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EMC-Anesthésie Réanimation 2 (2005) 167–184

www.elsevier.com/locate/emcar

Péritonites
Peritonitis
P. Montravers (Professeur des Universités, praticien hospitalier) *,
F. Morazin (Chef de clinique-assistant), A. Cargeac
Département d’anesthésie-réanimation, CHU Jean Verdier, avenue du 14-Juillet,
93143 Bondy cedex, France

MOTS CLÉS Résumé Les péritonites correspondent à une inflammation aiguë du péritoine dont les
Péritonite ; causes les plus fréquentes sont infectieuses, le plus souvent par perforation du tube
Urgence ; digestif. Les germes impliqués sont ceux de la flore digestive (entérobactéries et
Antibiothérapie ; anaérobies), mais des cocci à Gram positif et des levures peuvent être isolés dans les
Anaérobies ;
infections acquises à l’hôpital. Ces affections sont une urgence thérapeutique. Le
Entérobactéries ;
Laparotomie ; diagnostic est le plus souvent clinique, avec l’aide des examens radiologiques. Le
Abcès ; traitement est chirurgical et médical. Le traitement étiologique repose sur la chirurgie
Drainage ; pour éliminer la cause de l’infection, effectuer une toilette péritonéale et prévenir la
Complications récidive. Le traitement médical prend en charge les conséquences de l’infection par la
postopératoires réanimation périopératoire et le traitement antibiotique dirigé contre les germes isolés
des prélèvements périopératoires. Une antibiothérapie ne prenant pas en compte tous les
germes isolés et une prise en charge tardive sont des facteurs de mauvais pronostic. De
même, l’affection reste grevée d’une forte mortalité lorsqu’elle survient chez un sujet
âgé, porteur de maladies sous-jacentes, opéré tardivement, tout particulièrement quand
il s’agit d’une infection postopératoire.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract Peritonitis is an acute inflammation of the peritoneum due, most of the time, to
KEYWORDS infection and resulting from acute bowel perforation. The microorganisms involved are
Peritonitis;
those originating from bowel flora (enterobacteriaceae and anerobes), but Gram positive
Antibiotic therapy;
Anaerobes;
cocci and fungi can also be cultured in case of hospital-acquired infections. These
Enterobacteriaceae; diseases require urgent management, combining surgical and medical treatments. Etio-
Laparotomy; logical treatment is based on surgery to eliminate the infectious source, to perform
Abscess; peritoneal lavage and to prevent relapse. Medical treatment is based on perioperative
Drainage; intensive care management and antibiotic therapy targeting the microorganisms cultured
Postoperative from perioperative samplings. Antibiotic therapy not taking into account all cultured
complications organisms and delayed management are factors of poor prognosis. Similarly, peritonitis
remains a life-threatening disease when occurring in elderly patients, in patients with
underlying diseases, in case of delayed surgery, and especially in case of postoperative
infection.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : philippe.montravers@bch.ap-hop-paris.fr (P. Montravers).

1638-6205/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emcar.2005.08.001
168 P. Montravers et al.

Introduction Tableau 1 Classification de Hambourg des péritonites.1


Péritonite primitive
Les péritonites correspondent à une inflammation Péritonite spontanée de l’enfant
aiguë du péritoine dont les causes les plus fréquen- Péritonite spontanée de l’adulte (pneumocoque, infection
tes sont infectieuses. Ces affections sont une ur- d’ascite etc.)
gence thérapeutique et nécessitent pour la plupart Péritonite au cours des dialyses péritonéales
un avis et un traitement chirurgicaux. Jusqu’à une Péritonite tuberculeuse
période récente, correspondant aux débuts de la Péritonite secondaire
chirurgie, ces infections étaient entachées d’une Perforation intrapéritonéale (suppuration aiguë)
Perforation gastro-intestinale
mortalité presque systématique. Les progrès réali-
Nécrose de la paroi intestinale
sés par les techniques chirurgicales, la découverte Pelvipéritonite
des méthodes d’asepsie puis les antibiotiques ont Péritonite après translocation bactérienne
amélioré d’une manière spectaculaire leur pronos- Péritonite postopératoire
tic. Pour parvenir à ce résultat, une prise en charge Lâchage d’anastomose
multidisciplinaire soigneuse est indispensable, fai- Lâchage de suture
sant intervenir au minimum le chirurgien, le radio- Lâchage de moignon
logue, l’anesthésiste-réanimateur et le microbiolo- Autres lâchages iatrogéniques
giste. Péritonite post-traumatique
Péritonite après traumatisme fermé
Péritonite après plaie pénétrante abdominale
Péritonite tertiaire
Définition Péritonite sans germes
Péritonite fungique
Ce terme général regroupe plusieurs types d’affec- Péritonite avec germes à faible pouvoir pathogène
tions de nature très différente présentées dans les
définitions ci-dessous. Seules les causes infectieu-
ses sont abordées ici. Les péritonites de nature la cavité péritonéale. Elles sont la conséquence
infectieuse sont caractérisées par la présence de d’une altération des mécanismes de défense anti-
pus dans la cavité péritonéale, collection liqui- bactérienne, touchant principalement le système
dienne louche ou purulente, contenant à l’examen réticuloendothélial, la fonction des polynucléaires
microscopique direct des leucocytes et éventuelle- neutrophiles (PNN) et les mécanismes de l’immu-
ment des bactéries visibles. Le diagnostic est nité humorale et cellulaire. En cas d’identification
confirmé par la culture positive de ce liquide. bactériologique, dans la majorité des cas, une
seule espèce est isolée avec, en dehors de causes
spécifiques (pneumocoque ou mycobactéries), une
prédominance de bactéries à Gram négatif (Esche-
Classification des péritonites richia coli), de streptocoques et de staphyloco-
ques. Le traitement de ces péritonites est médical
Du fait de leur grande hétérogénéité, les péritoni- et repose sur l’antibiothérapie. Les aspects clini-
tes ont suscité plusieurs systèmes de classification. ques et thérapeutiques de ces affections ne sont
Les plus communément utilisés sont présentés ici. donc pas développés ici, car spécifiques de la pa-
Ils ne sont pas exclusifs les uns des autres et per- thologie médicale causale.
mettent de mieux définir le type de l’infection. Les péritonites secondaires sont les formes les
plus fréquentes de ces affections. Elles sont obser-
Classification selon les circonstances vées lors d’une perforation du tube digestif ou de
de survenue l’arbre biliaire, par dissémination des germes di-
gestifs dans le péritoine.1 De multiples circonstan-
La classification dite de Hambourg est la plus utili- ces induisent ces infections (Tableau 2) : péritoni-
sée (Tableau 1).1 tes extrahospitalières (ou communautaires),
Une péritonite primitive est retrouvée lors d’af- infections post-traumatiques, infections noso-
fections médicales : péritonite spontanée de l’en- comiales et postopératoires. Elles ont en commun
fant, péritonite spontanée de l’adulte (pneumoco- d’être secondaires à une agression (perforation par
que, infection d’ascite, péritonite tuberculeuse), maladie inflammatoire, traumatisme, intervention
ou iatrogène (infection du liquide de dialyse péri- chirurgicale) et d’être caractérisées par des prélè-
tonéale). Dans ces affections, l’ensemencement de vements microbiologiques généralement plurimi-
la cavité péritonéale résulte du passage de bacté- crobiens associant des germes issus de la lumière
ries par voie hématogène ou par translocation vers digestive, aérobies et anaérobies, voire des levu-
Péritonites 169

Tableau 2 Causes des péritonites.


