très solides et d'une grande légereté, des conduites menté, chaque année, par
arrêté du maire. Cet ar-
rêté ne doit pas, toutefois, s'appliquer aux vignobles entoures par une haie
vive ou sèche, mur, palissade, treillage, ayant au moins 1 mètre de haut ; par
des traverses en bois ou des fils
métalliques, distants entre eux de
Om,33 au plus, ou par toute autre
clôture équivalente, faisant obs-
tacle ä l'introduction des ani-
maux.
Banane. — Fruit du bananier.
Les bananes, groupées en ré-
gimes (fig. 453), sont de forme
allongée, légèrement arquée, a
section ä peu près circulaire,
et de taille variable suivant les
espèces (5 ä 30 centimètres)
[fig. 454]. Elles sont recou-
vertes d'une peau ordinairement
jaune et mouchetée de brun ä
maturité,.à. l'intérieur de laquelle
on trouve une rnasse pulpeuse
mais non juteuse, sucrée et sou-
vent très parfumée chez les es-
pèces comestibles. Les graines
sont en général absentes.
Les bananes se consomment,
soit ä l'état frais (on les mange
ordinairement crues, mais on
peut aussi en confedionner des
entremets, les manger grillées au
beurre, etc.), soit sous forme de
farine ; elles constituent toujours
un aliment sain et nourrissant.
Composition de la banane (mu-
sa paradisiaca). — D'après Müntz
et Marcano, la banane renferme :
cosse, 40 pour 100 ; pulpe, 60 pour FIG. 453. — Régime de bananes.
100. La peau renferme 14,7 pour
100 de matière sèche et 1,6 pour 100 de sucre interverti. Voici la compo-
sition centésimale de la pulpe :
Pour if0 Pour MU
Sucre .................................... 8,5 Extractif non azoté, par diffé-
Sucre interverti ...................... 6,4 rence• .....................................
Amidon .................................... 3,3 Cellulose 0,2
Matières grasses ...................... 0,3 Pectine ....................................... 0,6
Eau ......................................... 73,8 Matières azotées .................... 1,6
Acides organiques, tanin, par Matières minérales .................... 1 1
différence .............................. 4,2

FIG. 451. — Une allée de bambous au Japon. Produits industriels. — La banane fournit divers produits de notable
importance, qu'ä l'heure actuelle on obtient au moyen de procédés indus-
I Au pied des arbres, de chaque côte de rallee, les palissades sont faites en bambous.)
triels, dans une grande partie de l'Amérique centrale. Tels sont : la farine
de banane qui, dans ces contrées, a la prédominance sur la farine de blé ;
pour l'eau, des claies, des nattés, de la vannerie d'une extrême finesse, des puis le sucre, l'alcool, le vin, l'eau-de-vie, et enfin le vinaigre. On utilise
boites, des cannes, des cannes ä p 'èche, des clôtures (fig. 451), des pots pour également certaines parties de l'écorce du bananier pour en extraire le
l'élevage en pépinières des plantes délicates, etc. chanvre de Manille.
Les espèces indigènes de bambous réclament un sol profond, s'égout- Pour l'obtention de la farine de banane, on râpe mécaniquement le fruit
tant bien pendant l'hiver, de hautes températures d'avril ä octobre, de l'irri- mûr, puis on broie le résidu au moyen d'une broyeuse faite d'un disque de
gation ou des arrosages copieux pendant cette période. Une espèce, le fonte muni de battoirs proéminents, le tout tournant rapidement dans une
bambou vert glauque, peut peupler les marais de la région méditerra- caisse métallique percée ä sa base d'un orifice garni de deux tamis super-
néenne, ä la condition que l'eau n'y séjourne pas l'hiver. posés. On donne ä ces tamis un brusque mouvement de va-et-vient ä l'aide
Les bambous, avec leurs racines fibreuses et traçantes, fixent admirable- de cames convenablement disposées. C'est par cet orifice et ä travers les
ment les berges des rivières, canaux, ruisseaux et fossés. tamis que passe la farine produite par le broyage du fruit ; on la blute
139 BANANIER -- BAOBAB

ensuite avant de mettre en baril. La couleur de cette farine, très riche en a pris un développement considérable dans l'Amérique centrale, aux An-
matières amylacées, est légèrement grise ; sa saveur est agréable. tilles et aux Canaries, où l'on cultive exclusivement le bananier de Chine.
On fabrique le sucre de banane avec le fruit sec, qui contient près de Banaste. — Corbeille en osier, peu profonde, à angles arrondis, et dont
50 pour 100 de sucre, tandis que le fruit frais n'en donne que 15 à 20 pour 100. la longueur est d'environ deux fois la largeur. On l'emploie pour le trans-
A l'aide de procédés analogues à ceux qui sont usités pour l'extraction du port des fruits et légumes de primeur ; le couvercle est fait soit de liteaux
sucre de canne, on a deux types dif- entre-croisés, soit d'une toile d'emballage. V. tableau EMBALLAGES.
férents de sucre : l'un qui est incris-
tallisable, et dont la proportion va- Banco u I ie r. Genre de plantes de la famille des euphorbiacées dont une

rie de 4 à 9 pour 100 ; le second, espèce, le bancoulier des Moluques (aleuritesMoluccana), produit un fruit
cristallisable, de couleur légèrement appelé bancoul ou noix de bancoul d'où l'on tire une huile à propriétés
brune, et dont la quantité oscille purgatives. Les tourteaux de noix de bancoul sont dangereux pour les bes-
entre 4 et 14 pour 100, suivant la tiaux auxquels on les fait consommer.
qualité et l'état de maturation du $an^ roles . — Fragments de toile, rouges ou blancs, que l'on attache à
FIG. 454. Banane. une corde et qui constituent un épouvantail pour le gibier, soit que la corde
fruit. —

Si, par pression, on extrait le suc ( Un tiers de grandeur naturelle, entoure, pour le fermer, un canton où le gibier est rassemblé, soit que des
de la banane fraîche, on obtient un rabatteurs la promènent en marchant dans le sens des chasseurs.
liquide légèrement coloré et très parfumé ; ce liquide est mis à fermenter Banian. — Espèce de figuier (ficus Indica), de la famille des artocarpées
pendant quelques jours. Il fournit alors ce qu'aux Antilles on nomme le vin (fig. 456), qui croit aux Indes orientales et qu'on appelle aussi arbre des
de banane, particulièrement prisé dans les îles. banians ou figuier des banians. Cet arbre est extrêmement curieux par
En distillant le vin par les procédés industriels ordinaires, on obtient son mode de développement : les branches émettent en effet des racines
une eau-de-vie très agréablement parfumée. On peut également utiliser les adventives qui descendent jusqu'au sol et y pénètrent, donnant au voya-
fruits cueillis un peu avant leur maturité et coupes en tranches minces, que geur l'illusion d'innombrables tiges.
l'on fait fermenter *dans l'eau pure pendant quelques jours. Le produit de
cette fermentation est alors distillé à l'alambic par les méthodes ordinaires.
Enfin, on obtient un excellent vinaigre en faisant fermenter des fruits
dépouillés de leur peau.
Bananier. Grande plante herbacée de la famille des scitaminées,
f
genre musa ( fig. 455). I1 fournit en général un fruit très estimé, d'un usage
ort répandu sous les tropiques et dont l'emploi augmente tous les jours
d'importance en Europe et aux Etats-Unis.
Certaines espèces ne donnent pas de fruits comestibles. Le musa textilis
est dans ce cas, mais fournit une fibre très solide (abaca ou chanvre de
Manille) servant à confection-
ner d'excellents cordages. D'au-
tres, comme le musa ensete,
sont purement décoratifs.
Les bananiers sont vivaces
par leur souche. Ils donnent
naissance à d'énormes bouquets
de feuilles dont les gaines, étroi-
tement serrées les unes contre
les autres, constituent ce que FIG. 457. — Coq et poule Bankiva . FIG. 458. — Bantam argenté.
l'on nomme le tronc ou la tige.
Les feuilles très grandes com- Bankiva (Volaille). — Race de poules (fig. 457) vivant à l'état sauvage
prennent un limbe vert pâle, dans les îles de la Malaisie et l'Hindoustan et que certains auteurs considèrent
pouvant dépasser 2 mètres de comme la souche de nos races
long sur 0m, 60 de large. L'inflo- gallines . C'est une race de pe-
rescence apparaît au sommet tite taille, aux couleurs vives,
de la tige, au milieu du bouquet voisine des combattants an-
formé par les feuilles, et devient glais.
à maturité un régime de ba- Bantam (Poule).— Variété
nanes (fig. 453). de poules originaire de Java
Chaque tronc disparait après (fig. 458). Ce sont de petites
avoir fructifié ; mais la souche poules très précieuses, de la
donne naissance à de nouvelles grosseur des perdrix. Leur
tiges (rejetons) qui fructifient, allure est gracieuse et hardie ;
disparaissent et sont remplacées elles sont jaunes, gris ar-
à leur tour par de nouveaux genté, blanches, noires, etc.
rejetons, etc... Elles pondent beaucoup et
Variétés. — Parmi les ba- sont bonnes couveuses; mais
naniers comestibles, on distin- leurs œufs sont petits et elles
gue trois types principaux : le FIG. 455. Bananier. ne peuvent en couver que
bananier des sages (musa sa-

A. Fleur: B. Régime.
sept. Leur chair est excellente.
pientium), dit aussi figue-ba-
nane ou sweet plantain, à fruits Banyuls - sur Mer.- —

assez petits, tres parfumés et très appréciés • le bananier de paradis ( musa Commune des Pyrénées-
paradisiaca) : c'est le plantain des Anglais, dont le fruit, plus farineux, se Orientales, sur la Méditer-
racée (fig. 459). Aux en- -FIG. 459. — Région de Banyuls-sur-Mer.
consomme plutôt après cuisson ; le bananier de Chine (musa sinensis) ou
bananier nain, espèce très virons se trouvent les vi- •
cultivée dont les fruits gnobles (presque entièrement détruits) qui fournissent un vin de grenache
très parfumés sont fort plus communément appelé vin de Banyuls. Vieux, ce vin prend le goût
estimes en Europe. de rancio; il sert surtout à la préparation du quinquina.
Culture. — Les bana- Baobab (sylvic.). — Grand arbre exotique, de la famille des malvacées
niers sont exigeants sous (fig. 460), dont le tronc, plus large que long, peut atteindre 20 mètres de
le rapport du sol et du
climat. Les espèces comes-
tibles se multiplient au
moyen de rejetons pous-
sant à la base des souches.
On les détache, lorsqu'ils
ont 70 centimètres de haut,
pour les mettre en place
à 2 ou 3 métres d'ecart,
lorsqu'il s'agit de variétés
à faible développement,
et à 4 ou 5 métres pour
celles de grande taille.
Récolte. — Les pre-
mières bonnes récoltes
commencent deux ou trois
ans après. On procède à la
cueillette lorsque les pre-
mières bananes commen-
ceut à jaunir. On peut,
sur un sol de bonne qua-
lité, obtenir40 à 50 tonnes
de fruits par an. Le poids
moyeu d'un régime sur le FIG. 456. — Banian de l'Inde.
marché européen est de FIG. 460. — Baobab. A. Fleur; B. Fruit.
2J à 25 kilogrammes, mais
ou en trouve pesant plus de 60 kilogrammes. Les bananiers sont cultivés circonférence. Il donne des fruits de la grosseur d'une orange, à saveur
dans toute la zone tropicale pour la consommation locale. En vue de l'ap- acidulée, à chair comestible, et vulgairement appelés pains de singe; les
provisionnement du marché européen et des Etats-Unis, leur exploitation feuilles et les jeunes rameaux sont employés en tisanes adoucissantes.
BARATTAGE — BARBARIE 140

1. — Baratte normande. 3. — Baratte à piston. 5. — Baratte rotative polygonale munie d'une


(Récipient fixe. (Récipient fi xe.) chambre pour réchauffer ou refroidir la crème.

6. — Baratte-malaxeur.
A. Corps de la baratte; B. Poulie motrice; C. Roue d'engrenage actionnant
2. — Baratte danoise. 4. — Baratte rotative cylindrique le corps de la baratte au moyen de la couronne dentée D ; E. Pignon d'angle
( Récipient fixe.) à températeur mobile. actionnant les palettes F; G. Chariot de vidange.

FIG. 461. — Principaux types de barattes.

Barattage. — Action de baratter la crème du lait, c'est-à-dire de la sou- lesquelles le barattage et le malaxage s'effectuent dans le même appareil.
mettre à une agitation suffisamment intense et prolongée pour agglomérer Barattes à récipients fixes. — La baratte normande (1) consiste en un
les globules gras. Le liquide restant est le babeurre. V. ce mot et BEURRE. tonneau horizontal fixe dans lequel tournent des palettes ajourées. Ces pa-
lettes, douées d'un rapide mouvement de rotation que leur transmet l'arbre,
Baratte. — Récipient dans lequel on bat la crème, pour en extraire le actionné par une manivelle, transforment très vite la crème en beurre.
beurre ( fig . 461). Une bonne baratte doit satisfaire aux conditions suivantes La baratte danoise (2) est un récipient de forme tronconique garni inté-
,

1° être d'un nettoiement facile ; 2° offrir des moyens prompts de séparer rieurement de trois contre-batteurs verticaux. L'appareil est suspendu
le beurre sans nuire à sa qualité ; 3° être d'un emploi aisé ; 4 0 être solide, d'un sur un bâti en bois au moyen de deux tourillons ; deux crochets permettent
prix modéré ; 5° permettre un écoulement facile du petit-lait et l'enlèvement de le maintenir vertical pendant le barattage. Une bague mobile relie l'arbre
aisé du beurre ; 6° offrir le moyen de modifier, suivant le besoin, la tempé- moteur à l'agitateur sur lequel sont fixés quatre batteurs réunis en trapèze.
rature de la erème. Un robinet placé au bas de la baratte permet l'écoulement facile du lait de
A l'origine, la baratte n'était qu'une et;pèce de baquet de bois, un peu beurre et des eaux de lavage.
moins large que profond, dans lequel la crème était battue au moyen d'une Barattes rotatives. — Dans ces appareils (4, 5, 6), le tonneau tourne
autour de son axe et ne comporte aucun organe intérieur. L'ouverture ayant
toute la grandeur du tonneau, il s'ensuit que ce dernier est très facile à
nettoyer et.à aérer et que la sortie du beurre se fait, comme dans la baratte
danoise, sans difficulté.
Barattes-malaxeurs. — La baratte-malaxeur « stmplex » (6) est une
baratte tournante dont un des fonds est mobile et permet d'introduire
à l'intérieur, lorsque le beurre est fait, deux rouleaux malaxeurs et une
petite auge où est recueilli le beurre malaxé.
Dans la baratte-malaxeur Garin, la crème est traitée dans une grande
FIG. 462. — Fermeture ou couvercle FIG. 463. — Fermeture ou couvercle baratte ordinaire ; lorsque le beurre est venu et le babeurre soutiré, on fait
de la baratte normande. d'une baratte rotative. entrer le malaxeur dans la baratte sur un chariot ; on tourne lentement la
baratte et le beurre se malaxe sous un filet d'eau.
palette. Puis on a eu recours à la baratte ordinaire, qui consiste en un ton- Barbarie. — Le canard de Barbarie est un oiseau très volumineux et
nelet dans lequel se meut de haut en bas et de bas en haut un disque perce de plumage fort joli ; il a la Majeure partie du plumage noir bronzé à reflets
de trous et fixé à l'extrémité d'un manche de bois (3), et enfin à des appa- verts ; parfois une bande blanche traverse l'aile ; sur la tête se dresse une
reils plus perfectionnés. huppe de même nuance que le restant du plumage. Le bec, long et fort, est
Il existe un très grand nombre de barattes, que l'on peut classer en trois dominé à sa base par une caroncule vermillon qui se continue sur les joues
catégories : 1° les barattes à récipient fixe et à agitateur, à l'intérieur, pour et autour des yeux en une sorte de membrane granuleuse ; les pattes sont
battre la crème (baratte normande, bàratte danoise, etc.) ; 2° les barattes à noires. Ce gros canard a le vol puissant : on le voit parfois s'envoler, s'ins-
récipient mobile ou barattes rotatives; 3° les barattes-malaxeurs, dans taller sur la crête d'un mur ou une branche d'arbre. V. CANARD.
141 BARBARINE — BARBEZIEUX
Barbarine (Race ovine). — Caractérisée à la fois par ses cornes (chez le hardies, ganaches écartées; encolure rouée, crinière abondante; garrot
bélier) longuement spiralées, rejetées en arrière et souvent divisées, de saillant, net, bien sorti ; dos et rein soutenus, souvent noués en contre-haut,
sorte qu'il parait y avoir quatre et parfois six cornes frontales, et par le dé- à croupe inclinée d'avant en arrière et latéralement ; cuisses plates, queue
veloppement extraordinaire des masses adipeuses situées à la base de la attachée bas, pourvue de crins longs et soyeux ; poitrine serrée ; epaule
queue ( lig. 464 et tableau MOUTONS [ Races de]). Ces accumulations de droite ; corps peu volumineux ; articulations bonnes ; jarrets coudés, ten-
graisse qui, cependant, n'existent pas chez toutes les variétés de cette race, dons minces et faibles, paturons longs, sabots hauts et étroits, prédisposés
forment deux lobes pendants dont le poids est communément de 4 a à l'encastelure ; peau fine ; tempérament sanguino-nerveux . Animaux
5 kilogrammes et peut sobres et énergiques.
atteindre jusqu'à 10 ki- Aptitudes et débouchés. — Cheval de selle, propre à la cavalerie
logrammes chez les légère, apte également à traîner de légers fardeaux. Il sert dans l'armée
sujets engraissés. La d'Afrique au prix moyen de 600 francs. Le commerce se remonte facilement
croupe est avalée et moyennant 300 à 400 francs. Quelques étalons barbes ont été envoyés à
le train postérieur est Madagascar.
moins elevé que le Barbe. Nom donné aux lamelles aplaties, disposées de chaque côté
train antérieur. Tête

de la hampe des plumes d oiseau, et qui portent elles-mêmes des lamelles


allongée à profil légè- plus petites appelées barbules . V. PLUME. •
rement busqué. Toison
ouverte à laine gros- Barbe de capucin.
- - — V. CHICORÉE.
sière et bouclée, sou-
vent mélangée de poils Barbeau (pisc.). Genre de poissons de la famille des cyprinidés
( fig. 466 et pl. en couleurs POIssoNS). Les barbeaux sont allongés, en forme
f
grossiers et de brins
ins duveteux, blanche,
noire ou rousse. Sou-
de fuseau, avec des écailles minces, la nageoire caudale fourchue. Deux
espèces habitent la France
vent les poils de la face Barbeau commun (barbus fluviatilis). — Appelé vulgairement bar-
et des membres sont billon, barbet, barbarin , il atteint jusqu'à 1 mètre de long et un poids de 5
noirs comme la peau. à 6 kilogrammes. Très vorace, réquent dans toutes les eaux claires et
Le mouton barbarin
habite le littoral asia-
tique et africain de la
Méditerranée, notam-
ment la Syrie, le nord
de l'Egypte (race du
Dalet), une partie de
la Tunisie et de la FIG. 464. — Brebis de race barbarine à grosse queue. •
province de Constan-
tine. On le rencontre aussi en Perse, en Mésopotamie et dans toute
l' Asie Mineure.
Les moutons barbarins sont d'engraissement facile ; il semble que l'exa-
gération des masses adipeuses de la base de la queue soit dtle aux alter-
nances d'abondance et de disette alimentaires résultant du climat semi-
désertique où se fait l'élevage des animaux de cette race. On retrouve
d'ailleurs ce caractère chez d'autres races, notamment la race de Caracul
(V. ce mot). Les brebis donnent ordinairement deux agneaux ;•elles sont FIG. 466. — Barbeau.
bonnes laitières. La viande des agneaux est estimée ; celle des adultes, trop
suiffeuse, est moins appréciée, sauf des populations arabes. courantes, il vit solitaire quand il a atteint une certaine taille. On l'appelle
En raison de la présence des lobes de graisse à la base de la queue, la barbillon à cause des barbillons qui ornent sa mâchoire supérieure et à
lutte naturelle des brebis se fait difficilement ; le berger doit aider à l'aide desquels il sonde le dessous des pierres pour y chercher des vers,
l'accouplement et, par suite, la sélection des mâles est l'objet de quelques des mollusques, des insectes. Sa nourriture est à la fois végétale et animale.
soins. Sa chair, quoique ayant bon goût, n'est pas très recherchée ;
Le bélier barbarin est parfois croisé avec le mouton arabe d'Algérie et avec Barbeau méridional (barbus meridionalis ). — Il est de forme plus tra-
le mouton berbère de l'Atlas. pue et ne dépasse pas 0m,40 de long; on le trouve dans le midi de la
France.
Barbastelle . — Genre de mammifères chiroptères, renfermant des Pêche. — Le barbeau se pêche à la ligne flottante, à la ligne de fond, à
chauves-souris (V. ce mot) que l'on rencontre dans toute la France, où la ligne à soutenir, au grelot, à l'épervier. A la ligne flottante on fait usage
elles habitent les grottes et les souterrains. La barbastelle (synotus bar- d'hameçons (no. 6, 7 ou 8) mpilés sur crin fort ou florence , et l'on utilise
bastellus), qui mesure environ 26 centimètres d'envergure, a un vol rapide, comme appâts les vers de terre, le fromage de gruyère, l'asticot, le blé cuit.
très sinueux . et d'une assez longue durée. C'est un animal utile, car elle dé- Il faut ferrer vivement. On le pêche aussi à la ligne daps les pelotes (V. ce
truit quantité d'insectes dans ses chasses crépusculaires. V. pl. en couleurs mot). La pèche à soutenir ne se pratique que la nuit ainsi que la pêche au
ANIMAUX UTILES. • grelot. Dans ces deux cas, on fait usage d'hameçons plus forts (n°' 3 ou
Barbe (Cheval). — Se rencontre dans le nord de l'Afrique, le Maroc, 4), parce qu'on a affaire à de plus grosses pièces.
l'Algérie, la Tunisie. D'origine mongolique, le cheval barbe se distingue Maladie des barbeaux. — Affection qui a sévi sur les barbeaux de la
de l'arabe par son profil céphalique ( fig . 465), son front bombé et arrondi plupart de nos rivières, et qui a pour origine des microorganismes para-
dans tous les sens, ce qui rend les orbites effacées. sites des tissus conjonctif et musculaire de ces poissons. Les barbeaux
Caractères généraux. — Taille peu élevée, de lm,45 à 1m,48; robe atteints sont recouverts presque complètement d'un mucus gluant et vis-
blanche, grise, gris pommelé ou truité, assez fréquemment baie ou alezan, queux. Sur les côtés du corps et le ventre apparaissent des tumeurs puru-
rarement noire ; tête légèrement busquée, oreilles petites, bien plantées, lentes. On attribue la maladie à la malpropreté des cours d'eau.
Barbet. —Nom sous lequel on désignait autrefois un type de chien de
chasse à poil long, laineux, frisé ou bouclé, de robe noire, blanche, pie,
marron, café au lait, à oreilles longues et pendantes, à jambes courtes et
corps épais, assez voisin du griffon. Il convenait parfaitement pour la chasse
au marais. Devenus rares en France, les barbets se rencontrent encore à
l'état pur en Belgique.
Barbezieux ( Volaille de). — Race de gallinacés ( fig. 467 et pl. en cou-
leurs POULES), que certains auteurs considèrent comme une variété de la

Cliché Gaillard.
FIG. 465. — Jument de race barbe. FIG. 467. — Coq et poule de Barbezieux.
. BARBILLON -- BAROMÈTRE 142
race espagnole de combat, et d'autres comme issue de la race de Bresse. Baromètre. —Instrument destiné à mesurer la pression atmosphé-
Ses caractères sont ceux de la race de Bresse (variété noire), mais avec un rique. La couche d'air qui enveloppe la terre s'appelle atmosphère et la
format beaucoup plus grand. D'après Ch. Voitellier, la barbezieux est une pression exercée par l'air sur la surface des corps s'appelle pression atmo-
bresse noire vue au travers d'une sphérique. Elle est variable avec la température, l'altitude, etc.
loupe, avec cette différence qu'elle Les différents baromètres peuvent être classés en deux groupes : les baro-
a l'ceil brun jaunâtre foncé au lieu mètres à mercure et les baromètres anéroïdes, appels quelquefois baro-
d'être brun noir. Assez bonne pon- mètres métalliques.
deuse (gros oeufs), la poule de Bar- Baromètres à mercure. — Le type de ces baromètres est le barometre
bezieux est une médiocre couveuse. a mercure, dont le principe ( fig. 471 )
Les jeunes sont d'un engraisse- est basé sur l'expérience de Torricelli :
ment très facile, et ce sont eux qui on prend un tube de verre d'environ
fournissent la majeure partie des 1 mètre de longueur, fermé à l'une de
volailles truffées, si renommées, de ses extrémités ; on le remplit de mer-
Périgueux, de Ruffec, etc. cure, on ferme l'ouverture avec le
Barbillon. pouce et on le retourne en plongeant
— Nom donné aux son extrémité ouverte dans une cu-
filaments tactiles placés de chaque vette à mercure. Lorsqu'on retire le
côté de la bouche de certains pois- doigt, on constate que la colonne de
sons, notamment de la loche, du mercure, après avoir baissé notable-
barbeau. Nom vulgaire du barbeau. ment, conserve une hauteur d'envi-
V. l'article BARBEAU.
ron 76 centimètres. C'est la pression
Barbitiste . — Genre d'insectes atmosphérique qui soulève le mer-
orthoptères voisins des ephippi- cure dans le tube et lui fait équilibre.
gères et dont l'espèce type, le bar- Quand cette pression diminue (c'est
bitiste de Bérenguier, vit dans le le cas lorsque l'appareil est placé sur
midi de la France, où il a parfois des lieux élevés, une montagne par
causé de sérieux dégâts à la vigne. FIG. 468. — Coq barbu d'Uccle . exemple, puisqu'il y a une 'épaisseur
d'air moins grande qu'au-dessus des
Barbotage. — Boisson rafrai- lieux bas), la hauteur du mercure
' chissante pour les bestiaux, qui se fait en délayant, dans l'eau (bouillante de FIG 472.
dans le tube diminue également.
préférence), de la farine et du son. Au reste , toute les farines alimentaires Les baromètres ordinaires à cu- Cuvette du baromètre
peuvent servir à en composer. Si le barbotage constitue pour le cheval, vette ( fie. 472), de Fortin, de Tonne- à mercure.
l'âne, le mulet et les bestiaux, un excellent rafraichissant, par contre, au lot et de Gay-Lussac, sont les plus FIG. 471. A . Cuvette ; B. Mercure ;
point de vue alimentaire, il est peu substantiel. On ne doit pas en abuser, utilisés des baromètres à mercure. Principe C. Tube; D. Orifice de
communication du tube
car il affaiblit rapidement les ani- Les observations faites sur un ba- du baromè- avec le mercure;. B. 011-
maux auxquels on en donne à l'excès. romètre doivent subir plusieurs cor- tre ordinaire gine de communication
On l'administre, cependant, avec succès rections (correction de température, à mercure.
avec l'air extérieur.
aux vaches laitières, durant la huitaine réduction au niveau de la mer). Les
qui suit le part. baromètres à mercure doivent être placés dans une chambre sans feu, en
Barbu. — Se dit de certaines variétés plein jour, mais à l'abri des rayons du soleil. ,
de blé. V. BLÉ. Baromètres anéroïdes ou baromètres métalliques (fig. 473à 475). — Ce
sont les plus pratiques pour les agriculteurs. Ils reposent sur l'élasticité des
Barbues (Volailles). — Races d'ama- métaux. Celui de Vidi ( fig. 473)
teurs ayant la tête ornée de barbe et de est basé sur la pression qu'exerce
favoris. On peut citer la variété Anvers l'atmosphère sur une boite métal-
coucou, qui a les pattes nues, et la va- lique (cuivre), vide d'air et bien
rieté d' Uccle (fig . 468), qui a les pattes close. La paroi du fond est can-
emplumées. nelée, pour être plus élastique ;
Bardane. — Plante de la famille des les mouvements de dépression
synanthérées (fig.469, 470), généralement que cette paroi subit, sous l'in-
connue sous le nom de glouteron, grat- fluence de la pression atmosphé-
teron, gratteau, herbe aux teigneux parce rique, sont transmis par un mé-
que l'on se servait autrefois du suc et des canisme spécial à une aiguille
feuilles de la bardane pour traiter la dont l'extrémité est mobile sur un
teigne. Sa tige, rameuse et garnie de cadran gradué. L'instrument est
poils rudes, porte des feuilles larges ; gradué par comparaison avec un FIG . 473. — Baromètre de Vidi .
ses fleurs sont rouges ; ses capitules sont baromètre de Fortin. Dans le ba-
constituées par de petites écailles ter- romètre de Bourdon (fig. 474), la
• minées par une épine crochue qui leur pression atmosphérique s'exerce
permet de s'accrocher aux vêtements sur un tube en laiton, vide d'air,
des passants, à la laine des moutons. à parois minces et élastiques, à
FIG. 469. — Bardane.
La racine est longue, chenue et très section elliptique : ce tube est fixé
A. Fleuron ; 13. Coupe du capitule; c. Graine. par son milieu ; ses deux extré-
riche en carbonate et
en nitrate de potasse. mités libres actionnent par leur
On s'en sert en infu- déplacement un levier qui déter-
sion j20 grammes pour mine les mouvements d'une ai-
1 litre d'eau), comme guille destinée à indiquer les va-
soporifique et diuré- riations de la pression atmosphé-
rique.
tique.
Baromètres enregistreurs.—
Bardeau ou Bar- Ils indiquent et inscrivent eux-
dot (zoot.). — Métis mêmes, à chaque instant, sur une
produit par l'accouple- feuille de papier, la hauteur
• ment du cheval et de barométrique. Le baromètre en-
l'ânesse. Le bardot se registreur Richard ( fig . 475) se
rapproche plus de compose d'une série de boites
l'âne que du cheval ; circulaires analogues à celles du
il est plus petit que le baromètre Vidi. Ces boites sont
mulet et inférieur à ce superposées et reliées par leur
dernier. Il est peu ré- fond, afin de multiplier les flexions
pandu. produites par les variations de
pression ; le mouvement du fond
Barge (agric.). — supérieur est amplifié à l'aide de FIG. 474. — Baromètre anéroïde
Terme désignant une leviers coudés et communique à
A. Section de tube vide d'air.
meule de foin rectan- Sun levier rectiligne à branches
gulaire. très inégales dont la grande porte
— (ornith.).—Genre à son extrémité une plume spé-
d'échassiers, vulgaire- ciale. Cette plume laisse sa trace
ment nommés bé- sur un papier quadrillé enroulé
casses de mer, et qui sur un tambour vertical qu'un
sont des oiseaux de mouvement d'horlogerie fait tour-
rivage. ner d'un mouvement uniforme
en un temps qui varie, selon les
Bars. — Genre besoins, de un jour à une semaine.
d'insectes coléoptères, Pour les observations des agricul-
type de la sous-famille teurs, les baromètres enregistreurs
des baridés, compre- sont les appareils qui conviennent
nant de petits charan- Phot. F. Faideau .
le mieux ; malheureusement leur FIG. 475. — Baromètre enregistreur
çons répandus sur tout FiG. 470. — Bardane avec ses capitules. prix est relativement élevé. de Richard.
le globe et dont Prévision du temps à l'aide du
soixante espèces habitent l'Europe. Les baris vivent surtout sur les cruci- baromètre. — Dans nos contrées, les vents humides et chauds du Sud-
fères et les résédas. Citons le baris nitens, sur les malvacées ; le baris morio, Ouest (l'air chaud du Sud-Ouest se charge d'humidité en passant au-dessus
sur le réséda luteola ; une espèce spéciale, le baris spoliata, cause des du courant du Gulf-Stream de l'océan Atlantique), qui font baisser le baro-
dégâts assez importants dans les plantations de betteraves, en Tunisie. mètre, sont ceux qui amènent le plus souvent la pluie. Au contraire, les
• 143 BAROTTE — BARRAGE

vents secs et froids du Nord-Est, qui font monter le baromètre (l'air froid Les barrages sur rivières et fleuves sont d'une construction plus difficile ;
étant plus lourd que l'air chaud, la pression atmosphérique: augmente), on leur donne généralement la forme d'une courbe, à convexité tournée vers
amènent presque toujours le beau temps. On peut donc en conclure que, l'amont, ou d'une ligne oblique par rapport à la direction des eaux. Tous
en général, dans nos contrées, un abaissement de la colonne barométrique les matériaux peu-
est un indice « probable » de pluie, tandis qu'une élévation de la colonne vent être employés
de mercure est un présage de beau temps. • à leur construction :
Lés changements de temps coïncident assez souvent avec les variations maçonnerie, pieux,
de pression, mais cela ne veut pas dire qu'ils y soient invariablement liés ; pierre, béton, terre,
cette coïncidence tient à des conditions particulières à notre climat. M. Plu- sable. Lorsqu'il s'a-
mando, météorologiste à l'Observatoire du Puy de Dôme, indique de la git de barrages im-
façon suivante comment on peut prévoir le temps à l'aide du baromètre : portants, il est né-
« En général, le mauvais temps est précédé par une baisse du baromètre, cessaire de dresser
et il se produit quand le baromètre commence à remonter. Le beau temps un projet, avant
revient lorsque la pression de l'atmosphère a repris à peu près la valeur d'entreprendre la
qu'elle avait avant l'arrivée de la perturbatioâ . construction. S'ils
On peut dire que : fonctionnent comme
1 0 La baisse du baromètre accompagne le beau temps et annonce le déversoirs, ces bar-
mauvais temps; rages aggravent les
2° La hausse du baromètre accompagne le mauvais temps et présage le inconvénients des
beau temps. crues en faisant re-
Une baisse lente, régulière et modérée du baromètre (3 à 4 millimètres en fluer les eaux à
vingt-quatre heures) indique qu'une dépression passe au loin. Elle n'amène l'amont ; générale-
pas souvent de changement notable du temps. ment on ménage un
Une baisse soudaine, même quand elle est faible (2 ou 3 millimètres en déversoir ou un per-
deux ou trois heures) annonce toujours qu'une perturbation se produit tuis muni de vannes
dans le voisinage ; elle occasionne ordinairement des coups de vent ou des . pour l'écoulement
averses de courte durée. Si la baisse est considérable (8 à 10 millimètres des eaux en excès.
en cinq ou six heures), elle présage une tempête. Barrages mo- FIG. 477. — Schéma de l'établissement de barradines
sur le flanc d'une montagne.
Une forte baisse lente et continue annonce des mauvais temps de longue biles. — Certains
durée. Ces mauvais temps sont d'autant plus accentués que le baromètre sera barrages sont entiè-
parti de plus haut et descendra plus bas. rement mobiles ; tels sont les barrages à aiguilles, constitués par des madriers
Une hausse brusque du baromètre, lorsque celui-ci est voisin ou au- verticaux placés jointifs et que l'on peut enlever à volonté. On les rencontre
dessus de la pression moyenne et le temps au beau, annonce toujours principalement dans les rivleresnavigables : ils sont alors complétés par des
l'approche d'une dépression
,
sous l'influence de laquelle le baromètre ne ecluses qui font com-
tarde pas à baisser. muniquer les biefs
Une hausse rapide survenant lorsque le baromètre est bas annonce un d'amont et d'aval.
beau temps de courte durée ; mais si la hausse est considérable et prolongée, Un barrage de prise
on peut compter sur plusieurs jours de beau temps. d'eau est complété par
Souvent, lorsqu'une dépression existe au sud des Alpes, le temps reste au des ouvrages acces-
beau dans nos regions par .vent du Nord ou de Nord-Est ; mais, dans ce cas, soires : déversoir,
il y a du mauvais temps à craindre immédiatement, s'il survient une baisse vanne de décharge et
brusque du baromètre. martellière de prise.
Observations importantes. — a) En général, le baromètre a une tendance Barrages réser-
à monter de quatre à dix heures du matin ; au contraire, il baisse ordinaire- voirs. — On nomme
ment de midi à trois heures du soir. C'est un phénomène qui se produit ainsi des barrages des-
avec une grande régularité durant les périodes de calme et de beau temps tinés à retenir les
et qui est dû à l'action quotidienne du soleil. Cette variation diurne peut être eaux dans une dépres-
utilisée fréquemment dans la prévision du temps. sion naturelle du sol
D'abord, si la hausse du matin ne se produit pas, et surtout si elle est (fig. 481) ; le réser-
remplacée par une baisse, on pourra en conclure que cette baisse s'accen- voir d'eau ainsi cons-
tuera prtsque certainement l'après-midi, et que les probabilités de mauvais titué permet de ré- 1 2
temps se trouveront ainsi augmentées. gulariser le débit du FIG. 478.
— Barrage sur torrent.
Si, au contraire, au cours d'une période de mauvais temps, l'on ne constate cours d'eau émissaire. 1. Vue en plan: 2. Coupe suivant A B.
pas l'existence de 1a baisse de l'après-midi, et surtout si cette baisse est L'eau est emmagasi-
remplacée par une hausse, on en déduira que la hausse du baromètre conti- née pendant la pé-
nuera et augmentera de cette façon les probabilités d'amélioration du temps. riode des pluies et
b) Lorsqu'on trace la courbe quotidienne des variations barométriques, distribuée ensuite au
après une hausse considérable du baromètre au-dessus de la moyenne, le fur et à mesure des
temps se met ordinairement au beau. Le baromètre continue alors à monter besoins de l'irriga-
avec lenteur pendant quelques jours et finit par atteindre un maximum tion, des usines ou de
qu'on reconnaît facilement après qu'il s'est produit. On peut en déduire le la navigation (réser-
nombre de jours que durera encore le beau temps ; car ce nombre de jours voirs des canaux). Le
est à peu prés le même que celui des jours qui se sont écoulés entre la fin barrage est, autant que
des mauvais temps précédents et le moment du maximum. barométrique. possible, établi à l'en-
Dans ce cas-là, la prévision du temps peut avoir, on le voit, une assez trée d'une dépression FIG. 479. — Barrage sur chevalets.
longue échéance. » ou dans une gorge en-
Barotte . Vaisseau cerclé de fer que l'on emploie pour le transport caissée ; le sol de la dé-
pression doit être étan-

des vendanges. V. COMPORTE. che, et l'emplacement


Barradeau ou Baradeau . Petit fossé servant à l'écoulement des
— de l'ouvrage consti-
eaux pluviales inondant un champ. tué sur un sol très
résistant Les barra-
Ba rrad i ne ou Barad i n e. Nom donné à des fossés pratiqués en écharpe

