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Ahriman L Éternel Ahriman 4 1st

Edition John French


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LE TYRAN DES MONDES CREUX
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L’ŒIL D’EZEKIEL
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SÉRIE L’ÉVEIL DE LA BÊTE


L’ÉVEIL DE LA BÊTE VOLUME 1
MON NOM EST CARNAGE
Dan Abnett
PRÉDATEUR, PROIE
Rob Sanders
L’ÉVEIL DE LA BÊTE VOLUME 2
AU NOM DE L’EMPEREUR
Gav Thorpe
LE DERNIER REMPART
David Annandale
L’ÉVEIL DE LA BÊTE VOLUME 3
MONDE-TRÔNE
Guy Haley
LES ÉCHOS DE LA LONGUE GUERRE
David Guymer
L’ÉVEIL DE LA BÊTE VOLUME 4
À LA RECHERCHE DE VULKAN
David Annandale
LA BÊTE DOIT MOURIR
Gav Thorpe
L’ÉVEIL DE LA BÊTE VOLUME 5
POUR LES MORTS
David Annandale
LE DERNIER FILS DE DORN
David Guymer
L’ÉVEIL DE LA BÊTE VOLUME 6
L’OMBRE D’ULLANOR
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EXÉCUTION
Guy Haley

NECROMUNDA
KAL JERICO 1 : DE SANG ROYAL
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KAL JERICO 2 : CARDINAL CARMIN
Will McDermott
KAL JERICO 3 : NOCES À BOUT PORTANT
Will McDermott

WARHAMMER CRIME
LIGNÉES SANGLANTES
Chris Wraight
LA CHAIR ET L’ACIER
Guy Haley

WARHAMMER HORROR
MALÉDICTIONS
Recueil de Nouvelles
INVOCATIONS
Recueil de Nouvelles
LES DÉMENTS ET LES DAMNÉS
Josh Reynolds, David Annandale, et Phil Kelly
SOMMAIRE

Couverture
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Parchemins Andoliques
Prologue
Première Partie
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Intersticiel
Chapitre IV
Deuxième Partie
Chapitre V
Intersticiel
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Intersticiel
Chapitre XI
Troisième Partie
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Épilogue
À Propos de l’Auteur
Un extrait de ‘Angron: L’Ange Rouge’
Une Publication Black Library
Contrat de licence pour les livres numériques
Depuis plus de cent siècles l’Empereur siège, immobile, sur le
Trône d’Or de Terra. Il est le Maître de l’Humanité. Grâce à la
puissance de ses armées innombrables, un million de mondes
résistent aux ténèbres.
Seigneur Charognard de l’Imperium, Il n’est qu’une carcasse en
décomposition maintenue en vie par les merveilles du Moyen Âge
Technologique et les mille âmes qui lui sont sacrifiées chaque jour
afin que la Sienne puisse continuer de brûler.
Être un homme en ces temps troublés, c’est être un individu
insignifiant, noyé au milieu de milliards d’autres. C’est vivre sous
le joug du régime le plus cruel et le plus sanguinaire qui soit. C’est
souffrir une éternité de carnage. C’est voir ses cris d’angoisse et de
désespoir étouffés par le rire moqueur des Dieux Sombres.
C’est un âge obscur et terrible dans lequel vous ne trouverez que
peu de réconfort ou d’espoir. Oubliez la puissance de la
technologie et de la science. Oubliez les promesses du progrès et de
l’évolution. Oubliez ce que vous savez de la nature humaine ou de
la compassion.
L’espoir n’existe pas au royaume des étoiles car, dans ce lointain
futur de sinistres ténèbres, il n’y a que la guerre.
Pour détruire une âme, les dieux n’ont rien de plus à faire que de lui
offrir un aperçu du goût de la victoire. C’est là, dans le nectar doré de
l’espoir comblé et du désir assouvi, que résident la douceur fugace et
l’éternelle agonie qui s’ensuivent.
– extrait des Parchemins Andoliques, vers M2,
retrouvés par le Conservatoire Impérial en 994.M30,
interdits par décret Inquisitorial en 781.M31
PROLOGUE
LA LUNE FILANTE

Draillita, la Maîtresse des Mimes, devenue l’Enfant de la Harpie, gravissait


la pente dans le crépuscule illuminé d’explosions stroboscopiques. Ses
gestes étaient saccadés : une foulée, un faux pas, un déhanchement, la tête
tournée vers le ciel avec douleur. Un guerrier humain l’aperçut. C’était un
des barbares géants vêtus d’armures dont le rouge évoquait le sang séché et
un soleil mourant. C’était la mort, venue mettre fin à ses souffrances. Il
poussa un juron puis leva silencieusement son arme au canon évasé. La
bouche noire du fusil était braquée sur elle, prête à la délivrer de ses
souffrances dans un coup de tonnerre assourdissant. Draillita trébucha de
nouveau, chuta, se mit à griffer les cendres grises, incapable de continuer,
brisée par la douleur, vaincue par la trahison…
Elle s’effondra au sol et le projectile passa au-dessus de sa tête.
Une explosion fit jaillir de la poussière un peu plus haut derrière elle.
La délivrance lui était une fois de plus refusée. L’Enfant de la Harpie
n’avait d’autre choix que de souffrir. Elle se releva. Des larmes étoilées
ruisselaient sur ses joues. Sa bouche était figée en un hurlement sans fin.
Pourquoi devait-elle vivre alors que ses frères et sœurs étaient morts ?
Le barbare rouge tira à nouveau. Ses spasmes de chagrin l’écartèrent de la
trajectoire des projectiles. Les déflagrations firent tressaillir les haillons gris
et blanc de son linceul. Sachant qu’elle ne connaîtrait jamais la paix de
l’oubli, l’enfant de la Harpie se retourna. Elle allait poursuivre son chemin,
parcourir les mondes et les étoiles, souffrir éternellement, telle une enfant
perdue, tel un héraut de malheur.
