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Cap ) Université “nese de Lille DROIT COMMERCIAL Licence 3 Année universitaire 2023 - 2024 Cours de Madame Edith BLARY - CLEMENT Equipe pédagogique : Audrey BUECHE, Gonzague GRAVE-RENAUD Cindy MALOLEPSY INTRODUCTION AU DROIT COMMERCIAL ‘TERMINOLOGIE A MAITRISER Clause attributive de compétence, clause compromissoire, commercialité, compétence d'attribution, compétency ratione loci, compétence ratione materiae, compromis, conciliation, contredit, médiation, \sage contra legem, usage secundum legem, usage praeter legem. tion au droit commercial nisation judiciaire Cours : Introd Tableau de l’or L + D’AVOUT (L), «La France et I’Allemagne en quéte d’un droit des affaires commun ; Réflexions sur le développement progressif de I’Europe juridique », JCP E, 30 mai 2019, p. 22-38 - BERGE (J.-S.), « Pour un code européen des affaires : de quoi parle-t-on ? », RDC, 2018, p. 617-618 + CANIVET (G,), « Principe fondamentaux et transposition des directives communautaires », colloque a Budapest, 1-3 octobre 2009 - CANIVET (G.), « La réception par le juge des pratiques juridiques », LPA, 27 nov. 2003, p. 46. - KAHN (P), Rapport francais, Association Capitant, 1983, Tome XXXIV, « Le rdle de la pratique dans la formation du droit » , p. 237. - LEFEBVRE-TEILLARD (A.), « Cambacérés et le code de commerce », in Le code de commerce, 1807-2007. Livre du bicentenaire, Dalloz, Paris, mai 2007, p. 3-17 - MATHIEU (B,), « Les rapports normatifs entre le droit communautaire et le droit national : bilan et incertitudes relatifs aux évolutions récentes de Ja jurisprudence des juges constitutionnel et administratif frangais », RFD Const., octobre 2007, p. 675-693 - MASSOT (J.), « Le contréle de la transposition des directives : vide ou trop-plein ? », D., 2006, p. 2337 - MOUSSERON (P), « Droit des usages », coll. Droit des usages, Lexisnexis, avril 2021, p. 390. - MOUSSERON ((lir.), Usages, Chronique JCP E 2015, 1217. - MOUSSERON (P), « Les vigoureux usages des réseaux de distribution », JCP G., mars 2011, p. 273. - MOUSSERON (P.) (dir.), « Les usages en droit de l’entreprise », coll. FNDE, Lexisnexis, 2010. - MOUSSERON (P,), « Les usages sont-ils encore une source de droit commercial ? », RU com, 03/04 2014, n° 2, p. 97. - SALES (E.), «La transposition des directives communautaires : une exigence de valeur constitutionnelle sous réserve de constitutionnalité », RTD eur., 2005, p.597-621 - SALAH (M.), « L’usage contra legem », LPA, 8 nov. 1991, p. 6. - INSTITUT DES USAGES, « Un usage : La clause de garantie de passif », Revue de jurisprudence commerciale, Mars/avril 2016, n°2, p. 170. - ZATTARRA-GROS (A-F,), «Le Code de commerce et l'Europe », Revue juridique de Vocéan Indien, novembre 2008, p. 11-17 Eiches d'arréts : = Cass, com,, 21 mars 2018, n°17-12.744 - Cass. com., 31 mars 2015, n° 14-12.272 = Cass. com., 22 mars 2011, n? 09-72.426 - Cass. com., 9 jany, 2001, n° 97-22.668 = Cass. com., 9 janv. 2001, n° 97-22,212 IL Le réglement des différends commerciaux Pour aller plus loin - BABONNEAU (M,), « Justice commerciale : d'échevinage, il n'y aura point », Dalloz actualité, 26 avril 2013. - CROZE (H.), « Le retour (de la compétence matérielle) des tribunaux de commerce », Procédures, 2001, n°6, p.5. - DEGOS (L,) et AKCHOTI (D.), « Conflits de juridictions ~ L'art délicat de la clause attributive de juridiction », JCP G, 2013, 105 - DEHARO (G,), « Stratégie judiciaire et performance de l'entreprise : approche dynamique de droit processuel appliquée a lentreprise », RTD Com., 2013, p. 177 - FILIOL DE RAIMOND (M,), « Litige entre commercants = juridiction consulaire », RLDA n°44, déc. 2009, Actualités, 2618, p.24. - FRICERO (N,), « Les tribunaux de commerce a laune du Pacte pour la compétitivité », D. 2013, p.168. - MARTINEAU-BOURGNINAUD (V.), « L’extension de la compétence des tribunaux de commerce a l’aube du XXIe siécle », BJE, 31 juillet 2022, n° 4, p. 1 et s. - MOUSSERON (P), « Le réveil des clauses de différend », Cont. Con, Conso., Mai 2021, n°5, dossier 14. - REINHARD (¥.), « Compétence et sociétés commerciales », Procédures, avr. 2011, p.18. - SCHILLER (S.), « Tribunaux de commerce et Code de commerce », in Quel code de commerce pour demain ? : bicentenaire du code de commerce, 1807-2007 : actes du colloque, Litec, 2007, - VALLENS (J.-L.), « Vers une nouvelle réforme des tribunaux de commerce ? », D. 2014, p. 1264. = Interview de Daniel TRICOT, président de chambre honoraire a la Cour de cassation, « 200 ans du Code de commerce et 60ans de la chambre commerciale », hutp://justice.gouv.fr/justice-civile, 16 oct. 2007. - VALLENS (J.-L.), QPC : La constitutionnalité des dispositions législatives du code de commerce relatives au « mandat des juges des tribunaux de commerce » et a « la discipline des juges des tribunaux de commerce » : CC., 4 mai 2012, n? 2012-241, QPC, RTD com, 2012, p. 621. Eiches d’arréts : = Cass. 1" civ., 30 septembre 2020, n°18-19.241 = Cass.1" civ., 13 mai 2020, n °18-25.966 - Cass. com., 14 novembre 2018, n°16-26115 = Cass. com, 6 déc, 2016, n° 15-16577 ~ Cass. com., 10 juill. 2007, n° 06-16.548 = Cass, com., 30 mars 2022, n° 20-11.776 = Cass. com., 9 juin 2022, n° 20-23.509 Exercices ; Résoudre les cas pratiques. 1/ Madame ANNE, jeune lilloise, a conclu le 6 avril 2020 un contrat de franchise pour l’exploitation d'un fonds de commerce sous 'enseigne « Etoile dorée », avec la société STAR, immatriculée au Registre du commerce et des sociétés de Paris. Dans ce contrat de franchise, figure une clause attributive de juridiction rédigée comme suit : « Tous les différends découlant du présent contrat ou en relation avec celui-ci sont soumis au tribunal de commerce de Paris ». Le 30 novembre 2022, par une fusion-absorption, la société STAR a été absorbée par la SA PRINCE. Aprés avoir faire constater que Madame ANNE vendait des produits dune marque concurrente et lui avoir notifié d’avoir 4 payer la somme de 9 000 euros au titre de marchandises impayées, la SA PRINCE a assigné Madame ANNE devant le tribunal de commerce de Paris aux fins d’obtenir la résiliation du contrat de franchise aux torts de la franchisée, le paiement de marchandises impayées et le versement de diverses indemnités ainsi que la réparation du préjudice moral Madame ANNE vous consulte afin de savoir si elle peut contester la compétence du tribunal de commerce de Paris et d’autre part, si la représentation par avocat est obligatoire devant le juge consulaire. 2/ La SA AROME fabrique et distribue des parfums et cosmétiques grand public. Le dirigeant, Monsieur PLUTON décide de rédiger deux textes + Pun desting & ses clients qu'il intitule « conditions générales de vente » dont les clauses seront reproduites au dos de ses factures, + Pautre pour ses fournisseurs appelé « conditions d’achat » qui figureront sur les bons de commande. Il sait que pour faciliter le réglement des éventuels conflits, il peut insérer des clauses attributives de compétence, des clauses compromissoires ou des clauses de conciliation préalable. Il a imaginé les clauses suivantes « Toute contestation relative & U'interprétation ou d Vexécution du présent contrat sera soumise au Tribunal de commerce de Lille Métropole. Toutefois, les parties s'engagent soumetire leur différend, préalablement @ toute instance judiciaire, d des conciliateurs désignés par chacune d'elles, & moins qu’elles ne s'entendent sur la désignation d'un conciliateur unique » «Tous différends nés d Voccasion du présent contrat, y compris ceux relatifs @ son existence, sont réglés par voie d ‘arbitrage ». Il vous consulte pour savoir si les clauses telles qu’il les a imaginées sont valables et s'il peut insérer indifféremment l'une ou autre des clauses ci-dessus reproduites dans les deux contrat. 3/ Un couple de retraités vend & Madame IRIS un fonds de commerce de vente de fleurs. L'acte de vente contient une clause compromissoire aux termes de laquelle « Les différends qui viendraient & se produire & propos de la validité, de l'interprétation, de l'exécution ou de V'inexécution, de interruption ou de la résiliation du présent contrat, seront soumis @ Varbitrage conformément au réglement d’arbitrage du CMAP — Centre de médiation et d'arbitrage de Paris — pres le Chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France, dont les parties ont eu connaissance et elles déclarent adhérer ». Un litige survient. Madame IRIS met en ceuvre la clause compromissoire. Les vendeurs s'y ‘opposent et concluent a la nullité de la clause compromissoire. Qu’en pensez-vous ? LES TRIBUNAUX DE COMMERCE Interview de Daniel Tricot, président de chambre honoraire 4 la Cour de cassation AVheure actuelle, quel bilan pouvez-vous dresser des soixante ans d’existence de la chambre commerciale de la Cour de cassation ? «Le bilan, c’est un peu le colloque qui V’a tiré, idée c’est bien sir que le code de commerce existe depuis 200 ans, les juridictions commerciales des tribunaux de commerce depuis 444 ans. Mais peut-étre le fait qu’il y ait eu en France une chambre commerciale et financiére devenue ensuite chambre commerciale, financiére et économique a eu une influence nette sur la personnalisation, sur identification du droit commercial. Et les travaux de ce colloque ont démontré dans des domaines comme le droit des sociétés, comme le droit des. procédures collectives, comme le droit des contrats. I y a la véritablement un enrichissement par les tribunaux, les juges du fond et la Cour de cassation. En fait quand la Cour de cassation et sa chambre commerciale valident une solution ou en précisent la portée, elles contribuent & la construction du droit commercial. » Quel réle a joué la jurisprudence de la chambre commerciale de la Cour de cassation dans la recodification du code de commerce ? «A titre personnel, un certain nombre de membres de la chambre commerciale ont participé aux travaux de la codification du code de commerce, Moi-méme, quand j’étais conseiller a la chambre commerciale, j’éais membre de la commission supérieure de codification et j'ai particuliérement travaillé, avec d’autres, a la codification. Il est apparu que la codification du code de commerce - c’est-a-dire le fait de refaire 4 droit constant le code de commerce - supposait aussi qu’on fasse en méme temps un code monétaire et