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Le métabolisme des glucides

Introduction
En dehors de leur rôle de structure, les glucides constituent des réserves énergétiques et des
intermédiaires métaboliques. Le glucose est une importante source d’énergie pour la cellule et
il occupe une position centrale dans le métabolisme. Dans le cytosol des plantes supérieures et
des animaux, il a trois destinées majeures :
 oxydation en pyruvate via la glycolyse
 oxydation via la voie des pentoses phosphates avec formation de NADPH et de
pentoses constituant les acides nucléiques
 mise en réserve sous forme d’amidon ou de glycogène, qui dans certaines
circonstances vont redonner du glucose directement utilisable
Chez les animaux, le glucose provient essentiellement de l’hydrolyse des polysaccharides
alimentaires par les enzymes digestives. Le glucose peut aussi être synthétisé dans le foie par
la voie de la gluconéogenèse ou néoglucogenèse à partir des précurseurs non glucidiques
comme le lactate, le glycérol ou certains aminoacides par l’intermédiaire du pyruvate, de
l’oxaloacétate eu le dihydroacétone phosphate.

1. Origine et transport du glucose


Chez l’homme, l’amidon et le glycogène constituent la source principale de glucides.
L’hydrolyse de ces deux polymères en fragments plus courts, puis en oligosaccharides est
tout d’abord effectuée par l’α-amylase salivaire, puis l’α-amylase pancréatique au niveau
de l’intestin. Il en résulte la formation de dextrine et de maltose puis enfin du glucose sous
l’action de la dextrinase et de la maltase respectivement.
 Le lactose issu de la consommation du lait est hydrolysé en galactose et en glucose par
la lactase (β-galactosidase) 1
 le saccharose est hydrolysé en fructose et glucose sous l’action de la saccharase.

Les cellules intestinales mettent à profit symport D-glucose/Na+ de leur membrane apicale de
leur membrane basolatérale pour importer le glucose de la lumière intestinale grâce au.

1
L’intolérance au lactose, fréquente dans la plupart des populations, sauf chez celles de l’Europe du nord et de
certaines régions d’Afrique, est due à la disparition avec l’âge de l’activité lactasique de certaines cellules de
l’intestin. La flore commensale du colon fermente alors le lactose en acide lactique osmotiquement actif, en
méthane et en hydrogène, ce qui conduit à des diarrhées et des flatulences.

1
Source : Paces BIOCHIMIE-UE1

Le glucose des cellules intestinales passe ensuite dans le sang puis dans les cellules des divers
organes. Dans les cellules animales, un transport facilité réversible du glucose à travers la
membrane plasmique est assuré par des protéines transmembranaires. Ces protéines,
dénommées transporteurs de glucose, GLUT1 à GLUT5 ont une spécificité tissulaire. Ainsi,
GLUT1 et GLUT3 sont présents dans tous les tissus mammifères, tandis que GLUT2 est
retrouvé dans le foie, les cellules β du pancréas et l’intestin grêle ; et GLUT4 dans le muscle
squelettique ou cardiaque et le tissu adipeux. Dans ces derniers tissus, un taux élevé de
glucose associé à un taux élevé d’insuline conduit à une importante pénétration cellulaire de
glucose.

2. Métabolisme du glucose
Les cellules eucaryotes comme les cellules procaryotes peuvent synthétiser l’ATP, le NADPH
et certains intermédiaires métaboliques dont elles ont besoin en métabolisant leur glucose
selon la voie de la glycolyse ou celle des pentoses phosphates. Après avoir pénétré dans la
cellule, le glucose est phosphorylé aux dépens de l’ATP en glucose-6-phosphate. Cette étape
est fondamentale car le groupe phosphoryle, en raison de ses charges négatives, empêche le
glucose de diffuser hors de la cellule et déstabilise la molécule, ce qui facilite les réactions
ultérieures.
La glycolyse scinde le glucose-6-phosphate en deux molécules de pyruvate avec formation
de deux molécules d’ATP par un mécanisme de phosphorylation au niveau du substrat et
deux molécules de NADH. Le pyruvate, produit ultime de la glycolyse a des destinées
diverses selon les conditions physiologiques et les espèces.

