Vous êtes sur la page 1sur 36

TEMPLARIUM

11 Juin - Juillet Le premier Magazine des Moines-Chevaliers

1291, LE RETOUR DES TEMPLIERS


Rencontre entre l’Orient et l’Occident
Belgique 7 € - Luxembourg 7€ - Suisse : 12 FS - Italie 7€ - Andorre 6,10€

La commanderie de Vaour,
l’une des premières des Templiers

Les mystères de Vaour,


“lieu sacré” voué au culte de l’eau

Cordes sur Ciel


Une cité entre l’Orient et l’Occident

Les Ordres de chevalerie


une institution

XXXIIIème Fêtes du Grand Fauconnier


Sommaire
H ISTOIRE D’HIER & A UJOURD’HUI

P. 4 La commanderie de Vaour P. 18 Les Templiers


L’UNE DES PREMIÈRES DES TEMPLIERS DES MOINES BANQUIERS
P. 8 1291 P. 24 Cordes-sur-Ciel
LE RETOUR DES TEMPLIERS UNE CITÉ ENTRE L’ORIENT ET L’OCCIDENT
P. 10 L’Ordre du Temple P. 30 Les Mystères de Vaour
ET LA FIN DE L’ÉPOPÉE DES CROISADES “LIEU SACRÉ” VOUÉ AU CULTE DE L’EAU
P. 14 Les Ordres de Chevalerie P. 32 XXXIIIème Fête du
UNE INSTITUTION GRAND FAUCONNIER
P. 34 Annonces

2 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


N°11 - JUIN / JUILLET 2004
LES TEMPLIERS
Le Retour
Sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, perchée sur
TEMPLARIUM la colline, l’ancienne commanderie de Vaour dresse encore
les vestiges marqués par le passé glorieux et mythique de
est une revue bimestrielle publiée
par DAEG EDITION © l’Ordre du Temple. Cette mémorable citadelle est maintenant
BP 18 transformée en couloirs à fantômes. L’écroulement du donjon
84360 Lauris et ses pierres qui servirent à bâtir de nombreuses maisons de
tel 06 73 10 37 47 la région, interdisent une restitution précise de la templerie,
association loi 1901
daeg.presse@templarium.com
connue cependant par les ruines qui en subsistent et par des
http://www.templarium.com documents anciens. Ainsi, M. Francis Grand a su reconsti-
tuer l’ensemble en fabriquant une étonnante et fabuleuse
SIRET 449 250 075 00016 maquette que l’on pourra voir les 13 et 14 juillet, pendant les
fameuses fêtes médiévales du Grand Fauconnier à Cordes sur
ADMINISTRATION Ciel, la cité médiévale cathare « aux cent ogives », où Trou-
Directeur de publication badours, jongleurs, montreurs d’Ours et animations en tout
Jean-Luc.ALIAS genre se produiront dans les rues. Tous les habitants du villa-
Tel 06 73 10 37 47 ge seront costumés et même les estivants auront la possibilité
Rédacteur en chef
Sébastien BAUDRY
de louer des costumes Médiévaux pour participer à la fête.
Tel 06 12 78 25 41 Cette année, l’accent est mis sur le retour des Templiers après
Secrétariat la chute d’Acre, en 1291, incontestable échec militaire.
Gisèle DEMOULINGER Cette époque voit une division de la société en couches
sociales conçues sur la richesse, « qui ne tient pas compte
ABONNEMENTS
de la distinction, de plus en plus symbolique, des trois ordres
Éditorial
DAEG Edition
BP 18 constituant la société. Jusque-là, la noblesse avait été, d’une
84360 Lauris certaine manière, garante de l’ordre des choses. En la pri-
Portable 06 73 10 37 47 vant de son autorité et de ses pouvoirs, l’évolution historique,
PUBLICITÉ
propre au XIIIe siècle, a ébranlé le système, au bénéfice
Attachées de presse d’une part du pouvoir régalien, d’autre part des détenteurs
Françoise JASPART de la richesse qui ont pu spéculer sur les terres, désormais
Tel 06 10 20 29 25 considérées comme une marchandise. Gagnants sur certains
Michèle LEPRÊTRE tableaux, perdants sur d’autres — surtout à long terme —,
Tel 06 68 08 32 76
les Méridionaux sont entrés alors dans la logique d’un cen-
FABRICATION tralisme étatique, dont le jacobinisme, si souvent dénoncé
Maquettiste comme responsable, ne sera, des siècles plus tard, que la
Info Graphiste version républicaine... Les Templiers ont, en apparence, peu
Photographies
Daeg sauf mention contraire
à voir avec tout cela et, sous un certain angle, peuvent être
Impression: dans leurs rapports avec la terre, avec les hommes, considérés
Imprimeries de Champagne à comme conservateurs. Cela dit, ils ont aussi joué le « jeu de
Langres
l’argent ». On sait ce qu’il en advint... »

Diffusion : MLP Cordialement


Export : Export Press Jean-Luc Alias
CPPAP : 0608 K 83219
ISSN : 1633-2105
Dépôt légal à parution
Reproduction interdite
Crédits photos & illustrations :
reproduction interdite. Tous droits
réservés
La direction n’est pas responsable
des articles et photos qui n’engagent
que leurs auteurs.
Les manuscrits non sollicités par la
rédaction et non insérés ne sont pas
rendus et ne peuvent être considérés
comme accepté par la rédaction.
Ce numéro comporte un encart
d’abonnement.

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 3


„„„ Commanderie

LA COMMANDERIE DE
VAOUR À QUELQUES KILOMÈTRES, SUR LE CAUSSE, SE TROUVE LE PETIT VIL-
LAGE DE VAOUR, AUX ABORDS DE LA FORÊT DE GRÉSIGNE, À LA LIMITE
EXACTE DU CALCAIRE ET DU GRÈS. LE SITE, BIEN CONNU, EST FACILE
D’ACCÈS. LES TEMPLIERS Y POSSÉDAIENT UNE GROSSE FERME FORTIFIÉE
DOTÉE D’UN DONJON, UNE VASTE RÉSERVE SEIGNEURIALE DE 450
HECTARES (SOIT PRÈS DU TIERS DU TERROIR), PLUS QUELQUES TERRES
DISPERSÉES ET UN MOULIN À VENT. C’EST AUSSI, SUR LE CAUSSE ET
MÊME AU-DELÀ DE L’AVEYRON, PLUS DE TROIS CENTS RECONNAISSAN-
CES, AUXQUELLES S’AJOUTENT DES DROITS D’USAGE DIVERS.

V
1140 les Templiers s’installent dans la « Châ- LES TEMPLIERS N’ÉTAIENT POINT SEULS SUR CE TERRITOIRE QUI ÉTAIT,
tellenie de Penne ». Il est vraisemblable que ce À L’ÉPOQUE, PLUS PEUPLÉ QU’ACTUELLEMENT. POUR GÉNÉREUX
QU’ILS FUSSENT, LES DONATEURS, GRANDS ET PETITS SEIGNEURS
soit Amiel de Penne dont l’aïeul a participé à DE LA RÉGION : PENNE, MONTAIGUT, BRUNIQUEL, PUYCELCI,
la première croisade à côté de Raimond IV de Saint- BIOULE, SAINT-ANTONIN ETC., ET D’AUTRES AYANTS DROIT,
Gilles qui ait attiré les Templiers sur ses terres, leur CLERGÉ RÉGULIER, CHANOINES DE SAINT-ANTONIN, ABBAYE DE
SEPTFONDS..., NE SE SONT ÉVIDEMMENT PAS DÉPOUILLÉS OUTRE
abandonnant une partie des dîmes de Saint-Pantaléon. MESURE AU PROFIT DE L’ORDRE. LA FORÊT DE LA GRÉSIGNE
Quelques uns de ces moines soldats s’installent dans un N’APPARTENAIT PAS AU TEMPLE, MÊME SI, DE PLACE EN PLACE, IL
prieuré à peu de distance du Château de Penne sur la Y PERCEVAIT QUELQUES REVENUS. LA FAMILLE LA PLUS GÉNÉREUSE
FUT CELLE DE PENNE, QUI INSTALLA L’ORDRE À VAOUR EN LUI
rive droite de l’Aveyron. DONNANT UN VASTE DOMAINE. LA DATE N’EST PAS CONNUE, LA
Les premiers actes de donation datés de 1143, sont CHARTE DE DONATION FAIT DÉFAUT. LES PREMIÈRES DONATIONS
DATENT DE 1143, ET UN TEXTE DE 1180 PARLE DES TEMPLIERS
relatifs aux droits territoriaux de la combe des Albis
INSTALLÉS EN CES LIEUX DEPUIS UNE QUARANTAINE D’ANNÉES.
que le Seigneur de Penne et ses Chevaliers accordent DONC, LA DATE DE 1140 PEUT ÊTRE RETENUE POUR PRATIQUE-
pour le salut de leur âme à Pierre Humbert Prieur. MENT LA SEULE ACQUISITION FONCIÈRE DANS LE SECTEUR.

En 1150, Bertrand Armengaud donne ses moulins et


rivages d’Auriole à Pierre Hugue, puis Bernard Ademar
d’Auriole cède à son tour ses moulins pour la réception
de son fils dans l’Ordre.
Les membres de la famille de Penne passent donc
pour les premiers bienfaiteurs des Templiers dans le
pays, mais tous les autres habitants, que ce soient les
chevaliers, comtes ou vicomtes, ou les simples proprié-
taires terriens, tous font d’importantes donations pour
participer aux avantages spirituels de l’Ordre, pour être
enterrés dans le cimetière des Chevaliers.
Vers 1160, leurs possessions prenant de plus en plus
d’importance, ils cherchent un site afin d’y implanter
le siège d’une commanderie, ils choisissent une butte
à Vaour.
La commanderie avait une situation qui permettait la
surveillance d’un carrefour routier de quelque impor-
tance : à ses pieds se croisaient comme aujourd’hui l’axe
reliant Saint-Antonin à Gaillac et le chemin qui menait
de Penne à Albi. Du haut du donjon, la vue portait très
loin, au Nord, les Monts d’Auvergne, au Sud, les Pyré-
nées, à l’Est, les Cévennes, et à l’Ouest les plaines sans

4 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


VAOUR
fin. La commanderie était suffisamment bien fortifiée
pour décourager des assaillants éventuels.
La commanderie était occupée par un très petit nombre
de Chevaliers : moins de dix certainement. Le reste de
la communauté se dispersait dans les paroisses voisines
à mesure que de nouvelles donations ou ventes de la
part des bienfaiteurs augmentaient, le domaine terrien
ou les privilèges, comme on peut le constater dans le
cartulaire de la commanderie, daté de 1202.
C’est ainsi qu’en 1196, Raymond de Penne exempte les
Chevaliers de la « Maison de Vaour » des droits seigneu-
riaux dans la Châtellenie de Penne. Après les seigneurs
de Penne, il faut placer au rang des bienfaiteurs des
Templiers, les Chevaliers de Montaigut, les seigneurs de
Cahuzac, puis le comte de Saint Gilles et les vicomtes
ARCHIVES DE LA HAUTE-GARONNE. - PHOTO J. ROYER, NANCY
de Saint Antonin.
LE CARTULAIRE DE VAOUR
Petit à petit, toutes les possessions des Templiers sont
Ź UNE PAGE DU CARTULAIRE DE LA COMMANDERIE DE VAOUR. affranchies des droits seigneuriaux et des redevances
LES BIENS ET REDEVANCES SEIGNEURIALES DE CETTE MAISON par simples don ou par achat de ces droits.
CORRESPONDENT À CENT QUARANTE-CINQ PIÈCES D’ARCHI- Les chevaliers de Montaigut donnèrent, pour la rédemp-
VES. tion de leurs péchés, les fours du château de Montaigut,
et les habitants du lieu furent obligés d’aller cuire leur
pain au four des Templiers. Ces Chevaliers firent don
ensuite de leur chapelle et de ses appartenances, fran-
ches de toute taille, guet, albergue et autres droits.
L’abbé d’Aurillac vendit aussi à la « Maison de Vaour »,
l’église de Trévan et ses appartenances.
Les Templiers eurent très tôt des possessions dans le
Quercy. Le 14 mai 1181, les chanoines de Saint-Anto-
nin donnèrent, pour que les Templiers les protègent
contre leurs ennemis l’entier territoire de Montricoux
avec ses trois églises de Montricoux, de Saint-Laurent
de Meynet et de Saint-Benoît de Castres, se réservant
seulement les dîmes des paroisses.
Lors de la croisade contre les Albigeois et des incursions
de Simon de Montfort dans la vallée de l’Aveyron, et
bien que pris dans une zone d’hérésie représentée par
Penne et Cordes surtout, ils s’efforcèrent d’observer
• LES DONATEURS,
GRANDS ET PETITS
SEIGNEURS DE LA
COMMANDEURS DE VAOUR - MONTRICOUX - LACAPELLE
RÉGION
1143 : PIERRE HUMBERT
1150 :PIERRE HUGO
1173-1179 : FORT SANZ
1179 : JEAN DE NOUGAYROLS
1180 : DURAND-OEILLER
1181 : PIERRE DE LA CASE
1184 : BERTRAND BONAFOS
1185 : PIERRE DE TUDELLE
1191 : ARNAUD DE BOS, DOAT DAHAS,
1195 : PIERRE LO CAPELLA
1196 : DAÏDÉ DE SAINTE CROIX
1200 : ADÉMAR GUILLAUME
1202 : PIERRE DU CASTEL – ON LUI DOIT LE CARTULAIRE DE LA COMMANDERIE
1248 : GAILLARD DE PADINAS
1259 : RAYMOND DE POSQUIERES

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 5


„„„ Commanderie
„„„ PLAN „„„
„ 1. Entrée de la commanderie; 2.
• VUE DE L’ARRIÈRE ANTÉRIEURE À L’EFFONDREMENT DU DONJON Guérite; 3. Cour extérieur (basse-cour);
4. Écurie et métairie voûtée vers 1680;
5 et 6. Dépendances; 7. Cimetière ;
8.Guérite; 9. Tour et porche d’entrée
sud; 10. Cour inférieure ; 11. Réfec-
toire ; 12. Cuisines;13. Cabinet voûté
; 14. Escalier de service te tour nord ;
15. Four ; 16. Boulangerie ; 17. Grenier
reconstruit vers 1610 ; 18. Tour octo-
gonale et escalier menant aux appar-
tements du commandeur; 19 Corps de
logis incendié en 1574; 20. Donjon,
chapelle; 21.Portail roman du cimetière;
22. Porte du chapitre ; 23. Tourelle et
escalier; 24. Passage vers le potager et
le puits.

O N ENTRE DANS LA COMMANDERIE PAR UN GRAND


PORTAIL SURMONTÉ D’UN ARC PLEIN CINTRE QUI
DONNE ACCÈS À LA PREMIÈRE COUR. À GAUCHE,
LA FAÇADE DE LA « MAISON » COMME L’APPELAIT LES TEM-
PLIERS, EN FACE LA MÉTAIRIE, ET À DROITE, LES COMMUNS
LIMITAIENT CETTE ESPLANADE.
LES CHEVALIERS QUITTAIENT LEURS CHEVAUX QUE L’ON CON-
DUISAIT PAR UN PLAN INCLINÉ DANS L’ÉCURIE AMÉNAGÉE DANS
LA MÉTAIRIE SOUS LA GRANGE ET LE LOGEMENT DES MÉTAYERS.
ON ENTRAIT PAR UNE PORTE CINTRÉE DANS CETTE VASTE SALLE
À LA VOÛTE ROMANE. RÉFECTOIRE, ELLES COMMUNIQUAIENT PAR UNE PORTE PERCÉE ROMANE SUPPORTÉE PAR DES COLONNES À CHAPITEAUX. ELLE
CE BÂTIMENT PRÉSENTE, CÔTÉ JARDIN, NEUF ÉNORMES CONTRE- DANS UN MUR TRÈS ÉPAIS. LE SOL ACTUEL EST DE TERRE BAT- ÉTAIT PLACÉE SOUS LE VOCABLE DE NOTRE-DAME. SA VOÛTE,
FORTS SUR TOUTE SA LONGUEUR. AU NIVEAU SUPÉRIEUR, ON TUE, SEULE SUBSISTE DANS LA CUISINE UNE TRÈS PETITE PARTIE EN BERCEAU LÉGÈREMENT OGIVAL, ÉTAIT DIVISÉE EN DEUX TRA-
ENTRE PAR UNE OUVERTURE AU CINTRE CHANFREINÉ SURMONTÉ DE L’ANCIEN PAVAGE. AU FOND DE CETTE SALLE, UNE MARCHE VÉES PAR UN ARC DOUBLEAU EN OGIVE ET SUPPORTÉ PAR DEUX
D’UN ÉCUSSON QUI PORTAIT LES ARMES DE LA MAISON DE LA EST TAILLÉE DANS LE ROC ET, DERRIÈRE CELLE-CI, UNE PORTE COLONNES À CHAPITEAUX HISTORIÉS. UN CORDON COURAIT, À
VALETTE LORS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE; LA PIERRE A ÉTÉ MÈNE DANS UNE SALLE VOÛTÉE OÙ EST VISIBLE L’ENTRÉE DU LA NAISSANCE DE LA VOÛTE, TOUT AUTOUR DE LA CHAPELLE.
MARTELÉE POUR FAIRE DISPARAÎTRE CES EMBLÈMES. FOUR À PAIN ; UN PASSAGE CONDUIT À L’ANCIEN ESCALIER À CONTRE LE MUR TERMINAL, UN ESCALIER TOURNANT DE QUA-
LA « MAISON » SE PRÉSENTAIT SUR TROIS NIVEAUX : VIS QUI DESSERVAIT LES APPARTEMENTS DU COMMANDEUR ET TRE-VINGT SIX MARCHES MENAIT, AU-DESSUS VERS UNE SALLE
• AU REZ-DE-CHAUSSÉE, TROIS BAIES ÉCLAIRAIENT LES UNE AUTRE CHAMBRE À L’ÉTAGE SUPÉRIEUR. VOÛTÉE, ELLE AUSSI EN OGIVE. LE SOMMET DU « DONJON »
CUISINE ET LE RÉFECTOIRE ; AU PREMIER ÉTAGE, LES APPARTEMENTS DU COMMANDEUR SE DEVAIT ÊTRE À L’ORIGINE UNE PLATE FORME, MAIS IL FUT, PAR
• AU PREMIER, L’ÉTAGE NOBLE AVEC SES QUATRE FENÊTRES COMPOSAIENT D’UNE CHAMBRE CARRÉE, D’UNE SALLE HAUTE LA SUITE, COUVERT D’UNE TOITURE À TROIS PANS SURMONTÉE
ÉCLAIRAIENT LA CHAMBRE DU COMMANDEUR ET LES SALLES AVEC DEUX FENÊTRES PUIS LA CHAMBRE DU PRIEUR DANS LA D’UNE TOUR DE GUET. IL ÉTAIT FORTIFIÉ ET PRÉSENTAIT AU
D’APPARAT. AU-DESSUS D’UNE FENÊTRE, ON DISTINGUE UNE TOUR PORCHE. SOMMET DES MURS, UNE COURONNE DE CORBEAUX DESTINÉS À
PIERRE QUI ÉTAIT GRAVÉE ET SURMONTÉE PAR UN BANDEAU LE SECOND ÉTAGE COMPORTAIT DEUX CHAMBRES ET UN PORTER DES HOURS À MÂCHICOULIS. UNE SALLE BASSE, FORTI-
OUVRAGÉ. CABINET VOÛTÉ JUSTE AU-DESSUS DES APPARTEMENTS DU FIÉE DE MÊME MANIÈRE, S’APPUYAIT CONTRE LE DONJON. ELLE
• AU SECOND ÉTAGE, SEULE SUBSISTE UNE FENÊTRE IN- COMMANDEUR. SERVIT À PARTIR DE 1684 DE NEF À LA CHAPELLE, APRÈS LA
TACTE, C’EST UNE FENÊTRE À MENEAU VERTICAL. LA TOUR DE LE TROISIÈME ÉTAGE SE COMPOSAIT DE GALETAS ET D’UN DESTRUCTION PAR UN INCENDIE DE L’ÉGLISE PAROISSIALE.
FLANQUEMENT SITUÉE À L’OUEST EST EN BON ÉTAT JUSQU’AU PIGEONNIER DANS LA TOUR PORCHE. DANS L’ANGLE OUEST DE CETTE COUR SE TROUVAIT CONTRE LA
PREMIER ÉTAGE ; ELLE EST EN RETRAIT DE LA FAÇADE DE LA « LA « MAISON » ÉTAIT COUVERTE DE TUILES CANAL. « MAISON » UNE TOUR OCTOGONALE QUI PERMETTAIT D’AC-
MAISON ». À L’EST, CÔTÉ OPPOSÉ À CETTE TOUR, SE TROUVAIT LA PIÈCE MAÎTRESSE DE LA « GRANDE MAISON » ÉTAIT LE « CÉDER AUX APPARTEMENTS DU COMMANDEUR, ELLE SERVAIT
UNE AUTRE TOUR TROUÉE PAR UN PORCHE CINTRÉ FLANQUÉ DONJON », GROSSE TOUR MASSIVE D’UNE VINGTAINE DE MÈTRE DE CAGE À UN ESCALIER EN COLIMAÇON DONT LES MARCHES
D’UNE GUÉRITE. DE HAUT, ET SITUÉE À L’EST DE LA COMMANDERIE. D’UN PRÉSENTAIENT DE QUATRE EN QUATRE, À L’INTRADOS, UNE
APRÈS AVOIR FRANCHI LE PASSAGE VOÛTÉ, ON PÉNÉTRAIT DANS APPAREIL TRÈS RÉGULIER, IL ÉTAIT DÉCORÉ EXTÉRIEUREMENT MAIN TENANT EN BÂTON NOUEUX, SYMBOLE DU BÂTON DU
LA DEUXIÈME COUR ENCLOSE SUR TROIS CÔTÉS PAR LES CORPS DE PILASTRES À PEINE SAILLANTS ET RÉUNIS PAR DES ARCA- COMMANDEUR.
DE BÂTIMENTS, L’ACCÈS RESTANT LIBRE VERS LE CIMETIÈRE. AU TURES EN PLEIN CINTRE. IL ABRITAIT, AU REZ-DE-CHAUSSÉE, AINSI DEVAIT SE PRÉSENTER LA COMMANDERIE DE VAOUR AUX
REZ-DE-CHAUSSÉE DE LA « MAISON » ÉTAIT UNE CUISINE DE LA CHAPELLE À LAQUELLE LE PUBLIC ACCÉDAIT APRÈS AVOIR XIIE ET XIIIE SIÈCLES, MAIS TRÈS PEU DE DOCUMENTS PERMET-
BELLES DIMENSIONS ET UNE SALLE CARRÉE QUI SERVAIT DE TRAVERSÉ LE CIMETIÈRE, PAR UNE PORTE À DOUBLE VOUSSURE TENT D’EN DONNER UNE DESCRIPTION DÉTAILLÉE.

