Vous êtes sur la page 1sur 36

Templarium Premier magazine des moines-chevaliers

Ordre de chevalerie Commanderie


Ordre des
Teutoniques Templiers et
Ordres religieux
Les moines cisterciens Hospitaliers
Chevalerie mystique
Les Templiers ont-ils
en Auvergne
possédé le Graal ?

Templi Domorum citra Francia


Les années prodigieuses
des Templiers

Reconstitution historique médiévale


Estivales du Larzac 2002

N° 2 Trimestriel - juillet/août/septembreTemplarium
2002 -
SOMMAIRE
4-5 HISTOIRE 6-13 COMMANDERIE
Les Templiers furent-ils Templiers et Hospitaliers
coupables en Auvergne au Moyen-
René Gilles Âge
Laurent d’Agostino

14-17 TEMPLI 18-19 CHRONIQUE


DOMORUM CITRA D’UN PERSONNAGE
FRANCIA Raymond Lulle, le
Les années prodigieu- « Docteur illuminé »
ses des Templiers Guy Tarade
Jan Hosten

20-23 ORDRE DE 24-25 ORDRE


CHEVALERIE RELIGIEUX
L'Ordre des chevaliers Les moines cisterciens
Teutoniques Jean-Luc Alias
Jehan de Lauris

26-27 CHEVALERIE 28-31 RECONSTITU-


MYSTIQUE TION HISTORIQUE

Les Templiers ont-ils Estivales du Larzac 2002


possédé le le Conservatoire Larzac
Saint Graal? Templier et Hospitalier
William Mann

32 INTERNET 34 COIN DES ARCHIVES 35-36 ANNONCES

2 - Templarium
Éditorial
Q ued'êtredireunactuellement des vertus de la chevalerie et de l’amour courtois ? D’un homme convaincu
chevalier errant, en quête de prouesses remarquables telles qu'elles sont racontées dans les
récits de chevalerie médiévaux ! De la poésie épique, lyrique et satirique adoptée dans la langue des
troubadours ou celle des Spielleute, ménestrels errants ! C’est le résultat d’un code de conduite absent
dans la société d’aujourd’hui.
Être un héros victime de sa propre imagination, cela relève peut-être de la « folie », acte déraisonnable
issu d’un entêtement à vouloir interpréter un monde fictif et rassurant, qui a le même zèle que l’univers
épico-chevaleresque : servir de consolation à l’humanité et lui rendre supportable une existence sans
relief.
La chevalerie est mise en valeur grâce à l’initiation, terme pratiquement dépouillé de son sémantisme
propre. « Initiation », dérivant du vieux verbe français « initier », lui-même issu du latin initiare, com-
mencer, commencer un chemin, a signifié loyalement durant des siècles « introduire aux mystères, aux
arcanes, à la connaissance de quelque chose – une religion, une secte, une science, un plaisir ou un vice,
un domaine ou une institution le plus souvent marqués par le secret ou la complexité ». Dans la majorité
de ses occurrences nouvelles, principalement journalistiques, d’autres définitions prennent forme: ini-
tiation à l’informatique, délits d’initiés, ou initiation au golf, au bricolage, etc. Son sens profond est
l’amorce d’une évolution visant à développer chez l’homme ses facultés supra-humaines, forme initiati-
que principalement chrétienne dans le monde occidental : c’est la Chevalerie. Une jonction s’opère
entre elle et la noblesse, semblable à celle qui existe entre les ordres monastiques et le clergé. Elle est
caractérisée par le mythe de l’intériorité ou bonté de l’esprit, indispensable à la moralité, toutefois plus
conséquente dans la Chevalerie qui détermine le noyau intérieur de la noblesse.
L’Occident chrétien regroupé en trois ordres, assurait des fonctions précises à chacun: les chevaliers (la

Directeur de publication: noblesse), chargés de la guerre; les clercs (le clergé),


Lionel Clergeaud responsables de l’Église; les bourgeois, artisans et
paysans (tiers-état), indispensables car leur travail fait
Rédacteur en chef: vivre les deux premières classes. Ce trio représentait
Jean-Luc Alias l’Âme, l’Esprit et le Corps, tout comme la triple fleur
de lys symbolisait chez les Templiers, la Foi (le pape),
Maquette la Sagesse (le roi) et la Chevalerie (le Temple). Le
Jean-Luc Alias et Lionel Clergeaud devoir de l’Âme est de consolider l'unité de l’Esprit et
du Corps, de la même façon que la noblesse assurait la
Photographies vie du peuple en l’unissant au clergé. Ainsi, le rôle de
Jean-Luc Alias sauf mention contraire la Chevalerie était de garantir la paix et l’unité du corps
social.
Photogravure Après le XVe siècle, la chevalerie dont les membres
Maxi Prim’ à Pertuis étaient généralement nobles, voit s’intégrer dans son
rang les civils qui rendaient des services notoires dans
Rédaction, publicité. Documentation le domaine public : c’est la valeur morale d’une per-
CEHPOT sonne qui prime plus que le titre inné. Au XIIe siècle,
BP 18 le mot français «˹chevalier˹» (ou «˹cavalier˹») avait
84360 LAURIS un sens honorifique, de même que knight qui dérivait
Tel 04 90 08 44 13
du mot anglo-saxon cnight, signifiant «˹serviteur˹».
Jean-Luc.ALIAS@wanadoo.fr
Les trois degrés de la Chevalerie cheminaient du
Abonnements
social au spirituel : de la chevalerie du siècle com-
Sarl DAEG posée de gentilshommes ; de la chevalerie errante,
BP 5 pèlerins solitaires en quête de l’amour de Dieu,
38970 CORPS d’une dame ou seulement de l’honneur ; et de la
Tel 04 76 30 06 19 chevalerie monastique composée de membres
Fax (04) 76 30 03 51 dépouillés de tout, et devenus des moines-
soldats. Ces derniers se vouaient à la défense des
Vente en Kiosque pèlerins sur les chemins incertains, bâtissaient
NMPP des hôpitaux pour secourir les malades et les
pauvres. Les plus notoires sont les trois Ordres
TEMPLARIUM est une revue trimes- des Templiers, Hospitaliers de Saint-Jean de
trielle publiée par la Sarl DAEG © Jérusalem, et Chevaliers Teutoniques.
Commission Paritaire : en cours Aujourd’hui, l’esprit de la Chevalerie souffle
ISSN en cours encore même si elle est devenue subsidiaire,
Dépôt légal à parution hormis l’Ordre de Malte. Quelques Ordres
perpétuent l’initiation héritée du passé pour
Reproduction interdite extraire la quintessence de chaque individu :
Crédits photos & illustrations: « être noble, c’est maintenir ; être chevalier, c’est
tous droits réservés se surpasser ».
La direction n’est pas responsable des Est-ce que le monde pourrait se passer de ceux qui font
articles qui n’engagent que leurs auteurs la Chevalerie ? Jean-Luc Alias
Rédacteur en chef

Templarium - 3
Historique

Les Templiers furent-ils


coupables ?
Par René Gilles

S i l’on aborde l’histoire


des Templiers sans te-
nir compte du rôle ésotéri-
du Tiers ordre franciscain,
forces blanches, contre la
franc-maçonnerie anglaise,
quelle l’autorité spirituelle
et le pouvoir temporel eus-
sent repris leur place et leur
que de l’Ordre et des buts fille des Templiers, forces valeur respectives.
secrets que poursuivirent noires. Ce dessein allait de pair
ses dignitaires, on risque de La cupidité de Philippe le avec un autre que l’Église
réduire l’affaire aux banales Bel, si souvent évoquée, ne n’aurait su voir d’un œil
proportions d’un geste d’au- fut pour rien dans la très favorable. Les Tem-
tocrate soucieux de s’appro- condamnation de l’Ordre. pliers Johannites son--
prier les richesses du Tem- En détruisant le Temple, le geaient à établir au-dessus
ple. Rechercher les causes roi ne cherchait pas à s’ap- du pontificat de Pierre, celui
pro-fondes des grands faits proprier ses biens — s’il en de Jean; au-dessus de l’É-
historiques afin d’en com- profita en usufruitier habile vangile exotérique, l’Évan-
prendre l’enchaînement à sauvegarder ses intérêts, il gile ésotérique. L’idée n’é-
souvent mystérieux ou inex- ne fit aucune difficulté pour tait pas nouvelle, Charlema-
plicable pour qui ne les les remettre aux Hospita- gne déjà l’avait eue et un
considère que sous leur as- liers ensuite, — il ne voulait pape, au moins, l’avait ap-
pect extérieur, devrait être que sauver sa couronne. Sa prouvée. L’ardent besoin de
la première préoccupation décision, longuement mûrie retrouver dans les Écritures
de ceux qui en écrivent. et différée, ne fut mise à l’Esprit qui vivifie, enseveli
La suppression de l’Ordre exécution qu’au moment où soigneusement depuis le
du Temple ne peut être ra- il eut conscience de l’immi- quatrième siècle sous la
baissée comme on l’a long- nence du danger que courait Lettre qui tue, ne s’était pas
temps cru, à une de ces spo- la monarchie. éteint chez tous ceux qui
liations ordonnées par un Il est aisé autant que vain de avaient éclairé la lecture des
chef d’Etat tout puissant, discourir sur l’avarice de Épîtres de Saint Paul.
pas plus que la condamna- Philippe IV et sur la lâcheté Philippe eut-il l’intention de
tion de Jehanne d’Arc ne de son compère et complice prendre la défense de la pa-
peut être attribuée à une Clément V. Le second de- pauté? C’est peu probable et
simple colère des clercs, vait sa tiare au premier, qui l’utilité en était discutable;
contre celle qui affirmait ne s’embarrassait pas de du reste, le coup qu’il se
avoir reçu sa mission de formules protocolaires pour préparait à porter aux Tem-
Dieu. le lui rappeler quand cela pliers suffirait à ruiner tous
Dans les deux cas, de gra- devenait nécessaire. Mais leurs projets.
ves mobiles secrets entrè- l’avidité de l’un et la veule- Maître dans l’art de dissi-
rent en jeu; dans les deux rie de l’autre ne suffisent muler, le roi sut cacher, des
cas, des raisons presque pas à expliquer la destruc- années durant, ses pensées
semblables inter-vinrent tion de l’Ordre du Temple. intimes à tous, sauf peut-
pour que soit prononcée la Et ce n’est pas parce que, être, à son âme damnée No-
sentence de mort. En tuant avec leurs nombreuses com- garet, fort capable de les
les individus, on est assuré manderies, leurs richesses avoir pénétrées dans son
de supprimer les projets immobilières et mobilières, furieux désir de servir Phi-
qu’ils nour-rissent en même les Templiers for-maient un lippe pour en tirer les béné-
temps que les connaissances état dans l’État qu’ils furent fices et les titres qu’il ambi-
qu’ils possèdent. condamnés. Si Philippe le tionnait. Philippe n’aurait
Bibliographie
Un lien de parenté, plus ou Bel les livra aux inquisi- pu trouver valet plus sou-
Gilles, R., Les Tem- moins tenu, rapproche d’ail- teurs, au mépris de toute mis, plus attentif et préve-
pliers, sont-ils coupa- leurs le bûcher de Jehanne légalité, ce fut pour préser- nant, plus habile aussi à ré-
bles? Leur histoire, de celui des Templiers. Ce ver la fonction royale et la pandre la calomnie sur les
Leur règle, Leur pro- fut contre les successeurs, monarchie que les Tem- Templiers, après avoir attiré
cès, Paris, Henri Gui- ou plutôt les continuateurs pliers se préparaient à rem- à lui les délateurs les moins
chaoua, 1957 de ces derniers, que la jeune placer par une forme de scrupuleux.
Lorraine eut à lutter; lutte gouver-nement dans la- Il est difficile de relire les

4 - Templarium
Les Templiers sont-ils coupables?
pièces du procès (celles qui d’œuvre de stupidité, il condamnation fut le résultat
nous sont parvenues s’en- semble impossible de ne pas des mensonges dictés par
tend, le roi et le pape ayant soupçonner les inquisiteurs Philippe le Bel d’après les
pris soin de faire disparaître de les avoir inspirés aux ac- calomnies inventées par Es-
les plus compromettantes cusés ou inscrits de leur quieu de Floyran.
pour eux), il est diffi-cile de propre chef sur les procès- Le procès des Templiers est
relire ces pièces, procès- verbaux. un des événements de l’His-
verbaux, interrogatoires et Peut-on accepter ces faits toire dont les répercussions
autres documents, sans son- avoués par les Templiers s’espacent le long des siè-
ger à une immense duperie, sans mettre en doute leur cles, sans que l’on en puisse
comme l’écrivit H. Finke, exactitude? Presque tous prévoir les conséquences
duperie qui devait se termi- ceux qui furent arrêtés n’é- finales. Le bûcher de Jac-
ner en drame. taient que frères servants, ques de Molay eut sa cor-
Elle commença de façon autrement dit domestiques, respondance quatre cents
tragique; les Templiers, ar- (parmi les cinq cent qua- ans plus tard, avec l’écha-
rêtés et remis aux inquisi- rante-six Templiers amenés faud où le roi Louis XVI
teurs, — de la seule volonté à Paris en 1310, on ne mourut aussi tragi-quement
de Philippe IV — connurent comptait que dix-huit che- que le Grand-Maître du
dès les débuts de leur procès valiers), et il est diffi-cile- Temple.
la savante cruauté de ces ment admissible que des do- Je ne prétends pas présenter
religieux qui, au nom du mestiques aient été reçus les Templiers comme de
Christ, Dieu d’Amour, sup- dans l’Ordre avec un rituel très saints moines exempts
pli-ciaient, martyrisaient réservé à une catégorie de de tout reproche. S’ils fu-
sans pitié tous ceux qui chevaliers ayant déjà acquis rent moines, ils furent sur-
tombaient sous leurs griffes des connaissances particu- tout militaires et le tort de
sanglantes. Ils s’étaient fait lières. Si la règle secrète tous ceux, papes et rois, qui
la main auparavant, sur les cite en bonne place cette contribuèrent à asseoir la
malheureux Cathares des maxime de l’Évangile « Ne puissance de l’Ordre en le
provinces méridionales; le jetez pas des perles aux développant, ce fut précisé-
moindre soupçon d’hérésie pourceaux de peur qu’ils ne ment d’avoir voulu allier
livrait aux tourmenteurs ju- se retournent contre vous et deux états incompatibles,
rés celui qui en était accusé ne vous dévorent » c’est voire ennemis, celui de reli-
par haine ou par vengeance, que les dignitaires du Tem- gieux et celui de guerrier.
et celui-là, s’il se retrouvait ple savaient, comme les
un jour hors des cachots des maîtres des confréries de
inquisiteurs n’était plus bâtisseurs avec lesquelles
qu’un infirme, estropié à ils entretenaient des rela-
jamais. tions suivies, que l’on ne
Tortionnaires experts et doit dévoiler certains arca-
cruels, d’une cruauté que nes qu’à ceux qui sont pré-
rien ne pouvait émouvoir, parés à les recevoir, de
ces sinistres bourreaux créés crainte que les ignorants
par l’Église, savaient arra- n’en fassent un mauvais
cher les aveux les plus com- usage et n’attirent les pires
promettants à leurs victimes ennuis à leurs initiateurs im-
incapables de résister aux prudents.
tortures raffinées qu’ils in- Quelle est la véritable his-
ventaient. toire du procès ? Celle qui
C’est parce que l’on connaît apparaît aux yeux d’un ob-
leurs procédés, le droit ini- ser-vateur curieux de dé-
que qu’ils s’étaient arrogé couvrir la vérité à travers
de « modifier » à leur guise les nombreux ouvrages pré-
les dires de l’accusé afin de cédemment écrits sur ce su-
le condamner mieux, que jet passionnant ? Les uns,
l’on est fondé à conce-voir ils forment la majorité, jet-
quelque scepticisme au sujet tent la pierre aux Chevaliers
des interrogatoires des du Temple avec une hâte
Tem-pliers Qu’y a-t-il de regrettable qui n’est pas le
vrai dans ce fatras de com- fait de l’his-torien. Les au-
mérages? Trop conformes tres, en essayant de les ab-
aux ragots de l’acte d’accu- soudre, n’osent pas aller
sation véritable chef- jusqu’à envisager que leur

Templarium - 5
Commanderie

Te m p l i e r s e t H o s p i t a l i e r s
En Auvergne au Moyen-Âge
Par Laurent d’Agostino

L ’essentiel de ces pages


sont consacrées aux re-
cherches que j’ai pu effectuer
çant ainsi le mouvement des
croisades. Après la prise de la
ville en 1099, cette première
mission se transforma en mis-
sion de conservation et de
protection des lieux saints.
au cours de mes études d’his-
toire et d’archéologie médié-
vales. L’essentiel des textes et
des images présentés portent
sur les ordres du Temple et de
l’Hôpital au Moyen Age dans
la région que j’habite, l’Au-
vergne (France ). Les données
présentées dans cet article très
modeste et encore naissant
consacré à l’histoire des or-
dres religieux militaires, sont
le fruit de recherches effec-
tuées au cours d’une maîtrise
d’Histoire, dirigée par le pro-
fesseur J.-L. Fray (Université
Blaise-Pascal Clermont-
Ferrand II) et d’un D.E.A.
d’Histoire et d’Archéologie
médiévales, dirigé par J.-M.
Poisson (EHESS - Université
Lumière Lyon II). Je devrais,
à terme, pouvoir présenter ici
un aperçu global de l’histoire
des ordres du Temple et de
l’Hôpital de Saint-Jean de Jé-
rusalem dans la région Auver-
gne (France). Le lecteur ne
trouvera pour l’instant qu’un
inventaire aussi complet que
possible des différentes im-
plantations des moines-soldats
dans la région, ainsi que la
présentation de quelques mo-
nographies consacrées aux
commanderies les plus impor-
tantes.