ges sont construits en
(fig. 476, 477) dans le flanc des montagnes ou des collines, et destinés à collec- maçonnerie lorsqu'ils
ter les eaux de ruissel- ont une grande hau-
lement pour les écouler teur ; le plus souvent
avec une faible pente. ils sont en terre. Ceux-
Barrage. — Obstacle ci ont, en section, la
établi dans le lit d'un forme d'un trapèze ; FIG. 480. — Barrage en charpente et cailloux.
cours d'eau pour en éle- on emj^êche les infil-
ver le niveau à l'amont ; trations en exécutant
on construit les barrages dans les fouilles et
pour faciliter la naviga- sur les parois un cor-
tion sur les rivières, ré- roi en argile ; un mur
gulariser le cours des tor- en béton ou en argile
rents ou permettre les assure une étanchéité
prises d'eau en vue de parfaite. L'épaisseur
l'irrigation ou de la force et la pente des parois
motrice. se calculent au moyen
Barrages fixes. — Sur FIG, 476. — Fossé en maçonnerie pour de formules spéciales.
les petits cours d'eau à l'établissement de barradines. La vidange est assu-
forte pente, les barrages rée par une bonde de
s'établissent d'une façon très économique à l'aide des matériaux dont on fond ou une vanne FIG. 481. — Barrage réservoir.
dispose sur place. Lorsqu'on peut fonder sur le rocher, ils sont constitués que l'on manoeuvre
par - un massif de maçonnerie hydraulique ; le plus fréquemment on cons- depuis la crête du
truit des murs en pierres sèches dont la tête et le pied sont protégés par des barrage. Un déversoir laisse écouler le trop-plein dans un fossé de décharge.
troncs d'arbres (fig. 478). Si les pierres font défaut, on peut utiliser des Le déboisement des montagnes a laissé le sol sans protection contre le
pieux inclinés dont les extrémités reposent sur des chevalets ( fig. 479) • des ruissellement et, pour éviter les désastreux effets de celui-ci, on a dû maintes
planches, recouvertes de sable et de fascines, assurent l'étanchéité de l'ou- fois corriger les torrents, en régularisant la vitesse de leurs eaux. Ce ré-
vrage. Si le terrain solide est situé trop profondément, on établit une véri- sultat s'obtient au moyen de barrages en maçonnerie ( fig.482) dont la hau-
table charpente en pieux et madriers, dont les interstices sont remplis de teur et la distance de l'un à l'autre sont calculées de manière à donner une
cailloux ( fig. 480). La pente aval, sur laquelle l'eau s'écoule, ne doit pas pente très douce à chacun des biefs.
être trop forte, pour éviter les affouillements ; il est bon de protéger le Législation. — La construction d'un barrage ne peut être entreprise sans
pied du barrage par des enrochements en blocs aussi volumineux que possible. autorisation administrative fixant le niveau de la retenue et les dimensions
BARRAL BARYMÉTRIE 144
barrière (traverses, montants, écharpes) doit être tel que les animaux ne
puissent engager leur tête ou leurs pattes sans danger.
Les barrières légères, très simples, ressemblent, à la hauteur près, aux
râteliers à fourrage. Leur confection n'exige qu'un peu d'adresse et un
outillage très rudimentaire. Les traverses sont faites par une pièce de bois
brut, à peu près droite, percée de trous régulièrement espacés et refendue
en deux. Les lattes verticales, formées de branches entières ou refendues,
sont arrondies à leur extrémité à la grosseur des trous où elles sont coin-
cées. Ces barrières s'attachent par des chaînes ou des liens à des arbres on
à des piquets.
Barriere simple. — Cette barrière simple et robuste consiste en une ou
deux traverses horizontales passant dans des trous percés dans deux po-
teaux ( fig. 484, 1), ou reposant sur des potences à crochets. Ce système a
comme inconvénient le manque de fixité des traverses qui peuvent être
facilement déplacées ou même enlevées. La manoeuvre des traverses de
grande dimension est parfois pénible et peu commode.
Barrière vendéenne. — Cette barrière, très employée en Vendée, est
une variété du type précédent (2). Trois barres de bois brut ou grossière-
ment équarries, de 4 à 5 mètres de long, sont articulées à un poteau ver-
tical par des tiges à oeil taraudées et boulonnées ; l'autre extrémité des
perches s'appuie sur des supports en fer, munis d'un oeil et boulonnés à
hauteur convenable à travers le poteau opposé. Les barres sont mainte-
nues en place à l'aide d'une chaîne qui est fixée à la partie supérieure du
poteau porte-supports par un fort piton et qui passe dans l'ceil de chaque
support. La fermeture s'obtient en reliant les deux extrémités de la chaine
par un cadenas. Pour ouvrir, on enlève la chaine, on prend l'extrémité des
trois perches à brassée et on les fait pivoter d'une quantité suffisante pour
le passage.
Barriere tournante. — Ce type consiste en une poutre tournant sur
l'extrémité d'un poteau-pivot et portant des lattes réunies entre elles, à la
partie inférieure, par une traverse horizontale. Une grosse pierre fixée sur
la partie libre de la poutre équilibre la barrière autour du pivot.
Enfin, on trouve dans le commerce une grande variété de barrières en
bois, en fer, ou de construction mixte (4) prêtes à être posées.
Toutes les barrières tournantes exigent des poteaux ou des piliers de sup-
port suffisamment robustes pour rester verticaux malgré le poids de la
barrière, qui n'est que rarement soutenue par un galet ; l'inclinaison de
l'axe de rotation produirait un frottement et même un coincement sur le sol,
empêchant l'ouverture. Le développement ne peut se faire sur la voie
publique et exige un sol horizontal ou en pente vers l'intérieur. L'ouver-
ture de la barrière est fréquemment gênée par l'entassement du bétail, qui
se rassemble contre elle en attendant le moment du passage.
Barrière en fil de fer. — Elle consiste en fil de fer ou en ronces artifi-
cielles tendues et maintenues en place par un levier spécial (3). Mais
ce système n'a que l'avantage du bon marché. Les animaux ne voient pas
suffisamment les fils de fer, ils les brisent ou se blessent. Ils risquent
aussi de piétiner
les fils ou de s'em-
barrasser les
pattes lors d'un
FIG. 482. — Succession de barrages en maçonnerie réglant le débit d'un torrent,
afin d'éviter lés ravinements. passage un peu
tumultueux.
Ces inconvé-
pour l'établissement de ces ouvrages de décharge (loi du 8 avril 1898) ; la nients sont suppri-
loi du 11 juillet 1847 réglemente le droit d'appui sur les rives. més par les bar-
BARRAL (Jean-Augustin). — Chimiste et agronome français (1819-1884). rières roulantes
Ingénieur des tabacs, il commença par faire des recherches de chimie ou les barrières à
pure ; en 1845, il fut nommé répétiteur de chimie à l'Ecole Polytechnique ; soulèvement.
il ne tarda pas à se consacrer presque exclusivement aux applications des Barrières rou-
sciences à l'agriculture. De 1849 à 1866, il dirigea le Journal d'Agriculture lantes. Barrières
FIG. 483. — Détail du montage d'un galet .
pratique, puis fonda, en 1866, le Journal de l'Agriculture. Elu membre de à soulèvement.
dans la barrière à roulement (5).
la Société nationale d'agriculture en 1865, il en devint le secrétaire perpé- — Les barrières
tuel en 1871. En dehors de ses travaux sur la fabrication du beurre, la roulantes (5) se dé-
composition des eaux pluviales, l'emploi des engrais, et de ses études tech- placent au moyen de galets guidés par un rail ; on diminue l'effort néces-
niques dans la presse scientifique et agricole, il a publié plusieurs ouvrages : saire pour le démarrage en employant des galets à double roulement
Drainage, irrigations, engrais liquides (4vol., 1856), le Bon Fumier (1 vol., (fig. 483).
1865), le Blé et le pain (1 vol., 1863), Trilogie agricole (1 vol., 1867), l'Agri- Les barrières à soulèvement (6) sont aussi très commodes. On pourrait
culteur du nord de la France (2 vol., 1870), Rapports sur les irrigations peut-être leur reprocher le danger d'une fermeture prématurée risquant
dans les départements de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône ; la Lutte de blesser le bétail ou le personnel.
contre le phylloxéra (1 vol., 1882). Arago l'avait choisi comme éditeur de Lorsque le passage d'une barrière est fréquenté par le personnel de la
ses OEuvres complètes, qui ont été publiées de 1854 à 1869. Barrai a colla- ferme, il est avantageux d'y adjoindre un portillon spécialement réservé
boré en outre à plusieurs encyclopédies et au Dictionnaire d'Agriculture au passage des personnes. V. aussi CLOTURE.
commencé sous sa direction et continué sous celle de Henri Sagnier. Barriq ue . — Tonneau pour le transport des liquides, des vins générale-
Barres. — Partie de la bouche des équidés qui donne appui aux ment, et dont la contenance est variable avec les régions (de 80 à 402 litres).
canons du mors. Elles s'étendent : chez le mâle, des canines inférieures (ou La barrique bordelaise a une capacité de 225 litres.
crochets) aux molaires ; chez la jument, des dernières incisives (ou coins)
aux molaires. Elles ont pour base le bord osseux du maxillaire inférieur Bartavelle. — Genre d'oiseaux gallinacés, appelé aussi perdrix grecque
recouvert par la muqueuse de la bouche. (perdix græca), et qui présente de grandes analogies avec la perdrix rouge.
Il s'en distingue cependant par sa taille plus grande, son plumage de
Les barres normales doivent être nettes, moyennement élevées et arron-
coloration un peu plus cendrée.
dies. Trop hautes, elles supportent trop le poids du mors ; basses, elles Devenue rare en France, la bartavelle fréquente les lieux élevés, rocail-
échappent en partie à . son action ; tranchantes, elles deviennent sensibles
et rendent l'appui du mors douloureux ; trop arrondies, elles sont peu sen- leux ; on la rencontre encore dans les Alpes et les Pyrénées.
sibles et donnent une bouche dure. Elles doivent être exemptes de blessures Barymétrie . — Détermination du poids des animaux à l'aide des men-
et de callosités. surations corporelles (fig. 485). Applicable surtout aux bêtes de boucherie,
Les blessures des barres, qui sont produites par l'action trop brutale du la barymétrie peut permettre d'obtenir, soit le poids vif, poids brut ou
mors, sont assez fréquentes chez les chevaux indociles • et c'est là une in- poids sur pied, soit le poids net, quantité de viande que l'animal fournira
dication qui n'est pas négligeable dans l'examen d'un cheval dont on veut à la boucherie, soit ces deux poids en même temps.
faire l'acquisition. Elles peuvent aussi affecter des animaux qui ne sont pas Les mensurations sont prises à l'aide d'un ruban métrique ordinaire et le
vicieux, mais dont les barres offrent l'une des malformations citées plus poids est obtenu, dans ce cas, par un calcul simple suivant une formule
haut. Elles se manifestent par une salivation abondante et la mastication déterminée dans laquelle on assimile le corps à un solide géométrique (cy-
difficile. lindre), dont on multiplie les dimensions par un certain coefficient de
Quelle que soit l'origine des blessures, il faut, pour les guérir, éviter de densité ; on peut employer aussi les rubans métriques spéciaux (ruban de
brider la bête, tenir la bouche propre par le moyen de lavages émollients Dombasle, ruban de Crevat) qui donnent directement le poids sans calcul..
et antiseptiques. S'il y a nécrose du maxillaire, il faut cautériser la partie Les principales méthodes barymétriques sont :
malade. La méthode de Quételet, qui donne le poids vif par la formule :
Barrière, — Dispositif pour interdire momentanément le passage à P=88C 2 X 1,
l'entrée de terrains clos.
Une bonne barrière doit être simple, solide, peu coûteuse, visible et pou- dans laquelle C représente le périmètre de la poitrine pris derrière les
voir se fermer et s'ouvrir sans effort. épaules au niveau du coude et 1 la longueur du corps mesurée en ligne
La longueur des barrières correspond à la largeur de l'entrée (3 à 5 mè- droite, de la pointe de l'épaule à la pointe de la fesse. Exemple : soit un
tres environ). Leur hauteur, leur résistance et la nature des matériaux ' boeuf mesurant 2m,05 de périmètre de poitrine et 1m,63 de longueur son.
qui les constituent doivent être en rapport avec l'espèce et la taille des ani- poids vif est de :
maux enfermés dans les parcs ; l'écartement des différentes pièces de la 88 X 2,05 X 2,05 X 1,63 = 603 kilogrammes.
145 BARYMÉTRIE

FIG.. 484. — Divers types de barrières.

Les résultats de cette méthode sont souvent un peu inférieurs au poids spiral », par laquelle on part de la pointe du sternum pour dérouler le
réel de l'animal ; ruban sur le milieu du bras, puis le milieu du dos ; ensuite, de l'autre
La méthode de Mathieu de Dombasle, qui donne le poids net par lecture cöté de l'animal, sur le travers et en bas de la hanche pour contourner
directe sur le ruban dit « ruban de Dombasle », en
prenant le tour biais de la poitrine ou circonférence
oblique : on part de la pointe du sternum, on passe
le ruban en avant de l'épaule, puis sur le garrot pour
le faire descendre en arrière du coude, passer entre
les membres de devant et revenir au point de départ.
L'animal doit être placé bien d'aplomb. Seulement,
pour les bêtes bovines, la méthode de Dombasle
donne le poids de viande net avec une approxima-
tion d'autant plus réduite que les animaux sont mieux
conformés et en état moyen d'engraissement. En
général, les chiffres obtenus sur les vaches doivent
être majorés de 8 à 10 pour 100 ;
Les méthodes de Jules Crevat, qui donnent le
• poids vif ou le poids net suivant les mensurations
choisies.
La plus simple est celle qui donne le poids vif en
prenant la circonférence de poitrine C et en appli-
quant la formule générale : P = 80 Cs.
Exemple : un animal mesurant 1,85 de tour de poi-
trine accusera un poids vif de :
1,85 X 1,85 X 1,85 X 80 = 506 kilogrammes. 1 2
Une seconde méthode consiste à obtenir le poids FIG. 481 Barymétrie.
— —1. Méthode Mathieu de Dombasle, 2. Méthodes de Crevat et Quételet.
vif et le poids net par la mesure dite du a tour ( T 0, tour droit, L 1, longueur seapulo•ischiale , 'l' 0 5, tour spiral.)

LAROUSSE AGRIC . 10
BASSET — BASSINAGE

lapin, le lièvre et même le chevreuil, et si on les ut ilise aussi à la chasse à


tir, où ils sont excellents, et dans la chasse au terrier (déterrage), leurs apti-
tudes dominantes les font
cependant classer parmi
les chiens courants.
II existe des bassets
dans la plupart des races
de chiens ; mais, depuis de
longues années, on a sé-
lectionné certains types,
dont les plus connus sont
les suivants :
les bassets d'Artois, à
poil ras, robe tricolore
ou simplement blanche
FIG. 491. Chiens bassets.
ou orange, et qui com- —

prennent deux variétés :


bassets à jambes torses (ou bassets Lane) et bassets à jambes droites
(bassets Le Coulteux) ;
les bassets-griffons vendéens, à poil long et dur, et qui offrent aussi plu-
sieurs variétés différentes quant à la couleur et aux
formes, mais semblablement appréciées pour leurs
qualités (endurance, finesse du nez, etc.);
les bassets bleus de Gascogne. V. la pl. en coul.
CHIENS ;
les bassets-terriers écossais (skye-terrier);
les bassets allemands, à poil court ou long, à
robe noire et feu, brun doré, brun foncé ou même
grise (dachshund et tekel), très bons pour le dé-
terrage ;
le chien basset à loutre (otterhound basset), qui
est originaire des Hébrides et provient de croise-
ments entre le chien courant anglais et le griffon.
Bassin (hortic.). — Réservoir d'eau naturel ôu
artificiel servant à l'arrosage des jardins. Il est sou-
vent placé à l'endroit le plus élevé, pour permettre
un arrosage facile. V. ARROSAGE.
On établit souvent dans les jardins d'agrément
des bassins artificiels où l'on cultive des plantes
FIG. 489. Basse - cour de petite ferme.

aquatiques ornementales. V. AQUATIQUE.
Les volailles et autres animaux de basse-cour qui s'enfuient dans les pro- Bassi nage. Opération qui consiste à répandre

priétés voisines ne cessent d'appartenir à leur maitre , quoiqu'il les ait de l'eau sous forme de pluie fine, avec une pomme
perdus de vue. Néanmoins, celui-ci ne pourra plus les réclamer un mois d'arrosoir à très petits trous, pour mouiller légère-
après la déclaration, qui devra être faite à la mairie par les personnes chez ment les plantes. On peut l'exécuter soit à l'aide d'une
lesquelles ces animaux se seront enfuis. petite pompe aspirante et foulante (fig. 492), dont le
tube de sortie est muni d'une petite pomme à trous FIG . 492. — Petite pompe
Basset. Chien de chasse à jambes courtes (droites ou torses), oreilles pour bassinages.
— nombreux et fins, soit à l'aide d'un arrosoir ordi-
longues et attachées bas (fig. 491). Sa taille est de 30 à 35 centimètres et naire muni d'une pomme analogue. V. ARROSAGE.
son poids varie de 15 à 22 kilogrammes. On pratique aussi un bassinage des pommes et des poires avant leur
Tres ardents à la chasse, les bassets sont employés à courre le renard, le maturité pour aviver la coloration de ces fruits:

FIG. 490. — Parquets pour la production des oies et des canards.


PL. IV. BASSE-COUR

Dresse par lt. Duwout .


IL Ue,sei teesec del.
OISEAUX ET ANIMAUX DE BASSE-COUR
BASSE-COUR
PL. V.

OISEAUX DE BASSE-COUR
149 BASTE - BATTAGE

Baste. — Récipient en bois servant au transport de la vendange. Sorte


de panier d'osier qu'on attache au bât d'une béte de somme.
Basylirium (hortic.). — Plante exotique ( 495) d'un bel effet déco-
ratif. Elle est surtout multipliée dans les jardins paysagistes de la région
méditerranéenne. A signaler le basylirium longifolium.
Bât. — Harnais que l'on place sur le dos des bêtes de somme, principale-
ment des mulets et des änes (fig. 493) pour le transport des fardeaux. Le bät
se compose de plusieurspar-
fies : c'est d'abord le fut on
arçon, sorte de selle gros-,
sière qu'une sangle de cuir
assujettit sur le dos de l'a-
nimal ; une croupière et un
fessier s'opposent ä ce que
le fût glisse en avant ; unpoi-
trail l'empêche de reculer
vers la croupe. Les côtés
sont pourvus de crochets,
et disposés pour recevoir la
charge.
Le bät est trés utile dans
une ferme pour le trans- FIG. 493. — Ane chargé du bât.
port des fardeaux qui ne
nécessitent pas un attelage ; il est indispensable dans les pays de montagne
où la circulation cies voitures ne peut se faire. FIG. 496. — Battage au fléau.
Bâtard, Bâtarde. — Ces termes s'appliquent : 1° aux animaux dont
les caractères spécifiques ne sont pas nettement déterminés, ou dont les
ascendants sont inconnus ; 2° aux plantes issues de croisements anormaux.
On dit aussi d'une vache qu'elle est bâtarde, lorsque sa lactation s'affai-
blit dès le second vêlage. On appelle laine bâtarde celle qui provient de
la deuxième tonte de l'année.
Bätardeau. Barrage temporaire destiné à détourner tout ou partie

d'un cours d'eau pour l'exécution de certains travaux en aval. On construit


un batardeau en enfonçant
deux rangées parallèles de
pieux jusqu'en sol solide, en
garnissant de haut en bas ces
pieux de palplanches sortes
de madriers, et en bôurrant
dans l'intervalle ainsi réservé
de la terre argileuse.
Bat flanc.
- — Piece mo-
bile en bois servant ä séparer
les chevaux dans une écurie
(fig. 494). Le bat-flanc le plus
simple est un madrier ou une
perche un peu grosse, dont
une extrémité s'accroche ä la
mangeoire, tandis que l'autre
FIG 494. — Bat-flanc installé dans une écurie
est suspendue ä une chaîne dont on voit ici la coupe transversale.
ou ä une corde attachée au FIG. 497. — Dépiquage ou foulage sur raire.
plafond de l'écurie. Ordinai-
rement on construit des bat-flancs plus solides en assemblant trois ou
quatre planches épaisses, que l'on garnit ou non de nattes de paille. (fig. 497), ou des traineaux armés ä la face inférieure de silex ou de pointes.
Comme il arrive assez fréquemment, qu'en ruant, les chevaux se prennent Le grain est souillé ; la paille, fortement brisée, renferme jusqu'a 10 pour 100
(les jambes) dans le bat-flanc, il est indispensable de munir celui-ci d'un dis- de grain. Procédé adopté dans le Midi et un peu dans l'Ouest
positif permettant de le décroc.her rapidement pour dégager la bête. On a Battage la machine. — Les machines à battre (batteuses) ont permis
recours pour obtenir ce résultat ä une sauterelle. V. ce mot. de réaliser des progrès sensibles : rapidité du travail, facilité d'exécution,
qualité, économie. V. BATTEUSES.
Bâtiments ruraux. — V. CONSTRUCTIONS RURALES, ÉCURIE, BERGERIE, Les machind en bout fournissent une paille fortement brisée ; elles sont
ÉTABLE, PORCHERIE, HANGAR, HABITATIONS RURALES. surtout utilisées dans la petite culture (machines ä bras, ä manège). Dans
Bâton conducteur. —Instrument composé d'un manche en bois de les machines en travers ou en biais, type générique des batteuses ä grand
lm,50 ä 2 métres muni d'une armature en fer et d'une chaîne ou d'un cro- travail, la paille est peu abimée et d'une vente facile.
chet ( 495), et destiné maitriser pour Le réglage du contre-batteur par rapport au batteur est extrêmement
les conduire les animaux rétifs. important : il ne faudrait laisser aucun grain dans les épis, ne pas obtenir de
grains cassés ou fissurés et atteindre un rendement éleve. A cet effet,
Batraciens. Nom donné aux ver-

rapprocher le contre-batteur et ralentir le débit, si la céréale est humide
tébrés qui, coinme la grenouille, ont une ou garnie d'herbes ; l'éloigner avec possibilité d'accroître le débit, si la céréale
température variable, subissent des mé- est sèche. Lorsqu'il s'agit de grains destinés ä la semence ou d'orges de bras-
tamorphoses et respirent par des pou- serie, la surveillance doit être très attentive, car les grains fissurés sont la
mons, par la peau ou par des branchies. cause d'un déchet appréciable ä la levée, surtout aprés sulfatage. Les chiffres
On les distingue en batraciens anoures rapportés ä cet égard par Borki, de Khainech (Suisse), sont très démonstratifs:
(privés de queue) : grenouilles, crapauds,
et batraciens urodèles : tritons, sala- MODE DE BATTAGE GRAINS FISSURES GERMINATION
mandres, etc.
A la main ................................. 0,85 pour 100. 92 pour 100.
Battage. Ex-pression surtout em-
— A la machine ............................ 3................................ 88 p. 100 dont 10 anormaux.
ployée pour désigner l'opération qui
consiste ä séparer les grains des épis de Une machine ä battre doit être alimentée régulièrement- par l'ouvrier
céréales. engreneur, condition d'un fonctionnement satisfaisant en qualité et en quan-
Le battage s'exécute de diverses ma- tité ; d'où l'intérêt des engreneuses mé‘-nniques avec lesquelles, en outre, on
nieres : par choc, par pression ou frois- évite des accidents.
sement (chaubage, battage au fléau, dé- Il existe actuellement des batteuses de plus en plus complètes, qui ont
piquage, battage mécanique), mais, de pour but de réduire la main-d'oeuvre en fournissant un travail plus achevé :
tous les procédés en usage, le plus pra- secouage, élévation, liage ou pressage de la paille, collecte et expulsion des
tique et le plus rapide est le battage a la balles et menues pailles, nettoyage simple ou double et calibrage du grain.
machine (batteuse). 1 2 On emploie souvent des batteuses fixes quand l'opération se poursuit toute
l'année (occupation du personnel, paille fraiche pour la vente), mais les bat-
Chaubage ou battage ä la truie ou FIG. 495. -- Bâtons conducteurs
teuses mobiles rendent certainement des services plus étendus.
pour animaux rétifs.
au chevalet. — Les epis sont frappés
sur un tonneau ou une pièce de bois por- t. A chaîne, 2. A porte-mousqueton. Les progrès les plus récents du battage mécanique tiennent surtout ä
tée par quatre pieds. Méthode extrême- l'utilisation de la force motrice adoptée (moteur ä explosion, électricité) et
ment lente .qui ne présentait d'intérêt que pour la préparation des pailles ä la meilleure forme d'emploi du matériel suivant les circonstances (indivi-
de choix (seigle). dualisation, coopération, entreprise).
Battage au fléau. — La céréale, déliée et étendue sur une aire, est frappée Le débit des machines ä battre varie dans des limites très grandes ; cm
alternativement sur les deux faces. L'opération a lieu en plein air (fig,. 496), peut indiquer les termes de comparaison suivants :
ou plus fréquemment en grange. La paille obtenue, peu meurtrie, contient en- Machine ä bras ....................................... 300 450 kilogrammes de blé par Jour, 130
core de 5 à. 8 pour 100 du grain. Un ouvrier peut battre de 450 kilogrammes ........ä 180 gerbes.
ä 850 kilogrammes de gerbes, correspondant ä 180-240 litres de blé, 350- Batteuse plan incliné 7 ä 8 quintaux 2 ou 3 personnes.
500 litres d'avoine. Batteuse ä manège, 2 chevaux ............... 15 ä 25 quintaux 7 ou 8 personnes.
Locobatteuse, 4 chevaux, sans nettoyage 20 ä 25 quintaux 18 ä 25 personnes.
Dépiquage. — On fait agir sur la céréale le pied des animaux (chevaux Machine en bout, simple nettoyage ......... 40 60 quintaux 8 ä 10 personnes.
ou bœufs), ou des rouleaux cylindriques ou tronconiques en pierre dure ou Machine ä grand travail, 8 ä 10 chevaux 120 ä 180 quintaux 15 20 personnes.
en fonte (ceux-ci ä surface lisse ou cannelée) ou en bois armés de pointes 7 000 8 000 gerbes de 6 ä 7 kilogrammes.
BATTEUSE 150

FIG. 498. — Chantier de battage en plein air.

Le battage à l'entreprise est payé soit à l'heure (2 hommes non nourris culture et principalement des céréales ( fig. 499). La batteuse produit l'égre-
fournis), soit à l'hectolitre ou au quintal ; dans les deux cas, le personnel, la nage en froissant les épis entre une pièce mobile, animée d'un mouvement
nourriture des deux hommes de l'entrepreneur, le charbon, le transport de de rotation très rapide, appelée batteur, et une pièce fixe appelée contre-
l'eau sont à la charge du cultivateur. On paye parfois à la tâche une équipe batteur. A ces organes essentiels on adjoint, sur les batteuses actionnées
travaillant toute l'année à la machine fixe. par des moteurs, des secoueurs-éjecteurs de paille, et un ou deux tarares-
Le battage par les moyens propres de l'exploitation permet de réaliser une nettoyeurs, parfois aussi un trieur-calibreur de grains,
légère économie, laissant en méme temps une grande latitude quant à l'épo- On distingue deux catégories de machines à battre :
que d'exécution. L'emploi du moteur à gaz •pauvre, de l'électricité surtout, Batteuses en bout ou en long. La paille étalée est engagée perpen-

assure un abaissement de 10 à 20 pour 100 sur le prix du battage à la vapeur. diculairement à l'axe de rotation du batteur. Celui-ci est court ( 0m,50-0m,80).
Quant à la coopération, elle présente des avantages au moins équivalents ; La paille est brisée.
aussi sa généralisation est-elle désirable, à la condition que le règlement Batteuses en travers ( fig. 499, 500). — La gerbe est engagée parallèle-
d'emploi soit établi très équitablement. ment à l'axe du batteur, dont la longueur égale celle de la paille (1m,20 à
La machine à battre ne laisse que de 0,8 à 2 pour 100 du grain dans la 2 mètres). La paille est beaucoup moins abimée. Les batteuses en travers
paille ; la valeur du grain ainsi récupéré ajoutée au prix du battage au fléau sont de beaucoup les plus employées.
ou à celui du dépiquage fait ressortir très nettement la supériorité de la Le batteur est constitué par un cylindre creux porté par un axe hori-
machine. zontal. La surface du cylindre est garnie de lattes ou battes disposées sui-
Battage des légumineuses. — Les légumineuses (trèfle, luzerne, minette) vant des génératrices équidistantes. Le batteur est en acier. Les battes sont
possèdent des semences de petite dimension, de forme aplatie, qui sont formées d'une armature en bois sur laquelle on boulonne des cornières en
logées dans des gousses résistantes, et si la séparation des fruits d'avec les fer ou en acier laminé.
tiges — éballage ou ébourrage — s'effectue facilement, soit au fléau (de pré- Le batteur américain du type dit « d'Atkinson » est constitué par un
férence sur une bâche), soit à la machine à battre ordinaire, des operations cylindre garni de chevilles radiales ou légèrement inclinées par rapport
spéciales sont nécessaires pour extraire les graines de ces fruits. au rayon (batteur à chevilles, à peignes, à pointes, etc.). A cause de son
Dans cette deuxième partie de l'égrenage ou ébossage, on frappe très mouvement de rotation très rapide (800-1 200 tours par minute), le batteur
violemment au fléau ou l'on fait passer la bourre entre deux meules ; des doit être soigneusement équilibré. En outre, les paliers de soutien de l'axe
ébosseuses mécaniques permettent d'aller beaucoup plus vite. Enfin, il existe doivent être bien ajustés et abondamment lubrifiés.
des machines à grand travail qui groupent sur le même bâti les organes Le contre-batteur enveloppe le batteur sur le tiers environ de sa circon-
réalisant l'éballage et l'ébossage ; complétées par des appareils de nettoyage, férence . Le contre-batteur, dont la position par rapport au batteur est
ces batteuses fournissent des graines nues dont la préparation est complétée réglable, peut être plein ou à claire-voie. Il porte des barres saillantes
par le criblage. parallèles à l'axe du batteur ou contre-battes. Les contre-batteurs amé-
Organisation d'un chantier de battage (fig. 498). — L'horizontalité de ricains portent des chevilles entre lesquelles doivent passer celles du
la machine doit être rigoureusement assurée. Les roues sont placées sur batteur.
cales, afin d'éviter tout déplacement du fait des trépidations en marche. (La Les céréales étendues sur une table sont poussées vers le batteur et
batteuse au repos doit également être installée hori-
zontalement, afin d'éviter que les bois des bâtis ne
jouent dissymétriquement.)
Le plus généralement l'entrepreneur fournit le
mécanicien chargé de la conduite du moteur et de la
surveillance de la batteuse (graissage des paliers,
réglage des courroies, etc.) et l'engreneur. Le travail
de l'engrenage règle celui de tout le chantier, et peut
faire varier du simple au double le rendement de la
machine. L'introduction d'une trop grande quantité
de gerbes risque de faire bourrer le batteur.
L'engreneur s'installe sur le « pont », plate-forme
latérale horizontale fixée à mi-hauteur de la batteuse.
(Le pont est monté sur charnières permettant son
relevage en transport.) L'engrenage automatique a
été réalisé dans certaines machines. Dans d'autres, un
dispositif de sécurité est prévu. On met ainsi les ou-
vriers à l'abri des accidents graves qui peuvent par-
fois résulter de leurs imprudences. L'engreneur est
servi par 3 ouvriers : l'un qui reçoit les gerbes, l'autre
qui sectionne le lien, et le troisième qui étale la paille
avant engrenage ; 2 ouvriers retirent et enlèvent les
poussières et les menus déchets, 2 autres pèsent les
sacs et les emportent, 2 ouvriers retirent la paille à
sa sortie des secoueurs ; enfin, un certain nombre de
manoeuvres, hommes ou femmes (de 5 à 10 suivant les
circonstances), apportent les gerbes à la batteuse et
assurent l'enlèvement de la paille. Soit, pour tout le
chantier, de 16 à 20 personnes (dont un tiers de femmes
environ)
Batteuse (Syli. MACHINE A BATTRE). — Machine
destinée a l'égrenage mécanique des plantes de grande FIG. 499. — Schéma d'une batteuse â double nettoyage.
151 BA TTEUSE

FIG. 500. — Types divers de batteuses.

entraînées par celui-ci. Les épis sont froissés, en particulier au passage piration produite par le mouvement rapide du batteur. Ce premier nettoyage
des battes et des contre-battes qui sont en saillie. On règle l'égrenage avec ne fournit que du grain insuffisamment propre et nullement trié. Avant la
précaution en faisant varier la position du contre-batteur par rapport au vente, il serait nécessaire de le nettoyer à nouveau. A tous point de vue, il est
batteur ? en serrant trop, on brise les grains ; en serrant insuffisamment, on préférable de faire exécuter ce travail par la batteuse même et d'utiliser
égrène incomplètement. La paille est entraînée par des secoueurs, ou demoi- des machines à grand travail et à double nettoyage.
selles, actionnés par un excentrique et un vilebrequin qui impriment un Le grain, qui est peu à peu descendu à la partie inférieure de la machine,
mouvement alternatif dans un plan perpendiculaire à l'axe du batteur. doit d'abord être remonté, généralement par une chaîne à godets (courroie
Les secoueurs sont constitués par deux flasques en bois, longues et étroites, sur laquelle sont fixés des petits godets en fer-blanc), quelquefois par un
espacées d'une vingtaine de centimètres et réunies par une série de lames centrifugeur dont les palettes projettent le grain avec une grande vitesse.
de bois perpendiculaires aux flasques, disposées à la manière des battes de Le centrifugeur qui necessite une plus grande force et casse parfois le grain
persiennes et entre lesquelles peut passer le grain. est assez peu répandu.
La paille lancée par le batteur chemine rapidement vers l'extérieur, où Ramene a la partie supérieure de la machine, le grain contient encore :
les ouvriers la saisissent pour la mettre en meule, ou la lier en bottes. On 1° des pierres ;• 2° des grains légers; 3° des barbes. — L'ébarbeur dans
emploie couramment des dispositifs spéciaux qui permettent, soit d'élever lequel les grains s'engagent est constitué par un cylindre plein, armé de
automatiquement la paille et de monter les meules (élévateurs de paille, couteaux non tranchants, et qui tourne à vitesse réduite (150 tours par mi-
fig. 500, 6), soit de lier en bottes (mécanisme analogue à celui des mois- nute) à l'intérieur d'une enveloppe cannelée en fonte. Le choc des couteaux
sonneuses-lieuses), soit même de presser la paille à la sortie de la batteuse. détermine la rupture des barbes et des bouts charbonnés ou cariés des
Le grain, recueilli par deux tables inclinées en sens inverse, placées en grains. L'ébarbeur n'est utile que pour le battage du blé barbu et principa-
dessous l'une du contre-batteur, l'autre des secoueurs, contient des pous- lement de l'orge. En enlevant la courroie de 1 agitateur, on peut immobi-
sières, des impuretés : liser cet organe lorsqu'on traite les autres céréales.
1° Les balles : menus fragments, glumes ou glumelles, assez légers pour Le grain est reçu par le second tarare, de dimensions beaucoup plus
passer à travers le contre-batteur ; réduites que le premier. Le courant d'air du ventilateur est ici utilisé :
2° Les ôtons (ou bottons), déchets de paille, épis égrenés ou non égrenés 1° à nettoyer • 2° à trier les grains. Les poussières et les déchets minuscules
qui proviennent des secoueurs. Toutes ces matières sont amenées à une série sont plus influencés que les grains légers, ceux-ci nettement moins que les
de grilles en métal montées sur un cadré en bois, dont les orifices sont bons grains. Les pierres, plus lourdes encore, s'éliminent immédiatement
calibrés suivant la céréale à battre ; toutes les impuretés quelque peu volu- Le dernier triage est souvent assuré par un crible rotatif ; cylindre à
mineuses et la plupart des ôtons sont ainsi éliminés. claire-voie, dont les ouvertures sont de dimensions réglables par écarte-
Ce qui a traversé les grilles est soumis alors à l'action d'un ventilateur ment ou retrécissement des spires d'un long fil de fer enroulé autour du
puissant qui enlève les éléments légers : poussières, balles, etc., et les re- cylindre ; on détermine plusieurs hélices de pas différents, qui assurent le
jette sur le côté de la batteuse. Dans quelques machines, les ôtons sont .re-' triage automatique des grains.
pris et ramenés au batteur, le plus souvent automatiquement, grâce à l'as- Cet appareil, simple et pratique, permet d'obtenir deux ou trois qualites
BATTUE — BEAUCE 152
de grain ; celui-ci, à sa sortie du crible, tombe dans de petites trémies qui Baudet. — Nom donné quelquefois à l'âne, dans une grande partie de
aboutissent ä des buses auxquelles sont fixés des sacs. Souvent ces sacs la France. Se ciit particulièrement de l'âne mâle ou de l'étalon 'destiné ä la
sont piqués sur des pointes. Il vaut mieux les placer entre la buse et un reproduction. On donne le nom de bourrailloux ou de guenilkux ( fig. 501)
loquet mobile qui les maintient par pression. Le sac se détériore ainsi beau- aux baudets du Poitou dont les poils, longs et agglomerés par la sueur, les
coup moins rapidement. poussières, pendent en lanières feutrées, d'aspect loqueteux. V. ANE.
Dans beaucoup de machines françaises, le crible rotatif est remplacé
par des cribles a mouvement alternatif que le grain traverse en recevant Baudouinage. Accouplement du baudet et de l'änesse.

l'action d'un courant d'air, ce qui suffit pour obtenir un grain marchand. Bauge. Lieu fangeux, le plus souvent dissimulé au milieu d'épais

Les batteuses sont actionnées le plus souvent par des moteurs ä vapeur fourrés, et dans lequel le sanglier se retire pendant le jour.
(locomobiles) ou à explosion. Certaines batteuses fixes fonctionnent électri-
quement. La puissance nécessaire varie de 3 ä 5 HP pour les batteuses ä Bavette. — Repli cutané aplati sur les côtés, situé au-dessous de la
simple nettoyage, de 6 à 20 HP pour les machines ä grand travail. Les bat- mandibule inférieure du bec chez certaines variétés de l'oie de Toulouse.
teuses à bras ou ä manége, qui présentent déjà certains avantages par rap- La bavette est recouverte de plumes et renferme très peu de graisse. V. OIE.
port au fléau primitif, ne sont guère employées que dans les régions mon- Bazadaise (Race). — Race bovine ( fig. 502) qui, de l'arrondissement de
tagneuses et dans les petites propriétés. Les batteuses ä simple nettoyage Bazas, s'étend dans les régions voisines des départements de la Gironde,
nécessitent une puissance moindre ; en outre elles se déplacent plus facile- des Landes, du Gers, du Lot-et-Garonne et de la Haute-Garonne.
ment : d'où leur utilisation en pays accidentés. Description. — Tête large et courte ; orbites saillantes chez la femelle ;
Les battages se font généralement ä l'entreprise, exception faite pour les cornes fortes, à coupe ovoïde, rabattues en croissant ou légèrement rele-
grosses propriétés de céréales (Brie, Beauce, Nord, Limagne, Afrique du vées ä l'extrémité. Poitrine ample et profonde, peu de sangle ; encolure forte,
Nord), qui posSèdent chacune leur batteuse. L'entrepreneur prend ce tra- ligne de dos droite ; arrière-train moins développé ; attache de queue un peu
vail a prix fait « aux 100 kilogrammes ; le plus souvent le prix établi est saillante. Membres courts et trapus ; bons aplombs ; taille moyenne. Peau
le même pour toutes les céréales. épaisse, mais souple. Robe blaireau, gris clair, nuancée de froment chez la
Le prix de revient du battage, essentiellement variable suivant la ma- femelle ; charbonnée, chez le taureau, sur le chanfrein, le front, l'encolure,
chine employée, le moteur utilisé, la qualité de la récolte, etc..., oscille entre avec pommelures plus foncées sur le corps. Muqueuses roses, claires ou
1 franc et 4 firancs les 100 kilo-
grammes. Une batteuse ä grand tra-
vail coûte de 4 000 francs à 10 000
francs et le capital engagé doit être
amorfi en 10 ans.
On reproche aux batteuses, même
les plus perfectionnées, de ne jamais
extraire de la paille la totalité des
grains et, pratiquement, le déchet en
grain perdu, emporté avec la paille,
atteint 1 pour 100.
On donne le nom d'égreneuses aux
batteuses destinées l'égrenage du
mais.
Pour les graines fourragères, on em-
ploie des machines à battre dites
ébourreuses-ébosseuses (fig. 500,4),
qui séparent d'abord de la paille
les grappes ou les capitules con-
tenant les grailles (ébourrage) et en-
suite assurent l'ébossage ou égre-
nage proprement dit de la bourre. Le
grain est nettoyé par un, deux et
même quelquefois quatre tarares-ven-
tilateurs, et ensaché automatiquement
ensuite. Vu de face. FIG. 502. — Bazadais (vu de profil). Vu d'arrière.
Les batteuses ä graines fourragères
sont de dimensions identiques ä celles destinées au battage des céréales. La jaunâtres, sans taches blanches ou fauves. Yeux entourés d'une auréole
puissance nécessaire ä leur fonctionnement varie de 5 ä 10 HP. rosée, garnie de poils gris très clairs.
Aptitudes. Belle conformation ; excellente race pour la boucherie ;
Battue. Chasse ou plutôt marche exécutée soit en plaine, soit sous


convient aussi pour le travail. Les vaches travaillent plus que les bceufs
bois par des batteurs ou rabatteurs qui délogent le gibier de ses remises qu'on engraisse.
par le bruit qu'ils provoquent, les cris qu'ils poussent, et le font fuir devant Améliorations. Les efforts réunis de la société du herd-book bazadais,
eux dans la direction d'une ligne où sont postés des tireurs à l'affût.