6 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


VAOUR
• ENTRÉE
PRINCIPALE DE LA
une stricte neutralité. COMMANDERIE
Mais, le 13 octobre 1307, l’opération de police montée
par Philippe IV le Bel et Nogaret mit fin au règne des
Templiers ; Vaour ne vit plus flotter sur sa Commande-
rie le « Baussant », drapeau blanc et noir des véritables
seigneurs du pays.
Après l’abolition de l’ordre, proclamée par le pape
Clément V au concile de Vienne en 1311, Vaour passe

• VERS 1850, L’ACCÈS AU « DONJON » ET À SA CHA-


PELLE FUT INTERDIT AU PUBLIC POUR VÉTUSTÉ. CLASSÉ
MONUMENT HISTORIQUE EN 1909, IL S’ÉCROULA EN
1910 SANS QUE RIEN NE FUT TENTÉ POUR LE SAUVER.
SES PIERRES FURENT VENDUES ET SERVIRENT À BÂTIR DE
• CÔTÉ SUD :
NOMBREUSES MAISONS DE LA RÉGION. IL EST ENCORE
ÉCURIE, MÉTAIRIE
POSSIBLE DE VOIR DE NOMBREUSES SCULPTURES ORNE- ET CIMETIÈRE
MENTALES AINSI QUE DES INSCRIPTIONS TEMPLIÈRES
SCELLÉES DANS LES MURS DE « L’HÔTEL DU PARC »
DE VAOUR. UN DEUXIÈME CLASSEMENT À L’INVENTAIRE
DES MONUMENTS HISTORIQUES EUT LIEU LE 13 JUILLET
1927.
dans les possessions de l’Ordre de Saint-Jean de Jéru-
salem ou Ordre des Hospitaliers et, plus tard, Ordre
de Malte. La commanderie est alors rattachée au grand
prieuré de Saint-Gilles. Elle subit plusieurs remanie-
ments comme le montrent encore des ouvertures à
meneau de style XVe siècle et des défenses prévues
pour le tir aux armes à feu.
Francis Grand
„„„ BIBLIOGRAPHIE „„„

„ Cartulaire Templiers de Vaour


par Ch. Portal & Edm. Cabié, 1894.
„ Monographies communales du Tarn
par E. Rossignol, 1875.

Les Templiers des Pays d’Oc et du Roussillon


ar Simon Jean
ellent ouvrage,
g une mine de renseignements, une bible !
tions Loubatières, Prix : € 22,87 (150,00 F)
• VUE AÉRIENNE
MAQUETTE DE LA COMMANDERIE
RÉALISÉE PAR © FRANCIS GRAND

Ż LE DONJON QUI S’ÉCROULA AU DÉBUT DU XXE SIÈCLE, A


PROBABLEMENT DOMINÉ, À L’ÉPOQUE DU TEMPLE, UNE GROSSE
FERME PLUS QU’UN CHÂTEAU À PROPREMENT PARLER. CE SONT
SURTOUT LES HOSPITALIERS QUI ONT ENRICHI LE SITE, EN SURÉ-
LEVANT LE REZ-DE-CHAUSSÉE — COMPORTANT CUISINE, FOUR
ET RÉFECTOIRE QUI DATENT DE LA MILICE — POUR INSTALLER
LE LOGIS DU COMMANDEUR, À L’ÉTAGE, QUI PRÉSENTE ENCORE
DES LINTEAUX OUVRAGÉS. ILS CONSTRUISIRENT L’ÉCURIE, AVEC
LES PIERRES ET SUR L’EMPLACEMENT D’UN PRÉCÉDENT BÂTIMENT,
ILS DOUBLÈRENT CERTAINS MURS. LES BIENS ET REDEVANCES
SEIGNEURIALES DE CETTE MAISON CORRESPONDENT À CENT
QUARANTE-CINQ PIÈCES D’ARCHIVES.

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 7


DOSSIER :

Lors de la chute de l’Orient latin, les


Templiers sont, avec les autres ordres,
ses derniers défenseurs. Ils tiennent
même, jusqu’en 1303, l’îlot de Rouad,
en face de Tortose. La maison prin-
cipale du Temple est alors transférée
à Chypre; mais c’est en France que
nombre de moines-soldats et les prin-
cipaux dignitaires se rassemblent.

Rencontre entre
8 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION
l’Orient et l’Occident
DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 9
DOSSIER : 1291, LE RETOUR DES TEMPLIERS

L’ORDRE ’DU TEMPLE


ET LA FIN DE L ÉPOPÉE DES CROISADES

ON SAIT COMMENT SALADIN S’EMPARA DE LA VILLE SAINTE EN 1187, MOINS D’UN SIÈCLE APRÈS
LE DÉCLENCHEMENT DE LA PREMIÈRE CROISADE. TOUTES LES TENTATIVES CHRÉTIENNES POUR RE-
CONQUÉRIR JÉRUSALEM ÉCHOUERONT, À COMMENCER PAR CELLE DE RICHARD CŒUR-DE-LION,
EN 1192. LORS DE LA CHUTE DE L’ORIENT LATIN, LES TEMPLIERS SONT, AVEC LES AUTRES ORDRES,
SES DERNIERS DÉFENSEURS. ILS TIENNENT MÊME, JUSQU’EN 1303, L’ÎLOT DE ROUAD, EN FACE DE
TORTOSE. LA MAISON PRINCIPALE DU TEMPLE EST ALORS TRANSFÉRÉE À CHYPRE ; MAIS C’EST EN
FRANCE QUE NOMBRE DE MOINES-SOLDATS ET LES PRINCIPAUX DIGNITAIRES SE RASSEMBLENT.

C ent ans après la fausse manœuvre du roi d’An-


gleterre, les Croisés avaient perdu successive-
ment toutes leurs places fortes en Palestine ;
il ne leur restait que les villes d’Acre, de Sidon, de Tyr
et de Beyrouth. Acre était devenu le centre de résis-
tance des forces chrétiennes. Templiers, Hospitaliers
et Teutoniques y étaient venus renforcer la garnison
chrétienne.
Au printemps de 1291, les Musulmans investirent la
ville, mais l’assaut principal n’eut lieu que le 16 mai. Il
échoua grâce, notamment, à l’intervention des Tem-
pliers. Une nouvelle attaque particulièrement vio-
lente eut lieu le 18 mai. Ce fut un long corps-à-corps.
Les Croisés comprenaient qu’ils avaient à défendre
le dernier rempart de la Terre Sainte. Templiers et
Hospitaliers agissaient en parfaite concordance.
Devant le péril suprême, les frères ennemis se sen-
taient déÀnitivement réconciliés. Le grand maître du
Temple, Guillaume de Beaujeu, succomba au cours
de la lutte. L’ennemi s’emparait peu à peu de la ville.
Acre, dernier bastion de la chrétienté dans le Levant,
tombait aux mains des Musulmans qui détruisirent
systématiquement tout ce qu’ils rencontrèrent.
Un grand nombre d’assiégés réussirent à s’embar-
quer pour Chypre, pour la Grèce ou pour l’Arménie.
Templiers, Hospitaliers et Teutoniques poursuivirent
la résistance pendant quelque temps. Finalement,
seuls les Templiers furent déÀnitivement bloqués
dans la ville en ruines. Ils se réfugièrent dans la tour
de leur demeure qui servait d’asile à des femmes et
à des enfants. Solidement barricadés, ils réussirent
à tenir pendant plusieurs jours. Malgré le désarroi
et malgré l’angoisse qui régnaient dans ce suprême
refuge, on procéda à l’élection d’un grand maître :
le choix unanime des votants se porta sur le moine
Gaudini qui avait été le lieutenant de Guillaume de

10 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


l’ordre du temple et la fin de l’épopée des croisades

PRISE D’ACRE EN 1291 ET FIN DES ÉTATS LATINS

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 11


DOSSIER : 1291 - LE RETOUR DES TEMPLIERS

Beaujeu. Bientôt fous les efforts des Musulmans se Hospitaliers, cantonnés dans un bourg étroit, songè-
portèrent vers la tour du Temple. Le Sultan proposa rent dès lors à quitter cette terre inclémente. Les Hos-
aux Templiers de capituler, et ceux-ci acceptèrent, pitaliers s’emparèrent de l’île de Rhodes.
demandant de respecter les femmes dont ils avaient la Quant aux Templiers, ils se réfugièrent en Sicile d’où ils
garde et de permettre à tous de s’embarquer. Ce qui entreprirent une expédition contre la Grèce. Ils prirent
fut promis. Malgré cela, les femmes furent violées par Thessalonique et Athènes, mais ils se contentèrent des
les vainqueurs, ce que voyant, les Templiers reprirent dépouilles des vaincus, laissant aux Siciliens la posses-
les armes, massacrèrent trois cents Musulmans et ren- sion des villes soumises.
trèrent dans leur tour qui fut minée peu après. Tandis C’est alors que les Templiers rescapés des aventures
qu’on escaladait les murailles de toutes parts, la tour levantines et méditerranéennes vinrent rejoindre en
s’écroula, ensevelissant assiégeants et assiégés. Les Mu- France ceux de leurs frères qui, depuis les débuts de
sulmans tournèrent alors leur furie sadique contre un l’Ordre n’avaient jamais quitté l’Occident. L’armée
couvent de Clarisses. combattante regagnait ses garnisons, c’est-à-dire les
Acre, Tyr, Sidon et les autres villes côtières furent ra- commanderies fondées un peu partout, dans nos ré-
sées par les vainqueurs. gions, au cours des deux derniers siècles. « Ils rappor-
C’est la Àn de la grande aventure des croisades. « On taient, écrit Michelet, au milieu de ce royaume épuisé,
comprit, écrit Delaville le Roulx, que la domination et sous les yeux d’un roi famélique (Philippe le Bel), un
latine était irrémédiablement ruinée en Terre Sainte, monstrueux trésor de cent cinquante mille Áorins d’or,
qu’avec Acre disparaissait le dernier espoir des chré- et en argent la charge de dix mulets. Qu’allaient-ils fai-
tiens et le fruit d’efforts soutenus pendant près de deux re, en pleine paix, de tant de forces et de richesses ? Ne
siècles avec plus de persévérance peut-être que d’intel- seraient-ils pas tentés de se créer une souveraineté dans
ligence politique et militaire, mais avec une éclatante l’Occident, comme les Chevaliers teutoniques l’avaient
valeur, qui avait forcé l’admiration de la Chrétienté et fait en Prusse et les Hospitaliers dans les îles de la Mé-
de l’Islamisme. » diterranée ? Il n’était point d’État où ils n’eussent de
Tandis que les Chevaliers teutoniques regagnaient l’Eu- places fortes ; ils tenaient à toutes les familles nobles.
rope, une dizaine de Templiers, rescapés du désastre de Ils n’étaient guère en tout, il est vrai, plus de quinze
la ville d’Acre et après avoir tenu même, jusqu’en 1303, mille chevaliers, mais c’étaient des hommes aguerris au
l’îlot de Rouad en face de Tortose, se réfugièrent à Li- milieu d’un peuple qui ne l’était plus depuis la cessation
misso, dans l’île de Chypre où se trouvaient déjà quel- des guerres des seigneurs. C’étaient d’admirables cava-
ques Hospitaliers. L’île de Chypre leur avait appartenu liers, les rivaux des mameluks, aussi intelligents, lestes
autrefois, quand ils l’avaient achetée à Richard Cœur- et rapides que la pesante cavalerie féodale était lourde
de-Lion. Mais ils l’avaient revendue peu après aux Lu- et inerte. On les voyait partout orgueilleusement che-
signan. Réduits à l’inaction, les Templiers se trouvaient vaucher sur leurs admirables coursiers arabes, suivis
« dans la situation d’une armée permanente recevant la chacun d’un écuyer, d’un page, d’un servant d’armes,
notiÀcation de la paix universelle » (Mollat). sans compter les esclaves noirs. Ils ne pouvaient varier
Les deux grands maîtres s’attachèrent pendant quel- leurs vêtements; mais ils avaient de précieuses armes
ques années à regrouper leur ordre et à réparer leurs orientales, d’un acier de Àne trempe, et damasquinées
forces. richement. »
En 1298, le moine Gaudini mourut et il fut remplacé à MéÀons-nous de l’évocation fantaisiste de l’historien
la tête de l’Ordre du Temple par Jacques de Molay. Ce- romantique. Cent cinquante mille Áorins d’or pour
lui-ci était un Bourguignon du diocèse de Besançon. quinze mille chevaliers, cela fait dix Áorins par cheva-
L’année suivante, Jacques de Molay prit part, avec les lier. Peut-on parler de « monstrueux trésor » ? Au reste,
Hospitaliers, à une expédition contre les Musulmans ce chiffre de quinze mille chevaliers comprend vrai-
préparée par le khan des Tartares, Cazan. Jacques de semblablement, outre les combattants de Terre Sainte,
Molay avait le commandement d’une aile de l’armée les Templiers installés, à demeure, depuis le concile de
tartare. Les nouveaux alliés remportèrent, non loin Troyes, dans tous les pays d’Occident. Quoi qu’il en
d’Emesse, une victoire sur le sultan d’Égypte Malek soit, le texte de Michelet est peu clair.
Nazer. Mais ils trouvèrent les villes de Palestine pillées, Le certain, c’est que l’arrivée des milices templières
démunies, démantelées. Le khan des Tartares Àt appel dans les paisibles commanderies occidentales allait
aux princes chrétiens d’Europe, mais il dut bientôt généraliser, pour le Temple, la vie de garnison que me-
regagner ses terres. (On a conjecturé que si Philippe naient, dans nos pays, tous les membres de l’Ordre qui
le Bel avait répondu à l’appel du khan des Tartares, la n’avaient jamais pris part à la Guerre Sainte. Or, on sait
civilisation chrétienne aurait rayonné sur l’Asie dès le ce que la vie de garnison comporte, pour le soldat, de
XIVe siècle.) dissolvant et d’énervant.
Livrés à eux-mêmes, Templiers et Hospitaliers se En quittant l’Orient, les Templiers abandonnaient leur
trouvèrent dans l’impossibilité de résister à l’assaut im- véritable terre patriale. Comme Antée, ils allaient suc-
minent du sultan d’Égypte. Ils durent regagner l’île de comber pour avoir quitté le sol originel, fondement de
Chypre où ils ne tardèrent pas à se sentir à l’étroit. leur vigueur.
Le roi de Chypre, Henri II, se montrait peu accueillant Marcel Lobet
et peu favorable aux ordres militaires. Templiers et

12 - TEMPLARIUM
LE MÉDIÉVISTE
©©DAEG
DAEG
EDITION
EDITION
l’ordre du temple et la fin de l’épopée des croisades

UN ROYAUME PAS DE CE MONDE


PRISE DE SAINT-JEAN-D’ACRE PAR LES SARRASINS les Mameluks ont porté aux croisés
les coups décisifs : le royaume des
En réaction, des croisés fraîchement Croisades a cessé d’exister.
débarqués d’Europe commettent la S’il est vrai que les croisés, par leurs
barbarie de massacrer d’inoffensifs discordes insensées, sont grandement
marchands musulmans, venus vendre responsables de ce désastre, il ne peut
à Saint-Jean-d’Acre leurs moutons et être reproché aux Templiers d’avoir
leur blé. N’obtenant pas la punition manqué de clairvoyance ni de cou-
des coupables, le sultan du Caire s’of- rage : eux n’ont jamais cessé d’alerter
fre le luxe de prévenir qu’il en tirera la Chrétienté, et jusqu’à la dernière
vengeance à une date fixée et, le 5 heure ils ont lutté, même sans espoir,
avril 1291, il investit la ville avec cent sinon celui d’ « un royaume qui n’est
mille Sarrasins. pas de ce monde ».

