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Plorre Jacquinot, membre de rAcadémie dos Selences, est directeur du laboratoire Aimé. Cotton iu CNRS. Il fut sirectour général iu CNRS de 1962 1 1960. André Girard ost acluellement maitre ie, recherches XTONERA. Sa these fo doctorat 5 solences a ports uur 19 spoctrométro 1 grill, dont il est Tnventeur, L’analyse de la lumiére par Plerre Jacquinot et André Girard Fig. 1. Le gall do MorotBal lwométvos. 8 modulation fest, avec Ja. grille de Girard (Hig. 4), une des owvertures que on peut employer dans les spec live: elle est composé do points noire disiibués sur un fond transparent De grands progrés sont actuellement réalisés dans la connaissance des interactions ontre Ja lumiére et la matiére. lis sont, pour uno large part, liés au développement de méthodes spectroscopiques. | Tout utilisateur do la spectroscopie — qu'il soit physicien du solide, astrophysicien, chimiste ou océanographe — est amené a se demander quelle méthode ou quel appareil constituera Vout lo plus puissant et le mieux adapt6 @ étude qu'il entreprend. Cet aspect instrumental do analyse spectrale de la lumiére est tres Important ot, pour s’en convaincre, i! suftiralt a'évoquer les progres de I'astrophysique, qui sont intimement iés a a miso au point de nouvelles techniques spectroscopiques. | Pour répondre aux besoins de scientitiques travaillant dans fos disciplines les plus variées, Jes recherches ont connu ces derniéres années un te! développement, qu'il en résulto un fenouvellement complet ot partois inattendu de ce secteur de la physique classique. La vitalité des recherches effectuées en France dans co domaine est particuliérement marquée. LARECHERCHE nh MAL 970 VOLUME PAGE 45 Lévolution actuell Vamélioration des performances des appar et le développement de de la spectroscople instrumental ‘suivant deux orientations Is a fente ispositits non classiques. iaphragme «entrée Tange optique (eu étendue) do apparel, caractérise Loss progres do 1a epectoscopie_instrumentae font conduit & la mise au point d'un grand nombre ‘appareils. Chacun deux présente des ceractéris~ tiques partiouliéres qui lui pormettent de trowver une utilisation spécitique dans un type d'expérience ‘ou de mesure donnée. Mais, quelle quo soit la méthode d'analyse de la lumiéro sur laquelle est basé son fonctionnement, il posséde aussi dos éléments communs a tous les systémes danalyse spectroscopique. Le spectrométre proprement dit est interposé entre une source lumineuse et un récopteur de rayonnemont auquel est associée une chaine de mesure et de traitement do Vinformation, ce dernior élément pouvant étre d'importance trés variable. La source peut étro lobjet méme de l'étude (spectto~ scople d’émission), ou jouer le réle passit d'une source artificielle de spectre connu, dont le rayon- nement subit une absorption séloctive de ta part du milieu étudié, solide, liquide ou gaz (spectro scopie d'absorption).. La lumiére émise par la source est achominée vers le récepteur par V'intermédiaire du_systeme spectrometrique sous la forme d'un faisceau de rayons dont la géométrie est déterminée par les lois élémentaires bien connues de optique. Dans ces conditions, le produit do la soction du faisceau lumineux par angle solide sous lequel parviennont les rayons en ce plan est une constante géométri= que du systéme. Co produit, appelé « acceptance optique» ov «élendue > de. Mapparell, caractérise 8a capacité de « débit lumnineux» : pour un appa rell classique, par exemple, il est proportionnel & la largeur de la fente. I ost de voir que acceptance optique d'un instrument influe directement sur la précision des mesures : en effet, le signal de sortie est pro- portionnel, toutes choses égales d'ailleurs, au nom- bre do photons regus par le récepteur pendant lo source au réceptour par un systeme de diaphragme de sorts récopiour & | | | | | syatome optaue | | loptes ou de mizolts ido la section du falsceau par Tangle solide 2 = Sw. Cotto coneianto, appolbe accep ‘capacité do débit luminoux temps d'analyse et la précision des mesures s‘en trouve acorue dans la méme proportion, & condi- tion toutefois que le «bruit» ne soit pas, lui aussi, accru, Cette demniére condition n’est malhoureusé ment pas remplie