Mû par une bonté macabre, le barbare rouge tira sans plus s’arrêter. Pas
une balle ne toucha Draillita. Elle était déjà au côté du guerrier, aux
grossiers yeux émeraude enfoncés dans un visage anguleux. Elle poussa un
hurlement de peine, dont la caresse transperça l’armure rouge, puis les
chairs et les os. Elle referma la main sur son cœur battant, puis arracha
l’organe sanguinolent de sa poitrine. Le barbare, qui n’avait su lui offrir la
mort, tint quelques instants, aidé de son second cœur, avant de tomber à
genoux, implorant de pouvoir poursuivre le combat malgré ses forces qui
l’abandonnaient. Et c’est ce qu’il fit, dans son armure rouge tremblotante,
en levant son arme. L’Enfant de la Harpie ne bougea pas, car pouvait-il
s’agir de la fin de la longue farce de son existence ? Le cœur qu’elle tenait
toujours était sombre. Les gouttes de sang qui tombaient sur le sol gris
évoquaient des larmes écarlates. Ses yeux émeraude étaient rivés sur elle.
Elle lui tendit le cœur, comme pour le supplier de la délivrer…
Surgit alors une cascade de lumière et de rires, une tornade de
mouvements vifs et argentés. Le Triple Pitre venait d’atterrir entre le
barbare rouge et l’Enfant de la Harpie. Il était secoué de gestes nerveux,
frissonnait d’amusement, de douleur ou de paix. De ses épées, il avait
pourfendu le barbare du cou à l’aine. Son sang formait désormais une large
flaque sur le sol gris.
Un autre barbare apparut au pied de la pente. Rapide et enragé. L’Enfant
de la Harpie imagina qu’il pouvait s’agir du bouffon de la mort, qu’elle
allait finalement en finir ici. Mais le second barbare s’effondra à son tour, la
tête proprement fendue d’un côté à l’autre.
Le Triple Pitre atterrit alors sur son cadavre et pivota. Il émanait de lui une
aura dorée de jubilation, et de carnage sanglant. Il se tourna vers Draillita et
traîna son épée argentée derrière lui en lui faisant signe de le suivre.
Elle eut un mouvement de recul, puis trouva son équilibre sur un orteil,
parée des guenilles du chagrin et du sang du barbare. Elle pouvait suivre le
Triple Pitre, danser et rire telle l’enfant qu’elle était. Elle pouvait prendre la
main du Triple Pitre et se parer d’or et de rouge, devenir la Fille de l’Aube
tournoyant sans fin dans la lumière… Elle décida de prendre la main qui lui
était tendue.
Les flammes les séparèrent, fendant les airs, projetant des cendres dans le
ciel. Les frères des barbares morts entrèrent en scène, franchirent la crête en
chargeant, forts de leurs beuglements et de leurs armes rugissantes.
L’Enfant de la Harpie tomba en arrière. Elle releva la tête et vit le Triple
Pitre qui s’enfuyait dans un sillage d’explosions et d’allégresse. Elle avait
touché la joie du bout des doigts et voici que celle-ci se dérobait à elle. Elle
se releva, les mains tendues vers le ciel, outrée par cette injustice. Elle en
appela aux esprits de ceux qu’elle avait perdus tout en dansant au beau
milieu de la fusillade. Et les défunts lui répondirent. Ils arboraient les
visages fantomatiques de la vie de chagrin de l’Enfant de la Harpie : la
Reine de la Lumière d’Étoile, les Muses Écarlates, le Prophète Brisé, un
chœur de morts rancuniers. Ils vinrent, poussant des hurlements silencieux,
vêtus de noir et de blanc, tel un orage charrié par la gueule des enfers.
Les barbares étaient rapides, et forts. Deux qualités qui ne pouvaient
toutefois pas les sauver. Draillita prit un instant pour regarder. Un sentiment
d’angoisse accompagnait chacun de ses gestes. Elle trébucha et tomba, se
releva et arracha de nouveaux cœurs à l’aide de ses mains. L’Enfant de la
Harpie aurait préféré qu’il en fût autrement, elle aurait préféré pouvoir rire
de la joie que lui inspirait l’aube radieuse plutôt que de pousser des
hurlements de vengeance devant ce massacre. Mais elle en était incapable.
Elle devait poursuivre, fouler les cendres, danser avec la mort qui se refusait
à elle. Son rôle était de souffrir pour des torts qu’elle n’avait pas commis et
d’ôter la vie des vivants dans un souci de vengeance.
Elle contempla sa main ruisselante de sang. De l’holofumée et des
losanges tourbillonnaient parmi les gouttelettes qui tombaient au sol. Les
esprits de la vengeance étaient tout autour d’elle, avec pour masques des
grimaces de douleur. Ils brandirent leurs armes, et leurs silhouettes
noircirent. L’Enfant de la Harpie tendit sa main écarlate vers le ciel puis se
roula au sol tandis que le soleil s’effaçait devant le crépuscule…
Draillita se remit sur ses pieds. Le costume de l’Enfant de la Harpie
s’évanouit au profit de son holo-combinaison dathedi. Voile et guenilles
tombèrent en particules d’holo-lumière avant de disparaître complètement.
L’Enfant de la Harpie la quitta à son tour. Le hurlement mourut lui aussi.
Les traits encore présents étaient d’un blanc immaculé, telle une toile prête
à l’emploi.
Les mimes de la troupe se détournaient déjà et leur apparence changeait
elle aussi comme ils se défaisaient de leurs rôles. La vacuité de leurs
mouvements faisait écho aux siens. Elle distinguait parfaitement les
Bouffons Tragiques, tout de blanc vêtus, qui allaient d’un pas léger parmi
les morts à la manière de corbeaux albinos. Tout n’était qu’une danse, un
cycle de récits et de rôles, mais celui de doublure sonnait creux. Voilà ce
qu’ils étaient désormais, attendant dans le fossé qui sépare la fin d’une
histoire et le début d’une autre. Elle observa le sang qui recouvrait ses
mains. Il commençait déjà à coaguler. Il empestait les gènes des soi-disant
space marines. Elle en laissa une traînée poisseuse dans la cendre. De toute
évidence, elle en était couverte. Elle exécuta aussitôt une acrobatie pour
s’en débarrasser complètement.
Iyshak se trouvait précisément là où elle atterrit. Il avait joué le rôle du
Triple Pitre. Son costume s’était défait de ses reflets or et rouge. Un rictus
avait remplacé son expression de joie. Les motifs en losange de sa tenue
oscillaient entre des bleus mats et de subtiles nuances quasi noires au gré de
ses mouvements. Il avait adopté l’archétype de la lune décroissante durant
cet interlude de cycles. Cela seyait à son sens artistique.
Sortons, signa-t-elle.