———————————
Le Temple et l'Hôpital de
Saint-Jean de Jérusalem
dans les anciens diocèses
de Clermont et de Saint-
Flour du XIIe au XVe siè-
cle
———————————

E n 1095, à l’occasion du
concile de Clermont, le
pape Urbain II appelait les
laïcs, et en premier lieu la
chevalerie occidentale, à libé-
rer les lieux saints, c’est-à-dire
à conquérir Jérusalem, amor-

6 - Templarium
Commanderie
de recenser les maisons de changeante. Terre comtale, vait des questions multiples.
ces ordres, appelées précep- partiellement annexée à la D’un point de vue chronologi-
tories ou commanderies couronne royale par Philippe que, tout d’abord, quelles fu-
parce qu’elles étaient diri- Auguste au XIIIe siècle, l’Au- rent les étapes de la constitu-
gées par un précepteur ou vergne fut donnée en apanage tion du temporel des ordres
commandeur, mais égale- à Alphonse de Poitiers en militaires dans le diocèse de
ment d’analyser les modali- 1241. A sa mort en 1271, Clermont ? Quels furent les
tés de leur installation, le l’Auvergne réintégra le do- dates et les lieux de leurs im-
fonctionnement interne de maine royal. Or, il fallait trou- plantations ? Les ordres mili-
leurs maisons et la réparti- ver pour cette étude un cadre taires possédèrent rapidement
tion géographique de leurs stable durant tout le Bas d’immenses territoires. Com-
sites d’implantation. Moyen-Âge. Le cadre diocé- ment les organisèrent-ils ? En-
Restent à délimiter les ca- sain répondait à ce critère. fin, l’histoire de l’Ordre du
dres géographiques et chro- Les limites du diocèse de Temple prit fin prématuré-
nologiques de cette étude. Clermont restèrent pratique- ment au début du XIVe siècle
Le cadre géographique po- ment inchangées aux XIIe et avec un procès inique. La ges-
sait un problème. Le plus XIIIe siècles. En 1317, la tion des terres de l’ordre fut
logique eût été de sélection- création du diocèse de Saint- confiée aux hospitaliers. Sans
ner une circonscription ad- Flour ne fit que scinder en revenir sur le procès du Tem-
ministrative propre aux or- deux parties l’ancien territoire ple qui a déjà été largement
dres militaires. Les posses- du diocèse de Clermont. Je étudié, notamment par R.
sions occidentales du Tem- mènerai donc cette étude dans Sève en ce qui concerne l’Au-
ple étaient en effet divisées le cadre du diocèse de Cler- vergne, quelles furent les ré-
en plusieurs «Provinces». mont, puis des diocèses de percussions de ces événe-
La province Limousin- Clermont et de Saint-Flour ments sur l’organisation de
Auvergne apparaît vers après 1317. Néanmoins, les l’Hôpital dans les diocèses de
Voici les maisons citées par 1180-1190. Il en était de limites de la Province Limou- Clermont et de Saint-Flour,
Jean de Trie : même pour l’Hôpital dont sin - Auvergne pour le Tem- d’autant plus que le XIVe et
La Fulhosa, La Fouilhouze ; les possessions étaient divi- ple, et de la Langue d’Auver- le XVe siècles voient l’ordre
Vichac ou Vihac, Vichy ? ; sées en « Langues ». La gne pour l’Hôpital excédant traverser des moments diffici-
Chanac, Chaynat ; Langue d’Auvergne recou- largement le cadre diocésain, les ? Il convenait également
Parinhac, Pérignat ; vrait le Limousin, l’Auver- je serai fréquemment d’étudier le déroulement de la
La Mercha, La Marche ; gne, ainsi que la partie sep- contraint de sortir de ce cadre vie dans les commanderies
Palluel, Palluet ; tentrionale du royaume de afin d’étudier les maisons si- auvergnates. Quelle fut la pra-
de Turreta, La Tourette ; Bourgogne. tuées à l’extérieur de nos dio- tique administrative exercée
La Ranzeira, La Ronzière ; Cependant, le choix de ces cèses et dépendant des com- par les chevaliers du Temple
La Bastida, La Bastide ; circonscriptions, s’il avait manderies auvergnates. Le et de l’Hôpital ? Comment
Montisferrandi, Montferrand ; le mérite de se placer dans cadre chronologique était gérèrent-ils leurs domaines, et
de Cellis, Celles ; des ensembles délimités et quant à lui plus évident. Il me avec quels moyens ? Les moi-
La Garda, La Garde- organisés par les ordres mi- fallait en effet retracer l’his- nes soldats donnèrent nais-
Roussillon ; litaires eux-mêmes, présen- toire des ordres militaires en sance à un type d’habitat par-
Isda, Ydes ; tait l’inconvénient d’englo- Auvergne depuis leurs pre- ticulier, la commanderie, qui
Montfort, Montfort. ber une surface très vaste, mières implantations, c’est-à- répond à des critères à la fois
trop pour permettre une dire dans le courant du XIIe religieux, défensifs et écono-
étude détaillée de chaque siècle, jusqu’à la dissolution miques. Comment la com-
commanderie dans le cadre de l’ordre en 1312 pour le manderie était-elle structurée?
qui m’était imparti. Dès Temple, et jusqu’à la fin Quels différents types d’espa-
lors, quelles limites géogra- conventionnelle du Moyen- ces de vie peut-on y définir ?
Ci dessous : phiques choisir ? L’Auver- Âge pour l’Hôpital, c’est-à- Comment l’architecture mise
La commanderie de Chaynat, gne était au Moyen-Âge dire la fin du XVe siècle. Ce- en place par les ordres militai-
d'après L'Armorial de une entité géographique et pendant, j’ai été contraint la res parvient-elle à rendre
Guillaume Revel, XVe siècle. politique encore floue et plupart du temps de recourir à compte, encore aujourd’hui,
des documents plus récents, de la triple vocation des com-
les archives du XVIe au manderies occidentales et de
XVIIIe siècle étant d’un inté- la vie qu’on menait en leur
rêt certain pour l’étude des sein ?
ordres militaires durant la pé- Pour terminer, il était néces-
riode médiévale. saire de replacer les établisse-
ments des ordres militaires
——————————— dans le cadre général des in-
Problématiques frastructures religieuses et
——————————— économiques du diocèse, afin
tudier l’histoire du Tem- de déterminer leur place et
É ple et de l’Hôpital en Au- leur rôle.
vergne au Moyen-Âge soule-

8 - Templarium
Templiers et Hospitaliers en Auvergne
——————————— Cent ans, avec son lot de des- toutes les commanderies de la
Inventaire des commande- tructions, entraîne de nou- Langue d’Auvergne. Il faut
ries du Temple et de l'Hô- veaux remaniements territo- ajouter qu’à cette date, le tem-
pital en Auvergne riaux. Ceux-ci s’accompa- porel de l’Hôpital est déjà
——————————— gnent d’une réduction du constitué en grande partie, et

L es templiers et les hospi-


taliers de Saint-Jean de
Jérusalem se sont implantés
nombre de ce qu’il convient
d’appeler des « commande-
ries-chef » Peu à peu au cours
que la forme administrative
qu’il conservera jusqu’à la
Révolution est à peu près
en Auvergne dès la fin du du Moyen-Âge, les maisons fixée. A partir de ces procès- Le Temple de Palluet, Carte de
XIIe siècle. Cependant, la se sont regroupées autour des verbaux de visites, un panora- Cassini, XVIIIe siècle . Situé
date et le lieu de ces premiers plus importantes d’entre elles, ma des possessions des hospi- près des faubourgs de Saint-
établissements des ordres mi- et nombre de commanderies taliers dans les anciens diocè- Pourçain-sur-Sioule, la maison
litaires ne sont pas aisés à dé- du XIIIe siècle n’ont plus au ses de Clermont et de Saint- de Palluet bénéficiait de la proxi-
terminer. Les archives du XVe siècle que le rang de Flour peut être dressé ; celui- mité de la cité, porte d'entrée de
Temple, mêlées à celles des membre ou d’annexe, et la ci constitue la seule base de l'Auvergne située à la fois sur la
hospitaliers depuis le début du fonction de grange ou de travail fiable dans la recher- Sioule et le chemin français.
XIVe siècle, sont des plus la- ferme. À ces problèmes s’a- che des sites d’implantation
cunaires ; celles de l’ordre de joute l’absence d’état des des commanderies et des éta-
l’Hôpital ne le sont guère lieux complet, fiable et acces- pes de la constitution du tem-
moins avant le XVe siècle. sible des possessions des or- porel des ordres militaires du
Les actes de fondation des dres militaires, du moins pour XIIe au XVe siècle. Les visi-
diverses commanderies auver- ce qui est de la période médié- tes des commanderies, effec-
gnates ont disparu, ainsi qu’un vale. En effet, nous ne possé- tuées entre 1615 et 1617, don-
grand nombre d’actes plus dons que deux inventaires des nent le nom de douze com-
secondaires mais riches de biens des ordres militaires en manderies situées dans les
renseignements, et, de ce fait, Auvergne datant du Moyen- limites des anciens diocèses
l’histoire de ces ordres nous Âge. Le premier, un livre de de Clermont et de Saint-Flour,
apparaît tronquée, amputée compte rédigé par Jean de et de leurs membres et an-
d’une grande part de sa ma- Trie, bailli d’Auvergne, pour nexes, dont certains n’appar-
tière. La datation de la fonda- le terme de la Toussaint 1293, tiennent pas à nos diocèses. Il
tion des commanderies, et dresse une liste des comman- nous a fallu également pren-
plus simplement de la locali- deries du Temple et de l’Hô- dre en compte les établisse-
sation de ces implantations, pital en Auvergne, mais celle- ments situés dans notre cir-
est en outre compliquée par la ci, lacunaire, doit être complé- conscription territoriale et dé-
relative confusion de l’organi- tée afin de prendre en compte pendant de commanderies ap-
sation administrative des or- la totalité des maisons. Un partenant à d’autres diocèses,
dres militaires au Moyen- autre inventaire, qui ne comme c’est le cas pour Pal-
Âge. Les commanderies si- concerne que l’ordre de l’Hô- luet, près de Saint-Pourçain
tuées dans les limites des dio- pital, est dressé en 1373 à (Allier), membre dépendant
cèses de Clermont et de Saint- l’occasion de l’enquête de- de la commanderie de La
Flour dépendent de circons- mandée par le pape Grégoire Croix-au-Bost (Creuse).
criptions plus larges propres à XI : cette enquête, qui porte
chaque ordre, la province Li- sur l’ordre dans son ensemble, ——————————— Olloix, Carte de Cassini,
mousin - Auvergne pour l’Or- constitue une intéressante « Au XIIe et XIIIe siècles : XVIIIe siècle. Lieuson n'ap-
dre du Temple et la Langue photographie » de l’Hôpital à Le temps des fondations partint probablement jamais
d’Auvergne pour l’ordre de un moment où l’ordre connaît ——————————— aux Templiers : il s'agit d'une
l’Hôpital, mais chaque éta-
blissement possède également
son propre territoire, sa « cir-
des difficultés de gestion im-
portantes dans ses comman-
deries d’Occident ; le texte de
L es ordres du Temple et
de l’Hôpital ont connu
dès leur fondation des besoins
paroisse primitive qui disparut
au profit de la commanderie
hospitalière d'Olloix, autour
conscription avec une maison- cette enquête, conservé aux matériels et financiers impor- de laquelle se forma un nou-
mère, un chef-lieu avec des Archives du Vatican, reste tants, auxquels les fidèles ont veau noyau villageois au
écarts », diversement appelés cependant d’un accès difficile XIIIe siècle.
membres ou annexes, termes pour le chercheur, et je n’ai pu
que nous tenterons de définir en consulter qu’une partie. Il
ultérieurement. Ces comman- faut ensuite attendre le début
deries et leurs dépendances du XVIIe siècle pour trouver
ont connu plusieurs réorgani- un état des lieux complet de
sations au cours du Moyen- l’ordre de l’Hôpital en Auver-
Âge. Après l’arrestation et le gne à travers les visites de
procès des templiers, l’ordre commanderies ordonnées par
de l’Hôpital se voit doté des le grand prieur d’Auvergne en
biens du Temple, ce qui pro- 1615, date tardive pour l’é-
voque un premier bouleverse- tude du Moyen-Âge, certes,
ment dans l’organisation des mais seule à fournir des ren-
commanderies. La guerre de seignements assez précis sur