du comice agricole de Bazas, des conseils généraux de la Gironde et des


La chasse en battue est, ä proprement parler, plutôt un exercice de tir Landes permettent de poursuivre sérieusement l'amélioration de cette race.
qu'une chasse, puisque le gibier est amené ä proximité des chasseurs immo- Il conviendrait d'encourager l'élevage et l'entretien exclusif de taureaux de
biles. Il arrive cependant que, dans les battues marchantes, des chasseurs choix sur toute la zone d'extension de la race et principalement sur les
avancent en même temps que les batteurs. confins de son aire géographique.
Quels qu'en soient le but et l'organisation, la battue exige des précautions
minutieuses de la part de celui qui la dirige et une discipline rigoureuse de Béarnaise (Race ovine). — La population ovine du versant français
tous ceux qui sont appelés ä y participer ä un titre quekonque ; car les acci- des Pyrénées est de taille et de poids variables suivant la fertilité des patu-
dents et les méprises y sont toujours a redouter. rages ; dans le Béarn, les moutons sont de.plus grande taille (Ora,65 ä 0m,75)
Les battues pratiquées en vue de détruire les animaux malfaisants (loups, que dans les Hautes-Pyrénées et dans l'Ariege.
renards, sangliers) sont réglementées par une législation spéciale. Description. — Tête forte ä chanfrein très busqué, face étroite, allongée,
Les particuliers, sur leurs terres, peuvent librement organiser des battues. cornes fortes, spiralées ; membres haut; toison grossière, blanche, rousse
De leur côté; les maires. peuvent ordonner des battues en temps ordinaire ou brune, en mèches longues et pointues, faiblement ondulées. La variété
avec l'assentiment des propriétaires ou des preneurs de baux de chasse. En basque est ä toison généralement blanche ; la variété de Saint-Girons
temps de neige, après mise en demeure ä ces derniers, ils peuvent se subs- (Ariège) a un profil très busqué et une laine rousse ; la variété du Manech
tituer ä ceux-ci et faire appel aux habitants de la commune. (Basses-Pyrénées) est de taille plus petite, ä tête brune ou mouchetée.
Enfin, des battues préfectorales peuvent avoir lieu en tout temps, d'accord Aptitudes. — Les moutons béarnais ou des Pyrénées ont des aptitudes
avec les agents forestiers et sous leur surveillance. mixtes ; viande de bonne qualité ; poids vif variant de 40 55 kilogrammes ;
quelques troupeaux
sont exploités pour
leur fait, dont on fait
des fromages qui sont
transportés pour l'af-
finage dans les caves
de Roquefort.
Béarnaise (Race
bovine). — V. BAS-
QUAISE (Race).
Beauce.--: Région
de France qui s'étend
sur les départements
d'Eure-et-Loir, Loir-
et-Cher, Loiret, Seine-
et-Oise, et qui est
constituée par une im-
mense plaine cultivée
principalement en
blé.
Beauce ( Chien
de). — Belle race fran-
Phot. Y. Mägnin.
çaise de chien de ber-
ger. V. CHIEN. FIG. 503. — Chien de berger beauceron.
Le beauceron (fig.
503) est un chien ä poil court, de forte taille (0m,60 ä 0m,70 à l'épaule) très
solide, bien charpenté et bien musclé. Il est ergoté double aux patte:s de
FIG. 501. — Baudet bourraillouz. derrière.
153 BEAUJOLAIS — BÊCHAGE
Le type pur répond aux indications suivante : tête longue, front plat, (mouettes, albatros) ou long, plat, recourbé en crochet et pourvu d'une vaste
cassure du nez peu marquée, museau bien allongé, nez toujours noir ; dents poche entre les branches écartées de la mandibule inférieure (pélican). Chez
blanches, s'adaptant parfaitement ; poitrine profonde et large, bien descen- les canards, il est large et garni de lamelles sur les bords (lamellirostres),
due ; dos droit, croupe peu inclinée ; pattes bien musclées ä forte ossature ; denticulé chez les harles, haut et comprimé latéralement chez les macareux.
aplombs réguliers pieds forts, ongles noirs, sole dure ; queue entière for- Les échassiers ont en général un bec long (longirostres) ; mais il est tantôt
mant crochet ä l'exit-imité et portée bas de préférence ; oreilles courtes non grêle et droit ou arqué (ibis, bécasse, avocette), tantôt long et fort (cigogne,
tombantes si elles sont laissées naturelles, portées droites si elles sont cou- marabout), tantöt enfin assez court (grues) ; il peut aussi affecter des formes
pées : poil ras ä la tête (les poils longs ä la face ou ébourriffés entraînent étranges, comme chez le flamant, être aplati sur toute sa longueur et élargi
disqualification), court, rude, mais lisse sur le corps et la queue, qui est lé- en spatule ä l'extrémité, comme chez l'oiseau que cette forme même a servi
gèrement frangée. La robe est noire ou noire et feu (bas rouges), fauve, ä baptiser (spatule).
fauve charbonné, grise, danoisée (gris avec taches noires). On s'accorde ä On nomme aussi bec le prolongement corné des lèvres chez les tortues.
donner la préférence aux robes foncées. Comme son congénère de Brie, le Enfin le museau allongé et aplati de l'ornithorynque, ce curieux mammi-
beauceron possède ä un degré très développé la vigilance, le courage, la fére océanien, est analogue au bec du canard.
robustesse et le flair. Son dressage est facile.
Bécasfe. — Genre d'oiseaux échassiers du groupe des longirostres
Beaujolais. Région viticole du département du Rhône, comprise
— (fig. 505). Le genre bécasse proprement dit (scolopax) est caractérisé par le
dans l'arrondissement de Villefranche et dont Beaujeu était l'ancienne capi- bec long, arrondi ä la pointe ; des jambes courtes et robustes, emplumées
tale. Les communes de Juliénas, Chinas, Fleurie, Villié-Morgon, Saint- jusqu'au tarse, lequel est long ; un ongle court au doigt postérieur. Il com-
Lager, Odenas, forment un vignoble qui est, en somme, la continuation du prend principalement la bécasse commune (scolopax rusticola). Le plu-
vignoble mäconnais. On y récolte de bons vins rouges ordinaires. Ville- • mage est très.varié : le haut de la tête, le cou, le dos, le dessus des ailes ont
franche, Anse, Bois-d'Qingt, récoltent des vins de moins bonne qualité. des couleurs melangées de marron, de
noir et de gris ; on distingue quatre larges
Bec. — Partie saillante et cornée qui termine en avant la tête des oiseaux bandes noires transversales sur le cou,
et remplace chez eux le système dentaire. et une petite bande de même couleur sur
A l'aide du bec, les oiseaux saisissent leur nourriture, brisent les graines, la tête. La bécasse monte mal, mais elle
déchirent leur proie ; quelques-uns s'en servent pour s'accrocher et grimper. court assez vite ; son vol quoique rapide
Une nomenclature rapide montrera combien le bec est un organe extra- est peu soutenu. Elle se nourrit d'in-
ordinairement varie de forme ( fig. 504) : chez les rapaces il est court, sectes, de vers, de limaces. La femelle
arqué, crochu, ä bords tranchants souvent munis d'une denticulation de construit son nid au pied d'un arbre et
chaque côté en haut, éminemment propre en un mot ä déchiqueter des chairs. y pond quatre ou cinq ceufs d'un gris
Les perroquets ont un bec analogue, mais plus grand et ä bords moins cou- roussätre. avec des taches brunes, un peu
pants ; ils s'en servent pour casser les graines et aussi pour grimper. moins gros que ceux des pigeons. La
Dans le groupe des passereaux, le bec est tantöt court et robuste, comme bécasse commune est fort retherchée
chez les granivores ou conirostres (moineau, gros-bec), tantôt il est plus long, pour la délicatesse de sa chair
La bécasse est un oiseau de passage,
qui habite les montagnes boisées du nord
de l'Europe, d'où elle descend dès les
premiers froids (octobre), pour continuer FIG. 505 — Bécasse.
son voyage vers le sud, ä la fin de no-
vembre. Les bécasses remontent vers le nord en mars, et leur séjour ä ce
second passage est ä peu près de deux mois ; elles sont alors grasses ä
souhait. Quelques bécasses sont sédentaires dans les forêts du centre et du
nord de la France. C'est dans les fonds boisés humides et même marécageux,
dans les grandes haies peuplées de vieux chênes, le long des prairies et des
ruisseaux en versants bien exposés, les futaies ou les hauts perchis ä Cou-
vert épais, dont le sol possède une épaisse couverture de terreau et de
feuilles qu'on rencontre le plus souvent les bécasses.
Ou les chasse au chien d'arrêt, en battue, ä l'affût (ä. la passée, ä la croule,
au gué) ; mais dans les pays où les passages sont abondants et réguliers,
les braconniers font ä la bécasse une chasse (collets, lacets, pantières) qui a
largement contribué ä raréfier ce gibier de choix.
Bécasseau. — Oiseau échassier du genre des bécasses, de petite taille,
avec le cou court, le bec assez long, pointe large, molle et flexible, cou-
rant par paires, ordinairement au bord des eaux, des étangs fangeux, et
volant rapidement sans s'éloigner. L'espèce la plus connue est le bécasseatz
maubéche, de Om,25 de longueur environ : il vit en été dans les marais au
printemps et ä l'automne sur les bords de la mer et passe en France d'eux
fois l'an, au printemps et ä l'automne.
On donne aussi le nom de bécasseaux aux jeunes bécasses.
Bécassine. — Oiseau de passage (fig. 506), un peu plus petit que la
bécasse, dont il diffère encore par ses mœurs. Fuyant les lisières des
bois, ne se plaisant que dans les ter-
rains découverts et de grande étendue,
les prairies humides, les bécassines se
trouvent tantôt isolées, tantöt par couples ;
dans les temps pluvieux ou humides, elles
se réunissent, mais sont alors plus difficiles
ä approcher, et partent toutes ä la fois.
Chasse. — Par suite des brusques cro-
chets qu'elle exécute en s'envolant, de
ses minces proportions corporelles, le tir
de la bécassine est peut-être le plus diffi-
cile qu'il soit C'est surtout avec la bécas-
sine qu'un chien sage, bien dressé, ayant
bon nez, ne craignant pas la fatigue, est
nécessaire.
C'est par les temps clairs, avec absence
de vent, que le chasseur aura le plus de
chances. Comme la bécasse, la bécassine FIG. 506. — Bécassine.
vole contre le vent, s'élevant rapidement
après avoir fait coup sur coup deux ou trois crochets irréguliers. La chasse
peut se pratiquer au printemps, avec une autorisation, et ä l'automne.
Bécat. — Sorte de bêche ä deux dents larges, qu'on utilise dans les ter-
FlG. 504. — Diverses formes de becs. rains rocailleux inaccessibles ä la bêche ordinaire et clang ceux où il faut
I. Perroquet; 2. Aigle ; 3. Engoulevent; 4. blr..s-bec; 6. C vbeau ; 6. Rossignol; 7. Bec-croisé;
ménager certaines plantes occupant le terrain.
8. PClican; 9. Toucan; IO. Piaulant; II. Pigeon; 12. Autruche; 13. Canard Souchet ; 14. Apteryx;
16. Avocette; 16. Ornithorynque; 17. Tortue. Bec -croisé. — Genre de passereaux conirostres, renfermant des pinsons
dont les mandibules du bec se dirigent chacune d'un côté et sont croisées ä
leur extrémité (fig. 504, 7). Les becs-croisés sont de petite taille, ä plumage
pointu et muni d'une petite échancrure ä l'extrémité, comme chez les insec- vert et brun avec des teintes très vives chez les mâles. Ils habitent en géné-
tivores ou dentirostres (fauvette, pie-grièche). D'autres oiseaux qui sont ral les forêts de résineux de l'hémisphère nord. Ils sont considérés comme
également insectivores mais capturent leur proie au vol ont le bec large- oiseaux utiles.
ment fendu (fissirostres) : c'est le cas des hirondelles, martinets, engoule-
vents. Le bec est grêle et long chez les oiseaux ténuirostres qui doivent Becfigue. — Nom vulgaire de diverses espèces'de passereaux que l'on
chercher les insectes dans les trous, sous les pierres ou les écorces (huppe, chasse en automne pour leur chair délicate engraissée de raisins et de
grimpereau) ; celui du martin-pêcheur et celui du pic sont coniques et figues. (Gobe-mouches, pipis des arbres, fauvettes des jardins etc. sont
pointus. Il atteint des dimensions extraordinaires chez les toucans. massacrés sous ce nom de a becfigues » dans les régions méridional'es, au
Les pigeons ont un bec faible un peu renflé ä la base et recouvert grand dommage de l'agriculture.) -
d'une peau molle qui se développe parfois en excroissances assez volumi- Bec -fin (ornith.). — Groupe d'oiseaux passereaux chanteurs comprenant
neuses. surtout des oiseaux insectivores très utiles. Parmi eux nous citerons les ber-
Les gallinacés (coq, faisan, dindon) ont un bec court et robuste qui leur gerondettes, fauvettes, mésanges, roitelets, rossignols, rubiettes, traquets, etc.
permet de s'attaquer aux nourritures les plus variées. Dans l'ordre des pal-
mipèdes, la forme est très variable encore : il peut être long et crochu Bêchage. — Labour pratiqué avec la bêche.
BÊCHE — BELETTE 154

Bêche. — Instrument de culture formé d'un fer trapézoidal légèrement leurs tiges chaque année et se conservent par leurs tubercules vivaces, qui
cintré dans le sens transversal, tranchant à sa partie inférieure et émettent de nouvelles pousses au printemps ; d'autres soutiennent leur
muni d'une douille où s'engage un manche droit (fig. 507). végétation et développent
La bêche est par excellence l'outil des labours soignés leurs fleurs jusque pen-
qu'exige le jardinage. Sa forme et ses dimensions sont variables dant l'hiver..
suivant les régions, comme aussi les . appellations qu'on lui culture. — Les bégo-
donne (béchet, béchot, l'échelon, béchotte, bécheton, etc.). La nias réclament une terre
forme la plus employée est un fer plein de 24 30 centimètres de bruyère mélangée de
de hauteur, sur une largeur de 22 à la partie portant la douille terreau et de bonne terre
et 20 au tranchant. de jardin. La multiplica-
Le manche a de 75 centimètres à 1m,20 de longueur et se tion de ces plantes se fait
termine soit par un arrondi, soit par une béquille ou une poi- par boutures ou par éclats
gnée évidée. des tiges latérales, se
Le louchet est une bêche étroite, dont la hauteur atteint jus- trouvant parfois à côté
qu'à 35 centimètres, pour 10 ou 15 centimètres seulement de de la tige principale. Pen-
tranchant ;il sert à l'arrachage des betteraves et au creusement dant la végétation, des
des tranchées de drainage. arrosages copieux sont
Dans les terrains compacts ou rocailleux, on fait usage de nécessaires. Les bégonias
bêches à tranchant rétréci ou de bêches évidées (bêches four- ne résistent ordinaire-
chues ou bélats). ment pas au froid : ils
doivent passer l'hiver en
Becqueriau (méd. vétér.). — Maladie du mouton et de la serre chaude.
chèvre. V. CHANCRE des lèvres. Les bégonias tubéreux
hybrides, les plus ré-
Bédégar ou Bédéguar . — Galle chevelue (fig. 508) que pandus aujourd'hui, se
l'on trouve sur les rosiers et les églantiers et qui est produite multiplient par tuber-
par la piqûre d'un insecte hyménoptère , le cynips de la cules ou semis; les tuber-
rose. -
cules se conservent au
Le bédégar, qui rentre dans la catégorie des entomocécidies, FIG. 507. sec et à nu tout l'hiver.
se développe sur diverses parties (tiges, feuilles, fruits) du ro- Bêche Ils doivent être mis en
sier, mais surtout de l'églantier. ordinaire. végétation au début du
Le cynips pique le végétal pour y déposer ses œufs ; les printemps : on les dis-
larves se développent ensuite dans les tissus (qui ont formé une excoria- pose d'abord sur une
tion) et y vivent jusqu'au moment où elles deviennent des insectes parfaits. banquette de terre, pour
Les bédégars ont une faire sortir le bourgeon
couleur vert rougeâtre, et central, puis on les re-
l'on en a vu atteindre la pique sur une petite cou-
grosseur d'un oeuf de poule ; che ou en des godets.
l'ancienne médecine leur FIG. 510. Bégonia tubéreux hybride.
Lorsqu'ils ont développé
accordait de grandes ver- leurs premières feuilles
tus curatives. et sont bien enracinés,
On les détruit en les on les met à demeure en
brûlant. pleine terre à Om,20-0m,30
Bégonia ou Bégonia. d'écartement ou parfois
— Genre de plantes, type de on les rempote dans des
la famille des bégoniacées pots moyens. A l'automne,
( fig. 509). On les appelle on coupe leurs tiges, on
communement oseille sau- les déplante, on fait sé-
vage dans les colonies. cher les tubercules sous
On connaît plus de 400 an hangar et on les rentre
espèces de bégonias, toutes en serre d'orangerie.
remarquables par leur port De nos jours, la multi-
élégant et leurs jolies fleurs plication par semis de bé-
blanches, rouges ou roses, gonias hybrides tend à se
leurs feuilles alternes, di- propager de plus en plus ;
versement colorées, à ner- lesemis s'effectue auprin-
vures palmées, à deux sti- temps , en serre ou sur
pules larges presque axil- couche (terre de bruyère).
laires. Les bégonias sont Le semis n'est pas recou-
cultivés en grand nombre vert. Lorsque les jeunes
dans nos jardins et dans plants sont assez bien for-
nos serres : quelques es- més, on les repique sous
pèces sont même suscepti- châssis; ils donnent de pe-
bles d'être appliquées à l'é- tits tubercules qu'ontraite
conomie domestique et à l'année suivante comme FIG. 511. —Bégonia toujours fleuri.
l'art médical. Le bégonia des tubercules adultes.
luisant a des feuilles et des Bégu . Cheval dont les incisives ont conservé un sillon particulier qui
jeunes pousses douées d'une s'efface d'ordinaire vers l'âge de douze ans. V. AGE .
FIG. 508. — Bédégars sur églantier.
acidité comparable à celle
de l'oseille, et employées en Belette. — Petit mammifère carnassier du genre putois ; son nom scien-
Amérique aux mêmes usages que cette dernière plante dans nos climats. tifique est putorius vulgaris (fig. 512 et p1. en couleurs ANIMAUX NUI-
SIBLES). La belette est d'un brun rougeâtre en dessus, le ventre est blanc ;
Espèces ou variétés. —
Parmi les principales es- mais, en hiver, toute la robe devient blanche ou jaunâtre. On a décrit
pèces ou variétés, nous si- comme espèces des variétés jaunâtres ou plus claires. La belette habite toutes
gnalerons les bégonias à les régions tempérées de l'ancien monde, depuis l'Inde jusqu'au nord de
feuilles marbrées ( fig. 509) l'Afrique. Très audacieuse, elle vit autour des lieux habités et fait la chasse
[ begonia rex ] ; les bégonias aux souris, aux taupes, mais pénètre dans les poulaillers et saigne la
hybrides tubéreux (bégo-
nias simples, doubles, à
grandes fleurs [ fig. 510],
superbe, phénomène, dou-
ble, Rosamonde, multiflore,
abondance de Boissy), si
précieux pour orner les
plates - bandes, corbeilles
dans les endroits mi-om-
bragés, en terre meuble•et
humifère; les bégonias in-
termédiaires (bégonias de
Bolivie, bégonias à feuil-
les variables, bégonias de
Worth, de Bertin, de
Veitch, de Davis, de Pearce,
de Froebel, etc.) ; les bégo-
nias demi-hivernants (bé-
gonias de Velton, de Drege,
etc.) ; les bégonias à végéta-
tion continue (bégonias tou-
jours fleuris) [ fig. 511], à
fleurs de rosier, à fleurs de
fuchsia, à feuilles de châ-
taignier, à feuilles dorées,
à feuilles rouges, etc. FIG. 509. — Bégonia à feuilles marbrées.
Quelques espèces perdent A. Groupe de fleurs; B. Fruit. FIG. 512. — Belette et son terrier dans une carrière abandonnée.
155 BELGE — BÉLIER HYDRAULIQUE

volaille, les petits oiseaux et les lapins. La belette ne se tire pas au fusil ; Bélier. — Nom_ donné au mâle reproducteur dans l'espèce ovine
on se borne à la capturer ou à la tuer en faisant usage de traquenards ( fig. 515). Un bon bélier doit présenter au plus haut degré toutes les qua-
( V, ce mot), que l'on amorce avec des oeufs , dont elle est très avide. lités de la race à laquelle il appartient, tant sous le rapport de la confor-
mation et de la taille que sous
Belge (Cheval). — Race qui comprend trois variétés principales ou sous- celui de la toison. V. ACCOU-
races : l'ardennaise, la brabançonne et la condrozienne ; elle possède une PLEMENT. V. aussi BERGERIE,
aire de dispersion considérable qui embrasse toutes les provinces belges, MOUTON.
notamment les provinces de Luxembourg, de Liége et de Namur, le dépar-
tement français du Nord, et compte une population de 250000à 300000 su- Bélier (Lapin). — Race de
jets. V. pl. en couleurs CHEVALINES ( Races). lapins caractérisée par le dé-
Caractères généraux. — Toutes ces sous-races, qui diffèrent seulement veloppement extraordinaire
par la taille, le poids et le tempérament, ont les caractères généraux sui- des oreilles, qui pendent de
vants : tête forte et longue, quelque peu camuse, arcades orbitaires sail- chaque côté de la tête et traî-
lantes, oreilles longues, chanfrein concave, ganaches empâtées, lèvres nent à terre (V. pl. en cou-
grosses ; encolure volumineuse, garrot noyé ; dos légèrement ensellé ; rein leurs BASSE-COUR). La tète ,
court, épais et large ; croupe musclée, oblique ; poitrail large ; membres longue et relativement étroite,
est busquée, le corps volumi-
neux, la charpente osseuse très
développée. Le poids atteint
de 6 à 9 kilogrammes ; mais la
chair n'est pas très estimée.
La robe est ordinairement
grise, mais il y a des sujets FIG. 515. — Bélier mérinos
roux, noirs, blancs, pies, ar-
doisés ou bleus. On en distingue deux variétés : bélier anglais, bélier fran-
çais. En France, les béliers bleus sont les plus estimés. On élève ces lapins
surtout pour leur fourrure.
Bélier hydraulique. — On nomme coup de bélier le choc quise pro-
duit contre les parois d'un tuyau de distribution lorsque, après avoir laissé
couler l'eau, on ferme brusquement le robinet. La masse d'eau supérieure,
animée d'une certaine vitesse, doit la perdre instantanément, ce qui produit
un choc violent qui pourrait faire crever les tuyaux ou les désunirait
à la longue. Pour éviter ces inconvénients on a soin, dans les conduites
destinées à la distribution de l'eau, de ménager, au-dessus de chaque
robinet, un réservoir en forme de cloche, rempli d'air, qui, sous l'action
du choc produit, se comprime et l'amortit dans une proportion considé-
rable. La figure schématique 516 fera comprendre le principe du bélier
hydraulique.
Montgolfier eut le premier l'idée d'utiliser le choc de l'eau dans une con-
duite, le coup de bélier, pour forcer une-partie de la masse liquide à monter
à une hauteur plus considérable que la hauteur de chute. Il créa le bélier
hydraulique, très utilisé ( fig. 516) pour élever automatiquement et à des
hauteurs relativement considérables une partie de l'eau d'un ruisseau, d'un
D'apr Un docnwcutcauui. pal M. Leiter-Nypels. étang, afin d'alimenter une maison, etc. ( fig. 517).
FIG. 513. Brin d'or, L'eau du niveau d'amont arrive par un tuyau d'amenée muni de deux
étalon belge fameux dont la lignée est renommée. tubulures à soupapes A et B ; l'une de ces tubulures (A) est surmontée d'un
réservoir d'air portant le tuyau de refoulement, l'autre se termine en dé-
versoir, la soupape B restant ouverte par son propre poids.
musclés, osseux, à articulations très larges souvent empâtées, sabots, grands, Lorsque l'eau arrive dans le tuyau d'amenée, la soupape A ferme la
crins des fanons abondants ; taille variant de lm,50 à lm,70 ; robe baie, ale- tubulure du réservoir d'air, et la soupape B est ouverte par suite de son
zane, rouane ou aubère. propre poids ; l'eau s'écoule par le déversoir. La vitesse de sortie de l'eau
Aptitudes. — Le cheval brabançon, à formes massives, d'une taille attei- augmentant peu à
gnant jusqu'à 1m,70, du poids moyen de 800 à 1000 kilogrammes, est le type peu, l'eau, venant
du cheval de gros trait lent, apte à traîner les plus lourdes charges. d'un réservoir plus
Le cheval du Condroz est intermédiaire par son format entre l'énorme élevé que le tuyau
brabançon et l'ardennais plus léger. d'amenée, devient
L'ardennais, le plus petit, du poids moyen de 550 kilogrammes, a des bientôt suffisante
allures 'vives, souples et élastiques, un excellent tempérament. V. AR- pour soulever la
DENNAIS . soupape B, ce qui
Stud-book. — La. Société nationale du cheval de trait belge a établi un produit un arrêt
stud-book dans lequel sont inscrits les chevaux indigènes ayant le caractère brusque de la co-
de la race pure, après examen par une commission spéciale. lonne d'eau et, par
De plus, les étalons destinés à la reproduction sont soumis à une exper- suite, un coup de
tise devant une commission de cinq membres. bélier qui fait ou-
Commerce. — Le cheval belge fait l'objet d'un commerce considérable, vrir la soupape A.
surtout avec l'Allemagne et les Etats-Unis, qui n'importent pas moins tous L'eau peut alors en-
les ans de 25000 chevaux de trait et de 150 à 200 étalons. trer dans le réser-
C'est un cheval belge, Réve d'or, . qui a obtenu le prix du championnat voir en comprimant
des races de trait à l'Exposition internationale hippique de Paris, en 1900. l'air. Cet air com-
A côté de lui, Brin d'or ( fig 513), Indigène du Fosteau, Kléber du Fos-
. primé, agissant à son
teau, Prince du Chenoy, Infernal du Fosteau sont les étalons de tête qui tour sur l'eau, fait
ont le plus largement contribué à fonder la race et qui sont connus de fermer la soupape A
tous les éleveurs belges. et refoule l'eau dans
le tuyau d'élévation.
Belge (Chien).—Race de chiens de berger, rustique, de forte taille, compre- Quand l'eau n'a plus
nant essentiellement deux variétés bien distinctes : le variété à poil long et dans le tuyau d'a- FIG. 516. — Schéma du bélier hydraulique.
robe noire ( Grcenendael ) [ fig. 514] ; 2. variété à poil court, dur et robe menée une vitesse
gris cendré foncé fauve charbonné (Malinois), mais qui admet aujourd'hui suffisante pour con-
cinq variétés : chien tre-balancer le poids de la soupape B, cette soupape s'ouvre à nouveau et
à poil dur et robe fau- l'eau recommence à couler par le déversoir ainsi ouvert ; puis la vitesse
ve, chien à poil long d'arrivée de l'eau referme bientôt la soupape B, déterminant un deuxième
et robe fauve, chien coup de bélier dans le réservoir à air, et ainsi de suite.
à poil court et robe Le bélier doit être installé au point le plus bas possible ou même dans le
fauve, chien à poil bief d'aval, ce qui supprime la construction du canal de décharge des eaux
dur gris cendré, chien sortant du bélier.
à poil long et robe On construit des béliers hydrauliques de dimensions variables suivant le
noire. débit de la source ou du ruisseau d'amenée : depuis le bélier utilisant une
Toutes ces variétés, source très minime de 3 à 8 litres seulement par minute jusqu'au bélier
d'un dressage facile, employant un débit d'eau de plus de 2 000 litres par minute.
ont été beaucoup em- Le bélier ne donne de très bons rendements que pour des hauteurs mo-
ployées comme dérées d'élévation d'eau : ainsi, pour une chute d'eau de 0m,98 de hauteur et
chiens de police. d'un débit de 2000 litres environ par minute, le bélier élève 269 litres d'eau
En Belgique on uti- par minute à une hauteur de 4m,55 ; son travail est d'à peine un demi-
lise le chien commun cheval-vapeur et son rendement, excellent, est de 63 pour 100 de la force
à la traction de petits employée. A mesure que la différence entre la hauteur de chute et la han-
véhicules ( voitures teur d'élévation, d'eau augmente, le rendement diminue : si, par exemple, le
de laitiers, de maraî- rendement d'un bélier atteint 70 pour 100 lorsque la hauteur d'élévation de
chers), mais il n'y a l'eau n'est que trois à quatre fois la hauteur de chute, ce rendement s'abaisse
pas une race détermi- à 35 pour 100 quand la hauteur d'élévation est quinze fois celle de la chute
née de chiens de trait. d'eau ; il devient même nul, c'est-à-dire que le bélier ne donne plus d'eau.
On se borne à choisir lorsque la hauteur d'élévation est vingt-huit fois celle dé la chute.
des chiens de forte Le rendement des béliers dépend également de la longueur des tuyaux
taille et de solide mus- Phot Pierre Megnln .
de refoulement, des coudes brusques, du réglage . plus ou moins bien fait des
culature. V. CHIENS. FIG. 514. — Chien belge (berger Groenendael/. soupapes.
BELLADONE — BERCE 156

Conseils aux agriculteurs. — Pour l'achat d'un bélier, il faut fournir au Belle de nuit.
- - Nom vulgaire de la mirabilis jalapa, dont les fleurs

constructeur les renseignements suivants : hauteur de la chute, distance du s'épanouissent dans la soirée, un peu avant et après le coucher du soleil.
bélier à la prise d'eau, hauteur du refoulement entre le bélier et l'endroit Les fleurs sont rouges et jaunes ou panachées de blanc, de rouge et de jaune ;
elle fleurit dès le commencement de l'été jusqu'à l'automne. On la cultive
dans les jardins comme plante d'agrément ; elle demande une terre pro-
fonde. On la multiplie en mai, de semis en place et par touffes,
Belle face.
- — Se dit du cheval dont le chanfrein est orné d'une bande
de poils blancs. V. ROBE.

Béquille de sécurité. Appareil protecteur constitué par un tube


métallique télescopique terminé par une petite roue ( fig. 520), et qu'on

FIG. 520. — Béquille de sécurité adaptée à un tombereau.


A. Détail de la béquille.
FIG. 517. — Installation d'un bélier hydraulique.
dispose à l'avant des gros véhicules à deux roues (tombereaux, charrettes).
on doit arriver l'eau, distance du bélier à l'endroit où doit arriver l'eau, Il est muni d'un dispositif de réglage permettant de le fixer à hauteur conve-
débit de la source ou rivière, en litres, par minute ; la quantité d'eau que nable et qui a pour but de supprimer les efforts musculaires, souvent consi-
l'on désire élever par jour. Exiger du constructeur un contrat indiquant dérables, qu'ont à fournir les animaux attelés
le rendement exact de l'appareil en litres d'eau puisée et élevée à la hauteur pour soutenir le véhicule chargé. Son em-
indiquée. ploi rend les chutes impossibles.
Belladone. — Plante de la famille des solanées ( fig . 518 et planche Benzine (méd. vétér.). — Hydrocarbure
en-couleurs VÉNÉNEUSES [Plantes]) ; c'est une plante vivace, herbacée, dont
la tige peut atteindre volatil que l'on extrait du goudron de houille.
1m,50; ses feuilles al- La médecine vétérinaire l'emploie à l'exté-
ternes, ovales. aiguës, rieur comme antiparasitaire ou irritant
geminées,sont d'un vert pour produire des rubéfactions locales.
foncé et souvent iné- Berbéris . Genre d'arbrisseaux épi-

gales ; les fleurs, .grandes, neux à feuilles alternes ou fasciculées, a


solitaires, pendantes, ont fleurs en grappes ou en corymbes, appar-
une corolle d'un rouge tenant à la famille des berbéridacées (fig.
brunâtre, gamopétale, 521). Ils habitent les régions tempérées de
en forme de cloche, dont l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique ; on en
le limbe offre cinq divi- compte un grand nombre d'espèces, dont
sions courtes et obtuses. plus de trente sont cultivées dans les jardins.
Ces fleurs ne parais- Nous signalerons le berberis commun (épine-
sent qu'à la fin de juin, vinette ou vinettier). Au printemps, il se
en juillet et au commen- couvre de belles grappes de fleurs jaunes ;
cement d'août. Le fruit en automne, il produit des baies jaunes ou
est une baie globuleuse, rouges, d'une saveur aigrélette très agréable,
d'abordverte, puis rouge qui servent à faire des sirops, des gelées,
et noire, un peu aplatie, des confitures, des boissons rafraîchis- FIG. 521. — Berbéris commun.
marquée d'un léger sil- santes, etc. A. Fleur; B. l'étale et étamine.
lon, indiquant la place L'épine-vinette héberge un champignon
de la cloison intérieure. polymorphe, l'acidium berberidis, dont les
spores germent sur les feuilles des céréales et causent au printemps la rouille
linéaire des céréales (ure-
do linearis). A la fin de
l'été apparaît une nou-
velle forme de rouille à
spores noires ( puccinia
graminis ) ne pouvant ger-
mer et se reproduire chue
sur l'épine-vinette. C'est
donc une plante nuisible
qu'il faut plutôt détruire
Phot, Faideau . que propager.
FIG. 518. Belladone. A. Coupe du fruit; B. Graine.
— —
Berce. — Genre de
plantes de la famille dés
La belladone croît sur les montagnes, dans les fossés ombragés, le long ombellifères, de la tribu
des haies, dans les décombres et les taillis. Elle est vénéneuse dans toutes des peucédanées . (V. pl.
ses parties ; mais ce sont surtout ses baies qui sont en couleurs VÉNÉNEUSES
dangereuses, à cause de leur saveur douceâtre et [Plantes].) Les berces sont
de la ressemblance qu'elles offrent avec les ce- des herbes vivaces ou
rises ; aussi les cas d'empoisonnement par la bella- bisannuelles que l'on ren-
done sont-ils nombreux. contre dans les régions
Précautions à prendre. — Dans l'empoisonne- tempérées de l'hémisphère
ment par la belladone, comme par l'atropine, la di- boréal. L'espèce la plus
latation et l'immobilité des pupilles, la sécheresse connue est la berce brane-
de la gorge et le délire peuvent être considérés ursine (fig.522 ), ou grande
comme les symptômes les plus constants et les berce, ou berce de l'ouest,
plus caractéristiques. Pour combattre cet empoi- ou encore patte d'oie,
sonnement, faire évacuer le poison au moyen d'un berce des prés (heracleum
vomitif (chatouillement de la gorge, ipéca) en at- spondylum ), bisannuelle à
tendant l'arrivée d'un médecin ; stimuler le ma- feuilles larges et palmées,
lade avec du thé, du café fort et chaud, mettre des velues ; la tige atteint 1.0 ,20
sinapismes aux jambes, pratiquer au besoin la res- à t",50 ; les fleurs sont blan-
piration artificielle pendant deux heures, si c'est ches, formant de larges
nécessaire. ombelles et s'épanouissent
Belle de jour. Nom vulgaire du convolvulus
- - — vers juin, juillet Elles
Phot. Faideau .
ou liseron tricolore, plante annuelle qui s'épanouit constituent un fourrage
pendant le jour et se referme au coucher du soleil vert que les animaux do- FIG. 522. — Berce branc-ursine.
( fig. 519) ; aussi cultive-t-on cette plante dans les mestiques recherchent
endroits très ensoleillés. On la multiplie de semis en lorsque la plante est jeune. Mais c'est une plante vénéneuse quand.elle est
place et par touffes ;toutes les terres lui conviennent. FIG. 519. — Belle-de-jour, vieille, et qui, d'ailleurs, durcit rapidement. Elle se plaît dans les terrains
157 BERCEAU — BERGERIE

très humides et s'y montre très envahissante. Il faut la détruire et il suffit parfumerie et en confiserie. On se sert de leurs fleurs pour fabriquer de
pour éviter sa multiplication de la couper en avril et mai, avant l'épa- l'eau dite de « fleurs d'oranger » ; de la pulpe acide et aromatique de leurs
nouissement des fleurs. fruits, on retire l'essence de bergamote.
Nous pouvons citer comme ornementales : la berce de Perse ( heracleum C'est avec l'écorce desséchée des fruits du bergamotier ordinaire que l'on
Persicum), la berce pubescente (heracleum pubescens ), la berce Wilhems doublait autrefois de petites caisses
( heracleum Wilhemsii). à toilette et des boîtes à bonbons.
Berceau ( hort.). — Voûte de feuillage formée avec des arbres ou des Berger. — Personne chargée
plantes grimpantes ( fig . 523). On peut faire les berceaux de plusieurs ma- de la conduite, de la garde, de la
nières : surveillance et des soins d'un trou-
Berceaux circulaires. — Ils ont une seule ouverture et sont garnis peau de moutons ( fig. 526). La spé-
depuis le bas jusqu'au sommet. On emploie ordinairement à cet usage la culation moutonnière est intime-
charmille, dont la croissance est très rapide ; elle fournit en peu de temps ment liée aux capacités du berger,
une épaisse muraille (0m,15 à son habileté, à son savoir-faire
environ), qui se prête à et, ajoutons-le, à son honnêteté.
toutes les fantaisies des Le troupeau, dans les grandes
jardiniers. Ces berceaux fermes (300 à 500 moutons) repré-
sont humides et peu aérés ; sente un capital élevé, et c'est des
Berceaux en arcades. soins attentifs et vigilants qu'il re-
— Ils diffèrent des précé- çoit que dépend en partie le succès
dents par des ouvertures de l'entreprise. Avant tout le ber-
symétriques qu'on laisse ger doit aimer la campagne et les
de distance en distance ; animaux ; il doit être doux et attaché
Berceaux formés par à ses bêtes, il leur doit une surveil-
des arbres. — Quelque- lance constante.
fois, les berceaux sont for- Un bon berger doit savoir lire et
FIG. 523. — Armatures pour berceaux. écrire, posséder des connaissances FIG. 525. — Rameau de bergamotier
més par les rands arbres avec fleurs et fruits.
ombrageant les allées, le pratiques sérieuses sur la conduite
plus souvent des tilleuls. Ce sont les plus beaux. Ces arbres sont taillés au d'un troupeau, connaître les herbes
dehors en ligne droite : le dessus de l'allée figure une table ; à l'intérieur, dangereuses et utiles : il ne doit pas conduire ses animaux, par un temps hu-
les maitresses branches sont courbées et solidement attachées l'une à l'autre ; mide, dans certains pâturages de bas-fonds où les bêtes prendraient les germes
les intervalles qu'elles laissent entre elles sont occupés par la frondaison. de la cachexie aqueuse (V. ce mot) ; il doit laisser son troupeau à l'ombre
Les berceaux de ce genre ont une hauteur double de leur largeur ; pendant les fortes chaleurs ; il doit avoir des notions saines d'alimentation
Berceaux en treillage. — Ils constituent des armatures sur lesquelles des moutons ; il doit savoir reconnaître et soigner à part les animaux
on fait grimper des plantes comme la vigne (vigne cultivée, vigne vierge), fatigués, malades ou affaiblis ; il doit veiller aux accouplements, donner des
le chèvrefeuille, le jasmin ordinaire, la glycine, les capucines, la clématite, soins adroits aux brebis à l'époque de l'agnelage, s'occuper du sevrage des
le haricot d'Espagne, le houblon, les rosiers, etc. Ces armatures sont formées agneaux ; il doit savoir pratiquer l'amputation de la queue, l'émasculation
par des fers ronds assemblés sur des cerceaux ou par des lattes de bois croi- des agneaux et la tonte de tous les sujets en temps opportun. Il doit con-
sées. On leur donne différentes formes ( fig. 523) suivant la place dont on naitre et savoir soigner les maladies les plus courantes, telles que le piétin,
dispose et l'endroit où on les édifie. Ces berceaux peuvent contribuer à de le muguet, la diarrhée, la cachexie aqueuse, le tournis, la clavelée, les
jolies décorations de jardins modestes ; abcès, etc.
Berceaux en arbres fruitiers. — Ils jouissent du précieux avantage En général, le berger est aidé dans sa tâche par deux chiens dont il a fait
d'offrir à la fois l'utile et l'agréable. Il ne faut pas, cependant, prendre lui-même le dressage et l'éducation : le chien qui se déplace constamment
indistinctement toutes sortes d'arbres fruitiers pour couvrir les berceaux ; et limite en quelque sorte l'espace où doivent paître les moutons, et le chien
on choisit de préférence l'abricotier ou le pommier. de main ou sur l'homme, qui reste à proximité du berger, prêt à se porter
là où l'enverra un commandement de son maître. Ces chiens seront doux,
Bergamasque (Race ovine). — Variété ovine italienne ( fig. 524). Les ne mordront que très rarement et doucement ; leur rôle sera plutôt de pré-
animaux de cette race constituent les troupeaux du Piémont et de la Lom- venir les écarts que de les réprimer. V. CHIEN.
bardie. Ce sont des moutons de grande taille, à tète forte, à profil très Outre un salaire fixe, le berger doit être, autant que possible, logé, avoir
la jouissance d'un jardin et être intéressé à la bonne marche du troupeau.
C'est ainsi qu'un propriétaire avisé lui concédera, par exemple, 0 fr. 01 à
0 fr. 02 par kilogramme d'animal vendu et lui donnera 0 fr. 25 à 0 fr. 50 par
agneau élevé dans de bonnes conditions. Ces menus sacrifices, consentis
avec discernement, sont généralement remboursés au décuple.
Bergeracois . Région du département de la Dordogne, qui fait suite

à la région bordelaise des Côtes, sur les deux rives de la Bordogne. Elle
fournit des vins rouges estimés, se rapprochant du saint-émilion (les meil-
leurs crus sont les Pécharmant, à Creysse et Bergerac), et des vins blancs,
plus estimés encore, dont les communes de Saint-Laurent-des-Vignes, Pom-
port, Rouffignac et Montbazillac possèdent les meilleurs crus. Montbazillac
fait des vins de liqueur (cépages sémillon et muscadelle ) qui jouissent d'une
certaine renommée.
Bergerie. — Local où l'on enferme ou abrite les animaux de l'espèce
ovine. Ce local peut être simplement un emplacement découvert, entouré,
soit d'une barrière, soit d'un clayonnage constituant un parc. V. ce mot.
Couvert, le local peut être ouvert sur toutes ses faces, sur une face
seulement ou entièrement fermé (bergerie ouverte, bergerie demi-ouverte,
bergerie fermée).
Dans nos contrées, les animaux maintenus en stabulation permanente
sont logés dans des bergeries demi-fermées ou fermées. Les parcs sont uti-
lisés comme refuge pendant la nuit pour les troupeaux errants ou encore
comme moyen de fumage des terres, en permettant de concentrer sur un
faible espace les déjections des animaux.
Conditions générales d'établissement. Superficie. Elle dépend
— —

évidemment du nombre d'animaux, mais aussi de leur âge, de leur race et


de la manière dont la nourriture leur est distribuée.
Si le fourrage est simplement répandu sur le sol, il faut 0m 2 ,60 à 0. 2,65 par
tète ; s'il est placé dans des râteliers, il faut 0. 2,75 à 0n 2 ,80. .
En général on compte :
FIG. 524. — Moutons bergamasques. Mare carré.
Pour 1 agneau d'un an.... ................................................. 0,50 à 0,60
1 mouton .................................................................... 0,60 à 0,70
busqué, oreilles larges et pendantes, dos long, croupe avalée, membres 1 mère brebis ............................................................. 0,70 à 0,80
longs, toison blanche, courte, tassée, couvrant tout le corps. 1 bélier (isolé) .............................................................. 1
' Race bonne marcheuse dont les troupes transhument en été sur les
Alpes et l'Apennin. Les brebis sont fécondes (elles donnent des portées Pour une grosse brebis d'engraissement, on donne 0m 2 ,80 à Omi,90.
doubles) et très bonnes laitières ; leur lait sert à la préparation du fromage Tous ces chiffres comprennent l'espace nécessaire pour les râteliers.
de Gorgonzola, similaire du roquefort. La disposition de la bergerie doit permettre la pose de râteliers à raison
Poids des animaux : 125 à 140 kilogrammes ; rendement en viande nette, de :
50 pour 100. Ces moutons concourent à l'approvisionnement du marché de Pour 1 agneau de 1 à 4 mois ................................ 16 à 20 centimètres.
Paris. 1 agneau de 1 an ......................................... 30.............. —
I brebis adulte • 40...............—
Bergamote. — Variété de poire (V. POIRIER). Les meilleures variétés de 1 bête à grandes cornes ................................ 50...............—
bergamote à cultiver sont : la bergamote crassane, ou crassane, ou beurré
plat, la bergamote Espéren, etc. — Fruit du bergamotier. V. l'art. suiv. En outre on sépare souvent les agneaux des mères au moyen de barrières
Bergamotier. — Espèce de citronnier qui produit le bergamote légères et mobiles. Les béliers sont séparés dans des cases fixes munies
(fig. 525). Les bergamotiers forment une petite tribu parmi les orangers ; d'auges et de râteliers. Ces cases ont 122,20 à 1111,40 de côté. A l'époque de
ce sont des orangers sans épines, peu développés, à feuilles oblongues avec l'agnelage, les mères sont isolées et restent deux ou trois jours avec leurs
des pétioles ailés, à fleurs blanches petites, exhalant une odeur suave ; à agneaux dans de petites cases faites de cloisons mobiles. Pour les brebis
fruits piriformes, lisses, arrondis, d'un jaune pâle ; à vésicules renfermant destinées à l'engraissement, la séparation doit être très nette d'avec les
une huile essentielle et à pulpe légèrement acide. autres animaux.
On compte quatre variétés de bergamotiers, dont deux seulement, le Enfin, on réserve souvent au centre de la bergerie une salle de prépara-
bergamotier ordinaire et le mellarose, sont l'objet d'une culture spéciale. tion des aliments. Pour tenir compte de cette salle, on peut prévoir, pour
Les bergamotiers ont reçu de nombreuses applications en médecine, en calculer la superficie totale, 1m 2 ,10 par bête.
BERGERIE

'10. 526. — Bergers landais dans les landes de Gascogne.

