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SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

LE TRAITEMENT DES ODEURS EN STATION


D’EPURATION

CYROT Laurent

Février 1998
ENGREF Centre de Montpellier
B.P.5093 - 34033 MONTPELLIER CEDEX 01
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1
MOTS-CLE

ODEURS, TRAITEMENT DES ODEURS, FORMATION DES ODEURS, MESURE DES


ODEURS, LEGISLATION, NORMES, LAVAGE PHYSICO-CHIMIQUE, TRAITEMENT
BIOLOGIQUE, ADSORPTION, INCINERATION, METHODOLOGIE.

RESUME

Formation, caractéristiques et mesure des odeurs de station d’épuration. Législation et


normes. Traitements préventifs et curatifs (lavage physico-chimique, traitement biologique,
adsorption, incinération). Méthodologie pour la lutte contre les odeurs, et comparaison entre
les procédés.

2
LE TRAITEMENT DES ODEURS, UNE NECESSITE MODERNE

Les mauvaises odeurs sont considérées par le citoyen comme une nuisance de moins en
moins tolérable. Ce phénomène n’est pas nouveau : Philippe Auguste se préoccupait déjà en
1148 de combattre l’odeur pestilentielle des rues de Paris. Mais le développement des
sources d’odeur et une exigence accrue des citoyens font du traitement des odeurs un
problème que l’on ne peut aujourd’hui ignorer.

D’après un sondage effectué aux Etats-Unis, les installations d’épuration arrivent en


deuxième position pour les ouvrages émettant de mauvaises odeurs. [1]

Le problème des odeurs des stations d’épuration se pose avec une acuité de plus en plus
vive pour plusieurs raisons : [1]
- le développement de l’urbanisation près des stations ;
- une sensibilisation accrue de la population à son environnement ;
- la surcharge des stations ;
- les erreurs d’exploitation ;
- l’extension des réseaux d’assainissement.
Après avoir défini quelques termes importants, nous aborderons les mécanismes de
formation des odeurs, leur mesure, la législation qui y est attachée, et les différentes
techniques de traitement de ces odeurs. Nous finirons par une méthodologie rapide pour la
lutte contre les odeurs.

QUELQUES DEFINITIONS IMPORTANTES [1]

La compréhension et la gestion du problème des odeurs nécessitent au préalable la


connaissance des termes suivants :

Seuil olfactif de détection ou de perception : c’est la concentration seuil pour laquelle un


composé est ressenti comme odorant par 50% des membres d’un jury constituant un
échantillon de population. Chaque mélange ou corps pur peut être défini par une
concentration seuil.

Niveau d’odeur : par convention, c’est le facteur de dilution qu’il faut appliquer à un effluent
pour qu’il ne soit plus ressenti comme odorant par 50% des membres d’un jury constituant un
échantillon de population. On parle aussi de « facteur de dilution au seuil de perception »
(mesure normalisée AFNOR X 43-101).

Débit d’odeur : par convention, c’est le produit du débit d’air rejeté (en Nm 3/h*) par le niveau
d’odeur.

Intensité d’odeur : il caractérise la grandeur de sensation olfactive. Sa mesure consiste à


comparer l’intensité odorante de l’effluent à l’intensité d’échantillons de référence (mesure
normalisée AFNOR X 43-103).

LES GRANDES FAMILLES DE COMPOSES ODORANTS

Les principaux composés malodorants rencontrés dans l’atmosphère des stations


d’épuration peuvent être classés en 4 familles, ayant chacune des seuils olfactifs différents.
Le Tableau 1 donne ces seuils olfactifs ainsi que les caractéristiques de l’odeur des
principaux composés rencontrés pour l’épuration des eaux usées.

*
NdR : 1 Nm 3 correspond à 1 m3 d’air aux conditions normales de température et de pression.

3
Classe du Composé Caractéristique de seuil olfactif (µg/Nm3
composé l’odeur d’air)
Soufrés Hydrogène sulfuré (H2S) œuf pourri 0,1 à 30
mercaptans (CnH2n+1SH) légumes pourris 0,1 à 80
Azotés Ammoniac (NH3) très piquant, irritant 500 à 37 000
Indole (C8H6-NH) fécal, nauséabond 0,6
Scatole (C9H8-NH) fécal, nauséabond 0,8 à 100
Acides Acétique (CH3COOH) vinaigre 250 à 6 500
Butyrique (C3H7COOH) beurre rance 0,4 à 3 000
Valérique (C4H9COOH) sueur, transpiration 0,8 à 1300
Aldéhydes Formaldéhyde âcre, suffocant 33 à 12 000
& cétones Acétaldéhyde fruit, pomme 40 à 1800
Tableau 1 : Caractéristiques des principaux composés responsables d’odeurs en
station d’épuration [1] [5]

• ODEURS ET SECURITE [1]

Certains composés odorants sont aussi toxiques pour l’homme à une certaine dose, comme
l’hydrogène sulfuré (H2S). L’odorat permet parfois de les détecter s’ils sont présents en
concentration trop importante, mais le plus souvent ce n’est pas le cas. Par exemple, à partir
d’une certaine teneur (50 parties par millions (ppm) environ), l’hydrogène sulfuré n’est plus
perçu par l’odorat, alors qu’il provoque la mort si l’exposition est trop longue. Une
concentration de plus de 500 ppm est instantanément létale. Ainsi, dans certains cas, un
détecteur peut s’avérer indispensable.

UNE FORMATION RESULTANT DE LA FERMENTATION [1] [5

La formation des mauvaises odeurs est essentiellement due à un processus biologique de


fermentation qui se déclenche en milieu réducteur.

Les composés azotés proviennent de la dégradation biologique de l’urine, des protéines et


des acides aminés, ainsi que de l’hydrolyse des composés organiques azotés.

Les acides, aldéhydes et cétones proviennent de la fermentation de composés organiques.

La formation des composés soufrés dépend de nombreux paramètres tels que la


concentration en matière organique, en sulfates et en oxygène (milieu anoxique), le pH, la
température, le temps de séjour, etc. Ils sont donc surtout émis lors des phases
anormalement longues de stockage de l’eau ou des boues.

On peut donc en déduire les différents facteurs aggravant la formation de mauvaises odeurs :
- effluent fortement chargé en matière organique très biodégradable ;
- température élevée ;
- processus de traitement des eaux et des boues qui peuvent favoriser le dégazage des
composés odorants préalablement formés dans le réseau ou généré par ces mêmes
traitements d’épuration ;
- mauvaise conception des réseaux (favorisant la fermentation) ou des ouvrages
d’épuration (condition anaérobie) ;
- conditions d’exploitation du réseau ou de la station qui peuvent être inadaptées.

4
En outre, certains composés odorants peuvent être relâchés assez loin du lieu de leur
formation (exutoire de canalisation par exemple). La variation brutale de pH ou de
température par exemple, peut aussi favoriser le dégagement de gaz odorant.