Classification selon la sévérité de l’infection
Perforation de viscère suite à une maladie évolutive
(ulcère, cancer, occlusion, traumatisme, typhoïde,
Il est possible de classer les péritonites en fonction
tuberculose, CMV, affection opportuniste etc.) de leur sévérité initiale. L’utilisation de scores de
Estomac sévérité généralistes (score APACHE ou score
Voies biliaires IGS II)3,4 ou spécialisés (Mannheim Peritonitis Index
Côlon [MPI] ou le Peritonitis Index Altona [PIA])5,6 permet
Grêle de prédire la mortalité de groupes de patients
Diverticule comparables. Des facteurs de gravité, pris isolé-
Utérus ou trompes
ment ou intégrés après pondération dans un score
Vessie
Nécroses viscérales suivies de perforation
prédictif peuvent ainsi être dégagés. Les scores de
dans le péritoine gravité offrent la possibilité de contrôler les popu-
Cholécystite alithiasique lations incluses dans les essais thérapeutiques et de
Infarctus intestinal les comparer. En aucun cas ils ne permettent à eux
Occlusion seuls de prévoir individuellement le pronostic. Ce-
Pancréatite aiguë pendant, plusieurs travaux ont montré que les pa-
Cancer du pancréas tients atteints d’infections sévères avaient un pro-
Extension de foyers infectieux développés
dans les viscères abdominaux
nostic plus mauvais et nécessitaient une prise en
Appendicite compliquée (perforation ou abcès) charge plus active en milieu de réanimation.6,7
Cholécystite compliquée (perforation ou abcès)
Diverticulite compliquée (perforation) Classification selon l’environnement
Abcès hépatique compliqué (perforation)
Pancréatites aiguës et abcès pancréatiques Les péritonites peuvent survenir chez des sujets
Abcès du rein ou périrénal
indemnes de toute pathologie préalable et non
Abcès splénique
hospitalisés. L’affection est alors une péritonite
Salpingite compliquée (perforation ou abcès)
Péritonites postopératoires
extrahospitalière, également appelée communau-
Lâchage de sutures taire par les auteurs anglo-saxons.
Contamination peropératoire Les péritonites peuvent survenir chez un patient
Translocation bactérienne préalablement hospitalisé. L’infection acquise du-
CMV : cytomégalovirus. rant le séjour hospitalier est alors une péritonite
nosocomiale. Ce terme recouvre deux types de
res. Le traitement chirurgical est impératif et doit situations : celle du patient développant une com-
être systématiquement associé à un traitement plication infectieuse au décours d’une intervention
anti-infectieux. chirurgicale, réglée ou en urgence, septique ou
Une péritonite tertiaire correspond à une infec- propre. Il s’agit alors d’une péritonite postopéra-
tion intra-abdominale persistante au décours d’une toire. Il peut également s’agir d’un patient hospi-
infection initiale documentée.1 Il s’agit toujours talisé pour une cause médicale et qui se complique
d’une infection secondaire d’évolution compli- durant son séjour d’une péritonite (par exemple
quée. Ces infections tertiaires se caractérisent gé- patient hospitalisé en cardiologie opéré en urgence
néralement par un tableau de sepsis avec défaillan- pour une perforation d’un diverticule sigmoïdien ou
ces polyviscérales, pas ou peu de liquide intra- d’une perforation d’ulcère de survenue inopinée).
abdominal lors de la réintervention et pas de Il s’agit alors d’une péritonite nosocomiale non
collections organisées.2 postopératoire.

Classification selon la localisation


anatomique Physiopathologie des péritonites
Certains auteurs ont proposé de différencier les secondaires (Fig. 1)
péritonites en fonction de leur localisation anato-
mique. Les infections de l’étage sus-mésocolique Péritoine normal
concernent les affections gastriques, duodénales et
d’origine biliaire. À l’étage sous-mésocolique, ces Le péritoine est une membrane translucide qui
infections regroupent toutes les lésions du grêle, tapisse toute la cavité abdominale. Il est constitué
appendice et côlon. Cette distinction est basée sur d’une couche de cellules polyédrales de 3 lm
la notion de résultats bactériologiques et de pro- d’épaisseur capables de produire de multiples mé-
nostics différents selon ces localisations. diateurs et molécules pro-inflammatoires (cytoki-
170 P. Montravers et al.

Figure 1 Réponse à la contamination péritonéale.

nes, médiateurs de l’inflammation, facteurs de Constatations microbiologiques


coagulation etc.) en réponse à une agression.8 La
membrane péritonéale se comporte comme une Dans les conditions normales, l’acidité gastrique
membrane semi-perméable bidirectionnelle. Un s’oppose à la prolifération intraluminale des ger-
flux d’un liquide séreux issu de la circulation systé- mes dans la partie sus-mésocolique du tube diges-
mique d’une composition proche d’un ultrafiltrat tif, limitant la pullulation à 103 bactéries (exclusi-
est observé, dont les deux tiers sont réabsorbés par vement aérobies) par ml de liquide gastrique. Au
le péritoine pariétal. Les mouvements du liquide niveau intestinal, la concentration bactérienne
péritonéal sont liés aux mouvements diaphragmati- s’accroît de 102-104 germes/ml dans le jéjunum
ques. Une partie de la résorption liquidienne est (essentiellement aérobies) à 106-107 germes/ml
également effectuée par les lymphatiques via des dans l’iléon avec un équilibre entre les flores aéro-
pores appelés stomates situés au niveau du péri- bies et anaérobies (ratio 1/1). Le côlon est une
zone de haute densité bactérienne (1012 bactéries
toine diaphragmatique.8 L’épiploon est un tissu
par gramme de selles) avec une prédominance
complexe richement vascularisé qui joue un rôle
d’anaérobies (ratio ana/aérobies 3000/1). Les sou-
très important dans la réponse immunitaire et la
ches les plus fréquemment isolées dans le côlon
défense locale.
sont Escherichia coli (108/g de selles), Klebsiella
pneumoniae (106–8/g), Enterococcus spp. (108/g),
Observations cliniques Proteus spp. (106–8/g) pour les germes aérobies,
Bacteroides fragilis (1011/g) et Clostridium spp.
(1010/g) pour les anaérobies. En théorie, les germes
Les observations historiques conduites avant l’ère anaérobies sont présents dans près de 100 % des
des antibiotiques et chez des patients non opérés cas. En fonction de l’alimentation et/ou d’une anti-
ont montré qu’une péritonite suivait généralement biothérapie préalable, l’isolement de Pseudomonas
une évolution en deux phases. La période initiale de aeruginosa et de Candida spp. (principalement al-
l’infection, qu’elle soit généralisée à toute la ca- bicans) est possible.
vité péritonéale ou limitée à une partie de l’abdo- En cas d’achlorhydrie gastrique ou d’hémorragie
men, est fréquemment septicémique. La mortalité digestive haute, l’augmentation du pH gastrique se
précoce de ces affections est importante, dans un traduit par une pullulation bactérienne dans la
tableau de choc septique. Chez les patients non ou zone sus-pylorique. Il en est de même en cas d’oc-
insuffisamment traités qui survivent à cette pé- clusion où la stagnation des sécrétions digestives
riode initiale, une phase de confinement de l’infec- conduit à une pullulation bactérienne en amont de
tion est généralement observée avec constitution l’obstacle, expliquant la présence d’une flore de
d’abcès multiples ou localisés. type iléal ou colique jusqu’au niveau gastrique.9
Péritonites 171