Sol. — Le sol de la bergerie doit être surélevé de 20 à 30 centimètres, doivent reposer, à cause de l'accumulation du fumier, sur un soubassement
pour garantir les animaux contre l'humidité. On le recouvre, si possible, en pierre d'au moins 1 mètre de hauteur. Quelle que soitlanaturedes maté-
d'une couche de sable de 20 à 25 centimètres qui absorbe les déjections
liquides ; le sable est enlevé en même temps que les fumiers. Si le sol est
perméable, une couche d'argile devra être interposée sous la couche de
sable. Si le sol n'est pas suffisamment élevé au-dessus du plan d'eau. il sera
nécessaire d'éta-
blir un drainage à
une profondeur
variant de 1m,50 à
2 mètres. Les ram-
pes d'accès aux
portes cochères se-
ront pavées.
Température.—
Le mouton de-
mande moins de
chaleur que les
autres animaux :
il supporte mieux
le froid. à cause de
sa toison. Les tem
pératures élevée .
fatiguent ses or
galles respiratoi FIG. 527. — Plan d'une bergerie transversal
vor nnvortnrnc cnr "ne conlo lare,
res et engendren
des maladies ;
aussi la température d'une bergerie doit-elle varier de 10 à 12 degrés et ne
pas dépasser 15 degrés.
FIG. 528. — Plan d'une bergerie longitudinale.
Ventilation. — La température est réglée par la ventilation, qui doit être AA'. Compartimente extrêmes; 13. Compartiment principal; CC'. Couloirs de service.
énergique. Aussi les ouvertures doivent être de grande dimension. La hau-
teur sous plafond doit atteindre 4 à 5 mètres.
Disposition intérieure de la bergerie. = Les animaux sont laissés libres à riaux constituant le mur, le soubassement sur une hauteur de 1 mètre
l'intérieur de la bergerie. Cette dernière est divisée en cases qui doivent recevra un enduit au ciment lisse qui n'arrache pas et ne salisse pas la laine.
satisfaire aux conditions énoncées plus haut et en outre permettre l'éta-
blissement de la longueur d'auges et de râteliers nécessaires (fig. 527). Si
les râteliers étaient simplement accrochés aux murs, on aurait une bergerie
à deux rangs dont la largeur n'excéderait pas 4 mètres. Les bâtiments de-
vraient, pour un troupeau important, être très longs et leur prix de revient
serait très élevé. En plaçant les animaux sur quatre rangs longitudinaux,
la largeur du bâtiment est d'environ 8 mètres, ce qui convient parfaitement.
Au delà de quatre rangs, il est préférable de diviser transversalement le
bâtiment en petites bergeries à deux rangs où les animaux sont placés tête
à tête.
Dans la disposition longitudinale (fig. 528), le bâtiment est divisé en trois
compartiments principaux A $ A' par deux couloirs C C' de service. Le com-
partiment du milieu établi pour deux rangs d'animaux est de dimension
double des deux autres. Les crèches simples sont fixes et peuvent être pla-
cées dans les couloirs. Dans ce cas, entre les auges, le couloir a la lar-
geur strictement nécessaire pour le passage d'un homme, soit 1u,20, Le
transport des aliments peut être assuré par des wagonnets roulant sur des
- rails portés par le bord des auges. Le fumier peut être également enlevé au
moyen d'une plate-forme portée par un châssis à quatre roues utilisant les
mêmes rails que les wagonnets.
La disposition longitudinale offre l'avantage d'une grande commodité
pour le service, mais son installation est plus coüteuse que la disposition
transversale. Cette dernière disposition permet en outre l'établissement de
préaux couverts en appentis où les animaux peuvent être placés si la tem-
pérature s'élève trop à l'intérieur ou lorsqu'il s'agit de préparer le troupeau FIG. 529. — Plan d'une bergerie de grande exploitation.
en stabulation pour le parcage. V. ce mot.
• Murs extérieurs. — Les moutons donnent un fumier très sec ; aussi, dans Fenêtres. — Les bergeries doivent être très claires. Les ouvertures seront
la bergerie, l'air n'est-il pas saturé d'humidité. Pour cette raison on peut em- très grandes du côté du midi et pratiquées le plus haut possible. Du côté du
ployer pour la construction des matériaux qui ne conviendraient pas pour nord, elles seront en petit nombre et leurs dimensions réduites. Pour l'été
les écuries et les étables. Toutefois, si l'on établit les murs en pisé, ils on pourra les munir de volets ou de persiennes.
159 BERGERONNETTE

FIG. 530. — Modèles de mangeoires et de crèches.

Parles. — L'emplacement des portes principales varie avec la disposi- Locaux accessoires. — Le milieu de la bergerie est géneralement laissé
tion intérieure. Elles doivent avoir au moins 2m,80 de largeur avec 3 mètres libre pour servir à la préparation des aliments. On donne à cet emplace-
ment la largeur du bâtiment et 4 à 5 mètres dans l'autre sens. Le sol est bé-
tonné ou recouvert de carreaux ou de briques. La bergerie doit comprendre
un compartiment supplémentaire ou change destiné à faciliter le service on
le nettoyage des animaux.
Les bergers couchent souvent dans la bergerie ; leurs lits sont installés,
pour faciliter la surveillance, dans des alcöves ou soupentes surélevées
de 2 mètres.
Comme l'on compte en moyenne qu'il y a 5 à 6 pour 100 de moutons ma-
lades, bu faibles, on réserve dans un autre bâtiment un local pour ces
animaux.
. Aménagements intérieurs. — Auges, râteliers. — On réunit généra-
lement l'auge et le râtelier en un même appareil qui constitue la crèche.
Les crèches se fabriquent couramment en bois, mais on trouve dans le
commerce des appareils métalliques ou mixtes (fig. 530).
Souvent les crèches sont à cornadis ; les animaux, pour manger, doivent
passer leur tête dans une ouverture et l'on évite ainsi les gaspillages.
Dans la construction des râteliers, il faut veiller à ne pas placer les fu -

FIG. 531. — Porte mobile pouvant se relever à volonté.

de hauteur. Elles sont de préférence à coulisse. Les portes de service ont


1 mètre de largeur et 2 mètres de hauteur.
On munit généralement le tableau de rouleaux verticaux de 1 mètre de
hauteur qui tournent au passage des animaux et empêchent qu'ils ne dété-
riorent leur laine.
Les portes des cases doivent également être établies pour pouvoir suivre
l'exhaussement du furnier ( fig. 531).

FIG. 533. — Bergerie modèle de l'École nationale d'agriculture de Grignon.

seaux a un écartement supérieur à 0m,10, afin d'éviter que l'animal ne passe


sa tête entre les barreaux et ne puisse la retirer ensuite.
La crèche ne peut être fixée à demeure, à cause de l'élévation constante
des litières. La hauteur des râteliers et mangeoires est réglée de diverses
manières. Les supports peuvent être fixes ou l'appareil entier peut etre
suspendu au plafond par des poulies (4).
Bergenonnette . — Genre d'oiseaux passereaux dentirostes , type de la
famille des motacillidés (fig. 534), renfermant des formes élégantes, très
allongées, à longue queue, vivant dans les endroits découverts et au bord
des eaux. Les bergeronnettes (ou bergerettes) sont insectivores, donc très
utiles à l'agriculture ; elles n'habitent nos pays que pendant la bonne saison
et émigrent aux premiers froids en Afrique ou dans l'Inde.
Les espèces les plus communes eri France sont : la bergeronnette printa-
CI. G. M. nière (bergeronnette flore), qui est la plus connue ; elle a la tête d'un vert
FIG. 532. — Bergerie de ferme de moyenne importance. cendré bleuâtre, la région du croupion d'un vert olive, la queue moins longue
BERKSHIRE — BERRICHON 160

que le corps ; c'est elle qui accompagne les troupeaux et suit le laboureur Usages. — Le Berlandieri est très peu employé comme porte-greffe. On
pour détruire les insectes et les vers ; la bergeronnette grise ou lavandière l'utilise surtout pour obtenir des hybrides (V. HYBRIDATION) ayant SeS
ou hochequeue (motacilla cinerea) ; la bergeronnette jaune (motacilla grandes qualités et dépourvus de son grave défaut de mauvaise reprise au
boarula), cendrée en dessus, jaune clair bo uturag e.
en dessous, gorge noire ; la bergeronnette Hybrides. — Les hybrides de Berlandieri les plus connus et les meil-
ä téte noire (budytes atricapilla). leurs sont les suivants :
Le Chasselas Berlandieri no 41 B : il ressemble au Berlandieri par ses
Berkshire (Race porcine). — Une feuilles assez rondes, rugueuses, et son bois cannelé ä côtes saillantes. Résis-
des plus belles races porcines (fig. 535 tance au phylloxéra suffisante ; vient bien dans les terrains très calcaires
e t tableau PoRcs) obtenues en Angleterre, ayant jusqu'à 70 et 80 pour 100 de calcaire. Bonne affinité pour les greffons
d'où elle s'est répandue en France, en français, bonne reprise au bouturage (70 ä 75 pour 100 de réussite) et au gref-
Italie, en Suisse, dans l'Amérique du fage (50 pour 100) ;
Nord et en Australie, comme élément Les Berlandiert Riparia : ce sont les Berlandieri Riparia no 33 et no 34
d'amélioration. L'Ecole de Grignon l'a de l'école de Montpellier, les Berlandieri Riparia n° 420 A et 420 B de Mil-
beaucoup propagée en France. lardet et de Grasset, le Berlandieri Riparia no 157-11 de Couderc. Tous
Race de taille moyenne, ä tete allon- ces hybrides de Berlandieri résistent très bien au phylloxéra et ä la chlo-
gée, ä profil droit, oreilles assez petites, rose dans les terrains renfermant jusqu'à 35 ä 40 pour 100 de calcaire. Le
dressées et pointées en avant. Robe 157-11, les 33 et 34 E M conviennent plutôt aux sols un peu humides ; le
noire, mal teinte, avec liste blanche sur 420 A et le 420 B, plutöt aux terrains secs. Bonne affinité pour les greffons,
le groin et balzanes blanches aux extré- bonne reprise au bouturage et au greffage ;
mités des pattes. Conformation très ré- FIG. 534. -- Bergeronnette.
Les Rupestris Berlandieri : ils sont plus résistants ä la sécheresse et con-
gulière, membres fins. Poids vif de 140 ä viennent mieux aux sols caillouteux que les Berlandieri Riparia. Parmi ces
150 kilogrammes ä 15 mois, avec une taille qui dépasse rarement 0m,50. hybrides on peut citer les Rupestris Berlandieri 301 A et 219 A de Mil-
Rustique et précoce,„d'engraissement facile, ä chair sapide et au lard ferme, lardet et Grasset, très résistants au phylloxéra, venant bien dans des ter-
le berkshirg a été employe comme élément améliorateur dans tous les pays rains ayant jusqu'à 30 ä
où l'on apprécie les porcs a robe noire. Se nourrissant bien au dehors comme 40 pour 100 de calcaire ;
en stabulation, et assez féconde (7 ä 8 porcelets par portée), la race de Berk- conviennent plutöt aux
terrains secs ; ils se bou-
turent et se greffent fa-
cilement.
Berle. —Nom vul-
gaire du genre sium, et
en particulier du sium
lati folium ou ache d'eau .
C'est une plante vivace
ä odeur forte, à saveur
âcre, commune dans les
prairies humides, les ri-
goles et les fossés ; sa ra-
cine est vénéneuse (V. pl.
VÉNÉNEUSES [PlaritesD,
et ses parties aériennes
communiquent un goût
détestable au lait des va-
ches qui les consomment.
Bernache on Ber-
FIG. 537. — Bernache armée ou oie d'Égypte.
nacle. Genre d'oi- .

seaux palmipèdes lamel-


lirostres, voisins des oies, dont les différencient un bec plus court et un plu-
mage plus richement coloré.
Phot. Bodmer. Les bernaches (bernicla) passent l'hiver dans nos régions et remontent au
FIG. 535. — Porc de race berkshire. printemps dans les régions boréales On les appelle aussi oies marines,
parce qu'elles fréquentent les rivages. On en connait plusieurs variétés :
shire dans les croisements donne régulièrement de bons résultats pour bernache collier (bernicla torquata) bernache nonnette (bernida leucop-
;

l'amélioration des races communes : c'est en somme la plus rustique des sis), noire avec la gorge et les joues blanches bernache armée (fig.537),etc.
;

races améliorées. Bernoise (Race). — Race bovine, peuplant les Alpes Bernoises et souvent
Le porc du Hampshire est une sous-race, très voisine du berkshire, plus confondue avec la race de Simmenthal (V. ce mot), dont elle a tous les
haute sur jambes et moins améliorée. caractères.
Berlandieri. — Cépage américain appartenant à la famille des ampe- Berrichon (Mouton). — On comprend sous ce nom les variétés ovines
lidées, genre vitis (vitis Berlandieri). Il est employé, lui ou ses hybrides, issues de la race du bassin de la Loire et qui peuplent les départements
comme porte - greffe de l'Indre, du Cher, de Loir-et-Cher, partie de l'Indre-et-Loire et du Loiret
dans la reconstitution
des vignobles.
Caractères. —

Feuilles assez arron-


dies, entières, dures,
raides au toucher ;
poils raides sur les ner-
vures. Bois grisâtre ä
côtes saillantes; en
d'autres termes, bois
cannelé ( fig. 536).
C'est le cépage qui
résiste le mieux au cal-
caire sans chloroser
(V. CHLOROSE); on peut
le planter dans des ter-
rams contenant jusqu'à.
60 et méme 70, 80 pour
100 de calcaire. Il est
extrêmement résistant
à la sécheresse : aussi
est-il considéré comme
le plant des terrains
crayeux secs; il pousse
mal dans les terrains
marneux un peu hu-
mides. Très résistant au
phylloxéra, très grande FIG. 536. — Feuille de cépage américain
affinité pour les gref- (Vais Berlandi eri).
fons français, il pousse FIG. 538. — Bélier berrichon de l'Indre.
une fructification ré-
gulière et auamente les rendements. Mais il a un grand défaut il reprend (V. fig. 538 et tableau MOUTONS [Races de]). C'est surtout pour sa viande
difficilementsau bouturage ; sur 100 boutures que l'on met dans le sol, que ce mouton est élevé.
5 pour 100 seulement réussissent. Pour remédier ä ce défaut, on peut Des essais de croisements tentés entre la brebis berrichonne et le mé-
pratiquer le bouturage avec griffe ä la base, ou encore le bouturage d'au- rinos, puis des béliers anglais (Southdown, Dishley, New-Kent), n'ont pas
tomne. toujours donné les résultats attendus. C'est par une sélection .patiente por-
Variétés. — On peut citer les suivantes : tant sur les caractères zootechniques et les aptitudes qu'on obtient la pré-
Berlandieri no 1 Rességuier, presque glabre, à sarments longs et gros ; cocité et le développement des masses musculaires.
Berlandieri n° 2 Rességuier, assez couvert de poils, moins difficile ä La création en 1895 par la Société d'Agriculture de l'Indre d'un livre gé-
bouturer que les autres variétés ; néalogique (flock-book), l'organisation de concours de bergeries, de groupe-
Berlandieri Laont, Berlandieri Mazade, etc. ments d'éleveurs, la vente de reproducteurs. contribuaient ä fixer la voie
161 BERTEMBOISE — BETTERAVE

aux éleveurs et ä mettre en valeur les qualités indéniables du mouton les animaux de l'espèce bovine est la boucherie un âge plus ou moins
berrichon. avancé.
On distinguait autrefois, dans cette population ovine du Berry, quatre Avec l'espèce ovine, on se livre ä l'exploitation de la laine, de la viande
variétés variété de Crevant, variété de Champagne, variété; de Bois- et aussi du lait. Avec cette espèce, c'est encore la production de la viande
chaud, variété de Brenne; aujourd'hui, on ne reconnaît que la race berri- qui tend ä dominer.
chonne de l'Indre et la race berrichonne du Cher, la première conservée L'espèce porcine n'est exploitée que pour la viande.
pure, la seconde croisée par les béliers avec la race Dishlermérinos, en La zootechnie, qui est la science du bétail, s'occupe des lois qui président
vue de développer chez les descendants la précocité et la production de la à l'exploitation rationnelle et méthodique du bétail, lois de reproduction, de
viande. sélection, d'alimentation, d'hygiène, etc.
Race berrichonne de l'Indre. Race rustique et très prolifique, se con-
— Il convient d'ajouter encore que l'industrie tire profit des dépouilles du
tentant à la rigueur de pâturages assez pauvres ; brebis excellente nourrice ; bétail et utilise les peaux, os, cornes, sabots, poils, crins, plumes, etc.
les caractères principaux sont les suivants : tête fine, assez longue et — Assurances contre la mortalité du bétail. V. ASSURANCES.
chauve, sans jarre ni rousseurs, front bombé, face étroite, oreilles courtes, — (Législ.). — Dégâts causés par le bétail. V. ANIMAUX DOMESTIQUES.
non pendantes, membres fins non recouverts de laine ; cou fin, court ; dos Bétoine. Genre de plantes de la famille des labiées, ä feuilles dente-
et croupe larges, gigot bien accusé ; laine fine, blanche, ä mèche courte,

lées et à fleurs rouges, communes dans les bois.


carrée ; poil de la tête et des jambes d'un blanc d'ivoire ; train de derrière
plus développé que celui du devant ; taille ne dépassant guère 0m,65, poids Béton. Mélange intime de cailloux ou de pierres cassées et de mortier

maximum 50 kilogrammes. de chaux grasse ou hydraulique (V. moRTIER). Le béton, après sa prise,
Race berrichonne du Cher. — Caractères principaux : tête large et en forme une masse compacte d'une grande résistance et rend ainsi de nombreux
partie couverte de laine courte, front assiz large, chanfrein busqué : oreilles services dans les constructions rurales (plates-formes ä fumier, fondations
peu épaisses, de dimensions moyennes, quelquefois pigmentées de taches de sols d'écurie, etc.). Les cailloux ne doivent pas dépasser la grosseur d'un
rousses qui apparaissent aussi au museau ; membres garnis de laine jusqu'aux ceuf ; on les lave pour les débarrasser de la terre qui les entoure et on les
jarrets et aux genoux. Le poil qui recouvre la face et les jambes est blanc laisse sécher un peu.
mat et présente souvent des taches rousses ou brunes. Le cou est court, Fabrication : I. A bras. Pour de petites quantités de béton, on pré-

assez épais, la poitrine ample, le dos droit ; laine assez fine, ä brins frisés ; pare d'avance le mortier et on le mélange aux cailloux sur une aire de plan-
gigot large et épais. Le train antérieur est plus développé que celui de ches. Ce mélange se fait ä bras ä l'aide d'une griffe (sorte de houe ä trois
derrière ; taille 0m,60 ä Or.,75, poids 60, 70 et jusqu'à 80 kilogrammes. ou quatre dents) fixée ä l'extrémité d'un long manche ;
II. A la machine. Pour de grandes cinantités de béton, on emploie des
Bertemboise. V. GREFFE.


appareils dits bétonnières, dont les modeles les plus répandus sont :
Bétail. On désigne par ce nom l'ensemble des animaux de la ferme et
— La bétonnière verticale, qui se compose d'un couloir en bois de 3 à
principalement les chevaux, les bceufs, les moutons, les porcs et les chèvres. 4 mètres de hauteur, portant intérieurement des cloisons inclinées, dispo-
Pour montrer l'importance de l'élevage et le rôle joué par les diverses sées en chicanes ; on accède ä l'ouverture supérieure du couloir par un
espèces de bétail, nous donnerons quelques claiffres statistiques. plan incliné en bois ; les cailloux.et le mortier sont jetés ä la pelle du plancher
Importance des principales races domestiques indigènes. — a) L'ef- dans le couloir et forment par leur chute un mélange homogene ;
fectif de l'espèce chevaline dépasse, en France, 3200 000 têtes, en progres- La bétonnière horizontale, qui est utilisée dans les chantiers importants ;
sion constante chaque année. Cet effectif se divise en chevaux de trait ou de le mélange du mortier et des cailloux se fait ä l'aide d'une vis d'Archimède.
labour, chevaux demi-sang ou carrossiers, chevaux légers. Les types de composition des bétons que l'on peut employer sont, d'aprés
Les chevaux de trait appartiennent aux races percheronne, boulonnaise, M. Abadie :
bretonne, ardennaise.
Les chevaux de demi-sang, plus ou moins près du sang, plus ou moins
carrossiers, se rencontrent surtout en Normandie, dans la Vendée, en Bre- atm CAILLOUX MORTIERS USAGES
tagne et dans le centre de la France.
Les chevaux légers sont originaires du Limousin, du Gers, de la plaine met. cubes. met. cubes.
de Tarbes, en un mot de toute la région du Sud-Ouest. Béton très gras .. 1 0,800 Réservoirs, radiers, maçonneries sous l'eau.
b) L'espèce bovine a fait de grands progrès, tant au point de vue de — gras. ........... I 0,650 Egouts, fondations très humides, maies de
l'augmentation numérique qu'au point de vue qualitatif durant ces trente pressoirs.
dernières années. — moyen.. . . . 1 0,570 Fondations en terres humides.
— maigre ........ 1 0,500 — mouvantes : blocages.
De 13 millions de têtes en 1883, le troupeau bovin passe à 14705900 têtes — très maigre 1 0,380 Fondations en terrain sec.
ces dernières années. Ce gain est d'autant plus sensible que le poids moyen,
le rendement et la précocité ont suivi la même marche ascensionnelle.
Au point de vue de l'effectif, l'augmentation porte surtout sur les jeunes Le béton est souvent coulé et pilonné sur une carcasse métallique (béton
animaux et les vaches, tandis que les vieux bceufs tendent à diminuer en armé). Ce mode de construction est appliqué aux bâtiments ruraux de toute
raison de la faveur accordée aux animaux précoces. nature.
Les grands pays d'élevage des animaux de l'espèce bovine se trouvent Bette. Genre de plantes, de la famille des chénopodiées (fig. 539), qui
dans le Nord et le Pas-de-Calais, avec la race flamande ; en Normandie,

croissent spontanément dans toute l'Europe et dont les deux principales


avec la race normande ; en Bretagne, avec la race bretonne ; dans l'Ouest, espèces sont la poirée et la betterave. On donne plus particulièrement le nom
avec les races mancelle et parthenaise ; dans le Centre, avec la race charo- de betteä la poirée, plante potagère fort connue.
laise, la race de Salers, la race limousine ; dans l'Est, avec la race tache- La bette (beta) est une plante bisannuelle,
tée des Alpes ; dans le Sud-Est, avec la race tarentaise ; dans le Sud-Ouest, venant bien dans les terres peu consistantes,
avec les races garonnaise et gasconne. un peu humides et bien fumées ; la tige, haute,
c) Si l'espèce ovine manifeste de très remarquables progrès en ce qui est garnie de larges feuilles ovales portées sur
concerne la précocité, une meilleure conformation, elle accuse, par contre, des pétioles épais ; les fleurs, disposées en
une diminution fâcheuse de l'effectif. Nous passons, en effet, de 30 millions longs épis grêles, sont petites, blanchâtres,
de têtes en 1850 ä 20 millions en 1900, pour descendre au-dessous de 17 mil- réunies par groupes de trois ou quatre. On
lions ä partir de 1910. Cette situation nous oblige ä une importation an- la sème en pépinieres, ä l'exposition chaude
nuelle d'un million de têtes de moutons vivants qui nous arrivent de l'Al- du midi, et on repique les pieds obtenus ä
gérie et de la Tunisie. Ce chiffre nous démontre la marge qui reste chez Om,30 ou 0m,40 les uns des autres. On les bine
nous pour l'élevage des moutons ; étant donné par ailleurs comme encou- et les arrose pendant les fortes chaleurs. Les
ragement les hauts prix des animaux de l'espèce. feuilles peuvent être consommées dès qu'elles
Les plincipales races de l'espèce ovine, outre les races étrangères (South- ont la largeur de la main.
down et Dishley, qui semblent avoir conquis le droit de cité), sont les Les côtes de la variété appelée poirée ä
races françaises de la Charmoise, mérinos et Dishley-mérinos, berrichonne, cardes, plus grosses et plus tendres que celles
lauraguaise et des Causses, limousine, poitevine, etc. de la poirée, se mangent cuites ä l'eau comme
d) L'effectif des animaux de l'espèce porcine, qui oscille en raison de sa les cardons.
facilité d'élevage et des méventes plus ou moins passagères .qui en sont la
conséquence, a souvent dépassé le chiffre de 7 millions, qui est le chiffre Betterave. Plante bisannuelle de la fa-

normal de notre élevage, nous permettant de vivre de notre production mille des chénopodiées (fig. 540). La racine est
sans le secours de l'importation étrangère. Il est actuellement de simple, pivotante, longue, charnue. La pre-
6 900 000 têtes. mière année, la plante ne donne qu'un bouquet
Les principales races exploitées, en dehors des races étrangères qui jouent de feuilles ; la seconde, elle donne une tige
surtout un grand rôle dans les croisements, sont les races craonnaise et nor- dressée, de 1 mètre ä lm,50, portant des feuilles
mande, l'une et l'autre ä livrée blanche ; la race limousine et périgourdine, oblongues plus ou moins pétiolées et de longs
à. livrée noire et blanche ; les races bressane vosgienne, etc. épis de fleurs vertes, sessiles, ä cinq pièces.
Systèmes d'élevage. — Les systèmes d'élevage varient suivant les Les fruits se soudent pendant la maturation. FIG. 539. — Bette.
milieux agronomiques, les débouchés, et aussi suivant les coutumes locales. pour donner un glomérule renfermant plu- (Sommites fleuries). A. Fleur
Dans certaines régions on se contente de faire naître les jeunes animaux, sieurs graines.
qui sont ensuite vendus ä d'autres agriculteurs qui en font l'élevage Dans La betterave fourragère est cultivée un peu
d'autres régions, on suit l'animal depuis sa naissance jusqu'à sa fin. partout en France, mais surtout dans le Centre, l'Ouest, le Nord et l'Est.
Fréquemment dans la même région on trouve réunis, avec la même es- 9uant ä la betterave industrielle, sa culture est localisée dans la région du
pèce, tous les systèmes d'élevage. On ne peut donc, en principe, dire quel Nord.
est le meilleur système : c'est assurément celui qui donne les bénéfices La culture de la betterave fourragère est en sérieuse progression, tandis
les plus élevés et se trouve le mieux adapté au milieu dans lequel on le que la betterave ä sucre est soumise ä de très grandes fluctuations, selon les
pratique. prix payés.
Modes d'exploitation. — Le mode d'exploitation du bétail dépend de Pratiquement, on range les betteraves dans trois groupes :
son aptitude innée ou acquise. Tous les chevaux, par exemple, sont exploités Les betteraves potagères, les betteraves fourragères et les betteraves
comme tracteurs : tantôt la traction se fait au pas pour les poids lourds avec industrielles. V. tableau VI.
le gros cheval de trait, tantôt ä une allure plus rapide avec les chevaux de Betteraves potagères. — Elles sont généralement ä chair rouge ou jaune
trait léger ou les postiers ; tantôt enfin la charge est réduite, l'allure plus et sucrée ; les principales variétés sont : rouge grosse, rouge naine, rouge
précipitée, et l'on fait appel, dans ce cas, aux coursiers plus ou moins près plate de Bassano, éclipse, crapaudine, piriforme de Strasbourg, etc. Elles
du sang. Le cheval est egalement exploité comme cheval de selle. Le grand ne réclament pas de soins particuliers et veulent seulement une terre fraiche,
débouché pour ce type plus ou moins léger était celui offert par la remonte profondément travaillée et bien fumée.
de l'armée. Betteraves fourragères. Elles présentent, la plupart du temps, mie

L'espèce bovine, suivant ses aptitudes plus ou moins spécialisées, est ex- racine ronde, ovoïde ou fusiforme ; une racine coloree, sortant de terre ä
ploitée pour le travail, pour le lait, pour la boucherie ; mais la fin de tous moitié ou aux deux tiers de sa longueur et bien plus grosse que celle des bet-

LAROUSSE AGRIC.
BETTERAVE 162

teraves industrielles ; des feuilles dressées, lisses et pointues ; la couleur de collet assez marqué, à feuillage uni, souvent dressé ; ses racines dosent de
la chair varie du blanc au jaune ou au rouge. On peut les classer comme suit : 14 à 16 pour 100 de sucre et donnent un poids élevé à l'hectare ;
3° La betterave Simon-Legrand , à racine pivotante, peu garnie de
1 0 Betterave disette d'Allemagne ou champêtre, à peau rouge, à racines latérales, à peau blanche, à chaire dure et cassante, dosant de
chair blanche zonée de rouge, sortant 1/2 de terre. Très productive. 14à 16 pour 100 de sucre ;
BETTERAVES 2" Betterave corne de bœuf, à peau rouge, à racine contournée et
sortant de terre aux 3/4, dérivant de la précédente. 5° La betterave F. Desprez, à racine très longue, à peau rugueuse, à chair
DISETTES
3 ■ Betterave mammouth, à peau rouge : donne des rendements dure, dosant 14 à 17 pour 100 de sucre.
ou énormes, 1/3 enterrée. A côté de ces races essentielles, nous citerons de nombreuses variétés por-
BETTERAVES 4° Betterave disette blanche à collet vert ou de Puilboreau , à peau tant le nom de leur obtenteur ; telles sont la Lemaire, la Darras, la De-
blanche, sélection de la betterave blanche de Silésie, 1/2 enterrée. miautte, la Laurent-Mouchon , la Legras, Eloir, etc.
ALLONGÉES
5 0 Betterave jaune d'Allemagne, à peau jaune et collet vert, 1 /3 en Trois races françaises, nettement caractérisées, produisent un grand poids
terre.
de racines à l'hectare, avec une richesse saccharine moins élevée (10 à
1" Betterave Tankard à peau jaune foncé, chair de bonne valeur 13 pour 100 de sucre). Telles sont la
BETTERAVES nutritive et de bonne garde, 1l2 enterrée. betterave blanche à collet rose et la
CYLINDRIQUES 2" Betterave Eckendorf, peau jaune, chair blanche, très peu en- betterave à collet vert brabant, qui
terrée.
donnent de grosses et longues racines
1 0 Betterave jaune ovoïde des Barres, à peau jaune rougeâtre, sortant assez de terre ; puis la bette-
chair peu ridée, enterrée. rave blanche à colletgris ou bette-
2° Betterave jaune géante de Vauriac , variation de la précédente, rave houleuse, de forme nettement
BETTERAVES un peu plus conique, a plus grand rendement et un peu plus enterrée.
3° Betterave ovoïde deBessey, à peau blanche, 1/3 enterrée, pro- ovoïde. Toutes trois sont des variétés
OVOIDES demi-sucrières ou de distillerie, qui
ductive et de bonne garde.
4° et 5° Betteraves géantes blanche et rose demi-sucrières. Va- constituent aussi d'excellentes variétés
riétés à formes réguli ères et productives, 1/3 enterrées. fourragères.
1 ° Betterave jaune globe à peau jaune, chair blanche et jaune, très Choix des variétés industrielles. —
BETTERAVES peu enterrée. Dans nos essais comparatifs de bette-
GLOBES 2° Betterave jaune globe à petites feuilles, à peau jaune, à feuilles raves à sucre, qui ont porté sur douze
ou minces et découpées. A donné des rendements énormes à Grignon. variétés pendant quatre ans, les bet-
RONDES 3° Betterave rouge globe, à peau rouge, chair à zones blanches et teraves françaises s'entremêlent avec
rouges.
BETTERAVES Oberndorf, à peau jaune, très. peu enterrée ; elle est très voisine,
CONIQUES sinon identique, de l'idéale de Kirsch.