Templarium - 9
Commanderie
très rapidement répondu par gendes rapportées par la tradi- ajoute la maison de Brioude
un flot de donations. Ainsi les tion ou forgées de toutes piè- que E.-G. Léonard compte au
ordres militaires se sont-ils ces attribuent tel château ou nombre des préceptories de la
constitué dès le XIIe siècle de telle ruine à un ordre militaire province d’Auvergne, et la
considérables domaines en sans qu’il soit possible de sa- chapelle de la Thelde « bâtie
Terre Sainte, mais surtout en voir quelle est la part du vrai au sommet du puy de ce nom
Occident, où prend forme et du faux. dans la paroisse de Saint-
l’infrastructure destinée à ali- Pierre ». Cette dernière n’a
menter la Croisade aussi bien ——————————— laissé aucune trace dans les
en hommes qu’en argent. Où Inventaire des maisons du archives, qu’elles soient du
et quand les moines soldats Temple dans le diocèse de Temple ou de l’Hôpital. Les
installèrent-ils leurs premières Clermont différents fonds d’archives
commanderies en Auvergne ? ——————————— révèlent quant à eux l’exis-
Leur présence est attestée dès
la seconde moitié du XIIe siè-
cle dans le diocèse de Cler-
N ombreuses ont été les
tentatives de dénombre-
ment des préceptories du
tence de la grange du Temple
d’Aulnat, des maisons du
Temple de Tallende, Bour-
mont : les deux ordres reçoi- Temple en Auvergne. Ce deille, Plainecombe, Pont-du-
vent en 1176 un legs testa- n’est cependant pas un exer- Château. Enfin, L. Niepce
mentaire de Hugues II, comte cice aisé du fait de la diversité mentionne plusieurs maisons
de Rodez, sur ses possessions et de la multiplicité des sour- dont l’identification est incer-
situées en Haute Auvergne. ces qui les mentionnent. Le taine : Lieuson, Chantaduc,
Cependant, c’est au XIIIe siè- compte de Jean de Trie, bailli Dosse. Il cite également le
cle que la plupart des maisons d’Auvergne, pour le terme de lieu de Courtille, dépendance
du Temple et de l’Hôpital la Toussaint 1293, recense les de la commanderie d’Ydes. Il
sont fondées en Auvergne, maisons du Temple qui ont publie par ailleurs un texte de
avec un certain retard sur le acquis des biens dans l’année A. Chassaing, dans lequel
reste de l’Occident puisque écoulée. L. Niepce, dans Le sont citées les maisons de Ble-
les premières fondations tem- grand prieuré d’Auvergne sle et Farreyroles, complétant
plières ont lieu dès le concile (Ordre des hospitaliers de ainsi la liste des préceptories
de Troyes (1129) ou un peu Saint-Jean-de-Jérusalem), a du Temple en Auvergne. Ble-
avant en Espagne, au Portu- longuement commenté ce sle n’a laissé aucune trace tan-
gal, en Languedoc et en Pro- texte qui dénombre également gible.
vence, après 1135 en Italie, les commanderies hospitaliè- Parmi ces implantations, un
alors que de nombreuses mai- res. Mais certaines erreurs se certain nombre est attribué
sons de l’Hôpital sont déjà sont glissées parmi les locali- aux templiers sans autre
installées dans ces régions. sations qu’il propose. preuve que ce que rapporte la
L’établissement des premières Les maisons de Vichy, Péri- tradition populaire. L’Ordre
maisons dans le diocèse de gnat, La Garde-Roussillon et du Temple a suscité de multi-
Clermont est difficile à dater Montfort sont absentes des ples légendes dont nous ne
du fait de la disparition des pièces de l’interrogatoire au- ferons pas le compte ici. L’or-
actes de fondation de ces quel sont soumis les templiers dre de l’Hôpital est bien sou-
commanderies, aussi la plu- du diocèse après leur arresta- vent éclipsé par son concur-
part de temps n’est-il possible tion en 1309. En revanche, on rent, auquel on rattache des
d’établir que des datations ap- y trouve deux nouvelles mai- commanderies qui ne lui ont
proximatives, une donation de sons, Carlat et Le Chambon. jamais appartenu. L. Niepce a
peu d’importance étant le plus Des pièces du procès publiées attribué de cette manière aux
souvent l’unique preuve de la par Michelet ressortent les Templiers les lieux de Chano-
présence des ordres militaires. maisons du Monteil, qualifiée nat et Olloix, ce qui est une
En outre, de nombreux topo- de grange du Temple, et de la erreur comme l’a signalé R.
nymes indiquant l’existence Vausete que R. Sève a identi- Sève ; ces deux commande-
d’un Temple ou d’un Hôpital fiée à La Ronzière. H. Bouffet ries appartenaient aux hospita-
ne sont confirmés par aucun a tiré du procès « les maisons liers et sont mentionnées
texte, surtout en ce qui ou granges d’Albignac, de La comme telles dans le compte
concerne l’Ordre du Temple, Chassagne ». Son étude sur de Jean de Trie. D’autres
celui-ci ayant été dissout à les templiers en Haute Auver- lieux comme l’église de Lieu-
une date à laquelle les actes gne donne en outre les topo- son, Chantaduc, Dosse (Saint-
d’archives qui nous sont par- nymes templiers de Tempel, Jean-de-Donne) ou Blesle ont
venus sont encore rares, et du moulin du Temple sur la appartenu pour la plupart aux
bien souvent incomplets ou en commune de Jabrun (Cantal), hospitaliers. Etait-ce le cas au
mauvais état. Enfin, surtout maison du Temple à Drugeac, moment de leur fondation ?
dans le cas des Templiers, ainsi qu’à Salers, sur laquelle Ont-ils appartenu à l’Ordre du
dont la disparition brutale et il fait sans doute erreur, aucun Temple avant d’échoir aux
violente a alimenté un mythe texte d’archives ne mention- hospitaliers ? Le caractère la-
tenace chez certains historiens nant de biens ayant appartenu cunaire de l’ensemble des
et érudits, de nombreuses lé- aux templiers dans ce lieu. Il sources et la rareté des docu-

10 - Templarium
Templiers et Hospitaliers en Auvergne

Les implantations templières


en Auvergne au XIIIe siècle

Templarium - 11
Commanderie
ments concernant les tem- Vestiges de la commanderie d'Olloix. On
pliers interdisent toute ré- aperçoit une partie de l'ancien rempart,
ponse. ainsi que la chapelle de la commanderie,
dont le clocher date du XIXe siècle.
———————————
Inventaire des commande-
ries de l’Hôpital de Saint-
———————————–——— Jean-de-Jérusalem dans le
inventaire des commanderies de diocèse de Clermont
l’Hôpital de ———————————
Saint-Jean-de-Jérusalem dans le
diocèse de Clermont
———————————–———
Segur, Saint-Jean-de-Ségur, près de
L e compte de Jean de
Trie, bailli d’Auvergne,
pour le terme de la Toussaint
Montferrand ; 1293, donne le nom de 25
Grachairia, La Racherie ;
Monchalin, Montchamp ;
commanderies de l’Hôpital de
Chanonac, Chanonat ; Saint-Jean de Jérusalem du
Chalin-Francisca, l’Hôpital- diocèse de Clermont : Paul- inconnus dans les archives nombreux que ceux de l’Hô-
Chaufranche ; hac, Chambéraud, Féniers, que j’ai consultées) ; Salles, pital. On dénombre avec certi-
Charbonner, Charbonnier ;
Ponte Veteri, Pontvieux ;
La-Croix-au-Bost, Blave- Huvert, et enfin Ligonne, tude pour le XIIIe siècle 25
Curta Sarra, Courtesserre ; peyre, Malleret, Nabéron et membre de la commanderie commanderies hospitalières
Pallihac, Paulhac ; Salesse (non localisé) sont de Courtesserre. Bouffet contre 36 commanderies du
Tortabessa, Tortebesse ; mentionnées comme apparte- donne en outre, les précepto- Temple. Quelle est la réparti-
Translaga, Tralaigues ; nant au diocèse de Clermont,
La Pesta, La Peize ; ries de Langeac, Loubeyssar- tion géographique des sites
La Forest, La Forêt ; alors que ces commanderies gues, Saint-Jean-la-Badelle, d’implantation des comman-
Chambot, Chambéraud ; sont situées dans le diocèse de qui seront plus tard unies à deries ? Un grand nombre des
Dyana, Diane ; Limoges : elles se trouvent à celle de Montchamp ainsi que maisons des deux ordres se
Petzafixa, Saint-Jean-Pierrefitte ; proximité de la limite diocé- répartissent le long ou à proxi-
Malareta, Malleret ;
La Rivière-l’Evêque. Le Spi-
Chalvetat de la Roeilha, La Salvetat saine, qui ne recouvre pas cilegium Brivatense donne les mité de la vallée de l’Allier de
(Saint-Mamet-la-Salvetat) ; exactement celle du bailliage préceptories de Montchamp, Saint-Pourçain à Brioude.
Nabairo, Nabéron ; d’Auvergne débordant en par- Chamfranchesse, Charbon- Plusieurs sites se trouvent à
Feners, Féniers ; tie à l’intérieur du diocèse de proximité des frontières dio-
Saleissa, Salesse ;
nier, Pierrefite.
Crux d’Alba, La Coix-au-Bost Limoges ; ceci explique peut- césaines comme Montfort, La
Blava Petra, ou Blavareyra, Blave- être que Jean de Trie les ait ——————————— Marche ou La Racherie. Les
peyre, près d’Auzances ; mentionnées dans son Conclusion établissements hospitaliers
Mahes d’Eschola, Le Mayet-d’Ecole ; compte. ——————————— sont prédominants en Com-
Oloeus, Olloix.
Niepce ajoute à cette liste Bil- la fin du XIIIe siècle, le brailles : l’influence de la
lom, Brioude, Langeac ;
Champs et Ambert (tous deux
À temporel des ordres mili- commanderie de Tortebesse
rayonne en effet sur toute la
Portail d'entrée de la commanderie taires en Auvergne est consti-
hospitalière de Chanonat tué en grande partie. Toutes région, et jusqu’au Limousin.
les commanderies importantes En revanche, les maisons de
sont déjà fondées. Les fonda- l’Hôpital sont minoritaires en
tions eurent sans doute lieu Haute Auvergne. Elles n’y
pour la plupart dans la pre- sont que quatre, contre onze
mière moitié du XIIIe siècle. commanderies templières.
Cependant, les plus anciennes Ces données doivent cepen-
commanderies de l’un et l’au- dant être nuancées. Les caren-
tre ordre furent fondées à la ces importantes présentées par
fin du XIIe siècle. Il est diffi- les sources médiévales nous
cile, pour ne pas dire impossi- renvoient une image en partie
ble, d’estimer lequel des deux faussée des ordres militaires.
ordres s’implanta le premier Certaines maisons ne sont
dans le diocèse de Clermont. connues qu’à partir du XIVe
Le cas des deux maisons éta- ou du XVe siècle, mais ont pu
blies à Montferrand ou à être fondées dès le XIIIe siè-
proximité de la ville laisse cle. De même, les liens qui
présumer que les deux ordres ont pu exister entre les com-
s’implantèrent en Auvergne à manderies nous échappent
des époques sensiblement largement. La consultation de
contemporaines. Le Temple sources complémentaires, et
de Montferrand et la com- en particulier des archives
manderie de Saint-Jean-de- conservées au chef-lieu de
Ségur furent en effet créés aux l’ordre de Malte, La Valette
environs de 1190. Cependant, sur l’île de Malte, permettrait
les établissements templiers peut-être de résoudre ces dif-
semblent sensiblement plus ficultés. L. A.

12 - Templarium
Templiers et Hospitaliers en Auvergne
Les implantations Hospitalières
en Auvergne au XIIIe siècle

La commanderie d'Olloix, d'après


l'Armorial de Guillaume Revel,
XVe siècle

La commanderie de La Racherie, d'après l'Atlas des rou-


tes de France de Trudaine, XVIIIe siècle. La commande-
Retrouvez la suite dans notre prochain rie est située à proximité immédiate du chemin français,
numéro Templarium facilitant la circulation des hommes et des biens.

Templarium - 13
Templi domorum citra Francia

Les années prodigieuses des


Templiers
Par Jan Hosten

Les débuts de l’Ordre du Temple restent un mystère depuis presque 900 ans. À
la suite du chroniqueur Guillaume de Tyr, plusieurs auteurs ont dit que neuf che-
valiers sont restés seuls pendant neuf ans. Des auteurs comme Graham Hancock,
Michael Baigent et Richard Leigh ont même inventé des complots fantastiques
afin d’expliquer les informations de Guillaume de Tyr. Tout comme Guillaume
de Tyr, les trois auteurs de notre époque sont de mauvais commentateurs.

L e 15 juillet 1098, Jéru-


salem tombait aux
mains de l’armée des
donne l’impression que les
Templiers étaient plus nom-
breux et que l’Ordre était
taurations de 1924-1943. La
lettre se trouve actuellement
au musée Arabe à l'ouest de
Francs. Vingt-et-un ans plus plus ancien que ce que l’on la mosquée A l'Aqsa qui se
tard, le 25 décembre 1119, prétend. Guillaume de Tyr, situe au sud du plateau, tan-
le patriarche Garimond cou- qui est la source principale dis que le Dôme du Rocher
ronnait le nouveau roi de pour beaucoup d’auteurs, en se situe au milieu du même
Jérusalem, Baudouin II. Le cite neuf: Hugues de Payens plateau.
jour même, peu après la cé- et Geoffroy de Saint-Omer, Il faut noter que Guillaume
rémonie, Hugues de Payens les deux fondateurs, Geof- de Tyr a écrit sa chronique
et Geoffroy de Saint-Omer froy, Godemar, Roral, Payen plus de 50 ans après la fon-
faisaient vœu d’obéissance de Montdidier, Geoffroy Bi- dation officielle de l’Ordre
entre ses mains. Ils promet- sol, Archambaud de Saint- et qu’il n’était pas vraiment
taient de garder les routes du Amand et André de Mont- favorable à cette nouvelle
royaume et de protéger les bard. Le chroniqueur nous communauté. En plus, il cite
pèlerins. Les deux fonda- raconte qu’ils n’ont été seu- André de Montbard comme
teurs créaient le premier or- lement que neuf pendant l’un des fondateurs. Ce der-
dre militaire et monastique neuf ans. Rien de cela. Dans nier n’entrait au Temple que
selon les principes de la Rè- la chronique de Guillaume, vers 1129, soit dix ans après
gle de Saint Augustin, et sui- ils parlent du templum Do- la fondation officielle. On
vant les coutumes des cha- mini (Maison du Temple [au peut facilement prouver que
noines du Saint-Sépulcre. Ils Dôme du Rocher]) pour la les Templiers étaient beau-
s’étaient placés immédiate- représentation de l'Ordre, coup plus que neuf entre
ment sous la protection tandis que les chartres et 1119 et 1128, c’est-à-dire
royale de Baudouin II et du même les sceaux des Tem- entre la création de l’Ordre
Patriarche Garimond. Le roi pliers prouvent qu'il s'agit du et le Concile de Troyes. En
hébergeait les chevaliers templum Salomonis. Il faut 1120, Foulque d’Angers fi-
dans son palais au sud du noter que le Dôme du Ro- gurait déjà dans l’Ordre en
mont du Temple, au lieu où cher figure sur plusieurs tant que milites ad terminum
se trouve actuellement la sceaux des maîtres du Tem- (servant titre provisoire).
mosquée A l’Aqsa. La pré- ple. La plus belle preuve de D'abord, il y avait l'illustre
occupation des deux princi- la présence Templière sur le comte Hugues de Champa-
pales personnalités du lieu de l'actuelle mosquée A gne qui entra dans l'Ordre en
royaume de Jérusalem pour l'Aqsa, est la découverte 1125. Le 20 octobre de la
ces pauvres chevaliers est du d'une lettre du maître Gérard même année, Bernard, l'évê-
moins étonnante; elle nous de Ridefort, pendant les res- que de Nazareth citait dans

Graham Hancock prétend que les neuf fondateurs de l’ordre du Temple sont tous d’origine de Champagne, (France) mais il ignore
que par exemple Geoffroy de Saint-Omer était un Flamand (Nord-Pas de Calais). Il cite aussi André de Montbard comme l’un des
neuf membres en 1118, mais le futur maître de l’Ordre n’entra dans le Temple qu’en 1129. Ensuite il raconte que Baudoin Ier
accordait aux Templiers un ensemble de bâtiments sur le Mont du Temple ? Hélas Baudoin Ier était déjà mort à ce moment-là. De
plus, il décrit à tort les Hospitaliers comme un ordre militaire en 1125 alors qu’ils ne l’étaient pas encore. Il attribue la prospérité
des Templiers entièrement aux efforts de St. Bernard et ne parle pas des bulles papales Omne Datum Optimum (1139) et Militia
Dei (1145) qui ont vraiment lancé l’Ordre du Temple et l’enthousiasme des gens au XIIe siècle. Je regrette que le livre « The Sign
and the Seal » de Hancock et les autres livres de ces compagnons soient si souvent cités comme source pour d’autres livres popu-
laires sur les Templiers.