Les odeurs peuvent aussi bien être émises par une source ponctuelle très intense (évent,
puisard) que par un ouvrage de grande dimension (décanteur, bassin d’épandage, ...). Ce
dernier émet intrinsèquement peu d’odeurs, mais, en raison d’une surface d’échange
importante avec l’atmosphère, il peut représenter une nuisance importante. L’émission
d’odeur peut aussi être due à une opération annexe (purges, nettoyage, ...) voire à un incident
d’exploitation.

Un examen approfondi des installations et de la manière dont elles sont exploitées est donc
très important avant d’entamer une campagne d’analyse pour traiter le problème des odeurs
dans sa globalité. De plus, les mesures de concentration dans l’air au voisinage immédiat
des ouvrages tendent à surestimer l’importance des sources ponctuelles et à minimiser celle
des sources de grande dimension. Il ne faut pas oublier de prendre en compte les
sources diffuses et ne pas se focaliser sur les sources ponctuelles d’odeur. [2]

MESURE DES ODEURS

L’évaluation de l’impact d’une source vis-à-vis des riverains n’est réalisable que si l’on connaît
le flux de produits odorants émis par cette source. Il est donc nécessaire de connaître à la
fois la quantité d’air vicié rejetée et la concentration en produits odorants pour calculer
ce flux. [2]

L’AFNOR a normalisé les mesurages d’odeur à travers trois normes (NF X 43-101, X 43-103
et X 43-104).

Si la mesure du débit d’air est aisée pour des sources canalisées, elle est beaucoup plus
délicate dans certains cas comme un bassin à l’air libre. Suivant les cas de figure, on
appliquera alors différentes techniques pour estimer le débit d’air. [2]

Pour mesurer des concentrations en produits odorants, il existe trois types de mesure.

• ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUE [3]

La méthode consiste à mesurer directement la concentration des différents composés


odorants (ou des différentes familles de polluants) à l’aide d’appareils de mesure précis.
Cette analyse est peu utilisée pour quantifier les risques de nuisance, car la sensibilité des
appareils de mesure est parfois inférieure aux seuils olfactifs. De plus, la liste exhaustive de
tous les composés odorants susceptibles d’être trouvés doit être connue, et la technique ne
prend pas en compte les éventuelles interactions entre les composés.

• ANALYSE OLFACTOMETRIQUE [1] [3]

Les techniques olfactométriques sont nombreuses, et font toutes appel à la réponse de


sujets humains pour mesurer l’intensité d’odeur.

On mesure alors la concentration d’une atmosphère odorante au seuil de détection, l’intensité


d’odeur de l’atmosphère et son niveau d’odeur.

Cette analyse est subjective, mais donne une réponse plus globale et donc plus proche de la
réalité que l’analyse physico-chimique. Elle doit respecter des conditions opératoires strictes

5
et est relativement onéreuse. Elle constitue néanmoins le meilleur outil pour évaluer
l’efficacité d’une unité de traitement des effluents odorants.

• ENQUETE AUTOUR DU SITE [3]

L’enquête permet de définir la gêne subie par la population. Cette méthode est très lourde à
mettre en œuvre et s’étale sur des durées très longues (de l’ordre de l’année), pour être
représentative à la fois de l’activité de l’établissement et des conditions météorologiques sur
le site. Sa mise en œuvre peut être étendue à la surveillance de la qualité de l’air ambiant.

LEGISLATION ET NORMES

• LEGISLATION [3]

La prise en compte des odeurs dans les textes législatifs est assez récente. Ceux qui font
référence aux odeurs pouvant être émises par des installations d‘épuration sont les suivants :
La loi n° 61-842 du 2 août 1961 relative à la lutte contre les pollutions atmosphériques et les
odeurs. Son Article 1er précise que « les immeubles, établissements industriels,
commerciaux, artisanaux ou agricoles, véhicules ou autres objets mobiliers » doivent éviter
« les pollutions de l’atmosphère et les odeurs qui incommodent la population, [ou]
compromettent la santé publique (...) » [11]
- La loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 sur les Installations Classées. Seule les stations
d’épuration industrielles sont visées par cette loi. [12]
- Des circulaires, instructions techniques ou arrêtés datés des années 1970. Ils font parfois
référence aux nuisances émises par des ouvrages très particuliers.
- Le cahier des clauses techniques générales applicables pour la construction
d’installation d’épuration des eaux usées (fascicule 81 du 18 avril 1990) stipule dans son
article 6 que
« l’installation est conçue et construite de façon à assurer le traitement des eaux
usées ainsi que des boues et autres sous-produits en limitant au maximum les
nuisances telles que les bruits, les odeurs, (...) en tenant compte de l’occupation
des terrains environnants. » [8]
- L’arrêté du 1er mars 1993 (JO du 28 mars 1993), relatif aux prélèvements et à la
consommation d’eau, ainsi qu’aux rejets de toute nature des installations classées pour la
protection de l’environnement soumises à autorisation. L’arrêté a été annulé par le Conseil
d’Etat (21 octobre 1996), mais il est admis qu’il sert de référence technique pour les
nouveaux ouvrages soumis à autorisation. Son Article 29 rappelle les définitions du niveau
d’odeur et du débit d’odeur. Le texte prévoit que :
« l’Arrêté préfectoral d’autorisation fixe le cas échéant le débit d’odeur des gaz
émis à l’atmosphère par l’ensemble des sources odorantes canalisables et
diffuses, à ne pas dépasser »
- La circulaire du 26 mars 1993, qui commente les principales dispositions de l’arrêté du 1er
mars, précise pour l’Article 29 que :
« Le débit de l’odeur perçue évolue avec la hauteur d’émission. Sur la base des
connaissances et expériences techniques disponibles à ce jour (...), une gêne du
voisinage peut apparaître selon l’échelle suivante (...) »

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• NORMES [10]

Il existe 3 normes de l’AFNOR :


- NF X 43-101 : Qualité de l’air - Mesurage de l’odeur d’un effluent gazeux - Détermination du
facteur de dilution au seuil de perception ;
- NF X 43-103 : Qualité de l’air - Mesurage de l’odeur d’une atmosphère gazeuse - Méthode
supraliminaire ;
- NF X 43-104 : Qualité de l’air - Atmosphère odorante - Méthodes de prélèvement.

TRAITEMENTS DES ODEURS

• TRAITEMENTS PREVENTIFS

Les émanations d’odeurs ne sont pas toujours inévitables. Parfois, la présence d’odeurs
reflète des anomalies de fonctionnement des installations d’épuration. Il faut donc avant tout
étudier en détail le fonctionnement d’une installation, afin de limiter au strict minimum les
émanations de gaz odorants. Cela réduira d’autant le coût de traitement.