Dans les bons fonds, ces variétés peuvent donner de 60000 à 80000 kilo-
grammes de racines à l'hectare, mais elles sont aqueuses (85 à 90 pour 100
d'eau) et pauvres en sucre (4 à 6 pour 100 seulement). Aussi, dans ces der-
niers temps, on a préconisé avec raison la culture des variétés classées sous
le nom de demi-sucrières (brabant, blanche à collet vert, blanche à collet
rose). En tous sols et en bonne culture, ces betteraves peuvent rendre de
40000 à 60000 kilogrammes de racines, dosant 8 à 12 pour 100 de sucre
( moyenne 10 pour 100). Si l'on ajoute qu'elles se conservent mieux que les
betteraves fourragères, on conçoit que leur culture se propage au détriment
de ces dernières, notamment des mammouths, des disettes et des variétés
à formes bizarres, telles que la corne de boeuf, etc.
Les betteraves fourrageres occupaient, ces dernières années, une surface
voisine de 725000 hectares et leur culture est en progression constante. FIG. 540. — Port de la betterave. A. I« année ; B. 2• année.
Betteraves industrielles. — Dans les betteraves industrielles, on consi-
dère encore deux classes : les betteraves de distillerie et les betteraves les variétés allemandes dans le classement; c'est même une variété fran-
sucrières. Les premières sont généralement teintées, plus grosses et moins çaise, la Darras, obtenue et sélectionnée par un planteur de Seclin (Nord),
riches en sucre que les secondes. La racine de la betterave à sucre présente qui a tenu la tête pour le rendement en sucre total à l'hectare. C'est donc par
les caractères suivants, d'après A. Pagnoul : « forme conique allongée, non erreur qu'on a longtemps cru que nous ne pouvions pas produire d'aussi
racineuse, peau rugueuse et plissée circulairement, sillons radiculaires bien bonne graine de betterave que les Allemands. Lorsque nous voudrons
marqués dans toute la longueur, chair blanche, dure et cassante. » outiller sérieusement nos laboratoires et sélectionner rationnellement la
Le collet doit être aussi réduit que possible et la racine doit être entière- betterave, nous obtiendrons d'aussi bonnes racines, sinon meilleures que
ment enterrée. Un collet allongé et conique dénote une tendance de la les variétés allemandes. En tout cas, c'est une lourde faute, que nous avons
racine à monter en graines dès la première année. Les betteraves à haute chèrement payée, que d'avoir laissé le monopole de la production de la
richesse saccharine ont généralement un feuillage abondant, d'un vert clair ; graine de betterave à sucre aux empires centraux.
des feuilles étalées, cloquées, à bords ondulés, à nervations fines et serrées. La profondeur, la fraîcheur et la richesse du sol doivent guider dans le
Les types à feuilles dressées, lisses, pointues, rappelant les feuilles des bet- choix de la race à adopter. D'après nos essais de variétés effectués dans le
teraves fourragères, doivent être rejetés. Cambrésis, nous avons reconnu qu'en terres profondes et limoneuses, il
De nos jours, la distillerie emploie indistinctement les betteraves mi- faut faire choix des variétés « pivotantes », bien améliorées, telles que
sucrières et les racines riches, et l'on peut prévoir qu'à brève échéance elle la Fouquier-d'Hérouël, la Vilmorin , la Dippe, la Darras et la plus riche de
ne mettra plus en oeuvre que ces dernières. D'ailleurs, les betteraves mi-su- Dippe; en terres argileuses, plus compactes, plus fermées, la Klein-Wanz-
crières réclament les mêmes soins, le même assolement et la même fumure leben, la Simon-Legrand , la F. Desprez et la Mette réussissent mieux ; en
que les betteraves riches. Les betteraves industrielles étaient cultivées en sols légers (sables ou marnettes ), l'Impériale améliorée, la Schreider, la
France, avant la guerre, sur une surface de 300 000 hectares environ et, Vohanka , donnent de meilleurs résultats, parce qu'elles ont une moindre
surtout, dans la région du Nord. progression au pivotement (fig. 541).
Les variétés de betteraves à sucre sont extrêmement nombreuses ; elles D'autre part, il y a avantage à adopter une variété hdtive , dans une faible
dosent généralement de 15 à 17 pour 100 de sucre, et quelques variétés extra- proportion de l'emblavement, afin de permettre l'arrachage assez tôt des
riches en renferment de 18 à 20 pour 100. Elles peuvent se Tamener, dit Vil- racines pour assurer l'approvisionnement des usines dès fin septembre.
morin, à deux groupes :
1° Les variétés allemandes ou variétés à grande richesse et à rendement
moyen, issues de la betterave blanche de Silésie, qui est une betterave de
grosseur moyenne, à petites feuilles, avec un Collet sortant un peu de terre et
dosant 11 à 12 pour 100 de sucre environ ;
2° Les variétés françaises à grand rendement et à richesse moyenne, déri-
vant de l'amélioration progressive des variétés fourragères.
Variétés allemandes. — La betterave de Silésie a donné trois types qui ont
eu une grande vogue autrefois, mais qui ont peu à peu disparu des cultures
allemandes aujourd'hui ; ce sont :
1° La betterave blanche de Magdebourg, de grosseur moyenne, à racine
fusiforme, à peau blanche et à collet vert, possédant un feuillage développé,
des sillons saccharifères bien marqués, une chair dure et cassante ;
2° La betterave impériale, à racine pivotante, allongée, fusiforme, à petit
collet, à feuilles frisées et retombantes ;
3° La betterave électorale, qui n'a eu qu'un succès éphémère.
De la betterave impériale, obtenue par Knauer, est sortie l'impériale amé-
liorée de Dippe et la Klein-Wanzleben , de beaucoup la plus répandue, et
dont l'amélioration a surtout porté sur l'augmentation de la richesse saccha-
rine. C'est une betterave conique, à feuillage abondant et frisé ; la racine
porte des sillons saccharifères bien accusés, des radicelles longues et fines.
Elle convient surtout aux terres profondes, de consistance moyenne, telles
que les sols alluvionnaires ou les lisières des plateaux.
A son tour, la Klein-Wanzleben a donné la Dippe, à racine assez allongée ;
la plus riche de Dippe, d'assez petite taille, mais à richesse saccharine très
élevée, et la Dippe G D W I, un peu moins riche, mais donnant plus de
poids, et qui était assurément la plus cultivée en France avant la guerre.
La betterave Klein-Wanzleben a été améliorée par divers producteurs, qui
tous ont créé des races spéciales portant leur nom. FIG. 541. — Betteraves blanches à sucre.
Variétés françaises. — Quatre races principales méritent une mention A. Française ( Fouquierd'Hérouél ); B. Améliorée (de Vilmorin ); C. Allemande Klein-Wanzleben ).
particulière ; ce sont :
1° La Vilmorin , à racine conique, assez courte, à feuilles petites et nom- Toute variété racineuse et peu sélectionnée doit être rejetée : non seule-
breuses, peu cloquées ; elle dose de 16 à 20 pour 100 de sucre, mais son ren- ment elle est difficile à arracher, mais elle laisse dans le sol ou sur le sol
dement en poids est encore un peu faible ; d'abondants débris provenant de brisures qui peuvent être évaluées à 15,
2° La betterave blanche Fouquier-d'Hérouël, à racine longue, effilée, à 20 et 30 pour 100 du poids des racines obtenues. -
BETTERAVE
TABLEAU VI.

Dressé par R. Dumont.


Deeaertenne dei.
PRINCIPALES VARIÉTÉS DE BETTERAVES
BETTERAVE 164
En résumé, nous dirons avec Damseaux que l'essai par voie expérimentale et humides succède un mois d'octobre sec, lumineux et clair, avec de
est le principal guide dans la recherche de la variété sucrière à préférer, va- petites gelées blanches la nuit, on peut être certain d'obtenir des racines
riété qu'on pourra s'attacher à améliorer encore par la sélection rationnelle. exceptionnellement riches en sucre. Ce sont des constatations que nous
Culture de la betterave industrielle (son importance, ses moyens, son but). avons faites souvent et sur lesquelles nous avons attiré l'attention des
— La superficie occupée par les betteraves de distillerie et de sucrerie ne cultivateurs de betteraves industrielles.
dépasse pas 300000 hectares en France, ainsi que nous l'avons vu. La pro- Sols à betteraves. — Certains admettent que la betterave peut réussir par-
duction du sucre oscille entre 600000 et 700000 tonnes ; celle de l'alcool tout, que c'est une question d'amendements, de drainages, d'engrais, de façons
varie de 1100000 à 1200000 hectolitres. Ces productions représentent près de culturales. Cette proposition peut être exacte pour la betterave fourragère,
300 millions de richesses françaises. Mais leur influence sur la grande indus- elle ne l'est plus pour la betterave à sucre, lorsqu'on veut la produire éco-
trie, la main-d'oeuvre, l'évolution culturale est aussi très marquée. nomiquement. Cela est si vrai que, pratiquement, la betterave industrielle
Selon Ribot, la betterave à sucre représente un grand intérêt écono- n'est cultivée que dans les régions limoneuses des Flandres, du Hainaut, de
mique qui n'est pas restreint à quelques départements, mais qui s'étend à la Hesbaye, en France et en Belgique; dans les plaines qui s'étendent au pied
toute la France par la multiplicité des intérêts qu'elle couvre. Le principe du Harz en Allemagne, dans les grasses plames de la Bohême et de Hon-
directeur de la culture de la betterave industrielle est le suivant ; produire grie en Autriche ; dans les fameuses terres noires de Russie, etc.
le maximum de sucre à l'hectare avec le minimum de frais. La betterave est exigeante sous le rapport du sol. Elle veut des sols à grains
Lors de la mise en application des règles posées par la Convention de fins, des terres profondes, fraîches et substantielles. Les limons quater-
Bruxelles (1902), qui supprimait les primes directes ou indirectes établies naires (loess, limons des plateaux) lui conviennent très bien. Ce sont des
par les contractants, on se demanda, avec Dehérain, s'il ne serait pas avan- alluvions légères, des terres argilo-sableuses, sablo-argileuses non dépour-
tageux pour les cultivateurs de revenir à la culture des betteraves de vues de calcaire. Partout où l'on cultive cette racine, les terres ont un
richesse moyenne. La question ne se pose pas pour les fabricants de sucre, air de parenté nettement caractérisé. La plupart offrent une composition
puisque leurs frais généraux sont proportionnels aux poids des racines tra- physique moyenne voisine de la suivante :
vaillées. Elle est aussi vraie pour le cultivateur, puisqu'il est payé d'après la
richesse des racines produites et que ces dernières sont d'autant moins épui- Sable fin .............................................................................. 80 pour 100
santes qu'elles sont plus riches en sucre. Argile ................................................................................ 15.......—
Leloup, du Pas-de-Calais, a groupé 43 lots debetteraves d'origines diverses Calcaire et humus ............................................................ 5.......—
en 4 séries et a montré également qu'il y avait une relation inverse entre la Ce sont les terres à betteraves, toujours profondes, perméables etfraiches.
richesse du sucre et les sels alcalins. Voici les résultats qu'il a obtenus : Par contre, les argiles compactes, les sables secs ou les marnettes soulevées
RICHESSE EN SUCRE SELS ALCALINS POUR 100 DE SUCRE ne conviennent guère à cette racine.
La présence du calcaire, en quantité suffisante, est indispensable à la réus-
9,16 pour 100 - 8,21 site de la betterave, et les Allemands attachent une grande importance au
11,12 — 5,89 chaulage. Tous les 7 à 9 ans, les terres légères, et tous les 5 à 6 ans, les terres
11,22 — 4,39 fortes sont chaulées à la dose de 3 000 à 5 000 kilogrammes de chaux vive ou
14,17 — 3,18 25 000 à 30 000 kilogrammes d'écumes de défécation. On enfouit l'amendement
D'ailleurs l'expérimentation directe, la seule rationnelle, a donné raison par une façon aratoire aussitôt après l'épandage.
aux partisans des betteraves riches. Des essais établis par M. Saillard, Assolements convenant à la betterave. — La betterave succède générale-
en 1903 et 1904, dans une douzaine de fermes, ont donné les résultats ment à une céréale et devient tête d'assolement; elle peut aussi succéder
moyens suivants : betteraves demi-sucrières, 4 999 kilogrammes de sucre à à une légumineuse fourragère ou à une autre plante industrielle.
l'hectare; betteraves riches, 5346 kilogrammes. En France, on a eu souvent le tort d'adopter des rotations trop courtes
Quelques chiffres de statistique, empruntés à ces dernières années, mon- (rotations biennales ou triennales) qui faisaient revenir la betterave tous les
trent que, parmi les nations sucrières, nous restons bien loin en arrière 2 ou 3 ans à la même place. En Allemagne, dans les meilleurs centres
dans le rendement en poids de racines, ainsi que dans le rendement en sucre betteraviers, on allonge la rotation, et la betterave ne revient sur le même
brut à l'hectare par 100 kilogrammes de racines travaillées. sol que tous les 4, 5, 6 ou 8 ans. C'est le meilleur moyen d'obtenir de gros
Quelles sont les causes de cette situation? Elles sont très complexes et sont rendements à moindres frais. Nous avons souvent vu, en France, des diffé-
dues : à la culture de la betterave dans des sols peu appropriés, au retour rences de 3 000 à 5 000 kilogrammes de racines et de 4 à 5 dixièmes de densité
trop fréquent de cette plante sur le même terrain, au mauvais choix des entre des fermes où l'on abusait de la betterave et celles où elle n'entrait
semences on de variétes peu appropriées au sol, à des sols mal travaillés, à que pour 1/5 ou 1/6 dans la superficie des terres labourées. Et ces résul-
des fumures trop restreintes ou mal équilibrées, à des semailles trop tar- tats meilleurs étaient obtenus avec moins d'engrais et de soins.
dives, à des démariages peu soignés ou à un peuplement insuffisant, à des En somme, la betterave ne doit guère revenir que tous les 3 ans au
binages trop peu nombreux ou mal exécutés, etc. plus et même que tous les 4 ou 5 ans à la même place.
Culture de la betterave. — Climat et végétation. = La betterave est Voici quelques assolements suivis dans les meilleurs pays betteraviers :
sensible au froid ; elle ne germe qu'à la température de 5 degrés et, prati-
quement, on ne peut guère la semer que lorsque la température moyenne
atteint 10 degrés. Elle réclame environ 125 degrés pour lever et 2 800 degrés ALLEMAGNE
SOLES NORD BELGIQUE ---
de chaleur totale pour arriver à la maturité complète. La betterave ne DE LA FRANCE
réussit que dans les contrées où cette somme de chaleur peut être atteinte (Hainaut). (Saxe). (Magdebourg).
entre les semailles et la maturité.
La quantité de substance organique élaborée est en rapport avec la hau-
teur de pluie tombée et l'insolation des plantes ou l'éclairement, bien plus l' ° sole ............. Betterave. Betterave. Betterave. Betterave.
qu'avec la chaleur livrée (Pagnoul, Pétermann, Haberlandt). Haberlandt a 2° — ............. Blé. Blé. Crntem
Pomme de terre. ^ de printemps.
montré qu'une plante cultivée en sols riches ne réclame pas autant d'eau ; seigle 1 Trèfle, pois,
elle rejette pendant sa végétation 400 à 570 grammes d'eau par mètre carré. 3° — ............. Avoine. ) Avoine et
!
Céréale d'hiver.
tréflés. vesce
Les quantités de pluie tombée dans les régions betteravieres de l'Europe 4° — ) Trèfle et four- }
Trèfle. Blé.
rages annuels. Betterave.
centrale sont plutôt plus faibles qu'en France et surtout qu'en Belgique,
mais les froids y sont plus vifs en hiver et les chaleurs plus intenses en été. Céréales
5. — » Blé
Le sucre s'élabore dans le limbe des feuilles (recherches de Péligot, Dehé- et escourgeon. et légumes »
de printemps.
rain et A. Girard). Dehérain et Aimé Girard ont montré que les sucres 6° — ............. » » I Céréale d'hiver. »
élaborés à la lumière par les feuilles passent, la nuit, dans les racines.
A. Girard a prouvé que la quantité de sucre produite dépend beaucoup de
l'intensité de la source lumineuse. De son côte, de Vilmorin admet que e la M. Rommetin, à Plessis-Belleville (Oise), a adopté l'assolement de 8 ans,
réussite de la betterave à sucre laissera toujours à désirer dans tout milieu où la betterave revient deux fois et où elle alterne avec les céréales d'au-
où elle ne recevra pas d'abord des pluies suffisantes de mai en août, et un tomne et de printemps et les fourrages verts.
éclaircissement presque continu de la fin d'août à l'arrachage. » V. ASSOLEMENTS.
Nous ne faisons aucune réserve pour l'eau, mais il ne faut pas admettre à Travail du sol. — Dans les départements les
la lettre que la quantité de sucre élaboré est proportionnelle à la luminosité ; plus betteraviers (Nord, Pas-de-Calais, Somme),
nous avons noté des rendements exception- on laboure rarement au delà de O",20 pour la
nels en poids et en sucre avec des mois d'août, betterave, Il n'y a que dans les grandes exploi-
de septembre chauds et humides, à luminosité tations de l' isne, de l'Oise et des environs de
très faible. Témoin l'année 1912 qui a été très Paris qu'on prat ue couramment la culture pro-
nuageuse de la mi-juillet à la mi-octobre et fonde ou le fouillage du sol. Et cependant c'est
qui a produit des racines d'une richesse excep- d'une nécessité absolue si l'on veut avoir de
tionnelle. belles racines et un fort rendement (fig. 543).
Durant les deux premiers mois de végétation La culture profonde (labours profonds et fouil-
(mai et juin), la racine s'allonge et grossit peu, lages) modifie les propriétés physiques et chi-
tandis que les feuilles, au contraire, prennent miques du sol, favorise l'emmagasinement de
un grand développement. A partir de juillet, l'eau, facilite la destruction des plantes nuisibles,
la racine s'accroit rapidement et le dévelop- mais elle facilite surtout la pénétration des ra-
pement du système foliacé se ralentit. Ce sont cines de la betterave et favorise le développe-
les mois d'août et de septembre qui donnent ment et la qualité des racines.
le poids, aussi bien pour les betteraves fourra- M. Mariage a mis en lumière, au Congrès bet-
gères que pour les betteraves industrielles. teravier de 1882, les avantages de la culture
En année normale, les trois quarts du poids profonde, tant sur l'augmentation en poids des
des racines sont obtenus dans ces deux mois. racines que sur la richesse saccharine. Les Alle-
Le total du sucre et de l'eau, dans les trois mands, de leur côté, disent : « Tout champ qui
derniers mois de végétation, forme tme cons- ne se prête pas aux défoncements doit être con-
tante, voisine de 94 pour 100. Nous avons sidére comme impropre à la production de la
vérifié expérimentalement cette donnée en1913. betterave industrielle. » On ne doit donc pas
La racine est mûre lorsque les feuilles jau- négliger une pratique culturale qui retentit heu- FIG. 543. — Développement
nissent, et celles-ci représentent environ le reusement, non seulement sur la betterave, mais complet des racines de bette-
tiers du poids total de la plante à la récolte, aussi sur les cultures subséquentes. raves industrielles dans un
dans la betterave à sucre, et le cinquième environ dans la betterave four- D'un grand nombre d'essais betteraviers que sol bien travaillé.
ragère. La richesse saccharine ( fig . 542) est en rapport avec la sécheresse nous avons effectués pendantuatre ans dans le
et surtout avec un abaissement de température pendant les nuits du der- Cambrésis, il résulte que leillagefou a toujours procuré un excédent no-
nier mois de végétation. Lorsqu'à des mois d'août et de septembre chauds table de rendement dans les sols les plus divers. Voici pour les quatre an-
165 BETTERAVE

nées successives quels ont été les rendements moyens obtenus dans les par- à 10 pour 100 de sucre et 26 000 kilogrammes de feuilles pour les betteraves
celles fouillées et non fouillées : à 15 pour 100 de sucre), il ressort :
1° Que la betterave est, avant tout, une plante potassique et qu'elle réclame
surtout en grande quantité la potasse et l'azote ;
2° La quantité de matières minérales nécessaire à la formation de 100 ki-
logrammes de sucre est voisine de 13 à 14 kilogrammes pour les betteraves
saines et parvenues à maturité (Champion et Pellet, Dureau, Vivien) ;
3° Certains éléments minéraux secondaires, tels que la magnésie, sont
réclamés en quantités notables et doivent avoir une influence sensible sur
les rendements.
1910. (Année humide) ............... 35 885 8°,63 32 151 8 ° ,46 D'après ces essais, les exigences des betteraves à 15 pour 100 de sucre
1911. (Année très sèche) ........... 27 373 8 ° ,60 24 665 8°,49 semblent bien supérieures à celles des betteraves à 10 pour 100 de sucre ;
1912. (Année humide en fin de
saison) ......................... 39141 8 °,20 37 312 8°,43 mais, en réalité, il n'en est rien, car, lorsqu'on obtient 45 000 kilogrammes
1913. (Année plutôt humide) .. 37 756 7°,41 32 278 7°.32 de racines riches à 10 pour 100, on ne récolte guère que 30 000 kilogrammes
de racines à 15 pour 100, de sorte que l'équilibre s'établit pour les exigences
TOTAUX ..... 140 155 32°,84 126 406 32°,70 des deux sortes de racines.
MOYENNES. 35 038 8°,21 31 601 8°,175 C'est à la même conclusion qu'aboutit M. Saillard lorsqu'il écrit : « La
quantité de matière sèche contenue dans la récolte entière (racine et feuilles)
De ces essais, il ressort que les parcelles fouillées ont accusé un excédent est à peu près la même dans les deux cas ; mais la betterave riche porte plus
moyen de 3 427 kilogrammes et une densité un peu plus élevée. de feuilles parr hectare et, comme les feuilles restent sur le champ, elles
Nous avons également fait une autre constatation intéressante, c'est que, favorisent davantage la récolte qui lui succède dans l'assolement. » Une
pour les années ci-dessus, les fouillages hâtifs ont donné de meilleurs forte récolte de betteraves à sucre (35 000 kilogrammes de racines à l'hectare)
résultats que les fouillages tardifs. Nous pourrions le démontrer dans de exporte, d'après Garola, dans les racines et les feuilles correspondantes
nombreux essais ; nous nous contenterons de signaler les résultats obtenus Azote ........................................................................... 144 kilogrammes
chez M. P. Lesage, à Awoingt, en 1912 ; les voici : Acide phosphorique .................................................... 64......... —
Potasse. ....................................................................... 353......... -
ÉPOQUES D•J FOUILLAGE RENDEMENTS A L'HECTARE Chaux .......................................................................... 88

Début d'octobre. 41 515 kilogrammes. Fumures employées. — Quelle est la fumure généralement employée
Mi-janvier, 37 597 — pour satisfaire à de telles exigences ? La voici pour le Cambrésis (Nord) :
Parcelle non fouillée. 36 952 — Fumier mi-fait ...................................................... 60 000 kilogrammes
Le fouillage est donc une excellente pratique culturale qui ne devrait Tourteau de ricin .................................................. 1 000......... —
Nitrate de soude .................... r ........ 300......... —
jamais être négligée.
Nous donnons, d'après la ferme de Champagne, près Juvisy (Seine-et- Une fumure semblable apporte au sol environ 355 kilogrammes d'azote,
Oise), la succession des façons précédant la semaine de la betterave, car 200 kilogrammes d'acide phosphorique et 330 kilogrammes de potasse. On
nulle part ailleurs la terre n'est mieux préparée. Voici ces travaux : remarque qu'elle n'est pas équilibrée : elle livre assez d'azote et d'acide
Vers la mi-août, septembre, déchaumage du sol à Om,08 environ ; en sep- phosphorique, mais pas assez de potasse. C'est peut-étre la cause essentielle
tembre et octobre, enfouissement des fumiers par un labour léger (0m,14 à de la fatigue betteravière, observée dans les arrondissements de Douai et
Om,15 environ) ; en octobre, novembre et décembre, labours profonds de Valenciennes, où l'on cultive la betterave depuis longtemps et où l'on a
à O",33-Om,35 , exécutés par de forts brabants, traînés par huit boeufs et sur- abusé de cette culture.
veillés par deux hommes. A la ferme de la sucrerie de Solesmes (Cambrésis), le rendement de la
Les labours restent bruts tout l'hiver ; au printemps, on multiplie les betterave était tombé à 23-24 000 kilogrammes à l'hectare ; il se relève
façons superficielles : on donne d'abord deux hersages croisés suivis d'un de 8 000 à 10 000 kilogrammes, rien que par l'emploi régulier et à haute dose
croskillage, puis on extirpe, herse et passe à nouveau le croskill. Si la terre des engrais potassiques complémentaires. M. Saillard se range à notre avis
n'est pas à point, on la herse et la croskille encore une fois. Enfin, le pas- lorsqu'il préconise l'emploi de 200 kilogrammes de chlorure ou sulfate,
sage de la herse écroûteuse-émotteuse pulvérise les dernières mottes apres de nombreux essais. Mais il recommande de répandre ces engrais le
qui ont échappé à l'action des instruments précités. Il est vrai d'ajouter que, plus töt possible, à l'automne ou pendant l'hiver.
dans nombre de sols, les façons superficielles peuvent être réduites. La fumure ci-dessus doit satisfaire non seulement la betterave, mais en-
Exigences et fumure de la betterave ( fig. 544, 545). — Plus les betteraves core le blé et l'avoine qui suivent. Assurément, les feuilles font le plus sou-
sont riches en sucre, plus elles sont pauvres en cendres et en matières miné- vent retour au sol et ristournent au moins le tiers des principes fertilisants
rales ; par conséquent, moins elles sont épuisantes. D'après les analyses que exportés. N'empêche que si l'on faisait le bilan chimique des exportations de
toute la rotation, on verrait encore le déficit en potasse s'accentuer.
Une réserve s'impose aussi pour l'acide phosphorique : cet élément fait
100X souvent défaut dans les sols betteraviers. Or, il ne faut jamais oublier non
plus que l'engrais s'applique surtout au sol.
M. Tetar, à Gonesse, sur des terres pauvres en acide phosphorique assi-
\

milable, a obtenu des augmentations de rendements considérables avec les


engrais phosphatés.
‘; ‘,Z•,°/).<
tik. 6^.

De l'ensemble des faits exposés, il résulte que les cultivateurs appor-


i y0 y5 tent parfois trop d'azote et négligent assez souvent les fumures phospha-
téeset potassiques.
° Le fumier est souvent appliqué trop tard (février ou mars) et trop peu
50 ; ¢) r ,r ; CC
décomposé. C'est là un grave inconvénient : l'excès d'azote apporté par les
X% 'R Q^Oh fumures nitrifie tard (fin août, courant septembre) ; la racine se gorge de
^
x nitrates de chaux, de soude ou de potasse, et comme elle ne peut les assi-
X miler, elle les emmagasine tels quels ; le système foliacé prend un dévelop-
:1 d pement exubérant, la maturité des racines est entravée et leur richesse en
-
.1 / P
:_,.. .71 sucre fortement diminuée. Il faut donc appliquer une fumure plus raison-
i née, appliquée en temps opportun, et surtout mieux équilibrée.
La betterave à sucre s'est accoutumée aux doses croissantes de fumier et
O 50 ' + :100 ) 150 u2J^]ours d'engrais concentrés (nitrate de soude par exemple) et il n'y a encore qu'un
2Avril 13 Juin 18Juillet 16 /lotit 12Octobre moyen d'obtenir de gros rendements, c'est de fum e r largement. Les Alle-
mands, qui ont beaucoup contribué à poser les principes de la fumure
FIG. 544. — Marche de l'absorption des éléments nutritifs dans la betterave rationnelle de la betterave (études des Stations agronomiques de Halle et
à sucre, d'après Garola. de Brom be rg), ont aussi reconnu l'efficacité de la chaux et des fumures orga-
niques. Ils ont souvent recours aux engrais verts et aux chaulages légers.
nous avons effectuées chez M. Denaiffe, à Carignan (Ardennes), les bette-
Ils abusent moins de la betterave que chez nous et ils préconisent la fumure
raves cultivées se classent comme suit, d'après leur teneur décroissante en suivante :
cendres : betteraves fourragères, betteraves potagères et betteraves sucrières ; Fumier bien fait ..................................... 30 000 40 000 kilogrammes
Appuyée par la fumure minérale complémentaire suivante :
Nitrate de soude ou son équivalent ............... 600 ... 700 kilogrammes
Superphosphate .............................................. 500 à 1000 ..........—
Sel de potasse à 58 pour 100 ................ 200.......... —
ou sylvinite riche ( 20à22p.100depotasse ) 450 à 500.................... —
Fumure idéale. — Dans ces derniers temps, on a reconnu l'efficacité de
principes fertilisants qu'on s'était habitué à considérer comme secondaires,
tels, par exemple, la magnésie, le manganèse et l'acide sulfurique. Il est
utile aussi de mettre à la disposition de la plante de l'azote soluble à tous
les stades de sa végétation. C'est guidé par ces considérations et par toutes
celles que nous avons exposées que nous préconiserons la fumure ci-dessous,
lorsque la betterave revient tous les trois ou quatre ans à la même place :
Fumier de ferme mi - fait ........................ 50 000 à 55 000 kilogrammes
(enfoui à l'automne) ;
FIG. 545. — Action des engrais sur la betterave fourragère (I) et la betterave Scories de déphosphoration 16-18 pour 100 ...... 400 kilogrammes
Sylvinite 12-13 pour 100 ....................................... 1 000.......... —
à sucre (II). Rendement à l'hectare (essais de Grignon). ou sylvinite riche (20-22 p. 100) ...... 500 à600 —

leur richesse en sucre présente un ordre inverse. C'est aux mêmes résultats (répandues sur le labour brut à l'automne) ;
qu'aboutit Vivien et qui révèlent 9 pour 100 de cendres dans les betteraves Superphosphate 14-16 pour 100 ........................ .. 200 kilogrammes
a 9 pour 100 de sucre et 3 pour 100 dans celles à 15 pour 100 de sucre. Sulfate d'ammoniaque ................................................ 100.......... —
Nitrate de soude ......................................................... 100.......... —
Des analyses de Champion et Pellet (récolte de 50000 kilogrammes de
racines à l'hectare avec 13000 kilogrammes de feuilles pour les betteraves (à répandre en mélange au printemps, avant les semailles).
BETTERAVE 166

Plus 150 ä 200 kilogrammes de nitrate de soude au démariage. Semences et semailles. — La semence doit provenir de jeunes plants issus
L'usage d'une telle fumure ist un peu compliqué, mais ceux qui l'appli- de graines mères riches et régulières de forme, de sorte que la production
queront s'en trouveront bien. Les scories et la kainite apportent gratuitement de la graine prend trois ans.
la chaux et la magnésie ; le superphosphate et le sulfate d'ammoniaque, Une semence loyale et marchande ne doit pas contenir plus de 15 pour 100
le soufre ; le sulfate d'ammoniaque prolonge raction du nitrate de soude. d'eau, ni renfermer plus de 3 pour 100 d'impuretés.
L'application des engrais azotés en deux fois, en terre et en couverture, Sur 100 glomérules, 60 doivent germer après six jours, 75 après qua-
assure une meilleure répartition de l'azote et prolonge son action. torze jours et ils doivent livrer au moins 125 germes bien constitués.
Lorsque la betterave ne revient sur la même sole que tous les cinq ou six M. Schribaux propose de tenir compte de la grosseur des glomérules dans
ans, on peut réduire un peu la fumure complémentaire ; on peut supprimer, les conditions suivantes :
sans grand inconvénient, 200 kilogrammes de kainite, 100 kilogrammes de Après quatorze jours, les petites graines (pesant moins de 20 grammes
scories et 100 kilogrammes de nitrate. Ajoutons que l'expérimentation s'est le mille) doivent germer ä 70 pour 100 au moins ;
montrée nettement favorable ä l'agglomération des engrais chimiques et Les graines pesant de 20 ä 21 grammes ......... 72 pour 100 au moins ;
ä leur répartition ä proximité des lignes de betteraves. — de 21 a 22 grammes 74 —
— de 22 ä 23 grammes 76 —
Essais d'engrais. — La matière organique, la vieille force, est indispen- — de 23 à. 24 grammes 78 —
sable ä la réussite des betteraves et les bons cultivateurs, en Allemagne, — de 24 ä 75 gr. et au-dessus 80 —
usent largement des engrais verts. Kiehl, Reinferdel (Allemagne), a montré Et, après six jours, les 4/5 au moins des germes doivent être sortis.
expérimentalement que les résultats obtenus avec la betterave ä sucre,
venant après trèfle, étaient bien supérieurs ä ceux d'une récolte de bette- La rapidité de germination donne la mesure de l'énergie germinative : les
rave succédant à une céréale d'hiver ou de printemps. A Lauchstadt, en semences qui germent rapidement produisent des plantules plus vigoureuses,
Saxe, on sème couramment un mélange de légumineuses comme engrais plus résistantes aux maladies, aux intempéries et donnent de plus gros ren-
vert (pois, vesces, féveroles). dements. Les gros glomérules sont les premiers mûrs ; ils possèdent les
Ces considérations expliquent la faveur dont jouissent les fumiers bien amandes les plus lourdes et les plus grosses, celles qui germent le plus vite
décomposés et certains engrais organicpies ä décomposition rapide, tels que et donnent les plantules les plus vigoureuses. La dessiccation des glomérules,
le sang desséché et les tourteaux, aupres des cultivateurs de betteraves. tendant ä ramener leur taux d'humidité ä 12 pour 100, augmente leur
Lawes et Gilbert, ä Rothamsted, ont obtenu les rendements suivants, rap- énergie germinative, d'après M. Schribaux. .
portés ä l'hectare, avec des betteraves fourragères : Les semailles se font généralement en lienes, espacées de 0,0,38 ä 0m,45
pour les betteraves ä sucre ; de 01°,45 ä Om,50 pour les betteraves de distil-

DESIGNATION RACINES FEUILLES

Kg. Kg.
Sans engrais ........................................................... 14 436 3 564
Fumier de ferme, 35 000 kilogrammes ................. 48 925 18 837
Fumier et nitrate de soude, 616 kilogrammes ........ 59 917 21 285
Fumier et superphosphate d'ammoniaque ............... 55 947 28 253
Fumier et superphosphate de chaux ........................ 38 626 9 591

Nous n'avons effectué qu'un essai d'engrais sur betterave fourragère à


Rubécourt (Ardennes), en 1902, en sol riche et profond, sur trois parcelles .
1° une parcelle au fumier de ferme (50 tonnes ä l'hectare) ; 2° une parcelle ä
engrais complet, composé comme suit : 1 000 kilogrammes de tourteau de
ricin 4,5 pour 100 d'azote, 200 kilogrammes de nitrate de soude, 100 kilo-
grammes de sulfate d'ammoniaque, 600 kilogrammes de superphosphate
16 pour 100 et 250 kilogrammes de sulfate de potasse 50 pour 100 ; 3° une
parcelle ä fumure mixte ayant reçu 30 tonnes de fumier de ferme et moitié
de l'engrais complet ci-dessus. Voici les résultats obtenus et rapportés à
l'hectare, avec r ovoïde des Barres :

RENDEMENTS OBTENUS
ENGRAIS EMPLOYÉS ____— ..
Racines. Feuilles.

Qtz Qtx
Fumier seul .......................................................... . 404 75
Engrais complet ...................................................... 477 68
Fumure mixte ......................................................... 536 82

Cet essai est surtout intéressant en ce qu'il met en relief la supériorité de


la fumure mixte sur les deux autres fumures. FIG. 546. — Semaille des betteraves au semoir mécanique.
Nous avons entrepris vingt essais d'engrais sur la fumure de la betterave
ä sucre dans le Cambrésis en quatre annees successives. A une forte fumure lerie ; de 0m,50 ä 0m,60 pour les betteraves fourragères. Pour la betterave à
au fumier de ferme (50 000 kilogrammes ä l'hectare), nous avons fait ajouter sucre les espacements les plus usités sont ceux de Om,40 et 0m,42. On emploie
un copieux complément d'azote, d'acide phosphorique, de potasse sous de 20' ä 30 kilogrammes de graines ä l'hectare pour les betteraves indus-
forme organique et minérale (95 kilogrammes d'azote, 90 kilogrammes d'acide trielles (moyenne, 25 kilogrammes) et de 15 ä 20 kilogrammes seulement
phosphorique et 100 kilogrammes de potass&. L'azote était fourni par tiers pour les betteraves fourragères. Plus on sème tôt, plus il faut de semence.
sous forme de sang desséché, de sulfate d'ammoniaque et de nitrate de Le semoir en lignes continues a été exclusivement employé jusqu'à ces
soude ; l'acide phosphorique était livré par du superphosphate 16-18 pour 100 derniers temps, mais on tend ä lui substituer le semoir en lignes discon-
et la potasse par du sulfate de potasse ä 50 pour 100. Nous donnons ci- tinues ou ä distribution intermittente et, plus rarement, le semoir ä
dessous les rendements moyens ä l'hectare, pour ces diverses années : poquets ( fig. 546). Derenne, de Bavay, a proposé un semis en bandes, con-
sistant en un semis ä deux lignes rapprochées à Or°,28, avec un interbande ou
grand espacement de 0.,52. L'engrais complémentaire était distribué en
ENGRAIS ENGRAIS ENGRAIS lignes dans l'espacement de 0m,28. Ce système facilitait les binages et a donné
ANNÉES D'ESSAIS azotés azotés complets.
TÉMOINS
et phosphates. et potassiques. de bons résultats ä son auteur. Néanmoins, il ne s'est pas généralisé.
Les semis de graines mélangées de variétés ä haute richesse saccharine
Kg. Kg. Kg. nous ont toujours fourni un excédent de rendement de 1 200 ä 1 800 kilo-
Première année ........... 36 784 38 428 39 325 e grammes de racines ä l'hectare. Néanmoins, nous n'avons guère vulgarisé
Deuxième année ........... 26 510 25 665 27 109 19 442 cette pratique, car, dans les contrats d'achat ä for fait, les cultivateurs ont
Troisième année ........... 39 471 45 958 46 854 32 446 trop tendance ä mélanger des graines de betterave ä grand rendement et
Quatrième année ......... 36 450 35 951 39 336 31 073 faible densité avec des semences de variétés ä richesse saccharine élevée.
-
82 961
Dans la région du Nord, on sème du début d'avril à la mi-mai ; dans le
TOTAUX ...... 139 222 146 002 152 624
MOYENNES. 34 805 36 500 38 156 27 653 Midi, on sème au début de mars. On peut semer partout lorsque la terre
est ä point et que la température moyenne du jour atteint 10 degrés.
Dans les cantons de Cambrai-Est, Cambrai-Ouest, Carnières (Nord), où
Chose curieuse, la richesse a été peu influencée par l'application des l'on sème généralement la betterave ä sucre 10 ä 12 jours plus tôt que dans
engrais : nous n'avons enregistré que des différences insignifiantes, 1 ä les cantons de Marcoing, Clary et Solesmes, on récolte 2 500 ä 3 000 kilo-
2 dixièmes de degré environ, en faveur des engrais phosphatés sur les grammes de racines en plus, dans les premiers, avec une densité supérieure
en,grais potassiques. de 3 ä 4 dixièmes. Chaque fois qu'on le peut, il faut mettre le temps avec
On peut tirer les conclusions suivantes de ces essais : soi il dorme des plus-values gratuites.
1° Le cultivateur de betteraves ne consent pas encore des sacrzfices En Allemagne et en Autriche, dit Saillard, on sème plus tôt qu'en France
suffisants pour la culture de cette racine ; et il est probable, avance-t-il, que le large emploi du fumier, des engrais
20 Les engrais complémentaires, employés ä très haute dose, ont pro- verts et de la chaux, en réchauffant le sol, permet d'avancer la date des
curé des excédents moyens de plus de 10 000 kilogrammes de racine ä semailles. Pour les semis précoces, les Allemands emploient jusqu'à 40 et
l'hectare et ont été largement payés par la betterave sucre, dès la pre- 45 kilogrammes de semences ä l'hectare, afin de parer aux manquants.
mière année ; La profondeur du semis doit varier de 2 ä 3 centimètres. « La graine
3° La betterave sucre peut supporter de copieuses _fumures azotées doit voir le soleil, » disent les cultivateurs. C'est le moyen d'assurer une
lorsque la fumure générale est bien équilibrée ; levée rapide et une végétation régulière.
4. Les engrais phosphatés et potassiques doivent toujours dire em- Lorsqu' on est dans la nécessité de procéder ä des semailles tardives et
ployés ä titre complémentaire et la potasse est au moins aussi nécessaire qu'on veut les avancer, on procède au trempage des semences dans de l'eau
que l'acide phosphorique ; aiguisée de purin et ä une température initiale de 25-30 degrés. Le tout doit
5° On ne retire un profit réel d'une forte fuMure semblable qu'à la être placé dans un local ä température de 20 degrés environ et le trempage
condition de la répartir dans une bonne couche de terre, par conséquent peut durer de 6 ä 12 heures. Ces graines trempées devront être semées sur
de travailler le sol profondément. un sol fraîchement préparé et dont les couches superficielles ont gardé une
167 BETTERAVE

FIG. 547. -- Binage mécanique des betteraves. FIG. 548. — Démariage des betteraves.

