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Maigrir Par La Coherence Cardia - David O'Hare
Maigrir Par La Coherence Cardia - David O'Hare
LA COHÉRENCE
CARDIAQUE
NOUVELLE ÉDITION
DR DAVID O’HARE
Du même auteur chez le même éditeur
Pour ce septième livre publié aux Éditions Thierry Souccar, je désire manifester
publiquement ma reconnaissance, ma gratitude et mes remerciements à toute l’équipe de
cette belle maison d’édition.
Je suis fier de faire partie de cette maison et de l’équipe qui l’anime comme une grande
famille.
Thierry Souccar, mon ami de longue date. Te rappelles-tu lorsque nous parlions
d’aviation, l’une de nos passions communes, dans mon cabinet de médecin agréé par
l’aviation civile? Te rappelles-tu quand tu partageais avec moi ton ambition de créer et
d’animer ta propre maison d’édition? Te rappelles-tu lorsque je te livrais mon désir
d’écrire? Te rappelles-tu de notre décision de réunir ces deux rêves? Grâce à toi mon rêve
d’écrire et d’être publié s’est réalisé. Tu es, pour moi, l’éditeur idéal: tu acceptes mes idées
et mes projets de livres avant qu’il ne soient écrits. Tu me fais confiance lorsque le germe
d’un projet naît et cette confiance m’accompagne de la première lettre du premier
brouillon jusqu’à la publication. Je te remercie pour ton amitié et cette confiance rare. Peu
d’auteurs ont la chance que j’ai. Parfois tu me bouscules un peu, lorsque je suis en retard
pour mes manuscrits, tu annonces et mets le livre en vente. C’est ainsi que j’ai découvert à
Chicago, par hasard sur le site internet de la librairie que je visitais, la couverture, le
nombre de pages et le prix d’un de mes prochains livres qui n’était pas encore terminé.
C’est ta façon de me mettre la pression, et c’est la seule pression toute amicale que tu
exerces avec humour (je crois). J’ai encore de grands projets et une dizaine de livres en
tête, mon souhait d’auteur le plus cher, c’est de rester dans cette belle maison, ce foyer
accueillant qui porte ton nom: Thierry Souccar Éditions.
Elvire, tu es l’interface entre moi, l’auteur et la maison d’édition en tant que directrice
éditoriale, le lien agréable, souriant, compréhensif et ouvert. Ta bonne humeur et ton
sourire, perçu même au téléphone depuis le Canada, sont toujours chaleureux. Je te
remercie pour ta compréhension, ton intelligence vive et l’attention que tu portes à tes
auteurs, à leurs projets et à leurs retards. J’ai de la chance aussi de t’avoir comme
interlocutrice privilégiée. Tu connais les sujets, tu connais l’écriture, tes conseils sont
toujours pertinents. Merci pour toutes tes attentions et ta confiance.
Priscille, l’éditrice qui m’a fait souffrir, je t’ai souvent comparée à une dentiste et nous
en plaisantions, si tu te rappelles. Tes extractions de ma prolifique prose ont été faites à vif,
mais c’est grâce à toi que mes livres ont pu être délivrés sans caries. Tes commentaires, tes
suggestions et tes coupes sombres dans les textes débordants ont toujours été pertinents,
c’est toi qui avais raison (le plus souvent). Si certains de mes livres ont été des succès c’est
grâce à ton bistouri. Notre livre 365 a été nommé l’un des 35 livres essentiels pour la
santé1, il est recommandé en numéro un des pratiques de gestion du stress par la
Fédération française de cardiologie2, ces couronnes ont été aussi façonnées par toi. Un
énorme merci pour toutes ces souffrances. Sans toi je ne serais pas l’auteur que je suis
aujourd’hui.
Véronique, j’ai l’impression que tu appartiens au même cabinet d’édition dentaire que
Priscille. Extractions, amputations et autres roulettes viennent, sous ta plume, façonner
mes textes à la dure. Et tu as même la dent un peu plus dure que Priscille. Je te remercie
car c’est grâce à toi et à cette reconnaissance que j’ai envie d’écrire ces remerciements
dans ce livre-ci, que j’ai eu le bonheur douloureux de te voir confier pour l’édition. Tu fais
un travail remarquable de pertinence, d’intelligence et de concision incisive. Un grand
merci.
Après Catherine, vient Ingrid qui relit et corrige. Travail patient, minutieux et précis, un
travail d’horlogerie, c’est grâce à toi que la lecture ne bute pas sur les coquilles, le
français sans cédille ou les aberrations excruciantes fallacieuses mal orthografiés3. Tu es
le dernier rempart avant l’attaque du lecteur, merci pour lui, merci pour moi.
Monique, c’est le sourire et l’accueil. Lors de mes trop rares visites sur place à Vergèze,
en France, c’est le premier visage de Thierry Souccar Éditions, celui de Monique, on est
tout de suite à l’aise et confortable. Même accueil au téléphone. Merci à toi, Monique.
Je remercie les autres membres de l’équipe éditoriale que je connais moins, vous formez
un bel équipage, je suis heureux de naviguer avec vous.
Avec bonheur,
DAVID
Introduction
Le programme idéal
PARTIE 1
LES TROIS ÉTAPES DE BASE
CHAPITRE 1
Au départ
CHAPITRE 2
Étape 1: Dessiner pour respirer en conscience
CHAPITRE 3
Étape 2: Respirer en Fréquence-Six
CHAPITRE 4
Étape 3: Se mettre en cohérence cardiaque au quotidien
CHAPITRE 5
Bilan des trois étapes
PARTIE 2
LES NOTIONS COMPLÉMENTAIRES
CHAPITRE 1
Pourquoi ces notions sont nécessaires
CHAPITRE 2
Quelques notions importante sur la cohérence cardiaque
CHAPITRE 3
Quelques notions importantes sur la cohérence émotionnelle
CHAPITRE 4
La cohérence pondérale
PARTIE 3
TRAITER LES CAUSES DU SURPOIDS EN PROFONDEUR
CHAPITRE 1
Petit tour d’horizon des applications
CHAPITRE 2
Le Pulsoguide
CHAPITRE 3
La Reconnaissance
CHAPITRE 4
Le Calmexpress
CHAPITRE 5
L’Émo-Plus
CHAPITRE 6
Le D-Stress
CHAPITRE 7
Le Mieux Choisir
CHAPITRE 8
L’Anti-Trac
CHAPITRE 9
Mon Miroir
CHAPITRE 10
La Dernière Fois
Conclusion
JE VOUS ÉCOUTE
À ma consultation de nutrition et de diététique, j’ai pour habitude de noter,
en tête du dossier médical, la première phrase de la personne qui s’assoit en
face de moi en première consultation. J’ai remarqué que cette première
phrase, après le «Bonjour, docteur…», est riche en informations.
Informations sur les attentes de la personne en demande, informations sur
sa motivation, sur sa souffrance. La voix, la posture et le visage ajoutent
aux mots l’expression émotionnelle que je ressens et que je note.
«Docteur, je viens pour que vous me fassiez maigrir!»: ton imposant.
Assise droite. Présente. Affirmative. Le tout ou rien. Lourde responsabilité
pour moi. Je dois. Il faut que. «Euh… On m’a dit que vous aviez un régime
miracle… Je me demandais si…»: en retrait. Doute. Veut faire comme son
amie. N’y croit pas vraiment. Interrogative. Espère bien un miracle. Moi
aussi, je vais essayer. «J’en ai marre, docteur. J’ai fait cinquante régimes,
regardez-moi aujourd’hui! Aidez-moi.»: désespoir. Demande importante.
Échec prévisible. Attend de l’aide, pas un régime. Ne le sait pas. Je dois
l’aider. Comment?
N’avez-vous jamais imaginé le poids que vous mettez, inconsciemment
ou non, sur les épaules de votre médecin? Imaginez-vous la pression qu’il
s’impose aussi alors qu’il sait n’avoir pas toutes les réponses?
JE VOUS DEMANDE
Je complète toujours mon introduction en posant deux questions: «Pourquoi
avez-vous grossi?» et «Pourquoi maigrissez-vous lorsque vous êtes
amoureux?» Avec l’expérience, je me suis rendu compte que la réponse aux
attentes se situe dans la réponse à ces questions. Le moment de surprise
passé, j’ai toujours obtenu des réponses. En permanence, j’ai en tête les
réponses que j’ai notées lors des consultations suivantes. Elles sont des fils
d’Ariane qui nous permettront de trouver la sortie du labyrinthe dans lequel
mes patients se sentent égarés.
Mes formations universitaire, médicale, puis de diététique et nutrition
m’ont enseigné à commencer par demander au patient obèse8 (j’allais dire
«coupable», en oubliant la présomption d’innocence) son sexe, son âge, son
poids, ses antécédents personnels et familiaux, par son histoire pondérale,
ses objectifs de poids. Ensuite, l’examen clinique: mesurer et peser le
patient, calculer son indice de masse corporelle au moyen de la formule
suivante (formule de Lorentz): IMC = poids (en kg)/taille (en m)2, équation
que n’aurait pas reniée Einstein. Déclarer ensuite le patient normal, en
surpoids, obèse, obèse morbide, selon le résultat de ce calcul. En général, la
patiente savait tout cela, mais c’était la règle, je l’ai suivie de nombreuses
années. Venait ensuite le questionnaire alimentaire fastidieux que l’on
remplissait avec le patient, que les patrons hospitaliers confiaient aux
externes ou aux diététiciennes, ou que l’on remettait aux patients à
rapporter à la prochaine consultation sous forme de formulaires
photocopiés. L’heure de la consultation étant pratiquement terminée,
sachant qu’il fallait garder un peu de temps pour remplir la feuille de soins
et rendre la monnaie, il ne me restait plus qu’à remettre à la patiente trois ou
quatre pages de régime standard à suivre impérativement, à lui prescrire de
revenir le mois suivant en souhaitant qu’elle ait maigri.
J’exagère à peine, je l’ai fait pendant vingt-cinq ans. Ce qui me surprend
aujourd’hui, c’est que les patientes étaient tellement en souffrance et en
confiance qu’elles faisaient tout ce que je leur disais et qu’elles revenaient
me voir. Elles maigrissaient aussi. Souvent. Quelques mois plus tard, tout
était à refaire, toujours.
JE VOUS PROPOSE
Un programme de maîtrise du poids. J’ai rassemblé ici tout ce que je sais de
ce programme, ce qui a fonctionné pour des centaines de patients en
souffrance. Ce programme est la synthèse de nombreuses disciplines
médicales, physiologiques et psychologiques, il fait appel à des
connaissances ancestrales et aux dernières découvertes en neurosciences,
neurocardiologie et hormonologie. Lisez le livre, acceptez-en la
progression, prenez le temps de faire les exercices, les apprentissages. Ne
brûlez pas les étapes, ne sautez pas les chapitres; l’assimilation des notions
au fur et à mesure de leur introduction est essentielle à la réussite.
Vous ne regretterez pas votre lecture, votre implication et le temps passé. Il
s’agit du meilleur programme de régulation du poids, je le sais. Je peux
l’écrire avec sérieux et aplomb. Ce n’est pas moi qui l’ai créé!
Voilà sept ans que j’ai écrit la première édition de Maigrir par la cohérence
cardiaque. Plusieurs réimpressions ont été réalisées depuis et je suis très
satisfait du parcours de ce premier livre. De très nombreux lecteurs m’ont
écrit pour me faire part de leurs expériences; j’ai aussi été, à de multiples
reprises, en contact avec des professionnels de santé, des
psychothérapeutes, des coachs spécialisés en gestion du poids ainsi que des
centres ayant adopté le livre comme méthode, ce que je n’avais jamais
envisagé au départ.
Le livre était la transcription de ma propre pratique et de mes
expériences professionnelles dans ce domaine très particulier de la
cohérence cardiaque adaptée à la régulation pondérale alors que rien n’avait
été publié à l’époque sur ce sujet. Les apports des lecteurs et des
professionnels m’ont amené à prendre en considération plusieurs remarques
ou retours d’expériences pour aménager une deuxième édition revue,
organisée différemment et aménagée pour s’adapter aux nouvelles
connaissances que j’ai acquises depuis ces années grâce au contact avec ces
lecteurs et professionnels. J’ai gardé l’esprit, la philosophie et la méthode et
j’ai effectué des modifications de forme et quelques simplifications pour
rendre la pratique encore plus accessible à un grand nombre; des points non
suffisamment expliqués l’ont été et certains ont été remplacés par une mise
à jour.
10 Le livre Cohérence cardiaque 365 a été l’un des 35 livres essentiels pour la santé nommés par le
magazine L’Express en octobre 2013. En novembre 2014, la Fédération française de cardiologie
recommandait entre autres l’exercice 365 avec des séances de 5 minutes comme première des 10
pratiques majeures dans la prévention des accidents cardiovasculaires par la gestion du stress.
11 Préprandial: avant le repas.
LE PROGRAMME IDÉAL
LA NOTICE D’UTILISATION
Je pense que vous l’aurez compris, ce livre n’est pas le programme, il en est
la notice d’utilisation. Vous avez le programme, il fonctionne parfaitement,
il a été préinstallé dans les circuits de votre cerveau avant même la
naissance. Tous les sous-programmes sont aussi fonctionnels et prêts à
l’emploi. Que s’est-il passé, peu à peu, pour que vous viviez dans ce monde
parallèle, en léger décalage par rapport à votre poids de consigne? Avec le
temps, les événements de votre vie, les habitudes et l’environnement, vous
vous êtes séparé du monde dans lequel vous étiez programmé pour vivre.
Votre miroir renvoie une image décalée, la balance est juste, mais elle se
trompe; ce n’est pas vous, le regard des autres est étrange, ils semblent sur
un autre quai de gare.
LA COHÉRENCE CARDIAQUE
Maigrir par la cohérence cardiaque. Vous avez bien lu le titre du livre. Qu’en est-il
donc de la cohérence cardiaque et que vient-elle faire là? Après avoir expliqué le
fonctionnement de la régulation de votre poids et les intrications émotionnelles de ce
fonctionnement, je vous présenterai la technique d’intervention sur ce fonctionnement.
La cohérence cardiaque est à la base une méthode de gestion du stress qui permet la
régulation et l’équilibration des systèmes automatiques de la régulation de votre corps
en général et de votre poids en particulier.
L’intervention émotionnelle sur le comportement alimentaire passe aussi par le cœur, et
c’est ce que nous découvrirons ensemble, ce sera la base principale de tous les
exercices que nous mettrons en place. C’est par la cohérence cardiaque telle que nous
la définirons que vous obtiendrez les résultats que vous cherchez.
J’espère que l’étude de la notice vous sera profitable, que les principes
simples que j’énonce deviendront le moyen qui vous permettra de revenir,
peu à peu, dans le monde qui vous était destiné. Les seuls obstacles à la
réalisation et au succès du programme dépendent de vous. Deux qualités
sont nécessaires et vous pouvez les développer: ce sont la patience et la
constance. Certaines notions que je développe sont connues des médecins
depuis des millénaires, d’autres sont contemporaines des neurosciences et
autres découvertes en psychologie cognitive. Je vous livre ce qu’il faut
savoir, la programmation a été faite, le programme est installé, voici donc sa
notice.
18 Cette durée en semaines est arbitraire, c’est la durée moyenne mais vous pouvez prendre tout le
temps que vous voulez, par contre il est difficile de la réduire et d’obtenir de bons résultats.
PARTIE 1
AU DÉPART
Vous êtes sur la ligne de départ, le jour J ZÉRO au poids P MAX. Je sais
que des jours comme celui-ci vous en avez connus beaucoup, les promesses
et les résolutions du 1er janvier tiennent rarement jusqu’au mois de février.
Fixez-vous aujourd’hui comme objectif la seule première étape. C’est par la
progressivité que vous y arriverez. Prouvez-vous que vous pouvez
consacrer quelques minutes par jour pour boucler chaque étape, l’une après
l’autre, en ne pensant qu’à celle qui est en cours.
NE CHANGEZ RIEN!
Notre objectif commun est une perte de poids, je l’ai bien compris. À votre
tour de comprendre que vous aurez l’impression que je m’éloigne de cet
objectif durant les premières étapes de notre programme. Il n’en est rien,
pas une minute, lors de l’écriture de ce livre, je n’aurai oublié notre objectif.
En attendant, ne changez rien à votre façon de manger actuelle.
• Si vous suivez déjà un régime, continuez de la même façon avec celui-ci.
• Si vous n’en suivez pas, ne commencez pas, vous aurez le temps d’en
faire des centaines par la suite si vous n’êtes pas satisfait des semaines que
nous passerons ensemble.
Il ne s’agit pas de modifier votre alimentation de façon volontaire dès à
présent. Laissez faire, nous allons installer une puce dans votre programme
subconscient, ne faussez pas la manœuvre en modifiant vos habitudes.
Acceptez de ne rien changer volontairement pendant la durée de notre
engagement. J’ai bien dit «volontairement» car vous verrez,
progressivement, s’installer des changements de comportement
involontaire. Promis.
PESEZ-VOUS OU… NE VOUS PESEZ PAS
Au sujet de la pesée, deux écoles s’affrontent chez les nutritionnistes, les
diététiciennes et autres coachs en alimentation. Et ces deux écoles se
défendent!
MESUREZ-VOUS
La mesure du périmètre abdominal est à mon avis bien plus intéressante que
la pesée. C’est un critère beaucoup plus important pour le suivi d’un plan
d’amaigrissement que le poids car il s’agit de l’évaluation des réserves
énergétiques de votre corps. C’est la jauge de carburant.
Votre corps stocke en effet les réserves d’énergie non employées sous
forme de graisse, le réservoir de stockage se situe au niveau abdominal juste
sous la peau. Le poids corporel que vous mesurez avec le pèse-personne
affiche le total du poids des muscles, des os et des organes mais aussi des
fluides de l’organisme et du réservoir de graisse. Les fluides de l’organisme
représentent plus de la moitié de votre poids total21. Le volume et le poids
de ces fluides changent à chaque instant et rendent le poids total de votre
corps fluctuant et son appréciation totalement impropre pour estimer la
quantité de vos réserves de graisse. Balancez la balance, mesurez-vous. Un
bon vieux mètre de couturière fera l’affaire. Mesurez-vous aujourd’hui, et
on n’en parle plus pendant au moins trois semaines. À titre d’indication,
juste pour vous décourager un peu: si vous avez seulement 5 kg de graisse
excédentaire, cela représente environ 35 000 calories dans votre réservoir
abdominal. De quoi marcher pendant 8 jours sans s’arrêter et couvrir ainsi,
à pied, environ 750 km. Cela représente aussi 4 jours entiers de ménage
actif sans s’arrêter une minute; j’espère que vous avez une grande maison.
L’avantage de la mesure du périmètre abdominal est donc qu’il ne
fluctue pas tous les jours. C’est aussi l’avantage des balances impédance-
métriques de plus en plus fréquentes qui évaluent la masse grasse beaucoup
moins fluctuante que le poids. Mesurez donc votre périmètre abdominal et
notez le résultat de la mesure à côté de celui de votre poids. Prenez un
repère, toujours le même, que vous utiliserez pour comparaison, soit au
niveau du nombril, soit à mi-chemin entre le nombril et la crête supérieure
de vos hanches (des deux mesures, choisissez celle qui est la plus grande et
conservez cette méthode de mesure pour le futur).
PRÉPAREZ-VOUS
Je vous l’ai indiqué en préambule, le programme est progressif, divisé en
étapes. Je vous conseille de lire la totalité du texte de chaque étape avant de
la commencer. Il est bon de comprendre et de connaître les notions
élémentaires de physiologie et de psychologie qui étayent mes
recommandations. Tout peut s’expliquer, et j’ai essayé de rendre les
explications en langage simple, accessible à tous.
La progressivité est très importante, vous aurez l’impression d’avancer
lentement, mais vous avancerez, et le chemin que vous aurez parcouru ne
sera plus jamais à reprendre. Votre mémoire corporelle aura enregistré les
informations que vous cherchez à lui communiquer. Nous ajouterons
progressivement de nouvelles compétences à celles que vous avez
développées, les exercices deviendront de plus en plus précis mais jamais
compliqués ni difficiles, même s’il ne sera pas toujours facile de persévérer.
