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aggloméré, pur ou mélangé avec ments1 et, surtout, du cours fluc- par Rober Hooke, en 1665, pour décrire les
trous (cells) observés à l’examen au microscope
d’autres matières comme le caout- tuant de cette matière. d’une fine tranche de bouchon.
“Épingles”
■ Des millions d’espèces en moins ■ La crise de la
Question ressassée : combien y a-t-il sur fourmi folle
terre d’espèces d’insectes, le groupe L’île Christmas, posses-
d’animaux le plus “biodivers” ? sion australienne de
On peut raisonnablement indiquer qu’en - l’Océan indien, est célèbre
viron 750 000 espèces ont été décrites pour ses crabes rouges,
par les entomologistes (si l’on fait le Gecarcoidea natalis, qui
compte dans les catalogues, on trouve La Fourmi folle jaune, dessin migrent en masse, pas-
jusqu’à 1 million, mais il y a beaucoup de repris du site sant partout, sur les
doublons). www.uq.edu.au/entomology/ pelouses et au travers des
fireant.html
On peut, sans se tromper, avancer qu’on maisons, chaque année en
n’a enregistré qu’une petite novembre, attirant une foule de touristes, qui sont la
partie des espèces existant réellement, sachant que de nombreux endroits richesse du lieu. Ce sont les femelles qui quittent la forêt
ont été explorés superficiellement ou pas du tout. Mais quelle partie ? équatoriale humide – où l’espèce se nourrit de feuilles et
Pour l’évaluer, on s’est longtemps appuyé sur des inventaires aussi de pousses – pour gagner la mer où elles pondent.
exhaustifs que possible faits en forêt tropicale humide. Dans ces Jusque là, le succès de cette aventure était garanti, aux
milieux très “riches”, on a ainsi établi des listes très copieuses d’es- accidents de la route près, les crabes ignorant toute pré-
pèces, dont une grande proportion d’inconnues pour la science, et caution au moment de traverser les routes.
compté les espèces de plantes, nombreuses mais bien mieux connues. Depuis quelques années, un nouvel ennemi s’est mani-
Puis on procédé par extrapolations en considérant que chaque espèce festé, qui met sérieusement en péril les crabes, dont
d’insecte était inféodée à une espèce de plante – ou à un petit nombre l’effectif est déjà réduit de moitié. C’est la Fourmi folle
– et possédait quelques parasitoïdes plutôt spécifiques. Tout ce travail jaune, Anoplolepis gracilipes (Hyménoptère Formicidé),
pour aboutir au chiffre impressionnant de 30 et quelques millions. une minuscule mais frénétique (d’où son nom) envahis-
L’étude que viennent de publier Vojtech Novotny et ses collaborateurs, seuse cosmopolite. Devant elle, notre crabe, capable de
au terme de 6 années de récoltes manuelles en Nouvelle Guinée, rabais- fendre en deux une noix de coco, reste désarmé et se
sent ce nombre à 4 millions. Leurs observations, en effet, infirment les laisse dévorer tandis que son terrier est “repris” par la
hypothèses adoptées ci-dessus en établissant que la plupart des fourmi. Celle-ci ne se contente pas du crabe rouge ; elle
insectes phytophages sont plutôt des généralistes, poly phages ou oligo- attaque toutes sortes d’animaux, arthropodes, reptiles,
phages (au régime alimentaire restreint à quelques genres ou familles oiseaux et mammifères ou perturbe leur reproduction.
botaniques en général apparentées) et que la monophagie est rare. En revanche, elle assure à des cochenilles (Hémiptères
Cette disparition virtuelle établie, il n’en reste pas moins essentiel de Coccoidés) déprédatrices des arbres une protection effi-
s’efforcer d’empêcher les disparitions bien réelles d’insectes réperto- cace qui assure leur pullulation. Bien que n’occupant
riés ou pas, que provoquent les agressions de l’homme vis-à-vis de encore que 5 % de la surface de l’île, la Fourmi folle
leurs habitats. jaune en perturbe gravement tout l’écosystème.
Novotny V., Basset Y., Miller S.E., Weiblen G.D., Bremer B., Cizek L., D’après, notamment, “Ant’s Acid Overrunning Oz
Drozd P., 2002. Low host specificity of herbivorous insects in a tropical Crabs”, dépêche Reuters lue à www.wired.com
forest. Nature, 416, 841-844. Fiche Anoplolepis sur Australian Ants Online à
www.ento.csiro.au