En fonction du type d’infection, les germes isolés toute la cavité abdominale. La relaxation expira-
sont différents.10,11 Ainsi, dans les infections extra- toire du diaphragme induit une pression intra-
hospitalières, les germes de la flore résidente sont abdominale négative qui favorise l’absorption par
isolés. Dans les infections postopératoires, des ger- les stomates diaphragmatiques du liquide et des
mes de type nosocomial sont plus fréquemment particules présents dans le péritoine.8
isolés (staphylocoques coagulase positifs, Pseudo- Cette absorption explique que dans les modèles
monas aeruginosa, Acinetobacter spp.) dont le d’infection expérimentale, la moitié des bactéries
spectre de résistance aux antibiotiques est souvent inoculées dans le péritoine soit captée par les lym-
élargi.11,12 La présence de ces germes est liée à la phatiques diaphragmatiques, apparaisse dans le ca-
modification de la flore digestive des patients par nal thoracique en environ 6 minutes et en moins de
une antibiothérapie préalable, même à dose uni- 30 minutes dans la circulation systémique, la rate
que. et le foie.17 Tous les germes inoculés ne sont pas
retrouvés à une concentration identique dans les
Approche expérimentale hémocultures et la durée de leur passage vasculaire
est variable. Certains germes, tels que les anaéro-
Les travaux expérimentaux ont confirmé l’évolu- bies, pourraient avoir une diffusion systémique plus
tion biphasique des infections abdominales.13 Après intense expliquant leur isolement fréquent dans ces
inoculation chez l’animal, une phase initiale septi- tableaux cliniques.
cémique est observée conduisant à un décès pré-
coce (3 à 7 premiers jours de la maladie) par choc Systèmes péritonéaux de défense
septique dans une forte proportion des animaux.
Chez les survivants, des abcès intrapéritonéaux se Les systèmes de défense mêlent très étroitement la
constituent en 5 à 7 jours. réponse inflammatoire et la lutte locale contre
Parmi la centaine de germes présents dans la l’infection.
flore digestive, seul un petit nombre d’entre eux
qui fonctionnent en synergie joue un rôle patho- Défense mécanique
gène important. Ainsi, Bacteroides fragilis accroît Cette défense liée aux particularités anatomohisto-
le pouvoir pathogène d’Escherichia coli lorsqu’ils logiques du péritoine associe une absorption rapide
sont inoculés ensemble.14 Les anaérobies inhibent des bactéries par les lymphatiques et un cloisonne-
la fonction des PNN et permettent la prolifération ment de l’infection conduisant à la constitution
d’autres bactéries telles que E. coli.15 Les anaéro- d’abcès (Fig. 1).
bies encapsulés tels que Bacteroides fragilis néces- Les stomates diaphragmatiques contribuent à la
sitent la présence de germes aérobies pour permet- clairance bactérienne rapide de la cavité périto-
tre la formation d’abcès. De plus, la capsule paraît néale. L’abolition de la contraction diaphragmati-
être un élément important en facilitant l’adhésion que réduit la clairance bactérienne péritonéale.8
à la paroi péritonéale et en inhibant la phagocy- La localisation des abcès est expliquée pour partie
tose.13,15 D’autres synergies ont été décrites, par la gravité.18,19 La gouttière pariétocolique
comme par exemple avec Enterococcus faecalis.16 droite est considérée comme la zone préférentielle
Au total, les entérobactéries sont les germes res- de communication entre l’espace sus- et sous-
ponsables de la mortalité précoce des péritonites mésocolique avec des zones déclives d’accumula-
et les anaérobies sont impliqués dans la formation tion de part et d’autre dans le cul-de-sac de Dou-
des abcès. glas et la zone sus-hépatique.
À la suite de ces études expérimentales, de L’épiploon est, avec les stomates diaphragmati-
multiples régimes thérapeutiques ont été évalués ques, le seul site capable d’absorber des particules
qui ont conclu à la nécessité de traiter les entéro- libérées dans la cavité péritonéale. De plus, l’épi-
bactéries et les germes anaérobies.13 ploon participe au cloisonnement de l’infection en
s’interposant devant les lésions viscérales ou les
Diffusion systémique de l’infection zones inflammatoires, isolant ainsi la région infec-
tée du reste de la cavité péritonéale. De même, les
Les mouvements du diaphragme génèrent un flux adhérences formées par les exsudats fibrineux par-
céphalique du liquide péritonéal assurant une pro- ticipent à la limitation de l’infection.8
pulsion constante du liquide contenu dans la cavité
abdominale vers le péritoine diaphragmatique. En Réponse humorale et cellulaire (Fig. 1)
cas de contamination bactérienne, la mobilisation L’activation du complément est un élément impor-
des viscères abdominaux par les mouvements respi- tant et précoce des mécanismes de défense périto-
ratoires favorise la diffusion du liquide septique à néale. Le complément est impliqué dans l’opsoni-
172 P. Montravers et al.

sation des micro-organismes, l’augmentation de la


Tableau 3 Principaux critères cliniques et liés aux circons-
réponse inflammatoire, l’élimination des comple- tances conduisant à une décision opératoire.
xes immuns et des cellules apoptotiques et la lyse
Suspicion d’une péritonite extrahospitalière
cellulaire.20 ou nosocomiale
De multiples travaux ont évalué les facteurs de Plaie pénétrante de l’abdomen (péritonite extrahospitalière
recrutement cellulaire et ont confirmé le rôle des uniquement)
cytokines et des molécules d’adhésion. La présence Pneumopéritoine
dans le péritoine de bactéries vivantes ou de leurs Signes d’irritation péritonéale (douleur du cul-de-sac de
débris provoque une réaction inflammatoire locale Douglas au toucher rectal, défense abdominale)
intense, beaucoup plus importante que la réponse Contracture abdominale
systémique.21 Occlusion ne faisant pas sa preuve ou avec fièvre
État de choc
La cavité péritonéale ne contient normalement
Signes cliniques de défaillance viscérale
que 300 cellules/mm3, principalement des macro-
Suspicion d’une péritonite postopératoire
phages, quelques lymphocytes et des cellules mé-
Critères formels de réintervention
sothéliales desquamées. Dans les heures qui suivent Défaillance viscérale
l’agression, la réponse inflammatoire est marquée Pus ou liquide dans les drains
par un afflux de PNN (jusqu’à 3000/mm3). Cet Signes locaux cliniques et radiologiques
afflux de PNN dans le péritoine est induit par les Fort doute diagnostique chez un patient à risque
chémokines et suit des voies de recrutement préfé- Surveillance renforcée ne conduisant pas immédiatement à
rentiellement locales. une réintervention
Près de 45 % des cellules immunitaires de la Hyperleucocytose croissante
cavité péritonéale sont des macrophages. À la suite Fièvre isolée inexpliquée
de l’agression, les macrophages développent une Troubles du transit isolés
Signes biologiques de défaillance
activité phagocytaire, une explosion oxydative et
une activité sécrétoire, participant au recrutement
cellulaire en libérant à leur tour des cytokines et patient se plaint généralement de douleurs abdo-
des médiateurs pro-inflammatoires. En retour, les
minales associées à des troubles du transit (nau-
cytokines sécrétées par les PNN modulent les fonc-
sées, vomissements, arrêt des matières et des gaz,
tions des macrophages.8 L’action procoagulante de
etc.), le plus souvent dans un contexte fébrile.
la réponse inflammatoire influence également le
L’examen clinique met en évidence une douleur à
pronostic de l’infection. La séquestration dans une
matrice de fibrine des bactéries présentes dans la la palpation de l’abdomen, une défense en cas
cavité péritonéale réduit leur dissémination et fa- d’examen effectué précocement ou une contrac-
vorise la survenue d’abcès.22 ture des muscles de la paroi abdominale et une
La présence de bile, de sang, de débris nécrosés, douleur du cul-de-sac de Douglas lors du toucher
de fils, de matières fécales ou de mucus limite rectal. La principale incertitude concerne l’étiolo-
également les propriétés des phagocytes périto- gie de l’affection. Le diagnostic étiologique est
néaux et la bactéricidie locale.9 établi secondairement par la chirurgie (Tableau 2).
En clinique, les travaux sont encore peu Chez les sujets âgés, les infections intra-
nombreux sur la cinétique intrapéritonéale des mé- abdominales peuvent se présenter avec une sé-
diateurs de l’inflammation. Une concentration méiologie minimale.27 Ainsi, Cooper et al. ont mon-
intrapéritonéale élevée de médiateurs pro- tré que chez des sujets de plus de 65 ans, les
inflammatoires est notée, très supérieure aux nausées, les vomissements et la fièvre étaient ob-
concentrations plasmatiques (de 10 à 1000 fois servés moitié moins souvent que chez des sujets
selon les médiateurs).23-25 Au décours d’une inter- plus jeunes et la durée des symptômes était plus
vention pour sepsis, les concentrations intrapérito- que doublée.28 Dans ce travail, 14 % des patients de
néales de cytokines reviennent très rapidement au plus de 65 ans avaient une température de moins de
niveau normal.23,24 Une forte corrélation existe 36 °C (contre seulement 3 % des patients plus
entre les concentrations de cytokines et le pronos- jeunes). De plus, les causes appendiculaires parais-
tic.25,26 saient également moins fréquentes que chez les
patients jeunes, alors que les causes sigmoïdiennes
ou biliaires étaient plus fréquentes.28 Lorsque ces
Diagnostic clinique éléments sont reconnus à un stade précoce, ils font
Infections extrahospitalières poser parfois une indication opératoire même si le
diagnostic n’est pas certain. Cependant, le plus
Le diagnostic pose en général peu de problèmes. Il souvent ces patients ne sont opérés qu’à un stade
est basé sur des signes cliniques (Tableau 3). Le tardif.27,28
Péritonites 173