En tant que Maîtresse des Mimes, elle ne parlait pas, ne produisait pas le
moindre son, mais communiquait par un système de gestes appelé
lambruith. Chaque détail de sa posture, de ses muscles et de ses
mouvements avait une signification, de sorte que dans son silence, elle était
capable d’instiller des nuances et sens avec plus de précision que n’aurait
pu le faire la plus complexe des langues. Cette mimique ne s’accompagnait
d’aucune règle fixe, d’aucun lexique : c’était un langage qui faisait la part
belle à la spontanéité, un art dont l’expression n’était jamais la même. Elle
tendit la main à Iyshak, qui l’accepta, et ils se mirent à marcher. Tout autour
d’eux, les flammes de la tragédie qu’ils avaient ordonnée dansaient parmi
les dunes de cendres et les cadavres désarticulés des humains.
Ils franchissaient la crête d’une éminence quand Draillita sentit la poigne
d’Iyshak se tendre. Il s’arrêta et se tint parfaitement immobile, à la manière
d’un comédien pris dans un tableau. Une fraction de seconde plus tard,
Draillita comprit ce qui se passait. Une silhouette leur barrait le chemin.
Elle était cramoisie, laissait derrière elle une traînée de losanges écarlates et
carmin, et son ombre s’étendait dans la fumée à la façon d’ailes. Son visage
lisse était argenté.
Draillita se cambra sous l’effet de la surprise et se figea. Elle et Iyshak
avaient fini par incarner l’image du héros Ulthanesh et de la tueuse de
chants Shelwe-toc surpris par Khaine sur le Sentier Solaire. Derrière eux,
les interprètes du masque franchirent à leur tour le sommet de l’élévation,
virent la silhouette et la posture d’Iyshak et de Draillita, et se déployèrent en
croissant autour d’eux. Ils se muèrent en images de la forêt du Chagrin, les
brindilles qui leur servaient de doigts agités par la brise chargée de fumée,
leur masque évoquant la peine et le chagrin.
En son for intérieur, Draillita se sentit mal à l’aise. Cela ne faisait partie
d’aucun des cycles qu’elle avait appris. Ils venaient de finir le dernier acte
des Larmes rouges de l’Enfant et du Bouffon. Maintenant qu’il était
terminé, ils auraient dû se retirer, poursuivre avec les cycles de moindre
importance d’une tragédie comique, jouer les rôles des enfants dispersés
d’Isha fuyant les guerres des dieux. Et pourtant Yrlla, le Prophète, leur
barrait la route. Il n’aurait pas dû se trouver là. Le destin n’avait pas son
rôle à jouer dans ce dernier acte, aussi Yrlla n’aurait pas dû intervenir lors
de la scène de la bataille. Il n’avait rien à faire ici…
Et pourtant.
Le Prophète s’approcha d’un pas lent, et la tache noire et rouge de son
ombre ne faisait que grossir. Il s’arrêta finalement devant les masques sans
plus bouger. Dans ce genre de moment, quand le destin s’invitait sous la
forme du Convive Rouge, il devait attendre qu’on l’interpelle.
Que faites-vous ici ? finit par demander Draillita.
— Je suis venu vous avertir, répondit Yrlla.
— Quel mal avez-vous vu ? demanda Iyshak.
— De nouveaux rêves émergent et réveillent ceux qui dorment
depuis longtemps.
Le Prophète tendit la main devant lui. C’était une main cadavérique, à la
peau momifiée, qui ressemblait à une griffe. Du sang séché s’accrochait à
ses ongles. Des flammes s’en élevaient, léchant la fumée, formant des
ombres tout autour d’eux dans les airs. Draillita vit des guerriers cornus aux
armures ornées d’écussons. Ils levaient les bras vers le ciel comme pour
saisir les étoiles qui apparurent brièvement au travers de la fumée. À côté,
d’autres silhouettes étaient allongées, comme endormies, délicatement
éclairées par l’holo-lumière, de sorte qu’elles semblaient noires, or et
argent. Les dormeurs se levèrent, et les étoiles s’évanouirent. La forme
solitaire d’un humanoïde monstrueux au bâton et au casque cornus
demeura. La lueur dérobée des étoiles brillait dans ses yeux. Draillita frémit
et le chœur d’interprètes imita son mouvement en exhalant un murmure
de douleur.
— De tels changements d’acteurs et de scène exigent une réponse. Ces
actes et actions ne sont pas doués d’une vie propre.
Quel cycle saedath cela débute-t-il ? demanda Draillita.
— Cela pourrait en concerner plusieurs, répondit le Prophète, qui se
retourna, balayant la fumée et l’holo-lumière à la façon d’une cape rouge
dépenaillée. L’Hilarité du Dieu Brisé, qui met en scène des étoiles en pleurs
et des issues rapides. Le Bûcher et le Phénix, où tout n’est plus que cendres
et incertitude, et où tous ceux qui le traversent en dansant n’ont d’autre
choix que de partir sans savoir si l’aube succédera à la nuit…
Au-dessus et autour d’Yrlla, ombre et lumière donnèrent naissance aux
images de silhouettes qui tourbillonnaient dans les flammes et les ténèbres,
armées d’épées énergétiques, s’élevant telle la houle, grimpant les unes sur
les autres pour effleurer un croissant de lune qui avait tout l’air du sourire
d’une faux. Puis elles s’effondrèrent, sans vie, pour laisser place à une
ombre grise, puis à l’obscurité.
— Mais il y en a un autre, affirma Iyshak, qui lâcha la main de Draillita et
se mit à tourner en rond, chacun de ses pas modifiant sa tenue et son visage.
Parlez du saedath par lequel nous devrions commencer selon vous.
— La Lune Filante, dit le Prophète, suscitant tout autour d’eux un
gémissement chevrotant de chagrin parmi le chœur.
Draillita s’inclina alors.
Il n’a pas été joué depuis de nombreux âges de vie mortelle. Le faut-il
maintenant ?
— Ce n’est pas tant qu’il le faille, dit Yrlla. En le choisissant, nous en
faisons le récit de ce qui sera.
Le destin balayé…
— Une fin bien pire pour tous ceux qui en sont avertis.
Mais à quel prix ?
— De nombreuses vies. Le prix de la joie et de la victoire.
— Nous jouerons, fit Iyshak, qui tournait de plus en plus vite, cabriolait
dans une tenue désormais noir et violet, sa crête de cheveux à l’image d’un
arc-en-ciel, son masque fendu d’un cruel sourire écarlate. Ainsi sommes-
nous appelés à jouer un rôle. Je serai le Bouffon de l’Assassin, car je suis
l’avatar de tout ce qui doit mourir en raison des erreurs du bouffon.