L e centre du minuscule royaume L’énergique défense d’Acre est con-


est encore Saint-Jean d Acre, duite par Guillaume de Beaujeu, PHILIPPE IV LE BEL
devenu une base maritime et Grand Maître des Templiers, à la tête
commerciale d’importance interna- de deux mille frères de son Ordre et En France, le fils de Saint-Louis veut
tionale grâce aux habiles Vénitiens, d’environ quinze mille combattants, venger Charles d’Anjou, son onde, en
dont un illustre représentant, Marco parmi lesquels de nombreux Hospi- portant la guerre chez le roi d’Aragon,
Polo, découvre au même moment la taliers et un fort contingent d’Anglais. instigateur de la sanglante révolte de
splendeur et l’originalité de la civilisa- Lutte impitoyable, dont chacun con- Sicile dont il est devenu maître. Mais
tion chinoise. naît l’enjeu. hélas, Philippe le Hardi trouve la mort
Résigné à un rôle passif, le roi de Malgré une résistance héroïque et en Catalogne, ce qui porte son fils
Jérusalem réside à Chypre, cepen- maints assauts repoussés, les Sarra- Philippe IV, dit le Bel, au trône de
dant que les barons francs, partout sins pénètrent dans la ville après cinq France en 1285.
dépossédés de leurs fiefs d’outre-mer, semaines de siège et se livrent à un Si le caractère de ce grand roi reste
se querellent pour de futiles questions affreux carnage de la population. Les une énigme, les historiens s’accordent
de préséance, gardant par orgueil les Templiers survivants, réfugiés dans la à voir en lui un souverain énergique,
titres des provinces qu’ils ont perdues, citadelle, y tiennent encore dix jours, efficace, fort jaloux d’une autorité qui
aussi bien dans l’empire de Byzance, Jusqu’à l’effondrement des murailles s’appuie beaucoup moins sur l’armée
tombé depuis 1261 au pouvoir des qui entraîne dans la mort assaillants des féodaux indociles que sur un
Grecs, qu’en Syrie même, où les et défenseurs. réseau de fonctionnaires d’origine
Mameluks continuent de s’emparer bourgeoise, de légistes qui lui doivent
de positions réputées imprenables, CHYPRE, DERNIER ASILE tout et lui sont totalement dévoués.
comme le Chastel-Blanc des Tem- Plus nombreux que les soldats, les
pliers et même cette formidable Le 28 mai, quelques chevaliers qui juristes lui coûtent également plus
forteresse des Hospitaliers, symbole sont parvenus à s’enfuir par mer cher; le trésor est constamment
de la force des Francs, le Krak des rejoignent Chypre, dernier bastion épuisé.
Chevaliers, qui tombe à son tour en où se replieront au cours des mois Les principaux événements du règne
avril 1271. suivants les barons et les chevaliers de Philippe le Bel se rapportent à l’ar-
rescapés des villes qui tombent tour gent, dont il a une soif insatiable, ne
LES VÊPRES SICILIENNES ET CHUTE DE TRIPOLI à tour au pouvoir du sultan victorieux reculant devant aucun moyen, ignoble
: Tyr, Sidon, Beyrouth, Tortose enfin. ou cruel, pour la satisfaire.
Au moment où Charles d’Anjou, sou- Parachevant à plus de cent cinquante Raoul Willemot
tenu par les Templiers, revendique la ans d’intervalle l’œuvre de Saladin,
couronne de Jérusalem et songe à
une difficile reconquête, son royaume
de Sicile s’effondre dans le sang des
Vêpres siciliennes : le lundi de Pâques
1282, la population de Palerme
massacre les Français, mettant fin à
la domination angevine et aux rêves
de puissance du frère de Saint-Louis.
Dans le comté de Tripoli, où les Latins
s’affaiblissent toujours davantage par
leurs luttes intestines, les Égyptiens
peuvent débarquer par surprise, le 28
avril 1289, et exterminer la popula-
LES TEMPLIERS PARTENT DE SAINT-JEAN-D’-ACRE
tion chrétienne.

DAEG
DAEG
EDITION
EDITION
©©LETEMPLARIUM
MÉDIÉVISTE - 13
DOSSIER : 1291 - LE RETOUR DES TEMPLIERS

LES ORDRES DE CHEVALERIE


I UNE NSTITUTION

UNE NOUVELLE INSTITUTION, ASSOCIANT LES


ÉLÉMENTS MONASTIQUES AVEC LES RÈGLES DE LA
CHEVALERIE, NAQUIT PENDANT LES CROISADES,
U ne nouvelle institution, associant les éléments
monastiques avec les règles de la chevalerie, naquit
pendant les croisades, concept imité en Espagne et
CONCEPT IMITÉ EN ESPAGNE ET EUROPE ORIENTALE Europe orientale : Les ordres « militaire-monastiques ».
: LES ORDRES « MILITAIRE-MONASTIQUES». Les ordres de chevalerie sont principalement une repré-
LES ORDRES DE CHEVALERIE SONT PRINCIPALE- sentation historique propre à la chrétienté de l’Europe
MENT UNE REPRÉSENTATION HISTORIQUE PROPRE
occidentale au Moyen-âge ; c’est dans ce contexte qu’ils
sont définis et le plus facilement compris.
À LA CHRÉTIENTÉ DE L’EUROPE OCCIDENTALE AU
L’ordre de chevalerie figure dans la catégorie d’un cer-
MOYEN-ÂGE ; C’EST DANS CE CONTEXTE QU’ILS tain nombre d’institutions recensées en ce temps-là.
SONT DÉFINIS ET LE PLUS FACILEMENT COMPRIS.
On peut distinguer plusieurs phases dans l’histoire de
L’ORDRE DE CHEVALERIE FIGURE DANS LA CATÉGORIE ce type d’institution. La forme originale, pendant les
D’UN CERTAIN NOMBRE D’INSTITUTIONS RECENSÉES croisades, qui mérita le nom d’ « ordre », puisqu’elle
EN CE TEMPS-LÀ. ON PEUT DISTINGUER PLUSIEURS était composée d’individus liés par une règle religieuse
PHASES DANS L’HISTOIRE DE CE TYPE D’INSTITUTION. permanente du comportement. À la fin des croisades,
LA FORME ORIGINALE, PENDANT LES CROISADES, au début du XIVe siècle, des monarques utilisèrent les
QUI MÉRITA LE NOM D’ « ORDRE », PUISQU’ELLE fondements de ces ordres pour en créer de nouveaux et
ÉTAIT COMPOSÉE D’INDIVIDUS LIÉS PAR UNE RÈGLE atteindre ainsi leur objectif de rassembler des vassaux
RELIGIEUSE PERMANENTE DU COMPORTEMENT. À LA à leur propre personne. Après la Renaissance, les vieux
FIN DES CROISADES, AU DÉBUT DU XIVE SIÈCLE, ordres monarchiques (et quelques ordres monastiques)
DES MONARQUES UTILISÈRENT LES FONDEMENTS devinrent purement honorifiques, et d’autres ordres
DE CES ORDRES POUR EN CRÉER DE NOUVEAUX honorifiques furent créés, une fois de plus, sur les fon-
ET ATTEINDRE AINSI LEUR OBJECTIF DE RASSEMBLER dements des ordres de chevalerie.
DES VASSAUX À LEUR PROPRE PERSONNE. APRÈS LA Ainsi, nous savons qu’à l’époque moderne diverses
RENAISSANCE, LES VIEUX ORDRES MONARCHIQUES institutions comme, par exemple, l’Ordre de Malte, du
(ET QUELQUES ORDRES MONASTIQUES) DEVINRENT Saint-Sépulcre, de la Jarretière, de la Toison d’Or, de
PUREMENT HONORIFIQUES, ET D’AUTRES ORDRES Calatrava, utilisèrent les expressions « ordre chevale-
HONORIFIQUES FURENT CRÉÉS, UNE FOIS DE PLUS, resque » ou « ordre de chevalerie » bien qu’elles soient
SUR LES FONDEMENTS DES ORDRES DE CHEVALERIE. toutes des organismes très différents dans l’histoire, la
AINSI, NOUS SAVONS QU’À L’ÉPOQUE MODERNE forme et le but.
DIVERSES INSTITUTIONS COMME, PAR EXEMPLE,
L’ORDRE DE MALTE, DU SAINT-SÉPULCRE, DE LA
• CHEVALIERS DU ST SÉPULCRE, HOSPITALIER,
JARRETIÈRE, DE LA TOISON D’OR, DE CALATRAVA, TEMPLE, ST LAZARE, TEUTONIQUE
UTILISÈRENT LES EXPRESSIONS « ORDRE CHEVALERES-
QUE » OU « ORDRE DE CHEVALERIE » BIEN QU’ELLES
SOIENT TOUTES DES ORGANISMES TRÈS DIFFÉRENTS
DANS L’HISTOIRE, LA FORME ET LE BUT.
Les Ordres de chevalerie - Une Institution

ORIGINES ORDRES MILITAIRE-MONASTIQUES


Les ordres de chevalerie apparurent d’abord dans le
contexte des activités militaires de l’Europe occidentale
contre les populations et les États non chrétiens. Dès le
XIe siècle, l’Europe occidentale entra dans une phase
expansionniste offensive, provoquant un conflit avec les
peuples non chrétiens sur deux fronts : l’Espagne et le
Moyen-Orient. Ces guerres furent engagées pour plusieurs
raisons coiffées par la principale : la religion. Les premiers
ordres de chevalerie héritèrent de cette dualité, religieuse
et militaire ; ils étaient composés par des groupes d’in- • © L. JALICOUS
dividus engagés vers certains buts et activités régulières.
L’engagement prit exactement la forme de vœux. L’amé-
nagement des activités fut soumis à une règle et une struc- L’ordre du Temple, le premier véritable ordre militaire de
ture institutionnelle définies par des statuts et contrôlées l’Occident, fut créé vers 1118 par Hugues de Payns et huit autres com-
par des officiers. Ainsi, les ordres de chevalerie étaient pagnons pour protéger les pèlerins au cours de la dernière étape de leur
des organisations religieuses, semblables aux ordres pure- voyage vers Jérusalem. Les Pauvres Chevaliers du Christ reçoivent parfois
l’aide d’illustres croisés, ce qui leur donne une grande renommée. Aussi,
ment religieux ou monastiques créés à la même époque
lorsqu’en 1128 l’ordre reçoit les premiers éléments de sa règle au concile
(Cisterciens, franciscains, dominicains, etc.). Les missions de Troyes, son organisation a déjà un grand poids. Saint Bernard, sans
appuyer ouvertement cette création originale, justifie sa mission dans son
•TEMPLIERS célèbre Éloge de la nouvelle chevalerie. Lors de la chute de l’Orient latin,
la maison principale du Temple est alors transférée à Chypre, mais c’est
en France que nombre de moines-soldats et les principaux dignitaires se
rassemblent. Le 13 octobre 1307, les Templiers sont arrêtés et leur dernier
grand-maître, Jacques de Molay, est brûlé le 18 mars 1314 pour relaps. Sa
mort courageuse fit grande impression.

L’ordre de Saint-Lazare, religieux et militaire, fut fondé


à Jérusalem vers le milieu du XIIe siècle. Son établissement situé hors des
murs de la Ville sainte était placé sous l’invocation de saint Lazare. Les
Lazaristes avaient pour l’objectif d’aider les malades, particulièrement les
lépreux. Les Templiers et Hospitaliers envoyaient dans les nombreuses
léproseries de Saint-Lazare leurs frères atteints de la maladie. Ceci contribua
probablement à la militarisation de l’ordre vers la fin du XIIe siècle. Outre
leur l’hôpital d’Acre — où les Lazariste étaient chargés de la défense d’une
partie du rempart —, l’ordre de s’installa dans plusieurs pays d’Europe. Sa
maison cheftaine se situait en France à Boigny près Orléans grâce à l’attri-
bution de terres faites aux lazaristes par le roi de France Louis VII (1153),
de retour de la seconde croisade. devoir

L’Ordre du Saint-Sépulcre doit son institution à l’anti-


que coutume d’armer des chevaliers sur le tombeau du Christ, au temps des
croisades. Les historiens rapportent que Godefroy de Bouillon fonda en 1099
un ordre de chanoines réguliers dont la mission était de veiller sur le Saint-
Sépulcre et d’y célébrer les offices. Ces religieux furent placés, en 1112,
étaient non seulement la sanctification de leurs membres sous la règle de Saint Augustin par le patriarche de Jérusalem, et confirmés
par les activités de dévotion et de charité, mais aussi la comme tels dix ans après par une bulle de Calixte II. Bien plus tard, il devint
participation au combat contre les infidèles, en protégeant un ordre de chevalerie. Vers le début du XIIe siècle, les chanoines-soldats
les pèlerins ou en participant activement aux opérations du Saint-Sépulcre participèrent aux combats en compagnie d’un tiers ordre
militaires défensives ou offensives. composé de combattants qui portaient le nom de chevaliers. Après la perte
Bien des choses furent écrites sur les origines de cette de la Terre Sainte, la dénomination d’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem
apparut dans les textes, notamment dans une charte déposée officiellement
nouvelle institution. Comme avec l’art héraldique, il sem-
à Jérusalem, en 1549, au trésor du Saint-Sépulcre. À la fin du XIIIe siècle,
ble difficile pour certains d’accepter que l’Europe occi- l’ordre comportait des chevaliers adoubés, des chanoines réguliers et des
dentale puisse inventer quelque chose de particulier. Pareil confréries de laïques qui facilitaient aux pèlerins le voyage de Jérusalem. Le
aux nombreuses théories cherchant à expliquer l’origine pape Innocent VIII (1484-1492) réunit les chevaliers du Saint-Sépulcre aux
des armoiries médiévales européennes qui ont été rejetées Hospitaliers de Saint-Jean, comme étant de mêmes vœux et règles, alors
par les historiens, il n’existe aucun résultat convaincant que ceux-ci étaient à Rhodes.
qui prouve que les ordres de chevalerie furent un concept
importé. Cette institution doit être placée plutôt dans L’Ordre Souverain Militaire et Hospitalier
le contexte du XIe siècle, lorsque les moines et ecclé- de Saint-Jean de Jérusalem doit son origine aux
siastiques essayaient d’établir un code de conduite pour moines et marchands du port italien d’Amalfi. Son berceau était l’église

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 15


DOSSIER : 1291 - LE RETOUR DES TEMPLIERS

l’autre communauté), soit en reformant ses statuts, soit


• HOSPITALIERS en nommant un grand-maître, etc. L’incontestable auto-
nomie dont les ordres profitèrent pendant longtemps, fut
parfois contrariée par une telle intervention extérieure.
Cependant, seuls les ordres de Saint-Jean et Teutoniques
ne bénéficièrent jamais assez de l’indépendance et de
la souveraineté territoriale pour être reconnus en tant
qu’« ordres souverains ». Il ne faut pas oublier que les
ordres militaire-monastiques étaient surtout des ordres reli-
gieux. Ils possédèrent des propriétés dans plusieurs pays,
et leur effectif était international. Même s’ils contrôlèrent
leurs propres affaires, comme le faisait les Bénédictins et
les jésuites, personne ne les considéra comme des « sou-
verains ».
L’aspect militaire de ces ordres monastiques explique leur
nomination en tant qu’ordres de chevalerie. Le combat
était l’une de leurs activités professionnelles, engagé par
les techniciens, c’est-à-dire les chevaliers. L’entrée dans
la catégorie socioprofessionnelle du chevalier nécessitait
un certain nombre de rituels religieux qui fit du concept
moine-chevalier uniquement un prolongement de l’idée
la nouvelle classe professionnelle des chevaliers en les générale du chevalier. Les ordres recrutèrent simplement
transformant en « soldats du Christ. ». En effet, l’Église les individus qui avaient atteint, ou pouvaient atteindre,
créa plusieurs ordres militaires, dont les Templiers et les le statut de chevalier. Ce concept était devenu important,
Hospitaliers, pour pallier le plaisir du combat (tournois) mais le temps passa et la chevalerie devint un idéal en
qu’elle réprouvait. Pendant les croisades, où la ferveur même temps qu’elle perdait son aspect professionnel.
religieuse était à son apogée et la technique militaire J’appelle ces ordres militaire-monastiques, pour souligner
comme essentielle, il était normal que ces deux principes, leur nature dualiste qui les différencie de n’importe quelle
religieux et militaires, aient fusionnés dans les ordres mili- autre organisation en ce temps-là. Pour les chrétiens
taro-monastiques. d’aujourd’hui, il semble difficile de comprendre com-
Les premiers ordres de chevalerie au Moyen-Orient (Tem- ment on pouvait se sanctifier en tuant, mais cette notion
pliers fondé vers 1119, Saint-Jean vers 1080 et militarisé n’était pas choquante dans une période où l’on acceptait
ensuite, Saint-Lazare vers 1100, chevaliers Teutoniques vers fidèlement la notion de milites Christi. Cependant, quel-
1190) furent créés par des initiatives privées, et servirent ques communautés structurèrent les tâches en ayant des
de modèles à ceux qui existaient en péninsule Ibérique chevaliers combattants et des chapelains (par exemple,
(Avis en 1143, Alcantara en 1156, Calatrava en 1158, Santi- les ordres des Templiers, des Hospitaliers de Saint-Jean,
ago en 1164). Le pape reconnut et confirma leurs statuts. etc.). En fait, ces ordres différenciaient dans leur struc-
ture les chapelains, les chevaliers, les sergents, comme les
ORIGANISATION trois ordres de la société féodale (clergé, noblesse et tiers
état).
Les ordres de chevalerie, comme l’église en général, reçu- Sur ce point donc, les ordres de chevalerie furent une
rent plusieurs donations, souvent sous forme de terre (par communauté d’individus, typiquement membres de la
exemple, un seigneur était introduit dans la communauté classe chevaleresque. Ils s’engagèrent par des vœux solen-
en tant que chevalier lorsqu’il donnait ses possessions nels d’obéir aux règles et statuts d’un ordre religieux et, en
à l’ordre). Rapidement, les ordres devinrent de grands tant que soldats professionnels, dans une guerre religieuse
propriétaires fonciers dans l’ensemble de l’Occident, loin permanente, mais également dans les activités religieuses
de leur maison cheftaine. En conséquence, des structures et charitables. En tant qu’ordres religieux, ces communau-
furent créées pour contrôler ces domaines appelés des tés eurent toujours besoin de l’approbation du pape, et
commendatoriæ, et leurs commendatores, des dirigeants. Plus relevèrent de son autorité jusqu’à un certain point.
tard le terme transformé de « commandeur » donna une
qualité militaire à la personne dirigeante qui ne l’avait APRÈS 1291, LES NOUVELLES MISSIONS DES ORDRES
jamais eue.
En tant qu’ordres religieux, ces institutions tombèrent Un changement important se produisit en 1291, quand
naturellement sous l’autorité du pape, qui approuva régu- Saint-Jean-d’Acre, dernier bastion des Croisés en Pales-
lièrement les statuts de l’ordre, lui concédant ainsi une tine, fut pris par les Arabes. Les ordres de chevalerie
forme de reconnaissance officielle. Dans la pratique, les restants durent trouver une nouvelle raison d’être à cause
ordres contrôlaient leurs propres affaires. Mais en période de la perte définitive des Lieux saints. Quelques ordres
de crises ou d’incertitudes, le pape pouvait directement contrôlèrent habilement la transition, notamment les
intervenir, soit en supprimant l’ordre, soit en le fusion- chevaliers Teutoniques déjà installés en Europe orien-
nant avec un autre ordre (transférant ainsi les actifs vers tale, et qui avaient absorbé l’Ordre des Porte-Glaives. En