Le traitement de l’effluent en amont peut limiter les émissions odorantes à l’aval. Il existe
plusieurs produits de traitement : [4]
- les capteurs d’odeur : la technique consiste à ensemencer l’effluent à traiter pour
supprimer l’émission d’odeurs ;
- les neutralisants : ils modifient les propriétés chimiques de l’effluent afin de limiter la
production de bactéries anaérobies ou pour favoriser la précipitation de molécules à
problèmes (à l’aide d’oxydants par exemple).
D’autres actions à la source pourront être étudiées, comme le confinement des effluents, la
ventilation des locaux, ou encore l’agencement de l’installation. On pourra aussi apporter des
modifications au process, comme l’ajout de produits actifs à différents stades de traitement.
[6]

• TRAITEMENTS CURATIFS - TECHNIQUES DE DESODORISATION

Il existe cinq méthodes de traitement des odeurs, basés sur trois principes différents.

Lavage chimique

Ce procédé consiste à transférer les composés odorants de la phase gazeuse vers la


phase liquide.

Le transfert du gaz vers le liquide nécessite des dispositifs permettant d’assurer un contact
intime entre les deux phases. De plus, la solution utilisée pour le lavage dépend de la nature
et de la concentration des composés odorants présents. En général, un procédé complet
d’épuration comprend 2 à 3 unités de lavage fonctionnant en série dans des conditions
différentes (par exemple : lavage acide / lavage basique et oxydant / lavage basique). Il en
résulte la production d’une pollution liquide qui devra trouver un traitement approprié.

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L’ajout d’un oxydant dans le lavage à solution basique permet d’oxyder les composés
soufrés (transformation de H2S en sulfates et en soufre par exemple), les aldéhydes et les
cétones dissous. Il y a donc amélioration de la dissolution des composés odorants (la
dissolution d’un composé est d’autant meilleure que sa concentration dans la solution est
faible).

L’ajout d’oxydant permet en outre de réduire considérablement les coûts en produits


chimiques. [1]

L’oxydant généralement utilisé est l’eau de Javel (hypochlorite de sodium NaClO), l’ozone
(O3) étant peu utilisé, car dangereux et très énergivore.

Le Tableau 2 résume les différents composés absorbés en fonction de la nature de la


solution de lavage.

Nature de la solution Composés dissous Remarques


Eau pure azotés, organiques nécessite beaucoup d’eau
aldéhydes et cétones très peu utilisée
Solution acide azotés
Solution basique soufrés et organiques mercaptans difficilement solubles
oxydant très souvent rajouté pour
augmenter l’absorption
Tableau 2 : Nature des composés dissous en fonction de la solution de lavage [1]

Le Tableau 3 donne les caractéristiques et les rendements moyens d’élimination par lavage
chimique.

Capacité 3 000 à 200 000 Nm 3/h


Rendement épuratoire composés aminés et soufrés > 99%
aldéhydes et cétones variable
Tableau 3 : Performances du procédé par lavage chimique [6]

Traitement par voie biologique

Le principe du traitement par voie biologique est la transformation des polluants par des
micro-organismes. La difficulté consiste à effectuer un bon transfert entre la phase
gazeuse et les micro-organismes.

Il existe trois types de réacteurs biologiques mettant en contact les gaz à épurer avec les
micro-organismes : [1][5]
- Le biolaveur : l’eau sert à dissoudre les gaz, qui sont ensuite oxydés dans un bassin
d’activation. Le procédé est le même que pour le lavage chimique, sauf que l’oxydation est
biologique. Il y a production de boues.
- Le biofiltre : le flux gazeux traverse un substrat sur lequel sont fixés les micro-organismes
épurateurs. Les nutriments sont apportés soit par apport extérieur (via l’eau d’arrosage), soit
directement par le substrat. Le gaz à traiter apporte aussi une fraction des nutriments
nécessaires, ainsi que l’oxygène.
Le substrat peut donc être :
Ä soit organique : tourbe, compost, polystyrène, boue de station d'épuration ;
Ä soit inorganique : pouzzolane, gravier, argile, zéolite, carbonates.

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- Le lit bactérien : la technologie est la même que pour le traitement des eaux usées. L’air
vicié traverse un garnissage en plastique, verre ou céramique, qui est ensemencé (formation
d’un biofilm) et arrosé d’eau apportant les éléments nutritifs. L’eau sert aussi au transfert des
gaz solubles vers le biofilm. L’eau drainée est alors en partie recyclée. Ainsi, contrairement
au biofiltre, la phase aqueuse est mobile.

Mécanismes de la bioépuration dans les réacteurs


La bioépuration des composés soufrés s’effectue grâce à des bactéries capables de
dégrader H2S, S et S2O32-. La réaction entraîne une acidification du milieu pouvant à terme
inhiber l’activité biologique. [1]

L’avantage du lit bactérien est que la phase liquide circulant en permanence permet d’ajuster
le pH à tout moment, contrairement au biofiltre où l’eau ne circule pas ou peu. Il faut noter
qu’une circulation d’eau est en outre souhaitable pour éliminer certains sous-produits
gênants, comme les sulfates (SO42-) qui peuvent provoquer un colmatage par précipitation
s’ils sont en trop grande quantité. [7]

Cependant, dans le cas des biofiltres, l’acidification du pied de filtre due à l’épuration des
composés soufrés peut permettre un meilleur transfert des composés azotés vers les micro-
organismes à ce niveau. Cela permet d’épurer dans un même filtre l’azote et le soufre,
contrairement aux biolaveurs, où deux réacteurs en série doivent être utilisés (l’un en milieu
acide pour l’azote, l’autre en milieu basique pour le soufre). [7]

Pour la bioépuration de l’azote, il n’y a pas de problèmes particuliers, le pH optimum pour qu’il
y ait transformation en azote gazeux (nitrification/dénitrification) étant proche de la neutralité.
[1]

Principalement dans le cas du biofiltre, il faut veiller à empêcher la formation de chemins


préférentiels du gaz dans le filtre, limitant les surfaces de transfert.

Des performances excellentes pour une charge de filtration faible


La biofiltration sur lit de tourbe est le procédé actuellement le plus utilisé. Le filtre est constitué
d’un matelas d’un mètre d’épaisseur environ (parfois plus) d’un mélange de tourbe et
d’écorces de pins. Sa charge superficielle de filtration (volume de gaz traité par m2 de filtre et
par heure) est de 100 à 150 Nm3/m2/h.

Ses rendements moyens d’épuration sont donnés dans le Tableau 4.