Sa voix forte résonnait de raillerie et de malveillance.
— Ainsi dans ce chaudron serai-je la Voix des Nombreuses Fins, dit Yrlla.
Le Prophète fit alors un bond dans les airs. La brume de sang et les ombres
laissèrent place à des éclats d’émeraude et de rouge, de jaune et de pourpre,
de turquoise et de feu. Quand Yrlla atterrit, son masque évoquait un miroir
terni sous sa capuche. Tout autour d’eux, les troupes tournoyaient et
virevoltaient, assumant leur premier rôle du cycle. Derrière eux vinrent les
Bouffons Tragiques, tout vêtus de noir, tous identiques, car dans l’histoire à
venir, la mort n’avait pas d’aspect particulier.
Draillita posa ses mains contre son visage, voûtée comme si elle était
submergée, puis elle se redressa. Son masque était fendu en deux, une
moitié déformée par la douleur, fissurée et couverte de rubis et de cendres
ardentes. L’autre étincelait de joie, affichant des dents rouges pointues et un
œil brillant de malice.
Je suis la Vérité du Rêveur, car chaque chose doit rêver, et chaque chose a
une fin.
Un gris cendreux et un rouge sang s’ajoutèrent au blanc et au noir. Elle
écarta les bras et commença à s’éloigner des autres. Elle devait prendre de
l’avance, telle une mise en garde, tel un héraut venu trop tard à ceux qui
allaient devoir souffrir.
— Qui sont les acteurs qui ne connaissent pas encore leur rôle ? entendit-
elle dire Iyshak de la voix haut perchée du Bouffon de l’Assassin.
— Ils sont nombreux, répondit le Prophète. Mais celui qui doit le faire le
premier est un sorcier, anciennement humain, aujourd’hui maître des parias,
fils d’un faux roi, qui a trahi tout le monde, qui a foi en l’espoir. Son nom
est Ahriman.
PREMIÈRE PARTIE
L’EXILÉ
CHAPITRE I
LE VOILE DE FANTÔMES

Hargoron, Aîné des Héritiers du Fer, Briseur d’Enclumes, écoutait son


navire grincer au contact des fantômes. Des cristaux de glace apparaissaient
sur l’encadrement des hublots. Des formes diaphanes évoluaient dehors,
dans la pénombre. Des choses qui peut-être avaient un visage se formaient
avant de s’évanouir. Des mains apparaissaient, se muaient en griffes, puis
s’estompaient, comme avalées par le brouillard bleu vert. Les étoiles
n’étaient plus que des têtes d’épingle dans cette purée de pois. La forme
d’une tête se dessina sous son regard. Ses yeux avaient visiblement volé
leur lueur aux étoiles et offraient le spectacle d’une pâle cataracte sur une
face de peau déchiquetée entourée d’un cercle de dents pointues. Hargoron
retroussa ses lèvres.
— Senseurs au rapport, dit-il d’une voix rauque, brisant ainsi le silence qui
régnait sur la passerelle.
— Cet œil voit, ô grand seigneur… répondit l’esclave-augure principal,
une misérable chose au long cou gainé de métal surmonté d’une tête en
forme de bulbe.
Son amas d’yeux de têtards parcourait les écrans fissurés de sa console.
— Aucun retour à portée de senseurs, ajouta-t-il en laissant couler de sa
bouche un filet de bave qui vint s’ajouter à l’épaisse croûte qui recouvrait
déjà les boutons de la console.
Hargoron fit une moue dégoûtée et se détourna en se grattant le menton
d’un doigt griffu. Des flocons de rouille se détachèrent de sa peau. Tout
s’était mis à tomber en morceaux depuis leur entrée dans la Nébuleuse de la
Gorgone. Rien dans l’Œil de la Terreur ne pouvait subsister sans s’adapter à
la vie sur la frontière qui sépare la réalité du warp, mais ce voyage avait
coûté cher à Hargoron et à ses guerriers. Ici, la lumière des étoiles situées en
dehors de l’Œil était plus forte que la lueur infernale qu’irradiait son cœur,
mais les marées du warp étaient puissantes et fortes du contact flétrissant de
l’entropie. Des épaves tourbillonnaient dans l’étreinte de la Nébuleuse, se
disloquant comme les forces de l’irréalité cisaillaient la réalité. Les
systèmes du vaisseau tombaient en panne, la corrosion s’attaquait au métal,
des parasites brouillaient les signaux, et la faiblesse s’insinuait dans chaque
muscle et os. Il avait dû abandonner un navire au cœur de la Nébuleuse. Ses
moteurs l’avaient lâché et sa coque avait commencé à se flétrir comme un
fruit asséché par le vent du désert. Il ne lui restait donc plus que deux
appareils pour rentrer.
Mais cela en avait valu la peine. Ses cales étaient pleines des richesses des
mondes et épaves qui dérivaient dans la Nébuleuse : de grandes quantités de
blindage ; des armes arrachées aux squelettes de vaisseaux morts ; des
munitions et du carburant, encore utilisables malgré le temps passé dans les
déferlantes fantomatiques. Et c’était sans compter les véritables trésors, des
choses uniques qu’il allait échanger à prix d’or avec le Seigneur de Guerre
et les pouvoirs Ascendants de l’Œil. Assez de richesses pour payer les
voleurs génétiques et les mécaniciens de la chair en échange de nouveaux
guerriers. Non pas des légionnaires vagabonds, qui ne cédaient qu’aux
sirènes du pouvoir et de l’opportunité, mais des guerriers qui lui seraient
fidèles, à lui et à lui seul. Et ensuite… Qui pouvait bien savoir ? Il n’avait
plus qu’à regagner l’orée de la Nébuleuse. C’était un voyage dangereux, et
il fallait en payer le prix.
Il jeta un œil en direction de l’Astartes des Warp Ghosts qui se trouvait sur
la plate-forme du timonier. Il portait une armure gris pâle rehaussée de
bronze terne et d’acier. Les lentilles de son heaume évoquaient deux yeux
frappés d’une cataracte pâle. Il n’avait pas bougé depuis des heures. De
temps à autre, il faisait un geste ou prononçait quelques ordres, lorsqu’il
fallait changer de cap. Pour le reste, il s’était contenté de tourner la tête vers
les hublots, comme pour regarder les choses qui évoluaient dans l’obscurité,
des choses qu’Hargoron ne pouvait pas voir, et ne voulait de toute façon pas
voir. Son propre vaisseau se trouvait à bâbord et filait dans l’écheveau de
foudre et de gaz.