Ce soir, à tête reposée, explorez le roadbook22 de la première étape, puis
dormez bien. Le voyage commence demain. Je voyage avec vous en
copilote.
19 Burke L. Wang, J. Sevick M.A., Self-Monitoring in Weight Loss: A Systematic Review of the
Literature, une revue de 22 études cliniques qui sont toutes en faveur du pesage.
20 Extrait de Maigrir par la cohérence cardiaque, première édition.
21 En moyenne 56%, mais il varie selon l’âge, le sexe, le poids et le moment de la journée.
22 Un roadbook (de l’anglais «livre de route») est un document annoté et illustré de diagrammes
utilisé typiquement pour la navigation sur routes et chemins par les copilotes de rallye automobile.
CHAPITRE 2
Première étape: c’est le départ d’une nouvelle aventure. Aventure, c’en est
une: une aventure intérieure, la découverte des automatismes cachés et
occultés par vos habitudes et vos pensées. La décision est prise, bravo! Vous
tentez l’aventure, je vous donne le top. Non! Je vous donne le stop. Cette
étape est cruciale, vous allez apprendre à vous arrêter. Arrêter de faire,
d’essayer, de remplacer par la pensée et la volonté les systèmes de
régulation autonomes.
Vous avez déjà suivi un régime, j’allais dire «poursuivi», car l’objectif
semblait s’éloigner à son approche. Vous avez essayé telle ou telle méthode,
vous avez fait attention à ce que vous mangiez, vous avez combattu vos
pulsions et vos désirs. Vous vous êtes épuisé dans vos tentatives de maigrir
et dans toutes ces actions volontaires. Vous avez tout fait.
Le programme que je vous propose ne repose pas sur le bien-faire, mais
sur le bien-être.
Votre première étape sera de dessiner votre respiration. Il s’agit donc de
décider de dessiner.
Avant de vous installer à votre table à dessin, vous allez prendre position
et prendre conscience de votre respiration, cela s’appelle respirer en
conscience.
D’ABORD DÉCIDER
Dans cette étape, vous allez prendre position et vous installer. Prendre
position, c’est décider, s’installer et s’enraciner dans cette décision. La
décision de maigrir autrement est prise et nous allons laisser à ses racines le
temps de s’enfoncer et se renforcer. Nous installons les fondations. Pour
ériger les plus hauts édifices, il a fallu creuser et descendre avant
l’élévation. Prenez patience, la première phase de votre «traitement» est
constituée par la mise en place d’une fondation solide. Ne l’ignorez pas, ne
la sautez pas, ne la bâclez pas, ce n’est pas du temps perdu.
Prendre position n’est pas seulement accepter «cérébralement» la
décision que vous avez prise. Prendre position implique également le corps,
passe par le corps. Tout au long des semaines que nous passerons ensemble,
je vous montrerai que le corps traduit en langages, en positions, en postures
et en sensations chacune de vos décisions, de vos pensées et de vos
émotions. La communication entre le corps et le cerveau étant à double
sens, votre cerveau traduit également les sensations qu’il reçoit du corps en
émotions, en pensées et en langages. Prenez position dans vos pensées.
Prenez position dans votre corps. C’est le but de l’exercice de cette
première étape. Prenez position et décidez de réserver au moins 6 minutes
par jour à l’exercice proposé lors de cette étape. Ne poursuivez pas votre
lecture si vous n’avez pas pris cette décision.
Si ce livre était publié aux États-Unis, il y aurait une ligne à la suite de
ce paragraphe vous demandant de compléter et de signer solennellement
une déclaration d’engagement. Même si je pense que les écrits marquent le
cerveau plus que la pensée ou le langage, ce n’est pas dans nos habitudes
européennes de nous livrer ainsi sur le papier. Signez mentalement et
consignez dans votre volonté le désir de réserver du temps, au moins 6
minutes par jour, pour vos exercices. Je ne vous demande pas d’écrire, mais
de dessiner.
PENDANT 3 MINUTES
Trois minutes seulement, deux fois par jour. Un défi à relever. Ne pensez
pas une seule seconde que c’est simple. Cent quatre-vingts secondes de
silence, d’interruption de votre activité mentale, musculaire et émotionnelle,
ce n’est pas rien. Trois minutes s’il vous plaît. Je vous encourage à utiliser
une minuterie de votre téléphone ou de votre cuisine. Trois minutes
précises. L’utilisation de la minuterie évite de regarder la montre pendant
l’exercice et lui donne de la précision. Vous en aurez besoin de toute façon
à la prochaine étape.
INSTALLEZ-VOUS À TABLE
Vous allez dessiner deux fois par jour. Vous aurez donc besoin d’être assis
en face d’une table ou d’un bureau. Le symbole est aussi important car vous
passerez à table deux fois par jour pour autre chose que manger.
L’apprentissage d’un lissage émotionnel et d’une régulation
comportementale commence déjà. Prenez l’engagement d’étudier votre
comportement à table, d’abord devant votre feuille de dessin, ensuite nous
introduirons l’acte de manger à table.
EN SAVOIR PLUS
Je vous livre, comme promis, les raisons scientifiques qui sont à la base des
exercices de cette première semaine. Rappelez-vous que tout ce que j’écris
a une explication démontrée et fondée sur des connaissances parfois
millénaires, parfois très récentes en neurosciences ou neurophysiologie.
Vous avez peut-être l’impression que cette première semaine est trop
simple, voire simpliste, c’est pourtant à dessein que j’ai choisi le dessin car
les bases physiologiques sont majeures et capitales pour la poursuite du
programme.
LA DIGNITÉ
La posture zazen de respiration consciente est une posture digne. Votre
corps garde la mémoire des postures qui ont été répétées. Il s’agit de la
mémoire procédurale, la même qui vous permet de conduire votre voiture
sans penser à passer les vitesses. Le sentiment de dignité induit par la
position de la montagne assise s’amplifiera au fil des jours et votre corps se
sentira digne, agira avec dignité, deviendra digne. Digne d’être aimé. Aimé
par vous. Jusqu’à ce jour, êtes-vous fier de votre comportement à table?
Avez-vous un comportement digne lorsque vous êtes attablé? La fierté et la
dignité doivent se ressentir, vous devez la ressentir aussi lorsque vous serez
à table. La dignité corporelle est visible par l’entourage, elle est aussi
ressentie par votre cerveau et traduite en dignité morale, de pensée, de
sentiments. La dignité est nécessaire à l’estime de soi qui manque tellement
aux personnes obèses. Adoptez une position, faites «comme si» vous vous
sentiez digne, le cerveau ne fera pas la différence, il ne connaît ni le jeu ni
le «faire semblant».
Laissez-moi vous raconter une expérience passionnante et instructive qui
fut conduite à l’université de Manheim en Allemagne, en 1988. Les
chercheurs ont demandé à des étudiants de regarder des bandes dessinées
humoristiques et de noter l’intensité comique ressentie à la fin de la séance.
De «je n’ai pas trouvé la BD comique» à «je n’ai jamais autant ri de ma
vie», ils devaient noter de 1 à 10 l’intensité de leur amusement. Les
étudiants furent répartis en deux groupes tirés au sort. Les étudiants du
premier groupe devaient tenir un crayon entre les lèvres sans qu’il ne
touche les dents pendant la lecture. Les étudiants du deuxième groupe
devaient tenir le crayon entre les dents. A priori, les étudiants ne
connaissaient pas le but de l’expérience.
Les résultats furent surprenants: les étudiants du deuxième groupe
trouvèrent les BD plus amusantes que ceux du premier groupe.
L’expérience fut renouvelée plusieurs fois avec d’autres étudiants, d’autres
BD, les groupes furent changés et les résultats restèrent les mêmes.
Pourquoi? Tout simplement, lorsqu’on tient un crayon entre les dents, le
cerveau perçoit un signal corporel interprété comme un sourire, et donc, un
amusement. Lorsqu’on tient un crayon du bout des lèvres, la mimique imite
une moue que le cerveau interprète comme de l’ennui ou du dégoût. Cette
interprétation de la réalité de la bande dessinée a modifié la perception de
son intensité comique en fonction d’une position corporelle volontaire.
Depuis cette première expérience, de nombreuses études scientifiques
ont montré qu’il était possible de modifier l’interprétation d’une perception
en fonction d’une position ou d’une posture corporelle déterminée
volontairement. Développez une posture digne lors de vos exercices de
respiration consciente, votre cerveau accusera réception du message de
façon inconsciente et commencera à modifier en profondeur la perception
corporelle de ce qui se passe autour et en vous au même moment. C’est
assez magique, comme la plupart des techniques que nous développerons.
J’ai hâte de tout vous expliquer.
LA POSTURE
Développée par des centaines d’années d’expérimentation en techniques de
méditation et de respiration consciente, la posture adoptée dans cet ouvrage
trouve aujourd’hui des explications physiologiques simples. Elles
débouchent directement sur le système de régulation automatique que nous
voulons influencer. Le système nerveux autonome est composé de deux
sous-systèmes antagonistes: le système nerveux sympathique et le système
nerveux parasympathique. Ce sont ces deux systèmes qui régulent en
permanence toutes les fonctions automatiques de notre corps. Le système
nerveux sympathique nous prépare à l’action, au combat ou à la fuite, en
mobilisant l’énergie nécessaire. Son médiateur principal est l’adrénaline
(vous en avez certainement entendu parler), il est «cardio-accélérateur». Le
système nerveux parasympathique nous prépare à la relaxation, à
l’immobilisation, à la récupération, la restauration et le repos; il est «cardio-
ralentisseur».
Comparez ces deux systèmes à l’accélérateur et au frein d’une
automobile. Les deux sont nécessaires pour rouler. Vous n’appuyez pas sur
le frein et l’accélérateur en même temps, l’utilisation alternée et équilibrée
des deux commandes vous permettra d’arriver à votre destination. Il s’agit
de systèmes antagonistes dans leur action mais dirigés vers le seul but: vous
faire voyager en sécurité. Lorsque le système nerveux sympathique est
stimulé, le rythme sanguin augmente, les artères et les veines se contractent,
les poumons se détendent, les pupilles se dilatent, on devient tendu et alerte,
l’organisme se prépare à l’action. Les Anglo-Saxons nomment cet état
Fight or Flight (combat ou fuite) que j’aime traduire par «se battre ou se
barrer». Lorsque le système nerveux parasympathique est stimulé, c’est le
contraire qui se produit: le rythme cardiaque diminue, les artères et les
veines se dilatent, les poumons se contractent ainsi que les pupilles;
l’organisme récupère, se relâche, se répare, se repose. Les deux systèmes
préparent le corps à une réponse active ou passive. Lorsqu’ils sont en
équilibre, stimulés alternativement de manière harmonieuse, le corps ne
cherche ni à fuir, ni à se battre; il est en état de neutralité, de veille, calme,
alerte mais détendu.
Les nerfs parasympathiques émergent de la moelle épinière à la base de
la colonne vertébrale, au niveau du sacrum. D’autres branches du système
nerveux parasympathique émergent des vertèbres cervicales, à la base du
cou. Les nerfs du système sympathique émergent par les vertèbres du dos.
Vous comprendrez qu’une posture droite, verticale, où chaque vertèbre subit
une pression constante et égale stimulera les émergences des nerfs de façon
harmonieuse et contribuera à l’équilibre du système nerveux autonome.
Lorsque votre colonne vertébrale est droite, verticale, avec la tête posée
naturellement à son sommet, la compression des nerfs émergeant d’entre les
vertèbres est minimale et équilibrée. Ce que les Anciens avaient découvert
est confirmé aujourd’hui par les études en neurosciences. La pratique de la
respiration consciente de type zazen stimule également et équilibre
harmonieusement les systèmes nerveux sympathique et parasympathique.
Cela a été démontré par des mesures physiologiques enregistrées chez des
«méditants» zen au Japon.
J’habite au Québec, et, ici, les Québécois utilisent le mot «balancer»
pour désigner le fait d’équilibrer (ils balancent leurs budgets et leurs
comptes en banque) – un mot difficile à accepter pour les puristes
francophones. Pourtant, pour notre propos, le terme «balancer» reflète
exactement ce qui se passe au niveau physiologique: les systèmes
parasympathique et sympathique sont balancés, équilibrés, avec un rythme
régulier. La balance implique bien cette notion de va-et-vient rythmique et
équilibré, en vagues. L’inspiration stimule le système sympathique et
accélère le cœur tandis que l’expiration stimule le système parasympathique
et ralentit le cœur. Par une respiration calme, lente et harmonieuse, vous
stimulerez alternativement les deux systèmes de régulation automatique de
votre corps. Cette notion, qui sera détaillée plus loin, est la base de la
cohérence cardiaque (lire page 111).
L’IMPULSIVITÉ
Avec l’impulsivité, nous abordons la troisième composante sur laquelle
nous allons agir dès cette première étape. L’impulsivité est l’une des causes
reconnues et confirmées de l’obésité. Elle est un trait dominant chez la
plupart des personnes obèses. Les exercices proposés cette semaine
représentent le top des exercices de traitement de l’impulsivité. Laissez-moi
d’abord vous expliquer comment l’impulsivité – un trait de personnalité –
intervient à votre insu dans vos comportements alimentaires. Dans nos
sociétés, les tentations alimentaires sont omniprésentes et, pourtant, seules
certaines personnes ont des difficultés à réguler leurs apports alimentaires et
à résister aux aliments. De nombreux facteurs ont été incriminés
(génétiques, hormonaux, environnementaux, familiaux ou sociaux) ainsi
que certains traits de personnalité. Parmi ces traits de personnalité,
l’impulsivité semble jouer un rôle particulièrement important selon
plusieurs études scientifiques. L’impulsivité possède quatre dimensions qui
jouent toutes un rôle dans le développement de troubles du comportement
alimentaire. Passons-les en revue, je suis sûr que vous vous reconnaîtrez au
moins une fois.
• L’urgence: c’est la tendance à céder à de fortes impulsions, souvent en
association avec une humeur négative.
• Le manque de préméditation: c’est la difficulté de penser aux
conséquences d’un acte avant de s’y engager.
• Le manque de persévérance: c’est la difficulté à rester concentré sur une
tâche qui peut paraître difficile ou ennuyeuse.
• La recherche de sensations: c’est ce qui renvoie à la tendance à
rechercher l’excitation et les sensations fortes.
Les trois premières dimensions sont associées à des mécanismes
d’autocontrôle perturbés; la recherche de sensations est plutôt associée à
des dispositions motivationnelles qui, d’après les chercheurs, seraient
défectueuses. De très nombreuses études et tests ont été effectués chez des
personnes obèses et les résultats ont été comparés à ceux obtenus dans la
population générale. Pour ce qui est de l’urgence, il a été mis en évidence
chez les personnes obèses une difficulté à interrompre une réponse
automatisée, en particulier à différer les prises alimentaires en cas de fortes
émotions. Les mécanismes inhibiteurs des comportements semblent
perturbés chez elles. En ce qui concerne le manque de préméditation, les
personnes obèses ont de la difficulté à décider avantageusement dans la vie
de tous les jours, sans réfléchir aux conséquences possibles de leur
comportement.
La dimension «manque de persévérance» chez celles qui ont de gros
problèmes de poids est en relation avec la difficulté à résister à des pensées
intrusives en lien avec la nourriture ou la silhouette (insatisfaction
corporelle). Face à ces pensées intrusives, ces personnes utilisent des
stratégies inadaptées d’évitement qui peuvent conduire à des pertes de
contrôle sur les prises alimentaires. La fréquence et la permanence des
pensées intrusives interfèrent souvent avec la poursuite du traitement ou des
régimes à cause du découragement. La recherche de sensations est mise en
évidence chez les personnes obèses, en liaison avec une plus grande
sensibilité à la récompense et aux plaisirs alimentaires. Cela peut conduire à
perdre contact avec les sensations alimentaires (faim et satiété) qui régulent
normalement les prises de nourriture. Les exercices que je vous propose
s’attachent à vous désensibiliser à chacune des quatre dimensions de
l’impulsivité.
• L’urgence est abolie lorsque vous êtes assis en respiration consciente,
votre seule pensée et votre attention sont dirigées sur votre respiration et sur
votre posture; les pensées comme le temps, les impulsions, les tentations ne
sont que passagères, observées et relâchées. Avec l’entraînement, vous
verrez spontanément s’éloigner l’urgence de céder à l’impulsion. Vous
prendrez de la distance par rapport au temps. L’urgence deviendra très
relative.
• Le manque de préméditation est lié à une difficulté à prendre du recul
par rapport au passé, au présent et au futur. Lorsque vous pratiquez la
respiration consciente, vous êtes dans le moment présent. La pleine
appréhension de ce moment, le détachement par rapport au temps
développe les qualités de décision et de choix. Le stress et les automatismes
étant les deux grands facteurs de prise de mauvaises décisions, nous
mettons en place des moyens efficaces et automatiques pour gérer ces deux
facteurs.
• Le manque de persévérance est l’essence même de l’exercice. Toutes les
personnes que j’ai accompagnées et à qui j’ai suggéré de pratiquer le dessin
des vagues plusieurs fois par jour ont été surprises par la difficulté à réaliser
cet exercice à l’énoncé si simple. Cependant, en vous efforçant de vous
tenir à l’obligation de vous asseoir à votre table régulièrement, peu à peu
cet exercice vous paraîtra moins ennuyeux ou difficile. Les pensées
intrusives – vos ennemies principales – seront peu à peu domptées et
canalisées sans violence. La constance que demandent les exercices
quotidiens deviendra avec le temps persévérance.
• La recherche de sensations sera pleinement satisfaite avec la poursuite
des exercices dans les semaines qui suivent. Vous apprendrez à observer,
écouter, sentir votre corps, connaître et reconnaître les sensations et les
émotions qu’il vous envoie comme message. La faim et la satiété, le désir et
la satisfaction seront de nouvelles sensations que vous retrouverez, après
des années d’ignorance. Ces sensations sont là, elles n’attendent que de
s’exprimer et vous permettre de réguler automatiquement votre poids.
Dignité, posture et maîtrise de l’impulsivité, trois compétences que vous
développerez presque sans effort, automatiquement, et qui formeront la
première étape d’un nouveau comportement. Vous n’auriez jamais pensé
qu’un simple exercice de respiration effectué 3 minutes trois fois par jour
puisse en faire autant. Moi non plus. J’ai accompagné des centaines de
personnes dans ce voyage que j’avais effectué moi-même auparavant. Vous
apprendrez une formidable leçon de laisser-faire et de prise de distance.
C’est ainsi qu’automatiquement, en arrière-plan, le programme se modifiera
peu à peu.
DESSINER LA RESPIRATION
La pratique de l’écriture et du dessin active une zone de la base du cerveau
(tronc cérébral), appelée formation réticulaire ou substance réticulée. Cette
région cérébrale est constituée d’un ensemble de cellules nerveuses
disposées en réseau dense, comme un filet (un réticule) enserrant le tronc
cérébral. La formation réticulée relie et connecte les différents éléments du
système cérébral essentiel pour les émotions: le système limbique25. La
formation réticulée stimulée par l’écriture et le dessin est essentielle. C’est
grâce à elle que nous sommes alertes et attentifs. Ainsi, il vous est
certainement arrivé de pénétrer dans une pièce où régnait un tel brouhaha
qu’il était impossible de suivre une conversation. Soudain, vous entendez,
malgré tout ce bruit, votre nom chuchoté à l’autre extrémité de la salle.
Immédiatement, vous êtes en alerte et attentif, tous vos sens sont orientés
vers cette conversation. C’est la formation réticulée qui a filtré
l’information à votre insu et vous l’a transmise.
La formation réticulée activée par l’écriture va renseigner le cerveau sur
l’importance de ce que nous faisons. Ce que je dessine est important, je le
mémorise, je l’associe à la respiration, je l’associe à ce filtrage inconscient.