Quel que soit l’âge du patient, un diagnostic maximale est observée entre le 5e et le 7e jour
retardé ou un traitement différé conduisent rapide- postopératoire (Tableau 2). Un deuxième pic re-
ment à une aggravation du tableau clinique. Des tardé correspond aux complications constatées au-
signes biologiques de souffrance tissulaire (éléva- delà de la seconde semaine. Le diagnostic est sou-
tion de la créatinine, thrombopénie, hypoxémie, vent difficile, marqué par la survenue d’une fièvre
ictère ou acidose lactique...) sont alors fréquem- au décours d’une chirurgie abdominale,33 isolée ou
ment constatés, voire un tableau de choc avec associée à des manifestations abdominales ou
défaillance polyviscérale.29,30 extra-abdominales (Tableau 4, Fig. 2). La présenta-
Chez des patients porteurs de maladies sous- tion clinique peut être déroutante ou atypique et
jacentes (cardiovasculaire, respiratoire, rénale, orienter dans une fausse direction. C’est le cas
etc.), la survenue d’une péritonite se traduit sou- pour :
vent par une décompensation brutale du tableau • des troubles de conscience, une agitation ou des
avec un état de choc ou une défaillance polyviscé- troubles psychiatriques évocateurs de syndrome
rale. L’insuffisance respiratoire aiguë est une cir- de sevrage alcoolique ou médicamenteux ou de
constance fréquente de révélation d’une urgence confusion du sujet âgé ;
chirurgicale tant chez les sujets âgés que chez les • une insuffisance rénale d’aggravation progres-
patients porteurs d’une insuffisance d’organe. sive, voire brutale, suggérant une complication
Ainsi, un tableau de choc avec insuffisance respira- toxique médicamenteuse ou une cause médicale
toire aiguë peut être l’élément révélateur d’une d’insuffisance rénale ;
urgence abdominale pouvant à tort orienter vers un • une détresse respiratoire aiguë attribuée à tort
autre diagnostic (pathologie respiratoire ou cardio- à une embolie pulmonaire, un œdème pulmo-
vasculaire). naire ou une infection pulmonaire responsable
de la fièvre ;
Infections nosocomiales • un œdème pulmonaire lésionnel inexpliqué ou
considéré comme une pneumopathie d’inhala-
Les patients hospitalisés peuvent développer une tion ou un œdème pulmonaire cardiogénique ;
complication digestive en rapport avec leur mala- • une thrombopénie ou des troubles de l’hémo-
die causale, ou indépendante (sigmoïdite, ulcère stase ;
perforé...) (Tableau 2). Le diagnostic de péritonite • une cholestase inexpliquée pouvant faire évo-
est souvent effectué à un stade tardif. Une périto- quer une pathologie biliaire.
nite secondaire banale peut survenir chez un La clinique n’est généralement pas suffisante
patient insuffisant rénal hémodialysé. Chez ces pa- pour établir le diagnostic, sauf à un stade tardif ou
tients médicaux, l’intensité des signes abdomi- en cas d’issue de liquide digestif par les drains ou
naux, la rapidité d’installation de l’infection et son d’une masse palpable anormale (Tableau 3). Quel-
caractère polymicrobien sont autant d’éléments ques éléments liés au contexte opératoire peuvent
évocateurs d’une infection chirurgicale (Ta- orienter le clinicien. Ainsi, les interventions qui
bleau 3). Les signes de gravité et de décompensa- prédisposent le plus à un sepsis postopératoire sont
tion brutale décrits dans les infections communau- celles effectuées dans un contexte septique, en
taires sont tout aussi applicables en cas d’infection situation d’urgence, chez un patient à risque d’im-
nosocomiale. munodépression (corticothérapie, dénutrition, ma-
ladie inflammatoire du tube digestif etc.). Ainsi,
Infections postopératoires Krukowski rapporte une fréquence d’infection post-
opératoire de 0,1 % après une chirurgie propre
Elles sont observées chez 1,5 à 3,5 % des patients passant à 6,5 % en cas de chirurgie septique.36 Ce
ayant subi une laparotomie,31,32 leur fréquence sont surtout les conditions locales (zone irradiée ou

Tableau 4 Signes cliniques au cours des péritonites postopératoires (%).


Signes cliniques Hinsdale31 Lévy34 Guivarc’h35
Fièvre 86 83 86
Douleurs abdominales 90 44 79
Aspiration gastrique abondante - 33 32
Iléus 85 13 45
Diarrhées - 41 26
Ballonnement abdominal 15 42 -
Issue de pus ou de liquide digestif 10 33 48
Masse palpable 2 10 -
174 P. Montravers et al.

Figure 2 Arbre décisionnel. En cas d’évolution anormale au décours d’une chirurgie abdominale.

cancéreuse) et la difficulté du geste chirurgical qui péritonite postopératoire,34 mais ce signe est banal
favorisent la survenue d’un sepsis postopératoire. en postopératoire. Les autres examens biologiques
Pettigrew et al. ont évalué prospectivement ne permettent en général pas de s’orienter vers le
113 patients opérés de résection colique.37 Dans ce diagnostic avant le stade de défaillance viscérale.
travail, 53 % des patients jugés à risque du fait de la Le bilan biologique permet d’évaluer les besoins de
difficulté du geste chirurgical ont développé une réanimation et est utilisé comme bilan préopéra-
complication chirurgicale postopératoire contre toire. Enfin, la mesure des concentrations de cer-
seulement 15 % des patients jugés à risque faible. tains marqueurs de l’inflammation (protéine C
Dans ce travail, lorsque des critères supposés reflé- réactive, procalcitonine...) a été proposée comme
ter une immunodépression étaient analysés (âge, élément du diagnostic par certains auteurs. Ces
dénutrition etc.), l’incidence des complications éléments sont pour l’instant l’objet d’évaluation en
était équivalente chez les patients à risque élevé et clinique.
à risque faible.37 Enfin, l’expérience de l’opérateur
est également un élément important à prendre en Iconographie
compte.38
Dans les infections extrahospitalières, le cliché
d’abdomen sans préparation (ASP), l’échographie
Place des examens complémentaires abdominale et/ou la tomodensitométrie confir-
ment le diagnostic et orientent le geste opératoire.
Biologie La tomodensitométrie est généralement réservée
aux situations complexes ou en cas de doute dia-
Dans les péritonites extrahospitalières, les exa- gnostique. Dans les formes sévères, la tomodensi-
mens biologiques sont essentiellement utilisés pour tométrie ne doit être envisagée que si l’examen ne
évaluer le retentissement de l’infection. Chez les retarde pas l’intervention.
patients âgés, la fréquence de leucopénie (< 2000/ Dans les infections nosocomiales ou postopéra-
mm3) paraît accrue par rapport aux sujets jeunes.28 toires, l’ASP est d’une rentabilité faible, concor-
Dans les infections nosocomiales et postopéra- dant avec la clinique dans seulement 15 à 50 % des
toires, les examens biologiques sont généralement cas.39 La recherche de collections ou d’abcès intra-
décevants. Ainsi, une hyperleucocytose (> 12000/ abdominaux (sous-phréniques, pariétocoliques,
mm3) n’est observée que dans 60 % des cas de cul-de-sac de Douglas) est le principal objet de
Péritonites 175

l’échographie abdominale et de la tomodensitomé- mettre en culture les drainages ouverts car leurs
trie (Tableau 3, Fig. 2). Dans le contexte d’une résultats sont très difficiles à interpréter.41 Il est
infection postopératoire, ces examens peuvent gui- impossible de faire la part entre la flore cutanée, la
der la décision opératoire, par exemple en cas flore de l’environnement et les germes issus du
d’augmentation de volume d’une collection. Un drainage proprement dit.
examen échographique ou tomodensitométrique
« normal » n’élimine pas pour autant le diagnostic. Infections communautaires
De manière à documenter une perforation digestive
inapparente à l’échographie ou à la tomodensito- La microbiologie des infections intra-abdominales
métrie, les auteurs proposent le recours à des exa- communautaires est bien connue. Il s’agit le plus
mens radiographiques digestifs avec un produit de souvent d’infections polymicrobiennes impliquant
contraste non baryté (gastrografine) à la recherche des germes aérobies (entérobactéries, streptoco-
d’une fuite extraluminale. Cependant, les résultats ques et entérocoques) et des germes anaérobies
de cette opacification n’ont de valeur que lorsqu’ils (Bacteroides, Fusobacterium, Clostridium etc.)
identifient l’extravasation du produit de contraste. (Tableau 5). D’autres bacilles à Gram négatif peu-
En cas de suspicion d’une complication postopéra- vent également être retrouvés dans 5 à 10 % des
toire dans les 3 premiers jours après une interven- prélèvements tels que Pseudomonas aeruginosa ou
tion de chirurgie digestive, la décision de reprise Enterobacter spp., surtout après une antibiothéra-
chirurgicale peut être prise sans iconographie de- pie.42
vant un tableau clinique de dégradation inexpli-
quée.40 Au-delà du 3e jour, la reprise doit être Infections nosocomiales
encadrée par des examens iconographiques, au
premier chef desquels la tomodensitométrie.40 Les études épidémiologiques ont le plus souvent
regroupé les patients atteints d’infection nosoco-
Particularités microbiologiques miale et d’infection postopératoire, partant du
principe que la flore intestinale était modifiée chez
Les examens habituellement pratiqués sont les hé- le patient hospitalisé ou soumis à une antibiothéra-
mocultures et la culture de liquide péritonéal pré- pie depuis plusieurs jours. Dans une étude récente
levé pendant l’intervention.41 Une à deux hémocul- comparant près de 250 patients atteints d’une in-
tures sont prélevées avant la mise en route de fection nosocomiale et 750 patients atteints d’une
l’antibiothérapie. Les péritonites sont rarement infection communautaire, nous avons montré une
bactériémiques, des hémocultures positives similitude dans les populations bactériennes iso-
n’étant rapportées que pour 10 à 15 % des pa- lées, tant en type de bactéries qu’en profil de
tients.10,12 Dans les infections postopératoires, une sensibilité.43
bactériémie à germes « digestifs » peut être un
élément d’orientation vers le diagnostic.33 Infections postopératoires
Les prélèvements microbiologiques du liquide
péritonéal sont indispensables à double titre : ils Dans les péritonites postopératoires, l’écologie mi-
permettent d’une part d’adapter précisément le crobienne est modifiée. Ainsi, des espèces bacté-
traitement antibiotique, et d’autre part ils permet- riennes comme Pseudomonas aeruginosa, Entero-
tent d’obtenir un reflet épidémiologique de la flore bacter spp., entérocoques multirésistants et
digestive des patients.41 Les prélèvements du li- Candida spp. peuvent être retrouvées avec une
quide péritonéal imposent de limiter tout contact fréquence accrue. De même, des souches telles que
avec l’air pour préserver la croissance des anaéro- Enterobacter, Serratia, Citrobacter, Morganella,
bies. L’échantillon doit être placé dans un milieu de Acinetobacter et Pseudomonas peuvent être mises
transport pour anaérobie. Un examen microscopi- en évidence.10-12 Ces souches sont généralement
que direct et une mise en culture à la recherche des résistantes aux antibiotiques habituels à l’excep-
bactéries aérobies et anaérobies strictes et de levu- tion des carbapénèmes et du céfépime. Il est à
res avec réalisation d’un antibiogramme doivent noter la fréquence accrue des infections à Staphy-
être effectués. La sélection de l’antibiothérapie lococcus aureus résistantes à la méticilline.12
probabiliste est orientée par l’examen direct du Sawyer confirme ces résultats et ne retrouve, chez
liquide péritonéal, puis le traitement est adapté des patients de réanimation en état septique ma-
secondairement en fonction des résultats de l’anti- jeur, que 17 % de Escherichia coli et 7 % de Bacte-
biogramme.41 roides fragilis.44 Les infections monomicrobiennes
Chez les patients opérés et ayant bénéficié d’un (entérocoques, Candida, staphylocoques à coagu-
drainage externe (lame, drain), il est inutile de lase négative) sont plus rares.
176 P. Montravers et al.

