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L’HIVER,1866

Une nuit grise emplit le morne firmament ;


Comme un troupeau de loups, errant à l’aventure
Dans la nuit, et rôdant autour de leur pâture,
Le vent funèbre hurle épouvantablement.

Le brouillard, que blanchit un tourbillonnement


Neigeux, se déchirant ainsi qu’une tenture,
On voit, parfois, au fond d’une sombre ouverture,
Le soleil rouge et froid qui luit obscurément.

Mais, tous deux, ayant clos les rideaux des fenêtres.


Mollement enlacés et mêlant nos deux êtres
Dans un fauteuil profond devant un feu bien clair ;

Nous nous aimons ; nos yeux parlent avec nos lèvres


Frémissantes ; et nous sentons dans notre chaire
Courir le frisson chaud des amoureuses fièvres.

Tu peux durer longtemps encore, ô sombre hiver.


Car, réchauffés toujours au feu de leur pensées,
Nos cœurs ne craignent point tes ténèbres glacées.

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