Composé Rendement d’épuration


H2S >99%
CH3SH (mercaptan) >99%
NH3 98 à >99%
Azote organique 95 à >99%
Tableau 4 : rendements moyens d’épuration de la biofiltration par lit de tourbe [1] [7]

Cependant, tous les constructeurs arrivent à une vitesse de filtration supérieure grâce à
des biofiltres à support minéral (de 500 à 1000 Nm3/m2/h). [4] [7] [8]

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Traitement par adsorption

Le principe du traitement par adsorption est de piéger les composés odorants par un
composé solide (l’adsorbant). Il faut noter qu’a priori il n’y a pas dégradation des composés
odorants, mais seulement un piégeage. L’adsorbant se sature donc progressivement. Il faut
ainsi le régénérer ou le changer régulièrement. [1] [6]

L’adsorbant le plus utilisé est le charbon actif. Celui-ci adsorbe : [1]


• bien les acides acétiques, butyriques, les alcools et les produits soufrés lourds ;
• moyennement les aldéhydes et les mercaptants ;
• mal l’ammoniac, les amines volatiles et l’hydrogène sulfuré (H2S).
La capacité d’adsorption varie typiquement entre 0 et 25% de la masse de l’adsorbant.

On peut traiter le charbon pour qu’il adsorbe mieux l’hydrogène sulfuré ou l’ammoniac. On
peut obtenir alors des rendements d’élimination de H2S supérieurs à 99%. De plus, le
charbon peut être le support d’une flore bactérienne qui dégradera en partie les composés
adsorbés, permettant une plus grande durée de vie de l’adsorbant. [6]

L’adsorption sur charbon actif est fréquemment utilisé sur des ouvrages décentralisés
(postes de refoulement, bassins de stockage, ...). A cause de son volume nécessaire
important (trois fois supérieur au lavage chimique), et du coût des charbons actifs, cette
technique est adaptée aux débits peu importants (inférieurs à 10 000 Nm3/h). [5] [6] [8]

Le FNDAE donne une limite de 1500 à 2000 Nm3/h pour que l’adsorption sur charbon actif
soit économiquement envisageable. [1]

On peut aussi remplacer le charbon par des gels de silice, de la zéolite (silicate naturel), etc.

Incinération [1] [6]

L’incinération consiste en la combustion thermique ou catalytique des composés odorants.


La technique est très efficace (oxydation totale des composés), mais est onéreuse. C’est
pourquoi elle s’applique principalement dans le cas des petits débits (inférieurs à
2500 Nm3/h), et n’est rentable que lorsqu’un four d’incinération est à proximité du site.

Il faut veiller à ne pas brûler des composés contenant des éléments susceptibles de générer
des gaz toxiques par oxydation (S, N, F, Cl, ...). Dans le cas contraire, il faut prévoir un
traitement complémentaire des fumées. L’incinération ne présente donc d’intérêt que si le
traitement des fumées est plus aisé que le traitement des composés odorants eux-mêmes.

L’incinération catalytique, qui nécessite des températures inférieures au procédé thermique, a


néanmoins plusieurs inconvénients. En particulier, le catalyseur est facilement dégradé ou
empoisonné par les composés à traiter. C’est pourquoi l’incinération catalytique n’est pas
adaptée au traitement des odeurs des stations d’épuration.

Utilisation d’agents masquants [6]

L’utilisation d’agents masquants a pour but de superposer une odeur à une autre, changeant
ainsi sa qualité (description de l’odeur, caractère agréable ou non), et non son intensité. Cela
peut induire un risque dans le cas de composés odorants toxiques, qui ne sont plus alors
détectés par l’odorat.

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Les quantités nécessaires pour un usage prolongé induisent des coûts relativement
importants et un rejet dans l’environnement de composés volatils dont on connaît mal le
devenir.

C’est pourquoi l’utilisation de produits masquants n’est pas un traitement en soi, et ne


doit être préconisé qu’en cas de traitement d’appoint ponctuel (travaux, ...).

METHODOLOGIE POUR LA LUTTE CONTRE LES ODEURS

Quelle que soit la solution retenue pour le traitement des odeurs, un certain nombre de
remarques générales peuvent être faites.

Il faut tout d’abord rappeler que le traitement des odeurs est toujours moins coûteux lorsqu’il
est prévu dès la conception de la station d’épuration que lorsqu’il vient se greffer sur une
structure déjà existante. Ainsi, dès sa conception, une station comme un réseau devrait être
conçu pour limiter la production de composés malodorants en limitant par exemple les
zones de fermentation.

La décision de traiter les odeurs doit intégrer l’environnement immédiat de la station et sa


sensibilité aux odeurs. Lorsque cette décision est prise, il faut s’attacher à réduire au strict
minimum la quantité d’air à traiter, le prix du traitement étant proportionnel au volume plus
qu’au flux de polluants à traiter.

Le choix de la technique de désodorisation ne vient qu’en dernier, une fois que le volume et la
nature de l’odeur à traiter sont bien connus.

Si le volume à traiter est très important (supérieur à 20 000 Nm3/h), le procédé par lavage est
conseillé.

Dans le cas de volumes plus faibles, le traitement biologique pourra être utilisé. Le traitement
par incinération est à éviter sauf si un incinérateur est à proximité, et si la nature des gaz le
permet. Quant à l’adsorption sur charbon actif, elle a l’avantage de nécessiter moins de
volume que le lit de tourbe par exemple (trois fois moins environ), mais elle est beaucoup
plus onéreuse.

Le problème des déchets du traitement des odeurs ne doit pas être éludé. Ainsi, le lavage
chimique produit des boues et consomme des produits chimiques plus ou moins gênants.
Dans le cas du charbon actif, il faut le remplacer ou le régénérer régulièrement. Dans le cas
des procédés biologiques, il faut apporter régulièrement de l’eau et des nutriments.

• COMPARAISON ECONOMIQUE [1]

Une étude économique a été faite en 1988 pour une usine d’équarrissage. Les concentrations
en polluants à traiter sont nettement supérieures à celles rencontrées en station d’épuration.
On peut cependant comparer les techniques entre elles (Tableau 5). Pour les stations
d’épuration, la biodésodorisation est reconnue comme le procédé le plus économique
pour des débits inférieurs à 15 000 Nm3/h.

Le coût de la désodorisation par lavage chimique varie de 0,90 à 1 F/1000 Nm3/h (installation
de 100 000 Nm3/h).

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Procédé Incinération lavage (2 Filtre
thermique étages) biologique
Investissement 100 42 39
Fonctionnement annuel 54 30 6
Coût annuel total 64 35 13
(amortissement sur 10 ans)
Tableau 5 : Comparaison des différents procédés de désodorisation
(en équarrissage - volume traité : 6 000 Nm3/h - coûts comparatifs, base 100) [1]

D’une manière générale, on estime que le coût d’investissement du traitement des odeurs
d’une station d’épuration représente de 1 à 6 % du total de l’investissement. [8] Pour la
France, cela représente en moyenne 150 F/Nm 3h-1 . [9]

• CONCLUSION

Le Tableau 6 résume les principaux avantages et inconvénients des différentes techniques.