Tableau 5 Comparaison des types de germes obtenus exprimés en proportion dans les péritonites communautaires et les infections
nosocomiales et postopératoires (d’après Dupont10 et Roehrborn11).
Infections communautaires (%) Infections postopératoires et
nosocomiales (%)
Dupont10 Roehrborn11 Dupont10 Roehrborn11
Aérobies
Bacilles à Gram négatif
- Escherichia coli 33 36 24 19
- Proteus spp. 4 3
- Klebsiella spp. 6 7 5 7
- Enterobacter spp. 4 3 8 12
- Pseudomonas spp. 2 2 5 6
Cocci à Gram positif
- Enterococcus spp. 11 5 21 21
- Staphylococcus spp. 2 2 4 11
- Streptococcus spp. 11 17 4 4
Divers 7 11 6 9
Anaérobies
- Bacteroides spp. 9 10 7 7
- Clostridium spp. 3 2
- Divers 5 5
Levures 4 6 4

Infections tertiaires ment.29,30 Les principaux critères conduisant à une


décision opératoire sont présentés dans le Ta-
Lors de reprises chirurgicales de patients atteints bleau 3.
de formes tertiaires, soit les prélèvements micro- Dans les infections nosocomiales ou postopéra-
biologiques sont stériles, soit leurs cultures ne toires, les indications opératoires doivent être lar-
conduisent qu’à l’identification de germes considé- ges et précoces. Une intervention « pour rien » vaut
rés comme peu pathogènes (entérocoques, staphy- toujours mieux qu’un sepsis dépassé, opéré trop
locoques à coagulase négative, Candida, etc.).2,45 tardivement. La part jouée par la clinique dans la
décision de réintervention reste déterminante.
C’est particulièrement le cas lors de la survenue
Prise en charge préopératoire d’une défaillance polyviscérale sans origine évi-
du patient admis pour péritonite dente ou d’issue de liquide digestif dans les drains.

Principes thérapeutiques chirurgicaux


Le bilan préopératoire doit être rapide de façon à
ne pas retarder l’intervention. Cette période pré- Quelle que soit la pathologie, les objectifs de la
opératoire doit être mise à profit pour objectiver et chirurgie sont toujours identiques et reposent sur
corriger les principales perturbations humorales et cinq préceptes :
stabiliser les déséquilibres hémodynamiques et res- • identifier la source de contamination ;
piratoires. Quelles que soient les précautions pri- • supprimer la source de contamination ;
ses, le patient doit être considéré comme hypo- • identifier les germes en cause ;
volémique et à risque de régurgitation. • réduire la contamination bactérienne ;
• prévenir la récidive ou la persistance de l’infec-
tion.
Principes chirurgicaux L’abord chirurgical peut faire appel, en fonction
de la pathologie, du terrain et de l’expérience de
Indication opératoire l’opérateur à une laparotomie ou à une cœliosco-
pie. L’abord cœlioscopique premier des péritonites
L’indication chirurgicale est formelle et immédiate extrahospitalières trouve ses indications essentiel-
dès que le diagnostic est suspecté (Tableau 3). les dans les perforations ulcéreuses duodénales et
Seule la chirurgie permet de faire un bilan étiologi- les péritonites appendiculaires en l’absence de
que complet de l’infection. Le pronostic est direc- plastron ou d’iléus paralytique important. L’abord
tement lié à la rapidité du diagnostic et du traite- par laparotomie médiane peut être envisagé d’em-
Péritonites 177

blée, en cas de contre-indication à la cœlioscopie, Drainage du site opératoire


si l’état hémodynamique du malade reste précaire,
et dans toutes les infections nosocomiales ou post- Le drainage reste discuté. Il peut s’agir d’un drai-
opératoires. L’incision doit être large de façon à nage passif par des lames et/ou des drains placés en
permettre une exploration complète de la cavité déclivité, d’un drainage actif par des drains aspira-
abdominale. Chez l’adulte, il s’agira d’une laparo- tifs multiperforés ou encore d’un drainage par ca-
tomie médiane, des voies d’abord électives étant le pillarité de type Mikulicz. Dans les péritonites ster-
plus souvent utilisées chez l’enfant. Après des pré- corales et les péritonites purulentes opérées
lèvements bactériologiques systématiques, l’explo- tardivement, il est recommandé de réaliser un drai-
ration de la cavité péritonéale implique un contrôle nage systématique des régions déclives (sous-
de toutes les régions déclives et de tous les viscères phréniques, gouttières pariétocoliques, cul-de-sac
abdominaux, complété par une toilette péritonéale de Douglas...). Il est inutile de réaliser des prélève-
avec lavage abondant (15 à 20 litres). ments microbiologiques sur ces drainages
ouverts.41
Conduite à tenir vis-à-vis de la lésion L’irrigation-lavage postopératoire continue a
causale fait l’objet de nombreuses études, mais n’a pas fait
la preuve de son efficacité.41 Cette technique est
très contraignante. Ainsi, ces systèmes ont été
Lorsqu’un geste sur un viscère est rendu néces-
progressivement abandonnés pour des motifs ana-
saire, on recommande en général une exérèse
tomiques (apparition en 24 à 48 heures de circuits
d’emblée complète du foyer causal de la périto-
préférentiels à l’origine de séquestres potentielle-
nite. La conduite à tenir vis-à-vis des extrémités
ment septiques) et pour des motifs techniques
digestives après une résection viscérale n’est pas
(étanchéité difficile à obtenir, obstruction du drai-
clairement codifiée. On connaît le risque important
nage etc.).
de désunion d’une suture ou d’une anastomose
Pour favoriser le drainage de la cavité abdomi-
digestive réalisée en milieu septique ou chez un
nale, et conserver le bénéfice des réinterventions
malade en état de choc. Il semble donc prudent itératives, certains auteurs ont proposé de ne pas
dans de telles situations de renoncer à un rétablis- fermer la paroi abdominale, réalisant des laparo-
sement immédiat de la continuité digestive au pro- stomies.48 Les difficultés techniques (étanchéité),
fit de stomies. L’ablation exhaustive des fausses le risque majeur de fistule digestive sur des anses
membranes, l’utilisation d’antibiotiques ou d’anti- grêles fragilisées et l’absence de supériorité face à
septiques locaux sont totalement abandonnées.41 des réinterventions à la demande ont conduit à
Enfin, une hémostase rigoureuse est nécessaire car l’abandon de cette technique. Actuellement, seule
une collection sanguine en milieu septique expose l’impossibilité d’une fermeture cutanée impose
au risque d’abcès résiduel. une laparostomie.41