financier. Et c’est grace a ces deux codes qu’on a réussi cette opération, qui a d’abord consisté a rassembler en un seul livre ou deux livres (deux codes) la plupart des textes applicables au droit des affaires. Ce que on constate et ce qui a été souvent assez évoqué aujourd'hui, c’est qu’il y a bien des notions comme celle de la cessation de paiements comme celle de la confusion de pattimoines qui ont ét inventées par la jurisprudence et qui ont été reprises par le législateur dans le code, Et quand la solution est reprise en général, elle l’est & droit constant, c’est une officialisation. Ils dégagent les quelques régles que la jurisprudence a déja posées pour les mettre sous forme de loi. C’est une sorte de consécration par le Iégislateur de la jurisprudence. Mais il arrive que le Iégislateur écarte au contraire des solutions de jurisprudence, On a beaucoup parlé du soutien abusif. Il est Clair que la derniére loi de 2005 a supprimé le soutien abusif pour en faire autre chose, avoir recours 4 d’autres notions. » En quoi les rapports de la chambre commerciale avec les autres chambres contribuent-ils é Pélaboration de la jurisprudence ? Peut-on parler d’un droit unifié, d’une cohérence ? « C’est indispensable de parler d’un droit unifié et d’une cohérence et c’est ce que j’ai essayé de montrer. La chambre commerciale est |’une des six chambres, elle s’intégre dans l’ensemble de la Cour de cassation et il ne faut pas qu’elle aboutisse 4 faire une jurisprudence spécifique. Ce qui est vrai c’est que, par divers mécanismes, la chambre commerciale a une approche différente du contentieux et elle peut, soit dans son domaine spécifique du droit des affaires, soit plus généralement dans le domaine du droit des obligations, influencer les solutions. Par exemple, la notion de crédit en droit des affaires a une grande importance ; en droit civil c’est quasiment inconnu. La perception du temps a une trés grande importance aussi : si vous expliquez 4 un civiliste qu’une créance a finalement été payée parce qu’elle a été payée un an plus tard, il va vous dire que l’exécution a été assurée, l’obligation a été respectée. Mais si vous cites ¢a 4 un commercialise il va vous rire au nez ! Il va vous dire « ce que je veux c’est l’argent au jour ot vous me le devez, & échéance, pas un an plus tard » car un an plus tard, cette créance a déja perdu le tiers, la moitié, les trois quarts ou un morceau de sa valeur. Ce n’est plus la méme chose. Les commercialistes sont trés sensibles a cet aspect du temps, les civilistes beaucoup moins. » La jurisprudence de la chambre commerciale refléte-t-elle la réalit actuelle ? économique et sociale « Pespére bien ! On fait tout pour que cela le soit, j’ai arrété mes fonctions il y a quelques semaines mais cela ne changera pas avec le nouveau président car il ne faut pas croive que c'est le président qui fait la jurisprudence ! C’est la chambre bien sir, mais j’espere bien. Et ce que nous pouvons faire, c'est dans des dossiers oi il y a des problémes nouveaux, susciter des interventions dadministrations, d’organismes professionnels, pour qu’ils nous expliquent comment ils voient le probléme de mani@re que nous puissions, quand on le jugera, avoir une information la plus compléte possible. Si je donnais ’exemple des plateformes jogistiques, quand on change le transport alors que traditionnellement le transport ¢a veut dire « je prends une marchandise chez l'expéditeur, moi transporteur et je l'emméne chez le destinataire. » Maintenant il existe plein de transports qui se font avec I’intermédiaire d’une plateforme logistique au sein de laquelle on va étiqueter, conditioner, changer les emballages, peut-étre méme transformer le produit... que devient le contrat de transport en aval et en amont de cette plateforme ? Les obligations nées du contrat de transport doivent-elles étre appréciées de la méme maniére ou pas selon qu’au milieu de l’opération de transport il y a une plateforme logistique ? C’est la question qui va étre tranchée dans quelques semaines ou quelques mois par la chambre commerciale, Mais elle sera tranchée avec une consultation grace l’avocat général et tune communication a toutes les parties des positions de chaque agent économique de maniére & ce que la chambre puisse faire un droit concret, pragmatique, appliqué, utile. » Cour de cassation, Chambre commerciale Audience publique du 21 mars 2018, n° de pourvoi : 17-12.744 LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu I'arrét suivant Sur le moyen unique, pris en sa troi me branche : Attendu, selon l'arrét attaqué (Versailles, 15 décembre 2016), que, la société civile immobilidre CV l'Avenue des Cottages (la société CV) ayant été mise en liquidation judiciaire et M. X... ayant été désigné comme liquidateur, la société Prophal a présenté une offre de reprise portant sur un terrain batir ; qu'une ordonnance du juge-commissaire a autorisé M. X... a céder amiablement ce terrain a la société Prophal, moyennant le prix visé dans l'offre, lequel ne comprenait pas le montant de la taxe sur Ja valeur ajoutée (TVA) ; que, cette société ayant refusé de régler le montant de la TVA sur le prix de cession, M. X... 'a assignée pour qurelle soit condamnée a signer Facte de vente aprés avoir réglé cette somme ; que M. ¥..., créancier hypothécaire de la SCI CV, est intervenu volontairement a I'instance ; Attendu que M. X... fait grief Varrét de rejeter sa demande, de constater que la société Prophal s'est acquittée du prix de la cession et de le condamner signer la vente alors, selon le moyen, que selon un usage constant entre commercants, les prix stentendent hors taxes, sauf convention contraire ; qu'il est, de plus constant que si le vendeur est débiteur de la TVA envers l'administration, cest 'acquéreur du bien qui acquitte la taxe auprés du vendeur, a charge pour ce dernier d'en reverser le montant auprés de administration fiscale ; qu'en considérant qu’a supposer que la transaction litigieuse soit assujettie a la TVA cette taxe devait étre, en l'absence de stipulation contractuelle contraire convenue par les parties, supportée par le vendeur, quand, en I'absence de convention contraire des parties, le prix de vente stentendait en premier lieu hors taxes et la taxe la valeur ajoutée devait étre acquittée en second lieu par 'acquéreur auprés du vendeur, la cour c'appel a violé l'article 1134 du code civil, dans sa rédaction en vigueur antérieure a l'ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016, et l'article 283 du code général des impéts ; Mais attendu que, la cession ayant porté, dans le cadre d'une liquidation judiciaire, sur un immeuble appartenant a une société civile immobiliére, le liquidateur de celle-ci ne peut utilement faire grief ala cour d'appel de ne pas avoir tenu compte d'un usage constant entre commergants ; que le moyen n'est pas fondé ; Et attendu quiil n'y a pas lieu de statuer par une décision spécialement motivée sur le moyen, pris en ses premiere et deuxiéme branches, qui nest manifestement pas de nature & entrafner la cassation ; PAR CES MOTIES : REJETTE le pourvoi ; Cour de cassation, Chambre commerciale Audience publique du 31 mars 2015, n° de pourvoi : 14-12.272 LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu I'arrét suivant Attendu, selon l'arrét attaqué (Paris, 21 novembre 2013), que la société X... et Cie (la société X...) exploite un fonds de commerce de bijouterie, joaillerie et horlogerie et distribue plusieurs marques de montres de luxe ; que la société Vannucci ayant ouvert, a proximité, une bijouterie proposant & la vente des montres des mémes marques, la société X... et son gérant, M. X..., se prévalant des contrats de distribution sélective conclus avec certains fabricants dont les sociétés Cartier, Rolex et Chaumet, ont assigné la société Vannucci en concurrence déloyale et la société Chaumet en responsabilité contractuelle ; que cette derniére a demandé, 4 titre reconventionnel, la résiliation du contrat de distribution sélective qu'elle avait conclu avec la société X... Sur le premier moyen, pris en ses deuxiéme, troisiéme et quatriéme branches : Attendu que la société X... et M. X... font grief a Tarrét du rejet de leur demande au titre de la concurrence déloyale alors, selon le moyen : 1°/ que lexistence d'un usage professionnel ne dispense pas le juge d'examiner si les régles en vigueur dans le domaine considéré ont été respectées ; qu’en se bornant, pour exonérer de toute responsabilité Ja société Vannucci au titre de la vente de montres au mépris d'un réseau de distribution sélective, faire état d'un usage qui permettrait & un bijoutier de se soustraire occasionnellement aux contraintes relatives a existence d'un tel réseau, sans indiquer lorigine de cet usage et sans rechercher si la mise en euvre de cet usage ne contrevenait pas de maniére disproportionnée & la protection du distributeur agréé, la cour d'appel s'est déterminée par une motivation inopérante et a privé sa décision de base légale au regard de l'article 1382 du code civil ; 2°/ quien relevant qu'un usage professionnel permettait un bijoutier de « vendre occasionnellement un produit non distribué par celui-ci et fourni par un confrére pour répondre une demande particuliére d'un client », tout en constatant qu'en l'espéce, les montres en cause n'avaient pas été fournies par « un confrére » de la société Vannucci, mais queelles provenaient de la société Vannucci elle-méme, via son établissement situé a Bastia, de sorte que l'usage litigieux, a le supposer avéré, ne pouvait donc étre invoqué par la société Vannucci, la cour d’appel n’a pas tiré les conséquences légales de ses constatations et a violé l'article 1382 du code civil ; 3°/ quien estimant que la société X... ne rapportait pas la preuve de existence de ventes répétées effectuées par la société Vannucci en violation des contrats dexclusivité qu'elle invoquait, tout en constatant que deux constats dhuissier étaient produits aux débats, établissant que la société Vannucci avait vendu une montre Cartier et une montre Rolex en violation des conventions d'exclusivité conclus au profit de la société X... de sorte que le caractére réitéré des manquements, et leur imputation & la société Vannucci, se trouvaient nécessairement établis, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses constatations et a violé Varticle 1382 du code civil ; Mais attendu qu'ayant constaté que la société Vannucci, qui n’était pas distributeur agréé des marques Rolex et Cartier, avait vendu une montre de marque Cartier, en aofit 2007, et une montre de marque Rolex, en novembre 2008, l'arrét reléve que ces ventes n'ont pas été initiées par la société Vannucci, laquelle ne proposait pas ces marques en vitrine et n’avait fait que répondre 4 des demandes particuliéres de clients ; quill reléve, encore, que ces deux reventes s‘inscrivent dans le cadre dun usage en matiére de joaillerie selon lequel un bijoutier peut vendre occasionnellement un produit non distribué par lui et fourni par un confrére, pour répondre une demande particuliére d'un client, et quill n'est pas établi que la société Vannuci aurait procédé a d'autres ventes de montres en violation daccords de distribution sélective ; qu'en l'état de ces constatations et appréciations dont elle a pu déduire qu’aucun acte de concurrence déloyale n’était caractérisé & Vencontre de la société Vannucci, la cour d'appel, qui n'avait pas a effectuer la recherche mentionnée a la premidre branche qui n'était pas demandée, a légalement justifié sa décision ; que le moyen n'est pas fondé ; Sur le deuxigme moyen : Attendu que M. X... et la société X... font grief 4 V'arrét de rejeter leur demande tendant a la condamnation, in solidum, de la société Vannucci et de la société Chaumet au paiement de dommages- intéréts alors, selon le moyen, qu’aux termes de Varticle L. 442-6, I, 6° du code de commerce, "engage Ja responsabilité de son auteur et l'oblige a réparer le préjudice causé le fait, par tout producteur, commergant, industriel ou personne immatriculée au répertoire des métiets (...) de participer directement ou indirectement & la violation de I'interdiction de revente hors réseau faite au distributeur lié par un accord de distribution sélective ou exclusive exempté au titre des régles applicables du droit de la concurrence" ; que dans ses écritures d'appel, la société X... faisait valoir que la société Chaumet, qui avait conclu avec elle un contrat de distributeur agréé le Ler janvier 2004, avait violé par la suite ce contrat, avec la complicité de la société Vannucci, en désignant cette demiére en qualité de distributeur agréé, alors que la bijouterie Vannucci se trouvait implantée & quelques centaines de metres de la bijouterie X... ; qu’en écartant cette argumentation au motif que « l'agrément d'un second distributeur & Ajaccio était pour la société Chaumet économiquement justifié et ne peut s'analyser comme une maneuvre déloyale vis-a-vis de la société X... », cependant que le fait que l'agrément d'un second distributeur 4 Ajaccio soit, du point de vue de la société Chaumet, économiquement justit n‘était pas en soi de nature a exonérer celle-ci, et la société Vannucci, de toute responsabilité envers la société X..., au titre de la proximité des deux points de vente, la cour d'appel stest déterminée par un motif inopérant et a privé sa décision de base légale au regard du texte précité ; Mais attendu, d'abord, qu'il ne résulte ni des conclusions ni de larrét que la société X... et M. X... aient recherché, devant la cour d'appel, la responsabilité de la société Vannucci sur le fondement de l'article L. 442-6 I 6° du code de commerce ; que le moyen est nouveau et mélangé de fait et de droit en tant quill conceme cette sociét Et attendu, ensuite, que la responsabilité d'un fournisseur au titre de "agrément prétendument fautif d'un nouveau distributeur ne reléve pas des dispositions de l'article L. 442-6 1 6° du code de commerce qui sanctionnent la participation a la violation de Tinterdiction de revente hors réseau; que l'arrét retient exactement qu‘en agréant la société Vannucci, la société Chaumet n'a pas violé I'nterdiction de revente hors réseau, ni directement ni indirectement, et n'a, dés lors, pas engagé sa responsabilité au titre de ce texte ; 9 Doi il suit que le moyen, irrecevable en tant qu'il conceme la société Vannucci, n'est pas fondé pour Je surplus ; Et attendu qu'il n'y a pas lieu de statuer par une décision spécialement motivée sur le premier moyen, pris en sa premiére branche, ni sur les troisiéme et quatriéme moyens qui ne sont manifestement pas de nature & entrainer la cassation ; PAR CES MOTIFS. REJETTE le pourvoi ; 10 Cour de cassation, Chambre commerciale Audience publique du 22 mars 2011, n° de pourvoi : 09-72.426 LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu I'arrét suivant Sur le moyen unique ‘Attendu, selon V'arrt attaqueé (Bourges, 24 septembre 2005), que la société Alternagro, spécialisée dans le commerce aliments pour le bétail, a allégué que la société du Haut Verneuil, par trois appels téléphoniques en date des 5, 12 et 23 novembre 2007, lui aurait passé trois commandes daliments pour le bétail pour des montants respectifs hors taxe de 1 696,80 euros, 1 702,40 euros et 1 696,80 euros ; que, par ordonnance du 13 mai 2008, le président du tibunal a enjoint & la société du Haut Verneuil de payer & la société Alternagro la somme de 5 376,72 euros ; que, sur opposition, le tribunal, réformant l'ordonnance, a rejeté la demande de la société Altemnagro ; Attendu que la société du Haut Verneuil fait grief & 'arrét de lavoir condamnée a payer a la société Alternagro la somme de 5 376,27 euros, alors, selon le moyen 1°/ quil résulte de Varticle 1315 du code civil, que nul ne peut se constituer une preuve a soi-méme ; que cette régle doit recevoir application toutes les fois que la preuve d'un acte juridique mest pas imputable & celui auquel on oppose ; quil doit en aller ainsi méme lorsque le demandeur fonde sa prétention sur des documents qui n'émanent pas de lui mais de son propre sous-traitant ; que pour condamner lari duu Haut Verneuil & payer la somme de 5 376,27 euros a la Sa Altemagro, la cour dappel s'est fondée sur les bons de commandes adressés par la Sa Altermagro 4 son mandataire, la société agricole du Vexin Normand, ainsi que sur des bons de fabrication et de livraisons établis par la société Agricole du Vexin Normand ; qu‘en statuant ainsi, a cour d'appel a violé le texte susvisé ; 2°F que larticle 1315 du code civil, impose & celui qui se prévaut d'une obligation den rapporter la preuve ; que le simple silence opposé 8 Vaffirmation d'un fait ne vaut pas en lui-méme, reconnaissance de ce fait ; que pour reconnaitre Vexistence des trois ventes, la cour dappel s'est fondée sur Tabsence de contestation de la part de I Earl ‘du Haut Verneuil dans sa lettre adressée a la Sa Alternagro ; qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a inversé la charge de la preuve et violé le texte susvisé ; 3°/ que selon Vaticle 1341 du code civil, la preuve d'un acte juridique conclu aprés le ler janvier 2005, d'une valeur supérieure 8 1 500 euros, doit étre rapportée par écrit; qu‘en outre, cet écrit doit répondre a la formalité du double original de larticle 1325 du code civil, lorsque Tacte juridique est un contrat synallagmatique ; que selon Vaticle L. 110-3 du code de commerce, ces régles s‘appliquent dans les actes mixtes lorsque c'est la partie commercante qui entend prouver contre la partie non commergante ; que si la société anonyme est effectivement une société commerciale par la forme, Varticle L. 324-1 du code rural fait de Earl une société civile ; que dés lors, lorsqui'une société anonyme entend rapporter la preuve dun acte juridique d'une valeur supérieure & 1 500 euros & lencontre une Earl, seul l'écrit est admissible ; que pour faire droit 3 la demande de la Sa Alternagro et condamner Earl du Haut Verneuil a payer 8 celle-ci la somme de 5 376,27 euros, la cour d'appel stest fondée sur des éléments qui ne ‘constituent pas des écrits, mais qui s'apparentent, au mieux, 8 un aveu extrajudiciaire ; qu‘en statuant ainsi, la cour appel a violé Varticle 1341 du code civil, ensemble les articles L. 110-3 du code de commerce et L. 324-1 du code rural ; Mais attendu, en premier lieu, que c'est dans Vexercice de son pouvoir souverain d'appréciation des éléments de preuve qui lui étaient soumis et sans se fonder exclusivement sur des pieces émanant de la société Altemnagro que la ‘cour d'appel a statué comme ele a fait; 14 Et attendu, en second lieu, qu‘ayant relevé que les trois commandes litigieuses invoquées par la société Alternagro a Fencontre de la société du Haut Verneuil portaient sur des ventes d'aliments pour le bétail. la cour d'appel, usant de son pouvoir souverain dappréciation de l'impossibilité morale de se procurer une preuve littérale de l'acte juridique résultant de l'usage en matiére agricole qui autorise les parties & conclure verbalement les ventes daliments pour le bétail, a estimé que ces commands pouvaient étre faites par téléphone et ne pas étre concrétisées par un écrit daté et signé parle client, la société du Haut Verneuil ; Dio’ il suit que le moyen ne peut étre accueilli en aucune de ses branches ; PAR CES MOTIFS REJETTE le pourvoi ; 12 Cour de cassation, Chambre commerciale Audience publique du mardi 9 janvier 2001, n° de pourvoi : 7-22.212 REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu ’arrét suivant : Sur les deux moyens réunis : Attendu, selon l'arrét déféré (Bastia, 21 octobre 1997), que la société Mimi transports ayant été mise en redressement judiciaire, le tribunal de commerce de Bastia a, par jugement du 24 octobre 1995, ayant acquis force de chose jugée, arrété le plan de redressement de cette société par cession de son entreprise au profit des sociétés Méditerranée poids lourds et Furiani-transports (les cessionnaires) et a nommé M. de Moro Giafferi commissaire & l'exécution du plan ; que par requéte, celui-ci a demandé au tribunal d'interpréter sa décision en disant si le prix de cession du parc de véhicules doit Sentendre hors taxes ou toutes taxes comprises ; Attendu que les cessionnaires reprochent Varr@t d'avoir dit que le prix de cession de I'entreprise, arrété 4 1 400 000 francs, s'entendait hors taxes, alors, selon le moyen 1° que, sauf convention expresse contraire, le paiement de la TVA, qui n'est pas un accessoire du prix, incombe au vendeur ; qu’en l'état de motifs d'oi il ressortait qu'une telle convention n’avait pas G16 stipulée en espace, les juges du