16 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


Les Ordres de chevalerie - Une Institution

transférant toutes leurs activités dans l’Est de cette partie Sainte-Marie-Latine à Jérusalem, bâtie en 1048, ainsi que le monastère et
du monde, ils s’engagèrent dans la colonisation des lieux l’hôpital édifiés sous ses murs, à l’intention des chrétiens résidant dans la
encore païens, en Pologne, États Baltes et, plus tard, dans Ville sainte. Après la conquête de Jérusalem en 1099, Gérard Tenque sépara
le combat contre la Russie orthodoxe (même la Pologne les hospitaliers des religieux et fonda l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean
catholique). Quant à l’Ordre des Hospitaliers de Saint- ou Frères de l’hôpital Saint-Jean de Jérusalem. L’ordre fut approuvé par le
pape Pascal II en 1113. Les Hospitaliers soignaient les pèlerins et les héber-
Jean de Jérusalem, il occupa l’île de Rhodes vers 1309 geaient. Raymond du Puy (premier qualifié maître de l’ordre), successeur de
et, transformé en puissance navale, poursuivit le combat frère Gérard, convertit la communauté en un ordre religieux de chevalerie
contre des Arabes puis les Turcs. Les autres ordres trou- que Calixte II confirma en 1120. La vocation militaire de l’Ordre fut adoptée
vèrent refuge à Rhodes sous la protection de l’ordre de vers 1140 — sans toutefois perdre leur rôle hospitalier —, pour assurer la
Saint-Jean. défense de la Terre sainte contre les musulmans. Après la prise de Jérusalem
Les Templiers, en raison de leur vaste réseau de « collec- par Saladin (1187), l’ordre s’installa successivement à Saint-Jean-d’Acre,
teurs de fonds », donc des banquiers émérites, résistèrent à Chypre, à Rhodes, et enfin à Malte (1530). Après la prise de celle-ci par
à la tentative de fusion avec l’Ordre des Hospitaliers de Bonaparte (1798), il gagna définitivement Rome (1834), où il reçut, en
Saint-Jean de Jérusalem proposée par le pape Bonifa- 1961, une nouvelle Constitution approuvée par le pape. Dirigé par un grand
ce VIII. Ils refoulèrent à l’entrée de leur Ordre le roi de maître, l’ordre souverain de Malte comprend des laïcs et des chevaliers,
France, Philippe IV le Bel. Ce dernier, agacé par cette dont certains ont prononcé les vœux. De nos jours, l’Ordre est revenu à sa
vocation hospitalière primitive, et possède de nombreux hôpitaux et une
résistance, irrité par le désordre et le manque de moralité flotte aérienne sanitaire importante.
qui régnait chez les Templiers (selon lui), et probablement
conscient des richesses du Temple, les fit arrêter et tortu- L’Ordre Teutonique (en allemand : Deutscher
rer par l’Inquisition. Après avoir fait main basse sur une Ritter Orden), dit encore de Sainte-Marie-des-Allemands, tire
partie de leurs richesses et leurs livres de comptes , le roi son origine d’un poste de secours installé sous la tente, par de riches mar-
Philippe contraignit le pape Clément V à prononcer la chands de Brême et de Lübeck pendant le siège de Saint-Jean-d’Acre, au
dissolution de l’ordre du Temple au concile de Vienne moment de la troisième croisade (1189-1192). Cette institution primitive
se développa sous le protectorat d’allemands fortunés, et devint un hôpital
• TEUTONIQUES AVEC EN ARRIÈRE PLAN, destiné aux pèlerins et aux croisés tombés
L’INSIGNE DE L’ORDRE TEUTONIQUE
malades. À l’arrivée du duc Frédéric de
SELON L’ENCYCLOPÉDIE DE DIDEROT
Souabe, en 1190, son chapelain Conrad
et son chambellan Burkhard en prirent la
direction et donnèrent aux hospitaliers la règle de Saint-Jean. La prise
d’Acre en 1191 permit d’y transporter l’hôpital, qui fut appelé Hôpital des
Allemands à Jérusalem, en prévision de l’installation du siège de l’ordre
dans la Ville sainte. Le Pape Célestin III et l’empereur germanique Henri
IV encouragèrent cette fondation, avec le concours des chevaliers de Saint-
Jean et ceux du Temple. En mars 1198, les princes allemands convertirent
l’institution en un ordre de chevalerie, appelé Ordre Teutonique, approuvé
le 19 février 1199 par la bulle « Sacrosancta Romana » du pape Innocent
III. La perte d’Acre en 1291 obligea l’ordre à s’installer à Venise, puis à
Marienbourg (en Prusse) en 1309, et enfin à Koenigsberg en 1457. Après la
considérable expansion territoriale — acquisition de la Livonie par fusion
avec l’ordre des Porte-Glaive (1237), achat de la Pomérélie, ou Poméranie
ultérieure (1309) et de l’Estonie au Danemark (1346) — et le transfert de
leur siège à Marienburg, l’essentiel de l’armée teutonique se consacra à une
croisade contre les Lituaniens, suivie d’une défaite en 1410. Ces troubles
entraînèrent un relâchement des liens avec les bailliages situés dans l’Em-
pire et la cession de la partie occidentale de la Prusse à la Pologne qui, en
outre, imposa sa suzeraineté au grand maître (1466). Le déclin s’accentua
au XVIe siècle, et la Réforme entraîna la disparition de l’ordre dans les terres
en 1312. Leur grand-maître, Jacques de Molay fut brûlé baltes. La Prusse et la Courlande devinrent deux duchés sécularisés, alors que
en 1314. la Livonie fut partagée entre la Suède, la Pologne et la Russie. L’ordre ne
L’autre partie des biens du Temple revinrent aux Hospi- survécut que dans les territoires catholiques de l’Empire. Le grand maître,
taliers de Saint-Jean ou aux ordres successeurs créés en prince d’Empire depuis 1530, s’installa à Mergentheim en Franconie. Au
Péninsule Ibérique : celui de Notre-Dame-de-Montesa XVIIe siècle, l’ordre retrouva un certain lustre dans la lutte contre les Turcs
dans la région de Valence en Espagne (1319) et l’Ordre en Hongrie. De 1809 à 1938, il ne demeura plus qu’en Autriche. Depuis
du Christ au Portugal (1318). 1945, l’ordre est religieux et se consacre aux œuvres charitables en Allema-
gne fédérale, en Autriche et en Italie. Son siège se situe à Vienne, où sont
Depuis le XVIIIe siècle, plusieurs autres groupes se sont conservées les archives de l’Ordre.
formés en se réclamant être une filiation des Templiers.
« Entré dans l’imaginaire collectif à cause de l’extraordi-
naire opération de propagande menée par Philippe le Bel
et inlassablement reprise ensuite sous forme de légendes,
l’ordre du Temple est, sans doute, l’une des créations les
plus représentatives de l’époque des croisades. »
Jean-Luc Alias

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 17


DOSSIER : 1291 - LE RETOUR DES TEMPLIERS

LESdesTEMPLIERS
moines banquiers
OUTRE L’ÉNORME FORTUNE FONCIÈRE, LE TEMPLE TIRE DE GROS REVENUS DE
SES ACTIVITÉS BANCAIRES. D’AILLEURS, TOUS LES ORDRES MILITAIRES ONT,
DU FAIT DE LEUR ORGANISATION INTERNATIONALE, PRATIQUÉ CETTE ACTI-
VITÉ, LETEMPLE UN PEU PLUS QUE LES AUTRES. BIEN GÉRÉES ET INSPIRANT
CONFIANCE, LEURS MAISONS REÇOIVENT EN DÉPÔT ARGENT ET BIJOUX; LES
TRÉSORS DES ROIS DE FRANCE ET D’ANGLETERRE SONT DÉPOSÉS AU TEMPLE.
LE TEMPLE, ET IL EST PRÉCIEUX EN CELA, ASSURE LES TRANSFERTS DE FONDS
ENTRE ORIENT ET OCCIDENT : SOIT SANS MANIEMENT D’ARGENT (LE CROISÉ,
SOUCIEUX DE NE PAS TRANSPORTER D’ESPÈCES, EMPRUNTE AU TEMPLE EN
ORIENT ET REMBOURSE À L’UNE DES COMMANDERIES OCCIDENTALES À SON
RETOUR) ; SOIT PAR PORTAGE D’ESPÈCES SUR LEURS PROPRES BATEAUX OU
• JACQUES DE MOLAY SUR LES NAVIRES ITALIENS.

C e qui est intéressant, avant même leur chute, c’est l’aven-


ture que les Templiers menèrent durant deux siècles sur
la terre et dans les âmes, ce type audacieux de moines cheva-
les faibles revenus des souverains d’Occident, les aidant ainsi à
faire face aux charges souvent énormes ; ces charges n’étaient
pas uniquement de charité, mais surtout d’ordre militaire.
liers qu’ils dressèrent sur le monde brutal et cruel d’alors. Pour assurer la défense de la côte méditerranéenne, prin-
Depuis plusieurs années, les Templiers étaient des collabo- cipalement la bande côtière en Terre Sainte, les Templiers
rateurs, et le Temple une Banque. Que de grandes affaires participèrent à la construction de plusieurs châteaux forts,
engagées sous leur direction ! Comment cesser cela ? Était-ce depuis Sayhoun et Tortose au nord, jusqu’à ceux de l’extrême
même profitable ? Mais voyons comment ceci a commencé. sud Athlit ou Kerak, en passant par le fameux Crac des Che-
valiers qui domine l’Oronte et par Montfort, dressé au-dessus
PREMIÈRE AIDE MONÉTAIRE À ANTIOCHE du Litani.
Ces réalisations, très coûteuses, étendirent encore la nécessité
Lorsque Louis VII et son armée arrivèrent à Antioche vers des activités financières qui avaient leur siège en France, dans
1147 sans moyens financiers durant la seconde croisade, le l’enclos même du Temple, avec tout un ensemble de rami-
monarque demanda un prêt à l’Ordre du Temple. Aussitôt, le fications importantes à travers l’Europe : France, Provence,
grand maître Évrard des Barres rendit compte de la situation Auvergne, Angleterre, Écosse et Irlande, Flandres, Pouilles,
à Saint-Jean-d’Acre pour obtenir l’argent nécessaire. Frappé Sicile, Hongrie, Portugal, Catalogne et en Aragon.
d’admiration, le roi Louis VII écrivit à Suger, abbé de Saint-
Denis et régent du royaume pendant son absence: «Nous ne
voyons pas, nous ne pouvons pas imaginer comment nous
aurions pu subsister un instant dans ces pays sans leur aide et
assistance. Cette aide ne nous fit jamais défaut, depuis le pre-
mier jour de notre arrivée jusqu’au moment où ces lettres nous
quittent, et ils se rendent toujours plus serviables. Donc nous
vous prions de redoubler de sympathie à leur égard, afin qu’ils
puissent sentir que nous avons intercédé pour eux. En plus,
nous vous notifions qu’ils nous prêtèrent, et empruntèrent en
leur propre nom, une somme considérable... Donc nous vous
supplions de leur rembourser sans tarder la somme de deux
mille marcs d’argent.»
Pour la première fois de son histoire, l’Ordre du Temple
octroya sous la forme d’un prêt une importante somme d’ar-
gent au roi de France pour sauver la croisade.
En employant de grands moyens, la participation financière du
Temple fut colossale par la suite dans la bataille contre l’infi- LE TEMPLE DE PARIS AU XVIE SIÈCLE
D’APRÈS UNE LITHOGRAPHIE DU XIXE
dèle. Leur prospère activité bancaire s’étendit en augmentant
SIÈCLE.

18 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


Les templiers - des moines banquiers
LE TRÉSORIER DU TEMPLE. DANS L’ORDRE DU TEMPLE, LE FRÈRE DES MOINES BANQUIERS
CHARGÉ DES FONCTIONS DE THESAURARIUS (TRÉSORIER) FUT LE
PLUS CONNU ET ESTIMÉ, LE VÉRITABLE ORGANE D’EXÉCUTION L’époque médiévale fut marquée par l’extraordinaire expan-
DE SES OPÉRATIONS FINANCIÈRES. AVEC UNE CERTAINE MAÎ- sion du commerce de banque. Les deux puissants vecteurs
TRISE, CE COMPTABLE GÉRAIT LES MÉCANISMES DES ACTIVITÉS économiques furent l’influence du marchand médiéval dès le
FINANCIÈRES EN INSCRIVANT DANS LES « LIVRES DE RAISON » XIe siècle, mais surtout les considérables échanges résultant
LES OPÉRATIONS INTERNES, ET CELLES DES GUICHETS DE L’EN- des croisades. À partir du XIIe siècle, les talentueux banquiers
CLOS OUVERTS AU PUBLIC. IL Y ENREGISTRAIT LES DÉPÔTS ET, italiens créèrent leur premier établissement à Venise en 1151.
APRÈS CONTRÔLE, EFFECTUAIT LES DÉCAISSEMENTS ET TOUTE Des groupes organisés en réseaux participèrent vigoureu-
OPÉRATION À LA CHARGE DE LA PUISSANTE COMMUNAUTÉ : sement aussi au commerce de l’argent : les juifs, concevant
RÈGLEMENT DES DETTES, ET MÊME DES RENTES ET PENSIONS « une foule d’exactions dont ils devinrent encore une fois les
ALLOUÉES PAR LE ROI. CERTAINES PREUVES DE CES TRANSAC- inventeurs et les fermiers, ainsi que l’usure, fléau inséparable
TIONS FIGURENT DANS LE REGISTRE DU TRÉSOR DES CHARTES des temps d’ignorance »
SOUS LE RÈGNE DE PHILIPPE LE BEL. LE VIEUX MOT FRANÇAIS Quant aux chevaliers du Temple en France, ils s’immiscèrent
« RAISON » VOULAIT DIRE « COMPTE », « FINANCE », COMME sans complexe et par une grande habileté dans le maniement
L’ITALIEN « RAGIONE » ET LE LATIN « RATIO ». LES LIVRES DE de l’argent. Durant les djihad, l’action militaire alla de pair avec
RAISON SE PRÉSENTAIENT SOUS UNE FORME ANALOGUE AU le rôle d’argentiers et de manieurs de fonds ; la complicité de
CODEX ACCEPTI ET EXPENSI DES ROMAINS. EN RAISON DE SA la croisade et de la banque était alors admise. Ils accomplirent
cette nouvelle fonction avec beaucoup plus de succès et de
conscience que la première, celle de combattant.
Pour mieux comprendre leur rôle de banquier, il ne faut pas
oublier qu’au Moyen-âge, églises et monastères étaient consi-
dérés comme des lieux très sûrs pour les dépôts d’argent et la
garde des trésors. Les souverains confièrent souvent au Tem-
ple leurs biens précieux plutôt que de les protéger eux-mêmes
dans leurs propres châteaux. En général, les juges royaux et
ecclésiastiques chargeaient aux églises les biens faisant l’objet
de litige en droit de propriété devant leurs tribunaux. Mais en
générale, ils préférèrent remettre ces biens à l’Ordre du Tem-
ple qui rassurait par son impressionnante force militaire. Des
fonds considérables furent alors déposés en comptes courants
dans la plupart des commanderies templières édifiées en véri-
tables forteresses. Cet argent était mis en valeur par des crédits,
PROBITÉ, LE TRÉSORIER DU TEMPLE PARTICIPA À LA COMMISSION des transferts, etc. Les jeux d’écriture n’avaient plus de secrets
DES COMPTES ET, PAR SES CONTACTS AVEC LE ROI, OBTINT pour ces habiles courtiers qui possédèrent, dit-on, plus de car-
LES FONCTIONS DE CONSEILLER ET AUXILIAIRE FINANCIER DU tulaires et de livres de comptes que de traités dogmatiques.
ROYAUME. IL RÉGISSAIT LES FONDS DU SOUVERAIN EN EFFEC-
TUANT LES OPÉRATIONS COURANTES POUR LE COMPTE DU ROI : LA FINANCE, LEUR PRINCIPAL VECTEUR
ACQUITTER LES RENTES ET LES PENSIONS, ENCAISSER LES IMPÔTS
EXCEPTIONNELS. DANS SON RÔLE DE BANQUIER, LE TRÉSORIER Accablé par les luttes contre l’Islam, le monde occidental
ASSURA LES OPÉRATIONS GÉNÉRATRICES DE BÉNÉFICES, PLU- sembla se désintéresser des Lieux saints. L’enthousiasme des
TÔT COMPLEXES, EN RAISON NOTAMMENT DE LA PLURALITÉ premiers Croisés pour la délivrance de la Terre Sainte avait fait
DES MONNAIES. DANS LES DÉPÔTS, IL GÉRA LES RÉSERVES place à une prudente réserve, voire une indifférence ou une
CONSIDÉRABLES DE MONNAIES EN EFFECTUANT DES CALCULS résignation. Où étaient les prêcheurs enthousiastes qui avaient
IMPRESSIONNANTS PAR LA MÉTHODE DE L’ÉCHIQUIER. CE FIN éveillés les partis de masse pour le saint Combat ? Où étaient
MANIPULATEUR AUGMENTA AINSI LA FORTUNE DE L’ORDRE. les Pierre l’Ermite, saint Bernard et Foulques de Neuilly ?
Abandonné par les forces chrétiennes, malgré sa magnifique
L’ÉCHIQUIER, CALCULATRICE DU XIIIE. LE CAISSIER DU TEMPLE défense du dernier bastion des Chrétiens (Saint-Jean d’Acre
UTILISAIT UN ÉCHIQUIER, SORTE DE TABLETTE MATHÉMATIQUE en 1291) qui lui avait sauvé l’honneur, l’Ordre du Temple
DIVISÉE EN CARRÉS, ET DESSINÉE SUR UNE TOILE DE BURE, s’en alla de Chypre avec ses derniers contingents de Palestine.
D’OÙ LE TERME « BUREAU ». LORSQUE CHAQUE COLLECTEUR L’échec du royaume chrétien n’ébranla pas sa toute puissance.
ANNONÇAIT SA RECETTE, LE CAISSIER DÉPLOYAIT LE GRAND Il s’orienta alors davantage vers une activité financière, son
ÉCHIQUIER. ENSUITE, IL Y DÉPOSAIT DES JETONS SUR UNE principal vecteur.
RANGÉE DE CASES CORRESPONDANT AU COLLECTEUR. LA Le grand maître, Jacques de Molay, trouva judicieux de replier
SOMME DES JETONS COÏNCIDAIT AUX RENTRÉES D’ARGENT l’état-major dans la maison de Paris, la Coultoure du Temple,
SELON LEUR VALEUR. CETTE MÉTHODE RUDIMENTAIRE, CON- où il allait ouvrir la porte à la tragédie. Peut-être encore plus
TRÔLÉE PAR UN AUTRE CAISSIER OU LE CLERC DU TRÉSORIER, clairement que ses prédécesseurs, il sentit que l’Ordre du Tem-
ÉTAIT PARTICULIÈREMENT FIABLE. LES CÉLÈBRES TABLETTES DES ple pourrait rapidement devenir la plus importante puissance
DEUX GRANDS CONSEILS DES FINANCES FURENT L’ÉCHIQUIER financière du monde en se débarrassant de ses charges militai-
DE NORMANDIE ET L’ÉCHIQUIER D’ANGLETERRE. res, et en conservant ses activités bancaires.

