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Pour Une Église Synodale
Pour Une Église Synodale
Sr Isaïe Marie
Aucun de ces 3 « acteurs » ne peut quitter la scène. S’il y en a un qui est mis de côté, on
tombe dans une corruption de l’Eglise.
- Sans Jésus, il ne reste qu’un contrat entre les apôtres et la foule : on tombe dans la
politique
- Sans les apôtres, la foule réduira Jésus à un mythe ou à une idéologie
- Sans la foule, les apôtres deviendront une secte.
Il y a un quatrième acteur : celui qui divise, qui apporte sur la scène la division. A l’an-
nonce de la Croix, des disciples quittent Jésus, ou la foule change d’humeur. Le défis est de
tout faire pour se soustraire à ce 4ème acteur ; cela demande une conversion permanente.
Ce n’est pas Vatican III car le Doc Préparatoire nous indique que cet itinéraire « s’inscrit
dans le sillage de l’“ aggiornamento ” de l’Église proposé par le Concile Vatican II" mais
nous sommes quand même à une nouvelle étape de prise de conscience du chemin de
conversion à faire, personnellement et pour toute l’Eglise, notamment pour une gouver-
nance de l’Eglise plus à même de répondre aux défis pastoraux de notre temps.
En effet, Paul VI, dans son encyclique ecclésiam suam, (1964) n° 10-12 appelait à un renou-
vellement de l’Eglise, une
« correction des défauts que cette conscience, en s'examinant à la lumière du mo-
dèle que le Christ nous en a laissé, dénonce et rejette. ».
Et il engageait alors l’Eglise dans un dialogue avec le monde.
Par conséquent, le pape exhorte chacun à une conversion pastorale, pour une Eglise en
sortie (EG 27), c’est-à-dire capable de dialoguer avec le monde.
Ainsi, il indique pour chaque niveau de cette structure ecclésiale, des pistes de conversion.
Il s’agit de faire
« un choix missionnaire capable de transformer toute chose, afin que les habi-
tudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale devienne un
canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-pré-
servation. »3
Pour la paroisse, par exemple :
« Cela suppose que réellement elle soit en contact avec les familles et avec la vie
du peuple… »
Particulièrement significatif, le n°31, sur le rôle de l’évêque :
« L’évêque doit toujours favoriser la communion missionnaire dans son Église
diocésaine (…) Par conséquent, parfois il se mettra devant pour indiquer la route
et soutenir l’espérance du peuple, d’autres fois il sera simplement au milieu de
tous dans une proximité simple et miséricordieuse, et en certaines circonstances il
devra marcher derrière le peuple, pour aider ceux qui sont restés en arrière et –
surtout – parce que le troupeau lui-même possède un odorat pour trouver de
nouveaux chemins. »4
Le pape aime en effet à rappeler que le sensus fidei est inhérent à tout baptisé, ayant reçu
l’onction. « Le Peuple de Dieu est saint à cause de cette onction que le rend infaillible “in
credendo”»5.
Ainsi, comme nous le constatons, toutes les structures, toute la vie de l’Eglise doivent inté-
grer de plus en plus la participation de tous les baptisés dans l’exercice des 3 munera,
comme le demandait le Concile dans LG 34-36.7
Le pape prend a bras le corps cette question et une de ses réponses (outre le fait qu’il a in-
troduit des laïcs dans différents dicastères) est d’engager toute l’Eglise dans un chemin de
synodalité :
« La synodalité, c'est marcher ensemble et c'est ce que le Seigneur attend de l'É-
glise au troisième millénaire. »8
Ainsi, dans son discours de 2015 pour le 50ème anniversaire du synode des évêques, le
pape indiquait :
=> « Le chemin synodal commence en écoutant le Peuple ». Il invoque pour cela le prin-
cipe de l’Eglise ancienne selon lequel « Ce qui touche tout le monde doit être traité par
tous ».
=> « Le chemin du Synode continue en écoutant les pasteurs (…) gardiens, interprètes et
témoins de la foi de toute l’Église, qui doivent savoir discerner avec attention parmi les
mouvements souvent changeants de l’opinion publique ». Pour eux, il demande « à l’Es-
prit Saint le don de l’écoute : écoute de Dieu jusqu’à entendre avec Lui le cri du peuple ;
écoute du peuple jusqu’à y respirer la volonté à laquelle Dieu nous appelle ».
=> « Enfin, le chemin synodal culmine dans l’écoute de l’Évêque de Rome, garant de
l’obéissance et de la conformité de l’Église à la volonté de Dieu, à l’Évangile du Christ et à
la Tradition de l’Église ».
Ainsi, dans quelle mesure les laïcs peuvent-ils participer à la gouvernance de l’Église dans une
perspective d’authentique co-responsabilité ?
Ainsi la CTI définissait la synodalité comme un nouveau modus vivendi et operandi qui
« se réalise à travers l'écoute communautaire de la Parole et la célébration de l'Eu-
charistie, la fraternité de la communion et la responsabilité partagée, et la partici-
pation de tout le peuple de Dieu, à ses différents niveaux et dans la distinction des
divers ministères et rôles, à la vie et à la mission de l'Église. »
Et le pape de préciser :
« La pratique de la synodalité (…) est la mise en œuvre, dans l'histoire (…), de l'É-
glise comme mystère de communion, à l'image de la communion trinitaire »9.
Et il cite Jean-Paul II,
« Une spiritualité de la communion consiste avant tout en un regard du cœur por-
té sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi ê tre
perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés »
On voit la place que le pape veut donner à la minorité. Nous ne sommes donc pas dans un
processus démocratique où la voix du plus fort l’emporte au profit non d’abord du bien
commun, mais des intérêts du plus grand nombre.
En cela, François poursuit l’intuition du pape Jean-Paul II qui voulait « « faire de l'Église la
maison et l'école de la communion »10 pour le nouveau millénaire, et qui disait de la vie re-
ligieuse que nous devions être justement des « experts en communion »11 :
Nous pouvons poursuivre cet examen de conscience avec les questions posées dans les 10
pôles thématiques essentiels à la synodalité, que pose le Doc Prep
Et nous réfléchissons sur plusieurs niveaux (à partir de notre expérience de communauté
religieuse) :
- La synodalité en tant qu’elle informe notre manière d’être, de vivre et d’agir : vivons-
nous sur telle ou telle question une « culture synodale ».
- La synodalité en temps qu’elle informe les structures : est-ce que nos structures ecclé-
siales rendent compte de ce processus de participation par le plus grand nombre
- La synodalité en tant que processus… touche-t-on dans notre Eglise locale une dyna-
mique synodale. Est-ce qu’on sent une volonté d’avancer ?
Conclusion :
La synodalité est un chemin de conversion du cœur et de l'esprit, qui réclame un entraîne-
ment ascétique à l'accueil et à l'écoute réciproque.
« Si la sagesse juridique, en posant des règles précises à la participation, manifeste
la structure hiérarchique de l'Église et repousse les tentations d'arbitraire et les
prétentions injustifiées, la spiritualité de la communion donne une âme aux élé-
ments institutionnels en proposant la confiance et l'ouverture pour répondre plei-
nement à la dignité et à la responsabilité de chaque membre du peuple de Dieu.
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