Procédé Classe de débit Q Avantages Inconvénients


Lavage
illimité • traite de gros • utilise des produits
chimique débits dangereux
• coût de fonctionnement
Q < 20 000 Nm 3/h • coût peu élevé • ne traite pas les molécules
Filtre
biologique • utilisation facile non biodégradables
• accepte des • surveillance
variations de flux • colmatage du filtre
Charbon
1000 < Q < 10 000 • accepte les • régénération
Nm3/h variations de flux • coût du matériau
actif
• utilisation et
maintenance aisée
Q < 2000 Nm 3/h • utilisation facile • coût énergétique et
Incinération
thermique
Composés n’entraînant • excellentes investissement
pas de formations performances
toxiques
Tableau 6 : Comparaison entre les différents procédés de traitement des odeurs [1]

De gros efforts de recherche sont actuellement faits par les constructeurs pour rendre les
procédés plus fiables. Pour le lavage chimique, une réduction du volume, et pour les
procédés biologiques, une augmentation de la vitesse de filtration entraînant une
augmentation des capacités de traitement, sont à prévoir dans un futur assez proche.

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BIBLIOGRAPHIE

[1] FNDAE. Lutte contre les odeurs des stations d’épuration. Documentation technique n°13,
Paris, FNDAE, Février 1993, 75 p.

[2] RAMEL M. Analyse physico-chimique des composés odorants IN : Actes du colloque


« Eaux résiduaires : traitements biologiques et physico-chimiques. Quels critères de
choix? », Amiens, juin 1996. Récents progrès en génie des procédés, n°47, Vol. 10,
1996, p. 147-152

[3] FORAY J.-P. La réglementation des odeurs (dans le domaine industriel) IN : Journée
technique sur les odeurs dans les ouvrages d’épuration. Bordeaux, AGHTM. 19 avril 1995

[4] MIZIER M.-O. (sous la direction de). Traitement des odeurs en station d’épuration et
de relevage. Hydroplus. Juillet - août 1994, n°45, p. 32

[5] SATIN M., SELMI B. Guide technique de l’assainissement. Paris, Le Moniteur, 1995

[6] BLOQUEL M. Techniques de réduction des nuisances olfactives IN : Actes du Colloque


« Eaux résiduaires : traitements biologiques et physico-chimiques. Quels critères de
choix? », Amiens, juin 1996. Récents progrès en génie des procédés, n°47, Vol. 10,
1996, p. 153-159

[7] BONNIN C., CORITON G. Application de la biodésodorisation au cas des stations


d’épuration IN : Journée technique sur les odeurs dans les ouvrages d’épuration.
Bordeaux, AGHTM. 19 avril 1995

[8] MORTGAT B. Evaluation et traitement des odeurs en station d’épuration. Environnement


& technique. Mai 1997, n°166, p. 44-49

[9] Agences de l’eau. Approche technico-économique des coûts d’investissement des


stations d’épuration. Etude interagences n°40, Paris, Ministère de l’Environnement, Avril
1995

[10] http://www.afnor.fr/

[11] Code de l’environnement. Paris, Dalloz, 1994, p. 1451

[12] Code de l’environnement. Paris, Dalloz, 1994, p. 1289

13
BIBLIOGRAPHICAL SYNTHESIS

ODOR TREATMENT IN WASTEWATER

TREATMENT PLANTS

CYROT Laurent

February 1998
ENGREF Centre de Montpellier
B.P.5093 - 34033 MONTPELLIER CEDEX 01
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1
KEY-WORDS

ODORS, ODOR TREATMENT, ODOR FORMATION, ODOR MEASUREMENT, FRENCH


LEGISLATION, STANDARDS, PHYSICO-CHEMICAL WASHING, BIOLOGICAL
TREATMENT, ADSORPTION, INCINERATION, METHODOLOGY

ABSTRACT

Formation, characterization and measurement of wastewater treatment plant odors.


Legislation and standards. Preventive and curative treatment (physico-chemical washing,
biological washing, adsorption and incineration). Methodology in the fight against odors and
comparison between processes.

2
ODOR treatment; a modern necessity
Bad smells are considered by citizens as an increasingly untolerable nuisance. This is not a
new phenomena, but the development of new sources of odors and the high demands of
citizen have made odor treatment quite compulsory.

A poll carried out in USA shows that wastewater treatment plants are in second position for
installations which emit bad smells. [1]

The problems of odors from wastewater treatment plants have increased considerably for
many reasons :
• the development of urbanization near the plants ;
• an increased public awareness of the environment ;
• the overloading of plants ;
• the exploitation mistakes ;
• the extension of sanitation networks.
After defining some important terms, I am going to go into the different mechanisms which
lead to the formation of odors, their measurement, the French legislation concerning odors,
and the different techniques for odor treatment. As a conclusion, I will present briefly the
methodology on how to tackle odors, and a comparison between the different techniques.

SOME IMPORTANT DEFINITIONS [6]

The understanding and the management of odor problems require previous the knowledge of
the following terms :
Olfactory threshold of detection or perception : this is the threshold concentration at
which a compound is smelled as an odor for 50% of the members of a jury composed of a
sample of the population. Each mixture or pure compound can be defined by a threshold
concentration.
Odor level : conventionally, this is the dilution factor which must be applied to a gaseous
effluent, so that it is no longer smelled as an odor for 50% of the members of a jury
composed of a sample of the population. It is also called the « dilution factor at detection
threshold » (standardized measure by AFNOR X 43-101).
Odor flow : conventionally, this is the multiplication of the expelled air flow (in Nm 3/h* ) by
the odor level.
Odor intensity : this characterizes the degree of the olfactory sensation. Its
measurement consists of comparing the smell intensity of the effluent with the smell intensity
of a reference sample (standardized measure by AFNOR X 43-103).

LARGE FAMILIES OF FOUL-SMELLING COMPOUNDS

The main odorous compounds in the atmosphere of a wastewater treatment plant can be
classed in four families, each one having a different olfactory threshold. Table 1 gives these
thresholds and the characteristic of the odor for the main compounds found in wastewater
treatment.

* 3 3
Note : 1 Nm equals to 1 m of air at normal conditions for temperature and pressure.