Ainsi, les vagues que je dessine pendant cet exercice laissent une trace sur
une des plages de mon inconscient. En dessinant des vagues, vous
stimulerez aussi vos deux hémisphères: le gauche, utilisé pour l’écriture des
mots, du langage de la structure rationnelle, et le droit (non stimulé
habituellement par l’écriture), celui de la créativité, de la vision d’ensemble
et de la compréhension globale. La formation réticulée intervient sur le
sommeil, la posture, la motricité, mais aussi sur la régulation automatique
des muscles lisses, des viscères et du cœur. Nous préparons, sans le savoir,
la prochaine étape d’intervention: la cohérence cardiaque.
L’AGITATION CORPORELLE
À cerveau agité, corps agité. L’agitation que votre corps ressent est
seulement le reflet de l’agitation de vos pensées, simplement vous ne
prenez jamais le temps d’y prêter attention, vous le laissez faire. Vous lui
imposez de rester assis, donc, immédiatement, il trouve cela anormal et
demande à faire quelque chose. En douceur, donnez-lui l’ordre de rester
tranquille; peu à peu, il comprendra et acceptera avec plaisir ces moments.
Maniez votre corps avec douceur, parlez-lui calmement, demandez-lui
quelques minutes d’apaisement.
LE BILAN
Ne négligez pas la première étape et ne la bâclez pas. Je pense qu’une
semaine est une bonne durée moyenne. Vous n’aurez pas l’impression
d’avoir accompli grand-chose: à part dessiner votre respiration deux fois
par jour. Vous aurez quand même appris beaucoup sur vous-même. Cet
exercice pratique est simple mais pas si facile que ça. Rassemblez les
feuilles de dessin. Avez-vous été assidu26? La difficulté de la pratique de la
cohérence cardiaque, et peut-être la seule, est l’assiduité et la constance.
Cette première étape est un véritable test de cette assiduité. Pouvez-vous
vous accorder quelques minutes plusieurs fois par jour? C’est face à de
telles petites questions que l’on apprend à se connaître.
LA VALIDATION
Comment saurez-vous quand passer à la deuxième étape? Réponse: quand
vous serez prêt. Et là, je n’ai pas vraiment répondu à la question. Je
peaufine donc celle-ci: nous allons utiliser les dessins des vagues de votre
respiration que je vous ai demandé de conserver pour valider le passage à
l’étape suivante. La seule consigne de cette étape éprouvante (qui sert
d’épreuve), est de reprendre les feuilles de papier et de vérifier si vous avez
réussi au moins deux fois par jour, pendant 3 minutes, à vous arrêter, à vous
asseoir à table, à observer et dessiner votre respiration pendant au moins 7
jours consécutifs. L’objet de cette étape est de vous montrer que les
consignes simples ne sont pas faciles à tenir. Mais vous le saviez déjà:
manger moins et bouger plus est aussi une consigne simple que vous n’avez
pas pu tenir.
Vous avez validé cette étape? C’est maintenant à vous de décider de la
marge de tolérance que vous acceptez. C’est une épreuve pour votre
honnêteté face à vous-même. Vous pouvez accepter de n’avoir fait
l’exercice qu’une fois, que deux fois, un jour sur deux. Ce n’est plus un
problème pour moi. Vous avez accepté la consigne, la tolérance face à cette
acceptation c’est vous qui la déterminez. C’est la même que celle qui vous
autorise à prendre un deuxième pain au chocolat ou mettre un autre sucre
dans votre café. Vous avez commencé à entraîner votre corps à être digne, à
développer une posture qui balance votre régulation autonome et réduit
votre impulsivité. Vous vous en rendrez compte peu à peu. Soyez digne de
vous.
QUESTIONS ET RÉPONSES
DOIS-JE OBLIGATOIREMENT ME METTRE À UNE TABLE?
Oui. La consigne de base consiste à bien dessiner la respiration pour
l’apporter au niveau de la conscience. Toutefois, c’est de votre
comportement à table dont il est question, ce comportement vous a échappé,
il est devenu incontrôlable. Plus loin dans ce livre, je vous demanderai de
limiter toute prise alimentaire à un moment où vous serez assis à table (ou
dans la position de prise alimentaire en société de votre culture). Il est donc
important de ritualiser et de commencer à prendre conscience de ce moment
à table.
Deux fois par jour (au moins), pendant 3 minutes, tous les jours:
• Installez-vous à table
• Prenez une posture stable
• Observez et dessinez votre respiration pendant 3 minutes
• Respirez lentement et amplement
• Comptez le nombre de vagues (respirations)
• Entraînez-vous à ralentir votre respiration jusqu’à l’obtention systématique de
18 vagues en 3 minutes
• Notez la date et l’heure et le nombre de vagues
INSTALLEZ-VOUS À TABLE
Asseyez-vous sur votre chaise. Prenez votre position digne, dominez
dignement la table. Prenez la posture décrite la semaine dernière. Améliorez
votre posture peu à peu, tenez-vous droit, imaginez ce fil invisible fixé au
sommet de votre tête qui maintient ce maintien digne. Offrez ce moment de
plaisir à votre corps. Peu à peu, votre tête sera d’accord et acceptera cette
immobilité comme un moment cohérent entre le corps et l’esprit. Ritualisez
votre respiration assise, choisissez un lieu, chez vous, calme et serein.
Entourez-vous d’objets que vous aimez. Profitez des 3 minutes de
l’exercice pour vous isoler des vôtres et de l’activité de la maison. Six
minutes par jour vont asseoir votre pratique. Il s’agit de bien-être. Soyez
bien. «Assoyez-vous» bien.
EN SAVOIR PLUS
Nous mettons en place un automatisme par entraînement. La fréquence
respiratoire en Fréquence-Six n’est pas naturelle, l’exercice et
l’apprentissage sont nécessaires. À la suite de cet entraînement, vous
devriez être en mesure de vous mettre en Fréquence-Six sur demande,
instantanément. Les exercices de cette étape permettent de fixer cette
fréquence pour qu’elle devienne une compétence acquise que vous
emploierez souvent. Sans minuterie, sans table, sans papier ou crayon. Les
conséquences émotionnelles d’une respiration à Fréquence-Six sont
énormes, les explications viendront dans deux semaines. Constance,
confiance, cohérence, impatience, cherchez l’intrus.
Vous l’aurez compris: la respiration est un mouvement ondulatoire,
cyclique, rythmique. Or, de nombreuses activités de notre organisme
reposent sur de tels mouvements et sont le résultat d’une alternance entre
excitation et repos, stimulation ou inhibition, action ou récupération,
dilatation ou constriction, dépense ou conservation d’énergie. Nous avons
besoin d’une grande part d’automatismes pour vivre, survivre, nous
reproduire et nous socialiser dans un environnement a priori hostile. Nous
avons tous en nous une pulsion de vie. La pulsion de vie et tous les
mécanismes qui la sous-tendent sont gérés par le système nerveux
autonome, appelé aussi système nerveux végétatif.
Je l’ai déjà écrit: le système nerveux autonome gère de façon
automatique notre maintien en vie: le métabolisme de l’énergie (oxygène et
aliments), le métabolisme de la température, de l’élimination des déchets,
notre réaction aux agressions, notre position dans l’espace et notre
équilibre. Ce qui nous intéresse dans ce livre, c’est la gestion de l’énergie.
Or, elle passe surtout par le système nerveux autonome, involontaire. Le hic
des régimes, c’est qu’ils s’adressent uniquement au système volontaire, le
chic d’une méthode efficace serait de passer aussi par le système nerveux
involontaire. Vous découvrirez au fil des semaines le moyen d’influencer le
fonctionnement automatique du système. C’est assez subtil, mais cela
fonctionne.
PARLONS D’ENTRAÎNEMENT
Depuis le début de la première étape vous vous entraînez à respirer de façon
consciente, à prendre l’habitude de mettre de côté quelques minutes chaque
jour pour observer l’un des automatismes de votre corps. Je vous demande
cette semaine de continuer à vous entraîner. Le mot «entraîner» prend ici le
sens d’un entraînement sportif, c’est-à-dire pratiquer régulièrement une
activité afin d’améliorer une compétence, une technique ou des
performances par la répétition. Continuez à vous entraîner, s’il vous plaît.
Le mot «entraîner» possède aussi un autre sens. D’ailleurs en anglais,
«entraînement» se traduit par deux mots distincts: «training» (c’est
l’entraînement de type physique que vous avez pratiqué jusqu’à présent) et
«entrainment» (c’est la dimension scientifique du terme qui signifie
«synchronisation»).
Pour expliquer cette dimension scientifique du terme «entraînement»,
une petite histoire. En 1665, Christian Huygens27 garda la chambre
pendant quelques jours car il était malade. Sur un mur, il avait accroché côte
à côte deux pendules à balancier identique. Pendant sa convalescence, il
remarqua un fait étrange: les balanciers des deux pendules se déplaçaient en
même temps. Quelles que soient les positions de départ du balancier.
Huygens pensa que cet effet était dû à la transmission de mouvements
imperceptibles au support et il appela cette transmission, sympathie. Le
mouvement d’une pendule est en effet imperceptiblement transmis par le
support à l’autre pendule; le support ne semble pas bouger mais il sert de
vecteur. La transmission d’un mouvement, en particulier ondulatoire, à un
autre à distance s’appelle «entraînement». Un mouvement en entraîne un
autre, toute action d’un même organisme influe sur les actions des autres
d’une façon ou d’une autre. C’est ce principe que nous allons utiliser pour
entraîner et synchroniser à distance plusieurs biorythmes. Par le système
respiratoire, seule partie du système autonome accessible à une
modification volontaire, nous allons avoir accès à des systèmes
inaccessibles autrement. Il s’agit d’entraîner plusieurs systèmes à la suite de
la respiration.
Claude Galien28 reprit des stoïciens le terme «sympathie» pour
expliquer la possibilité d’un organe d’influer sur un autre à distance par les
nerfs et les humeurs (on dirait «hormones» aujourd’hui). Le terme de «nerf
sympathique» est resté pour désigner l’une des branches, principalement
activatrice à distance, du système nerveux autonome.
À LA PORTÉE DE TOUS
En général, une à deux semaines sont suffisantes. Si vous n’arrivez pas à
respirer sur demande à 18 vagues par 3 minutes, je vous recommande
fortement de poursuivre votre entraînement. Je n’ai jamais rencontré un
patient qui ne soit pas arrivé à maîtriser cette fréquence. C’est parfois une
question de temps. Prenez une semaine de plus, sans hésiter. La bonne
nouvelle, c’est qu’avec les exercices que vous pratiquez, certains
mécanismes sont déjà en train de se mettre en place dans votre corps. Ceux-
ci vous permettront, dans un premier temps, de prendre de la distance par
rapport au stress, votre ennemi principal. Dans les semaines à venir, je vous
détaillerai progressivement tous ces mécanismes.
LE BILAN
Vous avez appris à vous asseoir, calmement, deux fois par jour pendant 3
minutes. Vous avez appris à observer les vagues de votre respiration se
succéder au rythme de six fois par minute. Vous apprenez, avec
l’entraînement, à installer automatiquement ce rythme lent afin de pouvoir,
très bientôt, ne plus compter, ne plus utiliser le minuteur. L’objectif n’est
pas d’occuper la pensée avec un décompte mais avec la simple observation
d’un souffle qui va et vient, régulièrement à une fréquence précise, sachant
que ce souffle entraîne avec lui des changements biologiques dont vous
n’êtes même pas conscient.
Vous avez l’impression d’avoir appris beaucoup de choses, mais votre
corps a appris encore davantage. Dès la semaine prochaine, nous verrons
que la cohérence respiratoire entraîne la cohérence cardiaque, qui débouche
elle-même sur une cohérence émotionnelle. Celle-ci est agréable,
considérée comme une émotion positive.
LA VALIDATION
La validation de cette étape est très simple. Il suffit de reprendre les feuilles
de papier avec vos exercices de l’étape. Si vous arrivez à obtenir 18 vagues
systématiquement en 3 minutes, c’est-à-dire 6 respirations par minute
durant plusieurs jours d’affilée, vous êtes prêt à passer à l’étape suivante.
ASSEYEZ-VOUS À TABLE
Pour le moment, la position assise est celle qui a le plus de chances de vous
permettre la mise en cohérence cardiaque au moyen de la respiration. Elle
permet de dégager votre cage thoracique, d’utiliser votre abdomen de façon
consciente. Insistez sur la ritualisation de ces moments de cohérence
quotidienne. Instaurez ce rituel comme un moment de détente et
d’introspection. Lorsque vous attendrez avec plaisir les moments de
cohérence, vous saurez que vous avez fait un grand pas vers notre but.
Savez-vous que vous avez pris du poids, justement parce que vous n’avez
pas pris le temps de vous regarder, de prendre conscience de votre corps, de
vos émotions? Vous courez, vous marchez, vous vous asseyez pour manger,
attendre, voyager, regarder. Jamais juste pour mettre ce temps à profit afin
de vous observer de façon consciente.
Décidez, dès maintenant, pendant toute la durée de cette méthode et
même au-delà, de ne rien manger qui ne soit pris assis en face d’une table.
La ritualisation du passage à table permettra à votre corps, avec la pratique,
d’associer la table à l’alimentation et à la régulation de cette alimentation
par la cohérence cardiaque et émotionnelle que vous installez peu à peu.
RESPIREZ EN FRÉQUENCE-SIX
N’utilisez plus de guide respiratoire ou le dessin de la respiration. La
validation positive des deux étapes précédentes vous a garanti la possibilité
de vous mettre en cohérence cardiaque automatiquement. Vous utiliserez
encore la minuterie pour les séances de 5 minutes et vous compterez 6
respirations pour les séances de 1 minute.
EN SAVOIR PLUS
La cohérence cardiaque se fonde sur des notions simples de physiologie qui
furent étudiées par les médecins chinois dès le VIIe siècle avant notre ère,
puis confirmées peu à peu par les médecins grecs et les premiers
physiologistes européens au XVIIIe siècle. C’est l’avènement des
enregistrements précis sur moniteur vidéo, les découvertes des
neurosciences et de neurocardiologie ainsi que les analyses informatiques
qui ont permis, dès les années 1970, de comprendre les mécanismes qui
avaient été pressentis et publiés par les Anciens. Voyons de quoi il s’agit.
Le tachogramme
Suivez la ligne en dents de scie qui défile de gauche à droite pendant les
4 minutes d’enregistrement. Elle représente la fréquence cardiaque, c’est-à-
dire la vitesse de votre cœur en battements par minute (bpm). Dans ce court
exemple, les battements par minute vont de moins de 55 bpm (creux le plus
bas) à plus de 75 bpm (pointe la plus haute). Les fréquences du cœur sont
affichées sur l’échelle de droite. Constatez avec moi à quel point le cœur
accélère et ralentit sans cesse. Lorsque l’on suit en temps réel, devant
l’écran, la courbe des fréquences cardiaques, on constate la totale
irrégularité de son mouvement. Elle monte, elle descend, en traçant cette
ligne accidentée faite de pics et de crevasses. On parle de courbe de la
variabilité de la fréquence cardiaque. En fait, constatez avec moi qu’il ne
s’agit pas d’une courbe mais plutôt d’une ligne brisée.
LA COHÉRENCE CARDIAQUE
Regardons à présent, à l’écran, ce que dit votre cœur de la cohérence
cardiaque.
LA BALANÇOIRE D’ALINE
Aline aime se balancer, son père lui a donc installé une balançoire dans le
jardin et elle y passe des heures. Aline n’aime pas se balancer seule, elle a
envie que sa mère la pousse. La mère d’Aline n’est pas très forte mais elle
sait observer, et elle a rapidement constaté qu’il ne fallait pas fournir
beaucoup d’efforts pour imprimer un rythme régulier et croissant à la
balançoire d’Aline. Il suffit d’une petite poussée, au bon moment. Cet
instant est celui où la balançoire revient vers elle, marque un temps d’arrêt
et repart dans l’autre sens, top! Pousser trop tôt lorsque la balançoire vous
fonce dessus et c’est amortir le choc, désorganiser totalement le mouvement
qu’Aline affectionne, et consommer beaucoup d’énergie. Pousser trop tard,
et il faut courir après la balançoire et revenir se placer avant la prochaine
impulsion en ne quittant pas la balançoire des yeux, encore une dépense
d’énergie. Le bon moment, la bonne poussée: ni trop tôt ni trop tard. La
poussée doit être synchrone avec la fréquence du balancement d’Aline,
cohérente avec elle.
Lorsque la respiration se maintient volontairement ample, régulière et
calée sur la fréquence d’une respiration complète toutes les dix secondes, le
cœur ressent cette petite poussée qui entraîne, amplifie et régularise
l’alternance d’accélération et de décélération de votre rythme cardiaque. Il
stimule alternativement et harmonieusement vos systèmes sympathique et
parasympathique. Il n’est pas nécessaire pour cela de fournir un effort
intense. Le simple fait de respirer régulièrement en rythme en Fréquence-
Six est suffisant pour modifier profondément la réaction du cœur à cette
incitation.
La semaine dernière, je vous demandais de respirer à la fréquence
particulière de 0,1 Hz; cet entraînement prend ici tout son sens. Entraînez-
vous à respirer en rythme à 6 respirations complètes par minute. Respirez
en rythme pour entraîner votre cœur à réagir à la même fréquence.
L’entraînement passe par l’entraînement.
COMMENT SAVOIR SI VOUS ÊTES EN COHÉRENCE
CARDIAQUE?
Sans logiciel d’analyse informatique, il n’y a pas de moyen objectif de le
savoir. Suivez les instructions à la lettre. La fréquence respiratoire que je
vous ai demandé d’adopter correspond à un rythme biologique, il s’agit de
l’arythmie respiratoire sinusale, elle est commune à l’espèce humaine. C’est
une fréquence où l’équilibre entre le système accélérateur sympathique et le
système de relâchement parasympathique est le meilleur. Si vous en avez
l’occasion et si dans votre entourage quelqu’un dispose d’un des nombreux
logiciels de cohérence cardiaque destinés au grand public, faites le test et
vous serez définitivement convaincu. Dans ma pratique, je n’ai jamais
observé quelqu’un qui ne soit pas arrivé à se mettre en cohérence cardiaque
avec la respiration.
LE BILAN
Il s’agit d’une étape particulière, chargée d’espoirs et de foi. Vous avez
découvert la cohérence cardiaque sans pouvoir visualiser en direct le
résultat de vos exercices. Vous imaginez induire une variation régulière de
votre rythme cardiaque en accord avec votre respiration.
La focalisation sur le cœur est importante, vous avez pratiqué pendant
toute cette étape la respiration par le cœur, vous apprenez ainsi, peu à peu, à
déplacer le regard sur le corps. Nous l’utiliserons dans l’observation de la
faim, de la satiété et des éléments qui déclenchent vos accès compulsifs
alimentaires. La technique sera devenue tellement habituelle pour vous que
vous n’aurez aucun mal à déplacer votre point de mire. Si vous avez
observé les étapes consciencieusement, vous aurez déjà ressenti les
premiers bienfaits de la pratique régulière de la cohérence cardiaque.
Commencez à regarder autour de vous, en vous, dans la vie de tous les
jours. Tous les soirs, après votre dernière séance de la journée, posez-vous
une question: qu’est-ce qui a changé depuis que j’ai commencé à respirer de
façon consciente? Avez-vous noté une certaine sérénité? Un certain
détachement? De nombreux patients que j’accompagne dans le parcours
que nous mettons en place l’ont mentionné. Ne cherchez pas à le créer, mais
observez-vous.
Le premier livre de médecine connu a été publié en Chine il y a environ
4 500 ans35, il est encore utilisé à ce jour en médecine traditionnelle
chinoise, car toujours d’actualité et très moderne. Il comprend une phrase
que je trouve merveilleuse: «Lorsque l’homme est serein, la pulsation de
son cœur est souple et rejoint l’autre, comme se touchent les perles d’un
collier de jade rouge. C’est alors qu’on peut parler de cœur sain.» Lorsque
le doigt suit la courbe ondulée que forme un collier de jade rouge, le
contour dessine une sinusoïde régulière, douce, équilibrée, cohérente.
L’image est belle et d’actualité pour notre propos. Le médecin de
l’Empereur jaune avait tout pressenti, nous n’avons rien inventé.
LA VALIDATION
Comment saurez-vous que vous pouvez passer à l’étape suivante? Les deux
objectifs à réaliser sont la constance d’une pratique quotidienne et
l’observation des premiers résultats favorables.