certaine dose d'humidité, car, dans un terrain trop sec, la graine céderait de et surtout beaucoup plus de matieres seches, c'est-à-dire de matières utiles
l'eau au sol, la germination serait arrêtée et l'embryon tué. Avec un trempage (Recherches de Dehérain, Garola, Brétignière et Dupont, etc.).
d'une dizaine d'heures, des semailles faites en bon sol et une température Avec cinq variétés cultivées cöte ä cöte, Garola a obtenu, pour des semis
convenable, on obtient une levée en 48 heures. a Oin,45 et ä 0.1,90, un excédent moyen de 99 quintaux en poids ä l'hectare,
Espacement des semis. — L'espacement des betteraves est un des facteurs en faveur des semis ä rangs serrés. De plus, en analysant ces racines, il a
essentiels de la culture de cette racine. Tous les essais effectués dans cette voie constaté que les petites racines étaient beaucoup plus riches en matières
ont montré que les peuplements serrés donnaient des racines riches en sucre sèches, partant plus nutritives que les grosses racines. Voici, pour le même
et les peuplements läches des racines aqueuses, moins riches en sucre et essai, les résultats obtenus :
chargées de sels alcalins.Pagnoul en a donné une démonstration très nette,
en analysant des betteraves ä sucre, venues sur des parcelles ä pieds serrés,
ä pieds très espacés et des racines isolées. MATISSES SÈCHES PAS HECTARE
Dans les sols extra-riches de la Saxe et de la Silésie, les Allemands vitturts
laissent 100 000 pieds ä l'hectare. Certains auteurs et agronomes vont plus Semis a 0.,445. Semis a 0.,(10.
loin ; ils sont partisans des semis encore plus serrés. Fl. Desprez, ä Cappelle
(Nord), a conclu de ses essais qu'il y a avantage ä serrer le peuplement, de Qtx Qtz
façon ä obtenir jusqu'à 14-16 betteraves au mètre carré. Dans les terres 1' Disette mammouth ............................................ 42,55 36,80
riches de Cappelle, il peut y avoir avantage à adopter des semis très serrés, 2° Jaune géante de Vauriac. .................................. 53,89 36,60
mais de là à les géneraliser, il y aurait de graves inconvénients. Nous 3° Globe à, petites feuilles ....................................... 50,25 38,09
admettons, avec Achard, que la distance des plants doit dire en raison 4° Jaune Ovoïde des Barres. .................................. 47,16 29,10
inverse de la qualité du sol ; mais, dans la grande majorité des sols bette- 5° Disette corne de bceuf ....................................... 58,98 32,48
raviers français, un peuplement de 9 ä 10 betteraves ä sucre et 6 ä 7 bette-
raves fourragères au mètre carré constitue un maximum qu'il n'est pas En faisant la somme des matières nutritives par hectare somme = albu-
avantageux de dépasser. Dans les essais de Pétermann, ä Gembloux, la bet- mi/loi:des + graisses sucres ± pentosanes) et en comparant, dans le même
terave Vilmorin seule a donné de bons résultats avec des espacements de essai, les betteraves ä sucre et de distillerie avec les races fourragères, on
Ora,35 X 0-,18 ; les autres variétés sucrières ont donné, avec les mêmes trouve 3 021 kilogrammes de matières nutritives à l'hectare pour les semis
espacements, des résultats désavantageux. ä 0E2,90 et 4 632 kilogrammes pour les semis à 0m,45. '
Pour élucider la question, nous avons procédé ä 24 essais d'espacement L'écart est trop sensible pour qu'il ne s'impose pas ä l'attention des culti-
des pieds, en quatre ans, dans les divers sols du Cambrésis. Nos essais ont
vateurs et pour que ceux-ci n'adoptent pas franchement les espacements
eu heu dans une contrée riche et ont porté sur la betterave ä sucre. Chaque serrés, ä la condition toutefois qu'ils consentent ä fumer davantage et ä
essni comprenait les parcelles suivantes : nourrir normalement des plants plus nombreux. Assurément les grosses
re parcelle ................................................... 50 000 pieds ä l'hectare. betteraves fourragères doivent être semées un peu moins serré que les
2' — ..................................................... 60 000 — variétés de petite et moyenne taille, mais les résultats ci-dessus montrent
3' — 70 000 — aussi que le choix de la variété est secondaire et que les rendements en
4' — .................................................... 80 000 — matières utiles sont surtout sous la dépendance d'une culture raisonnée.
— .................................................... 90 000 —
6' -- 100 000 — — Il n'est pas besoin de cultiver des betteraves pour en obtenir de l'eau ;
« pour en fournir, l'abreuvoir suffit », dit justement Dehérain.
Or, ce n'est 9ue très accidentellement que les parcelles à 100 000 pieds Culture par transplantation. — Dans l'Ouest, le Centre-Otiest et le Sud-
nous ont donne des rendements superieurs. Ce sont les parcelles ä 80 000 Ouest de la France, où le sol est souvent humide, où les terres fortes se
et 90 000 pieds au démariage, donnant 70 000 ä 80 000 pieds ä l'arrachage, qui bottent et se croûtent sous l'action des pluies et des premières chaleurs, où
nous ont donné les meilleurs résultats. les m'emes sols s'enherbent aisément et où il est bon d'avoir du temps devant
Dans tous nos essais, nous avons procédé nous-mêmes, par la méthode de soi pour les mettre ä point, la culture par transplantation est très en vogue
la pesée géométrique, ä l'arrachage, au comptage et ä la pesée des racines. pour les betteraves fourragères. « C'est en vain, dit Heuzi, qu'on a voulu
Or, nous avons toujours constaté qu'un peuplement de 9 a 10 betteraves au renoncer aux semis en pépinières pour adopter les semis en place. » Ajou-
mètre carré, au démariage, n'en donnait plus, avec les accidents de végé- tons que la transplantation fait gagner du temps, car il est plus expéditif
tation, que 8 ä 9 ä l'arrachage. de planter un champ que de le biner et de le démarier.
D'une manière générale, plus un sol est riche, profond et frais, plus il On sème les betteraves fourragères (non les collets roses et les collets
est capable de porter de racines ä l'hectare. Cependant, en pratique, pour verts) sur une pépinière propre, meuble et bien fumée, en lignes distantes
l'ensemble des sols betteraviers français, il est bon de ne pas dépasser de 0m,20 ä 0m,25, vers la fin de mars ou le début d'avril. On laisse les plants
90 000 pieds pour les betteraves ä sucre et 60 000 ä 65 000 pieds pour les bet- ä touche touche sur la ligne et l'on procède ä la transplantation du 15 mai au
teraves fourragères. En adoptant un espacement de Orn,40 entre les lignes, 15 juin, lorsque les plants ont la grosseur minimum d'une plume d'oie,
pour la betterave à sucre, on laissera un plant tous les 0°',25 ä Om,30 (moyenne, car des plants trop petits seraient exposés à être détruits par la sécheresse.
Oni,28) et, avec un interligne de Orn,50 pour la betterave fourragère, on espa- La transplantation se fait plat ä On',50/0m,30 dans les terrains sains et en
cera les pieds sur la ligne de Orn,30 ä On1,33. billons, espacés de Orn,60, pour les sols humides. Elle s'effectue au plantoir,
Dans nos essais, nous avons constaté une augmentation de richesse avec sur un sol préalablement rayonné, ou ä la charrue (une raie sur deux).
un peuplement serré, mais jamais les peuplements de 100 000 pieds n'ont Lorsque la plantation est faite par des enfants novices, cn peut leur donner
dépasse, en moyenne, de plus de 4 à 5 dixièmes de degré ceux de 50 000 pieds un plantoir d'une longueur égale ä la distance des plants sur la ligne et,
ä l'hectare, avec des variétés riches. Cependant le cultivateur possède dans lorsqu'elle s'effectue sur un sol non rayonné, on peut employer le cordeau
les peuplements assez serrés un moyen d'obtenir un rendement et une ä noeuds, dont les noeuds sont espacés de 001,30. Quand on est obligé de re-
richesse saccharine plus élevés, qui doit être pris en sérieuse considération. piquer par la sécheresse, il faut donner au moins mi arrosage. Il va sans
Semailles des betteraves fourragères. — Autrefois et même encore au- dire que ce sont les plantations effectuées les premières — toutes choses
jourd'hui dans certaines régions, on adoptait et on adopte des espacements égales d'ailleurs — qui donnent les meilleurs résultats. Un hectare de pépi-
exagérés pour la betterave fourragère. C'est un tort Les grosses betteraves nière donne du plant pour 12 ä 15 hectares environ.
sont peu nutritives • ce sont des trompe-l'oeil, de vrais éponges gorgées Binages et demariage.— Le rendement en poids et en sucre dans la bette-
d'eau et de sels alcalins 9u'on n'obtient qu'en espaçant les semis. Or, il est rave est proportionnel aux binages (fig. 547). On ne saurait ni trop biner
prouvé qu'en plantant a rangs serrés, on obtient plus de poids ä l'hectare ni biner trop tôt « On fait le sucre ci coups de houe, » disent les Allemands.
BETTERAVE 168

On doit aussi procéder au démariage de très bonne heure, quand les bette-
raves ont de deux à quatre feuilles bien développées.
Le démariage (fig. 548) devrait s'effectuer en deux temps : le placage,
qui consiste à laisser des bouquets de betteraves tous les 0m,25 à 0m,30
(moyenne 0m,20), et qui peut s'effectuer à la main ou mécaniquement, et
le démariage proprement dit, qui est fait par une autre équipe d'ouvriers
arrachant les betteraves en surnombre et ne gardant que la plus belle par
touffe. Briens, dans un rapport à la Société nationale d'agriculture alle-
mande, a montré que le choix des plants a procuré des augmentations de
rendement allant de 10 000 à 14 000 kilogrammes à l'hectare.
On donne généralement cinq binages à la betterave à sucre, dont deux à
la main et trois à la houe mécanique.
Le dernier doit remplir également l'office de buttage et ramener la terre
au collet des betteraves.
Lè plaçage mécanique s'effectue avec des houes démarieuses qui passent
diagonalement ou perpendiculairement aux lignes, retournent les lignes de
betteraves, en laissant tous les 0m,20 à 0m,25 des bouts de ligne de 0m,05.
M. Bajac a inventé une automobile-sarcleuse qui travaille sur la ligne et
dont les couteaux se lèvent d'une façon intermittente pour laisser intacts
des bouts de ligne•de 0m,05 à 0m,06.
Kiehl, à Reinferdel (Allemagne), a démontré en 1899 que le nombre des
binages augmentait le rendement et la richesse saccharine des betteraves
dans des proportions élevées.
Nous n'avons effectué qu'un seul essai de binages en 1910 ; il nous a donné
les résultats suivants avec la betterave sucrière Dippe GDNVI. FIG. 550. — Arrachage des betteraves à la main.

Rendements de la betterave. —La betterave à sucre rend généralement de


POIDS DES RACINES 25 000 à 35000 kilogrammes de racines à l'hectare ; la betterave de distillerie,
NOMBRE DES BINAGES DENSITÉ
a l'hectare. moins riche, peut li-
vrer de 30000à 40000
Kg . kilogrammes et la bet-
Avec 1 binage ............................................ 24 725 7 °,8 terave fourragère de
— 2 binages .......................................... 27 040 7°,7 40000 à 70000, selon
— 3 — .......................................... 29578 7°,9 les sols, les variétés,
— 4 — .................................................................................................. 31739 8°,1 les soins, les conditions
—5 — . 32 577 8° climatériques et les fu-
mures employées.
En bonne année, en
Les quatre derniers binages, comparés au premier, ont procuré un excé- sol riche et en culture
dent de rendement de 7 845 kilogrammes avec une densité sensiblement soignée, le produit de
plus élevée. En comptant les betteraves à 30 francs la tonne, c'est une plus- la betterave à sucre
value brute de 225 francs à l'hectare. A Grignon, des essais de binages ana- peut s'élever à 40000
logues ont été aussi avantageux que ceux que nous venons de rapporter. kilogrammes,avecune
Les cultivateurs ont donc sous la main, avec les binages, un moyen de faire richesse allant de 7°,5
de l'or à peu de frais et nombre d'entre eux lésinent encore pour donner à à 9 degrés. Le rende-
la betterave les quatre ou cinq binages . qu'elle réclame impérieusement au ment moyen, dans ces
cours de sa végétation. delix dernières an -
On ne saurait trop insister non plus sur la nécessité d'opérer le démariage fiées, a été voisin de
de bonne heure, de placer régulièrement les plants et de laisser sur chaque 28000 kilogrammes de
touffe le plus beau pied. racines, avec une ri- FIG. 551. — Débardage des betteraves
Effeuillage. — L'effeuillage, ou soustraction des feuilles au cours de la vé- chesse moyenne de au moyen d'un Decauville et de wagonnets (vue en plan).
gétation, restreint la transpiration, l'assimilation du carbone et l'élaboration 8 degrés et un prix de
du sucre. Il fait baisser les rendements de 10,15 et 25 pour 100, selon l'époque vente moyen de 25 francs la tonne à 7 degrés, soit 30 francs la tonne si l'on
à laquelle on le pratique, selon l'opération plus ou moins sévère à laquelle évalue les dixièmes de degré à 0 fr. 50.
on procède, et selon qu'on le répète deux à trois fois. Il doit donc être En 1905 (une bonne année), les rendements moyens ont été les suivants :
rigoureusement proscrit. Il est rare qu'on pratique l'effeuillage de la bette-
rave industrielle, mais il n'est pas rare qu on s y livre pour la betterave Pas-de-Calais ...................................................... 32 000 kilogrammes.
Nord ................................................................... 31000......... —
fourragère et cela dans le but d'obtenir un maigre appoint fourrager coûtant Seine-et-Marne ............................................. .. 30 000 —
déjà cher à récolter. Oise, Aisne, Seine-et-Oise .................................. 28 000..........—
Schwerz a noté une baisse de 35 pour 100 dans la production des racines Somme ............................................................... 22 000.......... —
avec deux effeuillages sévères. Chassant, à Bressuire, a obtenu les rende- Nous donnons ci-dessous un essai que nous avons entrepris avec trois bet-
ments suivants en racines fourragères, avec trois effeuillages successifs : teraves fourragères parmi les plus cultivées et trois betteraves demi-
Sans effeuillage ................................... 44 420 kilogrammes à l'hectare. sucrières, il nous a confirmé d a ns cette opinion que ce ne sont pas les bette-
1 effeuillage 15 août .......................... 42 480........ — raves les plus volumineuses qui livrent le plus de matières nutritives à
1 effeuillage 15 septembre ................. 41 380........ — l'hectare :
1 effeuillage début d'octobre ............. 37 500........ — —

Trois effeuillages ont donc fait baisser le rendement de prés de 5 000 ki- RENDEMENT
logrammes de racines à l'hectare et, d'après ce que nous avons constaté nous- MATIÈRES A l'hectare.
RENDEMENT SUCRE
mime de visu sur ce sujet, pour la betterave fourragère, il est probable que vARItTEE SECHES ^....."
les effeuillages étaient moderés. Raison de plus pour à l'hectare.
pour 100.
pour 100. 1° en
2° ea
les proscrire de toute culture progressive. matières
seches . encre.
Récolte. — Arrachage des betteraves. — Il bette-
rave est mûre lorsqui elle ne grossit plus, qu'elle ne
gagne plus en richesse saccharine, que les feuilles Kg. Kg. Kg.
sont tombantes et qu'elles prennent une teinte vert Mammouth .......................... 78 900 6 60 5 81 7 574 4 584
jaunâtre. Ovolde des Barres ............. 73 400 10 05 6 32 7 367 4 646
Leur arrachage s'effectue du début d'octobre à la Globe jaune ........................ 58 600 12 82 7 75 7 512 4 541
Blanche à collet vert ......... 61 800 15 30 11 23 9 455 6 946
fin de novembre, soit à la main (à la fourche ou au Blanche à collet rose ........... 70 100 14 77 10 80 8 876 6 490
louchet) [ fig . 549, 550], soit avec des arracheuses Blanche à collet gris ........... 58 700 15 15 11 56 8.882 6 785
mécaniques. Ces dernières se généralisent de plus
en plus, en raison de la cherté et de la rareté de
main-d'oeuvre. Une bonne arracheuse, bien con- La quantité de matières sèches varie peu dans chaque groupe ; ainsi
duite, peut procurer un excédent de 1 200 1 500 kilo- elle atteint, en gros, 7 400 kilogrammes dans les betteraves fourragères et
grammes de racines non brisées sur l'arrachage à la elle est voisine de 9000 kilogrammes dans les betteraves demi-sucrières ;
main. Parfois même, en année sèche, il n'est pas rare par contre, il y a un écart voisin de 1 600 kilogrammes entre les deux
de ramasser 3 000 kilogrammes de morceaux de bette- groupes. Cet écart est bien plus accusé pour le sucre ; il est de 2000 kilo-
raves qui ont été casses dans l'arrachage à la main, grammes à l'hectare environ.
au labour de semailles, sans compter que les bet- Prix de revient de la betterave à sucre. Le prix de revient de la —

teraves cassées se conservent mal et font le déses- betterave peut s'établir comme suit, en bon sol et en bonne culture avant
poir des fabricants. V. ARRACHEURS. guerre :
L'arrachage à la fourche doit se faire avec soin, Loyer du sol et impôts 125 francs.
sous peine de mutiler les betteraves ou de les casser. Déchaumage, labour et fouillage ......................................... 65 —
Le decolletage doit se faire à læ naissance des pre- Fumure : 50 000 kilogrammes de fumier à 8 francs la
tonne, dont la moitié au compte de la betterave ......... 200 —
mières feuilles ; il est souvent trop peu soigné ; bien Engrais chimiques : 300 kilogrammes de nitrate à 26 fr. ;
exécuté, il ne doit enlever que 3 à 5 pour 100 du poids 1 2 400 kilogrammes de superphosphate à 6 francs; 150
des racines, alors chue , mal fait, il atteint parfois 10 Fm. 549. kilogrammes de sulfate de potasse à 25 francs (la moi-
pour 100 et plus. D après Pellet, les collets ont une 1. Bêche ou louchet. tié du superphosphate et du sulfate de potasse sont au
richesse saccharine inférieure de 3 à 6 pour 100 à celle 2. Fourche à betteraves. compte de la betterave) ; plus l'épandàge ..................... 110 —
Semence : 20 kilogrammes à 1 fr. 50 .............................. 45 —
de la racine décolletée et une pureté moins élevée. Fin de préparation du sol et semailles ............................ . 40 —
Le transport des racines décolletées doit s'effectuer, dans les grandes Binages et démariage .......................................................... 80 —
exploitations, en deux temps 1° débardage ou transport sur champ au Arrachage et charroi (charrois variables) .......................... 100 —
moyen de Decauville et de wagonnets (fig. 551) ; 2° transport sur routes au Frais généraux ............................................................... 10 —
moyen de tombereaux et de chariots. TOTAL .................... 775 francs.
169 BETTERAVE

Chez M. Brandin, à la ferme de Galande (Seine-et-Marne), les frais de les cossettes qui seraient alors desséchées et constitueraient un excellent
culture de la betterave de distillerie ont été voisins, pour une période de aliment pour le bétail.
quatre années, de 800 francs l'hectare, et le Comice agricole de Laon, il y a Transformation de la betterave et produits obtenus. — Nous donnons, à
quelques années, les a évalués à 750 francs l'hectare. Peu après la guerre, titre documentaire, les produits livrés par une tonne de betteraves à sucre
on pouvait les évaluer à 2500 francs l'hectare. à 8 degrés de densité, ainsi que les frais occasionnés pour la transformation
Utilisation des produits. — Les betteraves fourragères sont mises en silo de cette tonne de betteraves. Les chiffres que nous donnons ci-dessous sont
ou en cellier pour l'hiver. Si le cellier possède une température un peu une moyenne des dernières années d'avant-guerre :
élevée, les racines poussent et perdent de leurs principes nutritifs ; mieux
Produits livrés par une tonne de betteraves à 8 degrés :
Rendement en sucre : 13,50 pour 100 à 33 francs le quintal. 44 fr. 55
Pulpes : 48 pour 100 à 5 francs la tonne ............................ 2 fr. 40
Mélasses : 38 kilogrammes à 10 francs le quintal ............... 3 fr. 80
Ecumes de défécation : 120 kilogrammes ................... (pour mémoire/.
TOTAL .............................. 50 fr. 75

Frais de transformation d'une tonne de betteraves à 8 degrés :


Frais de fabrication, 10â 12 francs la tonne ........ 12 francs
Intérêt'du capital, amortissement et frais généraux ............. 2 —
Frais d'entretien ..................................................................... 2 —
Prix d'achat de la tonne de betteraves ................................ 30 —
TOTAL ....................... 46 francs

FiG. 552. — Silo de betteraves fourragères établi sur sol humide.


Notons que, dans une sucrerie bien outillée, située à proximité d'un
port ou d'une gare, s'approvisionnant dans un rayon assez restreint et
dirigée par un homme habile, les frais d'entretien et de fabrication sont
vaut les ensiler (fie. 552). Le poids du mètre cube de betteraves fourra- moins élevés.
gères oscille entre 650 et 700 kilogrammes. Découpées en cossettes par le • Le rendement de la betterave de distillerie en alcool est obtenu théori-
coupe-racines, elles entrent dans la composition des mélanges alimentaires quement en multipliant le pourcentage de sucre quelle renferme par le
pour bovidés ou ovidés. Elles constituent une nourriture rafraîchissante, coefficient 0,60. Ainsi, une betterave à 12 pour 100 de sucre devrait don-
car elles renferment 85 à 90 pour 100 d'eau. ner 7,20 d'alcool. Mais on n'extrait jamais la totalité du sucre et on ne
Les betteraves industrielles sont le plus souvent ensilées à l'air libre, transforme jamais non plus tout le sucre en alcool ; on évalue à 1/2 pour 100
dans des caniveaux, larges de 2m,50 environ ( fig. 553), dont le fond est les pertes dues à la fabrication de l'alcool et au sucre non transformé. On
muni d'une rigole recevant l'eau d'un réservoir. On fait tomber les betteraves admet que le chiffre de la densité représente dix fois en volume le ren-
dans la rigole et l'eau les transporte à pied d'oeuvre. Les transporteurs dement en alcool par tonne de betteraves mise en oeuvre. De sorte qu'une
hydrauliques réduisent beaucoup la main-d'oeuvre et sont en usage dans la betterave marquant 6 degrés donnera 60 litres d'alcool ; une betterave à
majeure partie des sucreries et distilleries de France. 7 degrés rendra 70 litres d'alcool, etc., avec une fabrication régulière.
Les pertes subies par les betteraves ensilées sont assez élevées. Ces Il y a seulement une vingtaine d'années, on ne savait pas distiller des
pertes sont dues à la pourriture ou à des altérations causées par des bac- betteraves riches et on ne travaillait guère que des betteraves marquant
téries ou des maladies cryptogamiques, lorsqu'on ensile des betteraves de 5 degrés à 6°,5 de densité. Aujourd'hui, on sait traiter la betterave riche
mouillées dans des silos chauds et peu aérés ; elles sont dues à la respira- et on ne travaille plus guère de betterave au-dessous de 6 degrés de den-
tion, à la combustion et à la pousse lentes des feuilles. sité. Les betteraves mises en oeuvre marquent de 6 degrés à 7 0 ,5.
En six mois d'ensilage, les betteraves perdent environ le tiers de leur En distillerie, dit M. Saillard, quand la valeur de la pulpe dépasse les
sucre et les pertes sont surtout élevées dans les derniers mois, lorsque la frais de fabrication et de transport, ainsi que les différences d'épuisement
du sol, ce sont les betteraves demi-sucrières qui sont les plus avantageuses.
Dans le cas contraire, il faut préférer les variétés riches.
En bonne année et en culture soignée, on peut obtenir 40 tonnes de bet-
teraves dosant 7 degrés. c'est-à-dire rendant 70 litres d'alcool par tonne
travaillée, soit, pour le rendement d'un hectare, 70X 40 ou 2820 litres. Cer-
tains cultivateurs-distillateurs ont atteint et même dépassé le chiffre de
3000 litres d'alcool à l'hectare.
Nombreux sont les usages de l'alcool industriel (éclairage, chauffage,
force motrice), et la culture de la betterave de distillerie eût pris une grande
extension si l'on avait pu stabiliser les prix de l'alcool ou du moins leur
assurer une fixité relative. Le prix moyen d'avant-guerre était voisin de
36 à 40 francs l'hectolitre d'alcool, à 90 degrés, avec des écarts considé-
rables. Le remboursement des frais de dénaturation, évalués à 3 francs
par hectolitre d'alcool à 100 degrés, sont couverts par une taxe de fabrica-
tion qui était un peu supérieure à 2 francs par hectolitre d'alcool à
100 degrés, avant la guerre.
Ajoutons que la distillerie livre un peu plus de pulpe que la sucrerie
(52 pour 100, au lieu de 48 pour 100), mais que les pulpes de distillerie sont
un peu plus aqueuses que celles de sucrerie. V. ALCOOL, DISTILLERIE,
SUCRE, SUCRERIE, PULPE, etc.
Feuilles et collets. — Les collets et feuilles de betteraves, vulgairement
désignés sous les noms de queues et verts de betteraves, représentent, dans
l'ensemble, une proportion plus élevée dans les betteraves sucrières que
dans les fourragères. Ils représentent environ 15 à 20 pour 100 dans les
betteraves fourragères et 25 à 40 pour 100 dans les betteraves à sucre ; dans
'des cas exceptionnels, nous les avons vu atteindre près de 50 pour 100.
Le rendement en feuilles et la proportion des feuilles comparativement
à celle des racines sont très variables ; ils varient avec le sol, sa richesse
plus ou moins grande en azote, les conditions climatériques de l'année, les
fumures employées. En sols argileux riches, en annee humide, avec de
copieuses fumures azotées, on obtient de grandes quantités de feuilles, au
FIG. 553. — Caniveau d'entraînement ou transporteur hydraulique détriment des racines. Les feuilles et collets représentent donc pour la bet-
de betteraves. terave fourragère 10000 à 12000 kilogrammes de matières vertes, et, pour
la betterave à sucre, 15000 à 20000 kilogrammes, qui ont deux destinations :
température se relève. On conçoit qu'il y ait un intérêt de premier ordre la nourriture du bétail ou la fumure du sol.
à les usiner rapidement et à les laisser le moins longtemps possible en Au point de vue alimentaire, les queues de betteraves représentent une
silos. D'ailleurs, une autre raison oblige à mettre en oeuvre rapidement les bonne nourriture qui livre 16 pour 100 de matières sèches, près de
betteraves, c'est qu'elles gèlent à — 2 ou — 3 degrés, et qu'il y a de grosses 20 pour 100 de protéine digestible, et 6 pour 100 de substances extractives.
pertes si on ne les couvre pas. Cette couverture exige une assez grande La valeur alimentaire des feuilles et collets frais est un peu inférieure à
quantité de paille et de main-d'oeuvre, à moins qu'on adopte les silos celle des choux fourragers. Quant aux feuilles et collets desséchés, ce sont
couverts, comme dans certaines sucreries : Escandceuvre (Nord). Néan- de véritables aliments concentrés. Mais il faut en user modérément, car les
moins, on réduira beaucoup les pertes par ensilage, si l'on peut maintenir feuilles sont gorgées de nitrates et d'oxalates alcalins qui purgent les ani-
la température assez basse (entre 1 degré et 5 degrés) et provoquer une maux à jet continu quand on en abuse. En année de disette fourragère,
aération suffisante dans la masse. les queues ensilées constituent une réserve précieuse de nourriture.
Les betteraves, lorsqu'elles sont gelées, perdent beaucoup de leur sucre Au point de vue fertilisant, on estime que 150f0 kilogrammes de verts
cristallisable au dégel (près de 50 pour 100) et subissent des fermentations équivalent à 12000 kilogrammes de fumier, conduit sur un champ, épandu et
acides et alcooliques. Il faut les travailler rapidement, mais elles sont dif- très assimilable.
ficiles à nettoyer, exigent une grande force et usent rapidement les cou- Les betteraves industrielles sont traitées à l'usine pour en extraire le
teaux des coupe-racines. Quant aux betteraves dégelées, outre les pertes en sucre et l'alcool. Les rendements en sucre pour 100 ou en alcool s'élèvent
sucre qu'elles ont subies, elles sont d'un épuisement plus difficile. de plus en plus ; ils ont passé, pour la betterave à sucre, de 5,55 pour 100 du
Les betteraves industrielles riches peuvent être desséchées industrielle- poids des betteraves travaillées, en 1884, à 11,75 pour 100, en 1900, et leur
ment et conservées pour la nourriture du bétail. La betterave fourragère rendement actuel est voisin de 13 pour 100 en année normale. Outre les
renfermant environ 90 pour 100 d'eau ; celle de distillerie, 85 pour 100, et « verts », elles fournissént près de 50 pour 100 de leurs poids de pulpes, très
celle de sucrerie, 80 pour 100_ environ, on conçoit aisément que, pour obte- employées dans l'alimentation ou l'engraissement des bêtes bovines et ovines.
nir la même somme de matière sèche ou utile, les frais de dessiccation Les pulpes de diffusion provenant des betteraves à sucre ou de distillerie
soient moins élevés pour les betteraves riches. renferment environ 90 pour 100 d'eau. A égalité de matières sèches, elles
L'industrie devrait bénéficier largement de ce procédé de conservation et sont meilleures que les betteraves fourragères, parce qu'elles sont plus
l'appliquer de toute autre façon. L extraction en sucrerie ou en distillerie riches en matières azotées alimentaires et ont perdu leurs nitrates et leurs
des derniers degrés de sucre coûte cher. Donc l'industriel devrait viser à amides par diffusion.
produire le sucre d'extraction facile, à en laisser une notable partie dans Modes de vente des betteraves industrielles. — Les planteurs de bette-
BETTERAVE 170
raves vendent leurs produits d'après trois modes différents : 1° vente ä geant dans un bain d'eau salée ä 1/2 ou 1 pour 100 de sel ; on ne retient pour
forfait ; 20 vente la densité ; 3° vente ä la richesse saccharine. la plantation que celles qui tombent au fond du baquet.
La vente ä forfait, ä raison d'un prix donné de la tonne, sans se préoccu- Les racines obtenues sont plantées au cordeau, loin de tout champ de
per de la richesse saccharine, est un contrat rétrograde qui paralyse l'amé- betteraves ä graines, pour éviter l'hybridation, en lignes distantes de 0'0,80
lioration de la culture betteravière. Lorsqu'il est conclu, le cultivateur n'a avec un espacement de 60 centimètres sur la ligne. Pendant la végétation,
plus qu'un objectif : obtenir du poids,et, pour y parvenir, il emploie des
semences médiocres, pousse aux engrais azotés, etc. C'est un marché ä pros-
crire rigoureusement d'une culture progressive. Restent les deux autres,
dont le dernier est, sans contredit, le plus parfait. Mais le cultivateur n'est
pas suffisamment organisé pour le contrôle scientifique de cette méthode.
Aussi le contrat le plus usagé est-il basé sur la vente la densité.
Voici comment on procède au contrôle de cette dernière :
Après défalcation des collets et de la terre qui représentent la tare, un cer-
tain poids de racines (10 kilogrammes environ de grosses et petites) sont
coupees par moitié dans le sens de la longueur, pressées et rapées, dans des
sacs secs, pour en exprimer le jus, et, après un quart d'heure de repos, la
densité en est prise ä 15 degrés C., avec un densimètre spécial. Si la tempé-
rature est superieure ou inférieure ä 15 degrés, il y a une correction de
température ä faire subir ä la densité obtenue. Les degrés et dixièmes de
degre se paient d'après un barème fixé lors de la signature du contrat, qui
est généralement passé peu avant les semailles.
Le poids du sucre pour 100 de betteraves est, en moyenne, double du
nombre de degrés. Ainsi, une betterave ä 7°,5 de densité renferme le plus
souvent 15 pour 100 de sucre. Cependant, cette convention n'est pas rigou-
reusement exacte et le poids du sucre pour 100 de betteraves est inférieur
ou supérieur au produit du degré multiplié par 2, lorsque le nombre de
degrés est lui-même inférieur ou supérieur ä 7°,5.
La vente ä la densité, pratiquée au printemps, est encore un mode
bâtard ; elle n'est basée que sur un cours fictif, car on ne peut pas savoir, en FIG. 554. — Greffage et bouturage de la betterave.
mars, quelle sera l'importance de la récolte en octobre (elle peut varier de i. Betterave ä greffe fourragère (a, porte-greffe; b, greff in); 2. Betterave ä greffe double (a, porte-
25 pour 100 en plus ou en moins) et quel sera le prix du sucre en cours de greffe ; b, b, greffons); 3. Bouture de betterave ayant fructifie dans l'année.
fabrication ? Le mieux serait de vendre la betterave d'après le cours réel
du sucre dans les trois derniers mois de végétation et les trois de fabri- les plants sont binés deux fois ; l'on termine les soins par un buttage et des
cation. Pour encourager la production de betteraves riches, l'industriel pulverisations contre les pucerons, s'il y a lieu. Le rendement varie entre
devrait aussi surpayer les betteraves ä richesse saccharine élevée dont 2000 et 3000 kilogrammes ä l'hectare, du poids moyen de 25 kilogrammes
l'extraction du sucre s'effectue avec moins de perte et plus aisément. l'hectolitre.
De profondes modifications devraient être réalisées dans ces questions Ma/adies et ennemis (V. pl. en couleurs). — Un accident de végétation,
irritantes de l'achat et de la réception des betteraves. Un comptoir d'achat la montée cl graines, et plusieurs maladies cryptogamiques, telles que la
des betteraves devrait se charger de l'achat, de la réception et de la réparti- rouille (uromyces betx), le mildiou (peronospora Schachtii), le rhizoctone
tion de la matière première. Ce comptoir, d'accord avec les représentants violet, la gomme bacillaire, la pourriture du cceur, la jaunisse, affectent la
des syndicats de cultivateurs, devrait elaborer un contrat-type, fixer chaque betterave.
année le prix de la betterave, contrôler la réception et la répartition de ces Montée graines. —Elle ne s'observe guère que sur la betterave ä sucre et
betteraves. Ce serait le meilleur moyen d'annihiler la concurrence déloyale dams les champs où la levée est retardéepar de mauvaises conditions météo-
que se font souvent les fabricants de sucre ; de supprimer les longs, inutiles rologiques. Des jeunes plants pris de froid, ou subissant une période plu-
et coûteux transports de betteraves et de pulpes ; de réduire les frais géné- vieuse et froide après la levée, montent souvent en graine.
raux du fabricant, au grand profit de l'industrie et de la culture. C'est ce qui explique que les semis hâtifs présentent généralement un
La culture doit s'intéresser davantage ä l'industrie, et nombre de sucre. plus grand nombre de betteraves montées la première année que les semis
ries devraient appartenir ä des sociétés coopératives de cultivateurs qui tardifs. Les betteraves montées contiennent sensiblement atitant de jus que
posséderaient les trois quarts ou au moins les deux tiers des actions. Tout les betteraves non montées ; ce jus est de densité plus faible et, cependant, sa
cultivateur, possesseur d'actions devrait cultiver une surface de betteraves richesse saccharine est aussi élevée que dans les betteraves non montées. Si
en rapport avec le nombre d'ac'tions qu'il détient et ces actions ne pour- la densité est faible, cela tient ä la migration retardée des substances sa-
raient être vendues sans l'assentiment de la Société. lines dans les tiges et les graines Mais ces betteraves, dures, ligneuses,
Nous avons encore de sérieux progrès ä réaliser pour atteindre les rende- entravent la fabrication ; il convient donc de les arracher et de les faire
ments en poids et en sucre, ä l'hectare, obtenus chez nos voisins. Nous y par- consommer par le bétail.
viendrons par un meilleur travail du sol, un assolement plus rationnel, Pourriture du cceur. Elle est due ä un champignon microscopique

une fumure plus raisonnée et mieux équilibrée, un choix plus judicieux des (phyllosticta tabifica) qui s'attaque d'abord au pétiole des feuilles ; celles-ci
semences, des semailles plus hâtives, des binages plus nombreux et un s inclinent vers le sol' et ne se relèvent plus ; du pétiole, la maladie gagne le
peuplement plus serré. Toutes ces causes réunies augmentent le rendement collet et le cceur de la racine et les fait pourrir. C'est pourquoi on rap-
des racines de 5000 ä 10 000 kilogrammes ä l'hectare chez les bons culti- pelle vulgairement maladie du cceur de la betterave. Cette affection est
vateurs et élèvent la richesse saccharine de 1 pour 100, soit 150 ä 300 francs surtout fréquente dans les sols humides, compacts et fermes, en année sèche.
de plus-value brute ä l'hectare. L'enjeu mérite d'être pris en considération Traitement. Arracher les feuilles malades en août, détruire les pieds

par la culture. contaminés ä la récolte, enfouir les débris par un labour profond et faire
Betteraves porte-graines. — Le cultivateur de graines de betteraves doit revenir la betterave moins souvent ä la même place. Ajoutons qu'en sols
sélectionner les racines d'après la forme, la couleur de la peau, l'aspect du mal travaillés, mal fumés, en cultures peu soignées, les plantes sont moins
collet et le port des feuilles. C'est lä la sélection physique, qui s'opere sur vigoureuses et moins résistantes aux maladies et affections diverses qu'en
champ. Mais pour la betterave industrielle, cette sélection est insuffi- culture soignée.
sante. Les meres ainsi obtenues sont analysées en automne et les plus La jaunisse est une maladie bactérienne due au bacillus tabificans, et
riches sont mises en petits silos, bien couverts ; les autres sont rejetées. qui cause certaines années de grands dégâts, surtout dans les cultures de
Les mères ensilées sont analysées ä leur sortie de l'hiver, et il n'est planté betteraves ä sucre. Elle est caractérisée par un jaunissement prématuré des
au début d'avril que les mères qui ont gardé une richesse saccharine Jugée feuilles, qui affecte d'abord les feuilles extérieures, puis les feuilles inté-
satisfaisante (sélection chimique). Parmi ces dernières, il en est qui ont des rieures. Les bractées florales présentent aussi des altérations sur les porte-
aptitudes plus élevées ä transmettre leur richesse saccharine, qui « racent graines ; les raciales cessent de grossir. Pour en limiter les dégâts, Dela-
bien »; c'est la graine de ces mères, sélectronnees chaque année (sélection croix a conseillé :
physiologique), qui donnera les betteraves destinées ä produire les graines 1. d'adopter une rotation de trois ans au minimum ;
commerciales. 20 de ne pas cultiver de porte-graines dans le voisinage des champs de
La graine des mères est semée sur une surface assezconsidérable, ä raison betteraves industrielles ;
de 25 ä 40 kilogrammes de semence ä l'hectare, assez tardivement (courant 30 de tremper les semences dans une solution de sulfate de cuivre ä
de mai), en lignes faiblement espacées (0m,25 ä 0m,30) et on laisse sur la ligne 3 pour 100 ;
8 ä 10 betteraves par mètre courant. On a donc un peuplement très serré 4. d'éviter le dépôt au fumier des feuilles et collets malades, niais plutôt
et on obtient ä la récolte de petites racines ou planchons. Ces racines sont de les enfouir profondément. V. JAUNISSE, MILDIOU, POURRITURE, ROUILLE.
mises en silo sur le champ même avec leurs feuilles (feuilles en dehors) ou Insectes nuisibles. — Parmi les insectes nuisibles, nous citerons les larves
avec les feuilles coupées haut, disposées en tas de 1m,50 de largeur et du hanneton (man), des noctuelles, plusia gamma, point d'exclamation et
1 mètre de hauteur. Ces tas sont recouverts de paille et de terre, mais il agrotis des moissons (ver gris), du taupin (ver fil de fer), de la casside né-
faut prendre soin de les aérer par temps doux. Au printemps on trie les buleuse et du silphe opaque. Les premieres peuvent être ramassées au mo-
betteraves sur champ et on en rejette, en moyenne, une sur d'eux. Finale- ment des labours ; quant aux autres, pour limiter leurs dégâts, on ne peut
ment, il reste environ 100000 plants qui serviront ä emblaver 2 hect., 50 de que conseiller de rouler énergiquement le sol en travers des lignes, de ne
porte-graines. pas faire revenir trop souvent la betterave ä la même place. On dit cepen-
Les planchons sont espacés de 50 centimètres en tous sens et plantés cou- dant avoir obtenu de bons résultats avec le vert de Scheele ou le pourpre
rant d'avril. On les fume comme la betterave ä sucre, on leur donne de de Londres contre la larve du silphe. V. ARSENIC, BOUILLIES.
nombreux binages pendant la végétation et on termine les façons par un Fouquier-dlliroutl a préconisé la formule suivante :
buttage. Il faut souvent traiter les parties aériennes avec une solution de jus
de tabac, pour les débarrasser des pucerons. Huile de colza ............................ 15 kilogrammes.
A la récolte, les tiges sont coupées ä la faucille et mises en bottes : celles- Savon vert .................................................................
ci sont dressées en chaînes, de 10 ä 12, l'une contre l'autre. Les bottes sont
Eau • ........................................ 84 litres.—
battues sur champ, sur des tonneaux disposés sur des bâches. Le rende- Cette solution est appliquée en pulvérisations et par temps chaud.
ment d'un hectare est de 1 500 ä 3000 kilogrammes de graines (V. PORTE- Signalons encore le cléone mendiant, qui s'attaque surtout aux betteraves
GRAINES). Aussitôt battue, la graine est desséchée artificiellement. fourragères dans le Midi, et un petit coléoptère noir, r atomaire linéaire,
Lorsqu'on ne possède que quelques échantillons d'élite, on peut les mul- qui n'a qu'un millimètre et demi de longueur ; il s'attaque au collet des
tiplier par le bouturage ou le greffage (fig. 554). jeunes plantes et surtout ä la betterave ä sucre. Une levee et une végéta-
La selection des betteraves fourragères doit aussi viser ä robtention de tion rapides permettent seules ä la racine d'échapper aux dégâts de cet
racines denses, riches en sucre et d'un poids brut élevé. Le choix se fait ä insecte.
l'arrachage, sur un champ : il faut viser ä obtenir des racines de forme Certaines années, la mouche ou pégomye de la betterave, qui vit dans le
régulière, pas trop longues, avec un collet réduit. Ces racines sont ensilees parenchyme des feuilles, relise de la betterave et le puceron de la bet-
soigneusement Au printemps, on détermine les plus denses en les pion- terave, causent des ravages sérieux. La propagation du puceron, d'après
PL. VI BETTERAVE