Le Warp Ghost aux lentilles pâles tourna la tête et croisa le regard
d’Hargoron, qui réprima un tressaillement. La créature porta son attention
ailleurs. Hargoron cracha. La salive acide grésilla en rongeant le pont. Nul
ne savait quel chapitre ou légion avait accouché de la confrérie des Ghosts,
ni quel marché ou secret leur permettait de sillonner les profondeurs de
l’Œil saturées par le warp. Il n’en avait jamais vu plus d’une poignée à la
fois, mais ils le troublaient. Les Warp Ghosts allaient le priver d’une
importante partie de son butin, mais il ne faisait aucun doute que sans leurs
pilotes, ses vaisseaux auraient rejoint les autres épaves qui dérivaient dans
les lents courants de la Nébuleuse de la Gorgone. Ils étaient précieux, mais
il n’appréciait pas leur présence. Ils étaient bizarres, comme s’ils lisaient en
lui quand ils le regardaient. Il n’aimait pas cela. S’il s’était écouté, il aurait
égorgé celui-là d’un coup de griffe et ordonné à ses vaisseaux d’ouvrir le
feu sur l’appareil qui les escortait. Il s’était retenu, bien évidemment. Il
n’était pas possible de se mettre les Warp Ghosts à dos quand on traversait
l’Œil.
— Stoppez les machines, dit soudain le Warp Ghost.
Hargoron embrassa la pièce du regard. L’équipage obéissait déjà. En se
tournant vers un hublot, il vit que son second navire et l’appareil des Warp
Ghosts inversaient la propulsion pour s’arrêter.
— Qu’est-ce que… commença-t-il à grogner.
Mais le Warp Ghost leva la main. Hargoron réprima sa colère en serrant les
poings. Le Warp Ghost tourna lentement la tête vers lui puis, plus
rapidement, leva les yeux vers le plafond avant de les baisser vers le pont.
— Il y a une présence tout près, expliqua le Warp Ghost en croassant. Des
ombres… qui attendent dans la pliure du Grand Océan, dissimulées dans ses
eaux les plus profondes…
— Qu’est-ce que c’est ? gronda Hargoron.
De l’autre côté du verre blindé, les ténèbres pâles s’épaississaient. Un
éclair jaune les fendit, illuminant la scène durant une fraction de seconde,
puis la foudre zébra de nouveau l’obscurité, encore et encore. Hargoron se
tourna vers la plate-forme du timonier pour lui demander de s’expliquer.
Le Warp Ghost n’était plus là.
— Mon seigneur, fit l’esclave-augure principal. Nos résonateurs éthériques
détectent d’intenses fluctuations à proximité.
Hargoron ordonna l’état d’alerte en grognant. Les deux guerriers de sa
garde personnelle s’avancèrent aussitôt.
La foudre chassa une nouvelle fois l’obscurité, et c’est alors qu’il vit
l’ombre d’un vaisseau. Un bâtiment de guerre. Juste au-dessus d’eux,
soudains et bien réels, aux flancs semblables à des falaises, couverts de
tours qui donnaient à leur silhouette l’air de lames dentelées, se tenaient
plusieurs vaisseaux. Et la foudre stroboscopique qui ne cessait plus de
fendre les ténèbres.
— Boucliers ! hurla Hargoron.
Le vaisseau avait renoncé au plus gros de ses boucliers pour sillonner la
Nébuleuse de la Gorgone. Une partie de l’équipage réagit, mais le reste ne
bougea pas, comme paralysé.
Cela ne fit aucune différence. Un des bâtiments de guerre cracha des traits
de flammes. Le mince écran des boucliers fut surchargé une seconde avant
que les hublots n’explosent. Des éclats de cristal balayèrent la passerelle.
Des hurlements retentirent en même temps que l’air arraché aux poumons
de l’équipage traversait la gorge des uns et des autres. Des corps en sang
s’effondrèrent. Hargoron abattit ses mains sur sa tête. Des champs
énergétiques recouvrirent ses griffes et il criait déjà dans le vox encombré
de parasites quand un pilier de lumière se manifesta au centre de
la passerelle.
Il sentait le goût amer de la sorcellerie dans les airs. Il se dirigea vers les
portes anti-explosions pour quitter la pièce. Ses deux guerriers l’encadraient
en tirant. Il criait dans le vox, ordonnant à ses hommes d’affronter les
assaillants. Les hangars contenaient des appareils d’assaut et des engins
élévateurs. Lui et ses guerriers pouvaient s’enfuir. Il pouvait bien laisser son
navire aux attaquants. Il lui suffisait d’emporter ses plus importants
trophées et de vivre assez longtemps pour exercer sa vengeance une
autre fois.
Hargoron était au niveau des portes anti-explosions. Ses deux guerriers,
toujours à ses côtés, tiraient des bolts dans le pilier de lumière qui
grossissait toujours. Une ombre cornue se forma dans le flamboiement
d’énergie, de plus en plus distincte, de plus en plus près, comme si elle se
rapprochait, venue d’un endroit qu’il ne voyait pas. C’est alors que le pilier
de lumière disparut.
Les bolts s’immobilisèrent dans les airs. Une couche de givre recouvrit le
pont et remonta les jambes des membres d’équipage, qui se débattaient.
Une créature se tenait désormais à la place de la lumière. Elle portait une
armure saphir, une robe cramoisie, et des cornes courbes s’élevaient de son
casque. Le bâton qu’elle tenait dans la main était comme une ligne taillée
dans la réalité, une plaie noire suintant de lueur étoilée.
Hargoron poussa un grondement. Les champs énergétiques recouvrirent
ses griffes en claquant. Ses guerriers ouvrirent à nouveau le feu. Hargoron
commença à avancer.
Le sorcier le dévisagea. Ses yeux étaient deux étoiles bleues.
Les jambes d’Hargoron se figèrent. Les flammes de bouche des canons de
ses guerriers étaient telles des fleurs orangées. Le sorcier s’avança vers eux
et leva la main. Les bolts suspendus dans les airs pivotèrent et glissèrent
jusqu’aux lentilles de ses deux guerriers. Hargoron tenta de bouger, de
remuer la langue pour prononcer une des phrases de protection qu’il avait
apprises auprès d’un prêtre de l’Obscurité Cornue.
