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Yoni Rousseau Terminale G4

Fiche de lecture

Lucie Aubrac, Ils partiront dans l’ivresse

Lucie Aubrac, née le 29 juin 1912 à Paris et morte le 14 mars 2007, est une
résistante et une héroïne de guerre française. Pendant l'occupation allemande, Lucie
Aubrac exercait en tant que professeure d'histoire-géographie dans un lycée de jeunes
filles, tout en soutenant en parallèle des mouvements de résistance comme Libération ou
les groupes francs. Mariée à Raymond Aubrac, lui aussi résistant, ils finirent par s'échapper
à Londres avec leur fils Jean-Pierre le 8 février 1944. Ils partiront dans l'ivresse est un
journal écrit par Lucie Aubrac et relatant 9 mois de sa vie durant l'occupation allemande,
qui fut publié en 1997 par les Editions du Seuil. Ce journal relate à la fois la vie
quotidienne de Lucie Aubrac, son travail, sa famille, ses amis... mais aussi sa double vie
de résistante. Nous nous poserons la question « En quoi ce journal mêle-t-il le quotidien
des français et de lucie Aubrac avec sa vie de résistante ? ». Pour y répondre, nous
commencerons par présenter le quotidien de Lucie Aubrac sous l'occupation tel qu'il est
décrit dans le livre, puis nous parlerons de sa vie de résistante.
Contrairement à beaucoup de résistants qu'elle côtoie, Lucie Aubrac conjugue son
activité de résistant avec sa vie de famille. Ainsi, leur fils Jean-Pierre, surnommé Boubou,
est le seul enfant du groupe de résistants. Cette situation familiale peut avoir des
avantages, leurs familles pouvaient parfois leur donner de la nourriture, et le fait d'être
un couple avec un enfant diminue les risques que leur couverture soit découverte.
Cependant, en tant que résistant, avoir leurs familles à une telle proximité était source
d'inquiétude, autant parce qu'ils étaient susceptibles d'être en danger si leur identité était
découverte que car ils pouvaient être utilisés comme moyen de pression par la Gestapo.
Leur véritable identité a su rester secrète pendant longtemps, notamment car Lucie
Aubrac voulait au maximum séparer sa vie familiale de sa vie de résistante « Nous avions à
cette période chacun deux vies distinctes et, comme dans la définition géométrique des
parallèles, nous faisions notre possible pour qu'elles ne se rencontrent pas. », ce qui a
permis à Lucie et Raymond de vivre tranquillement chez eux lorsqu'ils ne menaient pas
d'actions de résistance, tout en louant un appartement chez des connaissances au cas où
ils se feraient arrêter.

Pendant l'occupation, l'une des principales difficultés au quotidien est le


rationnement de la nourriture. Ainsi, en fonction des tranches d'âges, du sexe ou du
travail, l'Etat attribue tous les mois des tickets de rationnements, permettant d'accéder à
des quantités triviales de nourriture. « Ces tickets et ces cartes de rationnement, à retirer
chaque mois dans les permanences municipales sont un vrai casse-tête. […] Toute la
population est divisée en catégories.» page 32. Les rares aliments qui ne sont pas
rationnés sont introuvables dans la majorité des magasins à cause des pénuries. Pour
s'adapter, les français tentent soit de se débrouiller pour cuisiner avec le peu d'aliments
disponibles en suivant des recettes économiques, ou bien pour les plus courageux d'aller
acheter de la nourriture au marché noir, ce qui est d'une part êxtrèmement coûteux mais
aussi très dangereux, à cause de la police qui surveille ces transactions illégales.

Enfin, Raymond doit gérer son métier d'ingénieur des ponts et chaussées et elle son
métier d'enseignante. En effet, Lucie doit justifier ses absences répétées dues à son
métier de résistante, et pour cela elle reçoit l'aide d'un médecin complice qui lui permet
d'obtenir des arrêts maladies. Lucie Aubrac doit également préparer ses cours en parallèle
de ses activités de résistante pour ses classes d'un établissement de jeunes filles, c'est
pour elle une occasion de leur faire découvrir l'histoire. En tant que professeure, elle
s'oppose également à la politique de propagande de Vichy, que ce soit discrètement en
enseignant des cours hors programme ou en laissant les livres et manuels fournis par le
gouvernement dans un coin délaissé de la bibliothèque, ou plus directement, en lançant
des pétitions ou en refusant certains évènements organisés par l'Etat, comme la visite
d'une exposition pour la sortie du film Le Juif Süss.
En tant que résistants, Lucie et Raymond ont de nombreuses connaissances parmi
de nombreux mouvements de résistance, notamment le mouvement de Libération ou le
Parti Communiste, mais aussi avec les groupes-francs, groupes armés chargés de libérer les
résistants emprisonnés et que Lucie va superviser afin de permettre à son mari de
s'évader. Lucie a aussi de nombreux contacts au niveau des maquis, des groupes de guérilla
constitués de volontaires, de Juifs ou de jeunes refusant de participer au STO, le service
de travail obligatoire en Allemagne, et qui s'attaquent à la milice ou aux troupes
d'occupation allemandes. La résistance s'organise également depuis Londres, où le Général
De Gaulle, ainsi que des membres du gouvernement d'Alger ou d'autres résistants
s'expriment quotidiennement sur Radio Londres à la fois pour motiver la résistance, rendre
état de l'avancée de la contre offensive alliée ou des décisions du gouvernement
provisoire, mais aussi d'envoyer des messages codés indiquant des largages de colis ou des
atterrissages d'avions.