fond ne pouvaient mettre la TVA & la charge des repreneurs ; que l'arrét a violé l'article 1593 du Code civil, par fausse application ; 2° qu'en absence de convention contraire, la charge de la TVA pése sur le vendeur et que le prix stipulé stentend toutes taxes comprises ; qu‘en Fespace, Voffre de rachat faite par les cessionnaires et entérinée par le tribunal était de 1 400 000 francs, ce prix comprenant la TVA, faute de précision ; quiaucune convention contraire niavait été stipulée et que I'intention des parties de déroger a cette régle ne pouvait résulter d'une mention contenue dans le rapport d'un expert, lequel n'était pas partie a la convention ; qu'en se fondant sur ce rapport pour décider que le prix de 1 400 000 francs était hors taxes, l'arrét a violé l'article 1134 du Code civil ; Mais attendu que, procédant & l'interprétation nécessaire de offre de cession qui ne portait pas la mention hors taxes ou toutes taxes, larrét retient que, selon un usage constant entre commercants, les prix s'entendent hors taxes, sauf convention contraire ; quien l'état de ces seules appréciations, la cour d'appel a légalement justifié sa décision ; que le moyen ne peut étre accueilli en aucune de ses branches ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi 13 Cour de cassation, chambre commerciale Audience publique du mardi 9 janvier 2001, n° de pourvoi : 97-22.668 REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS Attendu, selon 'arrét déféré (Bordeaux, 14 octobre 1997), que la société Prépostéve (la société) a confié M. X... la fabrication et la mise au point de filiéres constituant loutillage nécessaire a la fabrication de profilés ainsi que des profilés, a partir de ces filiéres ; que M. X... ayant assigné la société en paiement de factures, celle-ci a demandé que M. X... soit condamné a lui restituer les éres et & lui payer des dommages-intéréts ; que la cour d'appel, retenant que la société n’était pas propriétaire des filiéres, a rejeté ces demandes ; Sur le premier moyen, pris en ses deux branches : Attendu que la société reproche a l'arrét d'avoir dit qu'elle ne pouvait se prévaloir de la propriété des filigres alors, selon le moyen 1° que les conventions légalement formées tiennent lieu de loi A ceux qui les ont faites et obligent toutes les suites que l’équité, 'usage ou la loi donnent a obligation selon sa nature ; qu'en affirmant quil est d'usage, dans la profession de fileur d'aluminium, que les filidres restent la propriété du fabricant, sans constater cependant que les parties avaient entendu expressément adopter I'usage considéré, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 1134 et 1135 du Code civil ; 2° qu'en toute hypothése, la seule constatation selon laquelle les filiéres restent en général la propriété du fabricant ne pouvait faire échec 4 un éventuel accord contractuel passé entre le fabricant et son client sur la vente de ces filigres ; qu'en statuant comme elle a fait sans rechercher, comme il lui était demandé si la création ou la fabrication des filiéres litigieuses n'avait pas été facturée par M. X... a la société qui en était devenue propriétaire aprés réglement des factures correspondantes, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 1134 et 1582 du Code civil ; Mais attendu que Varrét constate que la société Préposréve commercialise des produits profilés et quelle a confié 4 M. X... la mise au point de " filiéres " constituant V'outillage nécessaire 8 la fabrication de profilés ; qu’en l'état de ces constatations, dont il résulte que les deux parties au contrat étaient des professionnels exergant dans le méme secteur dactivité, la cour dappel, qui n’était pas tenue d'effectuer la recherche inopérante dont fait état la seconde branche, a fait une exacte application des textes visés dans la premidre branche du moyen en décidant, aprés avoir relevé que les filigres en cause constituaient un outil qui, selon les usages établis par les attestations de la Chambre des métiers de la Gironde et du Groupement des lamineurs et fileurs d'aluminium, demeure la propriété du fabricant, que la société ne peut se prévaloir de la propriété des filiéres ; que le moyen n'est pas fondé ; Sur le second moyen, pris en ses trois branches : (Publication sans intérét) ; PAR CES MOTIES : REJETTE le pourvoi 14 Cour de cassation, Premiére chambre civile Audience publique du 30 septembre 2020, n° de pourvoi : 18-19.241 Faits et procédure 1, Selon ’arrét attaqué (Versailles, 15 février 2018), Q... Y... est décédé en Espagne le [...], en l'état @un testament authentique du 16 novembre 2006, instituant pour héritiers, chacun pour un tiers, son fils W..., sa fille L..., et ses deux petits-fils S... et H..., et désignant M. B..., notaire, en qualité d’exécuteur testamentaire. 2. Faisant grief a son frére d’avoir dilapidé 1a fortune familiale et & M. B... d’avoir engagé sa responsabilité professionnelle, Mme Y... les a assignés, le 5 juin 2014, devant le tribunal de grande instance de Nanterre. 3. Le 30 décembre 2015, elle a également assigné en responsabilité devant ce tribunal la société d’avocats espagnole PWC Landwell-PricewaterhouseCoopers Tax & Legal Services (la société PWC), a laquelle elle avait donné mandat, aux termes de deux offres de services des 28 novembre 2008 et 20 juin 2010, de la conseiller dans les opérations de succession de son pare ouvertes en Espagne. 4, La société PWCa décliné, a titre principal, la compétence de la juridiction étatique, sur le fondement d'une clause compromissoire stipulée aux contrats, et, subsidiairement, celle des juridictions frangaises Examen des moyens Sur le second moyen, pris en sa troisiame branche, ci-aprés annexé 5. En application de I’article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n’y a pas lieu de statuer par une décision spécialement motivée sur ce grief qui n’est manifestement pas de nature entrainer la cassation. Sur le premier moyen, pris en sa premidre branche Enoncé du moyen 6, La société PWC fait grief & l'arrét d’écarter l’application de la clause compromissoire en raison de son caractére abusif et de dire la juridiction étatique frangaise compétente, alors « qu’en vertu du principe compétence-compétence, il appartient 4 Parbitre de statuer, par priorité, sur sa propre competence, le juge étatique étant sans pouvoir pour le faire, sauf nullité ou inapplicabilité manifeste de la clause d’arbitrage ; que l’appréciation du caractére abusif d’une clause d’arbitrage au sens de la directive n° 93/13 CEE du 5 avril 1993 suppose un examen par le juge des conditions dans lesquelles la clause a été négociée et conclue, incompatible en tant que tel avec la constatation de son caractére manifestement nul ou inapplicable ; qu’il en résulte que le juge étatique saisi d’un litige opposant des parties liées par une clause compromissoire ne peut retenir sa compétence aprés avoir statué lui-méme sur le caractére abusif prété a la clause, cet examen relevant de la seule compétence de Varbitre ; qu’en écartant application de la clause d’arbitrage insérée au contrat liant les parties, et en retenant la compétence du juge étatique, au prétexte qu’elle serait manifestement abusive, aprés avoir cependant procédé & un examen de son applicabilité incompatible avec office du juge étatique et relevant de la seule compétence de l’arbitre, la cour d’appel a méconnu le principe susvisé, ensemble article 1448 du code de procédure civile. » 15 Réponse de la Cour 7. Larticle 6, § 1, de la directive 93/13/CEE du Conseil du 5 avril 1993, concernant les clauses abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs, dispose : «Les Etats membres prévoient que les clauses abusives figurant dans un contrat conclu avec un consommateur par un professionnel ne lient pas les consommateurs, dans les conditions fixées par leurs droits nationaux, et que le contrat restera contraignant pour les parties selon les mémes termes, s'il peut subsister sans les clauses abusives. » 8, Selon la jurisprudence de la Cour de justice de I’Union européenne, étant donné la nature et Vimportance de Vintérét public sur lequel repose la protection que la directive 93/13 assure aux consommateurs, Particle 6 de celle-ci doit étre considéré comme une norme équivalente aux régles nationales qui occupent, au sein de l’ordre juridique interne, le rang de normes d’ordre public (arrét du 20 septembre 2018, OTP Bank et OTP Faktoring, C-51/17, point 89). 9. Compte tenu, également, de la nature et de importance de lintérét public que constitue la protection des consommateurs, la directive 93/13 impose aux Etats membres, ainsi que cela ressort de son article 7, § 1, lu en combinaison avec son vingt-quatriéme considérant, de prévoir des moyens adéquats et efficaces afin de faire cesser utilisation des clauses abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs par un professionnel (arréts du 30 avril 2014, Kasler et Kaslerné Rébai, C- 26/13, point 78, ainsi que du 21 décembre 2016, T... P... e.a., C-154/15, C-307/15 et C-308/15, point 56). 10. Au nombre des moyens adéquats et efficaces devant garantir aux consommateurs un droit & un recours effectif doit figurer la possibilité d’introduire un recours ou de former opposition dans des conditions procédurales raisonnables, de sorte que l’exercice de leurs droits ne soit pas soumis a des conditions, notamment de délais ou de frais, qui amenuisent exercice des droits garantis par la directive 93/13 (arrét du 21 avril 2016, Radlinger et Radlingerova, C-377/14, point 46). 11. Selon la Cour de justice, en |’absence de réglementation communautaire en la matiére, les modalités procédurales visant & assurer la sauvegarde des droits que les justiciables tirent du droit communautaire relevent de l’ordre juridique interne de chaque Etat membre en vertu du principe de Pautonomie procédurale des Etats membres, & condition toutefois qu’elles ne soient pas moins favorables que celles régissant des situations similaires de nature interne (principe d’équivalence) et qu’elles ne rendent pas impossible en pratique ou excessivement difficile Vexercice des droits conférés par V’ordre juridique communautaire (principe d’effectivité) (CICE, 26 octobre 2006, N... E..., C-168/05, point 24, CJCE 16 mai 2000, Preston e.a., C-78/98, point 31, et 19 septembre 2006, Germany et Arcor, C-392/04 et C-422/04, point 57), 12. 