14 - Templarium
Les années prodigieuses des Templiers

Plan de la
Colline du Temple
(Vieille ville)

Plan de Jérusalem 1900. Carte de la Palestine ancienne et


moderne. Letouzey, Paris, 1900. G7500 1900 .L4 Case B

une lettre un Templier nom-


mé Robert.
L'acte de donation de Bau-
douin Brochet cite de nou-
veau Robert et un autre
Templier nommé Henri. Le
4 mars 1126, les noms des
Templiers Jean, Thibaud et
Pierre apparaissent dans un Photo : « Lettre de
acte de donation d'un terrain néral. hommes et d'autres même de Gérard de Ridefort,
du Patriarche. Les Templiers Il semble que la chronique 400 chrétiens tués. Guil- retrouvée à la mosquée
étaient donc au moins de Guillaume de Tyr relative laume de Tyr ne comptait Al’ Aqsa pendant les
quinze en 1126, soit deux à l'étude des débuts des très probablement que les restaurations de 1924-
ans avant le concile de Templiers ne soit pas vrai- chevaliers. Quand il parlait 1943 » Reproduction
Troyes. Il faut y ajouter les ment crédible. L'évêque de des neuf chevaliers, il ou- par Jan Hosten ©
chevaliers qui servaient à Tyr parlait aussi de 40 Tem- bliait certainement les ser-
terme et leurs écuyers, soit pliers qui avaient pénétré et gents, les écuyers et les ser-
un recensement d'hommes péri dans la ville d'Ascalon vants.
dans l'Ordre du Temple lors du siège de 1153. ———————————
beaucoup plus important que D'autres sources comme Les Templiers avant 1119
celui qui est indiqué en gé- Barhebraeus parlent de 120 ———————————

Templarium - 15
Templi domorum citra Francia
O n sait maintenant que
les Templiers n’étaient
pas une quantité dérisoire en
est un petit fort templier qui
date du XIIe siècle. Le fort
se trouvait à côté du Château
ple était une organisation
très importante avec un
nombre d’hommes supérieur
1118. On peut donc se de- Pèlerin et gardait le passage à neuf! Le fait que le roi
mander si les dates 1118 et de Bab el'Ajal et le Wadi Baudouin concède aux Tem-
1119 ont marqué vraiment le Dustrey qui menaient vers le pliers la partie sud du mont
début de l'Ordre du Temple. château. Le Destroit a été du Temple est bien la preuve
Dans une lettre, Ivo de Char- détruit par les Templiers en qu’ils existaient peut-être
tres sommait le comte Hu- 1220 lors du siège mené par déjà en 1118 avec une force
gues de Champagne de ne El Mu'azzam. La tour du militaire considérable. La
pas joindre la militia Christi, Destroit avait une hauteur de plate-forme du Temple se
un militia evangelica, car il 20 mètres et servait proba- présentait comme une véri-
était encore marié. Cette blement comme mirador et table forteresse et un point
missive datait très probable- comme base d'opérations fort de la ville. La garde de
ment de 1114 puisque Ivo de pour la protection des rou- cette forteresse avait évi-
Chartres mourut le 23 dé- tes. Il est très possible que le demment une très grande
cembre 1115 ou 1116. Peut- Destroit date de 1110 et que importance stratégique. Les
être que les chevaliers de le petit fort soit la première murs du Mont du Temple au
cette milice étaient les futurs construction militaire des sud-est, où se trouvaient les
Templiers? Templiers ou de cette milice écuries, avaient une épais-
Les premiers Templiers gar- «pré-Templière», car les seur de 5 mètres et une hau-
daient, dès leur début, le croisés parlaient d'abord du teur de 48 mètres. Certaines
chemin entre Caïphe et Cé- Districtum. pierres monolithes pesaient
sarée, une route très péril- 150 tonnes. Les bâtiments
leuse. Pour faciliter leur tâ- ——————————— des Templiers comprenaient:
che, ils construisirent plus Le bastion du Temple à l’actuelle mosquée Al’ Aq-
tard leur fameux Château- Jérusalem sa(Voir Templarium n°1);
Pèlerin ou Athlit. Dans son ——————————— les fameuses écuries de Sa-
livre «Templiers chevaliers
du Christ», Régine Pernoud
raconte que Hugues de
I l me semble donc que les
Templiers avaient des
précurseurs qui gardaient en
lomon; les deux portes dans
le mur du sud, La Porte Tri-
ple et la Porte Simple; la
Payens et Geoffroy de Saint- groupe les routes des pèle- tour des croisés qui bloque
Omer avaient fait construire rins et que la cérémonie du partiellement la troisième
dans le même esprit, déjà en 25 décembre 1119, n’était porte, la Porte Double. À
1110, la tour de Destroit, rien d’autre qu’une approba- l’Est de la mosquée, les
une sorte de relais de sécuri- tion officielle par les chefs Templiers avaient érigé l’é-
té pour les pèlerins. Comme d’état. Puisque les Templiers glise de Zacharias qui a été
beaucoup d'auteurs, elle ne étaient déjà actifs bien avant incorporée dans l’actuelle
nous donne pas la source de leur fondation officielle, cela mosquée Al’ Aqsa.
cette assertion. Le Destroit peut expliquer par consé- Les Templiers vivaient dans
(Khirbat Dustrey ou Dastri) quent que l’Ordre du Tem- la mosquée Al’Aqsa. Ils res-

Les Templiers, à côté de


leurs chevaliers propre- Dessin : Plan des écuries de
ment dit, entretenaient des Salomon par Jan Hosten »
troupes de mercenaires
baptisés « milites ad ter-
minum », soit « troupes
provisoires », exactement
des Contrats à Durée Dé-
terminée, en quelque
sorte... Dans la phrase
« Foulque d’Angers figu-
rait déjà dans l’Ordre en
tant que milites ad termi-
num (servant à terme). »
l’expression qualifie un
seul homme; il faudrait
donc la mettre au singu-
lier : « miles ad termi-
num »; pour la traduction,
« auxiliaire pour un
temps », « servant à titre
provisoire ».

16 - Templarium
Chronique d’un personnage

Raymond Lulle
Le « Docteur illuminé »
Par Guy Tarade

N é à Majorque d’une
famille noble,
Raymond Lulle vécut à la
monde dont il rêvait.
La tradition assure qu’à qua-
tre-vingt ans, il partit, seul,
«Mystérieux Inconnu» qui
s’élanceront sur les sentiers
cachés et oubliés afin d’y
Cour dès l’âge de douze ans. pour sa dernière croisade rencontrer le souvenir des
Ardent, plein d’imagination, intellectuelle. De Jérusalem, Initiés et des artistes qui y
il se livra jusqu’à trente ans il se rendit en Égypte, en vécurent.
aux plus vives passions Tunisie, en Algérie, pour Majorque a une longue his-
amoureuses et littéraires. prêcher contre Mahomet. La toire qui part de l’époque
Pour faire un grand saint, il légende en a fait un martyr, des mégalithes à celle des
faut d’abord avoir été un lapidé sur ordre du roi par romantiques.
grand pécheur... les habitants de Bougie. La L’île fut occupée depuis la
Un jour, bouleversé par une vérité est dit-on tout autre, plus haute Antiquité comme
vision, il décida d’expier ses puisqu’il s’éteignit paisible- le prouvent différents monu-
fautes en ranimant la reli- ment dans son île natale, ments archaïques implantés
gion chrétienne en Occident, laissant un souvenir impéris- sur ses côtes.
et en la portant chez les mu- sable. Lieu de passage des Grecs,
sulmans. Son projet était tri- Pour les Catalans, Raymond des Romains, des Phéni-
ple: 1° écrire des livres stig- Lulle est le créateur de leur ciens, des Carthaginois, des
matisant les erreurs des infi- langue. Pour les historiens et Vandales et des Musulmans,
dèles; 2° fonder des collèges les philosophes, il reste un la mémoire des pierres té-
de langues orientales; 3° cas. Ceux qui l’aiment I’ap- moigne dans de nombreux
évangéliser les musulmans. pellent «docteur illuminé ». lieux de ces mixages histori-
En 1266, il vendit tous ses À notre époque, Lulle appa- ques.
biens et entra dans l’Ordre raît comme le témoin éclairé C’est au Xe siècle que Ma-
de Saint François. Il se bâtit de la rencontre de trois jorque tomba sous domina-
alors à Randa, une cabane cultures «, juive et chré- tion musulmane et s’incor-
où il se consacra pendant tienne». Obsédé par le rêve pora à l’émirat de Cordoue.
neuf ans à la pénitence et à de les harmoniser, il sut tirer En 1229, Jacques 1er s’em-
l’étude philosophique. Il ob- de leurs diversités fonda- pare de la capitale et occupe
tint la fondation d’un cou- mentales et de leur fonda- bientôt toute l’île. Les Ba-
vent de Frères mineurs, qui mentale unité le charme de léares forment un royaume
y apprennent l’arabe pour sa doctrine et la rigueur de indépendant avec le Roussil-
aller prêcher l’évangile aux son système. Avant Dante et lon, la Cerdagne et la sei-
infidèles. Lui même apprit avant Eckhart, il osa, le pre- gneurie de Montpellier, sous
l’hébreux et l’arabe, tout en mier en Europe médiévale, Jacques II.
prônant le latin comme lan- faire parler philosophie, Le château de Bellver, édifié
gue universelle. Il proposa théologie et science à une sous Jacques 1er, constitue
d’organiser une croisade dé- langue autre que le latin et le le promontoire idéal pour
cisive et partit lui-même en grec. découvrir la superbe ville de
guerre contre Averroès. Majorque. Cette citadelle
Après mille péripéties et ——————————— circulaire flanquée de trois
naufrages sur les rives orien- Majorque : de Raymond tours domine toute la cité.
tales de la Méditerranée, il Lulle l’initié à l’Ordre du La promenade de Sagrera
vint à Paris où il passionna Temple conduit à la cathédrale, où se
la jeunesse par son enseigne- ——————————— situent le palais de l’Almu-
ment. daina et le parc de Mar.
En 1311, il obtint du concile
de Vienne la création de col-
lèges enseignant l’hébreu,
I l existe deux manières de
découvrir la superbe île
de Majorque. La première
Cette basilique a été édifiée
sur l’emplacement d’une an-
cienne mosquée. Les travaux
l’arabe et le chaldéen. Son est réservée aux touristes qui commencèrent le 1er janvier
but était de susciter entre y trouvent des plages de sa- 1230. Ils durèrent trois siè-
savants musulmans ortho- ble exceptionnelles et des cles.
doxes et catholiques des ren- paysages aux aspects multi- À quelques centaines de mè-
Raymond Lulle, auteur
contres qu’il espérait profi- ples et colorés. tres de ce merveilleux édi-
prolixe de plus de
table à l’unification du La seconde aux amateurs de fice, sur la promenade Sa-
300 ouvrages.

18 - Templarium
Raymond Lulle, le « Docteur illuminé »
l’évêque Jaume Blaquer Raymond Lulle et Thomas
couronna la statue de la le Myèsier présentent les
Vierge à la carnation brune, œuvres du Docteur illuminé
protectrice de la Ville. à la Reine de France
L’origine de cette Vierge est
étrange. Découverte dans le
creux d’un arbre, elle fut
amenée au monastère d’où
elle s’évada, pour rejoindre
sa niche végétale. Le scéna-
rio se déroula à plusieurs
reprises, avant que la More-
neta accepte d’être exposée
dans le saint lieu.
Une fois encore, on retrouve
là, les Templiers implantés
sur un site voué à une
Vierge Noire. Ce n’est sans
doute pas un hasard, car le
tellurisme du lieu est bien
particulier et nous savons
que toutes les églises et les
chapelles de l’Ordre étaient
construites sur des zones ra-
diantes du sol, d’où émer-
geaient toujours des énergies
bienfaisantes.
Lluch est un lieu de mira-
cles, de nombreuses guéri-
sons inexpliquées y ont été
enregistrées. Les pèlerinages
y sont fréquents et le souve-
grera, se dresse la statue de Lluch. Son his- nir des chevaliers aux
Raymond Lulle, qui pour toire remonte au Blancs Manteaux plane en-
l’Inquisition fut un héréti- XIIIe siècle, épo- core sur ce site chargé et
que, alors que pour l’école que à laquelle les bien particulier.
franciscaine, il fut un saint. Templiers s’é- Les anciennes structures
De son propre aveu, il se dit taient fixés après d’accueil des pèlerins sont
le «des Infidèles». Le Mira- avoir été absous
mar, sur une corniche domi- par le roi. Il n’y
nant la mer, conserve encore avait à l’époque
le souvenir de cet étrange qu’une petite
initié qui tenta un syncré- église dédiée à
tisme religieux des trois reli- Sainte Marie de
gions monothéistes. Lluch. À compter
De nos jours, il apparaît de 1322, l’oratoire
comme un philosophe et un devint un lieu im-
penseur mystique à l’inter- portant de pèleri-
section de trois cultures nage. Un seigneur
arabe, juive, chrétienne. local, Bernard de
Ses deux livres majeurs, Sacoma, céda
l’Arbor sclentiae et Ars ma- quelques terres
gna, constituent encore un afin de pouvoir
puits de science au fond du- construire une au- Raymond Lulle avec l’échelle:
quel de nombreux mystiques berge pour les pè- Représentation imagée du cor-
vont chercher un enseigne- lerins. pus lullien
ment philosophique riche et Au milieu du XVe
précieux.
siècle, on y fonda une collé- encore visibles et bien entre-
——————————— giale. En 1456, elle reçut tenues; en les visitant, nous
Templiers et Vierge Noire l’approbation de Calixte III. replongeons dans des temps
——————————— L’église dans laquelle est oubliés, temps où la foi des
hommes permettait la com-
C ’est dans une grande
vallée entourée de
montagnes abruptes que se
exposé la Moreneta, pa-
tronne de Majorque fut
construite entre 1662 et
munion entre le Ciel et la
Terre. G. T.
trouve le monastère de 1684. C’est en 1884, que

Templarium - 19
L’Ordre des chevaliers Teutoniques
mands à Jérusalem, cette prussiennes. Nommés d’a- cents ans. Il occupe les terri-
communauté est transformée bord « Chevaliers de Jésus- toires de Kulm et Loebau, et Maîtres d’Allemagne (1219-1526)
en Ordre militaire vers 1198, Christ », ils prennent ensuite fonde les villes de Toru en 1. Fr. Herman (1219-1227)
puis reconnue officiellement le nom de la forteresse de 1231, Marienbourg et El- 2. Fr. Dietrich (1227-1232)
par le pape un an plus tard. Dobrin ou Dobrzin, sur la bing. 3. Fr. Henri de Hohenlohe (1232-
En effet, le pape Innocent III Vistule, érigée par le fonda- Les nombreuses villes 1242)
confirme l’Ordre des Cheva- teur pour en faire leur rési- comme Gdansk, Königsberg 4. Fr. Berthold de Tannenrode
liers Teutoniques le 19 fé- dence. Mais l’Ordre de Do- et Kulm se développent et (1243-1245)
vrier 1199 par la bulle brin n’a pas répondu aux acquièrent une richesse éco- 5. Fr. Albert de Bastheim (1245-
1247)
« Sacrosancta Romana ». Il espérances de Conrad, et le nomique grâce à leur filia- 6. Fr. Albert de Hallenberg (1248-
accorde en 1205 au Deuts- prince fait appel aux cheva- tion à la Hanse. La conquête 1251)
cher Ritter Orden, de son liers teutoniques. de la Prusse s’achèvera en 7. Fr. Eberhard de Sayn (1251-
nom complet « Ordre des Au XIIIe siècle, l’Ordre 1283. 1254)
chevaliers Teutoniques de Teutonique avait acquis 8. Fr. Dietrich (Thiéry) de Grunin-
gen (1254-1256)
l’Hôpital Sainte-Marie-de- d’importantes possessions ———————————
9. Fr. Conrad de Nuremberg
Jérusalem », l'utilisation de en Méditerranée et en Alle- La Hanse teutonique (1257-1264)
l'habit blanc paré d’une magne, et douze bailliages ——————————— 10. Fr. Werner de Battenberg
croix noire. Les empereurs
de la Maison de Suabia les
comblent de faveur. De plus,
ont été conçus et voués au
financement des expédi-
tions. Après la perte de Jéru-
L es teutoniques allouent
une liberté considérable
aux villes, dont plusieurs
(1271-1273)
11. Fr. Gérard de Hirzberg (1273-
1277)
ils prennent parti pour Fré- salem, les chevaliers Teuto- rejoignent la Ligue Hanséa- 12. Fr. Mathias (1281-1283)
déric II même si celui-ci a niques partent vers la Tran- tique. En effet, les cheva- 13. Fr. Conrad de Feuchtwangen
(1284-1290) (Voir Grands-
rompu avec la papauté et en sylvanie en 1211, et fondent liers autorisèrent la Hanse à Maîtres)
opposition avec les deux la ville de Kronstadt (Brasov fonder des villes-comptoirs 14 Fr. Godefroy de Hohenlohe
autres ordres militaires. Pen- en Transylvanie). Vingt ans comme Gdañsk. En 1263 le (1294-1297) (Voir Grands-
dant la Quatrième croisade, plus tard, le grand maître pape permet à l’Ordre Teu- Maîtres)
quand les portes de Jérusa- Hermann von Salza entre- tonique de monopoliser le 15. Fr. Jean de Nesselrode (1297-
1298)
lem ont été pour la dernière prend la Drang nach Osten commerce du grain. Leur
16. Fr. Sigefroy de Feuchtwangen
fois ouvertes aux Chrétiens, (la poussée vers l’est) suite à prise (1308-9) de Pomerelia (1298-1302) (Voir Grands-
sous l’ordre de cet empe- la demande du duc Conrad (Poméranie-Ultérieure) de Maîtres)
reur, les Chevaliers Teutoni- de Mazovie. La conquête et Brandenburg engendre une 17. Fr. Winrich de Bosweiler
ques ont pu prendre posses- colonisation de la Prusse guerre alternative avec la (1302-1303)
sion de leur première mai- païenne sont amorcées par Pologne, qui revendique la 18. Fr. Eberhard de Sulzberg
(1305-1323)
son, Sainte-Marie des Alle- vingt-et-un chevaliers Teu- province.
19. Fr. Conrad de Gundelfingen
mands (1229). toniques et cent servants. (1323-1329)
La règle précise en outre la Les chevaliers de Dobrin ——————————— 20. Fr. Zurich de Stetten (1329-
hiérarchie des membres: fusionnent avec eux par la La Drang nach Osten se 1330)
frères chevaliers, prêtres et demande du duc de Mazovie poursuit 21. Fr. Wolfram de Nellenbourg
domestiques. Ils sont sous et Cujavie. ——————————— (1331-1361)