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 19


DOSSIER : 1291 - LE RETOUR DES TEMPLIERS

Même si la croisade fut toujours d’actualité, les Templiers Cambarius (changeur) qui assistait le Thesaurarius, (trésorier),
savaient ce que valaient ces propos puisqu’ils étaient mieux comptable incontesté de l’Ordre du Temple.
renseignés que quiconque. Ainsi, n’ayant plus recours à la
guerre, l’Ordre se consacra plus que jamais aux activités ban- DES MOINES COMPTABLES
caires. Il y eut alors quelque chose d’ennuyeux dans la situa-
tion nouvelle de ces hommes qui portaient tant de lointain et La question de savoir si le « germe » (Piquet dixit) de la métho-
d’inconnu dans les plis blancs de leur manteau : « On souffrait de dite « à partie double », basée sur la dualité des comptes,
mal de voir ces hommes d’Église devenir exclusivement des n’aurait pas pris naissance au XIIIe siècle dans l’Ordre des
hommes d’argent. » chevaliers du Temple.
Quel est le principe de cette méthode ? C’est l’enregistrement
LA COULTOURE DU TEMPLE, UNE BANQUE DE FRANCE AU MOYEN-ÂGE : comptable qui permet de retracer les deux conséquences d’une

Quel était le statut social des Templiers en France, en 1306 ?


N’étaient-ils vraiment que des grands seigneurs oisifs et exclu- TRÉSORIERS (TEZAURARIO) ET CHANGEURS (CAMBARIUS)

sivement soucieux des fructueuses opérations financières ? Ź Thierry Galeran, trésorier présent au Saussay
N’étaient-ils que des marchands tenant boutique sur les ponts, (Ile-de-France) c. 1159, chapelain et conseiller
comme ce fut le cas à Nantes où ils disputaient à l’évêque ses intime du roi Louis VII le Jeune, il avait été préala-
droits sur la vente des vins ? blement le conseiller de son père, Louis VI le Gros.
Jacques de Molay arriva en France à la fin du mois d’août 1306, Ce frère était chargé des missions les plus délica-
et se rendit d’abord à Paris afin de procéder à son installation tes et Garde du Trésor Royal. Ź Jean, changeur
au Temple. Après avoir été la résidence principale du Humilis
à Paris c. 1160 à 1165 Ź Geoffroy Foucher, tré-
preceptor in Francia (l’humble précepteur en France), la Coultoure
sorier à Jérusalem c. 1164 et à Saint-Jean d’Acre
du Temple devint celle du grand maître.
c. 1166 Bernard, changeur à Paris c. 1168-1171
Depuis plus d’un siècle, le trésor des rois de France demeurait
dans la nouvelle maison chevetaine, centre d’une vaste admi- Ź Gilbert Érail, trésorier et Précepteur en Terre
nistration financière et coffre fort des trésors royaux depuis de Jérusalem, c. 1183-1184 Ź Aymard, chan-
Philippe Auguste jusqu’à Philippe le Bel. Par exemple, les reve- geur à Paris c. 1193 - Pierre, changeur à Paris
nus de Philippe-Auguste furent confiés à la commission des c. 1193 Ź Aymard, trésorier à Paris, c. 1204 à
Comptes (aujourd’hui Cour des Comptes) composée de sept 1227 Ź Geoffroy de Tour, trésorier à Jérusa-
bourgeois de Paris choisis par le roi, et un clerc du monarque ; lem, c. 1207 Ź Simon de Fournes, trésorier à
cette institution se situait dans l’Enclos du Temple et contrôlait Londres, c. 1214-1231 Ź Hubert, trésorier à
la gestion des fonctionnaires royaux.
Paris, c. 1222-1273 (?) Ź Jean, trésorier à Mar-
Sa jumelle, le Temple de Londres, gardait en dépôt non seu-
lement les revenus de Jean sans Terre (1199-1216) et ceux de seille c. 1224 Ź Égid, trésorier à Paris c. 1240,
Henri III d’Angleterre (1216-1272), mais aussi les insignes et c. 1246 Ź Étienne de Hautecour, trésorier en
joyaux de la couronne d’Angleterre. Ceci dit elle fut victime Terre Sainte c. 1249 Ź Pierre le Trésorier, tré-
d’un cambriolage, mais cela n’empêcha pas la puissance tem- sorier à La Rochelle c. 1249 Ź Pierre Bocelli
plière de maintenir son rang élevé dans la hiérarchie féodale. trésorier à Paris c. 1256 Ź Bienvenu, trésorier à
La place financière des Templiers, entourée d’impressionnants
Paris c. 1257 Ź Pierre Bocelli, trésorier à Paris
remparts, fut une banque centrale établie sur un système ban-
caire pyramidal : une Banque de France avant l’heure. Tous les c. 1257-1264 Ź Bienvenu, trésorier en Terre
dépôts des autres commanderies, ou du roi et autres gens du Sainte c. 1262 Ź Humbert, trésorier à Paris c.
royaume, furent centralisés dans ce blockhaus : « Leurs forte- 1270-1272 Ź Guillaume d’Agenteuil, trésorier
resses se multiplièrent en Occident. Elles étaient solidement à Paris c. 1276 décédé en 1306 Ź Barravus,
construites et bien gardées (malgré l’évènement anglais !). Ils trésorier à Montsaunès (Haute-Garonne) c. 1278
surent inspirer confiance, devinrent les trésoriers de l’Église Ź Basal, trésorier Montsaunès c. 1279-1288 Ź
romaine, de plusieurs rois et princes et d’un grand nombre de
Jean de la Tour, trésorier à Paris c. 1281 Ź
particuliers. »
Humbert, trésorier à Paris c. 1287 - Nicolas la
L’utilisation des nouveaux instruments financiers constituèrent
le caractère essentiel des opérations bancaires des Templiers : Flamengrie Clerc du trésorier à Paris c. 1290 Ź
le développement du crédit et la circulation de la monnaie. Par Roger de Flore, trésorier à Saint-Jean d’Acre, c.
exemple, les lettres de l’an 1297 par lesquelles Philippe le Bel 1291 Ź Pierre de Castellon, trésorier à Nicosie
reconnût avoir pris cinq mille deux cent livres au Temple sur (Chypre) c. 1293 Ź Jean II de la Tour, trésorier
l’argent de la croisade, et s’engagea à en répondre aux Tem- à Paris c. 1297-1307 Ź Henri, trésorier à Reims
pliers ; l’amortissement général par Philippe le Bel et Jeanne de c. 1300 Ź Hugues de Péraud, trésorier à Paris
Navarre des biens des Templiers.
c. 1303-1306 Ź Guillaume d’Argenteuil, Clerc
L’Ordre fonctionna comme un instrument de crédit en utili-
sant la lettre de change. Cet outil financier bénéficiait du cachet du trésorier c. 1305 Ź Jean de Stoke, trésorier
du Temple le rendant transmissible entre créanciers par simple à Londres c. 1307 Ź Aubert, trésorier à Reims Ź
endossement. Le chargé de ces effets de commerce était le Pierre de Provins, trésorier à Paris.

20 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


Les templiers - des moines banquiers
LES COMPTES DES TEMPLIERS. LES TEMPLIERS, PAR
L’HABITUDE QUE LES CROISÉS AVAIENT PRISE DE LEUR seule opération, principe de base de la comptabilité resté le
CONFIER LES SOMMES DONT ILS AURAIENT BESOIN même jusqu’à nos jours. Certains érudits proposent son instau-
EN TERRE SAINTE, ÉTAIENT DEVENUS DE VÉRITABLES ration vers 1494 où l’on retrouve en Italie le premier ouvrage
BANQUIERS. ON VIRAIT LES FONDS SACRÉS OU de comptabilité écrit par le moine vénitien Luca Pacioli.
PROFANES D’UNE MAISON DU TEMPLE À L’AUTRE. Ceci dit, est-ce que les trésoriers du Temple abandonnèrent
LES COMPTES DES TEMPLIERS COMME ON le simple recensement des recettes et dépenses du « livre
PEUT LE CONSTATER « LA LECTURE DU de raison » pour rechercher des méthodes plus précises et
DOCUMENT DATANT D’ENVIRON 1295 nécessaires au développement de leur organisation financière
ÉTAIENT TENUS SCRUPULEUSEMENT ? Deux réponses sont proposées par Joseph Vlaemminck et
SUR UN REGISTRE : A. Dauphin.
M. Vlaemminck dit : « (La comptabilité des Templiers)... on a
affaire ici à une comptabilité bancaire de toute première impor-
tance pour l’histoire de la comptabilité avant la partie double...
Les Templiers en étaient arrivés à acquérir en matière d’opéra-
tions de banque une technique supérieure à celle des banquiers
italiens de la même époque... Non seulement le Temple tenait
les comptes courants de ses clients, mais il s’occupait d’une
façon détaillée de leurs finances. On trouve dans cette gestion
les germes d’une comptabilité à parties doubles... »
Quant à A. Dauphin-Meunier, il précise que : « ...Grâce aux
Templiers, l’art de la Banque se perfectionne encore par le
développement de la comptabilité en partie double, c’est-à-
dire d’une comptabilité indiquant à la fois l’origine des capi-
taux investis et leur emploi. Contrairement à l’affirmation de
Niebuhr basée sur une mauvaise interprétation d’un texte de
Cicéron, ni les Grecs, ni les Romains n’ont tenu leurs comp-
tes en ‘partie double’. Ce sont les Templiers qui les premiers
paraissent avoir usé de la comptabilité en partie double, car la
multiplicité des comptes et états annexes qu’ils tenaient leur
permettait de dresser une balance générale de l’actif et du
passif... »
Notons enfin que parmi les documents comptables de leur
époque, existe le livre de raison de Reneiro et Baldo Fini pour
les frais de foires de Champagne au XIIIe siècle ; il s’agissait
de comptes tenus en partie double dans lesquels des comptes
PRO CUSTODIA HEREDIS THOINE LE PORCIER impersonnels étaient ouverts pour toutes écritures d’un jour-
PRO CUSTODIA HEREDIS GUILLELMI DE ARGENTO nal.
PRO CUSTODIA HEREDIS JOHANNIS MARTELLI Partant du principe que la méthode à partie double existait
……………………………………….. déjà au XIIIe siècle, les moines comptables du Temple auraient
CUSTODIA CASTRI, VIRE probablement appliqué, voire instauré, cette remarquable dua-
PRO CUSTODIA HEREDIS GUILLELMI DE SANCTO CELERINO lité.
PRO MAGISTRO GUILLELMO BELLACENCE Alors, jusqu’où seraient allés les moines comptables de l’Or-
……………………………………….. dre du Temple s’ils n’avaient pas été cruellement et inexpli-
PRO JOHANNO LUCE C S. cablement massacrés avec leurs frères, ou dispersés à travers
PRO ROBERTI TOREL X L. le monde ceux à qui Philippe le Bel avait consenti de laisser
……………………………………….. la vie ? Probablement très loin car une puissance financière
BOSCUS BALLIVIE risquant de devenir un État dans l’État avait généré la crainte
PRO VENDA BOSCHI MESNELII XIII L. de Philippe le Bel, le principal créancier. Depuis 1305, des
XIIIS. accusations étaient secrètement lancées contre l’Ordre par les
PRO VENDA BOSCHI DE TORNEBU XII 1. soins du légiste Esquieu de Floyran, originaire de Béziers, et,
XIIE. probablement par Nogaret, descendant d’anciens cathares. Le
13 octobre 1307, Guillaume de Nogaret prit l’offensive par un
LA PRÉCISION ET L’EXACTITUDE DE CES MENTIONS MONTRENT
coup d’audace exécuté avec une rare maîtrise : dans la nuit,
À QUEL POINT LES MEMBRES DE L’ORDRE DU TEMPLE DEVAIENT
tous les Templiers résidant en France furent arrêtés, chargés
GÉRER LEUR FORTUNE : LA LEUR... ET CELLE DES AUTRES. AINSI, de chaînes et jetés en prison par petits groupes.
CHAQUE RECETTE PERÇUE POUR LA GARDE DES BIENS DE TEL
L’esprit se refuse à admettre qu’une telle institution, aussi soli-
PERSONNAGE ANTOINE LE PORCIER, GUILLAUME D’ARGENT OU dement et minutieusement établis, et très en avance sur son
JEAN MARTEL EST INSCRITE. IL EN VA DE MÊME POUR LES VENTES époque, ait été consumée sur le bûcher avec Jacques de Molay.
DE BOIS OU DE TERRES EFFECTUÉES AU PROFIT DES TEMPLIERS
Mais les hommes ? Mais les Frères ? On a coutume de se les
OU DE LEURS CLIENTS, QUI NE SONT SOUVENT QUE DE PETITES
représenter toujours après leur chute, écrasés, pantelants aux
GENS. (CABINET DES MANUSCRITS. BIBLIOTHÈQUE NATIONALE)

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 21


DOSSIER : 1291 - LE RETOUR DES TEMPLIERS

pieds de Philippe le Bel. Vision incomplète, vision inexacte,


au moment d’aborder le drame. Certains entrèrent chez les
Hospitaliers, et d’autres partirent dans le « civil ».
Si l’on évoque un jour les hypothèses que « sur le marché
bancaire international, les Grandes Compagnies commerciales
italiennes, florentines et autres prirent la suite des Templiers
disparus... Si l’on veut bien constater, à la suite des grands
auteurs comptables qui les ont bien étudiées d’après leurs
archives parfois considérables et étonnamment conservées,
qu’elles pratiquaient une technique comptable fort dévelop-
pée plusieurs utilisèrent promptement la partie double inté-
grale deux cent cinquante ans avant Luca Pacioli, on se trouve
encore devant une autre question ces Grandes Compagnies
commerciales et bancaires du Trecento ne firent-elles pas leur
éducation comptable à l’école des Templiers ? » La réponse est:
« Après tout, pourquoi pas ? »

Jean-Luc Alias

„„„ BIBLIOGRAPHIE „„„

„ Histoire de la Banque
par A. Dauphin-Meunier, 1950.
„ Philippe le Bel
par Duc de Levis Mirepoix, 1936.
„ Acta Templarorium ou la prospographie des Tem-
pliers
par J. L. Alias, 2e éd., Paris, 2002.
„ Histoire et doctrines de la comptabilité
par Joseph Vlaemminck, Paris, 1979.
„Des banquiers au Moyen-âge : Les Templiers, études
de leurs opérations financières
par Jules Piquet, 1939. LES TEMPLIERS ET LES LIVRES
„ Mémoire sur les opérations financières des Tem-
DE COMPTE
pliers
par Léopold Delisle, 1975.
„Histoire financière de la France : depuis l’origine de
la monarchie, jusqu’à la fin de 1786
par M. A. Bailly, 1930.
„ Le miroir du marchand - Art et science des comptes
à travers les âges
par Victor Bérard et Yanick Lemarchand, 1994.

„„„ SOURCE IMPRIMÉE „„„

„ Archives Nationales, Registres du Trésor des Chartes


- Tome I - sous le règne de Philippe le Bel, répertorié aux
dans les Inventaires et Documents
publiés sous la direction de monsieur Charles Braibant,
1958.
„ Cartulaire Général de l’Ordre du Temple de 1197
à 1150
par Marquis d’Albon, 1913.
„La production des livres de commerce dans l’ancien
droit français, Thèse, Unité de Droit , d’Economie et de
Sciences Sociales de Paris II., s.d., p. 37
Notes de C. Schmillerding
„ Étude su la construction du droit comptable. Une
approche historique synthétique de l’évolution du droit
et de la doctrine comptables des origines à nos jours,
décembre 1999.
par Robert Obert, , Professeur agrégé d’économie et de
gestion, docteur en sciences de gestion, diplômé d’expertise
comptable et de gestion comptable.
„Trésor des Templiers, trésor du roi. Mise au point sur
les opérations financières des templiers
dans Pouvoir et Gestion, Toulouse, Presses de l’Université des
Sciences sociales, 1997, p.73-86.
„ Des comptables au Moyen-âge : les Templiers
par André Teissier, Société de Comptabilité de France, p. 109-
136, mars 1968.

22 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


Les templiers - des moines banquiers
CHEZ LES ITALIENS, LETTRES DE CHANGE, CRÉDITS AUX
SOUVERAINS... D’ITALIE DU NORD, PUIS DE FLORENCE,
LES BANQUIERS TRAVAILLENT AUSSI POUR TOUTE L’EU-
ROPE.
Ź LES TECHNIQUES FINANCIÈRES DES ITALIENS. LES
ITALIENS ONT AUSSI CRÉÉ LA PLUPART DES TECHNIQUES
FINANCIÈRES DU MOYEN-ÂGE. ON TROUVE DANS
TOUTE L’EUROPE CES « LOMBARDS », VENUS DES
GRANDES VILLES D’ITALIE DU NORD. MAIS ILS ONT ÉTÉ
SUPPLANTÉS PAR LES TOSCANS, AUXQUELS LA PAPAUTÉ
A FAIT APPEL POUR GÉRER LES FONDS CONSIDÉRABLES
QU’ELLE RECUEILLE DE TOUS LES PAYS EUROPÉENS. LES
GRANDES BANQUES FLORENTINES (BARDI, PERUZZI ET,
PLUS TARD, MÉDICIS) JOUENT UN RÔLE ESSENTIEL. ELLES
INSTAURENT LA LETTRE DE CHANGE ET LA COMPTABILITÉ
EN PARTIE DOUBLE, ET PROCURENT AUX SOUVERAINS LES
CRÉDITS DONT ILS ONT BESOIN POUR LA GUERRE ET LES
CROISADES, CE QUI LEUR DONNE UNE TRÈS GRANDE
INFLUENCE POLITIQUE.

CHEZ LES TEMPLIERS, LA LETTRES DE CHANGE.


Ź L’UNE DES INNOVATIONS DE L’ORDRE DU TEMPLE
CONCERNAIT LA LETTRE DITE « DE CHANGE », OU BILLET
« À ORDRE », SORTE D’ASSURANCE PRODUITE AU DÉPART
D’UNE MISSION. LORSQU’UN PÈLERIN PARTAIT EN TERRE
SAINTE OU AILLEURS, IL REMETTAIT CES DENIERS DANS
UNE DES COMMANDERIES DU TEMPLE CONTRE UNE LET-
TRE DE CHANGE REMISE PAR LE CAMBARIUS. LES DENIERS
COMPTÉS EN OR ÉTAIENT VERSÉS EN MONNAIE DU LIEU
DU PRÊT. AINSI, L’ORDRE POUVAIT JOUER SUR LE DIFFÉ-
RENTIEL ENTRE LES MONNAIES D’USAGES. CE PRINCIPE DE
LES BANQUIERS ITALIENS
DÉMATÉRIALISATION PAR EFFETS NÉGOCIABLES ÉVITAIT LE
TRANSPORT DES SOMMES EN NUMÉRAIRE PAR LES CHRÉ-
TIENS SE RENDANT VERS DES SANCTUAIRES, ET AUTRES
LIEUX SACRÉS, SUR DES ROUTES INCERTAINES. LES OPÉRA-
TIONS DE LETTRES DE CHANGE N’ENGENDRAIENT AUCUN
INTÉRÊT (OU AGIOS), COMME LE STIPULAIT LA RÈGLE DES
TEMPLIERS. EN REVANCHE, CES LETTRES FAISAIENT L’OB-
JET DE SPÉCULATIONS MONÉTAIRES PUISQU’ELLES ÉTAIENT
REMBOURSÉES À LA VALEUR DE LA MONNAIE DU LIEU.