11 résulte de Varticle 1448 du code de procédure civile, applicable 4 l’arbitrage international en vertu de article 1506 du méme code, sauf si les parties n’en sont autrement convenues, que lorsqu’un litige relevant d’une convention d’arbitrage est porté devant une juridiction de I’Etat, celle-ci se déclare incompétente sauf si le tribunal arbitral n’est pas encore saisi et si la convention d’arbitrage est manifestement nulle ou manifestement inapplicable. 13. La régle procédurale de priorité édictée par ce texte ne peut avoir pour effet de rendre impossible, ou excessivement difficile, l’exercice des droits conférés au consommateur par le droit communautaire que les juridictions nationales ont l’obligation de sauvegarder. 16 14. Dés lors, la cour d’appel qui, aprés en avoir examiné I’applicabilité, en tenant compte de tous les éléments de droit et de fait nécessaires dont elle disposait, a écarté la clause compromissoire en raison de son caractére abusif, a, sans méconnaitre les dispositions de l'article 1448 du code de procédure civile, accompli son office de juge étatique auquel il incombe d’assurer la pleine efficacité du droit communautaire de protection du consommateur. 15. Le moyen n’est donc pas fondé. Sur le premier moyen, pris en ses deuxiéme, troisiéme et quatriéme branches Enoncé du moyen 16. La société PWC fait le méme grief a l’arrét, alors « 2° / qu’une clause n’est présumée ne pas avoir fait I’objet d’une négociation individuelle, a charge pour le professionnel de rapporter la preuve contraire, que si elle est standardisée ; que, pour retenir que la clause d’arbitrage litigieuse était manifestement pré-rédigée et en déduire qu’il appartenait a la société Landwell-PWC Espagne de rapporter la preuve de l’existence d’une négociation individuelle, Ja cour d’appel s'est bomée a relever qu’elle était partiellement similaire, dans ses modalités, & la clause 4 arbitrage figurant dans les conditions générales de l’offre de services et & celle figurant dans Ja seconde offre de services conclue entre les parties ; qu’en statuant ainsi, sans rechercher s'il ne résultait pas de V’insertion de la clause litigieuse au sein d’une clause particuliére, spécialement rédigée pour les besoins de la prestation de services sollicitée par Mme Y..., et de sa rédaction en langue francaise, que la clause n’était pas standardisée au sens de l'article 3 de la directive n° 93/13 CEE du 5 avril 1993, de sorte qu’il n’appartenait pas a la société Landwell-PWC Espagne d’en démontrer le caractére individuellement négocié, la cour d’appel a privé sa décision de base légale au regard de ce texte ; 3°/ que n’est pas abusive la clause qui a fait l’objet d’une négociation individuelle ; qu’en se bornant & affirmer de maniére générale que compte tenu de sa situation personnelle, Mme Y... n’était pas en mesure de négocier dans un rapport équilibré les termes de la clause litigieuse et qu’il importait peu, & cet égard, qu’elle ait été assistée par un tiers dans les discussions relatives aux modalités d’intervention de la société Landwell-PWC Espagne, sans rechercher, ainsi qu’elle y était invitée, si au regard des compétences professionnelles de M. X..., comme de ses liens avec Mme Y..., assistance de ce dernier n’avait pas été de nature & conférer a celle-ci un réel pouvoir de discussion, Ja cour d’appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article 3 de la directive n? 93/13 CEE du 5 avril 1993 ; 4°/ que n’est pas abusive la clause qui a fait objet d’une négociation individuelle ; qu’en déduisant de la circonstance que Mme Y... ne maftrisait pas langue espagnole que celle-ci n’avait pu négocier la clause litigieuse, cependant que les échanges préalables & la conclusion du contrat avaient eu lieu en langue francaise et que l’offre de services qui lui avait été soumise était également, ce dont il résultait que 1a langue n’avait pu constituer un obstacle au pouvoir de négociation de Mme Y... , la cour d’appel, qui s’est prononcée en considération d’un élément impropre en l’espéce a exclure toute négociation individuelle, a privé sa décision de base légale au regard de l’article 3 de la directive n° 93/13 CEE du 5 avril 1993. » Réponse de la Cour Ww 17. Lrarrét constate, d’abord, qu’aucun des courriels échangés entre les parties antérieurement a la signature du contrat ne fait état du recours a une procédure arbitrale pour le réglement des différends. Il reléve, ensuite, que la clause compromissoire stipulée dans Voffre de services du 28 novembre 2008, rédigée en frangais, donnant compétence a la cour d’arbitrage civil et commercial de Madrid (CIMA) reprend les termes de Particle 15.2 des conditions générales en langue espagnole, et que la seconde offre de services du 22 juin 2010, ne comportant la méme clause que dans les conditions générales en langue espagnole, cet élément conforte le caractére standardisé d’une clause type dans les contrats rédigés par la société PWC. Il retient, enfin, que, résidant en France, ne maitrisant pas Vespagnol et désireuse de bénéficier en Espagne de conseils éclairés sur une succession complexe et litigieuse, Mme Y... n’était pas en mesure de négocier dans un rapport équilibré, les termes dune clause compromissoire pré-rédigée par la société cocontractante, peu important la présence, a ses un employé de banque. 18. En I’état de ces constations et appréciations souveraines, tenant compte de la nature des services prévus au contrat et de toutes les circonstances qui en ont entouré la conclusion, la cour d’appel quia estimé, sans inverser la charge la preuve, que la société PWC ne démontrait pas que la clause standardisée obligeant le client non-professionnel & saisir, en cas de différend, une juridiction arbitrale, avait fait ! objet d’ une négociation individuelle, a légalement justifié sa décision de ce chef. Sur le second moyen, pris en ses premiére, deuxiéme, quatriéme a septiéme branches Enoncé du moyen 19, La société PWC fait grief a arrét de rejeter exception d’incompétence des juridictions frangaises et de renvoyer les parties devant le tribunal déja saisi, alors : « 1°/ que les dispositions de l'article 17, 1), c, du réglement (UE) n° 1215/2012 du 12 décembre 2012 sont inapplicables au contrat de prestation de services juridiques conclu par une personne avec un avocat ; qu’en retenant, sur ce fondement, la compétence des juridictions frangaises du domicile de Mme ¥... pour connaitre du litige l'opposant & société Landwell-PWG Espagne, société d’avocats exclusivement inscrits 8 un barreau en Espagne, dans le cadre du contrat de prestation de services juridiques conclu entre elles, la cour d’appel a violé le texte susvisé ; 2°/ que le professionnel n’est considéré comme dirigeant son activité vers I’Etat membre ot est domicilié le consommateur avec lequel il a conclu un contrat que si sa volonté d’établir des relations commerciales avec les consommateurs d’un ou de plusieurs autres Etats membres, au nombre desquels figure celui sur le territoire duquel le consommateur a son domicile, est caractérisée ; que cette volonté ne peut étre établie qu’au terme d’une appréciation concréte et globale de l’activité du professionnel ; qu’en se bornant en l’espéce & déduire de l’appartenance de la société Landwell-PWG Espagne, en tant que franchisé, un réseau mondial d’entités de cabinets d’avocats indépendants et autonomes, que celle-ci dirigeait son activité vers plusieurs Etats membres dont la France, la cour @appel, qui s’est prononcée par un motif impropre a caractériser sa volonté d’établir des relations commerciales avec les consommateurs domiciliés dans d’autres Etats membres, a privé sa décision de base légale au regard des articles 17 et 18 du réglement n° 1215/2012 du 12 décembre 2012 ; 4°/ que si la mention selon laquelle le professionnel offre ses services ou ses biens dans un ou plusieurs Etats membres nommément désignés, la nature internationale de son activité ou la mention dune clientéle internationale composée de clients domiciliés dans différents Etats membres peuvent constituer des indices de la volonté d’établir des relations commerciales avec les consommateurs d'un 18 ou de plusieurs autres Etats membres, le juge doit procéder a une appréciation globale et concréte de son activité ; qu’en se fondant en lespéce sur la seule mention, figurant sur le site internet de la société Landwell-PWC Espagne, présentant le réseau « PWC Tax & Legal services » comme le principal consultant juridique et fiscal dans le monde, pour en déduire que la société Landwell-PWC Espagne exercerait ses activités dans des Etats étrangers, sans s’expliquer, ainsi qu’elle y été invitée, sur la circonstance qu’en sa qualité de société d’avocats inscrits a un barreau en Espagne seulement, elle n’exergait ses activités que dans le seul ressort territorial de I’Espagne, la cour d’appel a privé sa decision de base légale au regard des articles 17 et 18 du réglement n° 1215/2012 du 12 décembre 2012 5°/ que le juge doit caractériser la volonté du professionnel d’établir des relations commerciales avec les consommateurs d’un ou de plusieurs autres tats membres en procédant a une appréciation globale et concréte de son activité ; qu’en se bornant a relever que le site internet de la société Landwell-PWG Espagne mentionnait un préfixe international et présentait le réseau « PWC Tax & Legal services » comme le principal consultant juridique et fiscal dans le monde, pour en déduire que le professionnel démarchait une clientéle étrangére et exercait ses activités dans des Etats étrangers, cependant que ces circonstances étaient insuffisantes pour établir 4 elles seules, que la société Landwell-PWC Espagne dirigeait ses activités vers d’autres Etats membres, la cour d’appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 17 et 18 du réglement n° 1215/2012 du 12 décembre 2012 ; 6*/ que pour fonder la compétence dérogatoire des juridictions de I’Etat du domicile du consommateur, le juge doit caractériser la volonté du professionnel de diriger ses activités vers cet Etat en particulier ; que cette constatation ne peut résulter d’éléments de communication étrangers au professionnel concerné et établis postérieurement la conclusion du contrat litigieux ; qu’en se fondant en espace sur la circonstance