pour tous les types de récepteur et particuliarement les plus sensibles, Le récepteur de rayonnement transforme |'énergie Incidente en un signal observable. Sa surface sen- sible est la ible sur laquelle converge le flux lumineux «traité» par le spectrométre. Le premier réceptour utilisé fut naturellement l'oeil humain, La plaque photographique, récepteur d'image, associé a la densitométrie, a ensuite constitué pen- dant trés longtemps le seul moyen de mesure en analyse spectrale. Jusque vers 1940, I'empiol de récepteurs photoélectriques en spectroscopic était le fait de spécialistes travaillant dans dos labora- tolres de recherche. L’apparition et la prédominance progressives de récepteurs photoslectriques, qui sont des récepteurs de flux, constituent une étape aussi importante que celle de la photographie. Il nest pas exagéré de dire que l'évolution actuelle des techniques spectroscopiques s‘explique avant. tout par une mise en lumiére progressive des ‘conséquences profondes qu’entraine Ie passage dos. récepteurs d'images aux récepteurs do flux Cos deux types de récepteurs réagissent de fagon fondamentaloment différente & une énergie lumi- neuse incidente. Cette énergie est une fonction du temps ot de deux variables d'espace dans le plan de la surface sensible. Le récepteur a'imago, associé ‘ou non a la densitométrio, intégro dans lo temps ot conserve les variables d'espace. Pour un récepteur do flux, tel qu'un photomultiplicateur ou un détec- tour thermique pour linfrarouge, les réles de l'es- pace et du tomps sont, inversés. L’émulsion des réceptours d'images fournit une répartition spatialo dos phénoménes dans la mo- LARECHERCHE Kea MAI 1070 sure ol sa granularité le permet. Le récepteur de lux est capable de discerner les variations tompo- rolios du tux incident, aveo uno fid6lité qui dépend de sa constante de temps. Los appareils équipés d'un récoptour de flux sont appelés spectrométres. Le terme spectrographe est réservé aux appareils dont le récepteur est une émulsion photographique. Celle-ci n’est pas util- sable au-dela de 1,2 u. Dans linfrarouge, il n'existe donc que des spectrometres. Doux orlentattons qui se complétent, Lévolution actuelle de Ia spectroscopic instru- mentale se _manifeste suivant deux orientations. La premiére consiste dans l'amélioration des instru- ments que fon peut qualifier de classiques puisque leur principe de base est celui des appa- tells les plus anciens. Co principe se traduit maté- tiollement par la présence d'une fente d'entrée et d'un systéme dispersif, prisme ou réseau. En dépit de l'extréme diversité des appareils et de leur spécialisation de plus en plus poussée, il existe des analogies essentielles, en effet, entre deux appareils aussi différents que, par exemple, le modeste spectroscope de poche et le spectrographe haute résolution le plus perfectionné. Les dispositifs non classiques dont le dévelop- pement constitue la seconde orientation de la spec ‘roscopie sont essentietiement : les appareils Fabry- Porot, la méthode. de spectroscopie par transfor mation de Fourier et la spectroscopie par modula- tion sétective. II est parfaitement vain d'essayer d'établir une jérarchie entre ces deux orientations. Il est vrai que les progrés dans la réalisation des appareils classiques ont été si grands et si rapides qu'un instrument de type nouveau doit avoir des pertor- mances trés élevées pour étre compétitif. Mais il est égaloment vrai que les instruments classiques présentent, en raison de leur principe méme, dos limitations’ fondamientales. Surmonter ces limites constitue un objectif majeur de la spoctroscopie, en dépit des difficultés do miso on application. Ces difficultés se traduisent par une période plus ou ‘moins longue (environ dix ans) entre I'énoneé d'un principe, la mise en évidence de ses avantages ot la réalisation d'appareils « opérationnels », dont les résultats justifient seuls Vetfort entropris. Comment ulliser au mieux I apparells & fente, Réduit & ses éléments essentiels, un apparsil fonte est constitué par une fente d’entrée au foyer d'un collimateur, (mirofr ou lentille) et par un collimateur de sortio dans le plan focal duquel se trouve la fente de sortie (cas du spectrométre) ou la plaque photographique (cas