,
Dr^acé , ar R. Dumon
MALADIES ET ENNEMIS DE LA BETTERAVE.
LAROUSSE AGRICOLE.
171 BETULINEES — BEURRERIE
de récentes recherches, serait favorisée par la présence du fusain d'Eu- célération de la vitesse, le beurre est dur, souvent amer et le rendement
rope. La préparation ci-dessous en a raison : plus faible. Les principaux facteurs du barattage sont :l'acidité de la crème,
Savon noir ....... 1 kilogramme.
la durée et la vitesse de la rotation. La crème fermentée se baratte plus
Cristaux de soude ....... 1.......... — facilement que la crème douce. Celle-ci doit être barattée ä une température
. Pétrole ....... 1 ä 2 litres. inférieure de 2 ä 3 degrés. Il vaut mieux réchauffer la crème au degré
Eau .............................................................................. 100 litres. voulu par le moyen d'un bain-marie et échauder la baratte que de corriger
Le tout est de bien atteindre le dessous des feuilles où ils se tiennent. sa_ température par l'addition d'eau chaude ä la crème avant ou pendant la
Un ennemi redoutable de la betterave est le nématode ou anguillule de rotation. En été, on fait usage de la glace pour ramener la temperature au-
la betterave (heterodera Schachtii), qui mérite une mention spéciale. C'est une dessous de 15 degrés.
anguillule microscopique, mesurant 3 dixiémes de millimètre de longueur, La durée normale du barattage est de 35 ä 45 minutes ä la vitesse de 50
qui perce l'épiderme de la betterave, s'y fixe, y vit, se reproduit et meurt. ä 60 tours. Quelques instants après la mise en marche, on ouvre ä plu-
V. AGROTIS, ALTISE, ANGU1LLULE, HANNETON, NÉMATODE, NOCTUELLE, etc.
sieurs reprises l'ajutage d'échappement des gaz formés pendant la matu-
ration de la crème.
BétUlinées. Groupe d'atnentacées renfermant l'aune et le bouleau.
— Dès que le beurre est formé en grumeaux de la grosseur d'un grain de
Beurre. —Substance alimentaire, grasse, extraite du lait par l'écré- blé, on continue lentement la rotation pendant quelques minutes, on arrête,
mage et le barattage. Un litre de lait contient 35 ä 45 grammes de beurre puis on lave le couvercle à l'eau froide ; on soutire ensuite le babeurre,
ä l'état d'émulsion, c'est-à-dire sous forme de très petits globules sphériques que l'on remplace par de l'eau froide jusqu'à ce qu'elle sorte claire, en
( fig. 555) constitués par un mélange tournant chaque fois 3 ou 4 tours. Le beurre est enfin ramassé en pelottes de
de combinaisons de glycérine avec la grosseur d'une noix. Le nettoyage de la baratte ä l'eau chaude est suivi
des acides gras fixes. ou volatils. d'un lavage l'eau de chaux pour raffermir et conserver le bois.
Aussitôt après la traite, les globules En 1895, Salenuis, ingénieur suédois, accoupla l'écrémeuse et la baratte (ra-
gras du lait abandonné au repos diateur) pour permettre la transformation continue du lait en beurre. L'absence
montent ä la surface et Constituent de fermentation préalable de la crème et le prix élevé de l'appareil en ont
la créme : c'est l'écrémage spontané. fait restreindre l'emploi aux beurreries importantes du nord de l'Europe.
(V. ÉCRÉMAGE.) Le rendement et la Malaxage (V. MALAXEURS et tableau VII, 4). — On enlève le beurre de la
qualité de la crème sont favorisés baratte pour le rendre homogène et compléter le délaitage en expurgeant
par une basse température obtenue le babeurre ä l'aide d'un malaxeur ä rouleau cannelé sous un léger filet
en plaçant les récipients (en grés ou d'eau fraîche. On complète au besoin l'action des retourneurs (sabots en
en métal étamé) dans de 1 eau de champignons ä rainures), en se servant de spatules en bois. Le malaxage
source additionnée de glace. Ce pro- ne doit pas durer plus de 8 12 minutes.
cédé, employé seulement dans les en- La baratte-malaxeur, qui combine le barattage et le malaxage, se compose
treprises de faible importance, est d'un tonneau culbutant, ä battes, tournant deux vitesses, qui reçoit une
généralement remplacé dans les lai- paire de rouleaux malaxeurs quand le beurre est délaite. Les battes re-
teries industrielles, les coopératives montent le beurre pour le laisser tomber sur les rouleaux actionnés par un
et même chez les agriculteurs bien embrayage spécial ; la baratte restant ouverte, irm peut surveiller l'opération.
outillés, par l'écrémage centrifuge, E m bal I a ge. — Le beurre est moulé et mis en mottes (V. tableau VII, 5) ou en
qui s'exécute à l'aide d'appareils ap- mollettes, puis enveloppé de papier sulfurisé et de calicot avant d'être ex-
pelés écrémeuses centrifuges (V. FIG. 555. — Globules du lait pédié en caisses ou en paniers. Les beurres destinés ä l'exportation sont,
ECRÉMEUSES et tableau VII, 2) et qui a vus au microscope. en général, salés. Pour la vente au détail du beurre de table par livre,
pour effets aussi bien d'augmenter demi-livre et quart, le produit est moulé en pains, soit mécaniquement
le rendement et la qualité du beurre que d'éviter les altérations auxquelles ( fig. 556), soit ä la main (dans ce dernier cas, on utilise de petites
est exposé le lait en contact avec l'air. formes en bois).
Composition de la crème.— Elle varie selon la durée de l'écrémage spon- Rendement. — Il varie entre 3 kg. 800 et 5 kilogrammes par 100 kilo-
tané ou le réglage de l'écrémeuse centrifuge, dans les limites suivantes : grammes de lait. On admet que les travaux de la fabrication du beurre
pour 100.
ont été normalement exécutés lorsque le lait écrémé ne contient qu'un
Eau ........................................................ 64,7 ä 78,3
Matières grasses ..................................... 18........ ä 32 gramme et le babeurre 4 ä 6 grammes de matière grasse par litre.
Sucre de lait ......3,1........... 4 Composition.— Le beurre renferme 84 à 87 pour 100 de matière grasse, 12 à14
Caséine, albumine, etc.... • ....... ..... 2,7..... ä 5 pour 100 d'eau et 1 ä 2 pour 100 de lactose, de caséine et de sels minéraux.
Sels minéraux ....................................... 0,5 ä 0,7 Sa matière grasse fond ä 35 degrés ; sa densité s'élève ä 0,930, ä la tem.
Densité ä 15 degrés ......0,927 ä 1,1017 —
pérature ordinaire.
Pasteurisation. — Au sortir de l'écrémeuse, la crème et le lait écrémé Falsifications. — Le beurre peut être fraudé par addition d'eau, de marga-
sont immédiatement chauffés ä 65-70 degrés (surtout en été), si on doit les rine, de beurres végétaux. V. MARGARINE.
transporter ä quelque distance des stations d'écrémage. Il faut avoir Conservation. — Exposé l'air, le beurre prend une odeur de rance,
soin de remplir l'appareil ä pasteuriser et de mettre l'agitateur en marche déterminée par une oxydation et une saponification qui met en liberté la
avant d'ouvrir la vanne de vapeur, afin d'empêcher le gratinage ou le giàût glycérine et les acides gras.
de cuit. La pasteurisation est suivie d'un refroidissement brusque à 12-14 On le conserve au moyen de frigorifiques, en boites stérilisées ä l'auto-
degrés. De nombreuses observations ont établi que la pasteurisation exerçait clave, en le fondant en présence de l'eau ou encore en le salant pendant
une influence favorable sur la quantité, la conservation et le rendement le malaxage au taux de 2 6 pour 100. L'emploi des antiseptiques antres
du beurre. que le sel est interdit en France ; en Angleterre, on tolère l'usage de l'acide
Maturation. — La crème douce donne un beurre fade et sans bouquet. borique et du fluorure de sodium.
Il est nécessaire qu'elle fermente, après ensemencement soit au moyen Beurres végétaux. — On désigne ainsi diverses substances grasses
de babeurre de la veille, s'il n'est pas envahi par des bactéries nuisibles, tirées des plantes ; ces beurres ont l'aspect du beurre véritable, mais leur
soit, de préférence, au moyen de levain provenant d'une culture pure de composition est bien différente ; les principaux sont : le beurre de Bambara,
ferments lactiques. Les principaux éléments constitutifs du lait (notam- retire de la graine de l'eleis Guyanensis, dont le fruit donne aussi l'huile
ment le lactose) attaqués par ces ferments donnent naissance à des aromes de palme ; le beurre de cacao, retiré des graines du cacaoyer ; le beurre
formés d'acides volatils, dont l'ensemble rappelle le goût de noisette, qu'em- de coco, fourni par la noix du cocotier. Ce dernier est le plus répandu sous
magasine la matière grasse protégée contre l'oxydation par le gaz carbo- les noms de végétaline et de cocose.
'nique dégagé au cours de la maturation. Beurrerie. — Lieu où l'on fabrique, où l'on vend le beurre. Les prin-
On prépare ce levain en versant du lait écrémé dans un seau étamé que cipes d'histallation des beurreries, relatifs ä la température, ä l'aération, ä
l'on chauffe au bain-marie ä 85-90 degrés pendant trois quarts d'heure, après l'i mperméabilité et la propreté des locaux sont les mêmes que pour les
l'avoir refroidi à 25-30 degrés, en ayant soin de l'aérer par plusieurs trans- laiteries, V . ce mot.
vasements dans un local frais ; on ajoute 15 ä 20 pour 100 de ferments Suivant le mode d'écrémage en usage et le but poursuivi, les beur-
purs, on agite et on recouvre d'un couvercle avant de placer le mélange reries sont aménagées différemment. On peut les classer en trois catégories:
ä la température ordinaire en été et dans une pièce chauffée ä 25 degrés 10 Les beurreries fermières, convenant aux petites exploitations où l'on
en hiver. Dès 91111 titre 80 à 90 degrés d'acidité, c'est à-dire le lendemain,
ce levain est ajouté après plusieurs essais successifs en proportion conve-
nable, 5 ä 10 pour 100 (en émiettant au besoin le caillé), ä la crème que l'on
expose ä une température de 15 degrés en été et de 18 degrés en hiver.
On régénère ce levain en y ajoutant du lait écrémé et pasteurisé.
Un bon levain doit avoir 80 à 100 degrés d'acidité. La dose ä employer
et la température sont réglées de manière que la crème ait 60 ä 70 de-
grés d'acidité en hiver et 55 ä 60 degrés en été au moment du barat-
tage. Les ferments sont renouvelés deux ou trois fois par mois, selon l'im-
portance de la fabrication ; en tout cas, dès la moindre altération. On
elimine toujours la couche superficielle contaminée par les microbes de
fair. Enfin on brasse la crème pour régulariser la fermentation, qu'il est
facile de tempérer au besoin par refroidissement. La crème épaisse s'aci-
difiant plus lentement que la crème claire, en raison de sa teneur
moindre en lactose, on devra chercher ä la produire en été par
un réglage approprié de l'écrémeuse. En hiver, on règle l'écré-
mage de 16 à 18 pour 100 de crème.
Barattage (V. BARATTES et tableau VII, — Cette opération a
pour but de provo9uer l'agglomération des globules gras en
émulsion dans la creme, adhérents les uns aux autres par des
lamelles de sérum dont les chocs multipliés du barattage doivent
vaincre la tension. Elle s'effectue dans une baratte.
La quantité de crème ne doit pas dépasser la moitié de la
-contenance de la baratte, pour ne pas retarder la formation du
beurre. On y ajoute du colorant suivant les exigences des dé-
bouchés. La température de la crème doit varier entre 13 et 15
degrés en hiver et 16 et 18 degrés en été ; si elle est trop élevée,
1 4
le beurre est mou, difficile ä délaiter et ä malaxer, le rende- FIG. 556. Moulage du beurre. —
ment est diminué ; si elle est trop basse, le barattage se prolonge, Machine a balancier pour le moulage en briquettes; 2. 3. Moules pour le beurre en mottes et en pains;
surtout si la crème n'est pas suffisamment mûre et, malgré l'ac- 4. Formes diverses des pains de beurre.
TABLEAU VII.
BEURRE

Laiterie - beurrerie normande. A. Écrémeuse centrifuge B. Baratte; C'. Malaxeur; D. Étagère pour le moulage.
1 —

2 — Écrémage du lait. 3. — Le beurre est sorti de la baratte.

4 — Malaxage. 5. — Moulage pour la vente.

FABRICATION DU BEURRE (1. A LA FERME ; 2. 3. 4. 5. DANS L'INDUSTRIE)


BEURRE

FIG. 558. — Petite beurrerie centrifuge.


i. Plan du rez - de - chaussée; 2 Plan de la cave.
2
FIG. 557. — Beurrerie fermière. de grès venant se perdre dans un puits perdu ou boit-tout. L'éclairage et
1. Plan du rez-de-chaussée; 2. Coupe du rez-de-chaussée suivant MN et de la cave. la ventilation des locaux sont assurés par les fenêtres ou les soupiraux se
faisant face.
ne travaille guère plus de 40 à 50 litres de lait par jour, par l'ancien pro- Beurrerie industrielle ou coopérative. — Il n'est pas nécessaire d'éta-
cédé, de préférence avec le concours de l'eau, et dans des écrémeuses blir cette beurrerie (fig. 559) au voisinage d'une voie ferrée, mais il faut la
Cooley. Le lait maigre obtenu peut être transformé en fromages affinés, ce construire au centre de son rayon d'approvisionnement, en l'alimentant
qui permet d'en tirer un parti très avantageux ;
2° Les beurreries particulières, où l'on manipule de 50 à 200 litres de lait
par jour. Celui-ci, étant écrémé par la méthode centrifuge, est impropre à
la fabrication des fromages affinés ;
3° Les beurreries industrielles ou coopératives, installées et aménagées
pour le traitement de 500 litres à 3 000 litres de lait et plus, avec le con-
cours d'une force motrice.
Beurrerie fermière. — Au-dessous d'une production journalière de
50 litres, on peut obtenir un excellent beurre et un bon fromage marchand,
sans les centrifuges, à condition d'effectuer l'écrémage avec le concours de
l'eau. Cette installation nécessite deux locaux indépendants, la beurrerie et
la fromagerie.
Comme le montrent le plan et la coupe de la figure 557, le rez-de-chaussée
comprend deux locaux A et B. Dans le premier, à usage de beurrerie,
on trouve le bac aux crémeuses E, dans lequel circule un courant d'eau
froide; un lavoir F, avec égouttoir pour les ustensiles; une chaudière G,
pour le chauffage de l'eau ; une table H, recevant les crémeuses, dans les-
quelles on fait mûrir les crèmes ; un escalier I, conduisant à la cave.
Le local adjacent, réservé à la fromagerie, possède un égouttoir K, une
table d'emprésurage L, un poêle P et un petit séchoir mobile O. Les eaux
de lavage s'écoulent par le puisard de fuite T, muni d'une grille.
Le sous-sol, également divisé en deux parties, fournit un local C, pour
la fabrication du beurre en été, et une cave D, pour l'affinage des fromages.
On y remarque la baratte R, un malaxeur alternatif Q et les - étagères SS'
où s'affinent les fromages. Tous ces locaux sont lavables, le sol et le soubas-
sement des murs étant invariablement cimentés. Les eaux sont évacuées
par une conduite de grès V, un boit-tout ou un drain.
Petite beurrerie centrifuge. — Le lait centrifugé étant impropre à la
fabrication des fromages affinés, il ne peut guère être utilisé avec profit
que pour l'élevage des veaux, des gorets et des volailles. Il n'y a pas lieu
d'annexer une fromagerie à la beurrerie. Celle-ci se composera de deux
locaux : l'un au rez-de-chaussée, l'autre en sous-sol pour la fabrication
du beurre en hiver et en été. FIG. 559. — Plan d'une beurrerie industrielle ou coopérative.
La figure 558 (plans) montre la distribution intérieure : en A est
l'écrémeuse centr ifuge; en B l'emplacement des crémeuses, pour la ma- en eau potable, bien fraîche. Autant que possible, on recherchera une
turation des crèmes ; en C le bac-lavoir en ciment armé ; en D la chaudière ; situation a flanc de coteau, à l'exposition nord, afin qu'elle bénéficie d'une
en E l'escalier de la cave. Dans le sous-sol se trouvent : le malaxeur rota- température intérieure de 13 à 14 degrés en toute saison.
tif F, la baratte G, un bassin à eau L, pour raffermir le beurre et le la- La salle de fabrication A communique avec le chemin C par la porte B.
vage des ustensiles, une table H, servant au moulage et à l'emballage du Le lait est reçu en I, où se fait le contrôle, puis est versé dans le réser-
beurre. Les eaux vannes sont évacuées, à chaque étage, par des conduites voir étamé J. Il passe ensuite dans le réchauffeur K, avant d'être écrémé,
BIBERON — BIENS 174

en F. Le lait maigre est envoyé automatiquement dans le récipient L, où — (Charpente). — On donne encore le nom de bielle à certaines pièces de
les sociétaires viendront le prendre, au prorata de leurs livraisons. La charpente en fer qui soutiennent les arbalétriers en s'appuyant d'antre part
crème est mise à mûrir sur la table M, ou bien on la descend à la cave
par l'escalier N. La baratte est en G et le malaxeur en H. Tous ces ap-
pareils sont actionnés par le moteur E, avec le concours du générateur 0,
lequel fournit en outre la vapeur nécessaire au lavage des ustensiles. Il
sert aussi à pomper l'eau du puits P pour l'envoyer dans le réservoir, sons
les combles. L'escalier à volée droite S accède au logement du directeur ;
l'écurie est en Q et la remise aux voitures en R.
Dans une beurrerie moderne bien comprise, on doit prévoir une salle
frigorifique où le beurre, légèrement salé, en été, est amoncelé pendant la
saison de grosse production et de prix bas pour être retravaillé et mis en
venteen hiver, pendant la saison de
faible production et de cours élevés.
Pour construire et outiller une
beurrerie pouvant travailler 2 500
litres de lait par jour, il faut FIG. 563. — Bielle de machine à balancier. FIG. 564. — Bielle de comble.
compter sur une dépense globale
de 35000 francs, pouvant être cou- sur un système de tiges métalliques tendues appelées cordes et sous-ten-
verte au moyen des parts de so- deurs (fig. 564). Ces bielles sont en forme de fuseau ; elles travaillent à la
ciétaires et par un emprunt à long compression, comme des chevalets.
terme fait à une caisse de Crédit
agricole. V. COOPÉRATIVE. Biennal. — Qui dure deux ans ou se reproduit de deux en deux ans.
Biberon ( zoot.). Biens. Toutes choses susceptibles d'appropriation individuelle et
Appareil

capables par suite d'augmenter notre patrimoine.


employé dans l'allaitement artificiel


des jeunes animaux domestiques La grande distinction des biens considérés dans leur nature ou objective-
(fig. 560 et 561). Les jeunes animaux ment est celle que donne l'article 516 du Code civil : Les biens sont meubles
privés de leurs mères ou provenant ou immeubles. Les immeubles sont, en général, les choses non susceptibles
d'une double parturition, les pou- de déplacement ; les meubles sont les choses qui peuvent se déplacer. Cette
lains dont les mères sont mauvaises distinction a une 4rande importance pratique au point de vue de la compé-
laitières, etc., peuvent être nourris tence, des hypotheques, de la saisie, des éléments constitutifs de la commu-
au biberon beaucoup mieux que par nauté conjugale, etc.
tout autre moyen. Le biberon va- Biens immeubles. En droit français, les biens sont immeubles :

rie nécessairement de forme et de 1 0 par leur nature ; 2e par destination ; 3° par l'objet auquel ils s'appliquent;
contenance : il est en bois, en caout- 4 0 par la détermination de la loi.
chouc, en cuir ou en métal, et offre Dans la première catégorie se placent d'abord les biens fonds, c'est à dire
- - -

différentes formes tenant le milieu les fonds de terre et les bâtiments (C. civ., art. 518) ; puis les moulins à vent
entre la bouteille, le bidon et la ou à eau, fixés sur piliers ou faisant partie du bâtiment (art. 519) ; enfin,
théière ; pour les agneaux de taille les récoltes pendantes par racines, les fruits des arbres non encore recueillis,
moyenne, sa contenance ne doit ja- les coupes de bois taillis ou de futaies quand les arbres ne sont pas encore
mais dépasser un litre ; au con- abattus, les tuyaux servant à la conduite des eaux dans une maison ou autre
traire, pour les jeunes poulains et les veaux, elle doit être de 5 à 10 litres. héritage (art. 520, 521 et 523).
Sont immeubles par destination, dit l'article 524, les objets que le pro-
Bibion . Nom vulgaire d'insectes diptères,
— priétaire d'un fonds y a placés pour le service et l'exploitation de ce fonds;
intermédiaires entre les mouches et les cou- par exemple, les animaux attachés à la culture, les ustensiles aratoires, les
sins, et dont plusieurs espèces sont nuisibles semences données aux fermiers ou colons partiaires, les pigeons des colom-
aux cultures maraichères (salades, asperges, biers, les lapins des garennes, les ruches à miel, les poissons des étangs, les
etc.). Les bibions, appelés aussi mouches de la pressoirs, chaudières, alambics, cuves et tonnes, les ustensiles nécessaires à
Saint-Jean ou de la Saint-Marc, suivant l'é- l'exploitation, les pailles et les engrais. Ces exemples sont des applications
poque de leur apparition, passent leur vie lar- particulières de la règle générale qui donne au propriétaire d'un fonds le
vaire dans le terreau. C'est pouvoir de transformer en immeubles les objets qu'il y a placés et qu'il a
là qu'il faut les détruire par destinés au service et à l'exploitation de la terre. Sont aussi immeubles par
arrosages avec de l'eau destination, tous objets mobiliers que le propriétaire a attachés au fonds
bouillante, une émulsion à perpétuelle demeure, c'est-à-dire les objets scellés à plâtre, ou à chaux,
de pétrole ou des injections ou a ciment, ou ceux qui ne peuvent être détachés sans être fracturés et
de sulfure de carbone. détériorés ou sans briser et détériorer la partie du fonds à laquelle ils sont
Bica ne. Cépage blanc attachés.
Nous arrivons à la troisième catégorie d'immeubles, c'est-à-dire aux

cultivé principalement en
serre. On le conduit en immeubles qui sont tels par l'objet auquel ils s'appliquent. Sont immeu-
taille courte. Il est sujet à bles, dit l'article 526, par l'objet auquel ils s'appliquent, l'usufruit des choses
la coulure. immobilières, les servitudes ou services fonciers, les actions qui tendent à
revendiquer un immeuble. V. USUFRUIT.
Bicarbonate de po- A ces trois catégories d'immeubles prévues par l'article 517, il faut ajouter
tasse. — V. POTASSE. les immeubles par la détermination de la loi (rentes sur l' Etat acquises
pour servir d'emploi ou de remploi [loi du 3 juill. 1862] et les actions de la
Bicarbonate de Banque de France, lorsque les actionnaires veulent user de cette faculté).
soude. — V. SOUDE. V. IMMEUBLES RURAUX, REMEMBREMENT.
Biche. — Femelle du cerf. Biens meubles. Le Code distingue les meubles par leur nature,

et les meubles par la détermination de la loi (art. 527). Dans la première


Bident. — Houe, pioche, fourche à deux catégorie se placent les corps qui peuvent se transporter d'un lieu à un
dents. autre, soit qu'ils se meuvent par eux-mêmes, comme les animaux, soit qu'ils
Bidet. ne puissent changer de place que par l'effet d'une force étrangère, comme
— Petit cheval trapu ramassé, fort les choses inanimées (art. 528)
recherché autrefois comme cheval de selle ou Les articles 531 et 532 complètent l'article 528 en attribuant expressément
de trait léger lorsque les routes étaient mau- FIG. 561. — Biberon collectif. la qualité de « meubles » à certains objets qui pourraient donner lieu à
vaises. Les bidets etaient fournis principale-
mentparles départements des Côtes-du-Nord,
I. Pour agneaux et porcelets; quelques doutes. Les matériaux provenant de la démolition d'un édifice, et
s. Détail d'un biberon. ceux qui, assemblés pour en construire un nouveau, n'ont pas encore été
d'Ille-et-Vilaine, du Finistère et duMorbihan.
employés dans la construction, sont aussi réputés « meubles » (art. 532).
Bielle (méc.). — Pièce de mécanique ayant la forme d'une tige, ou barre La seconde catégorie comprend les obligations et actions qui ont pour
rectiligne, terminée à ses extrémités par des ar- objet des sommes exigées ou des effets mobiliers ; les actions ou intérêts
ticulations qui la relient à deux autres pièces dans les compagnies de finance, de commerce ou d'industrie ; enfin, les
entre lesquelles elle sert d'organe de transmission rentes perpétuelles ou viagères, soit sur l'Etat, soit sur des particuliers
du mouvement (fig . 562). Dans presque tous (art. 529).
les cas, le mouvement transmis par une bielle A l'énumération de l'article 529, il faut ajouter l'usufruit des choses mobi-
est en même temps modifié; c'est ainsi que, lières, les actions tendant à obtenir la propriété ou l'usufruit d'une chose
dans son application la plus usuelle, la bielle mobilière, les offices, les droits de propriété littéraire, artistique et indus-
sert à transformer le mouvement rectiligne alter- trielle, les fonds de commerce.
natif du piston d'une 'machine à vapeur en mou- Biens corporels et biens Incorporels. On définit généralement

vement circulaire continu du volant ou des roues biens corporels ceux qui ont une existence matérielle, et biens incorporels
motrices (fig. 563). Dans le moteur à explosion ceux qui ne tombent pas sous les sens, qui consistent dans un rapport juri-
des automobiles, la bielle agit de même. dique. Tous les droits sont des biens incorporels ; par exemple, le droit
L'articulation par laquelle la bielle se rattache d'usufruit, le droit de servitude.
à la pièce animée d'un mouvement alternatif Biens considérés relativement au sujet qui les possède. Les —

s'appelle le pied; l'autre articulation, reliée à la biens considérés dans leurs rapports avec ceux qui les possèdent se divisent
pièce animée d'un mouvement circulaire (mani- en biens appartenant à des personnes publiques (Etat, départements, com-
velle ou vilebrequin), s'appelle la téte . On voit munes, établissements publics) :et biens appartenant à des personnes pri-
donc que dans les moteurs ordinaires des auto- vées (V. DOMAINE et, ci-dessous, § 6, BIENS COMMUNAUX). Les biens publics
mobiles à cylindres verticaux, le pied de bielle sont ou non susceptibles de propriété privée. Ceux qui ne sont pas suscep-
est en haut et la tête de bielle en bas. tibles de propriété privée, tels que les chemins, routes et rues à la charge
Une bielle peut, inversement, transformer un de l'Etat, les fleuves et rivières navigables ou flottables, les rivages, les
mouvement circulaire en mouvement rectiligne. FIG. 562. — Bielle normale. ports, les havres, les rades, etc., sont considérés comme des dépendances du
Les transmissions par bielles se rencontrent fré- (Coupe et vue de face.) domaine public ; ils sont inaliénables et imprescriptibles. Ceux qui sont
quemment dans les machines et moteurs agricoles. susceptibles de propriété privée, comme les terrains des fortifications et
C'est ainsi que la lame de la scie des faucheuses est commandée par une bielle. remparts des places qui ne sont plus places de guerre appartiennent à
NI

111A f1V338V1
LE MONDE RURAL D'AUTREFOIS' LES CAMPAGNES TRANSFORMÉES DEPUIS LA RE'v'OLUTION
CAUSES DE DESTRUCTION DE LA PETITE PROPRIÉTÉ
I. — Les Paysans vivent sur des terres seu- Logement, mobilier. habillement, nourriture,
lement concédées par les Seig-neura. pauvreté et dépendance constante des — Le sol étant libre, les ruraux peuvent Leur situation matérielle et morale s'améliore
Leur existence niisérable. campagnards sous l'ancien régime. en devenir propriétaires. considérablement.
— Progrès importants réalisés dans tou- Améliorations dues aux découvertes scienti-
Grande surface des landes et des friches. tes les branches de l'Agriculture. fiques.
Outillage rudimentaire. FACTEURS DE DCVELOPPEMENT
Seigle, principale céréale. Egalité de tous les Français devant la loi
11. — Etal précaire de l'Agriculture. Rareté iles plantes fourragères. et l'impôt (Abolition des droits féodaux.)
Faibles rendements des récoltes. Liberté du travail et du commerce.
Bétail peu nombreux et défectueux. Partage égal des divers biens entre tous les
Ill — La Petite Propriété. enfants (Articles 826 et 832 du Code civil).
Régime politique, social et financier. Ses particularités. Morcellement des grands domaines.
I mpôts excessifs. Dime. Droits féodaux. CAUSES DE DESTRUCTION
( Réglementation du travail et des cultures. Dette hypothécaire.
— Principaux obstacles au progres. Défense de vendre les produits en dehors de Saisie iMmobilière.
la province. (Famine toujours ä craindre). Vente par licitation.
Droit d'ainesse. Démembrement par partage.

LES HABITATIONS A BON MARCHÉ


LES LOGEMENTS INSALUBRES LOIS DE 1 894. 1906 & 1908

Les travailleurs vivent souvent ä l'étroit Depuis 1894, des Associations se sont

dans des maisons insalubres. fondées dans le double but de procurer


des logements salubres et de donner
Ceux des villes, en particulier, sont

Mar
le goût de la propriété aux 7 millions
généralement groupés dans des quartiers
de Français non propriétaires et susceptibles
malsains, aux rues tortueuses et sales,

LE BIEN DE
d'être tentes par les idées subversives.
on ils occupent des habitations communes,
manquant d'air et de lumière, humides Ces Sociétés facilitent l'acquisition d'une

et remplies de germes morbides. maison saine et individuelle aux personnes


peu fortunées et en assurent la conservation
Dans ces logements de hasard et anti-
ä leurs descendants. Mais, malgré les lois
hygiéniques, les ouvriers sont exposes,
ci-dessus et les avances avec tau:: de faveur
non seulement ä devenir la proie de
que l'Etat est autorisé ä consentir aux
l'alcoolisme et de la tuberculose mais
Sociétés d'habitations ä bon marché,
aussi ä perdre très vite la notion de la
l'action de ces dernières, jusqu'ici, reste
continuité de l'effort et celle de la propriété.
i nsuffisante.

e) ® e.)
lizebitatoAe. , e B,E11 de FAON rural °cita-18m .ets
Itanirste ad -Lof IMSAILV,

LE BIEN DE FAMILLE RURAL OU URBAIN L'AVENIR DE LA PETITE PROPRIÉTÉ ASSURÉ PAR LE BIEN DE FAMILLE,
NOMESTEAD. - LOI DU 1 2 JUILLET 1 909 LA SCIENCE, L'ASSOCIATION E-r LA SOLIDARITE
A l'exemple de ce qui est pratiqué ä l'étranger, la loi du 12 Juillet 1909 permet ä chaque L'institution du Hnmestead assurera plus de bien-etre aux petits cultivateurs et aux ouvriers.
famille française de se créer un it chez soi », un home », composé d'une maison et. facultativement,
de terres; le tout d'une valeur maxima de 8.000 francs, y compris les cheptels et les immeubles Elle contribuera notamment ä bannir des campagnes l'incertitude et la misère du lendemain
par destination, et ä enrayer l'exode vers les villes.
Cette constitution, bien qu'exigeant le concours d'un notaire et quelques formalités, coûte 'Jointe aux applications de la Science, aux formes variées de l'Association en Agriculture (Syndicats,
au plus 80 francs. Elle gatantit la propriété foncière contre ses principaux éléments de destruction.
Coopératives, Institutions diverses de Mutualité relatives au Crédit et ä la Prévoyance), ainsi qu'aux
I mpossibilité de l'hypothéquer. Œuvres officielles d'Assistance et de Solidarité, elle est appelée ä favoriser tout particulièrement
la prospérité de la Petite Propriété, d'ailleurs plus vivante que jamais dans notre France.
Caractères distinctifs du Bien scie Famille. Cession difficile.
Maintien en état d'indivision. Le Bien de Famille sera donc ä la fois un merveilleux instrument de progrès social
Attribution amiable au conjoint survivant. et un des facteurs les plus énergiques.de la paix et de la richesse économique.