que la société Landwell-PWG Espagne offrait les services d’un avocat francais se présentant comme spécialiste des relations hispano-frangaises, cependant que cette présentation, tirée du curriculum-vitae personnel de M.A... établi aprés qu’il eut quitté la société Landwell-PWC Espagne et postérieurement a la seconde offre de services conclue avec Mme ¥... le 22 juin 2010, était insusceptible de caractériser la communication faite par la société Landwell-PWC Espagne elle-méme préalablement a la conclusion du contrat litigieux et, partant, sa volonté de démarcher, a cette époque, une clientéle domiciliée en France, la cour d’appel a statué par des motifs inopérants et privé sa décision de base légale au regard des articles 17 et 18 du réglement n° 1215/2012 du 12 décembre 2012 ; 7°/ qu’enfin, pour fonder la compétence dérogatoire des juridictions de P’Etat du domicile du consommateur, le juge doit caractériser 1a volonté du professionnel de diriger ses activités vers cet Etat en particulier ; qu’en retenant que la société Landwell-PWC Espagne bénéficie de membres en France oii ces derniers exercent leur activité, sans rechercher si les sociétés membres du réseau «PWC Tax & Legal services » exercant leur activité en France sont des personnes juridiques autonomes et distinctes de la société Landwell-PWC Espagne, la cour d’appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 17 et 18 du réglement n° 1215/2012 du 12 décembre 2012. » Réponse de la Cour 20. Aux termes de l'article 18, § 1, du réglement (UE) n° 1215/2012 du Parlement européen et du Conseil du 12 décembre 2012 concemant la compétence judiciaire, la reconnaissance et I’exécution des décisions en matiére civile et commerciale, I’action intentée par un consommateur contre l’autre partie au contrat peut étre portée soit devant les juridictions de I’Etat membre sur le territoire duquel est domiciliée cette partie, soit, que! que soit le domicile de l’autre partie, devant la juridiction du lieu oii le consommateur est domicilié. 19 21, Selon Particle 17, § 1, ces dispositions déterminent la compétence lorsque le contrat a été conclu avec une personne qui exerce des activités commerciales ou professionnelles dans I’Etat membre sur le territoire duquel le consommateur a son domicile ou qui, par tout moyen, dirige ces activités vers cet Etat membre ou vers plusieurs Etats, dont cet Etat membre, et que le contrat entre dans le cadre de ces activités. 22. Il résulte de la jurisprudence de la Cour de justice que les dispositions des articles 17 8 19 du réglement n° 1215/2012 régissant la compétence en matiére de contrats conclus par les consommateurs s’appliquent & tous les types de contrats, excepté celui précisé a ’article 17, § 3, de ce reglement (CJUE, 3 octobre 2019, I... K..., C-208/18, point 48 ; 2 mai 2019, Pillar Securitisation, C- 694/17, point 42), de sorte que les contrats de prestation de services juridiques entrent dans leur champ d’application, 23. Apris avoir constaté que la société PWC est une société de droit espagnol, l'arrét reléve, par motifs propres et adoptés, qu’elle appartient a un réseau international d’entités d’avocats qui exercent leurs services professionnels sous la marque « PWC » et qu’elle est membre de la société de droit anglais Pricewaterhouse Coopers International limited. Il retient, ensuite, que celle-ci indique sur son site Internet le préfixe international de son numéro d’appel de I’étranger et présente son service juridique PWC Tax & Legal services comme étant le principal consultant juridique et fiscal dans le monde, présent dans des centaines de marchés, tant nationaux qu’internationaux. Il ajoute, enfin, que celle-ci offre 4 sa clientéle les services d’avocats francais, dont celui qui, se présentant comme spécialiste des relations hispano-frangaises, a été le co-signataire de l’offre de services adressée Mme Y.. 24. En Vétat de ces énonciations et constatations faisant ressortir que la société davocats PWC dirigeait son activité professionnelle au-dela de la sphére territoriale de son barreau de rattachement, en proposant ses services une clientéle internationale, domiciliée notamment en France, de sorte qu’en sa qualité de consommateur, Mme Y... , domiciliée en France, pouvait porter son action devant les juridictions francaises, la cour d’appel a légalement justifié sa décision, PAR CES MOTIFS, la Cour : REJETTE le pourvoi ; 20 Cour de cassation, Premiére chambre civile Audience publique du 13 mai 2020, n° de pourvoi : 18-25.966 Faits et procédure 1, Selon V'arrét attaqué (Colmar, 21 novembre 2018), rendu sur renvoi aprés cassation (Ire Civ., 28 septembre 2016, pourvoi n° 15-20.938), et les productions, par acte sous seing privé du 28 février 2005 stipulant une clause compromissoire, la société Boulangerie S... (la société S...) a cédé a la société Kimmolux mille six cent quatre-vingt-six actions qu’elle détenait dans le capital de la société ‘Au Bon pain de France (la société Au Bon pain). 2. Suivant un second acte sous seing privé du méme jour, la SCI Les Moines (la SCI) a vendu a la société Kimmolux un immeuble a usage industriel et commercial donné a bail a la société Au Bon pain. 3. L’article 4 du contrat de cession d’ actions stipulait que la non-réalisation de la vente, si elle était du fait exclusif du cédant, entrainerait la résiliation de la cession des actions de la société Au Bon pain et que le montant payé a ce titre serait remboursé intégralement, augmenté des intéréts au taux Iégal en vigueur. 4, L’acte de vente n’ayant pas été suivi d’un acte authentique dans le délai de six mois & compter de sa conclusion, exigé par l'article 42 de la loi du Ler juin 1924, dans sa rédaction issue de la loi n° 2002- 306 du 4 mars 2002, la société Kimmolux a assigné la société S... et la SCI devant le tribunal de grande instance de Sarreguemines en annulation de la convention de cession d’actions et en paiement de certaines sommes. Examen du moyen Sur le moyen unique, pris en ses deuxiéme et troisiéme branches, ci-aprés annexé 5. En application de l'article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n’y a pas lieu de statuer par une décision spécialement motivée sur ces griefs q manifestement pas de nature & entrainer la cassation. Mais sur la premiére branche Enoncé du moyen ispositions qui gouvernent les exceptions de procédure r Bite, en relevant que le moyen tiré de l’existence d'une clause compromissoire n’avait pas a 3 6 in limine litis, dés lors qu’il constituait une fin de non-recevoir, la cour a violé les articles 73, et 123 du code de procédure civile. » Réponse de la Cour Vu Varticle 74 du code de procédure civile : 24 7. Lrexception tirée de existence d’une clause compromissoire est régie par les dispositions qui gouvernent les exceptions de procédure. 8. Pour déclarer irrecevables les demandes de la société Kimmolux, I'arrét retient que le moyen tiré de Vexistence d’une clause compromissoire constitue une fin de non-recevoir, le défaut de saisine préalable dune juridiction arbitrale faisant échec & celle d’une juridiction étatique, et non une exception d’incompétence entrant dans le champ d’application des articles 74 et 75 du code de procédure civile, les juridictions étatiques ne pouvant se déclarer incompétentes au profit d’une juridiction arbitrale et qu’en conséquence, il n’a pas étre soulevé in limine litis, 9, En statuant ainsi, la cour d’appel a violé le texte susvisé. PAR CES MOTIES, la Cour : CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, |’arrét rendu le 21 novembre 2018, entre les parties, par la cour d’appel de Colmar ; Remet l’affaire et les parties dans I’état oii elles se trouvaient avant cet arrét et les renvoie devant la cour d’appel de Nancy ; 22 Audience publique du 14 novembre 2018, n° de pourvoi: 16-26115, Attendu, selon larrét attaqué, rendu sur contredit, que la société responsabilité limitée Fresh delices (la société Fresh delices), anciennement dénommée Le Portable télécom, ayant pour gérante Mme Stéphanie X..., 6pouse Y... (Mme Y...), a 6té lige, entre mars 2001 et mars 2005, a la Société frangaise de radiotéléphone (la saciété SFR) par des contrats de partenariat et de distribution ; qu’a partir de mars 2007, un litige prud'homal a opposé la société SFR a Mme Y..., cette demniére sollicitant la requalification des contrats de partenariat et de distribution en contrats de travail ; que la société SFR a été condamnée 4 payer 4 Mme Y... diverses sommes au titre d'indemnités de licenciement et de rupture sans cause réelle et sérieuse ; qu'au cours de la procédure prud'homale, la société SFR a assigné la société Fresh delices devant le tribunal de commerce afin qu'il soit statué sur les conséquences de la décision prudhomale sur lexécution des contrats de partenariat et de distribution ; qu’aprés la liquidation amiable de la société Fresh delices, la société SFR, reprochant & Mme ¥... d’@ire 4 lorigine du préjudice que lui avait causé Vinexécution par la société Le Portable télécom de ses obligations contractuelles et, 8 Mme Yvette X... (Mme X...), nommeée liquidateur, davoir commis une faute dans exercice de ses fonctions, les a assignées devant le tribunal de commerce de Paris, lequel a rejeté l'exception d'incompétence soulevée par Mmes Y... et X... ; que ces derniéres ont formé un contredit ; Sur le premier moyen : Vu l'article L. 721-3 du code de commerce ; Attendu que pour accueillir le contredit, l'arrét retient que l'action de la société SFR dirigée contre Mme ¥... reléve de la juridiction civile dés lors qu'elle n'a pas la qualité de commergante et que les faits qui lui sont reprochés ne constituent pas des actes de commerce ni ne se rattachent a la gestion de la société par un lien direct Queen statuant ainsi, alors que les manquements commis par le gérant d'une société commerciale a occasion de l'exécution d'un contrat se rattachent par un lien direct la gestion de celle-ci, peu important que le gérant n’ait pas la qualité de commergant ou ait pas accompli d'actes de commerce, Ja cour dappel a violé le texte susvisé ; Et sur le second moyen : ‘Vu l'article L. 721-3 du code de commerce ; ‘Attendu que pour retenir la compétence de la juridiction civile, Y'arr@t énonce, que, bien que action en responsabilité dirigée contre le liquidateur soit régie par l'article