2
 En anaérobie, il est réduit en éthanol chez les levures ou en lactate chez certaines
bactéries et les myocytes.
 En aérobie, chez les eucaryotes, il est transféré dans les mitochondries où il est
métabolisé par le complexe de la pyruvate déshydrogénase en acétyl CoA qui sera
oxydé par le cycle de l’acide citrique. Au cours de ces deux processus il se forme du
GTP, du NADH, du FADH2 qui conduiront à la synthèse de l’ATP par
phosphorylation oxydative au niveau des chaînes respiratoires.

2.1. La glycolyse ou voie de Embden-Meyerhoff-Parnas


La glycolyse est une voie universelle de dégradation du glucose. Elle s’effectue entièrement
dans le cytosol. La glycolyse évolue jusqu’à la formation du pyruvate en dix étapes. Chez les
organismes aérobies, la glycolyse constitue la première étape de l’oxydation du glucose, par
contre, chez les anaérobies, la glycolyse est l’unique voie de dégradation du glucose. Dans
tous les cas, le pyruvate est le produit terminal de la glycolyse. Dans certains tissus comme le
muscle squelettique, et chez certains microorganismes comme les bactéries lactiques, le
pyruvate est réduit en lactate. Ce processus est appelé fermentation lactique. Chez d’autres
organismes comme les levures, le pyruvate est converti en éthanol et CO2. C’est la
fermentation alcoolique. La fermentation est le terme général qu’on utilise pour parler de la
dégradation anaérobie du glucose. Chez les aérobies, dans les conditions normales, le
pyruvate issu de la glycolyse est catabolisé par deux phases pour donner de l’eau et du CO2.

2.1.1. Les étapes de la glycolyse


Tous les métabolites de la séquence glycolytique sont phosphorylés. Cette phosphorylation a
trois significations
 Au pH physiologique, ces groupes phosphates sont chargés négativement, ils ne
peuvent donc pas s’échapper du milieu intracellulaire, ce qui évite à la cellule la perte
de métabolites
 Ces composés phosphorylés sont à l’origine de la conservation de l’énergie
métabolique
 Les groupes phosphates serviraient de point de reconnaissance pour les enzymes
assurant la transformation de ces métabolites. Cela expliquerait le fait que toutes les
enzymes de la voie métabolique est besoin de Mg++. En effet, le Mg++ forme des

3
complexes avec les charges négatives des phosphates qui seraient acceptés par la
plupart des enzymes de la voie

1ERE PHASE DE LA GLYCOLYSE


La première phase comporte quatre étapes et se caractérise par le fait que tous les
intermédiaires métaboliques sont hexacarbonés.
 1ère réaction de la glycolyse
C’est la phosphorylation du D-glucose en D-glucose-6-phosphate (G6P). La réaction est
irréversible. Elle est catalysée par l’hexokinase ou par la glucokinase. C’est un site de
régulation de la glycolyse.
Le glucose-6-phosphate, à des concentrations très élevées, inhibe l’hexokinase présente dans
la plupart des organes par allostérie. En revanche, elle n’inhibe pas la glucokinase qui est
spécifique du glucose et qui est prédominante dans le foie et le pancréas. L’hexokinase peut
transformer d’autres hexoses de la série D comme le D-mannose et le D-fructose. 2
 2ème réaction de la glycolyse
C’est la conversion du glucose-6-phosphate en fructose-6-phophate (F6P). La réaction est
réversible. Elle est catalysée par la phosphoglucoisomérase qui a la même affinité pour le
G6P et le F6P.
 3ème réaction de la glycolyse
C’est la phosphorylation de F6P en fructose-1,6-diphosphate (FDP). La réaction est catalysée
par la phosphofructokinase (PFK). La réaction est irréversible. C’est une importante étape
de régulation allostérique de la glycolyse car à partir d’une certaine concentration l’ATP
inhibe la PFK. L’activité de la PFK est dépendante des besoins de la cellule en énergie et en
intermédiaires métaboliques. Elle est inhibée lorsque la concentration de l’ATP est élevée,
dans ces circonstances, l’AMP diminue et le citrate augmente l’effet inhibiteur de l’ATP.
 4ème étape de la glycolyse
C’est la dernière réaction de la première phase de la glycolyse. Il s’agit du clivage de la FDP
en deux trioses phosphates, le dihydroxyacétone phosphate (DHAP) et le glycéraldéhyde-