L
22. Fr. Philippe de Bickenbach
l’autorité d’un grand maître L’Ordre Teutonique soumet eur expansion continue (1361-1375)
élu à vie, et assisté par cinq alors la foi chrétienne à la en Livonie par la fu- 23. Fr. Godefroy, comte de Hanau
dignitaires : le grand com- Prusse païenne en un demi- sion en 1237 avec l’Ordre (1375)
mandeur, le maréchal, le siècle. La population autoch- des chevaliers Porte-Glaive. 24 Fr. Jean de Heyn (1375-1379)
trésorier, l’hospitalier et un tone est complètement Mais leur croisade vers 25 Fr. Conrad de Rude (1379-
responsable de la garde- confondue avec les colons l’Est se solde par un échec. 1382)
robe. qui suivent les chevaliers Vers 1242, la pénétration 26. Fr. Sigefroy de Benningen
(1382-1393)
germains, à tel point que la en Estonie par l’Ordre mili-
27. Fr. Jean de Ketze (1393-1396)
——————————— dernière personne à parler taro-religieux germanique
28. Fr. Conrad de Eglofstein
La Prusse sous les cheva- cette langue disparaît à la fin des chevaliers Porte-Glaive (1396-1416)
liers Teutoniques du XIIIe siècle. À l’inverse est stoppée par Alexandre 29. Fr. Dietrich de Wittershaussen
——————————— des autres ordres militaires, Nevski sur les glaces du lac (1416-1420)

A vant le XIIIe siècle, les


Prussiens n’étaient pas
convertis au christianisme.
les Teutoniques amènent
dans les territoires conquis
des missionnaires, magis-
Tchoudsk; les frontières de
l’Estonie à l’Est sont prati-
quement fixées à ce mo-
30. Fr. Eberhard de Saunsheim
(1420-1443)
31. Fr. Eberhard de Stetten (1443-
1447)
Installés sur les côtes de la trats, colons allemands hol- ment précis. Les Teutoni- 32. Fr. Jost de Venningen (1447-
Baltique, ils résistent aux landais et polonais. Ils sont ques limitent leurs actions 1454)
efforts des missionnaires et encouragés par les princes aux païens, et fondent Klai- 33. Fr. Ulric de Lentersheim
plusieurs d’entre eux y lais- polonais à s’installer dans le peda en 1252 et Koenigs- (1454-1479)
seront leur vie. pays. La Prusse, gouvernée berg en 1255. Au XIVe 34 Fr. Reinhard de Neuperg (1479-
1489)
Le duc polonais, Conrad de par les chevaliers Teutoni- siècle, ils implantent leur
35 Fr. André de Groumbach
Mazovie et de Cujavie, insti- ques, devient le fief de la domination sur la Poméré- (1489-1499)
tue alors l’Ordre de Dobrin papauté. lie et Dantzig (1308-1309), 36. Fr. Hartmann de Stockheim
en 1230. Le but de ses mem- La puissance de l’Ordre l’Estonie et la Courlande. (1499-1510)
bres était de défendre ses Teutonique se maintiendra En 1309, Les chevaliers 37. Fr. Jean Adelmann d’Adel-
États contre les incursions dans la région pendant deux installent leur siège à Ma- mannsfelden (1510-1515)
38. Fr. Dietrich de Cleen (1515-
1516)

Templarium - 21
Ordre de Chevalerie
rienburg (aujourd’hui Mal- bat à la bataille de Grun- gne méridionale et connaît
bork, Pologne) et font édi- wald-Tannenberg, marquant un certain regain dans la
fier de nombreuses forteres- ainsi l’amorce de la chute de lutte contre les Turcs en
ses, comme celles de Ma- l’Ordre et la fin de son ex- Hongrie.
rienburg ou de Gollub en pansion territoriale. Les che- Le traité de Presbourg, signé
Prusse ; ils créent quatre- valiers Teutoniques perdent le 26 décembre 1805 entre
vingt treize villes sur leurs un nombre considérable Napoléon Ier et l’empereur
territoires (entre autre la d’hommes et abandonnent la François II, fait de la grande
ville de Königsberg, au- Samogitie. Le grand maître maîtrise un apanage de la
jourd’hui Kaliningrad). Heinrich von Plauen (1410 à lignée masculine des Habs-
Après la Poméranie Ulté- 1413) cherche à réformer bourg-Lorraine. Quatre ans
rieure en 1309, année durant l’Ordre en déclin mais se après, Napoléon Ier dissout
laquelle ils obtiennent de fait bientôt démettre par le l’Ordre dans les États de la
l’empereur Frédéric II le chapitre. Après une nouvelle Confédération du Rhin.
statut et les privilèges accor- période de guerres entre la L’Empereur Ferdinand Ier
dés aux princes d’Empire, Pologne de Casimir IV et les d’Autriche rétablit l’Ordre
les chevaliers Teutoniques Teutoniques, la guerre de dans les provinces dépen-
subissent de sévères défaites Treize Ans (1454-1466), le dantes de son autorité au
de 1325 à 1333 par le roi de deuxième traité de paix de cours du XIXe siècle.
Pologne Ladislas Ier et le Thorn (aujourd’hui Torun) L’archiduc d’Autriche, Eu-
royaume est réunifié. Ce est signée en 1466. Ce pacte gène, grand maître de l’Or-
monarque occupe le trône oblige l’Ordre teutonique à dre, renonce le 30 avril 1923
depuis 1320 grâce à l’appui céder à la Pologne la Pomé- au magistère. L’évêque de
de la Szlachta, petite no- ranie, la région de Marien- Stène, Norbert-Jean Klein
blesse terrienne. burg, Kulm et l’Ermland — lui succède en étant élu le
Ceci n’empêche pas les che- qui forment la Prusse même jour grand maître,
valiers germains de poursui- royale —, laissant aux mains puis réélu le 13 juin 1930.
vre leur extension en des chevaliers la Livonie et Après l’Anschluss en 1938,
conquérant à nouveau l’Es- la partie restante de la Hitler supprime l’Ordre
tonie en 1346. Une révolte Prusse orientale qui devient Teutonique en Autri-
paysanne (1343-1345) en- un fief de la couronne de che mais il sera rétabli dans
gage les rois danois à céder Pologne. Ainsi, le roi de ses droits en 1947.
leurs territoires du nord de Pologne devient le suzerain L’organisation teutonique
l’Estonie à l’Ordre militaire du grand maître de l’Ordre existe encore aujourd’hui en
et religieux germaniques des pour les territoires restants. Autriche, mais depuis le 27
chevaliers Teutoniques qui Au XVIe siècle, le dernier novembre 1929, il n’est plus
contrôle déjà le sud de la grand maître des chevaliers un ordre de chevalerie mais
région, la Livonie. Teutoniques, Albert de Ho- une communauté religieuse
Les chevaliers et la Ligue henzollern (Albrecht de privilégiant toutefois les
hanséatique ont créé des Brandebourg), un luthérien valeurs incontestables de la
comptoirs commerciaux le ayant embrassé la religion chevalerie. Des modifica-
long de la côte, dominent le protestante, se proclame tions on été introduites dans
pays jusqu’en 1561, année premier duc de Prusse par le ses statuts pour les adapter
de dissolution de l’Ordre traité de Cracovie en 1525. aux circonstances actuelles.
Teutonique. Sous son magistère la Prusse Sa dénomination est « Frères
et la Curlande sont séculari- de l’Ordre Allemand de
——————————— sées et transformées en du- Sainte-Marie-de-Jérusalem »
Déclin et renouveau de chés. Quant à la Livonie, et un abbé mitré dont l’auto-
l’Ordre elle est partagée entre la rité ne dépend que du pape
——————————— Pologne, la Russie et la en assure la grande maîtrise.

P arallèlement à l’expan-
sion économique des
villes comme Gdansk, Kö-
Suède. La plupart des cheva-
liers se convertissent lors de
la Réforme. Ceux qui de-
Aujourd’hui, l’ordre dont le
siège est à Vienne, compte
un millier de membres, prê-
nigsberg et Kulm, une forte meurent fidèles à la foi ca- tres, religieuses et laïcs, et
opposition aux Allemands se tholique élisent Walther de poursuit dans ses dispensai-
développe en Europe orien- Cronberg à la tête de l’Or- res et ses écoles, l’œuvre des
tale˹. À partir de 1386, la dre, en 1526, et fixent leur hospitaliers d’origine ; ses
Pologne et la Lithuanie résidence à Mergentheim en actions à l’Autriche, à l’Ita-
constituent une union dynas- Franconie avec l’approba- lie et à l’Allemagne. J. de L.
tique, et les chevaliers Teu- tion de Charles Quint. Le
toniques sont de plus en plus Saint-Empire attribue doré-
contestés dès la fin du XIVe navant l’investiture au grand
siècle. Le 15 juillet 1410 maître.
l’armée polono-lithuanienne L’Ordre des chevaliers Teu-
de Ladislas II Jagellon les toniques survit en Allema-

22 - Templarium
L’Ordre des chevaliers Teutoniques

32. Fr. Henri Refle de Richtenberg (1470-1477)


Liste des Grands-Maîtres de l’Ordre des origines à nos 33. Fr. Martin Truchses de Wetzhausen (1477-1489)
jours.
34. Fr. Jean de Tieffen (1489-1497)
35 Fr. Frédéric, duc de Saxe (1498-1510)
 Jérusalem et Saint-Jean-d’Acre
36. Fr. Albert, margrave de Brandebourg (1511-1525)
I. Fr. Henri de Walpot (1190-1200)
 Marienthal
 Saint.Jean-d’Acre
37. Fr. Walther de Cronberg (1526-1543)
2. Fr. Otton de Kerpen (1200-1206) 38. Fr. Wolfgang Schuzbar (1543-1566)
3. Fr. Herman de Bart (1206-1210)
39. Fr. Georges Hund de Wenckheim (1566-1572)
4. Fr. Herman de Salza (1210-1239)
40. Fr. Henri de Bobenhausen (1572-1595)
5. Fr. Conrad, landgrave de Thuringe (1239-1241) 41. Fr. Maximilien 1er, archiduc d’Autriche (1595-1618)
6. Fr. Gérard de Malberg (1241-1244)
42. Fr. Charles, archiduc d’Autriche (1619-1624)
7. Fr. Henri, comte de Hohenlohe (1244-1253)
43. Fr. Eustache de Westernach (1625-1627)
8. Fr. Popon d’Osterna (1253-1262)
44. Fr. Jean-Gaspard de Stadion (1627-1641)
9. Fr. Annon de Sangershausen (1262-1274) 45. Fr. Léopold-Guillaume, archiduc d’Autriche (1641-
10. Fr. Hartman de Heldrungen (1274-1283)
1662)
11. Fr. Burchard de Schwenden (1283-1290)
46. Fr. Charles-Joseph, archiduc d’Autriche (1662-1664)
47. Fr. Jean-Gaspard d’Ampringen (1664-1684)
 Saint-Jean-d’Acre et Venise
48. Fr. Louis-Antoine, comte palatin de Neubourg (1685-
12 Fr. Conrad de Feuchtwangen (1290-1297)
1694)
13. Fr. Godefroy de Hohenlohe (1297-1309) 49 Fr. François-Louis, comte palatin de Neubourg (1694-
1732)
 Marienbourg
50. Fr. Clément-Auguste, duc en Bavière (1732-1761)
14. Fr. Sigefroy de Feuchtwangen (1309-1312)
51. Fr. Charles-Alexandre, duc de Lorraine (1761-1780)
15. Fr. Charles de Beffart (1312-1324) 52. Fr. Maximilien (Il) François, archiduc d’Autriche
16. Fr. Werner d’Orselen (1324-1331)
(1780-1801)
17. Fr. Luther de Brunswick (1331-1333)
53 Fr. Charles-Louis, archiduc d’Autriche (1801-1804)
18. Fr. Théodoric d’Altenbourg (1334-1341) 54 Fr. Antoine-Victor, archiduc d’Autriche (1804-1835)
19. Fr. Ludolph Koenig de Weitzau (1342-1345)
55. Fr. Maximilien (III) Joseph, archiduc d’Aùtriche-Este
20. Fr. Henri Dusener d’Arfberg (1345-1351)
(1835- 1863)
21. Fr. Winrich de Kniprode (1351-1382)
56. Fr. Guillaume-François-Charles, archiduc d’Autriche
22. Fr. Conrad Zolner de Rotenstein (1382-1390) (1863- 1894)
23. Fr. Conrad de Wallenrod (1391-1394)
57. Fr. Eugène, archiduc d’Autriche (1894-1923)
24. Fr. Conrad de Jungingen (1394-1407)
58. Fr. Norbert Klein, évêque de Stène (1923-1933)
25. Fr. Ulrich de Jungingen (1407-1410) 59. Fr. Paul Heider, abbé mitré (1933-1936)
26. Fr. Henri de Plauen (1410-1413)
27. Fr. Michel Kuchmeister de Sternberg (1414-1422)
 Marlenthal et Vienne Bibliographie
28. Fr. Paul Bellizer de Rusdorf (1422-1441) 60. Fr. Robert Schaelky, abbé mitré (1936-1948)
Maigne, Dictionnaire
 Marienbourg et Koenigsberg encyclopédique des Or-
 Vienne
29. Fr. Conrad d’Erlichshausen (1441-1449)
30. Fr. Louis d’Erlichshausen (1450-1467)
61. Fr. Marian Tumler, abbé mitré (1948-1970) dres de chevalerie civils
62. Fr. Ildefons Pauler, abbé mitré (1970-1988) et militaires, Pardès,
 Koenigsberg
63. Fr. Arnold Wieland, abbé mitré (1988-)
31. Fr. Henri Reuss de Plauen, lieutenant du magistère 1999.
(1467-1469), Grand-Maître (1469-1470) Louis Lefroid, l’Ordre
Teutonique, Opéra, 1992

Templarium - 23
Ordre Religieux

Les Moines Cisterciens


Par Jean-Luc Alias

En 1098 un petit groupe de moines de l'Abbaye française de Molesme, cherchant


à vivre une vie dans la stricte conformité de la Règle de Saint Benoît, fonde un
monastère appelé simplement Novum Monasterium (le Nouveau Monastère).