du spectrographo). Entre les deux collimateurs se, trouve le systeme dispersif, prisme ou réseau plan. Dans le cas du réseau concave, les deux collimateurs se confon- dont avec le disperseur. LARECHERCHE Net MAI 1970 Lranalyse de la Iu Comment situer un probléme de spectroscopie Les données qui permettent de situer un tel probleme peuvent 98 iéduire a 'sumériques: De By Ady et T gui tx suivante © Lo domsino spectral dans lequol a lieu Wanalyso, caractérise per une longueur donde >, ov us ‘onde 2 (en om 7, (enw Les fyoauses ici concernent opiique au sens large : ultraviolet, visible, intr © Letendue 8% du domaine le fait que le spectre est étudlé ent Rane, © La finesse G'analyse lio & la plus falle valeur do Voervailo Bh 2 alatlons dlscernables. Sa valeur est, per convention, onetion d'epparel. Cotto ion Instrumental) est ‘ans fe oas ol la repartition spectrala. stud | une role unique de ‘matique). En raison ‘ou. non (aitfaction, conditions a réparitien La raplaité analyse s'exprime par le tomes T ‘necestaire pour fecusilir toutes lee informations ‘cher- choos. Les trois demlers termes A, 87, et T sont souvent rompiacds par ols factoure, combinalsons dos. préct> ‘ert M= ANB), nombre détéments epecteaux studi ; R= AB, pouvoir do résolution ou résolvanco ; (T/A.8. = T/M, tompe denalyso rapperté a un ‘tement spectral Les informations cherchées sont tes intonités. m= nevses des M siemens spectraux La notion defficacité spectrale ot des apparelis tout & fait diférents fe sbrult» qu eecompagne Inévi- 1 ‘iro do. Vappareil illour rapport signelbrut qu'il ost 1x Qu. MR, Trfixds) 04 encore, éo fagon ‘qui posséde Ia. meilloura offoacité peut, 8 volonts, oie frolre ta finesse, la eapidité, Ia précislon analyse, fou toute’ combinsison do, cos quali VOLUME 1 PAGE 17 Les spectrométres & modulation sélective permettent de surmonter une partie des limitations inhérentes aux appareils classiques. Grace @ action du dispersour, et du systéme optique qui lui ost associé, la répartition spectrale ludi6o dovient uno répartition spatiale ost « étalé » dans fe plan de dispersion du systéme. La sélection des éléments spectraux est ainsi obte- nnue en isolant le flux « monochromatique » relatif chacun des éléments de la source. Pour cette 1 son, la méthode classique peut étre désignée par expression « spectroscopie par isolement spatial» La présence d'une fente d'entrée impose une limitation spatiale au flux lumineux admis par apparoil. Cotto limite fondamentalo ost d’autant plus sévére que le pouvoir de résolution cherché est Glove : Ia largour de fente ost le paramatre essen- tiel grace auquel est étabii le compromis résolution- luminosité ; ces deux notions sont en elfet direoto- ment antagonistes dans les méthodes. spoctralos classiques. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, les rela tions théoriques liant la luminosité ot la résolvance ont été établies que récemment. Elles ont permis de tirer un certain nombre de conclusions tantes pour la mise au point des appareils de spec- . troscopie, Dans le cas des spectrométres if est avantagoux ‘utiliser un systéme dispersit dont fa résolvance théorique, limite imposée par ta dittraction, ost aussi grande que possible, méme si la résolvance cher- chée est beaucoup plus faible. Aulrement dit, 'em- ploi d'un systéme dispersit surpuissant autorise Vomploi de fentes relativement larges, et par con- séquent une acceptance optique plus élovée. I codte trés cher en luminosité de vouloir se tapprocher de la résolvance théorique du dispor- seur (calle-ci ne peut diailleurs étre atteinte théo- riquement qu'en utilisant des fentes fines). La luminosité est proportionnelle la hauteur du systéme dispersif et & la hauteur angulaire des fentes. Elle ne dépend pas des distances focales des’ collimateurs d'entrée et de sortie. Pour un spectrographe, plus encore que pour un spectrométre, il est avantagoux d'utiliser un disper- seur dont la résolvance théorique soit aussi élevée que possible. La largeur la plus favorable pour Ia fente d'entrée fest telle que son Image ait une largeur voisine de la granularité de I'émulsion. En effet, si la fente est plus fine, le pouvoir do résolution n'est pas amé- lioré, puisqu’ll ost imposé par la granularité, Si la fente est