2
L’hexokinase et la glucokinase se distinguent nettement par leur affinité pour le glucose, la KM de l’hexokinase
musculaire étant de 0,1mM et celle de la glucokinase pancréatique. Avec une KM de 0,1mM, l’hexokinase est
complètement saturée aux concentrations normales de glucose dans le sang qui seraient de 4,5 à 5mM
Du fait de la régulation allostérique, on pense que l’hexokinase intervient dans la régulation de la concentration
de G-6-P pour maintenir un équilibre entre sa production et son utilisation. Les paramètres cinétiques de ces
deux enzymes traduisent une certaine adaptation physiologique. Le muscle squelettique qui est constamment
sollicité, a besoin d’un système enzymatique très prompt à lui procurer de l’énergie, ceci explique la forte
affinité de l’hexokinase musculaire pour le glucose. Quant à la glucokinase, elle a une vocation à convertir
l’excédent de glucose en glycogène.

4
3-phosphate (G3P). La réaction est très réversible. Elle est catalysée par l’aldolase.
L’équilibre est favorable à la réaction inverse mais du fait qu’un des produits de la réaction
est consommé, la réaction sera dirigée vers la droite.

2EME PHASE DE LA GLYCOLYSE


Elle est caractérisée par le fait que les intermédiaires sont des composés tricarbonés. Elle se
déroule en six étapes.
 5ème réaction de la glycolyse
C’est une étape d’isomérisation. Le DHAP et le G3P entrent en interconversion. Par cette
étape, les atomes de carbone 1, 2 et 3 trois d’une part et les atomes de carbone 4, 5 et 6
d’autre part de la molécule de glucose deviennent indiscernables.
La réaction est catalysée par la triose phosphate isomérase, conduisant à l’équilibre à 97%
de DHAP et 3% de G3P. Seul le G3P continue la glycolyse, sa dégradation dans la suite de la
glycolyse déplace l’équilibre vers la droite.3
 6ème étape de la glycolyse
C’est l’oxydation du G3P en acide 1,3-diphosphoglycérique. La réaction est catalysée par la
glycéraldéhyde-3-phosphate déshydrogénase. C’est une oxydation phosphorylante couplée
à la réduction d’une molécule de NAD+.
 7ème réaction de la glycolyse
C’est une réaction de phosphorylation de l’ADP. La réaction est capitale car La liaison riche
en énergie est récupérée sous forme d’ATP par transfert du phosphate de l’acyl phosphate
formé sur ADP. La réaction est catalysée par la phosphoglycérate kinase. Le produit formé
est le 3-phosphoglycérate (3PG). La formation de l’ATP couplée à l’oxydation enzymatique
d’un métabolite est appelée phosphorylation au niveau du substrat.
 8ème réaction de la glycolyse
C’est une réaction d’isomérisation. Il y a transfert du groupe phosphoryle du carbone 3 au
carbone 2 du phosphoglycérate pour donner le 2-phosphoglycérate (2PG). La réaction est
réversible. Elle est catalysée par la phosphoglycérate mutase.
 9ème réaction de la glycolyse
C’est une réaction de déshydratation du 2PG par une énolase pour donner le
phosphoénolpyruvate (PEP) avec formation d’une liaison riche en énergie.

3
Ces cinq étapes sont considérées comme une étape préparatoire au cours de laquelle il y a consommation de
l’énergie sous forme d’ATP. Pour une molécule de glucose, le coût énergétique est de 2 molécules d’ATP contre
la formation de 2 molécules d’ADP et 2 molécules de G3P. Les autres étapes qui vont suivre sont considérées
comme des étapes de restitution au cours desquelles il y a une récupération d’énergie.

5
 10ème réaction de la glycolyse
C’est une phosphorylation de l’ADP avec formation du pyruvate. La réaction est catalysée par
pyruvate kinase. Il s’agit de la deuxième phosphorylation au niveau du substrat.