PREMIÈRE QUESTION
Avez-vous réussi, pendant au moins une semaine complète, à pratiquer 5
minutes matin et soir et 1 minute avant chaque repas ou collation? Si la
réponse est oui, passez à la deuxième question.
DEUXIÈME QUESTION
Avez-vous commencé à noter une différence dans l’un des domaines
suivants?
• Stabilité émotionnelle
• Réduction du poids (si vous vous pesez)
• Moins d’appétit
• Rassasiement plus précoce
• Meilleure résistance face aux sollicitations alimentaires
• Meilleure confiance en vous
• Toute autre observation favorable associée aux émotions ou au poids
Si vous avez répondu «oui» aux deux questions, vous pouvez passer à la
quatrième étape de la méthode.
QUESTIONS ET RÉPONSES
FAUT-IL ESSAYER D’ÊTRE EN COHÉRENCE TOUT LE TEMPS?
C’est une question qu’on me pose souvent. La réponse est non. La
cohérence cardiaque, même si elle est un état que vous trouverez
rapidement très agréable, n’est pas un état normal. Pendant que vous serez
en cohérence cardiaque, vous allez, le temps de l’exercice, déconnecter
votre corps des renseignements fournis par les émotions. Vous allez envoyer
à votre cerveau un signal de non-émotion qu’il va interpréter comme étant
un signal de confort et de bien-être. Il ne serait pas possible de traverser la
vie avec un sourire béat en disant que tout va bien au milieu des pires
catastrophes. Nous avons besoin d’agir et de réagir, nous avons besoin des
informations que nous envoient nos sens. Que serait la vie sans la peur, la
joie, la surprise, la tristesse, la honte, le dégoût? Ce serait une vie fade, une
vie végétative et sans saveur. Nous ne survivrions pas longtemps. Lorsque
vous êtes en cohérence cardiaque, vous vous détachez émotionnellement et
artificiellement de l’environnement, le temps de l’exercice. Nous allons
utiliser ce détachement pour atténuer l’impact du stress, nous verrons cela
dès la semaine prochaine.
DÉFINITION
C’est l’un des problèmes les plus importants auxquels nous, qui présentons
la cohérence cardiaque, sommes confrontés quotidiennement. Je crains
beaucoup la petite question anodine autour d’une table entre amis qui
parlent de leur activité professionnelle les: «Et toi, David, tu fais quoi?»
Gloups. J’ai toujours autant de difficultés à formuler une petite phrase
simple, compréhensible pour tous, qui résume mon activité principale.
Croyez-moi, c’est très difficile de définir cette fameuse cohérence
cardiaque; et je suis, vraisemblablement, en langue française, l’un des
auteurs qui a le plus publié sur la question. Toutes les définitions proposées
font appel à des notions de physiologie et de physique pas forcément
connues du public mais aussi de très nombreux professionnels. Même si
vous cherchez bien, vous ne trouverez pas de définition précise ou
satisfaisante de la cohérence cardiaque malgré le nombre de logiciels, de
formations, de livres et de publications disponibles depuis des années. Vous
trouverez les effets de la cohérence cardiaque, la façon de se mettre en
cohérence cardiaque, les guides et les logiciels de cohérence cardiaque.
Mais c’est quoi la cohérence cardiaque?
Le même problème existe avec le stress d’ailleurs, tout le monde connaît
le stress mais peu de personnes peuvent en donner une définition simple, en
quelques mots compréhensibles pour tous. Vous trouverez les effets du
stress, la façon de lutter contre le stress, les guides, les applications
antistress et les livres sur le stress36. Mais le stress, en une phrase, c’est
quoi? Et le Bonheur, c’est quoi? L’amour, c’est quoi? La Santé, c’est quoi?
La Vie, c’est quoi?
Comme pour toutes ces questions existentielles, vous devez
expérimenter pour connaître. Les physiologistes, les philosophes et les
psychologues seront là pour donner leurs propres définitions incomplètes ou
complexes et surtout, pour vous guider vers l’expérience. La définition n’a
donc pas vraiment d’importance, c’est l’expérience qui compte. Voici
cependant, en exclusivité mondiale, la définition la plus simple de la
cohérence cardiaque, c’est la définition physique et physiologique réduite à
sa plus simple expression:
LA VARIABILITÉ CARDIAQUE
Synonymes: variabilité de la fréquence cardiaque, variabilité du rythme
cardiaque.
Le cœur n’est pas régulier. Il accélère et ralentit en permanence, ces
variations subtiles de sa fréquence sont imperceptibles en général, des
petites accélérations, des petits ralentissements de l’ordre de quelques
centièmes de seconde entre les battements successifs. La prise du pouls
n’est pas assez précise pour sentir ces variations. L’étude du tracé de la
fréquence cardiaque confirme que le cœur accélère et ralentit à chaque
instant, plusieurs fois par seconde. La fréquence cardiaque n’est pas
constante et c’est normal. Cette notion capitale était connue de la médecine
chinoise37, elle fut décrite pour la première fois à l’ère moderne par
Stephen Hales38, physiologiste britannique au XVIIIe siècle. Ce n’est
qu’au cours des années 1950 que l’importance de la variabilité cardiaque fut
à nouveau considérée avec l’avènement des appareils médicaux de plus en
plus précis et abordables. Il est possible d’enregistrer les accélérations et les
ralentissements du cœur (enregistrement de la variabilité cardiaque) à partir
d’un simple capteur de pouls. Un tracé normal, au repos, pourrait donner
une courbe de ce type:
Dans cet exemple d’un enregistrement d’une durée d’un peu plus de 4
minutes, la fréquence cardiaque a été inscrite sous forme de graphique en
fonction du temps.
• Lorsque le cœur accélère, la courbe monte
• Lorsque le cœur ralentit, la courbe descend
L’échelle horizontale affiche le temps, en minutes. L’échelle verticale à
droite affiche la fréquence cardiaque en battements par minute (bpm). La
courbe montre donc la fluctuation de la fréquence cardiaque, les variations
du pouls.
La variabilité de la fréquence cardiaque est un élément essentiel de
l’adaptation de l’organisme à l’environnement. En cas de menace ou de
changement demandant un mouvement d’adaptation, le cœur accélère pour
préparer ce mouvement, ensuite le cœur ralentit pour que le corps récupère,
se repose, se répare et se restaure. Plus grande est la capacité d’adaptation
du cœur et du corps en général, plus grande est la capacité de l’individu à
s’adapter à son environnement. Les personnes en bonne santé ont une
variabilité cardiaque plus importante que les personnes en moins bonne
santé. Vous savez donc maintenant que votre cœur n’est pas régulier. Sa
fréquence change, on dit que la fréquence cardiaque fluctue. C’est la
deuxième notion de la définition.
L’INDUCTION RESPIRATOIRE
Je vous l’ai dit plus tôt dans ce chapitre: la respiration appartient au système
nerveux autonome. Mais, à l’inverse de la plupart des fonctions appartenant
à ce système, vous avez un certain contrôle sur votre respiration. Vous allez
apprendre à utiliser ce contrôle relatif de votre respiration pour moduler
votre système nerveux autonome et ses régulations automatiques.
L’INDUCTION ÉMOTIONNELLE
Les émotions dépendent aussi du système nerveux autonome. Certaines
émotions ont une fonction plutôt sympathique (tout en étant très
antipathiques en général), la peur, la colère, qui accélèrent la fréquence
cardiaque, vous le savez. Elles préparent de l’énergie pour la fuite (peur) ou
un coup de poing (colère): fourniture d’énergie pour les jambes ou les bras.
D’autres émotions ont une fonction plutôt parasympathique, la tristesse, la
honte, soit la mise en retrait, l’économie d’énergie, le repos, la rétractation.
En dehors de l’activité sympathique ou parasympathique des émotions, il y
a la valence des émotions, le fait qu’elles soient agréables ou désagréables.
La relation émotions et système nerveux autonome sera développée plus
loin (lire page 135).
Les émotions agréables, les souvenirs plaisants, les sentiments de paix,
de joie, de bonheur peuvent induire un état de cohérence cardiaque. Il est
fréquent d’observer une cohérence cardiaque lors de l’écoute d’une
musique, lors de l’observation de la nature, d’un beau paysage. Certains
sentiments sont de puissants fournisseurs de cohérence cardiaque, c’est le
cas de la gratitude, la compassion, la reconnaissance, l’amour, la tendresse.
Ce sont les inductions émotionnelles de la cohérence cardiaque. À ces
inductions émotionnelles se joignent les inductions cognitives, obtenues par
la pensée. Si je pense à un souvenir agréable, si je pense à la personne que
j’aime, à mes enfants, à un beau projet, j’induis une émotion agréable qui
peut déclencher un état de cohérence cardiaque.
La méditation rejoint aussi les inductions émotionnelles. Par la pratique
assidue et l’entraînement, le méditant acquiert la capacité à observer ses
pensées, ses sentiments, les messages de son corps de façon détachée, «non
jugementale», centré sur le «ici et maintenant». Il se met donc en neutralité
émotionnelle par l’entraînement, cet état de neutralité émotionnelle entraîne
un état de neutralité du système nerveux autonome et donc un état de
cohérence cardiaque.
On observe souvent une cohérence cardiaque chez ceux qui méditent,
d’autant plus poussée qu’ils adoptent fréquemment une pratique respiratoire
en même temps. Il en est de même pour la prière fervente.
L’INDUCTION EXTERNE
On a observé que la musique, le calme d’une église, un lieu paisible, le bruit
de la mer, la pluie, le vent dans les arbres sont susceptibles de générer un
état de cohérence cardiaque. Une tierce personne, en particulier calme,
apaisante, empathique, compatissante, peut être un déclencheur de
cohérence cardiaque. Une personne qui pratique la cohérence cardiaque
peut induire un état similaire chez une autre personne dans son entourage
proche.
Baisse du cortisol
Le cortisol est la principale hormone de défense sécrétée pendant un stress.
C’est l’action de la cohérence cardiaque sur le cortisol qui explique une
grande partie des effets de cette pratique sur le stress.
Augmentation de la DHEA
La DHEA, ou déhydroépiandrostérone, est une hormone qui entre en jeu
pour moduler le cortisol. Elle a aussi un rôle primordial à jouer dans le
ralentissement du vieillissement. C’est une hormone qui baisse
régulièrement avec l’âge – elle est aussi appelée «hormone de jouvence».
C’est l’action de la cohérence cardiaque sur la DHEA qui explique une
grande partie des effets de la cohérence cardiaque sur le ralentissement du
vieillissement.
Le cortisol et le poids
Le cortisol est l’hormone nécessaire à l’éveil et à la mise en alerte, il est
aussi indispensable à la résistance au stress et aux événements de la vie.
Trop de cortisol est la conséquence d’un stress non «digéré», non assimilé,
d’une trop faible adaptabilité à l’environnement. Dans ces cas-là, vos
glandes surrénales débitent en permanence cette hormone pour tenter
d’endiguer le flot d’agressions. Trop de cortisol, et c’est aussi la prise de
poids: l’organisme bascule en mode «danger, risque, famine» et met en
réserve de l’énergie. Cette programmation est ancestrale et n’a pas été
modifiée depuis des millénaires. Avez-vous déjà pris de la cortisone? Si oui,
vous savez qu’elle fait «gonfler». La cortisone est, tout simplement, du
cortisol créé en laboratoire et absorbé. Le cortisol modifie le stockage du
sucre, réduit la masse musculaire, modifie le stockage de l’eau et des
fluides dans l’organisme.
La cohérence cardiaque est une arme efficace, non médicamenteuse, de
lutte contre l’excès de cortisol. Elle agit sur la perception du stress et donc,
indirectement, sur la sécrétion de cortisol. Elle agit aussi directement en
augmentant la fabrication de la DHEA, ce qui modifie le rapport entre le
cortisol et la DHEA qui ont la même origine biochimique et qui sont
sécrétés sur un mode «soit l’un, soit l’autre». Réduction du taux de cortisol
et stimulation de la fabrication de DHEA sont deux des modes d’action
physiologique de la cohérence cardiaque.
Or, c’est le périmètre abdominal, et non le poids sur la balance, qui est le
facteur à surveiller. Je vous avais d’ailleurs demandé de le mesurer dans
l’introduction de ce livre. Je vous propose de le mesurer à nouveau
aujourd’hui et de comparer les valeurs à la mesure initiale.
Ne désespérez pas si vous n’obtenez encore aucun changement, cela peut
être tout à fait normal.
La douleur chronique
La perception de la douleur et la gestion des douleurs du système
locomoteur (arthrose, états inflammatoires) peuvent être prises en charge et
améliorées par les techniques de cohérence cardiaque associées à un
protocole particulier pour ces affections.
L’asthme bronchique
Les effets des exercices respiratoires prescrits pour la cohérence cardiaque
ainsi que leurs résultats sur le stress – qui accompagne toujours cette
affection – sont majorés par l’action directe de la cohérence cardiaque sur le
système immunitaire.
L’hypercholestérolémie
La cohérence cardiaque augmente la sécrétion de la DHEA, un puissant
facteur antioxydant et antivieillissement. La DHEA a été également
reconnue comme un réducteur du taux de cholestérol circulant. Or,
hypercholestérolémie et stress sont des facteurs multiplicateurs du risque
d’accident vasculaire. En contribuant à l’augmentation de la DHEA et à la
diminution du cholestérol, la cohérence cardiaque diminue le risque cardio-
vasculaire.
Le stress
La cohérence cardiaque est une thérapie de choix pour la prise en charge
non médicamenteuse du stress. Nous en reparlerons. En attendant, mine de
rien, vous êtes déjà en train de développer une stratégie antistress.
La dépression
La cohérence cardiaque permet deux approches de ce problème de nos jours
si fréquent. Elle permet d’éviter son apparition en désamorçant
l’épuisement induit par un stress prolongé. Elle permet aussi de prendre en
charge le traitement d’une dépression déjà présente en rééquilibrant les
systèmes nerveux sympathique et parasympathique qui sont totalement
paralysés en cas de dépression.
L’apprentissage et la mémorisation
Ce thème pourrait lui aussi faire l’objet d’un livre. J’ai souvent utilisé la
cohérence cardiaque avec mes patients dans ce but et avec succès. Les
émotions sont nécessaires à la mémorisation, mais cette dernière a aussi
besoin d’une hormone, l’acétylcholine, sécrétée par le système
parasympathique. Les exercices permettent donc aussi de renforcer les
stimulations parasympathiques. Les émotions négatives ont tendance à
bloquer la réflexion et la mémorisation efficace car elles entraînent, si elles
sont trop violentes, une inhibition du cortex cérébral. Lorsque je suis trop
ému, je perds mes moyens (intellectuels). Vous connaissez cette situation.
La cohérence cardiaque est un merveilleux outil pour les étudiants: elle lève
le stress des examens, permet une meilleure assimilation, un meilleur
sommeil et un sourire pour l’oral.
36 Sur www.amazon.fr, 80 757 livres en français comportent le mot stress (recherche faite avec ce
mot le 31 janvier 2015).
37 Qi Bó: Canon de l’Empereur Jaune. Le plus ancien ouvrage de médecine traditionnelle chinoise
(-2500).
38 Hales Stephens, Haemastaticks, 1733.
39 Les poids-lourds et les autobus comportent des tachygraphes ou «mouchards» qui font ce travail.
40 David O’Hare, Cohérence cardiaque 365, éditions Thierry Souccar, 2012. Existe en version
imprimée et numérique tous formats.
41 Résultats obtenus principalement par la recherche de l’Institut Heartmath en Californie. C’est le
premier institut qui s’est intéressé à la cohérence cardiaque (dès l’année 1991), il a son propre
laboratoire et ses chercheurs.
42 Étude FMCG FTSE 100, Hunter Kane, Royaume-Uni, 2001.
43 McCraty, Atkinson, Tomasino, Science of the heart, Institute of Heartmath Research, Publication
n° 01-00, 2001, California.
44 Mark Twain (1835-1910): auteur américain de Tom Sawyer et Huckleberry Finn, entre autres.
45 Louise Hay, You can heal your life, Hay House Inc., 1984.
46 Rhonda Byrne, Le Secret, Un monde différent, 2008.
47 Émile Coué, psychologue et pharmacien auteur d’une méthode de guérison et de développement
personnel fondée sur l’autosuggestion (1857-1926).
CHAPITRE 3
La cohérence pondérale (qui constitue votre objectif) peut être obtenue par
la cohérence cardiaque. Pour que le mécanisme opère efficacement, vous
devez passer par une cohérence émotionnelle. Les émotions sont des
messages réflexes fonctionnant sans réflexion. Elles sont automatiques et
préprogrammées. Cette programmation se met généralement en place au
travers des expériences de la vie et peut être modifiée par un nouvel
apprentissage. C’est l’objet des pratiques de psychothérapie mais aussi des
exercices de cohérence cardiaque spécifiques que vous découvrirez dans la
prochaine section.
LE CODAGE DE L’ÉMOTION
Les services secrets codent et encryptent les messages pour leur
gouvernement. Durant les exercices du soir, je vous recommande de coder
l’émotion selon les deux caractéristiques que nous avons déjà évoquées: la
valence et l’intensité.
LA VALENCE DE L’ÉMOTION
Comme je vous l’indiquais plus haut, une émotion à valence positive est
une émotion agréable. Une émotion à valence négative est désagréable. Il y
a donc trois possibilités de codage:
Il est donc possible de partager chaque valence en trois pour obtenir une
échelle de valence à sept degrés. Vous pouvez ainsi coder avec des signes
«moins», «zéro», «plus», selon l’évaluation positive ou négative que votre
cerveau attribue à l’émotion vécue. Si ça fait du bien, c’est plus; si ça fait
du mal, c’est moins, et puis si c’est entre les deux, c’est zéro.
Le point neutre est difficile à définir: une émotion qui ne me fait ni froid
ni chaud est-elle une émotion? La chaleur est une émotion physique, elle
peut m’être agréable ou non; elle peut aussi être constatée, simplement. La
surprise est une émotion car elle anime mon corps, elle peut être agréable
ou désagréable selon l’émotion qu’elle accompagne (peur, joie), elle peut
aussi être neutre. L’objet de notre exercice est d’observer et de coder nos
émotions pour les connaître et les reconnaître.
L’INTENSITÉ DE L’ÉMOTION
L’émotion anime le corps, le fait bouger, réagir. Le corps est touché, il
réagit. Le cœur, les muscles, la gorge, le ventre, la peau, chaque organe sent
l’animation déclenchée par un événement ou une situation.
À nouveau, trois gradations sont possibles:
LA COHÉRENCE DE L’INFORMATION
La seule façon de savoir qu’un espion à l’étranger est toujours opérationnel
est de recevoir régulièrement des messages de sa part, quel que soit leur
contenu. C’est pourquoi le système nerveux autonome envoie des messages
en permanence. Ce sont des informations biochimiques codées: l’adrénaline
convoie les messages d’alerte et de fuite, l’acétylcholine, les messages de
repos, de relaxation et de récupération. Ces deux types de messages
empruntent les mêmes chemins neurologiques, ils sont donc envoyés
alternativement: soit l’un, soit l’autre. Lorsqu’un gouvernement ne reçoit
que des messages d’alerte et de mise en garde, il convoque un cabinet de
crise, mobilise des forces, déclare la guerre. À l’inverse, si les messages
invitent tous au repli, à la passivité, le gouvernement s’endort et devient
vulnérable. Pour l’organisme, le premier cas correspond au stress: c’est
l’accumulation répétitive de signaux d’alerte sans message d’apaisement.
Le deuxième cas, à l’état dépressif: l’organisme ne veut plus lutter, il se
replie et devient vulnérable.
La sécurité d’un pays ainsi que la vôtre dépend de la cohérence et de
l’alternance de messages d’alerte et de paix. C’est à partir de l’analyse de
tous les messages que le ministère peut se faire une idée de l’état du monde
et de l’environnement. Tous les matins, le président de la République a sur
son bureau un compte rendu de l’analyse de tous les renseignements
accumulés depuis la veille. Il peut y avoir un nombre important de
messages, le gouvernement central appréciera que l’état de bonnes relations
à l’extérieur soit atteint si les messages d’alerte sont équilibrés avec les
messages de paix et d’entente et inversement. De même, le cerveau est en
situation émotionnelle neutre lorsqu’il reçoit autant d’informations
sympathiques que parasympathiques.