plus large, le pouvoir de résolution baisse ‘sans qu'il en résulte une luminosité accrue, puisque Véclairement dans le plan de la plaque n'est pas sensiblement modifié, du moins dans le cas d'un spectre de raies isolées. La distance focale du collimateur de sort le paramdtre le plus favorable pour modifier Ie compromis luminosité-résolution : en diminuant cette distance focale, on augmente l'ouverture de l'objec- tif do sortio ot, par conséquent, la luminosité ; mais, la limitation de la résolution due au grain ost plus s6vore, 8 vouwmes Quel récepteur de lumlére dolt-on utiliser ? La comparaison entre spectrographes et spec- tromatres n'a do sens que dans le domaine spectral 011 la. plaque photogrephique et le photomultiplica- tour d'électrons (le récepteur de flux le plus senei- blo) sont tous doux utilsables, c'est--dire dans le Visible et ultraviolet Lemploi des photomultiplicateurs comporte plu- sieurs avantages © ‘lingarite de réponse ; © possibilite crenregistrement et de lecture immé- diata ; © onsibitité plus élevée pour chaque élément spoc- tral; le rendement quantique peut atteindre 100, fois celui de la plaque photographique, Les deux promiors sont do simples. commodités et n’ont rien & voir avec la précision de la mesure, Cestadite avec lefficacité spectrale telle qu'elle est définie plus haut. Disons que lour importance est plus grande pour un appareil « industriel » que our un appareil de « recherche » Levantage fondamental du spectrographe tient & Venregistrement simultané d'un trés grand nombre G'informations. Plusieurs dizaines de milliers 'élé- ments spectraux sont obtenus sans difficulté en uno seule exposition. A rendement quantique égal_ des récepteurs, la comparaison donnerait un avantago considérable detficacité spectrale aux specirogra~ hes. I est vrai que le rendement quantique des Photomultiplicateurs, tes supériour a colul de la plaque photographique, compense dans une certaine | mesure cet inconvénient fondamental. La caméra | électronique, récepteur dimages dont le rendement Quantique est celui des photomultiplicateurs, donne lun nouvel intérét aux méthodes spectrographiques. Le spectrométre Fabry-Perot : une invention ancienne aux possibilitée Insoupgonnéos. Un des premiers types d'appareil non classique 4 616 l'interféromatre Fabry-Perot. Un élément Fabry- Porot ost constitué par doux lames transparentes dont les faces en regard sont trés planes et tres paralléles, Ces faces sont recouvertes chacune par lune couche semi-réfléchissante et séparées par uno distance qui peut étre comprise entre. quelques centiémes de millimétre et plusieurs centimetres. Les rayons transmis résultent du jeu des réflexions multiples sur les faces de cette cavité résonnante, lls sont recusillis par uno lentillo et so combinent dans son plan focal pour donner une interférence dont le résultat dépend do la diffé- renee de marche entre deux rayons suecessifs. lly @ interférence constructive entre tous les rayons si le rapport de la différence de marche a la longueur d'onde est un nombre entier (A = K). La relation est satisfaite seulement pour une série do valours do la longueur d’onde : lo Fabry-Perot, est done un filtre & bandes passantes multiples, LA RECHERCHE NH MAL 1970 ampituee Fig. 9. Un élément Fabry-Perot est consttué par deux lames transparentes dont los faces en regard sont tbs paraléles, Ces faces sont recouvertes chacune par uno coucho bie comprise. ore quelques cenlitmes de millimetre et plusieurs cent Fétioxions muliplos. eur lea faces do cote omiterésonnanto. plan focal pour donner une inerférence dont le tés ‘depend do le dlllerance de. marche L'analyse de la lumigre lanes ot trde misralléchissanto et sépardes par uno distance qul pel res. Les rayons transmis résultent du Jou dos ‘oat rocusills par uno entile ot se combinant dans son deux rayons_ succeseite. [n'y a intororonce constructive entre tous los rayons sl le rapport de la cillerence de marche @ la longueur conde est un hombre enter (A = Kh}. La telation est satsaite Perot eat done un fire & bandes paseantes multiples Bien qu'il soit égaloment utilisé on spectroscopie photographique, l'élémont Fabry-Perot est le plus ‘souvent utilisé en spectromatre, o’est-A-dire associé & un récepteur de flux. II