UNE OBSCURE AFFAIRE


Ź IL SEMBLE QU’IL FAILLE LIER LA DISPARITION DES TEM-
PLIERS À LA POLITIQUE ANTIPONTIFICALE DE PHILIPPE LE
BEL. LES ACCUSATIONS PORTÉES CONTRE L’ORDRE NE
TIENNENT PAS. MAIS IL ÉTAIT IMPOPULAIRE, À CAUSE
DE SA RICHESSE ; ON LUI REPROCHAIT L’ÉCHEC DE LA
CROISADE, CE QUI EST BIEN EXAGÉRÉ. LES HOSPITALIERS,
GRÂCE À LEURS ACTIVITÉS CHARITABLES, ÉCHAPPAIENT EN
PARTIE À CES REPROCHES. AUSSI ÉTAIT-IL TENTANT DE
PROFITER DE CETTE IMPOPULARITÉ POUR CHARGER LE
TEMPLE ET SE PRÉSENTER EN DÉFENSEUR INTRAITABLE DE
LA FOI FACE À UN PAPE HÉSITANT. UNE AUTRE RAISON
PEUT EXPLIQUER LE DRAME : L’ORGUEIL DU TEMPLE ÉTAIT
CONNU ; SON INDÉPENDANCE À L’ÉGARD DE LA ROYAU-
TÉ DE JÉRUSALEM AUSSI. QUI SAIT SI, CONCENTRÉ EN
FRANCE, IL N’AGIRAIT PAS UN JOUR DE LA MÊME FAÇON
AVEC LE PUISSANT ROI DE FRANCE ? HYPOTHÈSES, CER-
TES. MAIS LA SOLUTION DE L’ÉNIGME EST SANS DOUTE
DAVANTAGE LÀ QUE DANS LA CUPIDITÉ DE PHILIPPE LE
PHILIPPE LE BEL FAIT BRÛLER LES TEMPLIERS BEL : FINANCIÈREMENT L’AFFAIRE N’A GUÈRE RAPPORTÉ
AU ROI.

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 23


CORDES-
UNE CITÉ ENTRE

C e bourg de tisserands, haut lieu cathare,


Languedoc. Il en reste plusieurs maisons
24 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION
La « Cité aux cent ogives », chère à Albert Camus,
a été fondée en 1222 par le Comte de Toulouse
Raymond VII pour faire face à Simon de Montfort,
chef des croisés du Nord. Perché avec majesté
sur sa colline, Cordes-sur-Ciel fut un haut lieu
du catharisme. Son architecture, très proche du
Moyen-âge italien, est illustrée par une kyrielle de
maisons gothiques et un lacis de belles venelles
pavées.

-SUR-CIEL
L’ORIENT ET L’OCCIDENT

C’est là ce qui fait l’enchantement de Cordes ;


tout y est beau, même le regret (Albert Camus )

fut un lieu de villégiature pour nombre de seigneurs du


gothiques dans un centre artisanal et touristique important.
DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 25
„„„ lieu : CORDES SUR CIEL

CORDES, DONT LE NOM DÉRIVE DE CELUI DE CORDOUE, EST UNE ANCIENNE BASTIDE FONDÉE EN
1222 SUR UNE COLLINE CONIQUE DOMINANT LE CÉROU. PLACE FORTE PENDANT LES GUERRES
RELIGIEUSES DU XIIIE ET DU XVIE SIÈCLE, C’EST L’UNE DES VILLES DE FRANCE QUI A LE MIEUX
CONSERVÉ SA PHYSIONOMIE DU MOYEN-ÂGE. ON Y REMARQUE NOTAMMENT DE CETTE ÉPOQUE
LES MAISONS DU GRAND-VENEUR, DU GRAND-ÉCUYER ET DU GRAND-FAUCONNIER, AINSI QUE LA
HALLE, AU MILIEU DE LAQUELLE EXISTE UN PUITS DE 100 MÈTRES DE PROFONDEUR.

LA CITÉ AUX CENT OGIVES « C’EST AUSSI UN VAIS-


SEAU AYANT TRAVERSÉ LES SIÈCLES ET LES TEMPÊTES.
CETTE IMAGE DU « NAVIRE » EST PARTICULIÈREMENT
FRAPPANTE LORSQUE L’ON REGARDE UNE PHOTO-
GRAPHIE DE CORDES PRISE D’AVION. L’ILLUSION EST
PRESQUE PARFAITE. ELLE EST DUE NOTAMMENT AU
FAIT QUE LE PUECH DE MORDAGNE, SUR LEQUEL LA
LA RICHESSE DE LA CITÉ AU XIIIE SIÈCLE

Q
BASTIDE A ÉTÉ ÉDIFIÉE, EST PLUS LONG QUE LARGE.
À NOTER ÉGALEMENT L’ORIENTATION EST-OUEST u’est devenue Cordes à cette époque où Bernard
DU PETIT MONT QUI NOUS AMÈNE À PENSER QUE LE de Castenet est évêque d’Albi ? Un foyer d’arti-
VAISSEAU DE CORDES VIENT DE L’ORIENT, DE MÊME sanat et une ville marchande. Depuis le premier
QUE LES IDÉES DUALISTES DU CATHARISME. CAR atelier de tissage de d’Elbes signalé en 1224 jus-
qu’à la nouvelle boutique qu’Izarn de Brens vient d’ouvrir
CORDES A BEL ET BIEN ÉTÉ UNE CITÉ CATHARE…
en 1297 et fait visiter à ses amis cathares, Cordes a atteint
ENFIN, À CELUI DONT L’ŒIL EST EXERCÉ, CORDES 5000 habitants. C’est une place importante, et une place
OFFRIRA ÉGALEMENT LA VISION D’UN ANIMAL FABU- marchande avec tout ce que cela comporte d’allées et
LEUX, DÉCRIT PAR LA LÉGENDE COMME UN REDOU- venues, de transactions, d’échanges, de marchés.
TABLE GARDIEN DE TRÉSOR. JE VEUX, BIEN ENTENDU, Les nobles dépossédés ou non de leurs terres, n’hésitent
PARLER DU DRAGON. CEUX QUI NE PEUVENT OU NE pas à faire du commerce, à devenir marchands. Par exem-
SAVENT PLUS RÊVER, NE PARVIENDRONT SANS DOUTE
ple, la famille de Najac, nobles cordais qui font fortune
dans le commerce de drap.
PAS À DISTINGUER SA SILHOUETTE MASSIVE FORMÉE L’économie cordaise, c’est la toile tissée et le cuir tanné au
PAR LE PUECH, NI MÊME SON ÉCHINE PARFAITEMENT bord du Cérou, dans les tanneries qui s’étalent depuis les
DESSINÉE PAR LES CONSTRUCTIONS EN DENTS DE Auripens jusqu’aux Cabannes.
SCIE. POURTANT, LA BÊTE EST BIEN LÀ, DEPUIS DES Mais c’est aussi les transactions marchandes. Les mar-
TEMPS IMMÉMORIAUX, QUI VEILLE JALOUSEMENT SUR chands sont du reste réunis en confrérie : la Confrérie de
SON TRÉSOR. JE PRÉVIENS DE SUITE LES PERSONNES
Saint-Martial. Nos marchands sont en même temps chan-
geurs, bien entendu. Des sociétés commerciales existent et
AVIDES QU’IL EST INUTILE DE PRENDRE LA PIOCHE
sont nombreuses.
ET LA PELLE, CAR LE TRÉSOR DE CORDES EST TOUT Il est indéniable que Cordes est une ville marchande, une
SPIRITUEL. IL N’EN A, BIEN ENTENDU, QUE PLUS DE ville où l’argent circule, voire l’or, où des fortunes se font.
VALEUR...
POUR L’INSTANT, J’INVITE LE LECTEUR À C’est à partir de la fin de ce XIIIe siècle que les belles
REMONTER LE TEMPS JUSQU’EN 1222, DATE DE LA demeures gothiques se construisent : maisons connues
FONDATION DE CORDES.»
aujourd’hui sous les noms de Carrié-Boyer, Fonpeyrouse,
Gaugiran, le presbytère face à Gaugiran, Ladevèze dans la
Jean-Gabriel Jonin Grand rue ; maison Cavalier dans la rue Saint-Michel ; tou-
Cordes-sur-Ciel ou l’échine du Dragon, tes de cette fin de siècle. Les autres vont suivre au début du
XIVe. Comme l’a écrit Jean Duvernoy, Cordes devient « la
éditions de Mordagne, 1991. plus belle, sinon la plus riche des bastides méridionales ».

26 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


UNE CITÉ ENTRE L’ORIENT ET L’OCCIDENT
TROIS MAISONS REMARQUABLES QUE
LA PRÉSENCE DE TEMPLIERS AUX PORTES DE LA VILLE
LA TRADITION DÉSIGNE PAR LES NOMS
Dès 1140, les Templiers sont présents à Vaour, à 15 kilo- DES PRINCIPAUX OFFICIERS DE LA COUR
mètres de Cordes, en pleine forêt de Grésigne. Au tout DES COMTES, DU GRAND ÉCUYER, DU
début du XIIIe siècle, la Commanderie de Vaour devint un
établissement puissant et prospère. Les Templiers sont alors GRAND VENEUR, DU GRAND FAUCON-
en possession d’une telle fortune qu’elle leur permet de NIER.
construire deux forteresses, celle de Vaour et celle de Mon-
tricoux. La Commanderie de Vaour étend ses possessions
jusqu’aux pieds de Cordes, à La Barthe.
Les Templiers sont certainement apparentés aux nobles
de la région. Parmi les grands seigneurs nous trouvons
Guillaume de la Roque dont la famille est présente à
Cordes. Un nommé Bernard de la Roque y fut agent de
Raimond VII.
Les Templiers de Vaour adhéreront, en 1303, au procès
intenté par le roi contre le pape Boniface VIII. C’est sur le
manuscrit de leur adhésion qu’est appendu leur sceau.

LA LÉGENDE DU TEMPLIER ENTERRÉ DEBOUT DANS L’ÉGLISE DE CORDES


« JE SUIS BERNARD MOLINIER DE BRENS. JE TE RECONNAIS FRÈRE CHE-
VALIER ÉGARÉ DANS TON SIÈCLE. MÉFIE-TOI DES PRINCES ET DES ROIS ET
DE LEURS FLATTERIES AU SUJET DE L’AVANCEMENT DU GRAND ŒUVRE.
•MAISON DU GRAND VENEUR
SI TU N’ARRIVES PAS À BONNE FIN, TU RESSENTIRAS LES EFFETS DE LEURS
COLÈRES. SI TU RÉUSSIS, ILS TE GARDERONT DANS UNE CAPTIVITÉ PERPÉ-
TUELLE, DANS L’INTENTION DE TE FAIRE TRAVAILLER À LEUR PROFIT. C’EST
POUR NOS RICHESSES QUE LE ROI PHILIPPE LE BEL, LE MAL NOMMÉ, A
ÉLIMINÉ L’ORDRE DU TEMPLE, PAR LE FER ET PAR LE FEU. CETTE NUIT, OÙ
IL FIT ARRÊTER TOUS LES FRÈRES TEMPLIERS, JE N’ÉTAIS PAS DANS NOTRE
COMMANDERIE DE VAOUR. J’ÉTAIS SUR NOS DOMAINES DE LA BARTHE,
AU PIED DE CORDES. EN REPARTANT LE LENDEMAIN, J’AI VOULU ALLER
SALUER MON PÈRE DANS LA CITÉ. MAIS DANS LA VALLÉE, DES SOLDATS
ME GUETTAIENT. ILS SONT TOMBÉS SUR MOI COMME LE FAUCON SUR
SA PROIE. ON ME POUSSA VERS LES BOIS, ON ME PASSA LA CORDE AU
COU… J’EUS À PEINE LE TEMPS DE PRIER NOTRE DAME.
LE LENDEMAIN, MES PARENTS ET MES SŒURS ONT DÉPENDU MON
CADAVRE ET LES CORDAIS QUI CONNAISSAIENT BIEN LA LOYAUTÉ DE
NOS ACTES ET DE NOS PENSÉES, ET ONT VOULU ME DONNER UNE
SÉPULTURE CHRÉTIENNE. ILS M’ONT ENTERRÉ DEBOUT DANS LE MUR DE
L’ÉGLISE POUR TÉMOIGNER LEUR FOI EN LA DROITURE DES FRÈRES DU
TEMPLE. ILS SAVAIENT BIEN QU’EN NOUS ÉLIMINANT, LE ROI ÉLIMINAIT
LE NOBLE IDÉAL DE LA CHEVALERIE : VAINCRE LE MAL ET RÉPANDRE LE
BIEN.
DEBOUT, DROIT DANS MA FOI, JE DEMEURE LE GARDIEN DE CE RÊVE :
RÉUNIR DANS LE MÊME CORPS ET DANS LE MÊME ESPRIT, LE MOINE ET
LE SOLDAT ; L’ESPRIT RÉCONCILIÉ AVEC LA MATIÈRE… » EXTRAIT DU
SPECTACLE : « LA MÉMOIRE DES PIERRES »

DE L’ORIENT À L’OCCIDENT
Les portes principales de la cité s’ouvrent à l’Est et à l’Ouest,
parfaitement alignées. Les portes mineures du Nord et du
Sud le sont également. Ce qui fait que l’ensemble des axes
forme le dessin exact d’une croix.
La croix de Toulouse qui couronne le « castrum » du blason
de Cordes, a sa branche horizontale démesurément allon-
gée par rapport à la branche verticale… Elle semble ici
écarteler ses bras entre l’Orient et l’Occident. Pour tenter
de les réunir ?
Cela rejoint l’orientation du « vaisseau » de Cordes, venant
de l’Orient et allant vers l’Occident. Et aussi l’expression
d’Albert Camus, visitant la bastide : « …les amants réunis
vont enfin s’étreindre… », une tentative d’union de l’Orient
et de l’Occident. Une réconciliation…. •MAISON DU GRAND FAUCONNIER

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 27


„„„ lieux : CORDES SUR CIEL

LE VAISSEAU DE CORDES
« Lorsque les vents venus de l’Atlantique, poussent les
nuages vers l’Est, Cordes avance vers l’Occident. Comme
une pénétration de l’Orient… Vaisseau-cité, porteur de
vie, ancré aux frontières nord du pays, il pourra accueillir
tous ceux, toutes celles qui ont la foi. Réceptacle où la vie
circule, dressé haut pour qu’y descende et circule la vie
spirituelle, Cordes, encordé dans son golfe antique, reliant
la Terre au Ciel par son rayon de lumière le transperçant
de part en part, Cordes se tend vers l’avenir, prêt pour le
Grand voyage que promettent les Bonhommes. Vont s’em-
barquer des milliers de personnes venant de partout, de
toutes conditions, nobles et roturiers, chevaliers, commer-
çants, artisans…Portant incrustés dans sa coque de pierre,
les coquillages témoins des eaux originelles, témoins aussi
du vaisseau-symbole, Cordes est prêt à voguer de l’Orient
vers l’Occident. » Jean-Gabriel Jonin, Extraits de Cordes-
sur-Ciel ou l’échine du Dragon.

Karl Ouchet

O N CONSERVE SOIGNEUSEMENT DANS LES ARCHIVES DE LA VILLE


DE CORDES, LOU LIBRÉ FERRAT OÙ SONT ÉCRITES SES ANCIEN-
NES COUTUMES. ELLES FURENT CONCÉDÉES, AU NOM DU ROI
PHILIPPE-LE-HARDI, PAR EUSTACHE DE BEAUMARCHAIS, SÉNÉCHAL DE

Lou libré ferrat


TOULOUSE ET D’ALBIGEOIS. « TOUS LES ANS ET LE PREMIER DIMANCHE
APRÈS A LA SAINT-BARTHÉLEMY — DIT M. MAZARS D’ALAYRAC DANS
SA NOTICE SUR CORDES — LE GRAND-JUGE D’ALBIGEOIS, ASSISTÉ DU
PROCUREUR DU ROI ET DU GREFFIER CONSULAIRE, SE RENDAIT SUR LA
PLACE DE CORDES, REVÊTU DE SES INSIGNES, ET LÀ, ASSIS DANS UN
GRAND FAUTEUIL, IL FAISAIT AGENOUILLER DEVANT LUI LES NOUVEAUX
CONSULS, LEUR FAISAIT METTRE LA MAIN SUR LOU LIBRÉ FERRAT, ET
RECEVAIT LE SERMENT VOULU EN PAREIL CAS; PUIS, EN LEUR PLAÇANT
LE CHAPERON SUR L’ÉPAULE GAUCHE, IL LEUR ENJOIGNAIT DE FAIRE LE
DEVOIR DE LEUR CHARGE ET BONNE NOMINATION, À LA FIN D’ICELLE, DE
CEUX QUI LEUR DEVRAIENT SUCCÉDER. »
LA PLUPART DES COUTUMES DONNÉES AU CHÂTEAU DE CORDES S’AP-
PLIQUE AU DROIT PERÇU, AU NOM DU ROI, DANS LES FOIRES ET MAR-
CHÉS ; PENDANT LEUR DURÉE, LES MARCHANDS ÉTRANGERS AVAIENT LE
PRIVILÈGE DE POUVOIR VENDRE À CORDES « EN GROS, À CANNES OU
À AUNES, LES DRAPS DE NARBONNE, MONTOLIEU, TOULOUSE, RODEZ
ET AUTRES SEMBLABLES. » CE PRIVILÈGE CESSAIT AVEC LA DURÉE DE LA
FOIRE. LES DRAPS TEINTS, DE FRANCE, PAYAIENT AU ROI DEUX SOUS DE
CAHORS, PAR TROUSSEAU, POUR DROITS D’ENTRÉE, POUR L’ÉTALAGE ET
POUR L’AIDE. DE NOMBREUSES DISPOSITIONS RÈGLENT LES DROITS DE
VENTE DU POIVRE, DU GINGEMBRE, DE L’ALUN; D’AUTRES S’APPLIQUENT
AUX FERS, AUX NOIX, À L’HUILE ET AUX BESTIAUX.
LOU LIBRÉ FERRAT RENFERME AUSSI LES COUTUMES ET ORDONNANCES DE
L’ÉGLISE DE CORDES. ELLES SONT RELATIVES AUX HONORAIRES PERÇUS
PAR LE RECTEUR POUR LES MARIAGES LES BAPTÊMES OU LES FUNÉRAILLES.
LORSQU’UNE FEMME DE CORDES SE RENDAIT .À L’ÉGLISE, APRÈS SES
RELEVAILLES, LES COUTUMES VOULAIENT QU’ELLE DONNÂT UNE CHAN-
DELLE, UN DENIER TOURNOIS ET UNE FOGASSA, OU GÂTEAU COMPOSÉ
DE FLEUR DE FARINE, D’ŒUFS ET DE MIEL. « ES ADORDENAT ET A COS-
TUMA — DIT LE TEXTE ROMAN — QUEL RECTOR E SOS SUCCESSORS
ALA DE CADA DONA A LA PREMIEIRA MESSA QUE AUZIRAT QUANT SERA
LEVADA DEIASSILHAS, ENQUAL QUE SIA DE LAS GLIEIAS, PER PROFERTA,
UNA CANDELA ET UN DENIER TORNES DESUS, ET UNA FOGASSA. »
CE LIVRE EST RELIÉ EN BOIS ET RECOUVERT D’UN CUIR GAUFRÉ. PEUX
PLAQUES DE FER SONT INCRUSTÉES, CLOUÉES ET VISSÉES AUX CÔTÉS ET
RETIENNENT UNE CHAÎNE DE FER QUI SERVAIT À SCELLER LE LIVRE AUX
MURS DE LA MAISON DE VILLE. IL EST ÉCRIT LANGUE ROMANE, PORTE
LA DATE DE 1273, RENFERME DES ÉVANGILES, UN CALENDRIER ET LES
COUTUMES ET ORDONNANCES DU CHÂTEAU DE CORDES.
PAUL ROGER, ARCH. HIST. DE L’ALBIGEOIS ET DU PAYS CASTRAIS, 1841