Pour pouvoir s’adapter à un changement, il faut d’abord percevoir la
notification du changement, que l’information soit juste et réaliste et qu’il
existe un moyen de s’y adapter. Pour obtenir une adaptabilité émotionnelle
à une situation, l’organisme doit être capable de passer, sans difficulté et
sans retard, de la tristesse à la joie, du dégoût à la confiance, de la peur à la
sérénité, de la colère à l’acceptation. Être émotionnellement cohérent
signifie avoir la capacité de s’adapter et de ressentir la totalité de la palette
émotionnelle, puis de revenir au centre, prêt pour de nouvelles émotions.
La pratique de la cohérence cardiaque développe cette capacité
d’adaptation. L’amplitude de la cohérence émotionnelle croît avec
l’amplitude de la cohérence cardiaque obtenue par l’entraînement. La
cohérence émotionnelle est la capacité à s’émouvoir sans rester bloqué dans
une zone émotionnelle particulière. Avec les exercices, je peux être en
colère, joyeux, triste, dégoûté, honteux, mais je ne reste pas bloqué, je
reviens me placer au centre de la grille émotionnelle.
LE RECENTRAGE ÉMOTIONNEL
La pratique de la cohérence cardiaque permet un recentrage émotionnel
quasi immédiat. C’est ce recentrage qui permettra d’utiliser la cohérence
cardiaque comme outil de réadaptation émotionnelle et de désensibilisation.
Quelle que soit l’émotion induite par une situation et son intensité, la
cohérence cardiaque permettra de l’atténuer. C’est ce que nous allons
utiliser dans plusieurs exercices de la partie 3 (à travers ce que j’appelle les
«applications»). Nous utiliserons le recentrage émotionnel pour les
émotions à valence négative, c’est-à-dire désagréables. Lorsque vous
superposez la cohérence cardiaque à une situation inconfortable, une pensée
désagréable, un événement perturbant, une personne agaçante ou tout autre
déclencheur d’émotion désagréable, vous envoyez à votre cerveau un signal
qui contribue à rétablir votre équilibre psychologique. En d’autres termes,
vous privez petit à petit le déclencheur de son poids émotionnel. On parle
dans ce cas de désensibilisation, une notion que nous détaillerons plus loin
dans plusieurs applications.
La joie
C’est en fait la seule vraie émotion de cette liste. Pensez à l’expérience la
plus positive et mémorable que vous ayez eue. Un temps où vous vous êtes
senti en sécurité, heureux et détendu. C’était probablement un moment où
vous avez rencontré la joie. La joie vient des expériences agréables les plus
chères, elle nous soulève, nous nous sentons vraiment en vie à ce moment-
là. Sur les axes des émotions (page 137), la joie est la seule émotion de base
à valence positive.
La gratitude
C’est l’émotion ou le sentiment ressenti lorsque nous reconnaissons avoir
reçu une satisfaction de la part de quelqu’un. La gratitude (comme la
reconnaissance) est un très puissant fournisseur de cohérence cardiaque.
Nous nous en servirons au chapitre suivant.
La sérénité
Cette émotion s’exprime lorsque tout va bien, que l’on éprouve une
sensation de calme et de tranquillité. Ce sont les moments où l’on savoure
le fait d’être tout simplement là, ici et maintenant.
L’intérêt
C’est avoir l’envie et le plaisir de la découverte. C’est un état qui nous
pousse à nous rapprocher de choses agréables. Les nouvelles expériences
plaisantes sont recherchées.
L’espoir
C’est la croyance que tout ira bien ou mieux. C’est la projection de la joie
dans le futur.
La fierté
C’est l’émotion associée au plaisir d’être reconnaissant envers soi-même.
C’est la satisfaction d’avoir accompli quelque chose qui nous est agréable.
C’est la réussite d’un projet, un accomplissement. C’est le fait de donner un
sens à ce que l’on a fait.
L’amusement
Le jeu est une émotion permettant l’apprentissage et le divertissement.
L’amusement est aussi une émotion sociale qui permet le rapprochement. À
savoir que le rire et le sourire sont de très puissants renforçateurs
parasympathiques.
L’inspiration
Il s’agit d’une émotion qui nous transporte comme si nous étions soulevés
par un nuage. Cette émotion permet des réalisations intellectuelles,
artistiques et un dépassement de soi.
L’émerveillement
C’est un sentiment de déférence et d’extase agréable. Très souvent lié à
l’observation de la nature ou de réalisations humaines extraordinaires.
Quand on est émerveillé, on se sent très petit face à la grandeur de l’objet
de l’émerveillement.
L’amour
C’est peut-être bien la compilation de toutes les émotions précédentes…
Cette liste d’émotions positives non exhaustive peut servir de base à
votre propre réflexion. Prenez l’habitude de reconnaître les émotions
agréables lorsqu’elles surviennent. Malheureusement, les émotions
désagréables sont beaucoup plus nombreuses et plus puissantes que les
agréables. Pour une question de survie, il était plus important pour notre
espèce d’arrêter de faire quelque chose de dangereux que de continuer à
faire quelque chose de favorable. S’arrêter devant un tigre est plus
important que de caresser un petit chat même si c’est très agréable.
La peur
La peur est une émotion provoquée par la perception d’un danger, présent
ou futur, réel ou supposé. C’est une des émotions primaires survenant de
l’aversion naturelle à la menace, présente aussi bien chez les animaux que
chez les êtres humains. Du point de vue de la biologie, c’est un mécanisme
de survie et de défense qui permet à l’individu de répondre rapidement et
efficacement à des situations dangereuses. Du point de vue de la
psychologie, c’est un état affectif et émotionnel nécessaire pour que
l’organisme puisse s’adapter à l’environnement. Si on pousse l’étude des
émotions désagréables, on se rend vite compte que la peur est l’émotion à
valence négative de base. Toutes les autres émotions désagréables sont en
fait la peur de quelque chose. La peur est une réaction corporelle de mise en
activité préventive de tout l’organisme pour se préparer à la fuite ou au
combat.
La colère
La colère pousse au combat, la peur, à la fuite. Elles sont toutes les deux à
valence négative et à forte intensité. Qu’est-ce qui déclenche la colère?
C’est souvent la peur d’une perte d’influence, d’un territoire, d’une
propriété ou du pouvoir à cause d’un tiers, contre lequel la colère se
manifeste. La colère de l’un est censée déclencher la peur et la fuite de
l’autre. Lorsque vous êtes en colère, il y a de fortes présomptions de peur
qui peuvent être retenues contre vous. Qu’avez-vous à perdre?
La tristesse
C’est une émotion qui provoque peu d’activation physique et
psychologique. Le système parasympathique est stimulé à l’extrême,
entraînant repli, manque d’énergie et inactivité. Comme toute émotion, la
vraie tristesse est fugace: elle est déclenchée par une situation, puis
s’apaise. La tristesse prolongée peut devenir dépression. En général, la
tristesse ne s’accompagne pas de crises alimentaires, sauf si elle est
déclenchée par une perte ou par l’anticipation d’une perte. Alors, la peur
s’installe: peur de la solitude, peur de manquer, peur de l’abandon… Peur,
nous y voilà, la tristesse peut s’accompagner de peur ou la devenir.
La honte
C’est la peur sociale par excellence. Peur du jugement des autres, peur
d’avoir enfreint la loi, les règles et les convenances sociales. La honte, c’est
la peur du regard des autres. Ne baisse-t-on pas les yeux lorsqu’on a honte?
Le dégoût
À l’origine, c’est la peur d’être empoisonné qui nous pousse à faire la
grimace pour refuser un aliment ou qui déclenche des haut-le-cœur. Mais le
poison alimentaire peut être comportemental afin d’inciter à refuser, par
dégoût, tout comportement jugé dangereux pour soi ou pour la société. Le
dégoût entraîne le rejet, la haine. De l’autre ou de soi. Le dégoût peut vous
pousser à la peur de l’image de votre propre corps.
L’angoisse
C’est la peur sans objet. Elle s’épanouit dans un environnement flou fait de
crainte et de pessimisme qui reste inaccessible au raisonnement. C’est la
peur (toujours elle) physiologique, physique sans cause précise.
La peur de la peur
C’est l’anxiété, la peur au futur, la peur de l’à-venir, l’avenir. J’ai peur
d’avoir peur.
La pratique régulière de la cohérence cardiaque permet de stabiliser le
système nerveux autonome, de stimuler l’adaptabilité aux changements
environnementaux et favorise un recentrage émotionnel.
La gestion émotionnelle est, selon moi, capitale si l’on désire perdre du
poids ou le stabiliser. Ce sont toujours des émotions qui perturberont le
fragile équilibre du poids. Lorsque vous aurez appris à déceler quelles sont
les émotions qui vous déséquilibrent, vous aurez fait un bon bout du
parcours.
LA COHÉRENCE PONDÉRALE
BESOIN DE SÉCURITÉ
C’est le deuxième niveau recherché par l’homme lorsque le niveau des
besoins physiologiques est satisfait. Les besoins de sécurité sont liés à
l’aspiration de chacun à être assuré du lendemain, physiquement et
moralement: sécurité d’un abri, des revenus et des ressources contre
l’agression, sécurité morale et psychologique, stabilité familiale ou
affective, sécurité médicale et sociale.
BESOIN D’AMOUR, DE RECONNAISSANCE ET
D’APPARTENANCE
Ce troisième niveau est caractérisé par la recherche de la communication et
l’expression de l’appartenance à un groupe. Ce besoin d’intégration dans le
lien social s’accompagne du besoin de reconnaissance et de considération.
Le besoin d’aimer et d’être aimé, le besoin de former un couple, une
famille font aussi partie de ce troisième niveau des besoins fondamentaux.
BESOIN D’ESTIME
Le quatrième niveau concerne le besoin d’être respecté, de se respecter soi-
même et de respecter les autres. Mais aussi le besoin de s’occuper pour être
reconnu, d’avoir une activité valorisante dans le travail, les loisirs, la
famille, la société. Il s’agit, en particulier, du besoin de se réaliser et de se
valoriser, à ses propres yeux et aux yeux des autres.
BESOIN D’AUTORÉALISATION
En anglais, Maslow appelait self-actualization (auto-actualisation ou
autoréalisation) ce niveau qu’il partagea par la suite en quatre éléments
distincts59:
• Le besoin de connaître et de comprendre (curiosité intellectuelle, soif
d’apprendre, d’explorer et de se cultiver);
• Le besoin esthétique, du domaine de l’art (besoin de symétrie, de beauté et
d’ordre);
• Le besoin d’auto-actualisation (rechercher son plein potentiel et tendre
vers sa réalisation);
• Le besoin de transcendance (se connecter à quelque chose au-dessus de
soi, de son ego ou s’investir dans l’aide aux autres).
La pyramide des besoins selon Maslow
ON VOUS A MENTI
Par ignorance, par intérêt, par inconscience, par omission, mais on vous a
menti et on vous ment encore si on veut vous faire croire que, pour maigrir,
il suffit de le décider. Le poids n’est pas régulé par la volonté. Il est
entièrement contrôlé par les automatismes du système nerveux autonome.
Pourquoi y a-t-il des humains obèses? Parce que les émotions, les pensées,
la mémoire et les acquis technologiques ont un impact sur le système
nerveux autonome dont on a vu qu’il régulait le poids. Le système
automatique est perturbé, déséquilibré et le stress en est l’un des principaux
facteurs.
Faire croire que l’on peut moduler le poids par la volonté seule est un
contre-sens physiologique. On peut bien sûr arrêter de manger pendant un
certain temps, mais les phénomènes d’autorégulation reprennent vite le
dessus comme lorsque vous vous arrêtez de respirer. Sans compter que la
perception de la menace «famine» déclenche un réflexe de survie et de
stockage énergétique. Je ne suis pas contre les régimes ou l’activité
physique, bien au contraire, mais ils sont voués à l’échec si on ne renforce
par le système nerveux autonome, système qui est programmé pour gérer le
poids en tant que besoin essentiel de l’organisme de premier niveau.
La cohérence pondérale doit prendre en compte la gestion du stress, la
gestion des émotions, la gestion des déclencheurs alimentaires et la gestion
de l’alimentation et de l’activité physique. C’est beaucoup plus complexe
que de manger moins et bouger plus, c’est s’adapter mieux à cette société
stressante et d’abondance. Nous n’avons pas été programmés pour vivre
dans le monde actuel, notre programmation doit être mise à jour et nous
avons quelques versions de retard.
La cohérence cardiaque est l’un des seuls moyens simples d’intervenir
directement sur le système nerveux autonome et ses déséquilibres de toute
origine. C’est comme si vous pratiquiez une remise à zéro, un rééquilibrage
du système de contrôle, plusieurs fois par jour et, en particulier, avant les
repas.
Le Pulsoguide
• C’est un guide respiratoire que l’on peut garder avec soi pour toujours.
• Il repose sur le principe d’utiliser son propre pouls comme guide.
Le Calmexpress
• Petit exercice à pratiquer plusieurs fois dans la journée pour se recentrer.
• À utiliser avant les repas et lorsqu’un recentrage émotionnel est
nécessaire.
• Très simple à mettre en place, il suffit d’y penser.
La Reconnaissance
• Le principe de cette application est d’utiliser la reconnaissance comme
«renforçateur» de votre pratique de cohérence cardiaque, donc d’utiliser
une émotion sociale pour en tirer des bénéfices personnels.
• Cette application mérite d’être mise en place au quotidien (même si on ne
cherche pas spécialement à perdre du poids).
• Également très simple à mettre en place.
L’Émo-Plus
• Le principe est d’utiliser l’effet puissant des émotions agréables en
renforcement de la cohérence cardiaque.
• Cette application a toute sa place dans votre programme de gestion
émotionnelle du surpoids.
Le D-Stress
• Le but de cette application est de désamorcer le stress via la pratique de la
cohérence cardiaque. Le stress est en effet connu pour être l’une des causes
les plus importantes de l’épidémie de surpoids du monde occidental.
• Ajoutez les exercices simples énoncés ici à votre pratique de cohérence
cardiaque quotidienne.
Le Mieux Choisir
• L’obésité peut être qualifiée de pathologie de la décision tant les choix
alimentaires peuvent avoir des répercussions sur le déséquilibre pondéral.
• Grâce à cette application, apprenez à mieux choisir et à garder ainsi le
contrôle de votre poids.
L’Anti-Trac
• Cette application va vous permettre d’affronter sereinement la peur en tant
qu’activateur du déséquilibre pondéral.
• Redoutablement efficace, cette application est assez difficile à mettre en
place. Mieux vaut avoir une bonne maîtrise de la pratique avant de l’essayer
ou être assisté d’un professionnel.
Le Miroir
• En utilisant le miroir comme partenaire, cette application va vous
permettre de changer l’image que vous percevez de vous-même – et qui est
souvent chargée d’émotions négatives: honte, dégoût, colère, tristesse. Le
but est d’enfin aimer ce corps que vous détestez.
• À réserver aux personnes ayant une solide pratique.
La Dernière Fois
• Quelle est la dernière fois où vous avez été en colère, dégoûté, triste,
honteux, découragé… à cause de votre poids?
• Cette application consiste à utiliser cette émotion rétroactive pour
apprendre à développer une stratégie préventive et à adopter un
comportement constructif face à l’excès de poids.
Prenez votre temps. Pressé veut souvent dire stressé. Et bon courage.
«Courage» vient du mot latin «cœur». Prenez votre santé à cœur.
CHAPITRE 2
LE PULSOGUIDE
PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT
Il s’agit d’utiliser votre propre pouls comme guide respiratoire. La
fréquence cardiaque moyenne étant assez stable chez chaque individu, il est
possible de s’en servir comme guide respiratoire, simplement.
PRÉPARATION
Vous aurez besoin de connaître votre fréquence cardiaque moyenne sur
50 secondes. Oui, vous avez bien lu! La fréquence cardiaque se mesure
habituellement, c’est vrai, par rapport au nombre de battements cardiaques
sur 1 minute, soit 60 secondes, mais pour calculer le Pulsoguide nous
utiliserons une autre fréquence: le nombre de battements cardiaques sur 50
secondes. Il y a deux façons de le connaître, vous aurez besoin de le
mesurer plusieurs fois à des heures différentes pour avoir votre fréquence
cardiaque moyenne sur 50 secondes. Je vais appeler ce nombre P50 pour
«pulsations sur 50 secondes».
PAR LE CALCUL
Si vous connaissez votre pouls habituel ou si vous avez un appareil qui vous
donne votre fréquence cardiaque (calculée en battements par minute), il
suffit de diviser ce nombre par 6 et de le multiplier par 5. Vous aurez alors
le nombre de battements cardiaques en 50 secondes, votre P50.
PAR LA MESURE
C’est beaucoup, beaucoup plus simple! Utilisez une montre ou un
chronomètre et comptez le nombre de pulsations en 50 secondes au lieu de
1 minute. C’est tout, vous aurez directement votre P50. Je vous conseille de
le mesurer plusieurs fois à des heures différentes et dans plusieurs
circonstances, mais toujours au calme, et d’en faire la moyenne.
EXEMPLES
• Je prends mon pouls pendant 50 secondes avec ma montre, je trouve
67. Je divise par 10, je trouve donc 6,7 et j’arrondis à 7. Mon Pulsoguide
PG est donc 7. Vous allez donc inspirer pendant 7 pulsations et expirer
pendant 7 pulsations.
• Je prends mon pouls durant 50 secondes avec ma montre, je trouve 71, je
divise par 10, je trouve donc 7,1, j’arrondis à 7. Idem: mon Pulsoguide PG
est 7. Vous allez donc inspirer pendant 7 pulsations et expirer pendant 7
pulsations.
TABLEAU DE CORRESPONDANCE
Si vous connaissez votre fréquence cardiaque habituelle au repos vous
pouvez utiliser ce tableau pour connaître votre PG.
UTILISER LE PULSOGUIDE
Une fois que vous connaissez votre Pulsoguide PG, vous allez mettre le
pouce sur votre poignet comme si vous preniez le pouls et vous allez
inspirer pendant 7 pulsations (si votre Pulsoguide est 7) et souffler pendant
7 pulsations (si votre Pulsoguide est 7), ce qui revient à inspirer pendant 5
secondes et à expirer pendant 5 secondes.
Voilà: vous avez une méthode simple utilisable partout pour vous guider
dans toutes les circonstances, y compris en public.
RÉSUMÉ SIMPLE
• Comptez vos battements cardiaques pendant 50 secondes
• Divisez ce nombre par 10 et arrondissez au plus près, vous trouvez un
résultat PG
• Utilisez maintenant vos pulsations comme guide respiratoire
• Inspirez pendant PG respirations
• Expirez pendant PG respirations
• Le temps nécessaire
LA RECONNAISSANCE
DE QUOI S’AGIT-IL?
En explorant les pratiques de santé modernes et en les comparant aux
pratiques traditionnelles (médecines qualifiées d’alternative,
complémentaire, charlatanesque, holistique et autres «affublatifs»), je me
rends compte de plus en plus que de nombreuses religions ou pratiques de
santé d’origine populaire avaient des explications physiologiques qui se
dévoilent peu à peu avec les neurosciences, la physique quantique,
l’expérimentation ou la psychologie clinique.
Vous, vos parents ou vos grands-parents avez certainement connu le
temps de la prière de reconnaissance ou d’action de grâce pratiquée avant
les repas, les bénédicités précédant les repas de famille. Le cinéma nous en
conserve des traces dans de nombreux films relatant les époques où la
religion était un lien familial; la table de Thanksgiving61 bien garnie, trois
générations baissant la tête à l’écoute du patriarche égrenant des
remerciements et entonnant un cérémonial avec un «Amen» à la fin.