présente alors les mémes limitations fondamentales qu'un spectrometre clas- sique © une limitation temporelle : les M éléments spec- traux sont étudiés les uns aprés les autres de sorte que le tomps d'analyse accordé a I'un quel conquo d’entre eux n'est que la fraction T/M du temps total d’analyse ; © uno limitation spatiale par les diaphragmes d’en- trée et de sortie qui servent a isoler Ie flux d'un élément spectral. Toutefois, 1a limitation spatiale d'un spectrométre Fabry-Porot est beaucoup moins sévére que celle d'un spoctrométre & fentes. On peut montrer que cot avantage découle de la symétrie de révolution que posséde le Fabry-Perot (le diaphragme d'isola- tion est done olrculaire) 4 la différence d'un spec- tromatre € fentes. Le spectrométre Fabry-Perot est particullérement apte a analyser A trés haute résolution de faibles domaines spectraux, tels que la structure hyperfine de raies d’émission. Enfin, introduction de lames, non plus planes mais sphé- lues, a permis depuis quelques années d'atteindre: dos résolvances de plusieurs centaines de millions, valours tres supériouros @ cellos obtenues jusqu’é présent par toute autre méthode. LA RECHERCHE Ne MAI 1070 lament pour une série de valeurs do la longuour conde Te Fabry: Supprimor tes fontes sans toucher au pouvolr de résolution. Si los spectrométros a modulation sélective que nous allons décrire maintenant ne permettent pas do dépassor toutes cos limitations, ils ont permis outofois d'accroitre acceptance de maniere notable. Dans les appareils classiques, le récepteur regoit uniquement |'énergio lumineuse de élément spec- tral a instant considéré. 11 n’en est pas de méme pour les appareils & modulation sélective. Leur caractére commun assentiel ost, en offet, la prom priété suivante : énergie lumineuse regue & chaque instant par le récepteur proviont de nombreux élé- ments spectraux parmi lesquels l"énergie d'un seul est modulée. L'amplitude du signal alternatif ampli- fi6 par la chaine do mesure qui suit le détecteur est proportionnelie & la luminance de cet élément spectral. Le flux lumineux regu par le détecteur peut donc se décomposer en deux parties : un flux utile, mo- dulé, caractéristique de l'élément spectral étudié, ‘et un flux non modulé qui provient des éléments spectraux voisins ot qui n'a aucune part dans le signal de sortie. Ce flux est fréquemment beaucoup plus important que le flux modulé; Il peut donc élever considérablement le niveau de bruit dans le ‘eas olt le bruit de photons est prédominant, ce qui est le cas des domaines' visible et ultraviolet, avec les photomultiplicateurs. Les applications principales VOLUME 1 PAGE 18 Le remplacemont dos fontes des spectrométres classiques Par une paire de grilles a ou pour effet d'augmenter considérablement l'acceptance des appareils. 20 vouume + LARECHERCHE Ne MAI so70 de ce type d’apparell sont done dans Minfrarouge. Il est possible, grace a ce mode do sélection, de supprimer les fentes des appareils classiques et d'accroitre considérablement acceptance des appa- roils Le principe de la modulation sélective est, en fait, utilisée depuis déja longtemps dans certains instruments. infrarouges (tracking... I s‘agit done de extension & la spectrométrie d'un principe général particuligrement bien adapté aux récoptours de flux infrarouges. Divers moyens ont été proposés pour réaliser cette modulation sélective. Gertains sont purement inter- férentiels et n'exigent l'emploi d'aucun systéme dispersit. I semble que pour les faibles résolvances ‘on puisse aboutir, dans cette vole, & des apparel trés lumineux ot d'une grande simplicité, Les deux dispositifs les plus connus utilisent un systéme dispersit, L'un d'eux, fe SISAM (spectromatre inte férentiel par amplitude de modulation), a été réalisé par P. Connes, et l'autre par A. Girard. Le schéma optique du SISAM est celui d'un inter- féromatre de Michelson dont les deux miroirs sont remplacés par deux réseaux identiques placés sous le méme angle d'incidence. A toute position de réseaux correspond une longueur d’onde 2, donnée par la formule fondamentale des réseaux, telle que les rayons incidents reviennent exactement sur eux- memes dans chaque bras de l'interférométre, Pour cette radiation, Io systéme fonctionne