Source: Le métabolisme - Glycolyse (4) | RN’ Bio (upmc.fr)

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2.1.2. Bilan de la glycolyse

1. G + ATP G6P + ADP + Pi


2. G6P F6P
3. F6P + ATP FDP + ADP + H+
4. FDP 2 trioses phosphates
5. 2 trioses phosphate + 2Pi+ 2NAD+ 2PG + 2NADH + 2H+
6. 2PG + 2ADP 2. 3-PG + 2ATP
7. 2. 3-PG 2. 2-PG
8. 2. 2-PG 2PEP
9. 2PEP +2H+ 2ADP 2Pyr + 2ATP
Σ G + 2Pi + 2 ADP + 2NAD+ 2Pyr + 2ATP + 2NADH + 2H+
+ 2H2O

Remarque : Dans le bilan on retrouve 9 réactions car l’étape d’isomérisation a été omise.
Au total, 2 molécules de NADH et deux molécules d’ATP sont formées lors de la conversion
d’une molécule de glucose en 2 molécules de pyruvate. La glycolyse est étroitement liée aux
autres voies qui créent l’essentiel de l’énergie et les intermédiaires métaboliques venant des
glucides à savoir la voie des pentoses phosphates, la néoglucogenèse, la glycogènogenèse et le
cycle de l’acide citrique.

3. La réduction du pyruvate
C’est une réaction supplémentaire qui prolonge la glycolyse dans les conditions anaérobies.
Le pyruvate est normalement le produit final de la glycolyse dans les conditions aérobies. Le
NADH formé lors de la déshydrogénation du G3P doit normalement être oxydé au niveau des
chaînes respiratoires par l’oxygène. Toutefois, lorsque des efforts musculaires sont sollicités,
il se crée des conditions momentanées d’anaérobiose parce que l’oxygène est plus consommé
qu’il n’est apporté aux muscles. En ce moment le pyruvate va être rapidement converti en
lactate avec l’oxydation du NADH en NAD+.

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- -
COO COO
+ +
C O + NADH + H CHOH + NAD
CH3 lactate CH3
déshydrogénase
pyruvate lactate

Cette réaction est effectuée de façon conjoncturelle par les animaux. Certaines bactéries
anaérobies facultatives connues sous le nom de bactéries lactiques l’effectuent en permanence.
Bilan de la glycolyse anaérobie
Σaérobie G + 2Pi + 2 ADP + 2NAD+ 2Pyr + 2ATP + 2NADH + 2H+ +
2H2O
Ferm 2Pyr + 2NADH + 2H+ 2Lact + 2NAD+
Σanaérobie G + 2Pi + 2ADP 2Lact + 2ATP + 2H2O

4. Cancer et glycolyse
Les cellules cancéreuses présentent une glycolyse environ dix fois plus active que celle des
cellules normales car elles se développent plus vite que les vaisseaux qui les irriguent et sont
souvent en hypoxie. La glycolyse anaérobie conduisant à la fermentation est la source
essentielle d’ATP pour les cellules cancéreuses qui en plus ont moins de mitochondries que
les autres cellules. L’hypoxie induit le facteur de transcription HIF-1 (hyposia-inducible
factor) qui augmente l’expression de la plupart des enzymes glycolytiques et des transporteurs
GLUT1 et GLUT3

5. La fermentation alcoolique
La fermentation alcoolique est le seul apanage des levures. Celle-ci ferment le glucose en
éthanol et du CO2. Les étapes sont celles de la fermentation lactique jusqu’au pyruvate.

Bilan de la fermentation alcoolique

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2. Alimentation dela glycolyse
Entrée des polysaccharides comme le glycogène

Entrée des disaccharides


Le lactose et le saccharose sont deux disaccharides alimentaires qui dont l’hydrolyse libère
outre le glucose, le galactose et le fructose.
 Le galactose peut rentrer dans la voie de réserve du glucose, l’UDP-galactose étant en
équilibre avec l’UDP-glucose, réaction catalysé par l’UDP-galactose-épimérase et
peut rentrer dans la voie de la glycolyse par isomérisation entre le galactose-6-
phosphate et le glucose-6-phosphate.

9
 Le fructose possède un catabolisme beaucoup plus rapide que le glucose, surtout grâce
à la fructokinase qui a une activité beaucoup plus importante que la glucokinase. Le
fructose peut également participer à la voie de réserve, le fructose-6-phosphate étant
en équilibre avec le glucose-6-phosphate, réaction catalysé par la phospho-hexose-
isomérase. La plupart du fructose est métabolisé au niveau du foie en fructose 1-
phosphate qui sera scindé en glycéraldéhyde et dihydroacétone afin de rejoindre la
voie de la glycolyse.

3. Régulation de la glycolyse
Outre les voies d’alimentation, voie où le glycogène est transformé en glucose, la principale
voie conduisant le glucose au pyruvate est régulée à deux niveaux, la première étape est
catalysée par la fructose phosphate kinase et la deuxième par la pyruvate kinase.