+Je n’ai cure de ta haine,+ dit une voix dans son crâne.
Le sorcier remua les doigts. Les bolts transpercèrent la visière des
guerriers d’Hargoron et leur firent exploser le crâne. Le sorcier se tenait
maintenant juste devant lui.
+Tu as quelque chose que tu ne comprends pas et dont j’ai besoin.+
Hargoron sentit la force qui l’immobilisait céder l’espace d’une seconde. Il
fit un pas en avant, toutes griffes dehors. L’armure de ses bras se froissa et
ses griffes se courbèrent alors qu’il s’immobilisait de nouveau. Il les vit se
retourner jusqu’à plonger dans ses avant-bras. Le sang qui en coula se mit à
scintiller avant de se transformer en éclats de glace rouge.
Il réalisa qu’il pouvait encore remuer la bouche et la langue.
— Je ne te donnerai rien ! cracha-t-il.
Le sorcier pencha la tête sur le côté.
+Ce ne sera pas nécessaire,+ fit la voix dans le crâne d’Hargoron.
Puis il y eut un rugissement, et il sentit ses pensées se disperser comme un
pilier de poussière emporté par le vent.
Ahzek Ahriman baissa les yeux vers la forme recroquevillée d’Hargoron,
Aîné des Héritiers du Fer, Briseur d’Enclumes. Voilà que cela
recommençait : un nouvel exemple de noblesse brisée et de rêves fourvoyés
gisant à ses pieds. Il était en mesure de lire le passé dans l’arrière-goût des
pensées qu’il avait arrachées à l’esprit du guerrier. Du guerrier… Oui,
Hargoron avait été un guerrier jadis, un frère de la IVe Légion, né durant les
longues années de la guerre contre l’Empereur. Il n’avait jamais connu que
le conflit avec l’Imperium qui l’avait créé, n’avait jamais connu le temps où
la guerre passait pour un acte d’optimisme plutôt que d’amertume et de
vengeance. Et pourtant, il avait servi, survécu et tenté de se cramponner aux
lambeaux de la noblesse dont il se souvenait. Le warp avait fini par défaire
tout ceci, par muer sa volonté en un chancre qui avait dévoré Hargoron le
guerrier et laissé de lui cette enveloppe brisée animée par l’instinct et
la cruauté.
Ahriman libéra le reflet de son esprit et laissa les pensées du guerrier choir
dans le tamis de ses sens intérieurs.
Des souvenirs sanglants, des émotions amères, des bribes d’images et de
cruauté défilèrent devant son œil intérieur jusqu’à ce qu’il trouve ce
qu’il cherchait.
+Pont inférieur 34, section avant 76, dépôt d’artillerie situé près des
hangars principaux. Hâtez-vous,+ envoya Ahriman à ses frères en quittant
la passerelle dévastée au pas de course. +Je vous y rejoins.+
Ctesias chancela brièvement comme l’éclat propre à la téléportation
s’estompait. Bien qu’il eût passé l’équivalent de plusieurs vies à user de
sorcellerie et du warp, il en sortait toujours avec des bourdonnements dans
les oreilles et une bile acide dans la gorge. Une partie de lui-même était
encore à bord de l’Hekaton, et les acolytes poussaient des cris aigus tandis
que s’achevaient les rituels qui avaient permis à leur force de se déplacer.
Lycomède, qui avait récupéré plus vite, le dépassait déjà, suivi de cinq
Rubricae. Ctesias leur emboîta le pas lentement. Une lueur spectrale
auréolait l’extrémité de son bâton. Les bandes de parchemins épinglées à
son armure noircissaient, car les sortilèges de protection qui y étaient écrits
brûlaient. Il sentait la puanteur des sentinelles démoniaques tout près.
+Ils nous ont repérés,+ déclara-t-il à son apprenti. +Tiens-toi prêt.+
Il apaisa ses pensées, réprima la sensation de nausée qui menaçait de le
submerger. Ceux qui manipulaient les outils de l’invocation et de la
conjuration devaient être vierges de toute émotion, de peur d’inviter les
démons du warp à s’emparer de leur âme. Il aurait préféré avoir le temps de
se préparer à ce qu’il devait faire, mais le temps était un luxe qu’il ne
pouvait pas se permettre pour l’instant. Il sentait les ramifications de
sensations et de pensées le titiller : le désespoir d’une âme suffoquant
lentement dans le vide, la sueur froide et moite d’une peau enfiévrée, la
douleur aiguë d’un cœur qui s’arrête et les derniers instants d’une
vie misérable.
Le vaisseau était souillé de résidus fantomatiques. De la rouille recouvrait
les rivets des murs de métal. Le chancre avait déjà sérieusement attaqué son
ossature pourrissante lorsqu’il était entré dans la Nébuleuse de la Gorgone
en quête d’un butin, et les marées corrosives du warp n’avaient fait
qu’accentuer la décomposition. Des choses s’étaient accrochées à son
enveloppe et avaient voyagé avec lui. Les Briseurs de Fer, ou quel que fût le
nom que s’attribuaient les maîtres du vaisseau, n’avaient pas le savoir-faire
nécessaire pour éliminer les parasites de leur appareil, mais certains avaient
les connaissances nécessaires pour les assujettir. Ils avaient fait des démons
leurs chiens de garde. Ctesias s’en était aperçu en espionnant leur gibier au
moyen du miroir et de la fumée, mais maintenant qu’il le sentait sur sa peau
et dans ses pensées, il aurait préféré qu’Ahriman brûle le navire avant d’en
fouiller les cendres. D’aucuns auraient trouvé cette réaction étrange : un
invocateur et conjurateur de démons qui grimaçait au contact rance du
warp. Mais pour lui, cela n’avait rien d’anormal : le maître d’une meute de
limiers n’avait pas à aimer les excréments de ses animaux. Il était vieux,
son âme flétrie, et il en avait assez vu pour ne plus avoir à se mentir à lui-
même. S’il avait eu le choix, il aurait été déjà loin de ce vaisseau et du
trophée qui les avait amenés ici. Mais Ahriman n’était pas de ceux qui
laissent le choix à qui que ce soit. Au moins, ils n’allaient pas rester ici
bien longtemps.