comme un interferometre dont les deux miroirs sont perpendi- culaires aux feisceaux incidents. Si on fait varier la différence de marche de fagon linéaire en tonc- tion du temps (grace par exemple & une faible rota- tion de la lame compensatrice), la tumiére. émer gente esi modulée & 100 %fo pour cette ra ‘Au coniraire, pour toute autre radiation, le faisceau de retour est incliné sur I'axe optique, et les pro- priétés du systéme sont analogues a celles d'un interférométre de. Michelson dont les deux miroirs forment avec le faisceau incident des angles égaux ‘et do signe opposé ; on pourrait alors observer dens le plan des miroirs des franges équidistantes d'un coin diair au lieu d'une teinte plate. Le taux de modulation obtenu par variation de la différenco de marche décrott trés vite pour les radiations différentes de 2 et on obtient une modulation sélective limitée & un élément spectral tres étroit centré autour de .. On peut montrer que sa largeur correspond a la limite de résolution théorique du réseau. Diautre part, cet appareil permet de séparer faci- lement tes ordires des réseaux. En effet, aux diffé- rents ordres correspondent des fréquences de modulation trés différentes, La radiation d'un ordre déterminé peut done étre sélectionnée en choisis- sant convenablement la fréquence du signal ampiitié, Dans le spectrométre & modulation sélective a grille, la disposition générale des instruments clas- siques est conservée. Capendant, les fentes dentrée ot de sortie y sont remplacées par des ouvertures LA RECHERCHE 11 MAL 1970 analyse de la lumiere (A) RUB Ge Danae (B10 ein 108, Fig. 5: Portions du epectro do 1a plandte Vénue rouge proche (k= 1.8 micron). () avec un spectrometre a réseau (8) avoc_un spectrométre & transformation do. Fourier, mon- (8) covrespond & ta Correspond & la parle encaarée do (6). En (A), on voit seulement qu'il existe des bandos «absorption; fen (B}, on voit lac structure rotalionnelle» de ‘ces. bandos, {Qui sont duos aux molécules CO, ; en (6) on volt des rales Bus faibles ‘qu! correspondent a dee molécules CO, formées Slsotopes plus raros Go Cet de O. dont la surface, indépendante de la résolvance, est le plus souvent plusieurs centaines de fois supé- roure & celle des fentes qu’elles remplacent. Une expérience élémentaire peut alder & com- prendre le principe de cet appareil. On désigne par grille un élément plan présentant une distribu- tion d'éléments de surface opaques et transparents dont on précisera plus loin certaines caractéristi- ‘ques. Supposons simplement, pour le moment, que la surface totale des éléments transparents est égale 4 colle des éléments opaques. Si deux grilles iden- tiques sont exactoment superposées, la seconde grille transmet intégralement la lumiére transmiso par la premiére, Au contraire, si les deux grilles sont décalées l'une par rapport a l'autre, la trans- VOLUME PAGE 21 Le développement récent de la spectroscopie de Fourier a permis d'obtenir des résultats spectaculaires en astronomle planétaire, Pour on savolr plus Colloque intorationat ‘di CHRS ue Méthodes nowalles ‘on spectroscopic instrumontale» (Orsay 1806). Edtions ey (CNRS, 1967; voir faves) "numéro epi ‘dy Journal de prysique, 28, w° 34, 2 (1067. P. Jacquino!, « New Developments in Intererence ‘Spectroscopy Reports on progress in Physics, éato. par la Physical Society of London, 1800, In spectroscopy in Aavanced optical lechniqves, edited by ‘ACS. van Heh, Nosh 'Hollana ‘Amsterdam 1007, Bruit de récepteur et bruit de photons peut avolr deux origines es. diforontos. Cos dou ar les expressions ~ brut do Gest pourquol il est pou eur otto. ditinction. nt au réceptour d'une max forme do. photons portours rw constante » Sun flux sur une meyeane du nembte do photone ot Venalyse temporello dun tl faleceau fait apparalira ul constivent lo brut co Impose uno limito ultimo & la sensi- rs récoptoure. A 60 brult de photons Sajouto To brult propre du teoaptoun, ou brit dobscue ul peut avelr diverses origines + brult de Jonheon, brut. thermique. (On it quo lo syot6mo eet limit par te bait do récepiour ou par 1 but de photon sulvant ta propo {erance do run ou se teutr. ‘Si le bruit do photons est prédomin ux ineident. Da bles (photo a valour du Bato 2a racine. carréo’ du signal Au contraro, To flux Incident winflue pas aur le niveau 4 bruit dane la’ mosuro ol ‘'est le brut de. réceptour ut domine fe niveau do ‘roportionnelio mission globale tombe a environ 60 % du flux incident sur la seconde grille. Revenons maintenant la spectrométie. Deux grilles, images I'une de Vautre & travers appareil, sont placées respectivement l'entrée et, @ [a sortie d'un spectrométre. Dans le plan focal du collimateur de sortie, il y a superposition de la grille de sortie et des images monochromatiques, de la grille d’entrée. Ces images sont décalées les lunes par rapport aux autres par l'action du systemo, dispersif. Cependant, pour une radiation, il y a superposition rigoureuse de la grille de sortic ot de l'image monochromatique de a grille d'entrée. Pour cette longueur d'onde privilégiée, un mouve- ‘ment alternatif de translation de l'image de la grille d'entrée provoque une modulation du flux. Au con- nrexiste pas de position privilégiée, et le mouvement alternatif do translation ne provoque pas de modulation appré- ciable du flux émergent. Le balayage du spectre S‘effectue par les mémes moyens que dans les dispositifs classiques. Letticacité et ta sélectivits du dispositit dépen- dont évidemment de Ia structure des grilles. Sans. entrer dans une théorie mathématique générale, une loi do répartition des zones transparentes ot opaques, est satisfaisante dans la mesure oi sa fonction d'autocorrélation se rapproche d'une impulsion un que et étroite. 22 VOLUME + La spectroscopie de Fourier do renergle. sure «le plein emplol» Imaginée il y @ une quinzaine d'années, cette méthode ost on plein développement. Comme pres- que tout y est nouveau et faute de pouvoir y con- sacrer un long développement, on se limitera & essayer de faire comprendre les possibilités d'une méthode riche d'avenir. Dans cetto méthode entierement différente des précédentes, il n'y a aucune séparation des diverses radiations, ot le réceptour les regoit toutes simul tanémont. Mais chacune d'elles est marquée, ou «codée», par une modulation sinusoidale, le plus souvent interférentielle, dont la fréquence est pro- portionnelle & la fréquence lumineuse (ou nombre donde) do cette radiation. Dans le signal électrique complexe fourni par le récepteur, II sufit de faire ensuite I'analyse, analogique ou numérique, des {requences présentes pour trouver lo spectre cherché. Du point do vue mathématique, cette analyse de fréquences porte le nom de «transformation de Fourier», d'od le nom souvent donné a cotte méthode. . Les éléments spectraux étant tous présents dans le flux regu par le récepteur, mais chacun avec un codage différent qui permet de les séparer ensuite, ensemble a tous les caractéres d'une transmission On comprend immédiatement quo |'éco- formation réalisée par cette méthode doit ‘érable puisqu’une information n'est reje- t6e & aucun moment, contrairement @ ce qui se passe avec les spectrométres conventionnels qui n’admettent qu'un des M éléments spectraux a étudier. A ce point de vue, Ia méthode s'apparente aux méthodes spectrographiques : nous avons vu quo la plaque photographique peut alors étre considérée comme comportant autant de récepteurs indépen- dants quil y a d'éléments spectraux M, réalisant ainsi un gain defficacité spectrale par rapport & une méthode spectrométrique classique utilisant un récepteur de méme rendement quantique. Copendant, si te récepteur est tel que son bruit propre soit négligeable par rapport au bruit de Photons, les bruits de photons relatifs & tous les éléments spectraux recus simultanément par le récepteur s'ajoutent et no peuvent pas étre séparés ensuite par Fenalyso de fréquence. Si tous les élé- ments spectraux ont méme intensité, chacun se trouve ainsi affecté d'un bruit de photons M fois supérieur & son propre bruit : on montre que tout lavantage précédemment signalé est alors perdu. Sans vouloir pousser plus loin cette analyse, nous retiendrons que dans les cas, tres fréquents, of Crest lo bruit de récepteur qui limite le processus, cette méthode procure un gain d'efficacité croissant avec le nombre d'éléments contenus dans le do- maine spectral étudié': ce gain peut évidemment dtre considérable. C'est donc essentiellement dans LARECHERCHE N41 MAI 