3
Class of Compound Characteristic of the olfactory threshold
compound odor (µg/Nm3 of air)
Sulfurous Hydrogen sulfide (H2S) rotten eggs 0,1 à 30
mercaptans (C nH2n+1SH) rotten vegetables 0,1 à 80
Nitrogenous Ammonia (NH3) very piquant, irritating 500 à 37 000
Indole (C8H6-NH) fecal, nauseous 0,6
Skatole (C9H8-NH) fecal, nauseous 0,8 à 100
Acids Acetic (CH3COOH) vinegar 250 à 6 500
Butyric (C3H7COOH) rancid butter 0,4 à 3 000
Valeric (C4H9COOH) sweat, perspiration 0,8 à 1300
Aldehydes Formaldehyde acre, suffocating 33 à 12 000
& ketones Acetaldehyde fruit, apple 40 à 1800
Table 1 : Characteristics of the main odorous compounds met in wastewater treatment
[1] [5]

ODORS AND SECURITY [1]


Some odorous compounds, such as hydrogen sulfide, are also toxic for human at a certain
dose. The sense of smell can sometimes detect them if their concentration is too high, but
mostly thus is not the case. For instance, hydrogen sulfide is not smelled at a concentration
higher than 50 ppm (parts per million), even though it can be lethal when exposition is too
long. A concentration of 500 ppm means instant death. Therefore, in some cases, a detector
is essential.

A FORMATION RESULTING FROM FERMENTATION [1] [5]

The development of bad odors is due essentially to a biological process, fermentation, in a


reduced environment.

Nitrogenous compounds result from the biological degradation of urine, proteins and amino
acids, and from the hydrolysis of nitrogenous organic compounds.

Acids, aldehydes and ketones result from the fermentation of organic compounds.

The formation of sulfurous compounds depends on many parameters : concentration of


organic matter, of sulfates and of oxygen (anoxic environment), pH, temperature, transit time,
etc. They are therefore emitted during abnormally long phases of water or sludge storage.

Therefore the different factors which increase formation of bad smell can be deduced :
• effluent with a high load of very biodegradable organic matter ;
• high temperature ;
• wastewater or sludge treatment processes which favor the release of odorous
compounds formed previously in the network or created by the process ;
• poor design of networks (leading to fermentation) or treatment plants (anaerobic
environment) ;
• inappropriate operation of network or plants.
Moreover, some odorous compounds can be drained off quite far from the place they were
formed (at the end of a pipe, for instance). Sudden variations of pH or temperature, for
instance, can also favor the release of odorous gas.

In fact, odors can either be emitted by an intense point source or by a large but non-intense
source. The latter emits intrinsically few smells, but, because of a large exchange surface

4
with the atmosphere, it can be an considerable nuisance. Odor emission can also result from
a subsidiary operation (draining, cleaning, ...), and even a working incident.

Therefore, an in-depth knowledge of the installations and the way they are operated is very
important before beginning the analysis in order to have a global approach to combat
olfactory pollution. Moreover, the measurement of the concentration of odorous compounds
near the plant tends to overestimate the importance of the point sources and to minimize that
of large sources. Non-point sources must be taken into account, and point sources of
odors should not be focused on. [2]

ODOR MEASUREMENT
To evaluate the impact of a source on the people who live near it, the flux of odorous
compounds emitted by the source must be known. It is therefore necessary to know both
the quantity of foul air expelled and the concentration of odorous compounds to
calculate this flux. [2]

AFNOR (French association for standardization) has standardized odor measurement with
three standards (NF X 43-101, X 43-103 and X 43-104).

If air flow is easy to measure for canalized sources, it is more difficult in some cases such as
a basin in the open air. Depending on the case, different techniques to evaluate the air flow
can be applied. [2]

There are three ways of measuring the concentration of odorous compounds.

o PHYSICO-CHEMICAL ANALYSIS [3]

This method consists of measuring directly the concentration of different odorous compounds
(or of different families of compounds) with precise measuring apparatus. This analysis is not
often used to quantify risks of nuisance, because the sensitivity of the measuring apparatus
is sometimes lower than the olfactory threshold. You need also to make an exhaustive list of
all the odorous compounds you can find, and this technique does not take into account
potential interactions between compounds.

o OLFACTOMETRIC ANALYSIS [1] [3]

Olfactometric techniques are numerous and they all use the human response to measure
odor intensity.

Therefore you measure the concentration of a smelly atmosphere at the detection threshold,
the odor intensity of the atmosphere, and its odor level.

This analysis is subjective, but it gives a global reading that is closer to reality than the
physico-chemical analysis. But strict operating conditions must be respected, and it is
relatively expensive. It is nevertheless the best tool to evaluate the efficiency of a new
odor treatment unit.

SURVEY AROUND THE SITE [3]


The survey allows the level of discomfort registered by local residents to be assessed.
However, this method is very cumbersome to set up and is very long (about one year), to be
representative both of the activity of the plant and of the weather conditions on the site. But it
can be associated with the surveillance of air quality.

5
LEGISLATION AND STANDARD

o FRENCH LEGISLATION [3]

The consideration given to odors in the French law is quite recent. Legislation referring to
odors potentially emitted by wastewater treatment plants is as followings :
• The law (61-842) of August, 2nd 1961, relative to the fight against atmospheric
pollution and odors. Article 1 specifies that «buildings, industrial, commercial, craft, or
agricultural firms, or other chattels » must avoid « the pollution of the atmosphere or the
odors which disturb the population, [or] threaten public health (...) » [11]
• The law (76-663) of July, 19th 1976, relative to Classified Plants. Only industrial
wastewater treatment plants are concerned by this law. [12]
• Other legislative papers from the 70’s sometimes refer to nuisance emitted by some
particular plants.
• The list of the general technical clauses available for the construction of
wastewater treatment plants (fascicle 81 of April, 18th 1990) states in Article 6 that
« The plant is designed and constructed to ensure the treatment of wastewater,
sludge, and other by-products while keeping nuisances like noise, odors, (...) to a
strict minimum when the occupation of the surroundings is taken into account »
[8]
• The departmental order of March, 1st 1993, relative to water intake or consumption
and to effluent of any kind, from authorized classified plants for the protection of the
environment. The order has been canceled by the French State Council (« Conseil d’Etat »,
October, 21th 1996), but it is still considered as a technical reference for new authorized
classified plants. Article 29 restates the definitions of odor level and odor flow. The text
says that :
« The authorization order, when required, sets the odor flow of the gas emitted
into the atmosphere by all odorous sources, whether canalized or or diffuse,
which must not be exceeded »
• The legislative text of March, 26th 1993, which comments on the main dispositions
of the departmental order of March, 1st 1993. It specifies for Article 29 that :
« the odor flow perceived depends on the emission height. On the basis of
knowledge and technical experience available today (...), discomfort experienced
in the surrounding area appears on the following scale (...) »

o STANDARDS [10]
There are three standards of the French Association for Standardization (AFNOR) :
• NF X 43-101 : Air quality - Odor measurement of a gaseous effluent - Determination
of the dilution factor at perception threshold ;
• NF X 43-103 : Air quality - Odor measurement of an atmosphere - Supraliminar
method ;
• NF X 43-104 : Air Quality - Foul-smelling atmosphere - Sampling methods.

ODOR TREATMENT

o PREVENTIVE TREATMENT

Odor emanations are not always inevitable. Sometimes the presence of odors means that
the plant is not working properly. It is therefore necessary to study in-depth how the plant
works to limit to the strict minimum the degassing of odorous compounds. This reduces the
cost of the treatment.