L es Templiers sont
connus dans l’histoire en
tant que moines-soldats. Mais
qui est observée ainsi que les
coutumes de Cluny. Plusieurs
seigneurs soutiennent la nou-
l'exercice du travail manuel
comme un élément de la rè-
gle monastique; ils rejètent
en générale on ne connaît pas velle abbaye en enrichissant les revenus féodaux. Bien
leur parenté commune avec les moines. Ces derniers en que le premier abbé ait été
les Cisterciens appelés aussi oublient un des trois vœux de contraint de rentrer à Mo-
moines blancs en raison du sa fondation: l’esprit de pau- lesme, son successeur, Albé-
vêtement blanc ou gris qu'ils vreté. Le prieur Albéric sug- ric, obtient du pape Pascalla
portent sous leur scapulaire gère alors de restaurer la rè- reconnaissance de son Ordre
noir. C’est le 21 mars 1098, gle de saint Benoît dans sa en 1100. C’est le troisième
soit un an avant la prise de la rigueur primitive, la même abbé, d’origine anglaise,
cité de Jérusalem par les qui régira plus tard celle de Étienne Harding, qui obtient
Croisés, qu’un moine béné- l’Ordre du Temple; il est la charte de Charité, première
dictin de l'abbaye de Mo- fouetté et emprisonné pen- constitution de l'Ordre cister-
lesme (Côte-d’Or), Robert, dant l’absence de Robert. Ce cien: toutes les maisons de
mène vingt de ses disciples dernier, séduit par la nouvelle l'Ordre doivent suivent la
dans la forêt inhospitalière de idée de son frère, propose à même règle et être visitées
Cîteaux (Côte-d'Or). Ils y Albéric, Étienne Harding et chaque année par l'abbé fon-
fondent une nouvelle abbaye dix-huit autres moines de dateur˹; tous les abbés cister-
nommée Cistercium: Cîteaux. quitter l’abbaye sans l’autori- ciens doivent se retrouver
Cet établissement marque la sation de l’évêque de Lan- une fois par an à Cîteaux.
naissance de l’Ordre Cister- gres, leur supérieur pour met- Mais faute de moines, l'insti-
cien. tre en application la règle. tut cistercien menace de
Condamnés comme fugitifs, s'éteindre lorsqu’un jeune
——————————— ils sont ramenés à leur cou- homme de Fontaines nommé
Robert de Molesme vent. Mais en 1098, l’arche- Bernard vient s'y enfermer
——————————— vêque de Lyon, légat pontifi- avec trente de ses frères en

L a raison pour laquelle


Robert décide de quitter
l’oratoire établit dans la forêt
cal, accepte que les vingt-et-
un religieux puissent s’instal-
ler dans la forêt de Cîteaux.
1112. C’est la contribution la
plus remarquable qu’Harding
ait réalisée pour la cause cis-
de Molesme est justifiée par Le vicomte de Beaune, Re- tercienne en introduisant
le désir d’un retour à la naud, leur cède alors un ter- Bernard dans l’Ordre.
stricte règle monastique défi- rain. Mais les moines de l’ab-
nie par saint Benoît vers 540, baye de Molesme sont mal- ———————————
dans sa lettre comme dans heureux à cause du départ de L’influence de Saint Ber-
son esprit, et malheureuse- Robert, et ils demandent au nard de Clairvaux
ment négligée par les moines. pape Urbain II le retour de ———————————
Après avoir été prieur de
l’abbaye bénédictine de Mou-
tier-la-Celle (Aube) dans
leur abbé. En 1099, Robert
confie Cîteaux à l’abbé Albé-
ric et au prieur Étienne Har-
S ous l'impulsion de Ber-
nard, homme énergique à
la parole puissante, et menant
laquelle il est entré à l’âge de ding puis retourne à Molesme une vie monastique dans
quinze ans, puis abbé de où il y restera jusqu’à sa l’observance commune, l'Or-
Saint-Michel-de-Tonnerre, et mort; il introduit la réforme dre dénombre bientôt quatre
enfin prieur de Saint-Ayoul- qui avait jusque-là échoué. abbayes : la Ferté, Pontigny,
de-Provins, Robert est sollici- Morimond, et Clairvaux.
té par les ermites de la forêt ——————————— Mystique et le plus influent
de Collan pour devenir leur Cîteaux sous Étienne Har- prédicateur de son époque, ce
supérieur. Vers 1075, il les ding théologien est l’incontestable
installe dans la forêt de Mo- ——————————— précurseur de la prompte
lesme, où il y fait construire
un oratoire dédié à la Vierge.
C’est la règle de saint Benoît
L es moines résidant à
Cîteaux adoptent un
strict ascétisme, considérant
expansion de l'Ordre. À
Clairvaux, vrai foyer de la
famille cistercienne au XIIe

24 - Templarium
Les Moines Cisterciens
siècle, Bernard devient le pre- bibliothèques. Ceci rappelle
mier abbé en 1115, et autorise étrangement l’importance de
l'ouverture d'un vaste chantier l’Ordre du Temple. Le lien
après une période d'hésitation. entre ces deux communautés
Les bâtiments monastiques et n’est pas simplement qu’une
notamment l'église sont recons- coïncidence. Est-ce que la
truits en pierre. La nouvelle gestion des Cisterciens et
abbatiale romane, entièrement Templiers était conçue de la
voûtée, mesurait plus de 100de même façon? Cette similitude spirituel s’exprime par la
long et sa construction débuta à n’est certainement pas le fruit Robert, Étienne et Albéric
constitution de deux réformes
partir de 1135. À sa mort, en du hasard. La noblesse Bur- principales, celle des Feuil-
1153, il existait plus de trois gonde dont est issu Hugues, lants à la fin du XVIesiècle,
cents monastères cisterciens, Comte de Champagne, mem- et celle de la Trappe sous
dont cent soixante-huit fondés bre de l’Ordre du Temple, l'impulsion de J.Bouthillier
directement par Clairvaux. Les contribue à l’essor des ab- de Rancé en 1664. Le groupe
«» de Cîteaux, engendrent d'in- bayes cisterciennes en cédant de Notre-Dame de la Trappe,
nombrables «-filles» et «ère- des terres aux moines. Si bien fondé par Armand de Rancé
petites-filles», plus par coloni- que l'église de Cîteaux ren- est le plus remarquable. Ces
sation que par affiliation. Cent fermait les mausolées des moines dit trappistes établis-
ans après sa création, l'Ordre ducs de Bourgogne de la sent en définitive un ordre
s'était répandu dans presque première race et ceux de séparé, celui des «˹ cister-
toute l'Europe et dans les pays quelques seigneurs bourgui- ciens de la stricte obser-
du Levant, dénombrant ainsi gnons ; l'un des tombeaux les vance˹», distinct de l'Ordre
plus de mille abbayes cister- plus remarquables est celui d'origine, celui du Saint Or-
ciennes. de Philippe Pot, seigneur de dre de Cîteaux ou
la Rochepot qui a été conser- «˹cisterciens d'observance
——————————— vé au musée du Louvre. L'ab- commune˹».
Cisterciens et Templiers: baye, pillée et rançonnée de
une prospérité similaire nombreuses fois au cours de ———————————
——————————— son histoire (1589, 1595, Le Moine cistercien de la
L e XIIe siècle est considéré
comme l’âge d'or des cis-
terciens car l’Ordre devient le
1636), fut supprimée en
1790. De plus, le jeune abbé
Bernard participe non seule-
stricte observance ou
Trappiste
———————————
plus influent au sein de l'Église ment à la préparation de la
catholique, succédant ainsi aux
bénédictins de Cluny. Ils exer-
règle du nouvel Ordre de la
Milice du Temple, mais le
T el un disciple chrétien, le
moine cistercien passe
beaucoup de son temps dans
cent des fonctions épiscopales propulse vers des sommets la paix et la tranquillité, afin
et de légats du pape, et oc- prodigieux par sa fameuse d’étudier la signification des
cupent la plupart des postes de lettre adressée à Hugues de évangiles et leurs précur-
la curie romaine ( gouverne- Payns. Trois des grands Maî- seurs, les documents de l'An-
ment de l'Église). Ils contri- tres des Templiers ont fini cien Testament. L'étude ré-
buent également de manière leurs jours chez les cister- elle et la pensée méditative
décisive au développement ciens. De surcroît, lorsqu’un vont ensemble parce qu’il
économique et agricole de l'Eu- chevalier est expulsé de l’Or- cherche à approfondir sa
rope du Moyen Âge, en parti- dre du Temple, il ne retourne conscience de la signification
culier par la production et la pas à la vie laïque mais dans de la vie du Christ et de la
commercialisation des céréales un monastère Cistercien pour nouvelle vie offerte par le
et de la laine. Ils contribuent y être réhabilité. À peu près à Seigneur à tous les gens.
aussi à l'essor de l'architecture l’unisson, Cisterciens et L'église et le monde sont
gothique à travers toute l'Eu- Templiers étaient très prospè- toujours sous le microscope
rope et consacrent beaucoup de res. Exempts d’impôts et du moine tant qu'il est
temps à rassembler et à copier dîmes, ils étaient experts en concerné. Sa propre vie dé-
des manuscrits destinés à leurs toute forme d’agriculture, pend de la réalité de cette
industrie et commerce. recherche de la signification
de son expérience de la vie
——————————— qu'il partage avec le Sei- Au dessus :
Le déclin gneur. Les livres sont essen- Page d’un vieux manuscrit
——————————— tiels pour cette recherche et des moines cisterciens
fur et à mesure que l'Or-
À dre s’accroît et s’enrichit,
permettent au moine de s'an-
crer dans le monde réel de
les Cisterciens négligent ses contemporains aussi bien
quelques principes ascétiques que de ceux qui sont partis
des origines. L'Ordre de Cî- avant lui. Ainsi quand il ne À gauche de cette page:
teaux connaît alors une pé- travaille ou ne prie pas, il le moine cistercien Bernard
riode de crise à partir du prend ses livres pour s’inté- de Clairvaux prêche la 2ème
XIIIe siècle. La volonté d’un resser aux efforts personnels croisade à Vézelay en l'an
renouveau monastique et de tous les gens pensants. J.- L. A. 1146, devant le roi de France

Templarium - 25
Chevalerie mystique

L e s Te m p l i e r s o n t - i l s
possédé le Saint Graal?
Par William Mann

Personne ne sait si le Graal existe toujours ou s'il a existé à l’époque des


Chevaliers Templiers ? Selon la tradition, cette sainte coupe dans la-
quelle Jésus-Christ aurait bu lors de la Cène, aurait été conservée par Jo-
seph d'Arimathie qui l'employa pour recevoir le sang du Christ crucifié.

A vec l’apparition d’In-


ternet, il semble y
avoir un certain engouement
raisonnement élémentaire
est de comprendre pourquoi
l’Église et l’État ont pour-
qui possédaient la sagesse
inhérente pour maintenir « le
secret » en étant capables de
relatif à la question sui- suivi les Templiers jusque fixer les positions longitudi-
vante : Est-ce que les Che- vers les terres lointaines nales bien que cela ne de-
valiers médiévaux de l’Or- pour les torturer au-delà de vienne après une pratique
dre du Temple ont réelle- la compassion. Évidemment, courante, étaient en danger
ment possédé le Saint les accusations de blas- constant d’extermination.
Graal ? La réponse est très phème étaient seulement une D’autre part, elles pouvaient
simple : sans aucun doute, excuse pour justifier leurs non seulement exploiter
les Templiers ont possédé le actions ; l’Église et l’État pleinement leur privilège
Saint Graal. n’avaient aucune compé- comme les premiers Tem-
Malheureusement, l’explica- tence pour reconnaître que le pliers, mais jouir aussi d’une
tion à cette réponse reste cercle intérieur de l’Ordre situation rivalisée par per-
quelque peu compliquée et, du Temple puisse posséder sonne.
engendre progressivement la quelque chose beaucoup Autrement dit, on a accordé
spéculation. La signification plus important que l’argent aux Templiers et à ceux qui
profonde se situe au-delà de et l’or - quelque chose qui sont venus avant eux, la
Joseph d’Arimathie et son apparence, et représente pouvait menacer les deux capacité de « chercher au-
la sainte coupe ainsi la vraie réponse. Le Institutions. delà » du dogme standard de
Les Templiers possédaient l’Église les lieux encore « à
la filiation intacte de découvrir » – L’Au-delà
« l’ancienne connaissance » mythique.
qui a parmi, entre autre, aux Pensez-y un instant. Si vous
marins de jadis de naviguer possédiez une source illimi-
sur toutes les mers du tée de matière première,
monde ; ils en sont devenus terre fertile, et richesse mi-
ainsi les gardiens sacrés. Il nérale, le révéleriez-vous au
apparaît maintenant que les monde ? Non, je ne pense
échanges entre « le Vieux pas que vous le feriez, parti-
Monde » et « le Nouveau culièrement si vous étiez
Monde » avaient eu lieu dans les affaires « de né-
régulièrement pendant le goce » parmi les nations en
Néolithique, et à la période paix. Les Templiers auraient
romaine par « les sociétés certainement considéré cette
qui étaient dans sur le se- connaissance comme étant
cret. » Les Allusions aux un « Don de Dieu.» Ainsi,
séjours et colonisations sem- les hommes du Temple se
blent maintenant se révéler seraient considérés comme
par plusieurs sources in- les gardiens d’un « Lien »
cluant la mythologie classi- direct entre Dieu et
que, la légende indienne et l’homme. Ils auraient égale-
le folklore maritime, aussi ment cru que ce canal de la
bien que par les récentes connaissance venait directe-
découvertes archéologiques. ment du ciel par les Mystè-
Cette connaissance était le res de Christ. Pour les Tem-
pouvoir pur. Les sociétés qui pliers, cette incarnation de la
savaient suivre à la trace le connaissance céleste était le
soleil, la lune et les étoiles Saint Graal.

26 - Templarium
Les Templiers ont-ils possédés le Graal ?
chercheur qui peut arriver à Le Graal,
l’application propre de la lien du ciel et de la terre.
connaissance et de la com-
préhension, la sagesse et la
vérité seront révélées. Ve-
nant du plein cercle, ces
quatre «éléments» étaient les
«Trésors du Graal» que pos-
sédait le noyau intérieur des
chevaliers du Temple. Mal-
heureusement, ayant tout de
même navigués en 1308
jusque dans cette partie du
monde considérée comme la
nouvelle Jérusalem
(Nouvelle-Écosse moderne),
cela n’empêchait pas les
Templiers d’être implacable-
ment poursuivis par l’Église
et l’État. Par conséquent,
c’était dans le désert
d’A(r)cadia au XIVe siècle
que le chef spirituel des che-
valiers Templiers, le prince
Henry Sinclair, avait enterré
le Saint Graal jusqu’au mo-
ment où une société plus
éclairée pourrait faire une
meilleure utilisation de ses
vertus.
Par cette circonstance, on
peut seulement conclure que
le Saint Graal était la
Vous pouvez vous demander veloppement « de la géomé- connaissance écrite des An-
comment se faisait-il que trie sacrée. » En tant que ciens, établie par ces initiés
des coordonnées longitudi- telle, la géométrie sacrée prêts à sacrifier leurs vies
nales pourraient être établies découlait de la capacité de pour perpétuer au monde le
en des temps préchrétiens l’homme à raisonner, ce qui vrai lien entre le ciel et la
avant la création du chrono- signifie que tous les hommes terre. Rappelez-vous que
mètre ? Là encore, la ré- possédaient la Connaissance l’âme celtique se situe dans
ponse la plus simple est du Graal par l’ « art du rai- la tête. Ainsi, les Templiers
pourtant la plus compliquée sonnement. » Réfléchir à n’avaient pas permis à leurs
de toutes les possibilités. cela, il n’y a vraiment rien coeurs de maîtriser leurs
Depuis que le concept du de « sacré » à ce sujet autre actions. De même, le Saint
temps a commencé, que la connaissance de cer- Graal attend ceux qui prati-
l’homme a dirigé ses yeux taines « lignes royales » quent l’art simple du raison-
vers le ciel pour suivre les égyptiennes qui soit venue nement, leur permettant de
chemins des corps célestes. pour l’assumer comme leur regarder au-delà des piégea-
L’évolution de cette activité vrai Don de Dieu. ges qui les attendent sur leur
était l’établissement des En effet, la société moderne chemin. W. M.
positions d’observation stra- ne devrait pas compter sur Auteur du livre
tégiques, qui ont permis aux certaines maisons royales The Labyrinth of theGrail
anciens d’établir la mais saisir le « Savoir per-
«Roseline» (des méridiens) du » à ses gardiens histori-
autour du monde. Ces cer- ques composés de druides
cles en pierre ancienne et celtiques et irlandais, et che-
menhirs découverts dans le valiers Templiers médié-
monde, tel que Stonehenge, vaux. Par conséquent, le
auraient été utilisés pour chercheur du véritable saint
dépister les voies d’accès ou Graal doit prendre le chemin
les circuits connus des éclip- à la source de la tradition Le Graal représenté en géné-
ses du soleil et de la lune. celtique et de ses racines ral par le calice de la messe
Ce fut cette identification d’ indo-européennes. Toute-
« Ordre» » et de « modèle » fois, quand on comprend
dans tout ce qui composait leurs racines, on comprendra
l’univers, qui aboutit au dé- mieux la suite. Et pour le

Templarium - 27
Reconstitution historique

Estivales du Larzac 2002


Par le Conservatoire Larzac Templier et Hospitalier

Mettre en place un programme de valorisation du Larzac Templier


et Hospitalier sur les sites de la Cavalerie, la Couvertoirade, Sainte-
Eulalie-de-Cernon, Le Viala-du-Pas-de-Jaux et à Saint-Jean d'Al-
cas, telle est la mission du Conservatoire Larzac Templier et Hospi-
talier, créé en 1995 sur l'initiative du Conseil Général de l'Aveyron.