28 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


UNE CITÉ ENTRE L’ORIENT ET L’OCCIDENT
Après 1229, la partie de l’Albigeois au Nord du de 1321, où sont énumérés avec minutie tous
Tarn devint une sénéchaussée qu’on rattacha les prétendus méfaits de la population cordaise
ensuite à celle de Toulouse, puis à celle de qui, pour la rémission de ses torts, fut condam-
Rouergue et finalement (1262) à celle de née à bâtir dans l’espace de deux années une
Toulouse. chapelle expiatoire dédiée à saint Louis. On
Si rien ne prouve que Raymond VII ait habité pourrait tout au plus admettre que le massacre
Cordes, tout au moins y séjourna-t-il plus ou imaginé par Réchac est l’écho amplifié d’une
moins longtemps, à plusieurs reprises, ainsi émeute où des menaces de mort ont pu être
qu’il résulte d’actes de son autorité, datés de proférées sans être suivies de voies de fait.
ce lieu. Quand il fut mort (1249), ses domai-
nes passèrent à sa fille Jeanne qui, suivant LE MOYEN-ÂGE
une clause du traité de Paris, avait épousé
Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX. Du Quand le catharisme eut été dompté par

C ’est en 1222 que Cordes fut fondée par


le comte de Toulouse Raymond VII qui
succédait à peine à son père. À cette époque,
décès de Jeanne et de son mari (1271) à la
réunion du Languedoc à la couronne (1361),
le roi fut comte de Toulouse. Cordes n’a donc
l’Église, l’apaisement général qui en résulta
et qu’affermit la sage administration d’Al-
phonse de Poitiers eut pour effet de pousser
le pays, fortement éprouvé par la guerre des eu d’autres seigneurs que Raymond VII, sa fille au plus haut point la prospérité de la ville.
Albigeois, était dans la désolation : les croisés et les rois de France. Alors (fin du XIIIe siècle) fut construite l’église
avaient pillé à plusieurs reprises ses campa- de Saint-Michel, à laquelle le titre paroissial
gnes, brûlé et saccagé maintes localités des L’INQUISITION qu’avait d’abord possédé l’église Notre-Dame
alentours, Saint-Marcel notamment. Les popu- passa définitivement. Alors (fin du XIIIe
lations appauvries restaient sans moyens de On sait que la localité a été un des foyers de siècle et premier tiers du XIVe) de nombreux
défense, à la merci d’un ennemi quelconque. l’albigéisme, ce qui n’est nullement surpre- bourgeois, enrichis par le commerce, bâtirent
Aussi importait-il au jeune comte de leur pro- nant vu les événements qui avaient précédé sa ces belles maisons aux façades de grès, dont
curer au plus tôt, dans cette région de Saint- naissance. Dans une contrée dévastée par les l’ordonnance et la décoration sculpturale exci-
Marcel, un abri sûr et, pour lui et les siens, hordes de Simon de Montfort, l’amour du sol tent à juste titre notre admiration. Selon toute
d’y créer en même temps un centre possible natal devait s’allier à une certaine sympathie vraisemblance, la population atteignit à cette
de résistance. Dans ce but, il octroya, la dite pour des compatriotes victimes de leur attache- époque le chiffre de 5.000 à 5.500 âmes. Ce
année, une charte de privilèges aux personnes ment à la religion cathare. Dès que de solides fut là l’âge d’or de la localité dont le bien-être,
qui viendraient habiter la bastide en construc- murailles eurent couronné le sommet de la on peut dire l’opulence, avait été le fruit d’une
tion sur le puech appelé de Mordagne. colline cordaise, maint hérétique vint sans activité industrielle et commerciale favorisée
Il est à remarquer que le nom de Cordes doute chercher abri dans ce castrum. par la paix et peut-être aussi par l’éloignement
(Cordoa, Cordua, Corduæe, parfois Corduba) D’interrogatoires subis par des « faidits » au ou l’affaiblissement momentané de centres de
offre une singulière consonance avec celui de cours du XIIIe siècle, il ressort que dès ou vers concurrence.
la ville espagnole de Cordoue. Le fait n’est pas 1226, des cathares y établirent un atelier de Si la région albigeoise n’a été à aucun moment
unique : Pampelonne, Cadix, Valence, qui se tissage, sorte d’école hétérodoxe ou, dans tous le théâtre de la guerre de Cent ans, elle n’a pas
trouvent dans la partie septentrionale du Tarn, les cas, lieu de rendez-vous d’apôtres de la échappé aux conséquences de toute nature de
sont dans le même cas. Et il faut noter que croyance à une double divinité bonne et mau- cette longue période de défaites et de désarroi.
les Cordais furent autorisés, en 1273, à tenir vaise. Il a été souvent raconté et l’on répète Des incursions de bandes de pillards ont gêné
une foire le jour de la fête annuelle de saint encore qu’en 1233, trois inquisiteurs furent les transactions ; les « compositions » à payer
Barthélemy, patron des tanneurs. Au milieu précipités dans le puits de 100 mètres de pro- aux routiers, les nombreux et lourds subsides à
du siècle suivant, le roi Jean leur permit de fondeur creusé sous la halle actuelle. Suivant verser au roi ou à ses lieutenants, de terribles
construire (ou plutôt reconstruire) une halle la légende, l’insurrection marquée par ce triple épidémies de peste, celle notamment de 1348
pour leur commerce des étoffes et des cuirs. meurtre aurait été provoquée par l’exécution qui ravagea une partie de l’Europe, ont contri-
Ces rapprochements sembleraient autoriser d’une personne des environs de Laguépie, de bué à affaiblir le chiffre et les ressources de la
l’hypothèse d’une étroite relation entre le nom Sommard, suspecte ou convaincue d’hérésie. population cordaise.
de la bastide et l’industrie de la tannerie. Peut- Il est regrettable si l’on tient aux légendes Charles Portal , L’Histoire de Cordes, 1913
être avant 1222, des ateliers pour le traitement que celle-ci ne repose sur aucune donnée
des peaux étaient-ils déjà établis, comme de sérieuse. Elle n’est pas antérieure au milieu
nos jours, sur les bords du Cérou, au bas du du XVIIe siècle et la paternité en revient à un
puech de Mordagne. dominicain, Giffre de Réchac, qui, travaillant
Quoi qu’il en soit de cette conjecture, la à une histoire de son ordre, à Bordeaux, a dû
nouvelle bastide prospéra rapidement. Sept confondre lieux et dates. Car un événement
ans après sa fondation, il était stipulé dans aussi grave eût laissé quelque trace dans les
le traité de Paris qu’elle serait remise au roi documents du temps, notamment dans la chro-
avec quelques autres places réputées les plus nique des années 1229 à 1237 due à Guilhem
fortes de la région, comme Penne ; le comte Pélisson qui exerça l’office d’Inquisiteur à Albi.
devait rester prisonnier au Louvre jusqu’à leur Il n’en est pas davantage question dans le
livraison. Vers la même époque, Cordes était procès-verbal de la réconciliation de la ville
déjà le chef-lieu d’un archiprêtré. avec l’Église et l’évêque B. de Castanet, acte

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 29


„„„ chevalerie Mystique

lES“ mySTèRES

de vaour

LIEU SACRÉ VOUÉ AU CULTE DE L EAU
SANS RAISONS APPARENTES, LES TEMPLIERS VIRENT UNE BUTTE DE GRÈS STÉRILE DOMINANT LARGEMENT
LA CAMPAGNE ENVIRONNANTE, EN PAYS DES AFFRAUX, LOIN DE TOUTE VOIE DE PASSAGE. C’EST
QU’ILS AVAIENT DÉCOUVERT QUE CE SITE DOMINANT AVAIT ÉTÉ, PLUSIEURS MILLÉNAIRES AVANT, UNE
BUTTE SACRÉE, SIÈGE DE CE QUI SEMBLE ÊTRE UN CULTE DE L’EAU AINSI QU’EN TÉMOIGNE LA DALLE À
RIGOLES, DÉGAGÉE AU NORD DE LA COMMANDERIE EN 1970-1971, ET PEUT ÊTRE D’UN VILLAGE (QUI
RESTE A DÉCOUVRIR). LÀ, MILLE OU DEUX MILLE ANS AVANT J.-C., MAIS AUCUN OBJET N’A PERMIS UNE
DATATION PRÉCISE, DES HOMMES AURAIENT CRU AUX VERTUS MÉDICINALES DES EAUX DE CE LIEU ET Y
AURAIENT PRATIQUÉ LEURS RITES. LES TEMPLIERS CROYAIENT AUX SITES PRIVILÉGIÉS. C’EST POURQUOI
ILS DÉCIDENT QUE LÀ, SERAIT ÉLEVÉE LEUR COMMANDERIE.

R ien d’étonnant à ce que le château se dégradant, il


ait servi de carrière aux gens du pays, la pratique est
banale… On retrouve, dans les murs de soutène-
ment et dans le mur de clôture de l’hôtel du Parc, au centre
du Village, des pierres, venant de là-haut. Les créneaux, imi-
du hasard : la commanderie a été construite, exactement, sur
l’emplacement d’un antique « lieu sacré », vraisemblablement
préceltique, voué au culte de l’eau ; dont on peut facilement
vérifier l’existence et les caractéristiques (ce que, intrigué et
réticent au départ, nous avons fait, dissipant rapidement notre
tatifs et inutiles, n’ont aucun intérêt. Si question il y a, il faut scepticisme). Bien que peu connu, ce vestige très « expressif »
— le fait n’est connu que de très peu de gens — la chercher est peut-être le plus grand et le plus significatif du genre, qui
dans les caves de l’établissement, dont certaines présentent soit en France : il y a des millénaires, ce lieu a été un « haut lieu
la même architecture (courbure de la voûte, appareil et clé) », ce que certains appellent un « nœud de forces ». Nous ne
que celle des pièces du rez-de-chaussée, au château. On peut dépasserons point ce terme que récusent la raison raisonnante
penser à un réinvestissement d’éléments récupérés dans la et la science officielle...
ruine — à une imitation ou, qui sait, à la présence en ce lieu, Immédiatement sous le château, dans le bosquet situé à l’est,
d’un bâtiment de même époque et de même architecture que on trouve une dalle de grès, monolithique, impeccablement
la commanderie, peut-être une dépendance... L’hypothèse taillée à angle droit (forcément de main d’homme), pour
est fragile... dégager un plan horizontal de plus de dix mètres de long sur
Mais un autre élément vient la conforter : dans le puits de cinq de large, soigneusement aplani, et un plan vertical corres-
la cour de l’hôtel, à deux mètres de profondeur, on trouve pondant de trois mètres de haut environ. Au sol, des rigoles
l’ouverture d’un — inévitable, ricaneront d’aucuns — sou- rectilignes, parallèles, uniformément espacées d’une quaran-
terrain sec, bouché à une dizaine de mètres de son entrée taine de centimètres, quadrillent l’espace avec une régularité
par un éboulement qui a empêché une exploration plus qui défie tout hasard d’érosion ou autre phénomène naturel,
poussée. Ce souterrain, ou cette amorce, se dirige en droite ainsi que toute lecture « rationnelle ». Aux rainures de ce « dal-
ligne vers le château, où, d’ailleurs, on n’a trouvé aucune lage», correspondent des trous dans la paroi verticale, trous par
issue... Il convient de dire que nous sommes ici à la limite lesquels, plus que probablement, s’écoulait l’eau d’une source,
exacte du grès et du calcaire et qu’il peut exister, dans le sol, aujourd’hui tarie (le puits du château confirme la présence à
des commissures, des failles pouvant faciliter le creusement ce niveau d’une nappe aquifère). À deux mètres de haut, de
d’un passage. Il peut s’agir d’un projet avorté, peut- être de
travaux concernant une cache au moment des guerres de
religion par exemple. Aucun texte, aucun document, aucune
tradition orale, aucune légende... Et cependant... ce pays
est riche d’un passé immémorial mal connu, avec ses dol-
mens, ses pierres discoïdales aux graphismes bizarres, ses «
maisons de lumière » avec leurs signes curieux (à Bès, à La
Janoye), jusqu’aux alignements à longue distance qu’à établis
M. Dumayrou, dans sa Géographie sidérale, jusqu’aux cupules
énigmatiques en certains endroits du château… bref, une
accumulation de petits détails plus ou moins insolites qui,
par leur densité en ce lieu, piquent la curiosité, mais dont
on peut bien sûr se débarrasser par un sourire indulgent ou
ironique.
L’hypothèse de M. Fabre est séduisante, elle a retenu l’atten-
tion de nombreux visiteurs et chercheurs : le choix du site
de Vaour n’est pas strictement dû au hasard des générosités DANS LE BOSQUET SITUÉ À L’EST SOUS LE CHÂTEAU,
locales. Le fait est tangible et indiscutable (il faudrait une ON TROUVE CETTE DALLE DE GRÈS, MONOLITHIQUE,
coïncidence topologique étonnante), pour qu’il soit le fait
IMPECCABLEMENT TAILLÉE À ANGLE DROIT

30 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


petites alvéoles dans le rocher suggèrent la présence possible NOTRE DAME DE SOUS TERRE, « LA LUMIÈRE S’EST CACHÉE DANS
d’une toiture...
Les sociétés savantes, dûment saisies et intéressées, les pouvoirs L’INACCESSIBLE OBSCURITÉ » (SCOTT ERIGÈNE), EST LA SEULE
publics... n’ont pu hélas rassembler les moyens qui, comme
pour les vestiges de la commanderie elle-même, auraient pu AUTHENTIQUE VIERGE NOIRE DE LA CATHÉDRALE DE CHARTERS,
soutenir des travaux de recherches passionnantes. Rien n’a été C’EST LA VIRGO PARITURÆ, LA VIERGE QUI DOIT ENFANTER. C’EST
fait. Le patient travail de fourmi de M. Fabre qui, pendant des
années, avait fouillé, creusé, dégagé les ruines, envisageant tous LA FILLE D’ANNE, LA FILLE D’ANA LA CELTE (FILLE DE LA TERRE),
les possibles, étudiant toutes les hypothèses, s’est finalement
heurté à la déception, produit de l’impuissance et de l’indiffé- LA GRAND-MÈRE DE TOUTE VIE, CELLE QUE LES DRUIDES APPELAIENT
rence. Malgré les remerciements de ceux qui, passant à Vaour, DANAAN, ARCHÉTYPE DE LA FÉMINITÉ FÉCONDE ET SAGE. C’EST
ont puisé au trésor de ses connaissances, M. Fabre s’est lassé
et a quitté Vaour... Mais il est parti en emportant le trésor qu’il ELLE QUI DOIT DONNER LA VIE NE FAISANT MOURIR LA GRAINE EN
a trouvé lors de ses derniers travaux sur le site : usée, mangée
de rouille, une très vieille clé.., peut-être celle de la comman- SON SEIN AFIN QU’ELLE REPOUSSE. C’EST PROBABLEMENT POUR
derie... découverte sous une couche d’humus dans un coin du
CELA QUE LES ANCIENS, ESSENTIELLEMENT AGRICULTEURS EN
dallage.., peut-être perdue un jour par le commandeur... peut-
être déposée là en gage, en offrande, en message, au dernier CETTE RÉGION, LUI PRATIQUAIENT SON CULTE. IL EST DIT QU’ILS
moment, un matin d’octobre, en 1307...
Au culte de l’eau, des fontaines et des puits, les Celtes, entre L’AVAIENT ENFERMÉE EN UNE GROTTE PROFONDE DESSOUS TERRE.
autres peuples antiques, associaient souvent le culte de la
Déesse-Mère. Chartres (et sa vierge noire : Notre-Dame-de- C’EST TROIS VIERGES SONT DES RAPPELS MULTIPLES DE LA SOURCE
Dessous-Terre, adorée dans sa crypte auprès du puits sacré, DE LA VIE AU SENS LARGE. LA VRAIE VIE, CELLE VENUE D’UNE
par les premiers chrétiens à l’aube du Moyen-âge) en est la plus
illustre évocation, maillon d’une chaîne immémoriale. L’église INCONNUE DU MONDE MAIS QUI PORTAIT L’ESPOIR D’UN MONDE
de Vaour était, à l’origine, la chapelle du château ; elle était
vouée à Notre-Dame. On peut rêver, imaginer que le sol de NOUVEAU. « LA VIERGE ». RAPPEL DE CETTE GRAINE QUI POUSSA
la commanderie recèle, en quelque cache inconnue, un trésor
spirituel sans prix, sous forme d’une très antique statuette... DANS LE NOIR DE LA TERRE POUR FAIRE JAILLIR LA VIE D’UNE

Ajoutons que ce culte de l’eau trouve un écho à la Madeleine NOUVELLE SAISON. L ‘UTILISATION RÉPÉTÉE DU MOT «SOURCE »
des Abus, dans une grotte ornée de sculptures... magdaléennes:
cheval, bison, deux « vénus » couchées, que l’abbé Breuil a N’EST PAS FORTUITE PUISQUE LES SOURCES SOURDENT ÉGALEMENT
identifiées comme témoignages d’un culte de la fécondité. À
notre époque, la fonction de certains « hauts lieux », plus ou DE SOUS TERRE. LE RETOUR AUX SOURCES EST UN VOYAGE QUI
moins désertés, nous semble être de donner à rêver... NOUS TENTE TOUS. TROIS VIERGES, TROIS MÉDIATRICES ENTRE
Des travaux récents de restauration ont redonné au site de la
Commanderie, une élégance et une force remarquables. NOUS ET DIEU
Simon Jean © TEXTE GÉRALD BÉHURET (TEXTE) ET BERNARD GASTÉ (PHOTO VIERGE NOIRE)