Place des réinterventions programmées Places respectives de l’antibiothérapie


et de la chirurgie
Dans les infections les plus sévères et tout particu-
lièrement dans les infections postopératoires, il Un geste chirurgical adapté est indispensable pour
n’existe aucun moyen de drainer efficacement obtenir un résultat satisfaisant. Néanmoins, l’anti-
toute la cavité péritonéale. Ceci explique la fré- biothérapie contribue à l’amélioration du pronos-
quence des foyers résiduels et des reprises itérati- tic. L’antibiothérapie joue particulièrement son
ves chez 30 à 50 % des patients.31,46 Les réinterven- rôle dans les premières heures de traitement, en
tions à la demande n’apportent pas totalement limitant les bactériémies et en réduisant la fré-
satisfaction, du fait du retard à la reprise parfois quence de formation des abcès intra-abdominaux
observé chez des patients complexes. Des réinter- résiduels. Le traitement doit être débuté dès que
ventions systématiques programmées toutes les 24- l’indication opératoire est posée.
48 heures ont été proposées, jusqu’à obtention Si le doute persiste quant au diagnostic et que
d’une cavité péritonéale macroscopiquement pro- l’indication opératoire reste en suspens, un traite-
pre.47 Cette technique est intéressante en cas ment d’épreuve par une antibiothérapie isolée ne
d’éradication incomplète des foyers nécrotiques ou doit jamais être proposé. Cette attitude conduit à
infectieux, ou en cas de doute sur la viabilité du des tableaux cliniques ininterprétables, avec des
tube digestif lors de la réintervention initiale, mais retards thérapeutiques souvent dramatiques, tout
paraît surtout applicable chez les patients les plus en sélectionnant une flore souvent résistante au
graves. traitement antibiotique instauré.11,12,42
178 P. Montravers et al.

Choix de l’antibiothérapie lente diffusion dans le liquide péritonéal. L’émer-


gence de E. coli résistants ou intermédiaires à
Pharmacodynamie des antibiotiques toutes les molécules de cette classe thérapeutique,
intrapéritonéaux doit inciter à la prudence.41
Les céphamycines (céfoxitine et céfotétan) sont
des céphalosporines de deuxième génération acti-
La diffusion des antibiotiques dans le péritoine est
ves contre les entérobactéries et les anaérobies. Le
habituellement satisfaisante. Dans l’heure suivant
céfotétan doit être actuellement évité, en raison
l’injection de l’antibiotique, les concentrations
d’une fréquence de résistance de Bacteroides fra-
plasmatiques sont 2 à 3 fois supérieures aux
gilis proche de 25 %.52
concentrations péritonéales.49,50
Les anaérobies, principalement B. fragilis, sont
Cependant, les conditions locales de l’infection actuellement résistants à la clindamycine pour 20 %
réduisent l’efficacité de l’antibiothérapie :9 effet d’entre eux.52 Les anaérobies sont très faiblement
inoculum important (inactivation des antibiotiques résistants aux imidazolés.
parallèlement à l’accroissement de l’inoculum bac- L’utilisation des aminosides a fait l’objet de
térien), acidose locale, présence de corps étran- nombreux débats. Leur administration est initiée
gers et de débris cellulaires réduisant l’activité des pour une brève durée (< 3 jours), en phase proba-
antibiotiques, production par les bactéries d’enzy- biliste, en surveillant leurs concentrations plasma-
mes inactivant les antibiotiques. Dans les abcès, les tiques. Un travail récent associant la pipéracil-
germes présents sont souvent en croissance ralen- line + tazobactam à l’amikacine ne montre aucun
tie, voire en phase quiescente et sont donc peu bénéfice de l’adjonction des aminosides avec cet
sensibles aux traitements antibiotiques. La consti- agent, que ce soit dans des infections communau-
tution d’une « coque » autour de l’abcès ralentit et taires ou nosocomiales.10 Dans ce travail, la fré-
limite leur pénétration dans ce site jusqu’à l’annu- quence des insuffisances rénales était équivalente
ler totalement. Il ne faut donc jamais compter sur chez les patients recevant des aminosides et ceux
un traitement antibiotique isolé pour stériliser un n’en recevant pas.
sepsis intra-abdominal. À l’opposé, le geste chirur- Les fluoroquinolones, bien que disposant de pro-
gical par l’élimination de l’inoculum, des débris priétés pharmacocinétiques intéressantes, ont été
cellulaires et des corps étrangers, permet le retour peu utilisées dans les infections intra-abdomi-
à une efficacité satisfaisante des antibiotiques. nales.41 Leur spectre d’activité est limité aux ger-
mes à Gram négatif aérobies. Leur activité, souvent
Principes généraux de l’antibiothérapie limitée vis-à-vis des germes nosocomiaux, réduit
des péritonites leur intérêt potentiel dans les infections noso-
comiales et postopératoires.
Le choix des antibiotiques doit être défini sous
Antibiothérapie adaptée versus inadaptée
forme d’un document écrit décrivant les alternati-
ves thérapeutiques pour les infections communau- La nécessité de traiter tous les germes isolés des
taires et pour les infections nosocomiales et post- prélèvements péritonéaux ou de se limiter au trai-
opératoires. Les molécules choisies pour tement des entérobactéries et des anaérobies a été
l’antibioprophylaxie ne doivent pas être utilisées. l’objet de nombreux débats. Sur la base des résul-
La sélection de l’antibiothérapie relève d’un tats expérimentaux13 et des premières études cli-
choix raisonné, orienté par l’examen direct du li- niques, il semblait qu’un traitement focalisé sur les
quide péritonéal. Le clinicien doit prendre en entérobactéries et les anaérobies fût suffisant. Ce-
compte dans le traitement les entérobactéries et pendant, plusieurs travaux plus récents ont conduit
les anaérobies même si ces derniers ne sont pas à réviser cette analyse.
retrouvés.51 Le traitement doit être débuté rapide- Dans les infections communautaires, Mosdell a
ment, dès le diagnostic de péritonite suspecté et montré que lorsque le traitement antibiotique em-
l’indication opératoire posée. Il n’y a aucun risque pirique (soit les 48-72 premières heures postopéra-
de « négativer » les prélèvements peropératoires toires) ne prenait pas en compte tous les germes,
par une dose initiale d’antibiotique.41 Le traite- une augmentation de la morbidité, de la fréquence
ment probabiliste doit être réadapté secondaire- des reprises chirurgicales et des abcès de paroi et
ment en fonction des résultats de l’antibio- un allongement de la durée de séjour étaient cons-
gramme.41 tatés.53 De plus, un accroissement de la mortalité
Parmi les bêtalactamines, les pénicillines asso- est observé chez les patients dont le traitement
ciées à un inhibiteur de bêtalactamases ont un antibiotique n’est pas adapté sur les résultats défi-
spectre d’action adapté, accompagné d’une excel- nitifs des prélèvements péritonéaux.
Péritonites 179