Lycomède fit sauter une écoutille anti-explosions d’une décharge
télékinétique. Le panneau sauta de ses gonds dans une pluie de rouille avant
de s’écraser contre un mur et de tomber sur le pont. Ctesias entra alors. Le
passage était large. Des spores flottaient dans la lumière de lumilampes
fissurées. Les murs et le pont étaient couverts d’amas de champignons.
Ctesias sentit le métal ployer sous son poids. Il sentit le warp s’agiter.
C’était une épaisse mélasse. Des bulles éclataient en marge de son champ
de vision. Une puanteur cadavérique assaillit ses narines.
+Ils sont là !+ lança-t-il.
Et les Désengendrés apparurent. La gueule grande ouverte, leurs masses
graisseuses se détachèrent des murs et tombèrent lourdement sur le pont,
soulevant des nuages de rouille avant de déployer leurs membres
et tentacules.
Ctesias sentit une impulsion de volonté émaner de Lycomède, et les
Rubricae ouvrirent le feu. Les bolts touchèrent les démons, qui se
couvrirent de flammes bleues. La graisse brûla. Une fumée huileuse se
dégagea des choses gesticulantes. Toutefois, elles ne disparurent pas, mais
grossirent, enflèrent, jusqu’à ce que leur peau se crevasse. Elles avancèrent
alors en se dandinant, projetant du mucus embrasé sur le pont. Des rouleaux
d’intestins se déversèrent de leurs plaies et fouettèrent les airs pour se
refermer sur les Rubricae les plus proches. D’un effort de volonté,
Lycomède les fit reculer, mais les anneaux serraient de plus en plus fort et
déversaient leur acide sur les armures. Ctesias sentait l’odeur du lait gâté et
des fluides entériques, entendait le bourdonnement de mouches dans sa tête.
+Libère-les,+ ordonna Ctesias. +Les autres arrivent. Il faut ouvrir le
chemin.+
Il avançait toujours en direction de la masse grouillante de chair
démoniaque qui leur barrait le chemin. Dans son esprit, les vrais noms et
mots d’invocation qu’il avait préparés devinrent une chaîne qui plongea
dans le warp.
Il prononça le premier nom à voix haute.
— Su’ka’sel’su…
Sa langue se couvrit de cloques. L’odeur du sucre brûlé emplit sa bouche
et son nez. Par-delà les murs de la réalité, les démons qu’il avait asservis
tentèrent de l’emporter sur sa volonté.
— Ah’kel’mur’hil’su’sel…
Il obligea les Désengendrés à se manifester, les attira à lui au moyen des
syllabes de leurs noms. Des fentes rouges se dessinèrent dans les airs. Du
sang s’en déversa et coula sur le pont, se mit à écumer, prit la forme de
muscles, de peau et de chitine. La lumière laissa place à un flamboiement
arc-en-ciel en touchant la peau opalescente. Des sabots frappèrent l’acier.
De longues têtes émergèrent de cous écailleux. Ctesias ne les regarda pas ;
mieux valait ne pas contempler ces choses. La masse de démons à la peau
ulcérée eut un mouvement de recul avant de se jeter en avant. Les Rubricae
et Lycomède étaient à l’abri.
— Mangez, ordonna Ctesias.
Aussitôt, les démons invoqués chargèrent telle une brume mauve. Des
hululements assourdissants fendirent les airs et projetèrent des étincelles
noires en marge de son champ de vision. Des griffes acérées perforèrent les
chairs boursouflées. De la bile et du sang parfumé giclèrent sur les murs.
Ctesias laissa le carnage démonicide se poursuivre le temps d’une demi-
douzaine de battements de cœur avant de prononcer le bannissement. Les
démons hurlèrent comme il les repoussait de l’autre côté du voile. Il marqua
une courte pause, passa sa langue sur ses dents et attendit que le goût des
cendres s’évanouisse de sa bouche. Des masses de graisse et de cartilage
laissèrent place à de l’ectoplasme sur le plafond, les murs et le sol.
+La voie est dégagée,+ annonça-t-il en avançant, entouré de Lycomède et
des Rubricae. +Nous nous dirigeons vers la cale. Ignis, es-tu dans les
temps ?+
Ignis entendit l’instruction de Ctesias sous la forme d’un sifflement dans
son crâne. La moquerie de ses mots et le sarcasme du ton employé ne lui
échappèrent pas. Il ne répondit pas. Il n’en avait ni le temps ni l’envie. Le
grondement des moteurs de l’appareil devint bientôt assourdissant. Le
Storm Eagle se ruait vers leur cible à la vitesse d’un macro-obus de canon.
Il se mit à compter en fractionnant les secondes dans sa tête, de sorte qu’il
les vit former des motifs. À côté de lui, dans le compartiment, Credence
cliquetait, comme s’il tentait de soulager quelque douleur. L’automate
s’était plié en deux pour se glisser dans l’espace exigu, mais il y rentrait à
peine. Avec eux se tenait huit Rubricae, immobiles dans leurs harnais
magnétiques. Une lueur fantomatique brûlait dans leurs yeux, et le
sifflement discret de la poussière qui retombait résonnait dans le warp tout
autour d’eux.
Le décompte d’Ignis atteignit une de ses valeurs sacrées.
+Réveille-les,+ ordonna-t-il.
Ptollen hocha la tête et se mit à prononcer leurs noms dans son esprit.
+Mabius Ro, Istigelis, T’latton…+
Les Rubricae relevèrent la tête l’un après l’autre et le sifflement de leur
armure s’intensifia. Ignis entendait les tons et sons de voix appelant au
travers du vent chargé de poussière.
+Prêts,+ fit Ptollen.
Sa volonté s’harmonisa avec les Rubricae afin qu’ils obéissent comme
s’ils faisaient partie de son corps.
Ignis n’écoutait pas le sorcier inférieur. Il comptait toujours les secondes
avant l’impact. Il aurait parfaitement pu surveiller les systèmes de senseur
et laisser l’esprit de la machine de l’appareil d’assaut gérer la distance et le
temps qui les séparaient de la cible. Il aurait pu, mais il décida d’agir
autrement. Tout ce qu’il lui suffisait de savoir, c’étaient les mesures et
motifs qui se formaient sans cesse dans son esprit. Les durées, le poids du
carburant, le rendement de l’armement, tout ceci et bien plus encore qui se
découpait en fractions et tourbillonnait dans ses pensées. Dans un passé
lointain, il avait été ordonné Maître de la Ruine, capable de semer la
destruction en jouant sur la géométrie secrète de l’univers. Plus personne
n’utilisait ce titre obsolète depuis bien longtemps, mais Ignis n’avait pas
oublié ce qu’il signifiait ni les connaissances qui y étaient associées.