L a programmation s'arti-
cule suivant un tripty-
que: Créer un centre d'inter-
———————————
Les Estivales, une ambition
à la hausse:
zac». Après trois années
d'existence, ces actions ont
pris en 2001 un nouveau
prétation sur les ordres mili- ——————————— tournant. En 2002, la montée
taires à vocation européenne
et internationale, destiné au
grand public; Élaborer des
C 'est dans le cadre de ce
dernier volet que de-
puis 1998, le Conservatoire
en puissance est effective
avec une programmation qui
couvre désormais tout l'été.
entités muséographiques Larzac Templier et Hospita- Durant l'été 2002, le Conser-
dénommées «hématiques» lier mène une politique vatoire Larzac Templier et
qui aborderont les aspects d'animations estivales en Hospitalier vous propose:
locaux de la vie des ordres étroite collaboration avec les En juillet, «des Barres, maî-
militaires sur le plateau du sites inclus dans le projet. tre du Temple», Spectacle
Larzac; Coordonner et pro- Ces animations sont regrou- historique son et lumières;
poser un programme d'ani- pées sous l'appellation géné- En août, «Camp de vie mé-
mation sur les sites. rique d' «Estivales du Lar- diéval», Animations specta-
culaires sur la guerre de
Cent Ans; En septembre,
Journées du patrimoine «vie
des ordres militaires», Cam-
pement de présentation des
Templiers, Hospitaliers,
Teutoniques.

———————————
Evrard des Barres, maître
du Temple
———————————

C omme le titre l’indique,


le scénario est organisé
autour d’Evrard des Barres,
troisième maître du Temple.
En voici le résumé. Surgis-
sant de la nuit, irradiée par
la lune complice, paraît une
fadarelle, fée du Larzac.
Mémoire du temps, elle
connaît les détours de l'his-
toire et appelle pour un soir
le siècle douzième du nom.
Devant les remparts silen-
cieux de la Couvertoirade,
elle évoque ces hommes
fabuleux au destin tragique,
emplis de foi et bardés de
fer: les Templiers. Sortant
de la pénombre du temps,
une voix évoque un Tem-

28 - Templarium
Les Estivales du Larzac 2002
Le spectacle se déroule à la
Couvertoirade, deuxième
site le plus visité du départe-
ment de l'Aveyron, et village
fortifié parmi les mieux pré-
servés de France, au mois de
juillet, les vendredi 19, sa-
medi 20, lundi 22 et mardi
23, à partir de 22h30, à la
nuit tombée, pour bénéficier
de l'obscurité, porteuse de
rêve, et permettre au décor
d'être transformé par la ma-
gie des lumières.
Le public sera accueilli sur
une tribune de 412 places,
complétée par des chaises
permettant d'atteindre une
jauge de 500 places. De
cette manière, les specta-
teurs bénéficieront d'un
confort maximum, tant phy-
sique que visuel.
Le montage technique est
assuré par le Conservatoire
Larzac Templier et Hospita-
lier en collaboration avec la
commune de la Couvertoi-
rade.
Les fondements de la créa-
tion artistique tournent au-
tour de trois volets: le scéna-
rio et la mise en scène; les
éclairages, la sonorisation,
les projections d'images; les
plier modèle, Evrard des Bar- lerinages, la vie monastique, bénévoles
res. En suivant la vie de cet la première croisade, l'Orient Le scénario et la mise en
homme hors du commun, ce musulman. scènes ont conçus et élabo-
sont des pans entiers du L'espace de quatre soirs, rés par Bruno Seillier, char-
Moyen Âge qui sortent de c'est toute une époque, c'est gé du volet animation au
l'ombre: la chevalerie, les pè- tout un siècle qui revit. sein du Conservatoire Lar-

Templarium - 29
Reconstitution historique
zac Templier et Hospitalier.
Il a déjà à son actif la réali-
sation de plusieurs specta-
cles dont: «Légende de Jean
le Fol" (7ème saison, Séverac-
le-Château, Aveyron), «ans
de gloire» (Bicentenaire de
l'Ecole Spéciale Militaire de
Saint-Cyr, Château de Ver-
sailles).
La partie capitale des éclai-
rages, la sonorisation, les
projections d'images est as-
surée par la société ADS, les
Architectes du Spectacle.
Cette Sarl aveyronnaise peut
se targuer d'avoir mener à
bien de nombreuses réalisa- De plus, la participation des Dans le fracas des canons, le
tions de qualité dont certai- habitants locaux symbolise sifflement des arquebuses, le
nes l'ont amenée en dehors la volonté de ces derniers de tintement des armes et le
des frontières européennes. jouer un rôle actif dans ce cliquetis des armures, c'est
De plus, ADS a remporté le projet dont l'essence même la guerre de Cent Ans qui
premier prix du Festival est le développement dura- sort de la pénombre.
International Pyrotechnique ble. L'alliance entre profes- Les principales données sont
de Barcelone en septembre sionnels et bénévoles assure caractérisées par le concept
2001. Quant aux bénévoles, aussi un mélange harmo- et le contenu de l’animation,
leur passion, leur fougue, et nieux entre technicité et les ateliers et les prestations.
leur nombre sont la valeur authenticité. L’idée d’une reconstitution
ajoutée du spectacle. Ils sont ——————————— d’un grand camp de vie mé-
indispensables pour étoffer Grand camp de vie mé- diéval est le prototype de
la mise en scène et permettre diéval l'animation spectaculaire et
à des bourgs ruraux de don- ——————————— pédagogique. Durant la jour-
ner dans leurs murs des
spectacles d'envergure. C ette fois-ci, la trame
donne un autre ton.
née, différentes séquences se
succèdent. Pour certaines le
public est seulement specta-
teur, pour d'autres, il est
intervenant et peut constam-
ment solliciter les acteurs du
camp. Quant au contenu de
l'animation, le premier choc
est d'abord visuel. S'étalent
sous les yeux du visiteur, les
tentes, étendards, pavois,
canons et arquebuses. En-
suite, tout au long de la jour-
née, s'échelonnent les presta-
tions et les ateliers. Ces der-
niers mélangent explications
et démonstrations par le
médecin et le barbier, les
paysans et le ranchet d'armes
(outils transformés en ar-
mes), la calligraphie, les
arquebusiers, la cuisine sur
le camp et la création et dé-
veloppement du canon. Les
prestations sont assurées par
la patrouille du guet dans les
rues des sites, les combats
en armures avec différentes
armes (fléaux, haches,
épées) et les jongleurs et
musiciens.
Le spectacle aura lieu les 7
et 8 août à Sainte-Eulalie-
de-Cernon, 13 et 14 août à la

30 - Templarium
Les Estivales du Larzac 2002
P endant la Journée du
Patrimoine, le dimanche
15 septembre, le Viala du
Pas de Jaux offrira son cadre
pittoresque à la Compagnie
médiévale des
d Blancs Man-
teaux (Voir Templarium
n°1), spécialisée dans les
ordres militaires. Autour de
leur campement, les Tem-
pliers, les Hospitaliers, les
chevaliers Teutoniques ra-
conteront leur histoire, l'ori-
ginalité de leur vocation,
leur manière de combattre,
leur rythme de vie, les us et
coutumes de leurs ordres. Là
encore, le spectaculaire le
disputera au pédagogique.
Les partenaires du Conser-
vatoire Larzac Templier et
Hospitalier pour cette nou-
velle saison des Estivales du
Larzac sontConseil Général
de l'Aveyron, la Caisse des
Dépôts et Consignations, la
Direction Régionale de Mi-
di-Pyrénées, la société ADS,
les Architectes du Spectacle,
la Banque Populaire du Tarn
et de l'Aveyron et la radio
RFM. Grâce à leur soutien,
le Conservatoire Larzac
Templier et Hospitalier est
Cavalerie, 21 et 22 août à ques. Le montage technique en mesure de proposer des
Saint-Jean d'Alcas. Le grand proprement dit est assuré par animations de qualité durant
camp de vie médiéval s'ani- le Conservatoire Larzac tout l'été.
mera à partir de 10 heures Templier et Hospitalier en
jusqu'à 18 heures. Il sera collaboration avec les sites
animé par la société Armé- concernés.
dia, collaboratrice de nom- ———————————
breux films et considérées La vie des ordres militai-
comme l'une des toutes res
meilleures troupes histori- ———————————

Templarium - 31
Internet

La Table ronde sur Internet


les Anciennes écuries du roi Salomon
Egersche : Qu’ont bien pu XIIe siècle. Donc, en résumé, thentique ! Au sujet de la suite
trouver les 9 premiers cheva- nos 9 valeureux Templiers, ont du discours, Eh ! Je ne m’avan-
liers pendant la dizaine d’an- pris du bon temps et ont prépa- cerai pas à dire le contraire de
nées qu’ils ont passés dans les ré le terrain pour les suivants. la pure vérité... Même si je n’ai
ruines des écuries du Roi Salo- D’érudits historiens vous diront jamais vu ou lu qu’ils aient été
mon ? La tentative de réouver- qu’ils se sont consacrés à la moines avant... Pour moi, ils
ture des galeries souterraines à prière et à la méditation selon étaient chevaliers en arrivant à
Jérusalem aurait-elle un lien la règle de St Augustin qu’ils Jérusalem, et rien que ça. Là,
avec cette première campagne avaient adoptée provisoirement ils ont prêté serment devant le
de fouilles ? en tant que moines. Ensuite, ils patriarche (orthodoxe) de Jéru-
sont allés présenter leur respect salem, et donc probablement
Jacky : Hep ! De quelle tenta- au Patriarche de Jérusalem. Ca, pas selon la règle de Saint Au-
tive de réouverture de galeries c’est la pure vérité. Si Jacky gustin. Question de logique.
souterraines parlez-vous ??? Et prétend le contraire, ne le Mais au fond qu’importe ! Ils
d’abord de quelles galeries croyez pas. Par contre, vous ne sont vraiment devenus
souterraines ? Il se passerait pouvez lui répondre que si « Templiers » que lors de la
quelque chose à Jérusalem en certaines factions israéliennes fondation de l’Ordre par la
ce moment ? Alors les grigno- grignotent les galeries souter- règle de St Bernard. Enfin, sur
tages de certaines factions raines, c’est afin de se procurer les factions israéliennes, les jets
israéliennes pour occuper la des pierres pour continuer l’In- de pierres, etc., c’est du travail
vieille ville, ce serait pour ça ? tifada (afin d’économiser les de sape, ça ! Retirer le sol de
Dans un but culturel ??? Dites- balles). dessous les pieds de ses voi-
nous tout, E-gerschel, s’il vous sins!!! Sapeux passe fer ! Ça
plait ! Jacky: Je ne peux m’en pêcher pas civilisé ! Les Israéliens
(Dieu me pardonne !) de répli- d’aujourd’hui seraient-ils des
Boduogna : Schema Egerschel, quer à la provocation de l’ami gaspards ? Attention ! Quand le
Les 9 premiers Templiers ont Bodu. Les 9 premiers Tem- gas part, les cohens rient !
entamé des recherches archéo- pliers ont entamé des recher-
logique, lors des premières ches archéologiques, lors des Christophe : Pour confirmer les
semaines. Ensuite, ils se sont premières semaines. Ensuite, dires de Jacky, Alain Desgris
demandés s’ils étaient dans les ils se sont demandés s’ils dans son livre « L’ordre des
anciennes écuries du roi Salo- étaient dans les anciennes écu- Templiers » mentionne que les
mon ou dans celles d’Augias. ries du roi Salomon ou dans 9 chevaliers fondateurs de l’Or-
Du coup, ils en ont eu marre et celles d’Augias. Et quand l’é- dre, à leur arrivée à Jérusalem
ils sont partis prendre des bains curie attention aux postillons ! en 1118, se sont d’abord enga-
de boue dans la mer morte J’ajoute qu’ils ont jeté les pre- gés sur leur Foi devant le Pa-
(excellent pour soigner le pso- mières bases du Club Med ! triarche de Jérusalem ( Bau-
riasis, tellement ils s’étaient fait Oui Môssieur Boduogna ! Et douin Dubourg ) à protéger les
du tracas au cours de leurs qu’ils ont investi dans la forma- chemins et défilés dangereux,
recherches). Ils auraient appris tion de GO ! Qu’est-ce que et à protéger les pèlerins contre
pas mal de trucs sur le compte c’est que cet esprit « fron- les brigands. Ils s’engagèrent
du Nazaréen, nommé Jésus- deur », Môssieur Bodu ? Je aussi, sans renoncer à quitter
Bar-Joseph. Mais ça, ce sont suis David différent du vôtre ! leurs habits profanes à observer
les mauvaises langues qui le Et puis, laisse notre Dame tran- la règle des chanoines réguliers
racontent. Il ne faut pas les quille ! Elle n’a rien à voir dans du Saint Sépulcre. C’est en
écouter et au besoin, nous de- ces préoccupations thermiques. 1123, qu’ils prononcèrent les 3
vons leur jeter des cailloux (pas Mêler la Vierge à une telle voeux (chasteté, pauvreté et
des trop gros quand même...) conster(ll)nation , c’est du cos- obéissance) devant Garimond,
Après leurs cure de repos, ils mique troupier ! Quant aux alors Chanoine de la Ville
sont partis à la quête des en- Anglais, au sida etc. Faux ! La Sainte.
droits « chauds », en vue d’ac- protection rapprochée existait Boduogna : Oh là, beaux Sires
cueillir leurs troupes. Dame, il déjà ! On l’appelait « fran- ! Je suis en accord complet
fallait prévoir le « repos du çaise » à cette époque (comme concernant la rencontre avec le
guerrier ». À cette époque, les quoi les anglais nous piquent patriarche de Jérusalem.
Anglais n’avaient pas encore tout quand ils débarquent !). Mieux, j’ajouterai qu’ils ont
commercialisé leurs célèbres C’était fait avec une vessie de reçu à cette occasion, une croix
petits manteaux. Mais de toutes porc cousue et imperméabilisée « spéciale ». Elle ressemble à
façons, le sida n’existait pas au avec une sorte de résine ! Au- s’y méprendre, à la croix lor-

32 - Templarium
Les anciennes écuries du roi Salomon
raine, sauf qu’elle se présente écrire, ni reporter, sans aucune leur porte. D’ailleurs, mes sen-
la tête en bas. Je ne reviens trace dans aucun livre ou ma- timents, même s’ils vous héris-
jamais sur le nom de cette sata- nuscrit ... sent le poil, ne mangent pas
née croix. Pourtant, j’en ai votre pain, alors qu’ils rendent
possédé une en plaqué or. Je Michel : Alors, tu ne connais le mien plus agréable. Quoi
l’ai rendue quand j’ai quitté ma pas l’histoire de Rambo qui a qu’il en soit, je m’efforce tout
confrérie. Cette croix « style gagné la guerre du Viêt-Nam à de même, de me rapprocher le
Lorraine inversée » ornait d’ail- lui tout seul. Tout seul ? Non, plus possible de la vraie vérité.
leurs la plupart de nos blasons, car un peu plus tard, Chuck En cours de route, je brise quel-
ainsi que notre baudrier. Donc, Norris et Arnold Schwarzeneg- ques lances en faveur de cette
plus en accord que cela avec ger sont venus lui prêter main vérité. Croyez-moi ou non, ce
vous, je ne puis l’être. Person- forte. Non mais dites donc, n’est pas du luxe. Me suis-je
nellement, j’ai toujours préféré vous êtes bien certains qu’ils bien fait comprendre ? Mais,
la croix pattée. Il n’en demeure ont existé les Templiers? vous ne posez pas les bonnes
pas moins que ce stage aux questions. Vous auriez dû vous
écuries, comme de nombreux Isis : Quels sont les faits, des demander pourquoi un passion-
autres épisodes de l’épopée affirmations que vous imposez, né d’Histoire médiévale aime
templière, incite beaucoup Monsieur Boduogna ??? Mer- autant les Templiers ? Je vous
d’historiens à faire fonctionner ci. aurais répondu que dans le
leur imagination. Chacun cadre des Chevaliers au Blanc
avance sa petite hypothèse : ils Boduogna : Madame Isis, Je manteau, il ne s’agit plus d’une
auraient découvert que Jésus n’impose rien. J’avance des passion, mais d’un amour pro-
n’était qu’un homme, intelli- précisions sur base de faits fond qui s’est construit, brique
gent, savant et même très en rapportés par des historiens par brique, au fil de mes
avance sur son temps, mais un sérieux. Sérieux pourquoi ? connaissances. Là-dessus, ex-
vulgaire mortel comme nous; Parce qu’ils ne rient pas ? Non, pliquez donc pourquoi vous
ils se seraient adonnés à la au contraire, ils rient fort, mais aimez quelqu’un ! Si vous y
contemplation et à la prière, ils s’appuient sur des docu- parvenez, c’est que vous ne
selon la règle de St Augustin ments apocryphes. Évidem- l’aimez pas si fort que cela.
(ce qui confirme justement les ment, les témoignages en pro- Moi, je suis tout à fait incapa-
propos de Jacky, puisque n’é- venance d’observateurs de ble, aujourd’hui, de vous dire
tant que chevaliers au départ, l’époque sont déjà eux-mêmes pourquoi j’aime les Templiers.
ils n’étaient que de simples sujet à controverses. Ensuite, C’est ainsi.
croisés, donc en droite ligne tous ces documents sont com- http://www.templiers.org
avec la guerre sainte préconisée parés et de ces rapprochements,
par St Augustin); en fins stratè- certaines vérités fusent. Oui,
ges et en guerriers intelligents, mais elles changent de couleurs
il semble tout à fait naturel selon les convictions du lan-
qu’ils aient reconnu le terrain ceur de vérités historiques.
(contrairement aux autres sécu- Personnellement, je ne me suis
liers qui se lançaient tête bais- jamais caché de mes chaudes
sée dans le moindre piège); les convictions en faveur des Tem-
gros malins prétendent qu’ils pliers. Je ne suis, ni honteux, ni
sont restés seuls pendant 9 ans. fier de cet amour sincère que je
C’est faux, puisque le comte de
Champagne est venu les rejoin-
dre, leur léguant au passage
tous ses biens. Nous avons
chacun notre manière de perce-
voir les chevaliers au blanc
manteau. Leur véritable épopée
est si grandiose qu’il n’est nul
besoin de rajouter du souffre ou
de la poudre de « perlimpin-
pin » sur leur parcours. Le seul
véritable hommage que nous
puissions leur rendre, c’est la ...
vérité. Nous la leur devons.
Memento finis