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11
La respiration
La respiration désigne l’ensemble des mécanismes moléculaires se traduisant par la
consommation d’oxygène et la formation du CO2 et de l’eau. La respiration est forcément
oxygène dépendante.
Le cycle de Krebs étant la deuxième phase de la respiration. Son rôle est de dégrader de façon
complète les restes d’acétyles issus des voies cataboliques en amont.

La décarboxylation oxydative du pyruvate


C’est la première phase de la respiration. La décarboxylation oxydative du pyruvate prépare le
pyruvate à subir les réactions ultérieures de dégradation en éléments irréductibles que sont
l’eau et le CO2. La réaction globale est ainsi résumée :
CH3-CO-COO- + CoASH → CH3-SCoA + CO2

Chez les procaryotes et chez les eucaryotes, la décarboxylation oxydative du pyruvate en


acétyl CoA et CO2 est un processus beaucoup plus complexe que ne laisse supposer cette
simple équation. En fait elle est assumée par le complexe de la pyruvate déshydrogénase
(CPDH) qui associe trois enzymes :
- E1 : la PDH proprement dire
- E2 : la dihydrolipoyle transacétylase

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- E3 la dihydrolipoyle DH
Ces trois enzymes travaillent avec cinq cofacteurs
- Le cofacteur 1 : la thiamine pyrophosphate (TPP) ou vitamine B1 travaille avec E1
- Le cofacteur 2 : l’acide lipoïque travaille avec l’enzyme E2 à laquelle il est étroitement lié.
- le cofacteur 3, le CoASH, libre ou coenzyme A ou coenzyme d’acylation
- Le cofacteur 4 : flavine adénine dinucléotique : (FAD) directement lié à E3
- Le cofacteur 5 : nicotinamide adénine dinucléotide (NAD) libre
Le complexe de la pyruvate déshydrogénase (PDH) est localisé dans les mitochondries des
cellules eucaryotes et dans le cytoplasme des cellules procaryotes. Le core du complexe est
formé par E2. Cette enzyme est formée de 8 trimères catalytiques dont les extrémités N
terminales présentent un bras formé un résidu lysine lié au cofacteur lipoïque. Vingt-quatre
copies de E1 qui est un tétramère α2β2 et douze copies de E3 qui est un dimère αβ entourent le
core E2.
L’intégration structurale des trois enzymes au sein d’un complexe rend possible la catalyse
coordonnée de la conversion du pyruvate en acétyl CoA. Le produit d’une réaction ne diffuse
pas, il est repris par l’enzyme suivante du complexe, la canalisation des intermédiaires étant
assurée par le groupe prosthétique du lipoyle flexible de E2.
La décarboxylation se déroule en 5 étapes
1. La première étape est catalysée par la pyruvate DH proprement dite. A l’issue de cette
étape, le pyruvate perd son carboxyle sous forme de CO2. L’étape peut se résumer
comme suit :

E1
E1

+
N CH3 O H
H C
+
- H N
+
CH3 C COO CH3 C CH3 + CO2
S +
OH
R S
R

O H
- +
E1 TPP + CH3 C COO + H E1 TPP C CH3 + CO2
OH

2. Dans la deuxième étape, il y a transfert du groupement acyl sur l’acide lipoïque

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E2 E2
H
E1 TPP C CH3 + E1 TPP +
OH
O

S CH3 C S

S HS

3. L’acétyl est transféré sur le CoASH pour former l’acétyl CoA

E2 E2

O
+ CoA SH + CoA S C CH3
O
CH3 C S HS

HS HS

4. C’est la régénération de l’enzyme E2.

E2
E2

E3 FAD + E3 FADH2
+

S
HS
S
HS

5. C’est la réoxydation de E3

+ +
E3 FADH2 + NAD E3 FAD + NADH + H

Le NADH ainsi formé sera oxydé au niveau des chaines respiratoires.


Chez les animaux, la décarboxylation du pyruvate en acétyl CoA est une réaction irréversible
qui engage les carbones du glucose et de certains aminoacides dans une oxydation en CO2 par
le cycle de Krebs ou dans une incorporation dans les lipides. Elle doit donc être strictement
contrôlée par les produits de la réaction, ainsi E2 est inhibée par l’acétyl CoA et E3 par le
NADH. Cependant le moyen de régulation essentielle est l’inhibition du complexe après
phosphorylation réversible par une kinase spécifique.