Plusieurs études cliniques ont montré qu’une «attitude de gratitude»
améliorait la santé et la qualité du sommeil, et entraînait une réduction du
niveau des hormones de stress ainsi qu’une meilleure récupération cardio-
vasculaire. Les praticiens en cohérence cardiaque (dont je fais partie) ont
aussi souvent noté que le fait d’évoquer la reconnaissance, la gratitude ou le
remerciement pouvait avoir un effet immédiat d’induction de la cohérence
cardiaque sans passer par la respiration ou bien entraîner une amélioration
de la qualité de la cohérence cardiaque (lorsque nous l’enregistrions). Si
vous avez un logiciel de cohérence cardiaque ou si vous connaissez un
praticien en cohérence cardiaque qui en a un, faites le test: installez le
capteur, enregistrez votre courbe de variabilité cardiaque et pensez
sincèrement à quelqu’un à qui vous aimeriez dire merci, exprimer votre
gratitude et manifester votre reconnaissance. Observez le résultat: vous
verrez sûrement une belle courbe de cohérence cardiaque se dessiner.
EN SAVOIR PLUS
La gratitude et la reconnaissance commencent à gagner les milieux
scientifiques médicaux et psychologiques. Des études cliniques
commencent à apparaître mettant en avant le bénéfice en termes de santé et
de qualité de vie des personnes pratiquant cette «attitude de gratitude». Une
recherche rapide sur PubMed ce matin donne 672 études62 mentionnant la
gratitude, dont plusieurs sont consacrées exclusivement à l’étude de cet état
d’esprit et des conséquences sur le corps. Plusieurs études de psychologie
dans le domaine de la médecine et de la psychologie du travail mettent en
avant «l’absence de gratitude» comme facteur de stress et de mauvaises
conditions de travail. C’est tout le champ de la psychologie positive en
milieu professionnel qui s’est mise à proposer des pratiques de gratitude et
de reconnaissance. Dire merci fait du bien à celui qui reçoit l’action de
grâces, penser merci fait du bien à celui qui pense ou qui va dire merci.
La cohérence cardiaque a un effet physiologique indéniable sur
l’équilibre du système nerveux autonome et la régulation des hormones qui
gèrent l’énergie, l’appétit, le rassasiement et la satiété. Ces hormones
dépendent toutes de ce système nerveux automatique et involontaire,
équilibrer ce système c’est entraîner l’équilibre des hormones qui en
dépendent. Avec la respiration et vos exercices quotidiens vous induisez
régulièrement un état de cohérence cardiaque, cette cohérence cardiaque est
amplifiée par la reconnaissance. Je citerai deux études cliniques validées et
publiées pour illustrer mon propos.
LE BILAN
Cette application est la plus simple à mettre en place. Explorez vos
sentiments après plusieurs jours de pratique de la reconnaissance. Ajoutez
aussi de la reconnaissance à d’autres moments de votre journée et de votre
vie. La reconnaissance et la gratitude sont deux sentiments altruistes qui
sont, en fait, très égoïstes car ce sera vous le premier bénéficiaire. Lorsque
vous ferez ce bilan, n’oubliez-pas de me dire merci. J’apprécierais que ce
merci ne soit pas seulement formulé par la pensée, un peu de gratitude
écrite ne fait pas de mal non plus: www.coherence.info à la section
«contact».
Merci à vous.
LE CALMEXPRESS
LE BILAN
Le bilan est très simple à faire: il suffit de pratiquer le Calmexpress le plus
souvent possible et d’observer le changement.
L’ÉMO-PLUS
DE QUOI S’AGIT-IL?
Si on s’en tient à la définition des émotions de base, il n’y a qu’une seule
émotion à valence positive: la joie. Lorsque je suis en présence de ceux que
j’aime, lorsque je vais retrouver un endroit qui me rassure et me réconforte,
lorsque je fais quelque chose d’agréable, je ressens de la joie. La joie a de
nombreux synonymes: bonheur, plaisir, agréable, bon. Mais c’est de la joie
à la base, même si ce terme est un peu désuet. La joie donne envie de
continuer, de recommencer ou de se rapprocher de ce qui la déclenche; nous
dirions «plaisir», en langage moderne. Je vous présente les exercices et
vous expliquerai le mécanisme joyeux qui les a motivés.
EN SAVOIR PLUS
LA SÉANCE DU MATIN: UNE HABITUDE POUR VOTRE HYGIÈNE
ÉMOTIONNELLE
La séance de cohérence cardiaque du matin est importante, vous l’avez
installée comme nouvelle règle de vie. Si vous l’associez à une belle
émotion positive, en particulier issue de la veille, elle va vous permettre de
synchroniser vos systèmes automatiques pour la journée.
«Messieurs, synchronisez vos montres»: c’est la phrase mythique d’un
film d’espionnage que j’affectionnais adolescent. Au moment où le film
arrivait à son apogée, il y avait toujours la voix impérieuse et grave du chef:
«Messieurs, synchronisez vos montres.» Le tourbillon pouvait commencer,
les hommes étaient synchrones, dans le même monde temporel.
Votre séance d’exercice de 5 minutes est un petit moment de remise à
zéro des compteurs: restauration de l’énergie, récupération et préparation au
repos. Vous prendrez peu à peu plaisir à ce moment bref avec vos forces
intérieures en présence, à ce briefing du matin. Respectez ce moment. Votre
corps vous rendra au centuple le temps passé en briefing matinal cohérent.
LE BILAN
Application émouvante s’il en est une. Je vous ai demandé d’être ému. Je
vous ai demandé de susciter une belle émotion positive, de la revivre, de
sentir à nouveau le délicieux frisson de bonheur parcourir votre colonne
vertébrale, de goûter à la douce impression de chaleur irradiante auréolant
votre cœur, de laisser diffuser doucement cette petite boule de plaisir juste
sous les côtes, ces petits papillons voletant découverts lors d’un premier
amour, il y a longtemps… Revivez, vivez, associez ce moment de plaisir à
la cohérence cardiaque purement technique que vous avez découverte dans
les semaines précédentes, l’effet en sera multiplié.
Associer une émotion agréable permet d’orienter la journée, de l’ouvrir
vers le positif. Les séances au cours de la journée renforcent cette
orientation et le soir permet de fixer ces instants dans la mémoire
émotionnelle.
Vous apprendrez ainsi à encadrer votre journée avec de la bienveillance.
Je trouve que c’est ce mot qui caractérise le mieux cette pratique.
CHAPITRE 6
LE D-STRESS
LE STRESS
Le mot est lâché. Le mot «stress» est semblable à la notion qu’il véhicule:
indéfini, intuitif, inconnu. On ne sait si le stress est l’objet, le déclencheur,
l’émotion ou la réaction, un verbe, un nom, un adjectif. Le stress est un mot
et une réalité d’un singulier pluriel. On connaît du bon stress, du mauvais
stress, du stress, des stresseurs, des stressés très stressants… Toutes les
formes se déclinent et sont possibles. Essayons de détresser cette pelote
embrouillée.
Les pêcheurs à la ligne, les tricoteuses, les parents coiffant leurs enfants
le savent: il existe trois façons de résoudre le casse-tête d’un nœud
récalcitrant. Première solution à la Gordien: la paire de ciseaux. Elle est
radicale pour la patience, moins pour le fil ou le cheveu; c’est rapide mais
délabrant, chirurgical fut-il bariatrique. Deuxième solution: secouer, triturer
et malaxer l’imbroglio jusqu’à ce qu’un heureux hasard rétablisse l’ordre
filaire initial; c’est tellement aléatoire et improbable. Troisième solution: la
patience. Suivre chaque fil, remonter le parcours, refaire en sens inverse le
chemin qu’il a emprunté pour se mettre dans l’impasse, ne pas chercher à
comprendre la vie secrète et sournoise qu’adoptent les câbles lorsqu’on les
abandonne à leur volonté. Une quatrième solution a été classée hors
concours: c’est l’abandon pur et simple. Il s’agit de la «non-solution» qui
est adoptée majoritairement dans votre confrontation au stress.
Cette fois, nous avons choisi la patience, et avec cette application nous
allons apprendre à déstresser, détresser les nœuds. L’exercice est plus
complexe que les précédents, il s’agit de repérer, tout au long de la journée,
chaque élément émotionnel présent dans la nasse, pour le suivre et le
démêler avec patience lors de la séance du soir. Les émotions seront le fil
rouge à suivre, l’une après l’autre, pour dénouer et résoudre chaque jour le
nœud qui se forme, et pour repartir, la nuit passée, avec un écheveau
émotionnel ordonné et cohérent.
LE DÉBRIEFING DU SOIR
Prenez du papier et un crayon. Reprenez chronologiquement le cours de la
journée, en inscrivant les situations émotionnelles dans l’ordre de leur
survenue. Notez l’événement. Inutile de le décrire car vous vous en
souvenez. En revanche, nommez l’émotion ressentie à ce moment-là,
indiquez l’emplacement sur le corps où elle a été ressentie et notez son
intensité (par exemple, sur une échelle de 0 à 6 où 0 serait l’absence
d’émotion et 6 une émotion insupportable).
Limitez le nombre d’émotions à trois ou quatre, une dizaine au
maximum. Il serait extraordinaire que plus de dix événements forts aient été
déterminants dans votre journée. Votre vie n’est pas celle d’Indiana Jones,
Alfred Hitchcock ne la mettrait pas en scène non plus; la grande aventure
émotionnelle n’est pas au rendez-vous tous les jours.
Voici un exemple d’une journée ordinaire d’un type ordinaire et de ses
émotions ordinaires:
8 h 00: Lever en retard, j’ai oublié de mettre le réveil. En colère contre moi-
même, irrité, un peu mal à la tête. J’ai le cœur qui bat vite. Irritation: 2/6.
9 h 00: Embouteillage monstrueux. J’aurais dû me lever plus tôt, j’ai peur
d’être en retard, je bous, chaleur dans la poitrine. Peur: 4/6.
12 h 00: Il pleut, j’étais en retard, je ne pourrai pas faire mon jogging dans
le parc. Je sens mon visage qui s’affaisse. Déception: 1/6.
14 h 00: Dispute avec la secrétaire. Colère violente. J’ai chaud à la tête. J’ai
prononcé des paroles blessantes. Les regrets m’ont accompagné toute
l’après-midi. Colère: 5/6; puis regrets, tristesse: 6/6. Boule dans le ventre,
malaise général.
19 h 00: J’avais oublié que c’était mon anniversaire, une surprise m’attend
à la maison. Plaisir, émotion, joie, douce chaleur dans la poitrine. Joie: 5/6.
Il faut environ 5 minutes pour retrouver les éléments que vous aurez
épinglés dans la journée. Avec l’habitude, vous élargirez votre panoplie de
mots (lire page 150) et préciserez la localisation des affects. Localiser une
émotion est tellement inhabituel que nous ne savons pas comment faire.
Pensez au cœur, au ventre, à la gorge, à la respiration: ce sont les
principales zones en relation directe avec le système nerveux autonome.
Mettez l’accent sur la localisation corporelle des émotions. Vous verrez
rapidement que la liste des points d’impact est limitée et elle vous est
personnelle. Petit à petit, vous reconnaîtrez cette résonance du corps qui
réagit à votre environnement et à vos pensées.
LE BILAN
Avec cette application, vous avez développé la mise en place d’une stratégie
préventive contre les effets du stress. Vous avez assimilé chacun des
éléments présentés et nous les avons installés dans un simulateur de vie afin
de vous entraîner à réagir sans stress aux différentes configurations qui
peuvent se présenter pendant le voyage.
Nous avons comparé la démarche à celle de l’entraînement d’un joueur
de tennis. Votre façon de réagir, jour après jour, à l’environnement et au
stress, vous a habitué à vous cantonner à une seule zone du terrain. Votre
manque de mobilité et d’adaptabilité vous a fait perdre bien des parties. Si
vous avez appris à améliorer plusieurs facettes de votre jeu ces dernières
semaines, il s’agit maintenant de tout regrouper et de parcourir efficacement
le terrain entier, le court où se déroule la partie.
66 «Introrétrospection», je ne sais pas si ce mot existe, mais il dit ce qu’il veut dire, c’est donc qu’il
est utile.
CHAPITRE 7
LE MIEUX CHOISIR
«Ce sont nos choix qui montrent ce que nous sommes vraiment,
beaucoup plus que nos aptitudes67.»
Cette phrase est tirée d’un livre pour enfants! Vous a-t-on enseigné cette
approche philosophique de la vie? Vous a-t-on appris à choisir? Si vos
parents ne l’ont pas fait, si l’école ne l’a pas mis en place, d’autres prennent
en charge cet apprentissage et ils ne recherchent pas forcément votre intérêt.
Je pense notamment aux stratégies marketing des industriels et à ce qu’ils
font des données concernant vos comportements d’achat (lire page 220).
LE LEURRE DU CHOIX
Le choix est le résultat complexe de toute la chaîne comportementale. Il est
le résultat conscient ou inconscient de la confrontation à chaque situation.
Lorsque le corps perçoit un changement de l’environnement qui appelle à
une adaptation, le message est transmis (rappelez-vous: les messagers sont
les émotions), interprété par le cerveau émotionnel. Puis, la situation est
analysée en fonction du danger ou de la sécurité (valence négative ou
positive), évaluée quant à son intensité, comparée aux souvenirs, aux
expériences passées, aux buts et aux motivations; le cortex et sa réflexion
ajoute son grain de sélection. Enfin, la réponse est décidée: c’est le choix.
L’ordre est donné aux émotions, au système nerveux, aux muscles: la
réponse a lieu. Elle est adaptée ou inadaptée. Chacun des maillons de la
chaîne peut être responsable de l’efficacité du résultat, mais le plus aléatoire
et le plus fragile est le dernier maillon (cortical): la réflexion, le grain de sel
que la raison apporte en touche finale. Toute la phase préparatoire de la
décision a déjà eu lieu dans l’inconscient, dans les leçons tirées du passé et
des apprentissages.
Que se passe-t-il dans les méandres de votre subconscient avant
l’intervention de la volonté? Est-ce l’intuition qui parle? Est-ce de la
manipulation? La liberté de choix serait-elle un leurre?
LA SÉANCE DU MATIN
L’exercice du matin est un exercice simple de cohérence cardiaque
respiratoire. De courte durée, il ne demande aucune compétence particulière
autre que de choisir de faire cet exercice. Ce choix, renforcé chaque matin,
deviendra une habitude. Il informera dès les premières heures de la journée
votre cerveau émotionnel que vous avez la force d’orienter vos futurs choix,
que vous avez la capacité d’extraire une décision ferme et définitive d’un
ensemble flou d’habitudes décisionnelles engluées dans la répétition. Et de
répéter cette décision.
Prenez la décision de pratiquer l’exercice du matin tous les jours: 5
minutes de cohérence cardiaque respiratoire. Tous les matins de votre vie.
Ce sera, croyez-moi, la plus décisive des petites décisions que vous aurez
prises!
LE CHOIX DE L’ALIMENT
Vous allez manger, c’est décidé. Mais quoi? Tout dépend en grande partie
du déclencheur: l’odeur d’une pâtisserie devant laquelle vous passez, la vue
d’une portion de pizza bien garnie, la publicité d’un rocher au chocolat, la
lecture d’un livre de cuisine… Il est certain que le choix qui résulte des
perceptions sensorielles sera limité à l’image de l’objet délicieux; changez
une seule lettre, il devient délictueux! C’est l’image qui a suscité
l’intersection. L’émotion sera vraisemblablement majoritaire en voix lors du
vote final. Ne revenez pas sur la décision de manger: vous allez manger.
Vous avez maintenant le choix de l’aliment, ne laissez pas les émotions, les
habitudes, la facilité prendre le dessus. Si les émotions se font pressantes,
interrogez-vous: quelle est l’émotion à combler? La faim ou une autre? Y a-
t-il un moyen de combler l’émotion qui n’est pas la faim ou le besoin de
manger? Faites remonter ce choix à la pleine conscience sans jugement,
sans a priori. Il n’y a pas d’aliment tabou, juste ceux qui mis bout à bout par
l’habitude, la facilité et la gratification immédiate pèsent du mauvais côté
de la balance.
Ce n’est pas l’aliment, sa densité calorique ou son index glycémique qui
sont importants à ce stade. C’est le fait de le choisir et la motivation de ce
choix. Posez-vous la question, attendez la réponse. Y a-t-il une alternative
plus valorisante pour votre fierté? Si c’est une émotion qui a déclenché
l’envie de manger, gratifiez votre faim émotionnelle par un aliment riche en
fierté et en reconnaissance.
Notez le choix. Peut-il être approuvé par votre ligne de conduite?
Approuvez-le, félicitez-vous, souriez au besoin, pratiquez quelques
respirations lentes.
LE CHOIX DE BOUGER
La balance énergétique s’équilibre sur deux plateaux: la réduction des
apports et l’augmentation des dépenses. Au cours de votre journée, les
occasions de bouger seront plus nombreuses que les occasions de manger.
Pensez-y! À chaque fois que l’activité physique est plus importante en
prenant un chemin plutôt qu’un autre, sachez que ce chemin est en réalité
un raccourci vers votre destination! Le choix se posera sans arrêt, il suffit
d’être attentif. Escalator ou escalier? Dix minutes d’escalier par jour (au
lieu de l’Escalator), c’est 112 calories supplémentaires dépensées68, 10 g
de graisse brûlés (l’équivalent d’un morceau de beurre préemballé des
restaurants). Cela représente 40 000 calories et 14 plaquettes de beurre à la
fin de l’année! Marcher ou rouler? Conduisez-vous vos enfants à l’école? À
chaque occasion de vous muscler, faites-le! Décidez-le! Les muscles
dépensent de l’énergie même au repos: ils chauffent et brûlent des calories.
Ce n’est pas le cas de la graisse qui ne consomme rien, ne brûle pas de
calories. Le choix de l’exercice est un exercice en soi. À chaque choix
favorable, approuvez.
L’EXERCICE DU SOIR
LE RENFORCEMENT ÉMOTIONNEL
Le renforcement émotionnel prend là encore tout son sens. Nous avons mis
en place les éléments qui permettent de reprogrammer les circuits de la
mémoire et de la décision. La cohérence cardiaque marque du sceau de
l’approbation les événements qu’elle accompagne. L’alternance rythmique
de la stimulation des systèmes sympathique et parasympathique envoie un
signal de plaisir – j’aime, j’approuve, je m’en souviendrai.
Consacrez du temps à la séance du soir. Si ce n’est pas tous les soirs,
évitez de sauter trop de séances car vous êtes en apprentissage et la
répétition est indispensable. Installez-vous confortablement et mettez-vous
en cohérence cardiaque, vous savez le faire, je ne reviens pas sur ce point.
Fermez les yeux au besoin et reprenez votre journée. Déroulez le film,
recréez les images sur la toile de vos souvenirs. L’avance rapide permet de
faire défiler une journée entière en quelques minutes. Repérez les séquences
marquées par une décision pertinente face à votre problème de poids.
Stoppez le film, arrêtez-vous sur la séquence et passez-la au ralenti.
Revivez l’émotion, le choix initial, l’action, le comportement. Approuvez-
vous ce choix, maintenant, ce soir, au calme, a posteriori. Avez-vous bien
fait? Pouvez-vous vous féliciter?
Je ne vous demande pas de calculer les calories consommées ou
consumées, ni d’évaluer avec précision l’impact nutritionnel et énergétique
de vos faits et gestes. Répondez simplement à la question: êtes-vous
satisfait du choix? Si c’est «non», acceptez sans juger, sans regrets, sans
remords. Rappelez-vous que toutes les émotions négatives vont envoyer un
message de danger à votre corps. Il passera en mode stockage et le remords
vous fera remordre l’aliment incriminé qui deviendra alors doublement
délictueux. Acceptez les choix que vous avez faits même s’ils rallongent
votre route ou vous éloignent de votre but. Vous apprenez. Si votre réponse
est «oui», renforcez-la par quelques minutes de cohérence cardiaque. En
jalonnant ainsi de plaisir les carrefours décisionnels, vous les marquez pour
les prochains trajets. Vous renforcez votre estime, vous développez la
confiance dans votre conduite. Pratiquez le sourire renforçateur, c’est très
puissant. Un choix a-t-il été jugé favorable pour votre objectif? Souriez et
approuvez-le par la cohérence cardiaque.