D'aprrs Sarazin. directeur des S. A. de la Charente-InrArlcure. et Claveau


BIÈRE 176
l'Etat ; de ce nombre sont aussi les lais et relais de la mer. L'Etat peut La loi du 12 juillet 1909 a apporté ces dispositions en instituant au
aliéner ces biens dans les formes et suivant les régies établies par les lois. profit du travailleur qui le demande certains privilèges pour sa maison et
Biens vacants et sans maîtres. — Ce sont les biens abandonnés le champ voisin. Par diverses dérogations au Code civil, cette loi garantit,
par celui qui en a été propriétaire, ou dont le propriétaire est inconnu, en effet, la petite propriété foncière contre ses mulfiples éléments de des-
ainsi que les successions abandonnées (art. 539 et 713). truction (dette hypothécaire, saisie immobilière, licitation, démembrement
Les biens vacants et sans maîtres appartiennent au domaine privé de par partage) ; elle en maintient l'indivision, facilite son attribution amiable
l'Etat, et non au domaine public. et évite les frais de justice ä ses possesseurs. Ainsi se trouvent assurées non
Les biens meubles abandonnés sont, en général, désignés sous le nom seulement la conservation du bien de famille, mais encore sa transmission
d'épaves. Quant aux biens immeubles, lorsque radministration des Do- héréditaire au profit du conjoint survivant et des enfants.
maines a des raisons de croire qu'un immeuble est vacant, elle s'informe Dans ce but, la loi du 12 juillet 1909 stipule qu'aussi bien à. la campagne
auprès du maire de la commune où sont situés ces biens ; et, si l'immeuble qu'en ville, il peut être créé pour chaque famille un seul bien insaisissable,
semble appartenir ä un particulier connu, celui-ci est mis en demeure de composé nécessairement d'une maison ou d'une portion divise de maison
justifier de ses titres de propriété au préfet du département. Une enquête habitée, et facultativement de terres, pourvu que la valeur présente de
est ordonnée, et, s'il en ressort que l'immeuble peut être considéré comme l'ensemble, y compris les cheptels et les immeubles par destination,
vacant, le préfet, sur la proposition du directeur des Domaines, prend un ne dépasse pas 8000 francs. Toutefois, la plus-value que ce bien acquiert
arrêté autorisant cette adtninistration ä régir la propriété. A moins que les ultérieurement par suite d'améliorations ne modifie en rien ses privilèges.
biens vacants ne soient sujets ä détérioration, leur aliénation n'est pas Cette constitution peut être faite par toute personne capable de disposer,
effectuée tant que l'Etat n'en a pas prescrit la propriété par une possession soit pour elle ou ses enfants, soit pour un étranger, réunissant les conditions
trentenaire. Si un bien réputé vacant est revendiqué dans les trente ans voulues, mais toujours devant notaire par acte spécial ou par contrat de
et que le droit de propriété du revendiquant soit établi, la restitution est mariage, donation, testament ; et elle ne doit jamais comprendre que des
ordonnée par le prefet, dont l'arrêté est soumis à l'approbation du ministre constructions assurées et des immeubles nets d'hypothèques.
des Finances. En cas de restitution de l'immeuble, le Domaine rend compte, En vue de sauvegarder les droits des tiers, elle demande ä être affichée
sous déduction de 5 pour 100 pour frais de régie, des fruits qu'il a perçus durant deux mois a la justice de paix et ä la mairie de la commune et
depuis la demande en restitution. Quant aux sommes qu'il a encaissées anté- publiée deux fois dans un journal du département. Enfin, après ces diverses
rieurement, elles sônt réputées avoir été perçues par lui de bonne foi et formalités, elle est homologuée par le juge de paix et devient définitive une
ä titre de priapriétaire, et restent acquises a l'Etat. fois transcrite au bureau des hypothèques.
La loi française nie donc le droit du premier occupant ; exceptionnelle- Le homestead ainsi établi. presente des caractères distinctifs fort impor-
ment, elle admet ce droit primitif par les lois sur la chasse et la pêche, sur tants : il est insaisissable, ä l'abri des hypothèques et d'une cession difficile.
les trésors et sur les épaves. L'insaisissabilité ne peut seulement être levée que pour le paiement des
Biens communaux. — Biens qui constituent le domaine d'une com- dettes alimentaires ou de condamnations, des impôts et des assurances. Ce
mune. On les divise, conune les biens de l'Etat, en biens du domaine public privilège subsiste de plein droit au profit de l'époux survivant, propriétaire
et en biens du domaine prive ; ces derniers se subdivisent ä leur tour en du bien sans enfant, et même lorsqu'il existe des enfants, apres maintien
bien patrimoniaux et bien communaux proprement dits. de l'indivision par le juge de paix jusqu'à la majorité du plus jeune. En
Il existe donc trois catégories de biens communaux : les biens publics, les outre le conjoint survivant, coproprietaire de la maison familiale et l'habitant
biens patrimoniaux et les biens communaux proprement dits. peut, seul, se la faire attribuer intégralement sur simple estimation, tan-
Les biens publics communaux sont hors du commerce et imprescriptibles. dis qu'avec les lois du 12 avril 1906 et du 10 avril 1908, citées plus haut, ce
Les autres, au contraire, sont régis par le droit commun ; ils. sont dans le droit existe aussi pour chaque héritier.
commerce et sont en conséquence aliénables et prescriptibles. L'incapacité d'hypothéquer le bien de fatnille empêche de se servir de
Les biens publics sont ceux qui sont affectés ä un service public ou ä ce dernier comme gage, même pour des emprunts ä long terme, comme on
rusage commun, comme les mairies, les rues, les places, les chemins, etc... le verra plus loin.
Les biens patrimoniaux sont ceux qui sont exploités ou qui peuvent etre Le possesseur d'un bien de famille n'a que la faculté restreinte de l'alié-
loués au profit de la commune, comme les bois, les terres, les fermes, les ner. Il ne peut, en effet, le vendre totalement ou en partie, qu'avec le con-
moulins, les fitres de rente, etc. sentement de sa femme donné devant le juge de paix, ou l'autorisation du
Les biens communaux proprement dits sont ceux dont les habitants pos- conseil de famille, s'il est veuf. C'est aussi en remplissant des formalités
sèdent la jouissance en nature comme les pâturages et les bois. analogues que le bénéficiaire d'un homestead a la possibilité de renoncer ä
Le droit accordé à chaque habitant d'une commune de prendre dans les sa constitution. Le but de ces diverses mesures est d'empêcher le mari de
forets communales le bois nécessaire ä son chauffage ou aux besoins de sa commencer par anéantir la constitution, puis d'aliéner sans consulter sa femme.
inaison constitue l'affouage. Tels sont brièvement énumérés les formalités d'établissement du bien de
Les droits d'usage (pâturage, passage, glandée), dans les bois communaux, famille et son régime juridique en France.
sont régis par le Code foresfier. Depuis le vote de la loi fondamentale du 12 juillet 1909, divers détails
C'est au conseil municipal qu'il appartient de procéder ä la répartition d'application ont été fixés par un règlement d'administration publique, par
des fruits des biens communaux et de prendre toutes décisions utiles con- voie budgétaire et par une circulaire spéciale de M. le ministre de l'Agri-
cernant l'administration de ces biens. Conformément ä ces décisions, le culture, en date du 15 juin 1910. Il a été décidé, en particulier, que la décla-
maire les gère et passe les actes nécessaires. L'approbation de l'autorité su- ration de constitution d'un hômestead ne sera assujettie à aucun droit d'en-
périeure est nécessaire pour les plus importants de c,es actes : baux de lon- registrement, quand elle sera contenue dans une donation, un testament ou
gue durée, ventes. acquisitions d'immeubles, acceptations de dons et legs, un contrat de mariage, et que, lorsqu'elle formera l'objet unique d'un acte
emprunts, etc... notarié, elle sera seulement passible du droit fixe de 3 fr. 75, décimes com-
Les réclamations portant sur une mauvaise application des règles du par- pris. La transcription prévue par l'article 9 de ladite loi ne donnera lieu à
+age des fruits doivent être soumises au conseil de préfecture. Les contes- la perception d'aucune taxe au profit du Trésor. On s'est efforcé de favori-
tations concernant les questions d'état, de propriété, sont du ressort des ser l'institution du bien de famille en la rendant accessible aux bourses les
tribunaux ordinaires. plus modestes : les frais de sa mise en pratique seront entre 60 et 80 francs.
Un créancier porteur d'un titre exécutoire peut poursuivre la vente des Il convient, toutefois, de remarquer qu'aux termes de la loi sur le Crédit
biens communaux, autres que les biens publics, apres en avoir obtenu auto- ä long terme, aucun prêt n'est accordé pour l'achat d'une maison, avec ou
risation sous la forme d'un décret. Ce décret règle les conditions de la vente. sans terres, destinée ä être transformée en bien de famille, ä moins qu'on
Biens de famille (homestead). — Bien que tout travailleur peut facilement ne puisse offrir d'autres immeubles en gage, ou bien des garanties d'ordre
se constituer et dont les caractères distinctifs sont les suivants : l'impossibilité différent acceptées par les caisses. C'est une conséquence de l'impossibilité
de l'hypothéquer, l'insaisissabilité, la cession difficile, le maintien ä l'état d'hypothéquer le homestead. Comme nous l'avons vu, la loi favorise bien
d'indivision, l'attribution amiable au conjoint survivant. L'institution du l'accession ä bénéficier des privilèges énumérés plus haut que lorsqu'elle ne
bien de famille est régie par la loi du 12 juillet 1909. V. tabl. VIII. se trouve grevée d'aucune charge.
La loi du 12 avril 1906 a pour but principal d'encourager la construc- En résumé, l'institution de bien de famille attache le paysan à la terre,
tion des habitations ä bon marché, de faciliter l'acquisition d'une maison soude la famille ä la maison paternelle et tend ä assurer plus de bien-être
individuelle aux personnes peu fortunées et d'en assurer la conservation aux petits cultivateurs et aux ouvriers. Elle contribue non seulement ä
ä leurs descendants. Mais, pour se créer ula foyer par ce moyen, il fallait bannir des campagnes l'incertitude et la misère du lendemain, mais aussi à
payer un amortissement assez élevé et les agriculteurs ne pouvaient guère enrayer l'exode sur les villes.
en profiter. Acquisition de petites propriétés rurales par les pensionnés militaires et
Pour remédier à ces inconvénients, on a adopté la loi dzz 10 avril 1908 les victimes de la guerre. — La loi du 9 avril 1918 facilite, par des prêts,
ou loi Ribot (du nom de son principal auteur), qui a étendu les avantages l'acquisition de petites propriétés rurales (et leur mise en état de produire)
de la loi du 12 avril 1906 aux champs et aux jardins sans maison, et assuré par les pensionnés militaires et les victimes civiles de la guerre. Pour
à la petite propriété rurale les Mêmes avantages qu'à la propriété urbaine. bénéficier de cette loi il faut être titulaire d'une pension ou d'une indem-
En outre, cette loi prévoit que les fonds nécessaires ä des acquisitions de nité viagère. Les prêts peuvent atteindre /0 000 francs au maximum,
champs, de jardins et d'habitations ä bon marché, pourront être procurés plus le montant des frais et de la prime d'assurance qui peuvent y être
par la triple intervention de l'Etat, de Sociétés spéciales et des intéressés, ajoutés. Le taux de rintérêt ne dépasse pas 1 pour 100, La durée du rem-
rEtat étant autorisé, dans ce but, ä mettre, pour moins de 25 ans, 1 million, boursement des prêts peut atteindre 25 ans, a la condition toutefois que
provenant de la Caisse nationale des retraites, ä la disposition des sociétés l'âge de l'emprunteur, lors du dernier remboursement, ne dépasse pas
régionales de Crédit immobilier de forme anonyme et faisant des prêts 60 ans.
hypothécaires individuels ou des avances aux Sociétés d'habitations, ä La loi du 21 juin 1919 a porté le maximum du prêt à 20 000 francs, au
3,5 pour 100 au maximum. Ne peuvent profiter de ces derniers avantages lieu de 10 000 francs, pour les départements victimes de l'invasion.
que les emprunteurs possédant au moins le tiers du prix du terrain ou de
la maison désirés, ayant avec la Caisse nationale une assurance en cas de Bière. — Boisson fermentée obtenue en mettant en fermentation, ä
décès et s'engageant a cultiver eux-mêmes le champ attenant ä leur maison, l'aide de levure, une infusion d'orge germée, ou malt, aromatisée avec du
laquelle doit remplir certaines conditions, notanament au point de rue de houblon.
la salubrité. De plus, en aucun cas, les propriétés acquises de cette façon La fabrication de la bière s'effectue, non seulement dans des usines spé-
ne doivent valoir plus de 1 200 francs et mesurer plus d'un hectare. ciales ou brasseries (fig. 572), mais encore dans les fermes. Nous exposerons
Ainsi qu'on le voit, la loi Ribot du 10 avril 1908 encourage bien l'acqui- tout d'abord la fabrication de la bière ä la brasserie, pour guider l'agri-
sition par l'ouvrier agricole de sa maison et de son champ ; elle s'efforce culteur désireux de fabriquer de la bière à la ferme.
même de conserver son héritage ä ceux qu'il laisse après lui. Son applica- Fabrication de la bière à la brasserie. — Les différentes matières
tion se trouve d'ailleurs facilitée, depuis que les Sociétés de crédit immo- premières employées dans la fabrication de la bière sont : l'orge germée,
bilier peuvent, comme les Caisses mutuelles, recevoir des avances spéciales dont l'amidon sera transformé d'abord en un sucre (maltose), puis en
pour les préts ci long terme. Cependant, elle renferme trop de restrictions akool, après fermentation, sous l'action de levures ; le houblon (fig. 568),
et n'assure pas d'une façon suffisamment pratique et certaine au travail- contenant un principe amer, la lupuline (fig. 569), qui donne ä la biere un
leur des campagnes la faculté de se constituer un véritable bien de famille, goût amer ; la levure ou ferment organisé, qui transforme la matière sucrée
un « chez soi», un « home », d'où le nom américain de homestead. Aussi, la ou glucose en alcool et acide carbonique ; l'eau, qui doit être pure, douce ou
solution du problème dé la petite propriété rurale avait-elle besoin d'être un peu calcaire.
complétée par des dispositions spéciales. La fabrication comprend trois opérations principales : le maltage ou
177 BIÈRE
germination de l'orge, le brassage ou préparation du moût, la fermenta- de façon à élever graduellement, en trois quarts d'heure ou une heure, la
tion du moût. température du mélange à 70 ou 75 degrés. On brasse encore fortement et
Maltage de l'orge. — Le but de la germination ou maltage est de déve- on laisse reposer une heure pour que la saccharification ou transformation
lopper dans le grain d'orge un ferment soluble ou diastase ayant la pro- de l'amidon en sucre s'achève et que le moût s'éclaircisse. Après ce repos,
priété de transformer, sous certaines conditions, l'amidon du grain en dex- on soutire le liquide que l'on envoie dans la chaudière à cuire.
trine et en un sucre, le Dans le brassage par décoction on obtient la température désirable en
maltose. faisant bouillir des portions du mélange qui, ramenées dans la cuve-ma-
La préparation du malt tière, élèvent graduellement, en quatre fois, le degré de la température :
comprend le nettoyage 35 degrés, puis 55 degrés, 65 degrés et enfin 75 degrés. On opère de la ma-
des grains, obtenu au nière suivante : on met dans la cuve-matière 250 litres d'eau à la tempéra-
moyen de trieurs, et le ture ordinaire par 100 kilogrammes de malt et on laisse reposer 2 heures;
mouillage, qui consiste on élève la température du mélange à 35 degrés en ajoutant de l'eau
à immerger les grains bouillante ; on soutire un tiers du mélange que l'on porte dans une chau-
nettoyés dans de l'eau dière à cuire spéciale, munie d'un agitateur, et que l'on élève lentement
dont la température ne à 75 degrés, puis à l'ébullition pendant 15 à 45 minutes, suivant le genre
doit pas dépasser 15 à de bière à obtenir ; ce tiers bouillant est versé ensuite dans la cuve-matière,
16 degrés. Sa durée ce qui amène le mélange à 53-55 degrés. Après, même opération (second
moyenne, qui est 3 à 4 tiers du mélange que l'on fait bouillir et que l'on met encore dans la cuve-
jours, se fait dans une matière pour amener la température à 63-65 degrés) et on laisse reposer
cuve appelée cuve mouil- 15 à 30 minutes. Enfin, même troisième opération, mais cette fois en sou-
loire. 1 tirant une portion du moût clair que l'on fait bouillir 15 à 30 minutes et
La germination de FIG. 565. — Houblon. que l'on ajoute au mélange de la cuve-matière, pour obtenir la température
l'orge mouillée (fig. 567, 1. Cdne normal; 9 . Cône anormal. finale de 72-75 degrés. On laisse reposer une demi-heure et on soutire
568) s'effectue ensuite comme dans le brassage par infusion.
dans le germoir ou cave Le malt épuisé qui, dans les deux méthodes, reste dans la cuve-matière,
dallée (fig. 569, 1) : les grains sont étendus en couches de 12 à 15 centi- constitue la drêche (V. ce mot). Ces drêches, lavées deux ou trois fois avec
mètres d'épaisseur ; on les retourne, au début, toutes les 12 heures environ, de l'eau à 80 ou 90 degrés, donnent un moût à part pour la fabrication d'une
puis toutes les 6 à 8 heures, la température des couches ne devant pas dé- bière moins forte appelée petite bière.
passer 15 à 18 degrés. Dans les germoirs, la b) La cuisson du moût et le houblonnage. — La cuisson se fait dans une
lumière est tamisée à travers des croisées avec chaudière à cuire, en cuivre, ouverte ou fermée, chauffée à feu nu ( fig. 569, 8)
verres blanchis qui s'opposent à la pénétration ou à la vapeur (9). On chauffe progressivement jusqu'à 1 ébullition,
des rayons solaires. Chaque jour, on fait subir dont la durée est de 3 heures pour les moûts obtenus par décoction et 3
à l'orge un pelletage, de façon à amener à la à 4 heures pour les moûts obtenus par infusion ; dans tous les cas, jusqu'à
surface les couches inférieures du tas. Au bout ce que le moût %trouble au début) soit parfaitement limpide. C'est pendant
de 8 à 10 jours, quelquefois plus, si la germina- l'ébullition qu'on ajoute le houblon : 350 à 500 grammes de houblon par
tion s'est bien faite, les radicelles se sont déve- hectolitre, suivant le degré d'amertume que l'on veut obtenir. L'opération
loppées et la plumule ou gemmule, qui n'est en se fait généralement en deux fois, la deuxième 1 heure avant la fin de la
somme que la future tige, a poussé le long du cuisson.
grain. On arrête la germination quand la plu- Refroidissement et fermentation du moût. — Le moût houblonné, avant
mule atteint, dans la majorité des grains, les de subir la fermentation sous l'action des levures, doit être refroidi, parce
deux tiers ou les trois quarts de leur longueur. que les levures que l'on doit ajouter au moût, pour obtenir cette fermen-
Dans certaines brasseries, on emploie le mal- FIG. 566.(trèsGrain — de lupuline
grossi). tation, seraient tuées. A cet effet, on le fait arriver dans des bacs refroidis-
tage pneumatique; dans ce cas, les germoirs seurs (9) où il séjourne de 5 à 8 heures, puis on le fait passer dans des ré-
sont remplacés par de grandes cuves à double frigérants tubulaires (10).
fond dans lesquelles l'orge est empilée par tas de 1 mètre de hauteur; on La fermentation du moût sucré a pour but de transformer, sous l'action
fait circuler un courant d'air dans la masse. des levures, le sucre (maltose) en alcool. Il y a deux méthodes de fermen-
Si beaucoup de brasseries effectuent elles-mêmes la préparation du tation qui correspondent à deux sortes de levures :
malt au fur et à mesure de leurs besoins, il existe cependant des a) La fermentation haute est la plus économique, parce qu'elle a une
usines (malteries) spécialisées dans cette prépa- marche plus rapide, et elle ne nécessite pas l'emploi de glace ni de cave
ration. de conserve. Le moût doit être à la température de 12 à 14 degrés ; on ajoute
La dessiccation ou touraillage a pour but d'ar- 250 à 350 grammes de levure fraîche (levure haute [ fig. 572] qui travaille
rêter la germination du grain en le chauffant pro- à la température de 12 à 20 degrés) par hectolitre de moût. La fermentation
gressivement jusqu'à 70 ou 80 degrés; elle assure tumultueuse a lieu en cuve ou en tonneaux; elle dure de 3 à 4 jours.
la conservation du grain germé et détermine la for- b) La fermentation basse s'effectue avec des levures travaillant à des
mation de produits qui influent sur la saveur de températures de 4 à 10 degrés, dites levures basses (fig. 572) ; le moût
la bière. Elle se fait dans un séchoir spécial appelé doit être à la température de 4 degrés ; on ajoute 400 à 600 grammes de le-
touraille (fig. 569, 2 et 570). vure basse par hectolitre de moût ; la fermentation tumultueuse a lieu dans
Le dégermage consiste à faire passer le malt des cuves ; elle dure une quinzaine de jours et lorsqu'elle est terminée on
touraille dans un dégermeur (3), sorte de tambour met la bière dans des foudres de 50 à 70 hectolitres, logés dans des caves
rotatif percé de trous et tournant assez rapidement froides, à la température constante de 1 à 3 degrés ; elle y reste 3 à 4 mois.
pour le débarrasser des radicelles. Ces radicelles La fabrication étant terminée, la bière est clarifiée par filtration ou par
sont utilisées soit pour la nourriture du bétail, soit collage.
comme engrais. ication de la bière à la ferme.
Fabr — D'après l'article 11 de la loi
La mouture du malt consiste à réduire le malt de finances du 30 mai 1899, les propriétaires et fermiers peuvent, sans
dégermé en farine grossière à l'aide d'un concas- payer d'impôt, fabriquer de la bière exclusivement destinée à la consom-
seur ordinaire (4). mation de leur maison, mais à la condition ; 1° de n'employer que des ma-
Brassage. — La farine grossière, obtenue par la tières premières provenant de leur récolte ; 2° de faire, pour chaque brassin,
mouture du malt, est riche en amidon et contient une declaration a la régie ; cette déclaration énonce l'heure de la mise
un ferment soluble, ou dias- à feu sous les appareils, ainsi que celle de la mise en fermentation des
tase. Il s'agit de fabriquer avec moûts ; elle fait connaitre le produit de chaque brassin ; 3° de se servir
cette farine un jus sucré ou d'une chaudière fixée ou non fixée à demeure, d'une contenance inférieure
moût de bière. La fabrication à 5 hectolitres.
du moût de bière comporte Un particulier a le droit de fabriquer de la bière, mais à la condition d'en
une série d'opérations qui sont faire la déclaration à la régie et d'en payer les droits. « Les particuliers,
les suivantes : collèges, maisons d'instruction et autres établissements publics sont assu-
a) Le brassage proprement jettis aux mêmes taxes que les brasseurs de profession et tenus aux mêmes
dit ou jetée des trempes. — obligations. Toutefois, s'ils n'emploient que des chaudières inférieures
Il consiste à mélanger intime- à 8 hectolitres, ils sont dispensés de fixer ces chaudières à demeure et sont
ment à chaud le malt avec de en outre exonérés du payement de la licence. »
l'eau. Il a pour but de trans- PREMIER PROCÉDÉ. — Comme matériel, il suffit d'une petite cuve en bois
former, sous l'action de la (mettre au trou de vidange un petit tamis pour retenir le malt concassé
diastase, l'amidon du malt en quand on soutirera) [ fig. 573] ; un chaudron en cuivre (fig. 574) peut ser-
dextrine et en sucre (maltose) vir de chaudière à cuisson.
c(ui, en se dissolvant dans Pour un hectolitre, on opère comme suit :
leau , donne un jus sucré ou Brassage. — Mettre dans la cuve 25 litres d'eau à 50 ou 55 degrés, puis
moût. verser doucement dans cette eau 15 à 16 kilogrammes de malt concassé;
Il y a deux méthodes prin- agiter vivement le mélange. Quand le malt est bien imbibé, ajouter lente-
cipales de brassage. Le bras- ment, tout en continuant à agiter, de l'eau bouillante jusqu a ce que le
sage par infusion se fait en mélange soit à la température de 70 degrés. Laisser reposer une heure,
versant de l'eau à la tempéra- soutirer le liquide dans la chaudière à cuisson.
ture de 60 à 65 degrés (sui- Laver à plusieurs reprises avec de petites quantités d'eau le malt concassé
vant la saison) dans une cuve restant dans la cuve ou dréche, et soutirer cette eau de lavage dans la
appelée cuve-matière (fig. 569, chaudière à cuisson.
5, 6 et 571), munie d'agitateurs ; Cuisson. — Mettre dans le liquide que contient la chaudière 400 à
on y ajoute la farine de malt FIG. 567. — Grain d'orge 500 grammes de houblon (600 ou 700 grammes si l'on désire une bière
dans la proportion d'une par- germé montrant le dé- FIG. 568. — Germination très amère) et faire bouillir 3 heures encore, jusqu'à ce que le liquide soit
tie de malt pour une partie veloppement des radi- de l'orge à différentes clair.
celles A et de la plu- phases de son dévelop-
et demie d'eau. Après agita- mule B. pement. Mise en levain et fermentation, -- Après la cuisson, vider le liquide ou
-

tion du mélange pendant un i. Vue du côté dorsal (plu- moût dans la cuve, dont on a enlevé la drêche, pour le faire refroidir. Le
quart d'heure pour en égaliser mule) 2. Vue du côté de refroidissement est un peu plus rapide si l'on met le liquide dans des
la température (elle est environ de 45 à 50 degrés), on la fente
. cuviers larges et peu profonds.
laisse reposer pendant 15 à 30 minutes pour que le Le moût refroidi est alors mis en tonneaux. Lorsque sa température est de
grain se trempe bien. Au bout de ce temps on remet l'agitateur en marche et 17 à 18 degrés, ajouter 250 à 300 grammes de levure fraiche (V. LEVURE),
on amène de l'eau bouillante par-dessous le faux fond de la cuve-matière, que l'on mélange très activement avec le liquide : c'est la mise en levain. Ne

LAROUSSE AGRIC. 12
BIÈRE 178

FIG. 569. — Fabrication industrielle de la bière (Principaux appareils employés dans les brasseries).

pas mettre les levures à une température supérieure à 30 ou 35 degrés : Pour la conserver, le meilleur moyen à employer est de la mettre en
elles seraient tuées. bouteilles propres, sèches, que l'on bouche fortement : laisser les bou-
Si l'on ne peut pas se procurer de la levure fraîche de brasserie, on teilles couchées pendant 7 à 8 jours, jusqu'à ce que la bière ait pris
peut employer de la levure pressée de distillerie, qu'on trouve dans toutes la mousse, c'est-à-dire mousse suffisamment, puis les mettre ensuite debout
les boulangeries : on la délaye quelques heures avant de s'en servir dans pour éviter qu'une trop grande production d'acide carbonique ne les fasse
un peu de moût. éclater.
La fermentation commence à se produire 6 ou 8 heures après la mise Remarque. — Pour faire une bière plus économique, on peut employer
en levain : le moût se couvre d'écumes de plus en plus épaisses, qui tom- un tiers de malt et deux tiers d'orge non germée, coûtant moins cher que
bent ensuite et sont remplacées par une écume boursouflée, visqueuse, le malt. On procède alors ainsi : on met le malt et l'eau à 55 degrés dans la
jaunâtre, formée de levures qui se sont multipliées en très grand nombre ; cuve (fig. 573). D'autre part, l'orge réduite en farine fine est mise dans la
c'est l'acide carbonique qui se forme pendant la fermentation qui les ra- chaudière à cuisson et delayée dans l'eau ; on fait bouillir pendant une demi-
mène à la surface. Cette écume, à l'aide d'une écumoire, peut être mise heure, en ayant soin d'agiter pour que la farine ne tombe pas au fond et ne
à part pour la mise en levain d'un autre tonneau. brûle pas ; puis on met le tout dans la cuve (ne pas dépasser 70 degrés de
Mise en fût et collage. — Quand la fermentation est terminée, le liquide température). On laisse reposer et on procède au houblonnage, etc., comme
s'éclaircit. On le soutire dans un autre tonneau et on le colle (V. COLLAGE ) précédemment.
avec de la colle de poisson (3 à 4 grammes de colle sèche par hectolitre) DEUXIÈME PROCÉDÉ. — Si l'on éprouve de la difficulté à se procurer du
ou de la gélatine blanche en feuilles minces ( 10rammes par hectolitre ; on malt, on peut fabriquer une bière sans malt, moins nourrissante, moins
la fait dissoudre dans un verre d'eau bouillante. reconstituante que celle obtenue par le premier procédé, mais néanmoins
Conservation. — La bière est très altérable ; pour la conserver il faut la très agréable à boire. Cette bière ne peut être mise en vente. Comme materiel,
mettre dans des tonneaux pleins et fermés et dans une cave bien fraîche. il faut 2 tonneaux de 1 hectolitre, un chaudron en cuivre ou en tôle émaillée
Elle ne se garde pas en vidange (c'est-à-dire dans un tonneau que l'on vide d'une contenance de 15 litres, et un tamis.
peu à peu) : elle prend un goût acide, aigre, elle devient plate, éventée. Préparation de l'eau sucrée. — Mettre dans un des tonneaux 30 à 40 litres
179 BIGARADIER — BILLONS

d'eau et y faire fondre autant de fois 1 kg. 700 de sucre qu'on désire donner Sortes de bières. — Les bières anglaises sont les plus alcooliques, 6 à 9
de degrés alcooliques à la bière. I1 faut en effet 17 grammes de sucre pour pour 100 d'alcool • elles sont tantôt très colorées (porter, stout), tantôt
1 degré et par litre. Si l'on fabrique 100 litres à 4 degrés, on met dans le tonneau pâles (pale ale). Les bières allemandes sont moins alcooliques, 4 à 5,5
1 kg. 700 x 4 - 6 kg. 800 de sucre
(employer de préférence le sucre
cristallisé dont les viticulteurs se
servent pour le sucrage des moûts
de raisin). Autant que possible ne
pas utiliser du glucose ou du sirop
de dextrine ou de fécule qui ne
sont presque jamais purs et con-
tiennent assez souvent des traces
des acides minéraux qui ont servi
à les fabriquer. (Si l'acide sulfuri-
que employé contient de l'arsenic,
le glucose est très dangereux.)
Pour nourrir les levures de bière
que l'on ajoutera après le houblon-
nage et qui doivent transformer le
sucre en alcool, en un mot pour as-
surer une bonne fermentation, il
est bon d'ajouter à l'eau sucrée :
200 grammes de phosphate d'am-
moniaque et 150 grammes d'acide Levure baste. Levure haute.
tartrique par hectolitre.
Houblonnage. —Mettre 500 gram- FIG. 572. — Levures vues au microscope.
mes de houblon dans le chaudron,
y verser environ 10 litres d'eau pour 100 d'alcool; elles sont riches en gomme et en dextrine. Les bières
bouillante, couvrir, laisser infuser françaises (3 à 5 pour 100 d'alcool) sont plus légères que les bières alle-
pendant 1 heure ou 1 heure et de- mandes, moins alcooliques que les bières anglaises.
mie et faire passer le liquide à tra- Les bières que l'on appelle bières basses sont obtenues par fermentation
vers le tamis. Faire ensuite bouil- à 4 ou 5 degres et les bieres hautes par fermentation à 15 ou 20 degrés.
lir le houblon dans 10 litres d'eau La couleur de la bière varie du jaune pâle (bière blonde) au brun (bière
qu'on laisse réduire à 8 litres et brune) ; cette dernière teinte provient soit d'une forte torréfaction de l'orge
passer aussi le liquide à travers germée, soit de l'addition de matières colorantes, par exemple de caramel
le filtre. Réunir les deux liquides Altérations. — Altérations naturelles. — La bière, étant peu riche en
obtenus (liquide d'infusion et li- alcool et contenant des sels ainsi que des matières albuminoides propres
quide de décoction), les mettre dans au développement des microbes, s'altère assez facilement, surtout si la cave
le tonneau contenant l'eau sucrée n'est pas fraîche.
et compléter à 100 litres avec de La bière peut devenir piquée, aigre, acide par suite du développement
l'eau. Faire en sorte que la tempé- d'un ferment, le mycoderma aceti, qui transforme, au contact de 1 air, l'al-
rature du mélange soit de 17 à 18 cool en acide acétique.
degrés. FIG. 570. — Schéma d'une touraille univer-
selle à contre-courant. La bière devient plate ou éventée, puis moisit quand elle a perdu son
Pour plus de facilité, si l'on a acide carbonique par suite d'un bouchage incomplet ou de la mise en vidange
une chaudière suffisamment d'un fût.
grande, et non un chaudron de 15 à 20 litres comme nous l'avons indiqué La bière est filante par suite d'une fermentation particulière (fermentation
plus haut, il est inutile de faire bouillir le houblon à part : on ajoute directe- lactique).
ment le houblon au liquide sucré dans la chaudière et l'on fait bouillir le Falsifications. — Elles ont lieu dans l'un des buts suivants :
tout pendant 3 heures ; on stérilise ainsi toute la masse. 1° Pour prévenir les altérations naturelles, en empêchant le développe-
Attendre ensuite que la température du mélange s'abaisse jusqu'à 17 ou nient des microbes : on ajoute à la bière certains antiseptiques, dont l'em-
18 degrés pour la cuire en levain.
Mise en levain, fermentation etcollage.— Commedansle premier procédé.
Bières du commerce. — Composition. — La bière renferme :
Alcool. .......................................................... 2 à 6 et même 8 pour 100
Acide carbonique faisant mousser le liquide. 0,1 à 0,4 —
Matières albuminoïdes ......... 3 à 6 —
Dextrine ......... 3 à 6 —
Sels minéraux ......... 0,12 à 0,35 —
Eau ................................................................. 75 à 92 —

FIG. 573. — Cuve en bois pour le FIG. 574. — Cuve en cuivre destinée à re-
brassage du malt. cevoir les produits liquides du brassage.

ploi est interdit, comme l'acide borique, l'acide salicylique, nuisibles à la


santé. La loi de 1905, sur les fraudes, permet l'emploi de l'acide sulfureux,
soit libre (jusqu'à 50 milligrammes par litre), soit combiné sous forme de
bisulfites alcalins (jusqu'à 5 grammes par hectolitre) ;
2° Pour augmenter la couleur : la seule coloration au moyen du caramel
est permise par la loi ;
3° Pour remplacer le houblon, par la noix vomique, racine de gentiane,
quassia-amara, coloquinte, etc. L'emploi de toutes ces substances est inter-
dit par la loi ;
4° Pour remplacer l'orge par du glucose ou de la mélasse.
Bigaradier. — Variété d'oranger. V. ORANGER.
Bigarreau. —Nom donné à toute une catégorie de cerises produites par
des cerisiers appelés bigarreautiers, lesquels semblent provenir du cerisier
des oiseaux ( cerasus avium) ou merisier. Les bigarreaux ont généralement
la forme d'un cceur et sont portés par un pédoncule long et mince ; leur
chair est ferme, croquante et douée d'une saveur très sucrée. V. CERISIER.
Bignone. Genre de plantes dicotylédones, type de la famille des

bignoniacées, qui renferme un assez grand nombre d'espèces d'arbres,


arbustes ou arbrisseaux à tige souvent sarmenteuse, et dont quelques-unes
sont cultivées en Europe comme ornementales.
Bille. — Tronc d'arbre destiné à être équarri ou débité à la scie.
Billons (Labour en) ou Billonnage. Les billons (fig. 575) sont de lé-

gers exhaussements par lesquels la surface d'un champ est rendue onduleuse,
lorsqu'on laboure en formant des ados. On laboure le terrain avec une
charrue à deux versoirs (billonneur ) qui rejettent la terre à droite et à
gauche, et l'on forme ainsi, quand toute la surface est labourée, une
suite d'ados plus ou moins larges, et qui sont séparés par des dérayures ;
FIG . 571. — Salle de brassage. ce genre de labour est dit labour en billons ou billonnage.
BILLOT — BINAGE 180

La largeur des billons est très variable, suivant le degré d'humidité des cheval, plus rapide et moins coûteux, ne peut s'effectuer que dans les semis
sols. Elle est, en général, de 1 mètre. On ne doit pratiquer les billons que en lignes ; il exige souvent un binage complémentaire à la main pour dé •
dans l'infime minorité des cas, soit barrasser la ligne des mauvaises herbes.
pour favoriser l'assainissement des Les binages sont d'autant plus nécessaires que le terrain est plus compact
sols trop humides, soit lorsqu'on dis- et la sécheresse plus
pose de très peu de fumier. forte. Ils doivent
être multipliés et
Billot. — Petite bille de bois ter- donnés•avant que la
minant la longe d'un animal attaché terre se durcisse et
à l'écurie ou à l'étable. (La longe passe s'enherbe.
dans un anneau qui est fixé à la man- Le nombre des bi-
geoire et contre lequel vient butter le billot si la bête tire sur son attache.) nages à exécuter
On donne aussi ce nom à des entraves destinées à empêcher les animaux de dans une culture
s'éloigner du pâturage et d'en franchir les clôtures. (En ce cas, le billot est
un bloc de bois suspendu au cou des animaux et traînant entre les pattes n'est limité que par
antérieures.) On nomme encore billot un petit support en bois sur lequel le temps et les
on dépose la pâtée des jeunes poussins. moyens dont on dis-
Enfin, le même terme désigne une sorte de corbeille en vannerie, en ro- pose.
En réduisant, par
seau ou en lattes .de bois minces, dans laquelle on expédie les fruits de pri- le binage, la terre
meur. V. le tableau EMBALLAGES.
superficielle enpar-
Binage. — Opération horticole et agricole qui a pour but de détruire ticules plus ou
les mauvaises herbes, d'ameublir la surface du sol et d éviter la déperdition moins fines, on
de l'humidité du sol, rompt les inters-
Le binage s'exécute à la main ou au moyen d'instruments attelés (fig. 576 tices capillaires qui
à 582) ou même d'instruments automobiles. amènent l'eau à la
Les instruments à main sont la binette ( fig. 576 ), le räteau-bineur surface, le sol garde
( fig. 577, 578), la bineuse plate, la bineuse à dents et même la rdtissoire. mieux son humidité ;
de plus, la surface
écroutée absorbe
mieux les eaux plu-
viales (fig. 583).
Pour se rendre
compte des effets du binage sur la déperdition de l'humidité il suffit de mettre
sur un gros morceau de sucre un peu de sucre finement pilé, puis de placer
ce morceau de sucre sur une soucoupe contenant de l'eau rougie ; l'eau monte
rapidement
par capillari-
té dans le
morceau jus-
qû au sucre
en poudre et
monte après
plus lente-
ment.
Il ne faut
cependant
pas attribuer
FIG. 576. — Binette FIG. 577. — Râteau-bineur avec FIG. 578. — Manière al expérience
è main. 4 socs à une seule face (a) pour la de se servir du précédente
culture maraîchère et guide (A). râteau-bineur. plus d'impor-
tance qu'il ne
Dans la grande et la moyenne culture, on les remplace par la houe â convient. En
cheval ou bineuse ( fig. 5S0, 582), qui, attelée d'un bon cheval, peut biner un réalité, si le
hectare en 10 heures de travail effectif. sol, lorsqu'il est biné, perd moins d'eau, c'est non seulement parce que les
Les binages exécutés à la main sont plus parfaits (fig. 581) ; ils ont l'avan- couches superficielles sont réduites en fines particules, mais encore parce
tage de pouvoir s'appliquer même à une epoque avancée de la végétation, que le binage détruit les mauvaises herbes qui absorbent l'eau du sol.
quelle que soit la disposition des plantes sur le terrain. Le travail de la houe à Dehérain a, en effet, montré qu'une terre binée ne perd presque pas plus

FIG. 581. — Binage à main et sarclage.


181 BINER — BIZET

d'eau qu'une terre ne portant pas de plantes et non binée. Il a montré Bisoc . — Instrument formé par la réunion de deux charrues sur le
également que la terre en jachere (ne portant pas de récolte) et non binée même bâti ( fig. 585). Il fait partie du groupe des machines qu'on appelle
perd beaucoup moins d'eau que la même terre portant des récoltes. On charrues multiples ou quelquefois polysocs, dénomination impropre,

umprend parfaitement ces résultats si l'on se rappelle que les plantes


:vaporent par transpiration d'énormes quantités d'eau s'élevant annuelle- puisqu'il y a non seulement plusieurs socs, mais aussi plusieurs versoirs
V. CHARRUE). Pour les travaux courants, les charrues multiples ( bisocs
(

par exemple), bien réglées, sont d'un emploi avantageux. D'après Coupais,
« la résistance qu'elles opposent est beaucoup plus constante que celle
u
qu'offrent lés charrues simples ; cela tient à ce que les résistances épro vées
par les différents corps ne varient pas de la même façon au même moment.
Comme, d'autre part, le poids d'une charrue multiple est, proportionnelle-
ment, plus faible que celui d'une charrue simple, l'effort exigé par une
machine à trois raies, par exemple, n'est pas le triple de l'effort qu'exigerait
un des corps monté en chaVuê simple ; il est, au contraire, moins élevé ».
Bison. — Mammifère ruminant, de la famille des bovidés et renfermant
deux espèces dont l'une d'Europe, à peu près éteinte aujourd'hui (il en
subsiste quelques spécimens en Angleterre), et l'autre d'Amérique du Nord.
Ce sont de grands bœufs à garrot relevé en bosse et recouvert d'une épaisse
fourrure, à tête courte et large, à cornes courtes et relevées en arc, ä front
très bombé.
On a accouplé le bison avec la vache (notamment avec la race anglaise
FIG. 583. — Schéma indiquant l'effet du binage.
de Galloway) et l'on a obtenu des métis n'ayant presque plus de bosse et
1. Dans la parcelle non binée, la terre laisse évaporer l'eau; 2. Dans la parcelle binée, la terre,
émiettée a la surface, empêche l'eau de s'évaporer. donnant des rendements en viande énormes.
Bistorte. — Variété de renouée, à racine retordue sur elle-même et qui
ment jusqu'à 2 millions de kilogrammes à l'hectare. En binant, on fait croît dans les prairies humides, les pâturages de montagne.
disparaître les mauvaises herbes qui absorbent cette eau au détriment des Bistournage. V. CASTRATION.

plantes cultivées ; le sol garde mieux son humidité et nitrifie abondamment.
De là ces dictons : Bisulfite. Sel acide résultant de la combinaison de l'acide sulfureux

avec une base (potasse, soude ou chaux). Les bisulfites employés en agri-
Un binage vaut un arrosage. culture sont : le bisulfite de potasse, le bisulfite de soude et le bisulfite de
Biner, c'est arroser sans eau, c'est fumer sans fumier.
chaux. On les utilise pour obtenir du gaz sulfureux.
Il faut renouveler les binages dés que la terre se prend en croûte ou s'in- Le bisulfite de potasse est cristallisé, soluble dans l'eau (ne pas le faire
feste de mauvaises herbes et jusqu'à ce que la récolte soit assez vigoureuse dissoudre dans l'eau chaude, car il y a dégagement d'acide sulfureux) ;
pour étouffer sous sa propre végétation toutes les plantes concurrentes. sous l'action des acides, il se décompose et le gaz sulfureux se dégage. Il
Biner. — Action de pratiquer le binage. donne environ la moitié de son poids d'acide sulfureux. On remplace sou-
vent le bisulfite de potasse par le métabisulfite de potasse, plus fixe, cris-
Binette. —Sorte de boue légère à lame tranchante assez large (0m,15 à tallisé aussi et qui contient 57 pour 100 d'acide sulfureux. On emploie le
0m,20), faisant un angle aigu avec le manche et servant au sarclage et au bisulfite de potasse pour le mutage des moûts, pour la décoloration des
binage. On l'emploie principalement dans les travaux de jardinage. La grande moûts rosés, dans la vinification par sulfitage, dans le soutirage des vins,
culture utilise plutöt les bineuses. V. BINAGE. dans la conservation des vins. V. MUTAGE, SULFITAGE.
Bineuse. Machine qui sert à exécuter les binages des plantes cultivées
— Le bisulfite de soude est vendu en liquide, en poudre ou en cristaux.
en lignes. Elles sont actionnées à la main ou tirées par un attelage. On les Le bisulfite de soude industriel à 30 degres renferme environ 220 grammes
appelle le plus souvent houes. V. ce mot. d'acide sulfureux par litre. Le bisulfite de soude en poudre renferme 60 à
Binot. — Vieille charrue flamande (fig. 584), montée en araire et com- 62 pour 100 d'acide sulfureux.
portant un soc On emploie le bisulfite de soude dans le traitement de certaines maladies
étroit et un de la vigne(oïdium, pourriture grise), pour la destruction d'insectes parasites
corps de but- (anise, pyrale, etc.), comme antiseptique pour la conservation du matériel
teur. Elle sert vinaire.
à exécuter les Le bisulfite de chaux est vendu en liquide ou en poudre. Le bisulfite de
binotages. chaux liquide à 11 degrés est le moins cher des bisulfites ; il renferme
environ 80 grammes d'acide sulfureux par litre. Mêmes emplois que le
Binotage . bisulfite de soude.
— Labour en La loi du Ter août 1905 et les règlements d'administration publique qui la
billons très complètent limitent l'emploi des bisulfites alcalins à la dose de 20 grammes
étroits, ayant par hectolitre.
pour but l'a-
meublisse- Bisulques . — Nom donné parfois aux ruminants, à cause de leur pied
ment, l'aéra- fourchu.
tion, l'assai- FIG. 584. — Binot flamand. Bizet (Mouton). — Les moutons bizets ( fig. 586) constituent la popu-
nissement du lation ovine de la région montagneuse de la Haute-Loire et d'une partie du
sol et la destruction des plantes adventices. On enterre quelquefois légère- Cantal. C'est une race
ment la fumure par un binotage et on recoupe cette façon par un binotage de petite taille, 0m,50 à
en travers. C'est un puissant moyen d'activer la décomposition du fumier. 0m,55, à extrémités fi-
Bisailie . Mélange de pois gris et de vesces dont on nourrit les ani-

nes ; tête à chanfrein
maux, particulièrement les pigeons, dans certaines régions de la France. busqué généralement
pourvue, chez le mâle,
Bisannuelle (bot.). — Se dit des plantes qui vivent deux ans, ou qui de grandes cornes min-
tout au moins, venues dans le courant d'une année, ne fleurissent et ne ces spiralées ; oreilles
fructifient que dans le courant de la deuxième année. Exemples : le choux, fines, dressées ; cou
la carotte, la betterave sont des plantes bisannuelles. mince, dos rectiligne,
La première année, la plante fait des provisions de substances nutritives mais manquant de lar-
qu'elle emmagasine géneralement dans ses parties souterraines (racines, geur ; gigot mince et peu
bulbes, etc.). La deuxième année, ces produits nutritifs sont utilisés au profit descendu; membres
du développement d'une tige qui se charge de fleurs, de fruits et de fins, nerveux. Toison
graines. caractéristique, en ca-
Suivant nos besoins, nous intervenons soit la première année pour nous rapace, laissant la tête
emparer des réserves nutritives, soit la deuxième année pour obtenir les et les pattes nues ; la
semences nécessaires à la multiplication de la plante. face est brune ou noire
Biset ou Bizet. Variété de pigeon domestique. Issu du biset de roche,
— avec une liste blanche
qui vit à l'état sauvage dans tout le nord de l'Europe, le biset domestique couvrant le museau, le
est d'humeur vagabonde ; fuyant le colombier, il aime à chercher lui-même chanfrein et le chignon, FIG. 586. — Moutons bizets.
sa nourriture dans les champs. De petite taille, il possède un plumage assez mais laissant l'ceil dans
varié, mais dans lequel domine le bleu ; la tête et le cou ont des reflets verts une tache noire qui se prolonge sur les joues et englobe l'oreille. Laine sou-
et rouges. Cette race, au point de vue du rapport, est inférieure aux romains vent jarreuse en mèches tassées à brins fins de longueur moyenne, brun
et aux carneaux. V. PIGEON. foncé à la base, blanc grisâtre à l'extrémité ; l'animal tondu apparaît gris de

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