1970 Fig. 6 Lilntorlrométre de Michelson divieo un falscoau do lumiore on deux talsceaux au moyen dune lame ce verre fléchissanto Sp. Un des deux f ir mobile M, ands que Vets To miroir tx Mi Sur la lame ee verte. produisant des intertérences ‘ou destrucives.euivant a postion du ‘Quand on tise de la Lumiere Blanche (Cestscaire non moncehomatique) une Tame Compensstrice Cp égalise les parcours optiques. des {eux ayons Tumineux dans to vere. Quand appareil_repoit_ un rayonnement complexe, lo céplacomont du mivoir My modulo sinusoidsloment to fox do chequo sibmant spectral A une fréquence carscteitique {e cet élément. Le récepteur racait a total des flux ‘modulés, dont Venregistrement (eventuelioment sur Un support adapts a un ordinateur) en fonction de ta difarence de marche A consttue Tinterérogramme (A). La difference fe marche A est olleméme mesuiée avec une (re grande précision a Faldo oun faisceay euaitaite woo ‘monochromatique (rie taser ou tale émise par un tuba superedian), non raprésente sur la gure La prise intertérooramme termindo, traits par un ordinatour, qui rerowe la luminance B(¢) attachée a chaay et fourit toutes es valoure do Be} {de chitees et d'une courbe, i nécast ‘slément special forme un tabloaw Pendant fa prise do Vintertooramme, 10 spectroscopiste fest = eveugle= | tien nindique si la source, Fintortorombtra, ete, fonetionnant bien. Pour comédior cot incenvéniont, oa peut mettre en parallels avec le systome crenregistrement do Tinterlérogramme, un ealculateur spécialisé capable de visualiser instantanémont ‘une portion limitée de spectre eur écran d'un oscilloscope, Uanalyse de ta lumigre 2 craoer ‘ Intertrométre de michelean we covelloscope rarouge que la spectroscople de Fourler trouve ft trouvera son champ d'application. Dans le cas des méthodes interférentielles, la modulation des éléments spectraux est obtenue en faisant passer la lumidre a travers un interférometre & deux ondes (par exemple de Michelson) dont on fat varior la aiféronce do marcho & ontre 0 ot une valour maximalo Ay. Dans ces conditions, chaque radiation de nombre dondes ¢ donne, a la sortie, un flux proportionnel & cost ma A, qul comporte donc une partie continue ct une partio variant sinusoldalement en cos 2a. Chaque polit domaine de de luminance B(a) de donne une contribution modulée B(z) cos 2 oA de et le signal total rocusilli ou « interférogramme » est 1a) = J Blo) cos 2naA do lo Cette relation entre I'interférogramme et le spec- tre de la source Blo) est dite transformation de Fourier (en cosinus) de B en |. On peut montrer quielle est réciproque et que l'on a de méme : Be) | (A) cos 2raA dA n Cette équation de restitution ne donne rigoureu- sement B(a) que si les limites de Fintégrale sont LA RECHERCHE Ne MAI 1870 2610 et + pratiquement, Vintégrale est limitée au domaine exploré (0,4x) de l'interférogramme, La résolvance du procédé n'est done pas infinie. On peut montrer qu'elle varie entre Au/h et Ax/2h. En plus de l'avantage considérable do a l'action multiplex, cette méthode interférométrique a_colui d'une acceptance élevée tout comme le Fabry-Perot. Des résultats spectaculaires ont été. obtenus récomment en astronomie planétaire par J. et P. Connes au moyen de cette méthode qui connattra lun large développement dans los années & venir. Mioux utiliser "énergie lumineuse disponible pour realiser des analyses spectrales plus fines, plus précises et plus rapides : cette tendance générale Qui oriente Teffort actuel conduit sans doute, & brave échéance, @ une révision tres profonde des méthodes spectrales encore couramment utilisées dans les laboratoires de recherche. La spectrometrig ‘multiplex est celle qui réalise le mieux ce «plein emplot » du temps et de I'espace et par conséquent de 'énergie disponible. En dépit des lourds calculs quimplique le dépouillement d'un interférogramme, il est hors de doute que cette méthode soit appelée 4 un développement important. Copendant, I'aban- don pur et simple des autres méthodes d'analyse au profit de celle-ci (ou do toute autro) ost tout & fait exclu. La spécificitg des problémes rend, au contraire, forlement souhaitable la coexistence de méthodes. complémentaires. . VOLUME? PAGE 23

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