LE RECENTRAGE ÉMOTIONNEL
Vous avez terminé le film de la journée, accepté les choix défavorables avec
sérénité, approuvé les favorables avec plaisir. Il est temps de recaler votre
balance émotionnelle. Pratiquez 3 minutes de cohérence cardiaque
respiratoire en Fréquence-Six. Laissez filer les pensées, ne les retenez pas,
ramenez chacune d’elles sur la respiration et cette lente alternance
d’inspirations et d’expirations. Cette remise à zéro des compteurs est
capitale pour aborder un nouveau jour et ses choix multiples.
EN SAVOIR PLUS
J’ai débuté ce chapitre par une citation extraite de Harry Potter, je cède la
plume temporairement à Henri Bergson pour élargir le débat:
LE MARKETING ÉMOTIONNEL
Plus généralement et discrètement appelé marketing alternatif, le marketing
émotionnel est utilisé par toutes les grandes compagnies, les dernières
recherches en psychologie des émotions étant principalement financées par
l’industrie.
«Le goût est dans notre tête, non dans ce que l’on mange. Dans
l’assiette, il n’y a que des molécules73.»
Ces quelques mots illustrent l’idée selon laquelle un contexte donné n’a
pas de valeur en soi et que sa signification dépend avant tout de
l’observateur. Il prend une valeur affective selon le regard qu’on lui porte.
Nous interprétons et donnons un sens aux signaux que nous recevons de
l’environnement. Lors de toute perception74, les signaux sensoriels sont
acheminés jusqu’au thalamus, qui sert de relais distributeur entre les
cellules sensorielles et le cortex cérébral. De là, les signaux prennent deux
voies séparées, l’une courte (vers le cerveau émotionnel), l’autre longue
(vers le cortex cérébral), afin de remplir des fonctions complémentaires.
La voie courte correspond à la voie émotionnelle. Elle permet à
l’organisme de se préparer à l’action en s’orientant vers une réponse
stéréotypée (innée ou acquise)… et surtout, rapide (facteur essentiel
lorsqu’il est question de survivre dans un environnement hostile). La voie
longue, quant à elle, correspond globalement à la voie rationnelle. Elle
permet une analyse élaborée de la situation, apportant la flexibilité qui
manque à la voie courte en nuançant les informations.
En bref, toute entrée sensorielle fait parallèlement l’objet d’une analyse
globale par la voie émotionnelle, plus rapide, et d’une analyse spécifique
par la voie corticale. Il ne faut donc pas se leurrer, l’émotion est essentielle.
Sans elle, pas de mémorisation ni de prise de décision. Elle n’est pas le
parasite de la raison comme on l’a longtemps cru. En préparant l’organisme
à l’action et en réduisant la complexité des problèmes rencontrés, elle
constitue le socle permettant à la raison de fonctionner (relativement)
efficacement.
Sachant cela, est-il étonnant de constater que certains tentent d’en tirer
profit? Depuis quelque temps déjà, les stratégies marketing se sont étoffées
de considérations émotionnelles, afin de communiquer non plus directement
avec l’intellect, mais indirectement, par la voie émotionnelle, dans le but
d’orienter le comportement du consommateur «à l’insu de son plein gré»
dans un sens qui corresponde à celui de l’annonceur.
Il n’existe plus aucune campagne de lancement qui n’ait fait l’objet d’un
test en grandeur nature sur les émotions des futurs acheteurs. Regardez les
spots publicitaires télévisés et cherchez les émotions positives que
l’annonceur vous envoie, la valorisation «vous le valez bien», l’ambiance
familiale heureuse et détendue avec l’ami qui vient boire sa chicorée du
matin au son des cigales réjouies, le sourire béat que provoque l’utilisation
d’un dentifrice blanchissant, le saut de joie que procure la vaporisation d’un
parfum extatique pour toilettes, la lessive qui vous transporte au pays des
draps séchant à la brise des pâturages alpins. Il s’agit d’ajouter, à un
élément que l’annonceur désire vous vendre, une émotion positive, visuelle
et auditive. Les trucs ne sont pas de simples ficelles mais les liens ténus et
solides qui suspendent la marionnette de vos décisions aux mains du
manipulateur.
Les ingénieurs en marketing ont piraté votre système émotionnel pour
l’adapter à la vente, à la consommation.
LE BILAN
Cette application regroupe de nombreuses notions qui ont déjà été
présentées. Savoir choisir en écoutant son corps, son intuition, ses émotions
était le but que je voulais vous faire découvrir peu à peu.
Vous avez passé du temps à scruter vos choix alimentaires, interpréter
vos décisions et leurs conséquences. Je vous encourage à poursuivre et à
adopter cette attitude cohérente, qu’elle devienne automatique.
Cette section consacrée à Mieux Choisir est centrale dans ce livre. Tout
revient à vos choix. Ceux du passé sont passés, échus. Ceux du futur sont
là, juste devant vous, jour après jour, repas après repas. Élevez vos choix au
niveau de la conscience, observez-les et choisissez en connaissance de
cause. L’acte de manger ne doit plus être un acte automatique pendant les
semaines ou les mois à venir. Reprenez le contrôle de vos choix, la
répétition, la prise de conscience et la fierté organisent pour vous la
reprogrammation et les nouveaux automatismes d’une vie plus légère.
«La liberté, ce n’est pas pouvoir faire ce que l’on veut, mais c’est
vouloir ce qu’on peut75.»
L’ANTI-TRAC
DE QUOI S’AGIT-IL?
Le TRAC est l’acronyme de «trouble de régulation des apports
caloriques»76 selon lequel un individu devient incapable d’adapter sa
consommation alimentaire à sa dépense énergétique. Cette appellation est
proposée par plusieurs spécialistes de la nutrition et de la régulation de
l’alimentation. Je l’ai temporairement adoptée car elle fait référence, par un
clin d’œil phonétique, à l’émotion à la base de la prise de poids: la peur.
L’obésité (comme toutes les pathologies liées au poids) n’est pas due à
un trouble du système de régulation. Au contraire, celui-ci fonctionne bien
en général (sauf dans des cas rares de maladies génétiques et
endocriniennes). Même trop bien, car il s’oppose sans arrêt aux
modifications que la volonté aimerait lui apporter. Affirmer que l’obésité
est le résultat d’un TRAC reviendrait à dire qu’elle résulte aussi d’un
TRDC77 (trouble de la réduction des dépenses caloriques) et d’un TDCN78
(trouble du choix de nourriture). Pour moi, l’obésité serait plutôt la
conséquence d’un TCDSPPLQSLPLP (trouble complexe d’un système
poussé plus loin que ses limites par la peur). Fictif, bien sûr!
En fait, l’obésité est un trouble du comportement alimentaire. Et, plus
que du TRAC, elle est le résultat du trac. Pas de l’acronyme mais du vrai
trac: la peur, l’émotion. L’obésité est ainsi le résultat d’un «trouble de la
régulation optimale de la peur», le TROP79. C’est une des raisons pour
lesquelles les régimes restrictifs sont sans effet sur l’obésité. À moyen et
long terme, ceux-ci perturbent l’équilibre émotionnel (frustration,
difficultés à se restreindre générant de la honte, peur de ne pas y arriver,
tristesse de ne pas se sentir à la hauteur, etc.) et alourdissent ainsi la charge
émotionnelle responsable du trouble initial.
Toutes les émotions négatives de base décrites par Darwin et Plutchik (la
tristesse, la colère, la honte, le dégoût et la peur) ont des répercussions sur
le contrôle alimentaire. Vous en avez suffisamment d’exemples dans votre
propre histoire, dans votre entourage, pour me croire sur parole. J’aimerais
pousser un peu plus loin la démonstration de ma théorie selon laquelle
l’obésité est le résultat d’un trop-plein de peur. Trop de peur mal
métabolisée, mal digérée émotionnellement. Dans la plupart des cas, il est
possible de retracer les émotions négatives jusqu’à la peur. Toute peur a un
pied dans le passé, un autre dans le futur, mais elle se vit au présent, un
présent imparfait.
PEUR ET POIDS
Le corps que nous habitons a tiré des leçons des expériences passées, depuis
les confins de l’humanité. La peur signale le risque de manquer d’un
élément essentiel à la survie: nourriture, sécurité, amour, confort. La peur
encourage au stockage pour l’avenir incertain. Les aliments de nos ancêtres
n’étaient ni abondants ni constants. Le corps a donc appris à stocker au
signal «peur». Des centaines de milliers d’années ont été nécessaires pour
parfaire ce système de stockage de l’énergie. Ce ne sont pas les quelques
centaines d’années passées depuis les bouleversements industriels et
économiques qui ont eu le temps d’adapter l’homme à la nouvelle donne.
La peur ordonne toujours le stockage généreux et juste de la graisse.
Quelle que soit la raison de celle-ci. Il en sera ainsi pour des milliers
d’années encore sur la Terre. J’ai déjà cité la phrase du philosophe grec
Épictète: «Ce qui cause du chagrin à cet homme, ce n’est pas ce qui lui
arrive (sinon cela ferait le même effet à tel ou tel), mais l’opinion qu’il se
fait de cet événement80.» J’aimerais que vous gardiez cette citation en
mémoire.
Une situation ou une émotion – que nous appellerons «déclencheur» –
entraînera une sensation qui sera immédiatement réceptionnée par le
cerveau et comparée à la bibliothèque des émotions passées et des
apprentissages. L’émotion sera alors étiquetée et pourra être utilisée comme
messager de l’information.
Le mammouth qui fonce vers le campement peut être perçu de plusieurs
façons et déclencher traque ou trac. Le chasseur aguerri s’exclamera de
joie: «Manger!», la mère de famille portant son bébé hurlera d’effroi
«Danger!». Manger! Danger! Même déclencheur mais effet opposé: le
combat ou la fuite. Émotion intense dont la valence dépend de votre
expérience, de vos buts, de vos apprentissages, de vos croyances et de votre
habileté à vous battre ou à courir. Tout cela évalué en une fraction de
seconde par notre cerveau émotionnel.
Avec cette nouvelle application Anti-Trac, nous ne chercherons pas à
changer le déclencheur (on ne touche pas au mammouth!) mais l’expérience
émotionnelle, les buts, les croyances, les apprentissages et toute la
coloration émotionnelle que vous leur attribuez. Nous chercherons ainsi à
diriger cette expérience émotionnelle vers une perception réaliste, lucide et
confiante. L’application vise à déplacer la valence et à réduire l’intensité de
la charge émotionnelle secondaire à un déclencheur. Diminuer l’intensité
perçue de la charge du mammouth.
De quoi avez-vous peur? Le mammouth a quitté la Terre, surgi du passé
de l’expérience des hommes, et déclenche toujours les peurs du futur. C’est
un spectre préhistorique, une représentation du danger dont l’homme a
conservé la trace: la peur, c’est la terre et le corps qui tremblent à son
passage. Le martèlement des pas lourds d’un événement affecte encore
votre cœur, longtemps après son passage.
LA PEUR
Quelle émotion négative vous a poussé à manger: peur de la solitude, peur
de la foule, peur du regard des autres, peur de votre propre regard, peur de
l’abandon, peur de manquer, peur de plaire, peur de déplaire, peur de tout,
peur d’avoir peur? La peur, lorsqu’elle se répète et se projette dans l’avenir,
devient un stress, une émotion fortement négative. C’est un troupeau de
fantômes issus du passé qui martèlent encore terre et cœur.
En pratique donc, pour cette application, vivez votre vie. Lorsque vous
ouvrez la bouche pour ingérer un aliment, le premier d’un repas, d’une
collation ou d’un grignotis, action! Filmez la scène en imagination,
rembobinez immédiatement pour chercher la séquence d’événement, de
lieu, de situation, d’émotion qui vous a poussé à ouvrir la bouche et à la
remplir. C’est tout. Enregistrez, notez sur la cassette: «Midi, il mange à
table, c’est l’heure, il n’a pas faim, il y a de la crème brûlée au dessert.»
Vous pouvez aussi noter (réellement ou dans votre mémoire) l’heure, le
lieu, les personnes présentes, les déclencheurs, la faim ou l’absence de faim,
l’aliment consommé, les quantités approximatives et l’émotion persistante à
la fin du repas. Notez mentalement si le moment est bien caractérisé par une
bonne émotion négative. Vous pouvez étiqueter ce moment avec 1 ou 2
minutes de cohérence respiratoire, sur place, immédiatement. C’est comme
si vous annotiez le film avec le micro, directement sur le lieu de tournage.
Ne jugez pas, ne commentez pas, observez et notez. L’émotion s’éprouve
dans le corps, le cœur, le ventre, la gorge, la peau, notez. Vous êtes script,
pas critique.
LE PLAISIR
La nature a rendu les aliments dont nous avons le plus besoin
spécifiquement bons au goût. Le problème apparaît lorsque le «bon à
manger» devient le «trop à manger». L’industrie moderne a ainsi concentré
ces «bons goûts» artificiellement en raffinant les produits à l’extrême et leur
marketing redoutable a fait le reste pour que ces produits se retrouvent dans
nos Caddie.
Si nous mangions par pur plaisir, nous ne grossirions pas, j’en suis
persuadé. En effet, le plaisir visuel disparaît dès la mise en bouche. Les
plaisirs gustatif et olfactif disparaissent progressivement à chaque bouchée
d’un même aliment, quelques bouchées suffisant à atténuer le plaisir des
mets les plus raffinés.
Faites consciemment l’expérience lors de vos prochains repas.
Choisissez un aliment que vous aimez beaucoup. Goûtez une bouchée,
attribuez une note de plaisir de 1 à 10. Prenez une seconde bouchée, notez
et continuez ainsi jusqu’à ce que le plaisir ressenti ne dépasse pas la
moyenne d’un aliment quelconque. Mangez par plaisir, arrêtez dès que vous
n’avez plus de plaisir: une petite phrase pour un grand principe. Notez ce
merveilleux déclencheur de gastronome.
LA PRÉPARATION
Asseyez-vous à la table de montage virtuel. Votre travail de script est
terminé, la journée fut longue, elle a demandé beaucoup d’attention et
d’application. Le travail de montage peut commencer.
Reprenez toutes les vidéos imaginaires de la journée. Pour simplifier les
choses, commencez le matin et passez toute la journée en revue. Arrêtez-
vous sur chaque vidéo où vous mangez. Combien de vidéos? Le nombre
vous donnera déjà une idée du scénario. Quatre, cinq ou six séquences
seraient la norme pour un court-métrage, une journée de la vie normale est
un court-métrage. Avez-vous mangé dix fois, vingt fois? Plus vous aurez
mangé souvent, plus le montage sera difficile, mais plus il sera nécessaire.
Avez-vous les séquences complètes avec les commentaires? Le déclencheur
est-il repéré? L’émotion finale a-t-elle été récoltée? Honte, satisfaction,
dégoût, déception, tristesse, joie, colère, etc. La séquence est donc utilisable
pour le montage. Conservez les séquences et passez au montage du film de
la journée.
LE RENFORCEMENT ÉMOTIONNEL PAR LA COHÉRENCE
CARDIAQUE
Mettez-vous en cohérence cardiaque par la respiration et la focalisation par
le cœur; 1 minute devrait suffire. Démarrez la vidéo imaginaire de chaque
séquence, l’une après l’autre. Partez de quelques minutes avant le
déclencheur, revoyez la scène, revivez-la, passez-la au ralenti s’il le faut.
Les émotions se vivent, se sentent. Vous ne pouvez rien changer à la
séquence, c’est du passé, l’émotion reste, elle est enregistrée. Restez en
cohérence cardiaque, maintenez cette respiration lente, maintenez la
focalisation sur le cœur alors que les images de vous en train de porter un
aliment à la bouche défilent au ralenti.
Entre chaque séquence, pratiquez quelques respirations pour revenir en
cohérence et repartez dans le montage. La totalité de l’exercice ne durera
que quelques minutes. Si la séquence vous paraît trop longue vous pouvez
choisir les événements les plus marquants de la journée. La cohérence
cardiaque et émotionnelle que vous associez à votre comportement
alimentaire va moduler l’émotion vécue et viendra moduler,
progressivement, la charge émotionnelle et votre comportement alimentaire
futurs.
Nous utilisons ici une technique de thérapie cognitive et
comportementale, il s’agit d’exposition en imagerie mentale. La répétition
d’un scénario en imagination, dans le confort d’un moment et d’un lieu
choisis, va imprégner les réactions et la programmation émotionnelle des
moments similaires de la «vraie vie». C’est le principe du jeu chez l’enfant,
le «faire semblant» prépare à la vie «pour de vrai». Tous les petits scénarios
de peur que vous aurez préjoués et répétés se dénoueront lorsque vous serez
à nouveau face à des choix dans la vraie vie.
LE CIRCUIT DE LA PEUR
La peur isolée est une émotion, elle est instantanée et fugace. La peur
(l’émotion) emprunte deux voies de transmission pour venir à notre
conscience. Joseph Ledoux82, un théoricien de l’émotion, explique le
circuit de la peur en donnant l’exemple du promeneur dans un bois. Celui-ci
marche et soudain, à ses pieds, voit une forme floue suspecte. C’est peut-
être un serpent! Le thalamus est immédiatement activé, il alarme
l’amygdale qui enclenche à son tour les réactions corporelles de la peur. En
outre, le thalamus envoie l’information au cortex visuel qui décrypte de
façon détaillée l’image: bâton ou serpent? S’il s’avère qu’il s’agit d’un
serpent, le cortex visuel renforce la fonction amygdalienne et les
manifestations corporelles de la peur sont maintenues; les réactions de fuite
ou de combat sont mobilisées. A contrario, si le cortex visuel décode de
façon précise l’image d’un bâton, il freine la fonction amygdalienne et
toutes les expressions corporelles de la peur vont dès lors s’estomper. Au
niveau de la survie de l’espèce, il vaut mieux prendre un bâton pour un
serpent que subir la morsure d’un serpent identifié avec quelques
millisecondes de retard. Douze millisecondes sont nécessaires pour qu’une
stimulation atteigne l’amygdale. Le détour par le cortex pour une analyse
fine exige le double de temps. La voie courte thalamus-amygdale permet
ainsi d’assurer des réactions de survie, de fuite et de combat dans un délai
très court au détriment d’informations précises. La voie longue thalamus-
cortex-amygdale assure une perception précise du stimulus mais nécessite
un prolongement du temps de réaction qui peut être fatal en cas de danger.
LE SALAIRE DE LA PEUR
L’adrénaline est l’hormone de la peur-émotion. Elle n’entraîne pas de
réaction de stockage d’énergie, au contraire. La brusque poussée
d’adrénaline mobilise immédiatement l’énergie pour la fuite et le combat.
Cette hormone bloque la faim et coupe l’appétit. Certains médicaments ont
tenté de reproduire son action: ce sont les amphétamines, qui ont été
utilisées pour perdre du poids. Efficaces sur le court terme mais redoutables
en conséquences sur le long terme. Les répétitions de la stimulation par
l’adrénaline et les produits apparentés épuisent en effet les défenses de
l’organisme ainsi que sa résistance. Les glandes surrénales responsables de
la sécrétion de ces hormones ne résistent pas.
La répétition de la peur, son insistance, le sentiment d’impuissance face
au danger créent le stress, l’anxiété. Les circuits hormonaux changent: le
cortisol prend le relais de l’adrénaline. Le corps se met en mode économie
d’énergie. Après avoir lutté et réagi, il se replie, accumule des réserves et
modifie les comportements inconscients dans ce sens.
Ce n’est pas la peur qui fait grossir. La prise de poids est la conséquence
de la succession d’émotions telles que la peur, qui sont devenues anxiété,
angoisse et stress. Ce sont elles qui sont en cause dans le déclenchement des
prises alimentaires censées préparer des réserves.
C’est la raison pour laquelle nous ne cherchons pas une peur unique et
isolée lors de l’exercice. Nous cherchons des scénarios à répétition. Le
professeur Ledoux, dont j’ai pris l’exemple du promeneur dans le bois, a
démontré que les troubles anxieux sont liés à l’activation pathologique du
circuit court des émotions83. L’activation pathologique est modelée par les
expériences passées, les traumatismes, les émotions non gérées, une
sensibilité particulière, les conflits interpersonnels et les échanges avec le
monde. Il existe également une prédisposition génétique innée. Les
personnes souffrant d’obésité possèdent ainsi une fragilité émotionnelle
particulière qui active le circuit court de la peur.