L. 237-12 du code de commerce, Je liquidateur n'a pas la qualité de commergant et n’accomplit pas des actes de commerce ; intérét social et réalise des le, la cour d'appel a violé le Qu'en statuant ainsi, alors que le liquidateur, comme le gérant, agit dans opérations se rattachant directement & la gestion de la société commerc texte susvisé ; Et vu l'article 627 du code de procédure civile, dont l'application est proposée par la demanderesse ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrét rendu le 20 septembre 2016, entre les parties, par la cour d'appel de Paris ; DIT n'y avoir lieu a renvoi ; DIT le contredit mal fondé et le rejette ; 23 Cour de cassation, chambre commerciale Audience publique du mardi 6 décembre 2016, n° de pourvoi: 5-16577 REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANGAIS LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu l'arrét suivant Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrét attaqué, rendu en matiére de contredit, (Paris, 17 mars 2015), que MM. X... et Y... ont cédé, avec les autres actionnaires, la totalité des parts formant le capital social de la société Aliasource a la société Linagora ; que prétendant quils avaient violé les engagements de non- concurrence stipulés & leur charge dans l'acte de cession, la société Linagora a assigné MM. X... et Y.. en restitution du prix de cession et de la valeur des droits sociaux cédés ainsi qu’en réparation de son préjudice devant le tribunal de commerce de Paris, conformément a la clause attributive de compétence convenue ; que MM. X... et Y... ont soulevé l'incompétence de ce tribunal au profit du tribunal de commerce de Toulouse, en contestant l'application de la clause attributive de compétence, faute par eux d'avoir la qualité de commercants ; Auendu que MM. X... et Y... font grief a 'arrét de dire leur contredit mal fondé et de renvoyer I'affaire devant le tribunal de commerce de Paris alors, selon le moyen : 1°/ que sont commergants ceux qui exercent des actes de commerce et en font leur profession habituelle ; que MM. X... et Y... faisaient valoir qu'associés de la société Aliasource, ils ne faisaient pas de facon usuelle des actes de commerce et que la seule cession d'actions de leur société a la société Linagora ne pouvait en aucun cas suffire leur conférer la qualité de commergant, écartant ainsi le jeu de l'article 48 du code de procédure civile, et quien absence de leur qualité de commergants, la clause d'attribution de compétence territoriale était réputée non écrite ; qu’en relevant, pour retenir que MM. X... et Y... avaient la qualité de commergants et que la clause attributive de compétence territoriale était done valable, qu’ils avaient créé la société Aliacom, devenue Aliasource, société commerciale ayant comme activité principale la prestation de services informatiques et quills étaient les « garants » et « les hommes clés de la société » Aliasource, dont le président directeur général était M. X..., la cour d'appel, qui a statué par des motifs inopérants, insuffisants a établir leur qualité de commercants, a privé sa décision de base légale au regard de l'article L. 121-1 du code de commerce ; 2°/ que les juges ne peuvent metire a la charge d'une partie la preuve d'un fait négatif ; que MM. X. et Y... soutenaient quils n'avaient pas la qualité de commergants car ils ne faisaient pas, de fagon usuelle, des actes de commerce ; qu’en retenant que ceux-ci n’établissaient pas quiils ne participaient pas 4 exploitation de I'entreprise, la cour dappel, quia mis & leur charge la preuve d'un fait négatif impossible a rapporter, a violé Varticle 1315 du code civil ; 3°/ que MM. X... et Y... ayant contesté avoir la qualité de commercants, c'était & la société Linagora quil incombait de rapporter la preuve de cette qualité ; qu'en mettant a leur charge la preuve de ce 24 quils ne participaient pas a l'exploitation de l'entreprise, la cour d'appel a interverti la charge de la preuve et violé l'article 1315 du code civil Mais attendu, en premier lieu, que 'arrét reléve que la cession, qui confére le controle de la société Aliasource a la société Linagora, constitue un acte de commerce ; qu'il constate que MM. X... et Y. ont créé la société commerciale Aliasource, ayant pour principale activité la prestation de services informatiques, sont désignés dans le protocole de cession comme les " garants " notamment du passif et comme les " hommes clés " de celle-ci, et participent a |'exploitation de cette entreprise a titre professionnel, pour en déduire que, se livrant de manigre habituelle a des actes de commerce, ils ont la qualité de commercants ; qu'en l'état de ces constatations et appréciations, la cour d'appel a légalement justifié sa décision ; Et attendu, en second lieu, que c'est sans inverser la charge de la preuve incombant & MM. X... et Y... demandeurs au contredit, ni leur imposer la preuve d'un fait négatif, que la cour d'appel a constaté quils ne prétendaient pas ne pas avoir participé a 'exploitation de l'entreprise ; Dioi il suit que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches PAR CES MOTIFS REJETTE le pourvoi ; Condamne MM. X... et Y... aux dépens ; 25 Cour de cassation , Chambre commerciale Audience publique du mardi 10 juillet 2007, n° de pourvoi: 06-16548 REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS Sur le moyen unique: Attendu, selon l'arrét attaqué (Versailles, 27 avril 2006), rendu sur contredit, que M. Pierre X..., en son nom et en se portant fort des autres actionnaires, a cédé a la société AFAC la totalité des actions composant le capital de la société anonyme d'expertise comptable Cabinet Pierre X..., devenue la société X... et associés ; que la convention de cession comportait un engagement des cédants de Sinterdire pendant dix ans d'exercer aucune prestation de services auprés des clients ; que s'estimant victimes d'une violation de la clause de non-concurrence, la société X... et associés, ses dirigeants, M. ¥... et Mme Z..., et la société AFAC ont assigné M. Pierre X..., son épouse, Mme A... (M. et Mme X...) leur fils M. Hervé X... et les sociétés ABS entreprise, MAV consulting, Cabinet B... et M.B... devant le tribunal de commerce en paiement de dommages-intéréts ; que ceite juridiction a rejeté l'exception diincompétence en faveur du tribunal de grande instance ; Attendu que M. et Mme X... font grief a Varrét davoir confirmé le jugement du tribunal de commerce en ce qu'il s'est déclaré compétent pour connaitre des demandes formées par M. Y... et Mme Z.... alors, selon le moyen : 1°/ que les achats de meubles en vue de leur revente ne sont réputés actes de commerce au sens de Tarticle L. 110-1 du code de commerce que si lachat a été effectué a des fins spéculatives ; qu'en énongant que la seule cession des actions de la société dexpertise comptable X... et associés était réputée acte de commerce par application de ces dispositions, sans constater leur achat préalable dans un but spéculatif, 1a cour d'appel a violé le texte susvisé, ensemble les articles L. 411-4 et R. 311-1 du code de organisation judiciaire ; 2°/ que la cession d'action modifiant le contréle d'une société n'est assimilée a un acte de commerce que si elle couvre une cession d'un fonds de commerce ; que tel n'est pas le cas de la cession d'une société d'exercice d'une profession libérale a laquelle ne peut tre attaché aucun fonds de commerce ; qu’en estimant néanmoins que la cession de la société dexercice d'expertise comptable, profession libérale, devait étre assimilée 4 un acte de commerce, la cour dappel a violé les articles L. 411-4 3° et R. 311-1 du code de l'organisation judiciaire ; 3° que les litiges relatifs 4 un acte de commerce ne relévent de la compétence commerciale qu’ Végard des parties qui ont conclu ; en sorte qu‘en justifiant 1a compétence commerciale pour connaitre de 'action introduite par M. Y...et Mme Z..., par la seule circonstance inopérante quiils Gtaient co-demandeurs aux cdtés des sociétés signataires de lacte de cession de parts, la cour Gappel a violé derechef les textes susvisés ; 4°/ que les litiges relatifs a la cession de la totalité des parts sociales d'une société commerciale n'entrent dans le champ d'application de l'article L. 411-4 2° du code de organisation judiciaire que sis opposent les parties a l'acte de cession ; que par suite, vainement justifierait-on larrét par les dispositions de Varticle L, 411-4 2° dont la cour d'appel ne pouvait, sans les violer, faire application en présence d'un acte de cession auquel ni M. Y... et Mme Z.... n’étaient parties ; 26 Mais attendu qu'aux termes de Varticle L. 411-4 2° du code de l'organisation judiciaire, devenu Varticle L. 721-3 2° du code de commerce, les tribunaux de commerce connaissent des contestations relatives aux sociétés commerciales ; Attendu que selon les constatations de larrét, le litige qui oppose les cédants des actions d'une société anonyme aux dirigeants de la société cédée, porte sur la clause de non-concurrence contenue dans la convention de cession, ce dont il résulte qu'en application du texte précité, ce litige, né a Toccasion d'une cession de titres d'une société commerciale, reléve de la compétence du tribunal de commerce ; que par ces seuls motifs, abstraction faite de ceux critiqués par le moyen, l'arrét se trouve justifié ; que le moyen ne peut étre accueilli en aucune de ses branches ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi a7 Cass. com., 30 mars 2022, n° 20-11.776 Faits et procédure 1, Selon 'arrét attaqué (Montpellier, 22 octobre 2019), la SARL Vista, créée a parts égales entre, d'un été, la SARL LM investissement, ayant pour associé unique M. [K\]}, et, de l'autre, M. et Mme [E], détient la totaité des titres de la SARL Cleo et de la SAS Ocle, lesquelles exploitent chacune un fonds, de commerce d'optique et de lunetterie. 2. Ces deux demniéres sociétés avaient, respectiverent, pour gérant et président M. (E], lequel était par ailleurs lig, ainsi que son épouse, & la société Vista, ayant pour gérant M. [K], par un contrat de travail. 3, Le 18 mars 2015, par décisions de 'associé unique, M. [E] a été révoqué de ses deux mandats sociaux pour différents motifs liés & l'exercice d'une activité concurrente au sein d'une société A2M créée avec son épouse. Puis, le 28 mars 2015, M. et Mme [E] se sont vu notifier leur licenciement pour faite grave par la société Vista. 