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Le cycle de Krebs
L’oxydation de l’acétyl CoA issu du catabolisme des glucides, des acides gras et des acides
aminés est effectuée par une voie métabolique cyclique comportant 8 étapes, connue sous le
nom de cycle de Krebs (CK) ou cycle de l’acide citrique ou encore cycle des acides
tricarboxyliques. Le cycle commence par la condensation de l’acétyl CoA à oxyder (dont les
carbones sont en gras) avec l’oxaloacétate, composé en C4 pour former le citrate, composé en
C6. Le citrate est ensuite isomérisé en isocitrate qui est déshydrogéné avec perte de CO2, ce
qui conduit à la formation de l’α-cétoglutarate et d’une première molécule de NADH. L’α-
cétoglutarate subit lui aussi une déshydrogénation avec perte de CO2 et formation du succinyl
CoA et d’une deuxième molécule de NADH. Trois réactions enzymatiques successives
convertissent le succinyl CoA en oxaloacétate qui est prêt pour la condensation avec une
nouvelle molécule d’acétyl CoA. Au cours de cette dernière étape du CK une molécule de
GTP, une molécule de FADH2 et une troisième molécule de NADH sont formées.
Les réactions du CK se déroulent en aérobiose dans la matrice mitochondriale grâce à 7
enzymes solubles et une enzyme fixée à la membrane mitochondriale : la succinate DH. De ce
fait le CK est couplé aux chaînes respiratoires (CR).

1. La condensation de l’acétyl CoA avec l’oxaloacétate pour donner le citrate. La


caractéristique de cette réaction est la condensation de l’acétyl par son CH3 et non par son
carboxyle. Ma réaction est fortement exergonique. C’est aussi une étape de régulation de la
voie métabolique.

CoA S
-
- C O COO
COO H2C CH2
CoA S H2O CoA
O C + C O HO C
-
COO HO C COO
-

CH2 H3C Citrate synthétase


- CH2 CH2
OOC -
-
OOC
acétyl CoA COO
oxaloacétate
citryl CoA citrate

Le carbone résultant de la décarboxylation de l’α-cétoglutarate provient en totalité du carbone


du carboxyle le plus éloigné.

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2. Isomérisation du citrate en isocitrate. La réaction se déroule en deux étapes avec une
étape d’hydratation suivie d’une étape de déshydratation. La réaction est réversible.

-
COO - COO
H2O COO
CH2 - H2O CH2
- CH2 COO -
HO C COO C H C COO
CH2 aconitase aconitase HO C H
C
- - -
COO H COO COO
citrate cis-aconitate
isocitrate

3. Oxydation et décarboxylation de l’isocitrate en α-cétoglutarate. La réaction est


exergonique avec formation de NADH. C’est aussi une étape de régulation du cycle.

COO -
COO
CH2 + +
NADH + H
- NAD CH2
H C COO + CO2
CH2
HO C H isocitrate DH
-
C
-
COO O COO
isocitrate -cétoglutarate

4. Décarboxylation oxydative de α-cétoglutarate en succinyl CoA. C’est la deuxième


étape de décarboxylation oxydative du cycle. Elle est fortement exergonique.

- COO
COO +
+
NAD NADH + H CH2
CH2
+ CoA SH + CO2
CH2 CH2
-cétoglutarate DH C
C
- O S CoA
O COO
-cétoglutarate succinyl CoA

5. Conversion du succinyl CoA en succinate. L’énergie contenue dans le succinyl CoA


est récupérée par phosphorylation du GTP.

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COO -
COO
CH2 GDP + Pi GTP
CH2
CH2 + CoA SH
CH2
C succinyl CoA -
O S CoA synthétase COO

succinyl CoA succinate

Le GTP ainsi formé est converti en ATP suivant la réaction


GTP + ADP ↔ ATP + GDP

6. Déshydrogénation du succinate en fumarate.


-
COO
-
CH2 FAD FADH2 H COO
C
CH2
- C
COO succinate DH -
OOC H
succinate fumarate

7. Hydratation du fumarate en L-malate. La réaction est révesible. Catalysée par la


fumarase
-
COO
-
H COO
HO C H
C
+ H2O CH2
C fumarate hydratase -
-
OOC H COO
fumarate L-malate