Dans les infections postopératoires, des résultats ble.59 Quatre variables étaient associées au décès :
comparables ont été rapportés. Ainsi, Koperna rap- un score de gravité élevé à l’admission (score APA-
porte que 94 % des patients décédés avaient reçu un CHE > 17), une insuffisance respiratoire aiguë à
traitement antibiotique inadapté.46 Enfin, un trai- l’admission, une origine gastroduodénale de la pé-
tement initial ne prenant pas en compte tous les ritonite et la présence de Candida à l’examen di-
germes se traduit par une morbidité accrue et une rect du liquide péritonéal.60 Ces résultats souli-
mortalité doublée en comparaison avec une anti- gnent le mauvais pronostic de ces infections et la
biothérapie adaptée.12 valeur d’un examen direct positif à levure, témoin
Le problème de la nécessité du traitement anti- d’un inoculum massif.59,60
biotique a été plus spécifiquement évalué pour les Certains auteurs ont recommandé un traitement
entérocoques. Ces germes posent le problème de systématique antifungique dès la reprise opératoire
bactéries saprophytes du tube digestif, peu sensi- de manière à éviter la dissémination de l’infec-
bles aux antibiotiques, dont le pouvoir pathogène tion.61 Une solution pourrait être de débuter un
spontané est modeste mais qui sont retrouvées très traitement probabiliste chez les sujets dont l’exa-
fréquemment dans les prélèvements des péritoni- men direct du liquide péritonéal retrouve la pré-
tes, tant communautaires que postopératoires.10,12 sence de levures, témoignant d’un inoculum impor-
Plusieurs études suggèrent qu’un traitement anti- tant,60 de même que chez les sujets à risque, ayant
biotique ne prenant pas les entérocoques en reçu un traitement antibiotique préalable et hospi-
compte pourrait être utilisé avec succès dans les talisés de manière prolongée.62
infections plurimicrobiennes.51 Néanmoins, des
échecs thérapeutiques et des bactériémies à enté- Stratification des choix de l’antibiothérapie
rocoques dont l’origine était le site opératoire ont
été rapportés lors de traitements négligeant ce Bien que la démonstration soit faite que le traite-
germe.54,55 Ces germes se comporteraient donc ment de tous les germes isolés dès la phase proba-
comme des facteurs de morbidité accrue,55 mais biliste soit associé à un meilleur pronostic, près de
pourraient être un facteur de mortalité dans les 30 % des patients dans les infections communautai-
infections postopératoires. En l’absence de don- res n’ont pas un traitement antibiotique efficace et
nées fiables dans la littérature, il est recommandé vont guérir malgré cette inefficacité partielle ou
de prendre en compte ces germes dans le traite- totale.41 Cette constatation illustre la nécessité
ment initial des patients les plus graves (sujet d’un traitement antibiotique stratifié selon la sévé-
fragile, défaillance polyviscérale, choc septique, rité des patients, les patients les plus sévères ne
etc.), en cas d’antibiothérapie préalable, en cas pouvant pas faire les frais d’un traitement ineffi-
d’infection postopératoire. cace. Cette stratégie a été suggérée par la confé-
rence d’experts de la Société française
Place des infections fungiques d’anesthésie-réanimation sur les associations d’an-
tibiotiques63 et le consensus français consacré à la
Les levures, principalement de type Candida, po- prise en charge des péritonites communautaires.41
sent des problèmes équivalents à celui des entéro-
coques. Ces agents sont saprophytes du tube diges- Péritonites communautaires de faible gravité
tif et prolifèrent dans la lumière intestinale sous avec geste chirurgical complet
l’effet des traitements antibactériens intercur- Le geste chirurgical fait l’essentiel du traitement.
rents. On admet que 20 à 30 % des sujets sains Les antibiotiques administrés ont pour objectif
hébergent des levures de type Candida dans leur d’éviter les bactériémies précoces, la formation
tube digestif. Dans les infections communautaires, d’abcès de paroi et les abcès résiduels intra-
les levures sont retrouvées chez les patients opérés abdominaux. Les cibles bactériennes sont les enté-
d’ulcères perforés gastriques56 ou de lésions coli- robactéries et les anaérobies. Un traitement anti-
ques. Dans les infections postopératoires, les levu- biotique par une monothérapie est suffisant.
res, principalement Candida, sont isolées dans près L’amoxicilline/acide clavulanique ou la ticarcil-
de 20 % des prélèvements, préférentiellement en line/acide clavulanique ont un spectre d’action
cas de localisation sus-mésocolique.12,57 adapté.51,63
Une surmortalité est probable en cas d’infection
fongique.12,58 Dans une étude récente, quatre fac- Péritonites communautaires graves
teurs prédictifs d’isolement de Candida des prélè- (hospitalisées en réanimation)
vements péritonéaux ont été identifiés : état de La gravité est liée soit au terrain (sujet âgé ou
choc à l’admission, localisation gastroduodénale de atteint préalablement d’insuffisance viscérale),
l’infection, sexe féminin et antibiothérapie préala- soit à l’affection (score de gravité élevé ou dé-
180 P. Montravers et al.

faillance viscérale liée à l’infection). Le pronostic traitement probabiliste antifungique est débat-
de ces patients est meilleur quand l’antibiothéra- tue.62
pie prend en compte tous les germes abdominaux
dès la phase probabiliste.53 Ainsi, lorsque l’on veut Péritonites tertiaires
éviter les aléas d’un traitement antibiotique in- Il ne paraît pas possible de faire des recommanda-
complet, il est préférable d’opter pour une associa- tions supplémentaires par rapport aux infections
tion d’antibiotiques. Les traitements probabilistes postopératoires. La seule possibilité serait d’ad-
suivants pourraient être proposés : amoxicilline/ joindre un traitement antifongique jusqu’aux résul-
acide clavulanique (2 g × 3/j) + aminoside (genta- tats microbiologiques du fait de la présence très
micine ou nétilmicine 5 mg/kg/j en une ou deux fréquente de Candida spp.2,45
injections), ticarcilline/acide clavulanique (5 g ×
3/j) + aminoside (gentamicine ou nétilmicine).
Bien que le rôle des entérocoques soit reconnu dans Suivi thérapeutique
les complications infectieuses postopératoires,
aucun consensus ne peut être obtenu sur l’obliga- Les traitements sont adaptés en fonction des résul-
tion de les prendre en compte dans une antibio- tats des prélèvements microbiologiques peropéra-
thérapie initiale. L’association de céfotaxime toires. À l’opposé, les cultures de drains ne peuvent
(2 g × 3/j) ou ceftriaxone (2 g × 1/j) + métronida- être utilisées pour guider le traitement.
zole (500 mg × 3/j) est largement utilisée mais ne Le suivi thérapeutique des patients est basé sur
prend pas en compte ces germes.63 l’évaluation des données cliniques et paracliniques.
Quelques cas particuliers de risque d’échec du Le traitement complet d’une lésion abdominale
traitement nécessitent une prise en charge particu- évolutive se traduit théoriquement par un retour à
lière : une situation clinique normale (apyrexie, dispari-
• le traitement chirurgical n’ayant pu assurer une tion de la leucocytose, réapparition du transit) en
éradication satisfaisante du foyer infectieux ; quelques jours. L’absence d’amélioration ou une
• les patients vivant en institution ou ayant reçu aggravation secondaire peut correspondre à l’évo-
une antibiothérapie préalable, chez qui le ris- lution d’une complication intra- ou extra-
que d’écologie bactérienne digestive modifiée abdominale, mais aussi à une défaillance mono- ou
est important impliquant Pseudomonas aerugi- polyviscérale, conséquence de la péritonite. Une
nosa, Enterobacter cloacae, des entérobacté- complication doit être envisagée devant toute évo-
ries multirésistantes ou d’autres bacilles à Gram lution clinique anormale (Fig. 2).
négatif non fermentants. En cas d’échec du traitement antibiotique,
Dans ces cas particuliers, le risque d’une impasse l’analyse de cet échec impose de rechercher en
thérapeutique ne paraît pas acceptable ; le spectre premier lieu un problème chirurgical non résolu.
thérapeutique pourrait être élargi en utilisant un Les autres causes d’échec sont dues à un traite-
traitement identique à celui utilisé dans les infec- ment antibiotique inadapté (spectre insuffisant,
tions nosocomiales et postopératoires.41,63 La prise posologie insuffisante, émergence d’un ou plu-
en compte des entérocoques dans le schéma théra- sieurs germes résistants, sites infectieux inaccessi-
peutique doit être discutée. bles aux traitements) (Fig. 3).
En cas de besoin, une laparotomie exploratrice
Péritonites nosocomiales et postopératoires peut être nécessaire pour établir le diagnostic.
Une bithérapie par des molécules qui associent une Dans tous les cas, une reprise chirurgicale inutile
activité antianaérobie et une large activité antiaé- est moins dommageable pour le patient qu’une
robie est justifiée. La pipéracilline/tazobactam intervention trop tardive. L’attitude sera d’autant
(4,5 g × 4/j) ou l’imipénème (1 g × 3/j) + amika- plus interventionniste que l’état clinique du pa-
cine (20 mg/kg en 1 à 2 injections par jour) sont tient est grave.64 Bohnen rapporte une mortalité de
indiqués. Cette association peut être arrêtée ou 35 % en cas de réintervention précoce (dans les
adaptée au troisième jour, en fonction de la flore 24 heures suivant le diagnostic) contre 65 % en cas
intra-abdominale retrouvée à l’intervention. La de réintervention plus tardive.29 Cette attitude
vancomycine (15 mg/kg en dose de charge puis interventionniste doit être mise en balance avec le
administration continue ou discontinue pour attein- risque de lésions digestives iatrogènes.
dre une concentration à l’équilibre ou en résiduel
d’environ 20 mg/l) peut se justifier en cas de Place de la radiologie interventionnelle
suspicion de staphylocoque méticilline-R ou d’Ente-
rococcus faecium de haut niveau de résistance à la En cas de lésions cloisonnées (abcès), l’alternative
pénicilline (CMI > 16 mg/l).63 La nécessité d’un à la réintervention est le drainage percutané
Péritonites 181

Figure 3 Analyse des échecs lors du traitement d’une infection intra-abdominale.