4, Le 29 septembre 2015, cette demiére a assigné la société A2M ainsi que M. et Mme [E] devant un tribunal de commerce en responsabilité sur le fondement de l'article 1382, devenu 1240, du code civil, ‘demandant leur condamnation solidaire au paiement de certaines sommes en réparation de divers détournements dont M. et Mme [E] se seraient rendus les auteurs au profit de la société A2M. M. [K] Examen du moyen Sur le moyen, pris en ses premidre, deuxiéme, troisiéme et quatriéme branches, ci-aprés annexé 5. En application de l'article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n'y a pas lieu de statuer par une décision spécialement motivée sur ce moyen qui n'est manifestement pas de nature a entrainer la cassation. Sur le moyen, pris en sa cinquiéme branche Enoneé du moyen 6, Mme [E] fait grief a Varrét de confirmer le jugement en ce quil a déclaré le tribunal de commerce ‘compétent pour connaitre du litige, alors « qu’en se fondant sur la seule circonstance que les sociétés Ocle et Cleo, filiales de la société Vista, reprochaient a Mme [E] de s'étre comportée en ditigeant de fait, pour écarter la compétence de la juridiction prud’homale, sans rechercher si elle s‘ait effectivement comportée en dirigeant de fait ou si elle avait agi dans le cadre de ses fonctions salariées, au sein de la société Vista, consistant & superviser la gestion des filiales de cette dernigre, la cour a privé sa décision de base légale au regard des articles L. 1221-1 et L. 1411-1 du code du travail. » Réponse de la Cour 7. Llarrét énonce que, bien que n'étant titulaire d'aucun mandat social au sein des sociétés Cleo et Ocle, Mme [E] ne prétend pas que ces sociétés ne peuvent agir en responsabilité 4 son encontre & raison des fautes de gestion qu’elle aurait commises en tant que dirigeante de fait. 8. Ayant, pour écarter l'exception d'incompétence dont elle était saisie, rappelé a bon droit que les tribunaux de commerce sont compétents pour connaitre des actions en responsabilité engagées par des sociétés commerciales contre leurs dirigeants de fait, la cour d'appel, qui n'a pas tenu pour établi que Mme [E] serait ditigeante de fait des socités Cleo et Ocle, une telle question ressortissant au bien- fondé de l'action dirigée contre elle et non a la compétence de la juridiction saisie pour en connaitre, a exactement retenu que le tribunal de commerce était compétent pour connaitre des demandes des sociétés Cleo et Ocle contre Mme [E]. 9, Le moyen n'est donc pas fondé. PAR CES MOTIFS, la Cour REJETTE le pourvol ; 29 Cass. com., 9 juin 2022, n° 20-23.509 Faits et procédure 1. Selon larrét attaqué (Versailles, 29 octobre 2020), la société Factofrance a conelu un contrat d'affacturage avec la société Européenne Food, le 14 mai 2009. 2. Dans 'exercice de sa mission, le mandataire ad hoc désigné le 10 juin 2013 par le président lun tribunal de commerce a, au cours du mois de juillet 2013, découvert existence d'un dispositif d'émission de fausses factures portant sur prés de 28 millions d'euros, dont 21 millions avaient, selon la société Factofrance, déja été financés. 3. Le 24 juillet 2013, la société Factofrance a suspendu le financement des créances remises par la société Européenne Food, puis I'a repris aprés avoir conclu avec cette société, le 25 juillet 2013, un accord, réitéré le 5 avait 2013, prévoyant la mise en place d'un méc: esting, notamment, a apurer sa dette de 21 millions deuros. 4, Les 25 septembre et 30 octobre 2013, le tribunal de commerce de Créteil a mis la société Européenne Food en redressement puis liquidation judiciaires, la société SMJ tant désignée en qualité de liquidateur. 5. Imputant a la société Factofrance une faute ayant causé 4 la collectivité des créanciers un préjudice équivalent a la totalité de l'insuffisance d'actif de la société Européenne Food, le liquidateur I’ assignée en responsabilité civile délictuelle, devant le tribunal de commerce de Nanterre. 6. La société Factofrance a soulevé l'incompétence territoriale de ce tribunal au profit du tribunal de commerce de Paris, en application de la clause attributive de compétence stipulée dans le contrat daffacturage et le protocole d'accord 7. M, [D] a été désigné liquidateur de la société Européenne Food, en remplacement de la société SMI. Examen du moyen Enoneé du moyen 8. Le liquidateur de la société Européenne Food fait grief larrét de déclarer le tribunal de commerce de Nanterre incompétent au profit du tribunal de commerce de Paris, en application de la clause attributive de compétence, alors « que, agissant au nom et dans lintérét collectif des créanciers, le liquidateur judiciaire, qui engage une action en responsabilité détictuelle en réparation du préjudice subi par l'ensemble des créanciers, n'est pas tenu par une clause attributive de compétence territoriale convenue entre le débiteur dessaisi et le défendeur 4 action ; que la société SMJ, en sa qualité de liquidateur judiciaire, exergait en l'espéce une action en responsabilité délictuelle en réparation des préjudices subis par l'ensemble des eréanciers de la société Européenne food du fait des agissements fautifs de la société Factofrance, qui, en instrumentalisant une procédure de mandat ad hoc pour réduire son encours, avait retardé louverture de la procédure collective en aggravant lnsufTisance d'actif, et annihilé toute possibilité de désintéressement des autres eréanciers ; qu‘en retenant que les clauses attributives de compétence territoriale insérées aux actes conclus entre les sociétés 30 Européenne food et Factofrance étaient applicables & cette action, au motif, inopérant, que les fautes invoquées contre la société Factofrance auraient été commises "dans le cadre" de ses “relations contractuelles” avec la société Européenne food, la cour d'appel a violé Varticle 48 du code de procédure civile, ensemble l'article 1165 du code civil, dans sa rédaction antérieure celle issue de l'ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016, et les articles L. 641-4 et L. 622-20, alinéa ler, du code de commerce. » Réponse de la Cour Vu les articles L. 622-20 et L. 641-4 du code de commerce, l'article 1165 du code civil, dans sa rédaction antérieure a celle issue de l'ordonnance du 10 février 2016, et l'article 48 du code de procédure civile 9, Lorsque le liquidateur agit contre un tiers au nom et dans Vintérét collectif des créanciers du débiteur mis en liquidation judiciaire, dans l'exercice du monopole que lui conférent les deux premiers textes susvisés, il résulte de la combinaison des deux deniers textes que la clause attributive de compétence stipulée dans un contrat conclu, avant louverture de la procédure collective, entre le débiteur et le tiers cocontractant ne lui est pas opposable. 10. Pour faire application de la clause attribuant compétence au tribunal de commerce de Paris, stipulée dans le contrat d'affacturage du 14 mai 2009 et le protocole d'accord du 5 aoiit 2013, conclus entre les sociétés Européenne Food et Factofrance, l'arrét retient que la circonstance que le liquidateur de la premigre société ait assigné la seconde sur le fondement de article 1240 du code civil n'est pas de nature a justifier que cette clause soit écartée, des Jors que les griefs invoqués par le liquidateur contre la société Factofrance tiennent & des fautes que celle-ci aurait commises dans le cadre des relations contractuelles existant entre les sociétés Factofrance et Européenne Food, notamment en dépassant le taux des retenues de garantie prévu par le contrat d'affacturage et en le faisant entériner par les accords des 25 juillet et 5 aoiit 2013. Il en déduit que, objet du litige étant relatif au comportement de la société Factofrance dans le cadre de 'application du contrat d'affacturage, amendé par le protocole daccord, la clause attributive de compétence doit recevoir application, méme si le liquidateur de la société Européenne Food n'y est pas partie. 1. En statuant ainsi, alors que, dans son assignation introductive d'instance comme dans ses conclusions d'appel, le liquidateur, qui agissait contre la société Factofrance sur le fondement de la responsabilité civile délictuelle, demandait le paiement de dommages-intéréts, correspondant atu montant de linsuffisance d'actif de la société Européenne Food, en se prévalant d'une faute commise par la société Factofrance au préjudice de la collectivité des erGanciers et consistant a avoir instrumentalisé et détourné de sa finalité la procédure de mandat ad hoc ouverte au profit de la société débitrice, afin de réduire son encours, ce qui avait retardé Fouverture de la procédure collective de la débitrice et, partant, privé ses eréanciers de la chance d’étre payés dans le cadre d'un plan de redressement, aggravé Tinsuffisance d'actif de la débitrice en diminuant le gage commun des créanciers, et créé une apparence trompeuse de solvabilité créatrice d'un passif nouveau, tous éléments desquels il ressort que, l'action du liquidateur étant exercée au nom et dans l'intérét collectif des eréanciers, tiers aux contrats contenant la clause attributive de compétence, celle-ci n'était pas opposable au liquidateur, la cour d'appel a violé les textes susvisés. Portée et conséquences de la cassation 34 12, Aprés avis donné aux parties, conformément a l'article 1015 du code de procédure civile, il est fait application des articles L. 411-3, alinéa ler, du code de organisation judiciaire et 627 du code de procédure civile 13. La cassation prononcée n'implique pas, en effet, qu'il soit 4 nouveau statué sur le fond, la Cour de cassation étant en mesure, en cassant sans renvoi, de mettre fin au litige sur la compétence, par application de la régle de droit approprice, PAR CES MOTIFS, la Cour CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, 'arrét rendu le 29 octobre 2020, entre les parties, par la cour d'appel de Versailles ; DIT ny avoir lieu a renvoi ; REJETTE l'exception d'incompétence soulevée par la société Factofrance au profit du tribunal de commerce de Paris et DIT que le tribunal de commerce de Nanterre est compétent pour connaitre de l'action exereée par le liquidateur de la société Européenne Food ; 32

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