6
The treatment of effluent upstream can reduce emissions downstream. Many treatment
products exist : [4]
• odor captors : these consist in seeding the effluent to prevent odor emission ;
• neutralisers : these modify the chemical properties of the effluent to limit the
production of anaerobic bacteria, or to improve precipitation of odorous molecules (with an
oxidizer for instance).
Other action near the source could be studied, like the confinement of effluent, the ventilation
of rooms or the layout of the plant. Modifications to the process could be also made, such as
adding active products at different stages of the treatment. [6]

o CURATIVE TREATMENT - DEODORISATION ENGINEERING

There are five methods of odor treatment, based on three different principles.

Chemical washing

This process consists of transferring odorous compounds from a gaseous to a liquid phase.

The transfer from gas to liquid requires devices which allow close contact between the two
phases. Furthermore, the solution used to wash depends on the nature and the
concentration of odorous compounds in the effluent. In general, a complete treatment
process has 2 or 3 washing units which run serially in different environments (for instance :
acid phase / alcaline and oxidizing phase/ alcaline phase). The result is liquid pollution which
needs the appropriate treatment.

Adding an oxidizer during the alcaline washing enables dissolved sulfur compounds to
oxidize (transformation of H2S to sulfates and sulfur, for instance), aldehydes and ketones.
Therefore the dissolution of odorous compounds is improved (the dissolution of a compound
is all the better since its concentration in the solution is low).

Furthermore, adding an oxidiser reduces considerably the costs for chemical products. [1]

The oxidiser generally used is bleach (NaClO). Ozone (O3) is little used, because it is
dangerous and requires much energy.

Table 2 sums up the different compounds which are absorbed according to the nature of the
washing solution.
Nature of solution Dissolved compounds Notes
Pure water nitrogenous, organic little water needed
aldehydes and ketones very rarely used
Acid solution nitrogenous
Alcaline Solution sulfur and organic mercaptans hardly soluble
oxidiser very often added to increase
absorption
Table 2 : Nature of dissolved compounds according to the washing solution [1]

Table 3 gives the characteristics and the average removal efficiency with chemical washing.
Capacity 3 000 to 200 000 Nm 3/h
removal efficiency amino and sulfurous compounds > 99%
aldehydes and ketones variable
Table 3 : Efficiency of the chemical washing process [6]

7
Biological treatment

The biological treatment principle is the transformation of pollutants by micro-organisms. The


difficulty consists of enhancing the transfer between the gaseous phase and the micro-
organisms.

There are three types of biological reactors , where foul gas and micro-organisms are in
contact : [1] [5]
• Biowasher : water dissolves gas, which is then oxidized in an activation basin. The
process is the same as for chemical washing, but here the oxidation is biological. Sludge is
produced.
• Biofilter : The gaseous flux crosses a support on which purifying micro-organisms
are fixed. Nutrients are brought either from outside (via sprayed water), or directly by the
support. The gas to be treated brings also a fraction of the required nutrients, and oxygen.
Therefore, the support can be :
Ä either organic : peat, compost, polystyrene, sludge from purification plant ;
Ä or inorganic : pouzzolane, gravel, clay, zeolite, carbonates.
• trickling filter : this technology is the same as for wastewater treatment. Foul air
crosses a plastic, glass or ceramic support, which is seeded (formation of a biofilm) and
sprayed with water-bearing nutrients. Water is also used to transfer soluble gas to the
biofilm. The drained water is then partially recycled. Therefore, as opposed to the biofilter,
the liquid phase is mobile.

Mechanisms of biopurification in reactors


Biopurification of sulfurous compounds is achieved with bacteria which are able to break
down H2S, S and S2O32-. The reaction leads to an acidification of the environment, which
could finally inhibit biological activity. [1]

The advantage of the trickling filter is that the liquid phase flows permanently. It means the
pH can be modified at every moment, as opposed to the biolfilter where water hardly moves
or does not move at all. Water flow is also desirable because some by-products can be
eliminated, like sulfates (SO42-) which can precipitate and clog the filter if they are in too big a
quantity. [7]

However, in the case of biofilters, the acidification at the bottom of the filter due to the
purification of sulfurous compounds can improve the transfer of nitrogenous compounds to
micro-organisms at this level. It means nitrogen and sulfur can be purified in the same filter,
as opposed to biowashers, where two serial reactors are needed (one in an acid
environment for nitrogen, and one in an alcaline environment for sulfur). [7]

For nitrogen purification, there is no particular problem, the optimal pH for transformation in
gaseous nitrogen (nitrification / denitrification) is near neutral. [1]

Mainly in the case of biofilters, the formation of escape paths which limit transfer surfaces,
must be kept in check.

Excellent performance for a low purification load


Biofiltration over a peat bed is actually the process used the most in France today. The filter
is made from a one-meter thick mattress (sometimes thicker) composed of a mix of peat and
pine bark. Its superficial purification load (volume of treated gas per m2 of filter and per hour)
is from 100 to 150 Nm3/m2/h.

8
The figures for its average removal efficiency are given by table 4.
Compounds Removal efficiency
H2S >99%
CH3SH (mercaptan) >99%
NH3 98 to >99%
Organic nitrogen 95 to >99%
Table 4 : average removal efficiency of biofiltration on peat bed [1] [7]

However, all constructors reach a better purification load with mineral support biofilters
(from 500 to 1000 Nm3/m2/h). [4] [7] [8]

Treatment by adsorption

The principle of the adsorption is to fix odorous compounds to a solid compound (the
adsorbent). It must be noted that the compounds do not break down but are merely fixed.
The adsorbent becomes therefore progressively saturated. Consequently it has to be
regularly regenerated or changed. [1] [6]

The most frequently used adsorbent is activated carbon. It adsorbs : [1]


• acetic and butyric acid, alcohol and heavy sulfurous products well ;
• aldehydes and mercaptans fairly well ;
• ammonia, volatile amines and hydrogen sulfide (H2S) badly.
The adsorption capacity varies typically between 0 and 25% of the adsorbent mass.

The carbon can be treated in order to improve hydrogen sulfide or ammonia adsorption. The
removal efficiency is then above 99% for H2S. Moreover, the carbon can be the support of a
bacterial flora which degrades partially adsorbed compounds, allowing a longer life time of
the adsorbent. [6]

Adsorption on activated carbon is frequently used on decentralized plants (like exhaust


plants, storage basins, ...). Because of the huge volume needed (three times more than
chemical washing), and the cost of activated carbon, this technique is only adapted to low
flows (less than 10 000 Nm3/h). [5] [6] [8]

The French National Fund for Development of Water Adduction (FNDAE) sets the limit at
1500 to 2000 Nm 3/h for the adsorption on activated carbon to be economically viable. [1]

The carbon can also be replaced by silica gel, zeolite (natural silicate), etc.