Anonyme : Comment peut-on


croire que 9 soldats, même
bien armés puissent garder une
route de 80 Kms pendant plus
de 9 ans sans n’en jamais rien

Templarium - 33
Coin du chercheur
Lettre de Guigues, prieur de la Grande Chartreuse
Le coin des Archives à Hugues de Payns, Maître du Temple
Traduction et notes par Hélène J. Nicholson
Copyright © 1998 , Helen J. Nicholson. Tous droits réservés

[D
Date : peu de temps après le retour d'Hugues vers la Terre Sainte depuis l'Europe occidentale en 1129.]

notre plus cher et au plus révéré des seigneurs et amis dans - qui est l'animal fait à l'image de Dieu - quand le corps sert l'es-
À Christ, Hugues, prieur de la sainte chevalerie, et de tous ceux prit, et l'esprit est soumis à son Créateur.
qui sont gouvernés par son conseil; leurs domestiques et amis les Dans cette bataille une personne sera plus dure, et aura des triom-
frères de Chartreuse, leur souhaitent une victoire complète, spiri- phes plus glorieux et jettera par terre de nombreux ennemis - sous
tuelle et physique, sur les ennemis de la religion Chrétienne, et la la direction et la protection de Dieu – De plus, cette personne s'ef-
paix par Christ notre Seigneur. forcera d'être plus humble dans tout. Plus une personne veut être
Puisque nous ne pouvions pas apprécier la conversation la plus fière, plus elle devient très faible et moins capable de faire n'im-
agréable que votre présence nous aurait permise tandis que vous porte quoi « Pour que Dieu résiste au fier » [à Jacques 4:6]. Donc,
étiez sur votre voyage en France ou au retour, il nous a semblé il n'y a aucun besoin de chercher un combattant de quelque part
que nous pourrions au moins parler avec vous dans une lettre. autrement que pour les défaire, car Dieu tout-puissant résiste au
Nous n'avons aucune idée comment vous encourager, cher ami, guerrier. David dit: « le Seigneur garde les petits, » et ayant
dans les batailles et des combats physiques, mais nous désirons au éprouvé cela lui-même, il ajouta : « J’ai été amené en bas et il m'a
moins vous conseiller pour les batailles spirituelles, dans lesquel- libéré » [le Psaume 116:6]. Permettez-nous d’utiliser cet exemple,
les nous sommes concernés quotidiennement, bien que nous ne si nous voulons employer un remède semblable. Faites-nous faire
soyons pas mieux pourvus pour vous recommander non plus l'une ce qu'il a fait, si nous désirons ce qu'il a reçu. Faisons ce qu'il a
ou l'autre sorte de bataille. (1) D'autre part, nous gaspillons notre fait, pour que nous puissions être libérés de tout le mal.
temps en attaquant des ennemis extérieurs si nous n'avons pas De nouveau, l'apôtre [Paul] dit au seigneur Jésus Christ, « Il s'est
d'abord surmonté nos ennemis intérieurs; et c'est honteux et indi- humilié, se faisant obéissant même pendant la mort, la mort sur
gne de vouloir soumettre les forces des autres gens à notre pou- une croix. » Et ce n'était pas en vain. Car il continue : « pour cette
voir, si nous n'avons pas d'abord soumis nos propres corps. À qui raison Dieu l'a dirigé vers le haut, et lui a donné un nom qui est
portera notre désir d’étendre notre domination sur des pays vastes, au-dessus de chaque autre nom, qu'au nom de Jésus chaque genou
alors que nous subissons de la servitude honteuse aux vices dans saluera, dans le ciel, sur terre et sous la terre; et chaque langue
une zone minuscule de vertu, c'est-à-dire nos propres corps ? Par avoue que Jésus Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le
conséquent, mes amis les plus chers, acquiesçons d'abord le Père » [Philippins 2:8-11]. Nous pouvons aussi prendre un exem-
contrôle de nous-mêmes, pour que nous puissions attaquer nos ple très significatif de cela, si nous brûlons pour gagner le prix.
ennemis externes dans la sécurité; purgeons nos esprits du vice Faisons ce qu'il a fait, de sorte que nous puissions aller là où il est
d'abord, et alors nous pouvons purger des terres de barbares. parti auparavant. Suivons la route de la grande humilité, pour que
« Écartez-nous du péché de régner dans nos corps mortels, ni inci- nous puissions atteindre la gloire de Dieu le Père. « Car tout
ter à obéir à ses désirs, ni appliquer les parties de nos corps pour homme qui s ‘élève sera humilié, et celui qui s’humilie sera éle-
pécher comme les instruments de méchanceté, mais rapportons- vé.» [Luc 14:11], comme notre Seigneur Jésus Christ en a été té-
nous à Dieu, comme ceux qui ont été apportés de la mort à la vie, moin, Dieu qui vit et règne avec le Père et l'Esprit Saint par tous
et rendons les parties de nos corps à Dieu comme instruments de les âges. Amen.
justice » [ Romains 6:12-13]. Et si le corps désire supporter in- Puisse la pitié toute-puissante et la plus miséricordieuse toute-
domptable contre l'esprit, puisse l'esprit se tenir invincible contre puissance de Dieu vous faire toujours le combat heureux et le
le corps; « Pour ces deux, » dit l'apôtre [Paul], « sont opposés triomphe glorieux, dans le spirituel et des batailles physiques. À
entre eux, pour vous empêcher de faire ce que vous voulez vous, frères les plus chers, les plus remarquables et les plus re-
"[Galatians 5:17]. Car nous voudrions, si c'était possible, être nommés, nous souhaitons la bonne santé et nous nous rappelons
complètement libre des désirs corporels; (2) mais bien que dans en lieux saint que vous gardez, en vos prières. Nous envoyons
cette vie, qui est composée entièrement de tentations diverses, ce cette lettre par deux messagers différents, pour qu'aucun obstacle
n'est pas possible d'être complètement libre, c'est toujours possi- - Dieu l’interdise – ne doit les empêcher de vous atteindre et nous
ble pour nous de ne pas être des esclaves du désir. Cependant, demandons que vous le fassiez lire à tous les frères.
parce que notre force n'est pas suffisante pour cela, faites-nous
consoler par le Seigneur et dans le pouvoir de sa force, et nous Note de rédacteur : la traduction originale suivante a été fournie à
devons mettre l'armure de Dieu, de sorte que nous puissions être l'ORB par le docteur Hélène Nicholson, qui enseigne à l'Universi-
capables de résister aux ruses du diable [voir les Éphésiens 6:11]. té du Collège de Cardiff, Pays-de-Galles
« Car notre bataille n'est pas contre des adversaires humains, » ce
passage continue, « mais contre des principautés et des pouvoirs, Tout entre parenthèses [ ] a été ajouté par le traducteur.
contre les règles de cette présente obscurité, contre les pouvoirs (1) Guigues est modeste. L'Ordre des Chartreux a été considéré
spirituels de mal dans les cieux » [ Éphésiens 6:12], c'est-à-dire comme l’un des ordres religieux les plus spirituellement disposés
contre les vices et les mauvais esprits qui les incite. Car si - en Europe occidentale en ce temps-là, et les frères étaient bien
comme David demande - ils ne nous dominaient pas, alors nous instruits dans la doctrine religieuse.
serions sans défaut et nettoyés des fautes les plus grandes. (2) Guigues se réfère aux désirs pour les besoins physiques ordi-
Par conséquent tenons-nous fermes, ayant enserrés notre échine naires tels que la faim, la soif, le sommeil, la chaleur les vête-
avec la vérité et chaussé nos pieds avec l'équipement de l'évangile ments, aussi bien que des non-qualités indispensables telles que la
de la paix, dans tout ce que prend le bouclier de la foi avec lequel richesse.
nous pouvons stopper toutes les flèches flambantes du mauvais; (3) Guigues emploie délibérément des analogies militaires de St
sur nos têtes le casque du salut, et notre main droite fournie avec Paul pour faire ici son point net, comme il espère que ceux-ci fe-
l'épée de l'esprit [Éphésiens 6:13-17]. (3) Emballons-nous, mais ront appel aux frères d'un ordre militaire.
pas dans l’incertitude; combattons, mais pas comme si nous bat- Traduit de Lettres des Premiers Chartreux 1: S. Bruno, Guigues,
tions l'air; mais laissez-nous châtier nos corps et les soumettre à la S. Anthelme, ed. par « Un Chartreux », Sources chrétiennes 88
servitude, parce que c'est le meilleur état ordonné pour un homme (Paris, 1962), No 2, pp. 154-161.

34 - Templarium
BON D’ABONNEMENT à recopier ou photocopier et à retourner avec votre règlement
Je m’abonne à TEMPLARIUM pour 4 numéros pour 24,40 € ( Étranger 30,50 €)
J’adresse mon règlement par
 chèque bancaire  chèque postal  mandat postal
Nom : ...........................................................Prénom : .........................................
Adresse : ...............................................................................................................
...............................................................................................................................
Code Postal: ............. Ville: .................................................................................

à Sarl DAEG. - BP 5 - 38970 CORPS


Tel. 04 76 30 06 19 ou 04 90 08 44 13 - Fax 04 76 30 03 51 E-mail: Jean-Luc.ALIAS@wanadoo.fr
LA COMMANDERIE L’Orient des
institution des ordres militaires dans l'Occi- Croisades
dent médiéval
de Georges Tate
Léon Pressouyre et Anthony Luttrell. Collo-
que, Sainte-Eulalie de Cernon, 13-15 octobre Un petit livre
2000;Jonathan Riley-Smith, Luis García- qui va au fond
Guijarro Ramos, Michel Miguet, Benoît du sujet en fai-
Beaucage, Helen Nicholson, Alain Demurger, sant référence
Dieter J. Weiss , Alan Forey, Joan Fuguet aux deux siècles
Sans, Sven Ekdahl, Michael Gervers, Robert
Favreau, Anthony Luttrell, Zsolt Hunyadi, qu'ont duré les
Karl Borchardt, Jacques Miquel, etc. Appa- croisades en
rues avec les ordres militaires au lendemain Orient. De nom-
de la première croisade, les commanderies, breux docu-
unités territoriales élémentaires, structurent
ments permettent d'avoir une vision glo-
l'ensemble de l'espace dans l'Occident chré-
tien en concentrant autour d'une exploitation bale du choc entre les deux mondes
domaniale des activités très diverses. Dans ce (chrétien - musulman) ; une superbe ico-
volume, issu des actes du premier colloque international du Larzac Templier et Hos- nographie, des textes clairs, un index et
pitalier, tenu en octobre 2000 à Sainte-Eulalie-de-Cernon, vingt-deux spécialistes se une chronologie pour tout savoir, avec
sont efforcés de cerner la réalité de la commanderie à partir d'exemples empruntés à
plaisir. Edition: Gallimard - Series: Dé-
divers ordres militaires, de l'Espagne aux pays baltes et des îles britanniques à l'Eu-
rope centrale, dans la longue durée des quatre derniers siècles du Moyen Âge. ISBN couvertes n°129 - 1991 - Paris (France).
:2-7355-0485-9, 360 p. , 21 x 27 cm , 2002, Collection : Archéologie et histoire de 192 pages au format 18x12. 16,77€.
l'art numéro :14 . Code Sodis F30433.5 , Prix public TTC : 46,00 €.

Revue trimestrielle les ordres de chevalerie


éditée par
et les décorations
UTLAGI de André Damien
Association pour Le texte, passionnant et très complet, ainsi que les
un éveil culturel illustrations présentées dans ce livre constituent au-
des amoureux de tant de témoins rares de ce lien complexe qui unit
la Normandie, depuis le Moyen-Âge les puissances mystiques, ec-
l'Anjou et la Bre- clésiastiques ou politiques aux hommes qui leur fu-
rent dévoués et surent le prouver par un acte exem-
tagne. Abonne- plaire méritant distinction. L'ouvrage se termine par
ment d’un an en un chapitre spécial sur l'art et la manière de porter les
France au prix de décorations. Y sont traités les ordres médiévaux et leurs survivants modernes,
22 € et à l’Étran- les ordres royaux, ceux de la Révolution, de l'Empire, de la Restauration, de
ger au prix de la Monarchie de juillet, de la IIe République, du Second Empire, et de la IIIe
26€. République, l'Ordre de la Légion d'Honneur, l'Ordre de la Libération et l'Or-
dre national du Mérite, les médailles de la grande guerre et de la seconde
Utlagi – BP guerre mondiale, et enfin les médailles d'honneur.
50527 – 35505 Vitré cedex France. Réf. OCD, 2002, 22 x 30, relié, nombreuses illustrations couleur, 190 pages -
Tel 06 19 30 05 50. 387 F (59 €). Mémoires & Documents S.A.S., 3 rue des Coustou, F 78000
Email utlagi@wanadoo.fr VERSAILLES, édition – librairie tél. : 33.(01).39.02.11.82

Templarium - 35
Q parcours,
ue sait-on des Templiers, de leur
de leur vie? Il serait
opportun d'admettre que notre igno-
rance est quasi-totale en ce domaine.
Si certains dignitaires du Temple ont
échappé à l'oubli parce qu'ils se sont
distingués en Terre Sainte, d'une ma-
nière comme d'une autre, pendant les
deux siècles de la présence des Croi-
sés en ce Lieu, ceux qui vécurent aux
arrière-postes durant tout ce temps,
dans les maisons occidentales de l'Or-
dre, restent généralement inconnus.
Néanmoins, le nom d'un preceptor de
province ou d'un simple miles ou ser-
vientes, est relevé en certaines occa-
sions dans un cartulaire ou un acte
isolé ; quelquefois encore, l'esquisse
de leur « portrait » est reproduite dans
le vitrail de quelques-unes de leurs
chapelles...

Auteur de plusieurs chroniques dans certaines revues historiques, Jean-Luc


Alias fait revivre par Acta Templarorium, les noms des Templiers de toutes
les maisons ayant appartenues à l'Ordre de 1119 à 1307. Les commentaires
posopographiques des Templiers représentés ici, sont tirés des réponses
données aux inquisiteurs et commissaires pontificaux lors du procès, ou re-
levés dans les actes notariés des différents cartulaires. Quelques-uns font
même l'objet d'une biographie précise grâce à diverses informations. Son
ouvrage s'adresse tant aux " Templistes " qu'aux chercheurs, historiens, gé-
néalogistes et simples profanes. L'apparence de ces hommes et femmes,
identifiée à l'obscurité, aux ténèbres mêmes, se dissipera au fur et à mesure
de la lecture… Le voile d'Isis sera peut-être levé.

Format 16 x 24. 580 pages


Prix de la souscription : 33,60 € - En librairie : 39,70 €

Bon de souscription

1er Octobre 2002


Nom : .........................................................
Prénom : ....................................................
Adresse : ....................................................
...................................................... .............
Code Postal: ........... Ville: ......... .............
J’adresse mon règlement par
 chèque bancaire  chèque postal  mandat postal
À Sarl Les 3 Spirales. - BP 5 - 38970 CORPS
Tel. 04 76 30 06 19 ou 04 90 08 44 13 - Fax 04 76 30 03 51

36 - Templarium

Vous aimerez peut-être aussi