Lucie Aubrac menait de nombreuses actions en tant que résistante. Parmi elles, il y
avait le fournissement des résistants ou des Juifs en faux papiers. Pour cela, la résistance
avait un service spécial: « une quantité impressionnante de modèles de carte, de
laissez-passer, de certificats, de tampons de mairie et de commissariats […] des
complicités dans tous les services administratifs ». Elle s'est également grandement
investie dans les groupes francs, afin de libérer son mari. Parmi les résistants, il y avait
ainsi des informateurs, chargés d'informer des futures actions de l'ennemi, ou encore de
révéler des identités ou des boîtes aux lettres compromises. Il y avait également des
médecins, qui se chargeaient de soigner dans la plus grande discrétion les résistants
blessés une fois ceux ci libérés.

Le plus grand atout de la résistance est le soutien qui lui est apporté par la
population. Par les autres résistants, bien sûr, mais aussi par des personnes seules ou des
familles qui acceptent de se mettre en danger, eux et leur famille en les logeant. Ainsi,
Lucie et Raymond, après le succès de la mission de sauvetage, se font prendre en charge
par Charles-Henri, qui les transporte de refuge en refuge chez de parfaits inconnus qui
acceptent pourtant de les cacher et de les nourrir pendant plusieurs semaines, avec
parfois la complicité des habitants du village qui viennent apporter de la nourriture et des
gendarmes, qui se taisent sur leur présence et les aident même à s'échapper vers
l'Angleterre en se postant sur les routes.

Cependant, la résistance n'est pas sans risque. En effet, la surveillance policière


est accrue pendant l'occupation. Ainsi, la police, mais aussi la milice française, crée en
1943 par le régime de Vichy afin de lutter contre la Résistance, ou encore la Gestapo,
chargée de trouver les opposants politiques, affirment leur pouvoir au travers de mesures
comme le couvre-feu, mais aussi une surveillance généralisée qui s'effectue notamment
par la vérification des papiers d'identité, ou par la surveillance des frontières pour éviter
que des résistants quittent le pays discrètement vers des zones sûres, comme la Suisse. «
aux passages à niveaux, des soldats allemands armés sont postés avec des voitures et des
chiens. » page 170. De plus, les résistants risquent toujours d'être dénoncés par l'un de
leur contact qui se révèle collaborer avec l'ennemi. C'est ainsi que Didot-Hardy est
suspecté d'être celui qui a indiqué à la Gestapo le lieu de rendez-vous entre Raymond et
Max, entraînant leur capture. Une fois capturé par la Gestapo, les résistants sont torturés
pour obtenir des informations sur les autres membres des mouvements et sont après celà
condamnés à mort.

Pour conclure, ce journal mêle à la fois la vie quotidienne le Lucie Aubrac et de sa


famille dans leur intimité, de son travail et de sa relation avec ses élèves, mais aussi des
moments plus difficiles du quotidien, comme le manque de nourriture, la prise en charge
de ses enfants ou encore la détention de Raymond. Dans le même temps, elle nous conte
sa vie et ses exploits de résistants, ses contacts, ses actions de sauvetage héroïques
comme ses activités de résistante plus banales. Lors de l'écriture de ce livre, au-delà de
simplement raconter son histoire et le quotidien des résistants, je pense qu'elle a voulu
mettre en avant les héros méconnus de la guerre: les enseignants et les libraires qui
s'opposent à la propagande et la censure, les familles modestes qui partagent leur peu de
rations avec les résistants, ceux qui ont le courage de cacher des résistants ou simplement
de ne rien dire. C'est dans la perspective du procès de Klaus Barbie, chef de la gestapo
Lyonnaise et qui a torturé son mari des semaines que Lucie Aubrac a décidé de publier son
journal, pour témoigner des atrocités qu'il a fait subir aux résistants prisonniers.

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