Incineration [1] [6]

Incineration consists in the thermal or catalytic combustion of odorous compounds. This


technique is very efficient (total oxidation of compounds), but it is very expensive. this is
why it is mainly appropriate in the case of low flows (less than 2500 Nm 3/h), and it is
profitable only when an incinerator already exists near the site.

Compounds containing elements that may generate toxic gas throught oxidation (like S, N, F,
Cl, ...), must not be incinerated. On the contrary, a complementary treatment of fumes must
exist. Therefore, incineration is of interest only if the treatment of fumes is easier than the
treatment of the odorous compounds themselves.

9
Catalytic incineration, which requires lower temperatures than the thermal process, has
nevertheless many disadvantages. In particular, the catalyst is easily damaged or poisoned
by treated compounds. This is why catalytic incineration is not adapted for odor
treatment in wastewater treatment plants.

Masking method [6]

Masking solutions are used to superpose on odor by another one, changing its characteristic
(description of the odor, character pleasant or not), but not its intensity. It can induce a risk in
the case of toxic odorous compounds, which are therefore no longer detected by smell.

The quantity needed for a prolonged use leads to fairly high costs, and to the emission in the
atmosphere of volatile compounds the future of which is not well known.

This is the reason why the use of masking solutions is not a form of treatment in itself,
and must be used only as additional treatment under exceptional circumstances
(works, etc.).

METHODOLOGY IN THE FIGHT AGAINST ODORS

Whatever the solution chosen to treat odors, some general notes can be given.

First of all, odor treatment is always less expensive if it is included as early as the design-
stage of the plant, rather than if it is added to an existing plant. Therefore, from the outset, a
plant or a network has to be designed to limit the production of odorous compounds, by
limiting for instance the fermentation area.

The decision to treat odors must take into account the nearby environment of the station and
its sensitivity to smell. Once the decision is made, the volume of air to be treated must be
reduced to a minimum, because the cost of treatment is proportional to the volume rather
than the flux of foul air.

The choice of the deodorisation processes comes only at the end, once the volume and the
nature of the odors to treat are well-known.

If the volume to treat is considerable (more than 20,000 Nm3/h), the washing process is
advised.

In cases of lower volumes, biological treatment could be used. Incineration must be avoided,
except if an incinerator is nearby and if the nature of the effluent allows it. As for activated
carbon adsorption, it has the advantage of requiring less volume than the peat bed (about
three times less), but it is also much more expensive.

The problem of waste from odor treatment has to be considered. Thus, chemical washing
produces sludge and involves more or less awkward chemical products. For activated carbon
adsorption, the carbon has to be replaced or regenerated regularly. For biological processes,
water and nutrients have to be regularly brought.

o ECONOMICAL COMPARISON [1]

An economical study was carried out in 1988 for a quartering plant. The concentration of
pollutants to treat are much higher than in wastewater treatment plants. Nevertheless
deodorisation techniques can be compared (table 5). For wastewater treatment plants,
biodeodorisation is considered less expensive process for flows below 15,000 Nm3/h.

10
The cost of the chemical washing process varies between 0.9 to 1 FF/1000 Nm3/h (about
15 cents/1000 Nm3/h, for a plant capacity of 100,000 Nm3/h).
Process Thermal washing (2 Biological
incineration reactors) filter
Investment 100 42 39
Annual operating cost 54 30 6
Total annual cost 64 35 13
(depreciation over 10 years)
Table 5 : Comparison between different processes of deodorisation
(quartering plant - treated volume : 6,000 Nm3/h - comparative costs, base 100) [1]

Generally, the investment cost to treat odors of a wastewater treatment plant represents
between 1 and 6 % of the total investment cost. [8] For France, it represents an average of
150 FF/Nm 3h-1 (about US$ 25 /Nm 3h-1). [9]

11
Conclusion

Table 6 sums up the main advantages and disadvantages of the different processes.
Process Accepted flow Q Advantages Disadvantages
Chemical unlimited • treats huge flow
• use dangerous products
washing • operating cost
Biological Q < 20,000 Nm 3/h • low cost • does not treat non
filter • easy to use biodegradable molecules
• accepts • surveillance
variations of flux • clog of filter
Activated 1000 < Q < 10,000 • accept variations • regeneration
carbon Nm3/h of flux • cost of material
• easy to use and
to maintain
• easy to use • Cost of energy and
3
Thermal Q < 2000 Nm /h
incineration Compounds which does • excellent investment
not lead to toxic waste performances
Table 6 : Comparison between the different processes of odor treatment [1]

Considerable research efforts are currently being made by constructors to make these
processes more reliable. A reduction in volume of the chemical washing process, and an
augmentation of the purification speed leading to greater treatment capacity for the biological
process, can be foreseen in the not too distant future.

12
BibliographY

[1] FNDAE. Lutte contre les odeurs des stations d’épuration. Documentation technique
n°13, Paris, FNDAE, Février 1993, 75 p.

[2] RAMEL M. Analyse physico-chimique des composés odorants IN : Actes du Colloque


« Eaux résiduaires : traitements biologiques et physico-chimiques. Quels critères de
choix ? », Amiens, juin 1996). Récents progrès en génie des procédés, n°47, Vol. 10,
1996, p. 147-152

[3] FORAY J.-P. La réglementation des odeurs (dans le domaine industriel) IN : Journée
technique sur les odeurs dans les ouvrages d’épuration. Bordeaux, AGHTM. 19 avril
1995

[4] MIZIER M.-O. (sous la direction de). Traitement des odeurs en station d’épuration et
de relevage. Hydroplus. Juillet - août 1994, n°45, p. 32

[5] SATIN M., SELMI B. Guide technique de l’assainissement. Paris, Le moniteur, 1995

[6] BLOQUEL M. Techniques de réduction des nuisances olfactives IN : Eaux résiduaires :


traitements biologiques et physico-chimiques. Quels critères de choix ?», Amiens, juin
1996). Récents progrès en génie des procédés, n°47, Vol. 10, 1996, p. 153-159

[7] BONNIN C., CORITON G. Application de la biodésodorisation au cas des stations


d’épuration IN : Journée technique sur les odeurs dans les ouvrages d’épuration.
Bordeaux, AGHTM. 19 avril 1995

[8] MORTGAT B. Evaluation et traitement des odeurs en station d’épuration.


Environnement & technique. Mai 1997, n°166, p. 44-49

[9] Agences de l’eau. Approche technico-économique des coûts d’investissement des


stations d’épuration. Etude interagences n°40, Paris, Ministère de l’Environnement, Avril
1995

[10] http://www.afnor.fr/

[11] Code de l’environnement. Paris, Dalloz, 1994, p. 1451

[12] Code de l’environnement. Paris, Dalloz, 1994, p. 1289

13

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