(Fig. 2). Les drainages peuvent être guidés par nautaires graves, la durée du traitement n’est pas
échographie ou par tomodensitométrie.19,65,66 Ce- établie. Il est en général poursuivi 7 à 15 jours. La
pendant, seule la chirurgie permet d’éliminer la reprise d’un transit digestif, le retour de l’apyrexie
présence de lésions associées. En effet, la présence et la baisse de la concentration des leucocytes sont
d’un abcès n’élimine pas celle d’une péritonite les trois éléments généralement retenus pour arrê-
persistante ou d’un lâchage de suture que le plus ter le traitement.
souvent seule la chirurgie peut traiter. Aussi, un La durée du traitement dans une infection noso-
lâchage d’anastomose satellite d’un abcès est un comiale ou postopératoire n’est pas établie. Cette
facteur d’échec du drainage. En pratique, 30 % des durée n’est probablement pas la même en cas de
abcès sont traités par drainage seul.19,66 Parallèle- reprise précoce chez un patient sans défaillance
ment à la mise en place du drain, une irrigation- viscérale et chez un sujet âgé, réopéré tardivement
drainage des abcès et une antibiothérapie dirigée en défaillance polyviscérale. Cependant, les tra-
contre les germes isolés sont effectuées. Une sur- vaux sur ce thème manquent. Le traitement est en
veillance clinique et tomodensitométrique régu- général poursuivi 7 à 15 jours67 selon la sévérité
lière des abcès est recommandée. L’amélioration initiale et la qualité du geste chirurgical. Un traite-
clinique doit être rapide et nette au décours du ment plus prolongé ne sert à rien. Tout comme pour
drainage. Au moindre doute ou en cas d’aggrava- les infections communautaires, la reprise d’un
tion clinique sous drainage, une réévaluation est transit digestif, le retour d’une apyrexie et la
nécessaire avec indication éventuelle d’un drai- baisse de la leucocytose sont les trois éléments
nage chirurgical ou d’un nouveau drainage percu- généralement retenus pour arrêter le traitement.
tané. Les complications ne sont pas inhabituelles
(fistule digestive, drainage insuffisant, déplace-
ment du drain etc.).19,65,66 Une chirurgie de com- Pronostic
plément est proposée en cas d’aggravation clinique
(10 % des cas) ou d’échec du drainage (10 à 20 % des La mortalité des péritonites extrahospitalières va-
patients) (Fig. 3). rie entre 0 et 50 % selon la cause.67 À la vue des
données de la littérature, le terrain paraît jouer un
Durée du traitement antibiotique rôle considérable dans le pronostic : âge avancé,
pathologies associées, immunodépression, dé-
Dans les péritonites communautaires de forme peu faillances d’organe, dénutrition, etc. Le retard à
sévère, un traitement antibiotique de brève durée l’intervention chirurgicale, source d’accroissement
(< 5 jours) est suffisant.41 Dans les formes commu- de l’inoculum bactérien, est un facteur de gravité
182 P. Montravers et al.

reconnu.29 Une antibiothérapie initiale inadaptée Références


est aussi un facteur de gravité.53
La mortalité des péritonites postopératoires est 1. Wittmann DH. Intraabdominal infection. World J Surg
très variable de 30 à plus de 70 %.12,68,69 Le délai de 1990;14:145–7.
la réintervention est un facteur de pronostic.29 Le 2. Nathens AB, Rotstein OD, Marshall JC. Tertiary peritonitis:
clinical features of a complex nosocomial infection. World
nombre des défaillances viscérales est également à
J Surg 1998;22:158–63.
prendre en considération. Pour Mäkelä,70 le décès 3. Knaus WA, Draper EA, Wagner DP, Zimmerman JE. APACHE
est observé chez 35 % des patients atteints d’une II: a severity of disease classification system. Crit Care Med
défaillance viscérale unique, 75 % des patients avec 1985;13:818–29.
deux défaillances et 100 % de décès avec trois 4. Le Gall JR, Lemeshow S, Saulnier F. A new simplified acute
défaillances. La réintervention en urgence est donc physiology score (SAPSII) based on a European-North Ame-
rican multicenter study. JAMA 1993;270:29057–68.
nécessaire au stade des défaillances viscérales.35
5. Ohmann C, Wittmann DH, Wacha H. Prospective evaluation
Dans le travail de Bohnen,29 la mortalité était de of prognostic scoring systems in peritonitis. Peritonitis
61 % chez les patients porteurs d’une défaillance Study Group. Eur J Surg 1993;159:267–74.
viscérale réopérés précocement (< 24 h) contre 6. Pacelli F, Doglietto GB, Alfieri S, Piccioni E, Sgadari A,
88 % chez les patients réopérés au-delà de la 24e Gui D, et al. Prognosis in intra-abdominal infections. Mul-
heure. La présence au moment de la reprise chirur- tivariate analysis on 604 patients. Arch Surg 1996;131:
641–5.
gicale d’un état de choc, d’une insuffisance rénale
7. Solomkin JS, Dellinger EP, Christou NV, Busuttil RW.
ou d’une insuffisance respiratoire aiguë sont des Results of a multicenter trial comparing imipenem/
éléments de mauvais pronostic, de même qu’une cilastatin to tobramycin/clindamycin for intra-abdominal
antibiothérapie initiale inadaptée.12 Parmi les infections. Ann Surg 1990;212:581–91.
autres éléments intervenant dans le pronostic de 8. Hall JC, Heel KA, Papadimitriou JM, Platell C. The patho-
ces patients, un âge avancé12,34 et des réinterven- biology of peritonitis. Gastroenterology 1998;114:185–96.
9. Pechère JC. Les suppurations abdominales : point de vue
tions itératives sont des critères à prendre en
d’un infectiologue. Ann Chir 1985;39:55–60.
compte. Anderson et al. ont montré que le pronos- 10. Dupont H, Carbon C, Carlet J. The severe generalized
tic s’altère avec le nombre de réinterventions.64 peritonitis study group. Monotherapy with a broad-
Ces résultats soulignent à nouveau le fait que tout spectrum beta-lactam is as effective as its combination
délai dans la résolution des problèmes chirurgicaux with an aminoglycoside in treatment of severe generalized
est un facteur de mauvais pronostic. peritonitis: a multicenter randomized controlled trial.
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11. Roehrborn A, Thomas L, Potreck O, Ebener C, Ohmann C,
Goretzki PE, et al. The microbiology of postoperative
Points importants peritonitis. Clin Infect Dis 2002;33:1513–9.
12. Montravers P, Gauzit R, Muller C, Marmuse JP, Fichelle A,
• Les péritonites sont des urgences dont le Desmonts JM. Emergence of antibiotic-resistant bacteria
traitement est chirurgical et médical. in cases of peritonitis after intraabdominal surgery affects
• Un avis chirurgical est indispensable dans the efficacy of empirical antimicrobial therapy. Clin Infect
tous les cas. Dis 1996;23:486–94.
• Dans les infections communautaires, le dia- 13. Bartlett JG, Onderdonk AB, Louie T, Kasper DL, Gor-
bach SL. Lessons from an animal model of intra-abdominal
gnostic est essentiellement clinique.
sepsis. Arch Surg 1978;113:853–7.
• Dans les infections postopératoires, le dia- 14. Onderdonk AB, Bartlett JG, Louie T, Sullivan-Seigler N,
gnostic doit s’aider des examens radiologi- Gorbach SL. Microbial synergy in experimental intra-
ques. abdominal abscess. Infect Immun 1976;13:22–6.
• Les infections postopératoires sont des infec- 15. Rotstein OD, Pruett TL, Simmons RL. Mechanisms of micro-
tions de très mauvais pronostic. bial synergy in polymicrobial surgical infections. Rev Infect
Dis 1985;7:151–70.
• L’antibiothérapie doit prendre en compte les
16. Montravers P, Andremont A, Massias L, Carbon C. Investi-
entérobactéries et les anaérobies. gation of the potential role of Enterococcus faecalis in the
• Le rôle pathogène des entérocoques et des pathophysiology of experimental peritonitis. J Infect Dis
Candida est probablement minime dans les 1994;169:821–30.
infections communautaires. 17. Dunn DL, Barke RA, Knight NB, Humphrey EW, Simmons RL.
• Le pronostic est défavorable en cas de trai- Role of resident macrophages, peripheral neutrophils, and
translymphatic absorption in bacterial clearance from the
tement chirurgical différé. peritoneal cavity. Infect Immun 1985;49:257–64.
• Le pronostic est défavorable en cas de trai- 18. Saini S, Kellum JM, O’Leary MP, O’Donnell TF, Tally FP,
tement antibiotique inadapté. Carter B, et al. Improved localization and survival in
• Une stratification des traitements antibioti- patients with intraabdominal abscesses. Am J Surg 1983;
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Péritonites 183

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