8. Déshydrogénation du malate en oxaloacétate. La réaction est réversible, mais


l’oxaloacétate étant très vite intégré dans un nouveau tour de cycle, l’équilibre tend à se
déplacer dans le sens de la formation de l’oxaloacétate.
-
COO COO
-

HO C H + +
NAD NADH + H C O
CH2 CH2
-
COO malate DH COO
-

L-malate oxaloacétate

Après la 8ème réaction, un tour complet du cycle a été effectué. L’acétyl CoA qui y est entré a
été complètement dégradé en 2CO2, parallèlement 4 paires de protons ont été arrachées dont 3

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vont servir à réduire le NAD+ et une paire le FAD. Les 3 NADH et le FADH2 formés seront
oxydés au niveau des CR.

Acétyl-coenzyme A
O -
-
COO
COO CH3 C SCoA
CH2
C O -
HO C COO
CH2
- Citrate sy nthétase CH2
COO -
Aconitase
1 COO
Oxaloacétate
Citrate
NADH + H
+ 2
-
NAD
+
Malate DH 8 COO
-
COO H C OH
-
HO CH H C COO
CH2 CH2
- -
COO COO
Malate Isoacitrate

7 +
NAD
Fumarate hy dratase Isocitrate DH
H2O 3
+
- NADH+H CO2
COO
CH -
COO
CH
- 4 C O
COO Complexe de +
FADH2 NAD CH2
Fumarate l'-cétoglutatarate DH
Succinate DH 6 + CH2
NADH+H -
FAD COO
-cétoglutarate
5
- O CO2
COO Succiny l CoA sy nthétase C
SCoA
CH2 CH2
CH2 GTP GDP + Pi CH2
- -
COO COO
Succinate Succinyl-CoA

Réactions du cycle de l'acide citrique

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Régulation du cycle de Krebs
La vitesse d’oxydation de l’acétyl CoA dans le cycle dépend de la concentration en acétyl
CoA provenant des voies métaboliques en amont et de l’accumulation des produits
énergétiques à savoir l’ATP et la NADH, surtout le cycle ne fonctionne bien que si en aval les
CR disposent d’un apport suffisant en oxygène moléculaire. Le CK est régulé à deux niveaux
1. A l’entrée au niveau de la décarboxylation oxydative du pyruvate. Quand les
concentrations de NADH et d’ATP sont élevées, le complexe est inactivé. Pour de
faibles concentrations de NADH et d’ATP, le Ca2++ active le complexe.
2. Au niveau du cycle lui-même. La citrate synthétase est inhibée par l’ATP, le NADH et
l’acétyl CoA. Isocitrate DH est activée par l’ADP.

La troisième phase de la respiration : le système de transporteurs d’électrons ou les


chaines respiratoires et la phosphorylation oxydative

Le but ultime de toutes les réactions d’oxydation cellulaire est de fournir de l’énergie par le
système de transporteurs d’électrons. La synthèse de l’ATP couplée au transport des électrons
est appelée phosphorylation oxydative. C’est la principale source d’énergie chez les
organismes aérobies.
1. La source d’électrons
La source d’électrons qui alimente ces transporteurs ce sont les électrons qui sont associés aux
protons arrachés aux substrats organiques lors des réactions d’oxydation et qui y sont
acheminés par l’intermédiaire du NADH et du FADH2.
Intégration et régulation du métabolisme énergétique
2. L’énergie du transport
Les électrons ont tendance à passer d’un système électronégatif à un système électropositif. Il
s’ensuit une perte d’énergie. La relation entre la variation d’énergie libre standard des deux
systèmes rédox et la variation de leur potentiel standard est donnée par : G°’ = nE°’
- n étant le nombre d’électrons transférés
-  étant la variation d’énergie libre standard quand une mole d’électrons effectue une
chute d’un volt
- E°’ étant la variation du potentiel standard (potentiel de l’accepteur – potentiel du
donneur)
3. Organisation des transporteurs

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Les transporteurs d’électrons sont disposés au niveau des CR dans l’ordre de potentiel
croissant du NAD+ à l’oxygène moléculaire. Trois étapes de la chaîne se caractérisent par une
forte diminution de l’énergie assurant ainsi la synthèse d’une mole d’ATP par étape, ainsi
trois ATP sont synthétisées lorsque les électrons sont introduits par le NAD et deux ATP sont
synthétisées lorsque les électrons sont introduits par le FAD.

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