LA COMMANDERIE DE VAOUR ASSURAIT UN CONTRÔLE DES CHEMINS JUSQU’À LIVRON ET MONTRICOUX QUI OUVRAIT VERS MOISSAC (TROIS LIEUX TEMPLIERS). UN TRÉSOR EN
FONDS BANCAIRES SERAIT TOUJOURS CACHÉ DANS LES CAVES DE L’ANTIQUE RUE DU TEMPLE À MOISSAC. UN TRÉSOR GNOSTIQUE SE TROUVERAIT CACHÉ À MONTRICOUX, PRÈS
DES GORGES DE L’AVEYRON — TRÉSOR SELON ESQUIEU DE FLORIAN, DE TOUTE PROVENANCE, ET EN PARTICULIER DE MONTPESAT DE QUERCY — DONT UN TEMPLIER EN A
DÉCRIT UNE PARTIE À L’INQUISITION, NOTAMMENT EN CE QUI CONCERNE L’ORIGINE DE L’UN DES BAPHOMETS DU TEMPLE. IL FAUT SAVOIR QUE BAPHOMET EN OCCITAN SIGNIFIE
« MAHOMET ». MAIS ICI, IL NE S’AGIT PAS DU PROPHÈTE DE L’ISLAM, MAIS D’UNE BAPHOMERIE, UNE CHAPELLE TEMPLIÈRE DANS LAQUELLE LES TURCOPOLES DE RELIGION
MUSULMANE POUVAIENT PRIER LEUR DIEU. LE SENS EN ÉTAIT CONNU PAR LE TROUBADOUR OLIVIER LE TEMPLIER, QUI AVAIT SÉJOURNÉ AU CHÂTEAU DE MONTPESAT EN 1248,
À MONTSAUNES DANS LA HAUTE GARONNE ET À VAOUR.
LE BAPHOMET A PLUSIEURS SENS : « BAHUMID EL KHAROUF » QUI SE TRADUIT PAR « CELUI QUI CRÉE ET QUI RESSUSCITE », LE SECRET DU MONDE ET DE LA GALAXIE, LA TOTALITÉ
CYCLIQUE, CE QUI FÉCONDE ET SE RENOUVELLE, SYMBOLE DU DIEU PAN-CERNUNOS-DOUMOUZI. UNE RÉINCARNATION MIGRATOIRE DE L’ÂME-VERBE DANS UN HOMME-MESSIE QUI
SE PRODUISIT CYCLIQUEMENT... ET DU JÉSUS TEMPLISTE, DE LA CATHÉDRALE DE VAISON LA ROMAINE (VAUCLUSE) OÙ L’ON PEUT Y VOIR UN JÉSUS CORNU...
UN HÉRITAGE DES ÉVANGILES APOCRYPHES MAIS RÉELS, ÉVANGILES SECRETS DES MANUSCRITS DE KLÉBER EN ÉGYPTE, DITS MANUSCRITS DE NAG-HAMMADI, DANS LESQUELS
IL EST PRÉCISÉ QUE CHAQUE ÉVÊQUE EST AUTONOME, NE RECONNAISSANT PAS LA HIÉRARCHIE NORMALE ROMAINE DU POUVOIR DU PAPE ; CELUI-CI ÉTANT ALORS UN ÉVÊQUE
AUTONOME PARMI D’AUTRES, HÉRITAGE D’UNE ORGANISATION PROCHE DES ESSÉNIENS ET DES COLLÈGES DRUIDIQUES AUTONOMES, DITS PRÊTRES BERSEKIR, ET DROTTARS DU
NÉMETHON. « BAPHUS METE» SIGNIFIANT : TEINTURIERS DE LA LUNE, CELLE DE LA VOIE ALCHIMIQUE ; « BAPHÉ-METOS » DANS LE SENS GNOSTIQUE DE L’INITIATION, LE
BAPTÊME DU FEU DES GNOSTIQUES... CELUI DES ÉPÉES DES ÉONS ET DES ASES. INITIATION QUE REÇUT ALEXANDRE LE GRAND QUAND, EN PHRYGIE, IL COUPA AVEC L’ÉPÉE
DIVINE LE NŒUD GORDIEN...
« NOTRE DANE » (NOTRE DAME QUI REGROUPE ÉSOTÉRIQUEMENT LA TERRE-MÈRE ET LE COSMOS, QUI ENFANTE LE MESSIE). LE « CHAT », BAPHOMET DE MONTPELLIER, FIGU-
RAIT DANS LES AVEUX DES TEMPLIERS FACE À L’INQUISITION, SANS EN DONNER LE VÉRITABLE CONTENU ET SENS. ILS AVOUÈRENT SANS MENTIR, EN DÉTOURNANT LES INQUISITEURS
D’UNE VÉRITABLE PISTE, SECRET QUE NE CONNAISSAIT PAS LE TEMPLIER RENÉGAT ESQUIEU DE FLORIAN. À PARTIR DE CES DÉCLARATIONS, CE DERNIER DONNA PARTIELLEMENT
DES INFORMATIONS À NOGARET QUI CONSTRUISIT LES QUESTIONS LORS DU PROCÈS DES TEMPLIERS.
MAIS LE VRAI SENS CACHÉ DU BAPHOMET EST UNE ALLÉGORIE : BAST-PHOS-MÉTOR (IS OU ISH DE MÉTISH) : BAST, LE CHAT (NOTRE DAME, LA DAME DU CIEL) ; PHOS,
LA LUMIÈRE, LE FEU SACRÉ, ALLÉGORIE CONCERNANT RONCELIN DE PHOS (FOS), DÉSIGNANT UNE TRANSMISSION ; MÉTOR, UNE MESURE (ARPENTER, SIGNE DU CHARPENTIER-
CONSTRUCTEUR, MÉTA : LA PYRAMIDE PIERRE CONIQUE SACRÉE DES DRUIDES, MET-ISH, HOMME-SAGESSE-DIVIN.
CE « CHAT », QUI ÉTAIT-IL ? QUE REPRÉSENTAIT-IL ? CE FUT LÀ, TOUTE LA SUBTILITÉ DES TEMPLIERS. DIRE LA VÉRITÉ SOUS UNE FORME VOILÉE, QUE CE CHAT OU BAPHOMET
ÉTAIT ADORÉ DANS LEURS CHAPITRES. EN FAIT, C’EST LE NOM ÉSOTÉRIQUE DE NOTRE DAME. CE CHAT PORTAIT AUSSI LE NOM DE « CHAT-MAN » CELUI QUI TERRASSA LE
DRAGON/SERPENT/APOPHIS, CHRISTIANISÉ SOUS LE NOM DE SAINTE-MARTHE EN PROVENCE. POUR L’ÉGYPTIEN, CE CHAT S’APPELAIT ÆLURUS, SYMBOLE DE LA LUNE. IL ÉTAIT
ADORÉ SOUS L’ASPECT DU GRAND CHAT « MAU...FÉ TERRASSANT APOPHIS LORSQU’IL TENTA DE FAIRE CHAVIRER LA BARQUE SOLAIRE. NOUS RETROUVONS LÀ, DEUX SYMBOLES
OCCITANS : LA LUNE ET LE SOLEIL. TEL EST LE SENS DU CHAT BAPHOMÉTIQUE DES TEMPLIERS, DIT « CHAT DES TYRIADES », LES DRUIDESSES QUI DÉTIENNENT LES CLEFS DES
MYSTÈRES DIVINS... DE «NOTRE DAME». BERNARD FALQUE DE BEZAURE, LE TRÉSOR MATÉRIEL ET SPIRITUEL DES TEMPLIERS.

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 31


„„„ Le Portail des Chevaliers

E
n donnant davantage de place à la créa-
tion, le spectacle tourne autour du rapport
entre l’Occident et l’Orient, grâce aux dif-
férents échanges qui ont eu lieu à cette époque
(culture, alimentation, savoir-faire…). Un des
objectifs de cette mise en scène est d’amener
le public à réfléchir sur les vertus du chevalier
du Temple (honneur, servitude, abandon des
biens…), mais également, sur les conséquences
des croisades pour l’Occident et l’Orient.
Le projet proposé par Karl Ouchet, directeur
artistique, découle non seulement de ces ré-
flexions mais aussi d’idées communes avec le
comité sur le sujet, avec toujours comme base
le même concept créé, défendu et mis en place
l’année dernière.
Un travail de recherches, d’analyses, de mise en
cohérence du thème choisi avec l’histoire et le
patrimoine de la cité. Mais, au-delà du thème,
le projet artistique a pour objectif de trouver des
liens forts entre la partie historique, la partie
artistique et l’animation (fiction); de permettre
au public de vivre un moment inoubliable en
prenant du plaisir grâce à la fête, à la qualité
des spectacles tout en s’initiant au thème par
l’histoire et le jeu.
Les spectacles des fêtes du Grand Fauconnier
RENSEIGNEMENTS sont animés cette année par des Compagnies
05 63 56 49 13 qui doivent répondre à des exigences précises
: la qualité artistique du spectacle ; être par-
LOCATION DE COSTUMES
tenaire et pas uniquement prestataire ; le lien
05 63 56 34 63 avec le thème ; le rapport avec le public.
TARIFS
La cerise sur le gâteau, c’est la fiction du mys-
ADULTES : 8 U tère du trésor des Templiers et la légende du
ENFANTS DE 6 Â 12 ANS : 3 U Templier enterré debout dans le mur de l’église
GRATUIT POUR de Cordes. Cette création donnera vie à de
nombreux personnages dans le défilé, les rues
LES PERSONNES COSTUMÉES et les commerces de la cité.

32 - TEMPLARIUM © DAEG EDITION


XXXÈME FÊTE DU GRAND FAUCONNIER

LES COMPAGNIES LES ASSOCIATIONS


CIE DU GRANDKOUNGKÉ : SPECTACLE DE FEU – FIREMAN : SPECTACLE DE LES FORGES DE KROM : ANIMATIONS ET CRIEURS DES RUES – NOSTRE
JONGLERIE, THÉÂTRE – IRMENSUL : CONTES ET MUSIQUE – D’ART-D’ART: MARRE : SCÉNOGRAPHIE ET CRÉATIONS – COMME DES GOSSES: SPEC-
THÉÂTRE – CARLAMUSA : MUSIQUE MÉDIÉVALE – DUO SAAJ : MUSIQUE D’IN- TACLES DE RUES – LES SEIGNEURS D’HAUTPOUL : STANDS, ANIMATIONS
DE – DE LA HURE : ESCRIME MÉDIÉVALE – HARRIS : FAUCONNERIE – VIRELAI: ET DÉFILÉ – LES CAVALIERS D’OCCITANIE: DÉFILÉ À CHEVAL – ASSO-
CHANTS ET MUSIQUES DU XIII - ANNE SACRAMENTO : CALLIGRAPHE CIATION LES GRANDS CAUSSES : DÉFILÉ EN DROMADAIRES.

DAEG EDITION © TEMPLARIUM - 33


LE GUIDE DE
TEMPLARIUM « 1291. Les Templiers de Vaour, chassés de Palestine, regagnent leur commanderie
occidentale. Ils font une halte à Cordes, accompagnés de nobles sarrasins à dos de
dromadaires et suivis d’étranges marchands. On raconte dans les bas quartiers de
la cité qu’ils viennent récupérer une partie de leur trésor …»

13 et 14 juillet 2004 en journée et soirée


ANNO
Pour la XXXIIIème édition rencontrer.
des fêtes du Grand Faucon- Alors, oui la superbe cité
nier, Cordes sur Ciel vous médiévale de Cordes-sur-
invite à entrer dans une fête Ciel sera pendant deux
médiévale unique. Cette jours le lieu privilégié de
année, nous vous propo- rencontres (culturelles,
sons de découvrir l’Ordre artistiques, humaines…).
des Templiers. Nous avons Plus de 100 artistes, des
travaillé, sur la période his- spectacles de grande qualité
torique de 1291 (retour des avec des compagnies choi-
Templiers après la dernière sies dans toute la France,
Croisade) et sur le lien entre 50 représentations pendant
la Commanderie Templière deux jours sur 6 espaces
de Vaour (proche de la cité) scéniques repartis dans tout
et le village de Cordes. Mais le haut de la cité : grand le cœur de la cité en jour- fête unique, les visiteurs
au-delà du thème, nous spectacle de feu, escrime née et soirée . Un banquet seront invités à résoudre
voulons aussi témoigner médiévale (création pour le médiéval parfumé d’épices une énigme sur le trésor des
que grâce aux Templiers, les festival), histoires et chan- sera servi sous la Halle le 13 Templiers. Petits et grands
deux « Mondes », l’Orient sons des Croisades, création juillet au soir (sur réserva- profiteront des nombreu-
et l’Occident ont pu se théâtrale (contes et histoires tion au 05 63 56 86 47). Le ses animations de rues :

…Entre Ombre et Lumière, les préparatifs de cette fête vont bon train : marchands, artisans, comédiens,
saltimbanques et troubadours se posent ça et là dans la ville haute, pour la rencontre de deux mondes,
l’Orient et l’Occident…Nous sommes le 13 juillet et la grande fête va commencer …
des mille et une nuits), public assistera à un grand découvertes d’artisans et de
bal médiéval, musique défilé exotique, avec plus métiers, jeux pour enfants,
d’Inde (voyage sur la route de 250 figurants, mettant balades à dos de droma-
des épices), fauconniers en scène l’intrigue du retour daires et d’ânes dans la
(campement et spectacles), des Templiers : le 13 juillet cité. Des conférences et un
musique et chants du XIIIe, à 22h aux flambeaux et le parcours initiatique sur le
jongleurs, musique et dan- 14 juillet à 15h. thème 2004 seront égale-
ses orientales … animeront Pendant ces deux jours de ment au programme.

INFORMATIONS PRATIQUES : Le 13 juillet, à partir de 19h jusqu’à 2h du matin, le 14


juillet de 11h à plus de minuit.
Renseignements : 05 63 56 49 13 - Location de costumes : 05 63 56 34 63
Tarifs : Adulte : 8 euros ; Enfant de 6 à 12 ans : 3 euros
Gratuit pour les personnes en costume d’époque médiévale et pour les enfants de
moins de 6 ans. Ticket de stationnement remboursé sur présentation aux entrées.

Relais des Templiers Nouvelles


MÉDIÉVALES

81140 VAOUR
tél./fax 05 63 56 11 78
GUINHUT COSTUMIER vend Tenues
de Templier, 180€, comprenant camail
riveté, chemise et surcot.
Contacts: www.relais-templier.com
Contacts: www.antikcostume.com
E-mail : relaistemplier@wanadoo.fr
53 rue Levavasseur, 35800 Dinard
tél. 02 99 46 17 10 ou 06 63 85 17 10
LE GUIDE DE
Ż I.N.R.I par Convard, Falque et Wachs
À leur retour de Jérusalem, en 1104, cinq chevaliers champenois portaient
chacun une bague identique, un anneau surmonté d’un rubis. Parmi eux il y avait
TEMPLARIUM
Hugues de Payns qui fondera plus tard l’ordre des Templiers. Ces cinq voyageurs
revenaient de leur pèlerinage, marqués d’une malédiction qui allait traverser
les siècles. Une malédiction qui devait frapper le cardinal Montespa le jour
où il monterait sur le trône de Saint-Pierre. Éternel, l’anathème lancé contre les
imposteurs de l’Histoire, ne s’effacerait qu’après l’achèvement d’une implacable
vengeance occulte.
Ce récit en quatre volumes nous plonge dans les origines du Triangle Secret,
nous entraînant à Jérusalem, dans le tombeau de Thomas, le frère jumeau du
Christ. C’est là, dans les profondeurs de la terre, que dort le plus improbable
des mystères... Ceux qui s’en empareront et en décrypteront l’énigme détiendront
le pouvoir de vaincre la mort. Le combat que se livrent l’église et les héritiers
du Messie prend réellement naissance lorsque Hugues de Payns et ses quatre
compagnons enchâssent dans la pierre rouge de leurs bagues cinq fragments
du suaire de Thomas... Des reliques qui peuvent faire vaciller les propres lois
de la Nature.
Ż Le Templier d’Andrivaux par Jacques Dubourg
Le retour, plus qu’attendu, du Triangle Secret et de ses trois agitateurs :
Convard, Falque et Wachs, dans une forme olympique Cet ouvrage relate dans un contexte historique réel, la vie romancée de l’un de
Tome 1 : Le Testament du Fou ; Tome 2 : Le Jeune homme au suaire ; ces hommes aux « blancs manteaux », de son adolescence jusqu’à le fin de ses
Tome 3 : De Cendre et d’or ; Tome 4 : L’Evangile oublié; Tome 5 : L’In- jours. Sans prétendre révéler toute la vérité sur ce monde très particulier, le livre
fâme mensonge ; Tome 6 : La Parole perdue ; Tome 7 : L’Imposteur renseignera le lecteur sur les genres de péripéties qu’ont vécues en leur temps
certains membres de l’Ordre du Temple dans leur commanderie. Un livre au
BD Album cartonné en couleur, conseillée aux Ados-Adultes
format 16 x 23 cm broché, à Pilote 24 édition.
éditions GLENAT - http://www.glenat.com/

complÉtez votre collection avec les


Templarium n°5
Templarium n°4 Ŷ Les Templiers dans le Quercy Ŷ Templarium n°6
Ŷ Rapide coup d’oeil sur Trois faits historiques troublants Régime socio-économi-
l’histoire du Temple Ŷ Les Ŷ Sur les traces des Templiers à que des Templiers Ŷ Les
Templiers à Richerenches Ŷ Figeac Ŷ Architecture de l’Hôtel Templiers à Montricoux
Les Templiers en Slovaquie Ŷ Médiéval Ŷ Guide pratique de la Ŷ Chevauchée arago-
Guigues, prieur de la Grande visite de l’Hôtel Médiéval de la naise Ŷ L’Ordre de Cala-
Chartreuse Ŷ Ces mystérieux commanderie des Templiers Ŷ trava Ŷ Saint François et
Antonins Ŷ l’Ordre des Les Templiers de la Pierre - Fils les ordres mendiants Ŷ
chevaliers Croisés à l’Étoile aînés de l’Égypte Ŷ Tour du Grif- le Baphomet, miroir de
Rouge Ŷ Les Bénédictins Ŷ fon et symbolique Ŷ l’avènement toutes les sagesses Ŷ La
Le secret des prophéties dites spirituel des pèlerinages vers Compagnie du Seigneur
de Nostradamus Saint-Jacques-de-Compostelle de Guerre au Baux de
Ŷ l’Église au Moyen-Âge. Provence

Templarium n°7 Templarium n°8 Templarium n°9


Ŷ Présence des Templiers en Ŷ L’Ordre du Temple dans Ŷ Mémoire de L’Ordre du
Lorraine Ŷ Les monuments l’Aisne Ŷ Les Templiers Temple Ŷ Le Templie Notre-
Templiers en Lorraine Ŷ Les à Laon Ŷ Les prodigieu- Dame à Douai Ŷ Les sceaux
Templiers à Chypre Ŷ L’Or- ses années Ŷ Godefroi de des Templiers et le Temple de
dre du Navire dit d’Outre- Bouillon et l’Ordre Hospi- Jérusalem Ŷ L’Ordre de Saint-
Mer et du Double-Croissant talier et Militaire du Saint- Samson de Constantinople dit
Ŷ L’Ordre des Croisiers ou de Sépulcre Ŷ Saint Norbert de Corinthe Ŷ l’Ordre des
la Sainte-Croix Ŷ Le Temple de Xanten et de l’Ordre des Trinitaires au Moyen-âge Ŷ
en majesté Ŷ Le Seigneur de Prémontrés Ŷ L’architecture Chronique du mort acceptée
Guerre et les Blancs Man- mystique des Templiers Ŷ Ŷ Jean-Luc Soubeyras et la
teaux Premier Festival Médiéval. forge médiévale.
Templarium HS n°1
Ŷ Il était une fois... Prix franco (7 € l’exemplaire)
Templarium n°10 Ŷ Les Templiers
Ŷ Les débuts de l’Ordre du Temple dans le Loir-&-Cher
en France Ŷ Hugues de Payns fon- Ŷ La commanderie n°4 x __ =___ € / n°5 x ___ = ___ €
dateur et premier maître de l’Ordre d’Arville Ŷ Visite
du Temple Ŷ Jean Michaëlensis et la guidée des bâtiments n°HS1 x __ = __ € / n°6 x __ = ___ € /
règle du Temple Ŷ La Champagne et Ŷ Portfolio. À l’om-
les Templiers - Des origines au procès bre des lumières Ŷ n°7 x ___ = __€ / n°8 x __ = ____ € /
Ŷ L’Abraxas templier - Symbole gnos- Muséologie. Centre
tique Ŷ Entretien avec un arbalétrier : d’Histoire des Ordres
Serge Adrover de Chevalerie...
n°9 x __ = __ € / n°10 x ___ = ____ €

BULLETIN D’ABONNEMENT ( à photocopier)

Je m’abonne à TEMPLARIUM, soit à 6 numéros pour 36,60 € (Étranger 42,00 €) et j’adresse mon règlement par
ˆ chèque bancaire ˆ chèque postal   ˆ mandat postal
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
....................................................................................
Code Postal: . . . Ville: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Montant de la commande
à DAEG Édition - BP 18 - 84360 LAURIS (France)
ª06 73 10 37 47 ............................. €
| : daeg.presse@templarium.com http://www.templarium.com Date et Signature obligatoires

Vous aimerez peut-être aussi