Pour confirmer ce qui a été décrit par Ledoux, des techniques d’imagerie
cérébrale ont mis en évidence une activation de l’amygdale chez les sujets
exposés à des visages menaçants84, et une réponse exagérée lorsqu’ils
souffrent d’anxiété85, de dépression86 ou de stress posttraumatique87. La
répétition des stimuli effrayants entretient un état de stress et d’anxiété
permanent. Comment y échapper? En atténuant l’impact émotionnel du
stress à répétition. L’impact d’une émotion négative peut ainsi être affaibli
par la superposition d’une émotion positive. C’est ce que nous pratiquons
avec la cohérence cardiaque: nous superposons un signal de cohérence
ayant une valence positive à une image mentale de situation déplaisante.
Nous n’avons rien inventé, le corps y avait pensé en imaginant le circuit du
plaisir.
LE CIRCUIT DU PLAISIR
Le plaisir est une émotion à valence positive, nous le savons. Le plaisir
gustatif et olfactif est activé par la prise d’aliments de confort, en général
sucrés et/ou gras, qui rappellent la composition du lait maternel fait de sucre
et de graisses. Une voie cérébrale complexe s’active et la dopamine,
l’hormone de la récompense, est sécrétée. Manger stimule la production de
dopamine, qui est interprétée comme une récompense encore plus puissante
si, dans l’enfance, on a connu l’apprentissage du bonbon, du gâteau ou du
dessert comme moyen de gratification.
Les aliments de confort, en général faits de glucides et de lipides
fortement concentrés (chips, barres chocolatées, biscuits apéritif, gâteaux,
pâtisseries, etc.) activent fortement le circuit de la dopamine et de la
récompense. Un petit noyau cérébral est stimulé; il s’agit du noyau
acumbens, situé en avant du cerveau, celui-là même qui est impliqué dans
toutes les conduites addictives. Le rôle de la dopamine a été clairement mis
en évidence dans l’action hédonique88 des drogues. Toutes les substances
inductrices de plaisirs artificiels comme la nicotine, l’alcool, les dérivés de
l’opium (l’héroïne, la morphine), le cannabis, la cocaïne, l’amphétamine et
son dérivé, l’ecstasy, agissent sur le circuit du cerveau émotionnel et
déclenchent au niveau de l’acumbens, la libération de dopamine.
Manger des aliments de confort libère aussi de la dopamine. Prêtez donc
une attention particulière à ces aliments. Observez les situations où vous
recherchez du chocolat, un biscuit, un paquet de chips, un verre d’alcool.
Repérez la situation, l’émotion, vous pouvez être certain qu’elle existe. Un
aliment de confort n’est jamais consommé par hasard. Ces produits sont
reconnaissables, car ils sont en général emballés avec soin par le fabricant
et font l’objet de campagnes publicitaires pour inciter à leur consommation.
Le marketing vise la fidélisation de la clientèle.
Or, on le sait, la dépendance aux aliments de confort est le meilleur
moyen de fidéliser un consommateur. Avez-vous déjà vu une publicité pour
de la laitue? La salade nature entraîne peu de plaisir et aucune dépendance.
Nous sommes spontanément attirés par les aliments les plus denses en
calories, en sucres, en graisses et en plaisir.
Le plaisir est la récompense d’un besoin satisfait. La peur est
l’anticipation d’un besoin non satisfait. Ces deux émotions antagonistes
sont orientées vers le même but final: encourager les comportements de
satisfaction des besoins et décourager ceux de non-satisfaction des besoins.
Lorsque vous passez votre journée émotionnelle en revue, le soir, chaque
fois que vous décelez une séquence alimentaire qui n’a pas été
manifestement déclenchée par la faim, cherchez la peur. Posez la question:
qu’est-ce qui me manque? Passez la liste des besoins en revue.
Le sentiment d’insécurité
Dans la plupart des cas, vous pourrez commencer par cette question-là et
trouverez une réponse. Insécurité émotionnelle, sociale, financière,
professionnelle. Les exemples sont nombreux, ils sont tous motivés par la
peur du danger.
Le sentiment d’abandon
C’est le manque d’amour, l’impression de rejet d’un groupe, la solitude. La
peur d’être seul.
Le sentiment d’infériorité
C’est la mauvaise estime de soi. Le manque de respect des autres. La peur
de ne pas plaire et d’être insuffisant.
La peur de l’échec
Les quatre derniers niveaux des besoins fondamentaux de l’individu, s’ils
ne sont pas atteints avec la réalisation de soi, entraînent la peur de l’échec.
Ai-je peur d’un danger? Ai-je peur d’être seul? Ai-je peur d’être
insuffisant? Ai-je peur de l’échec? Posez-vous ces questions honnêtement,
profitez du révélateur émotionnel qu’est la prise d’aliments utilisée pour
assouvir un besoin non nutritionnel. En manque, le corps feint la faim.
L’anagramme de «peur» est «repu». Mélangez les lettres de temps en
temps, transformez l’angoisse en satisfaction. Autre anagramme
intéressante, elle ne fonctionne qu’en anglais mais je vous la donne quand
même, inversez STRESSED (qui veut dire «stressé») et vous obtenez
DESSERTS.
LE BILAN
Au rythme de 4 à 5 exercices par jour, nous poussons toujours plus loin
dans la découverte des retranchements défensifs et protecteurs que la nature
a mis en place pour faire face. Vous êtes hypersensible à l’environnement
mais réagissez de façon basique aux besoins non satisfaits. À force d’être
immergé dans un univers émotionnel intense et stressant, vous êtes devenu
trop sensible aux stimuli complexes, votre cerveau confond les besoins et
les transforme en faim. Peu à peu, vous êtes devenu «hyposensible» aux
émotions de base, pourtant fondamentales et élémentaires, pour ne prendre
en compte que celles qui vous signalent un manque, une frustration.
Lorsqu’on s’intéresse au fonctionnement des personnes en difficulté
avec leur poids (dont je fais partie, je sais donc de quoi je parle et ce que
j’écris) et lorsqu’on le rapporte aux peurs de base, il y a pratiquement
toujours la peur de manquer. Réfléchissez-y si ce n’est pas votre cas.
76 Authentique
77 Pure fiction.
78 Pure fiction aussi.
79 Vous l’aurez compris, je l’espère, en dehors du TRAC, j’ai inventé temporairement les autres
acronymes car je suis acrophile…
80 Épictète (50-135), Le Manuel d’Épictète, article XVI.
81 Préprandial: avant de manger, en opposition à postprandial: après manger, plus courant.
82 Joseph Ledoux, «Émotion, mémoire et cerveau», Pour la science, 202: 50-57, 1994.
83 Joseph Ledoux, The emotional brain, Weidenfeld & Nicolson, 1998.
84 J.S. Morris, «A neuromodulatory role for the human amygdalia in processing emotional facial
expressions», Nature, 383: 812-815, 1998.
85 K.M. Thomas, «Amygdalia response to fearful faces in anxious and depressed children»,
ArchGenPsychiatry, 58: 1057-1063, 2001.
86 W.C. Drevets, «Prefontal cortical-amygdalar metabolism in major depression», Ann NY Acad Sci.
877: 614-637, 1999.
87 N. Birbaumer, «fMRI reveals amygdala activation to human faces in social phobics»,
Neuroreport, 9: 1223-1226, 1998.
88 Hédonique: qui procure du plaisir.
CHAPITRE 9
MON MIROIR
PRÉAMBULE DE GENRE
À partir d’ici et jusqu’à la fin de ce chapitre, je prendrai volontairement une
licence avec la grammaire française décrétant que le masculin doit
prédominer sur le féminin. Par respect et reconnaissance pour la femme au
maillot de bain, le reste de ce chapitre sera accordé avec la prédominance
féminine. Si ce chapitre se féminise il se généralise aussi, et je vous le dédie
aussi messieurs.
LE PRINCIPE
Mon Miroir repose sur ce que l’on appelle une désensibilisation: on
s’expose de manière répétée et prolongée au déclencheur d’une émotion
négative pour atténuer la réaction qu’il déclenche habituellement.
L’association d’une image émotionnellement désagréable à la pratique de la
cohérence cardiaque entraîne une désensibilisation spécifique qui permet,
petit à petit, de passer par la neutralité et ouvrir ainsi la voie à l’acceptation
puis aux émotions à valence positive.
COMMENT SE REGARDER?
Scannez votre corps. Parcourez-le du regard en entier, passez d’une partie à
l’autre. Les endroits de votre corps que vous aimez et ceux que vous
n’aimez pas encore. Sans jugement, avec la cohérence cardiaque qui atténue
ces émotions désagréables au fur et à mesure de leur émergence.
EN SAVOIR PLUS
LA DÉSENSIBILISATION PAR L’EXPOSITION
La désensibilisation par l’exposition est une technique utilisée par de
nombreuses pratiques de psychothérapie, en particulier dans l’indication des
phobies. J’ai pratiqué cette technique dans le cadre du surpoids pendant
plus de quinze ans avec des résultats qui m’impressionnent encore, d’abord
avant d’avoir introduit la cohérence cardiaque dans ma pratique, ensuite
avec celle-ci et le résultat n’en fut qu’amplifié. Pour commencer, laissez-
moi vous raconter comment je présente la désensibilisation à mes patientes.
«Imaginez que vous allez au cinéma pour voir un film d’horreur: vous
allez ressentir dans votre corps tous les effets des émotions suscitées par le
film. Le cœur accélère, les mains transpirent, la respiration devient rapide et
courte, vos poils se hérissent: la peur. Vous avez envie de vomir: le dégoût.
Vous tournez la tête: la honte, la peur. Vous devenez écarlate: la colère, la
peur. Vous avez envie de partir: la peur. Vos yeux sont grands ouverts: la
surprise, la peur. C’est le but du film: faire peur et susciter ces émotions
violentes.» OK.
«Imaginez que vous retournez au cinéma pour voir le même film le
lendemain: les réactions sont un peu moins violentes, la surprise a disparu.
La surprise est une émotion qui potentialise celles avec lesquelles elle est
associée.» OK.
«Imaginez maintenant que vous allez voir le même film tous les jours
pendant trois semaines.» Le film devient ennuyeux, il ne suscite plus de
réactions désagréables, il perd tout intérêt, devient ridicule, la charge
émotionnelle est nulle.
C’est le principe de la désensibilisation. L’habituation est une
caractéristique des êtres vivants qui leur permet de s’adapter aux menaces
récidivantes. Si nous arrivons à rester présents au cinéma et que nous
bombardons nos sens des images initialement émouvantes, nous perdons,
petit à petit, la capacité d’émotion. Face à une situation émotionnellement
chargée, nous perdons petit à petit de l’intensité émotionnelle si nous
arrivons à rester en présence du stresseur. C’est le principe de la
désensibilisation des phobies.
AVIOPHOBIE
Aussi appelée aérodromophobie, c’est la peur de prendre l’avion. 20% de la
population mondiale en serait atteinte à des degrés divers. De nombreux
organismes, compagnies aériennes, psychologues, psychiatres et autres
spécialistes ont développé des stages de désensibilisation à cette phobie qui
cloue au sol des milliers d’aspirants voyageurs aériens.
J’utilise cet exemple pour expliquer le principe de la désensibilisation
par l’exposition, c’est plus facile que de l’expliquer de façon théorique. La
méthode est aussi appliquée à la plupart des autres phobies.
Tout d’abord, les participants aux stages suivront des cours sur la
physique du vol, comment vole un avion, la météo, les statistiques des vols
en avion. Des notions de base qui permettent de se familiariser avec
l’environnement des machines volantes. Ensuite ils pourront être emmenés
dans un aéroport, s’approcher des avions, monter dans un avion au sol,
l’exposition physique est progressive, l’approche et l’immersion se font en
respectant la peur, en restant en situation jusqu’à ce que la peur décroisse
(ce qu’elle fait toujours après un certain temps). Ensuite, selon le type de
stage, il est proposé des séances de simulateur de vol, ou des séances dans
un avion réel qui ne décolle pas. Toujours de l’immersion progressive et
graduelle dans l’exposition à la situation redoutée. Une fois que toutes ces
étapes ont été effectuées dans une relative sérénité, enfin un véritable vol
peut être programmé.
Pendant les stages, des techniques de relaxation musculaire ou de
recentrage émotionnel sont proposés. Certains stages proposent aussi de la
cohérence cardiaque qui est, d’ailleurs, en voie de généralisation. La
cohérence cardiaque a fait sa preuve comme outil de recentrage émotionnel
et de désensibilisation par l’exposition en neutralité émotionnelle.
LA DERNIÈRE FOIS
«Le corbeau honteux et confus jura mais un peu tard, qu’on ne l’y
prendrait plus91.»
«Je regrette ce deuxième morceau de gâteau! J’ai honte d’avoir choisi les
frites et pas la salade, elles n’étaient même pas bonnes en plus! Je suis en
colère contre moi, je n’ai pas pu résister! J’en ai marre, c’est toujours pareil,
je mange puis je le regrette!»
Vous connaissez ces phrases chargées d’émotions négatives contre vous-
même, votre comportement. Vous vous jurez que la prochaine fois ce ne
sera pas comme la dernière fois, que la dernière fois il n’y aurait pas de
prochaine fois.
DE QUOI S’AGIT-IL?
«C’est bien la dernière fois.» Les résolutions, quelles qu’elles soient, se
basent sur une évaluation du passé pour imaginer un futur différent. «La
folie, c’est de toujours faire la même chose et de s’attendre à un résultat
différent92.» Et pourtant les mêmes causes déclenchent les mêmes effets et
les mêmes comportements que nous regrettons.
Lorsque j’ai suivi mon cours de psychologie cognitive et
comportementale, j’ai appris à rédiger l’analyse fonctionnelle d’un
comportement. Cette analyse avait pour but d’étudier le déroulement
automatique d’un comportement pour comprendre comment une cause, un
déclencheur (situation, lieu, odeur, environnement, personne), pouvait
entraîner un comportement stéréotypé. Ceci dans le but de modifier la
cascade événementielle lorsqu’elle est défavorable. Plusieurs modèles
d’analyse fonctionnelle existent selon les auteurs. En simplifiant au
maximum, voici ce que pourrait être un modèle.
LES REGRETS
Cherchez s’il y a eu un épisode de regret au cours de la journée passée. Un
regret est une émotion désagréable qui a été déclenchée par un
comportement alimentaire que vous avez eu et que vous avez regretté
presque aussitôt la dernière bouchée ou gorgée avalée. S’il n’y a pas eu de
regret dans la journée, vous pouvez pratiquer votre exercice de 5 minutes
sereinement. Vous pourriez aussi désensibiliser à nouveau un regret de la
veille si vous le désirez.
LE FLASH-BACK
Le regret est le clap de fin d’une scène. Rembobinez mentalement pour
revenir à l’origine, au clap de départ. C’est souvent très court dans le temps,
quelques minutes, rarement plus. À quel moment dans cette séquence avez-
vous commencé à éprouver de la pseudo-faim, du désir, l’envie de manger
ou de boire? Je vous rassure, ce n’est pas si évident que cela à retrouver a
posteriori.
DÉSENSIBILISATION
Repassez la séquence du désir au regret en entier tout en restant focalisé sur
votre respiration de cohérence cardiaque. C’est un exercice assez difficile
mais l’enjeu93 en vaut la chandelle. Vous vous améliorerez en pratiquant.
Cette désensibilisation doit être faite sans jugement, sans émotion. Vous
vous observez et observez votre émotion, c’est de l’empathie: reconnaître
l’émotion de l’autre sans la ressentir soi-même. C’est grâce à l’empathie
que tous les psychologues et des psychothérapeutes ne deviennent pas
dépressifs. Ils observent, connaissent, reconnaissent les émotions de leurs
patients sans les ressentir eux-mêmes, c’est cette objectivité détachée qui
fait leur force.
EN SAVOIR PLUS
L’application La Dernière Fois consiste à modifier un comportement
défavorable à votre objectif de régulation du poids en détectant le regret qui
y est associé. S’il y a eu regret, c’est qu’il y a forcément eu un déclencheur
ayant entraîné une cascade de comportements programmés que vous
aimeriez modifier pour qu’on ne vous y prenne plus. Remonte le temps
jusqu’au déclencheur, en imagerie mentale.
La cohérence cardiaque place le pratiquant en situation de neutralité
émotionnelle. L’association des situations, des émotions et des cognitions
avec la cohérence cardiaque donnera du recul par rapport au déclencheur. Si
les mêmes causes entraînent les mêmes conséquences, vous avez beaucoup
à gagner à désensibiliser toutes les situations alimentaires regrettables pour
avoir de la distance par rapport à la situation et rester maître de votre
comportement en toutes circonstances. Il s’agit de soulager le poids
émotionnel d’une situation initiale, celle qui vous pousse à compenser et à
vous récompenser. C’est la répétition de la désensibilisation qui vous
permettra le «lâcher prise» alimentaire. Ça vaut vraiment le coup d’essayer
et de persévérer.
LE BILAN
Lorsque vous arriverez, après la pratique préalable de plusieurs sessions de
désensibilisation, à être en situation à risque sans flancher, sans faillir, sans
regret, vous saurez que le bilan a été positif. N’hésitez pas à vous faire aider
si vous trouvez la démarche trop difficile. Les psychologues et
psychothérapeutes cognitivo-comportementalistes peuvent vous
accompagner. Certains ont suivi une formation en cohérence cardiaque, ce
n’est pas encore la majorité mais j’espère toujours que cette pratique
professionnelle prendra de l’ampleur, et c’est en bonne voie.
C’était la dernière application proposée dans ce livre.
Vraisemblablement la plus difficile, mais aussi la plus gratifiante, en tout
cas c’est celle que j’ai eu le plus de plaisir à proposer à mes patients au fil
des années car l’efficacité est souvent au rendez-vous si la constance est
présente.
J’espère que vous direz un jour «c’était la dernière fois que j’ai ressenti
du regret d’avoir mangé». J’espère aussi que vous retrouverez du plaisir à
manger et que ce plaisir persistera au moins jusqu’au prochain repas
agréable.
En toute amitié,
Cordialement vôtre,
DAVID O’HARE
LES LIVRES
• Guérir, Dr David Servan-Schreiber, Robert Laffont, 2003.
Premier livre édité en France en 2003 faisant état de la cohérence cardiaque
comme outil de gestion du stress. Référence initiale, c’est un livre
indispensable pour tous ceux qui désirent comprendre et connaître les
techniques de gestion du stress, de l’angoisse et de la dépression sans
médicament ni psychanalyse.
• Symbioline
Distributeur: Symbiofi, www.symbiofi.com
Développé en partenariat avec le CHRU de Lille. Symbioline est décliné en
deux versions, pour les professionnels et les particuliers.
• www.coherence.info
C’est le portail de la cohérence cardiaque qui vous oriente vers les sites ci-
dessous. Actualité du Dr David O’Hare et réseaux sociaux.
• www.emnergie.com
Site généraliste pour le public avec des guides respiratoires, une newsletter.
Une formation de base pour tous en vidéo-formation. C’est le site de base
du Dr David O’Hare
• www.equilibios.com
Formations pour les professionnels de la santé, de l’accompagnement et du
coaching animées par le Dr David O’Hare. Distribution de matériel et de
logiciel de cohérence cardiaque.
• www.eole.tv
Formations en ligne pour les professionnels de la santé, de
l’accompagnement et du coaching animés par Dr David O’Hare.
• www.aireca.org
Annuaire géographique des professionnels de la santé, de
l’accompagnement et du coaching ayant validé une formation en cohérence
cardiaque. Liste des professionnels certifiés et des professionnels certifiés
en accompagnement de la régulation du poids.
• www.coherence.club
Le club est réservé à tous les professionnels de la santé, du mieux-être, de
l’accompagnement et du coaching ayant suivi l’une des formations des sites
ci-dessus. Il comporte des ressources et des moyens de communication pour
un exercice de la cohérence cardiaque plus efficace.
• www.guerir.fr
Articles, reportages, démonstrations et blogs concernant la cohérence
cardiaque. Site créé par le Dr David Servan-Schreiber.
À bientôt,
DAVID O’HARE