Une seconde s’écoula. Des motifs fractals lui apparurent. L’espace d’un
instant, il eut le sentiment de voir le visage d’une figure divine.
+Feu,+ ordonna-t-il.
L’appareil fut secoué par une première bordée de missiles lâchés de ses
points d’emport.
+Debout,+ ordonna Ptollen, dont la robe bleu foncé ondulait à la manière
de l’eau.
Les harnais magnétiques se défirent en résonnant, et les Rubricae
se levèrent.
Ignis sentit les motifs changer dans son esprit, sentit les valeurs des
distances projetées et le temps se plier, devenir une fleur parfaitement
refermée de cause et d’effet. Il élança son esprit au-delà de la coque de
l’appareil, dans le vide. Il avait créé ces moments et comptait bien les voir
devenir réalité.
Les missiles frappèrent les portes du hangar. Les ogives à fusion
explosèrent. Le métal des portes brilla aussitôt d’un éclat jaune en raison de
la chaleur.
Neuf nanosecondes plus tard, la deuxième bordée de missiles fit mouche et
les explosifs projetèrent le métal à demi fondu en tous sens. Les rampes de
l’appareil d’assaut furent abaissées et l’air s’en échappa en hurlant. Ignis
aperçut de la poussière et de la vapeur, qui couvrirent la lueur des étoiles
d’une bile vert et ocre. Ptollen était au bord de la rampe avant. Des
silhouettes étaient aspirées dans le vide depuis le vaisseau éventré. Le trou
luisant s’ouvrit en grand devant eux…
Et ils passèrent au travers.
L’appareil joua de ses rétrofusées et glissa lentement. Ptollen sauta, armé
de ses haches animées de flammes bleues. Les Rubricae lui emboîtèrent le
pas. Ils atterrirent brutalement sur le pont et ouvrirent aussitôt le feu. La
plupart des ennemis présents dans le hangar n’étaient que des mortels, des
humains aux augmentiques rouillées. Mais trois Héritiers du Fer étaient
présents. Leur armure énergétique au métal terne était couverte d’une
épaisse couche de corrosion. D’épais filets l’huile coulaient de leurs grilles-
vox et jointures. La salve des Rubricae qui s’abattit sur eux les couvrit de
flammes bleues. Ce qui ne les empêcha pas d’avancer, tels d’énormes
furoncles purulents qui cuisaient dans leurs armures. Ptollen se précipita à
leur rencontre. Des Thousand Sons exilés, il était celui qui privilégiait le
plus le physique sur le cérébral. Sa force et ses connaissances étaient vastes
depuis toujours – assez vastes pour lui avoir valu une place dans le second
cercle de la cabale originelle d’Ahriman –, mais cette force avait toujours
été focalisée sur la guerre. Sur le carnage. Ignis aurait presque pu dire qu’il
l’appréciait.
Un des Héritiers du Fer frappa Ptollen. Le guerrier était armé d’un maillet
à la tête couverte de pointes parcourue par la foudre. Ptollen para le coup de
sa hache. Ignis sentit le warp hurler lorsque la hache fendit le maillet dans
un éclair aveuglant. Le guerrier tenta bien de réagir, mais la hache embrasée
lui ouvrit la gorge avant de s’enfoncer dans sa poitrine en fumant.
L’appareil d’assaut se posa sur le pont. Ignis entendit l’écoulement des
secondes dans son âme en dévalant la rampe. Credence se déplia et lui
emboîta le pas en ouvrant le feu au moyen de son canon rotatif. Un rayon de
lumière hurlant fendit l’espace et toucha les derniers guerriers des Héritiers
du Fer qui se rapprochaient de Ptollen. Ils ne furent plus que des ombres
fugaces avant d’exploser enfin, leur matière anéantie en un clignement
strident. Les Rubricae avançaient eux aussi en tirant sur les mortels encore
en vie.
+Ouvre les portes intérieures,+ ordonna Ignis.
Credence pivota et le rayon de son canon frappa les portes anti-explosions
qui s’ouvraient sur le reste du vaisseau. Le métal commença à se déformer
et à trembler. Ptollen s’en approcha en brandissant ses haches. La foudre en
jaillit et s’abattit sur les portes en les recouvrant à la manière d’une toile
d’araignée.
Ignis sentit le pont frémir au moment où un autre appareil d’assaut vint se
poser près du sien. Celui-là était plus petit, avec des courbes élégantes
comparées aux arêtes dures du Storm Eagle. Sa coque noire était rehaussée
d’or. Son blindage était maculé d’accidents et de traces de réparations. Ses
pieds griffus se refermèrent sur le pont et sa rampe ventrale s’ouvrit. La
paria apparut alors. C’était une femme humaine mince et de grande taille.
Elle portait une cape d’écailles or et noir par-dessus une combinaison
cramoisie. Son front était ceint d’un heaume d’or qui ne laissait voir que sa
bouche et son menton. La poignée d’une épée longue dépassait de ses
épaules. Ignis sentit son esprit se recroqueviller lorsqu’il posa les yeux sur
elle. Ses pensées et ses sens glissaient sans trouver de prise sur la paria et il
sentit une chose affamée tirer sur son âme.
Abomination… Il ne put réprimer cette pensée alors qu’il avait souvent été
en sa présence depuis qu’il côtoyait Ahriman. Elle s’appelait Maehekta, et
c’était une âme inhibée : sa présence était inexistante dans le warp. Les
esprits ordinaires étaient mal à l’aise en sa présence. Mais pour ceux doués
de pouvoirs psychiques, sa simple présence était une véritable souffrance.
Ignis ravala une gorgée de bile.
— Gardez vos distances, grogna-t-il.
— Bien sûr, répondit-elle.
Les portes anti-explosions situées à l’autre bout du hangar s’effondrèrent
avec fracas.
Ignis frissonna sous son armure, se détourna de Maehekta et avança en
direction de l’ouverture.
Ahriman sentit une douleur dans son esprit en regardant les portes. Elles
étaient en fer froid. De profondes lignes avaient été tracées sur leur surface
terne, des mots et des symboles qui dessinaient une sorte de toile qui
éblouissait son esprit. Des mots anciens, ainsi que des symboles anciens. De
la poussière et de la pourriture étaient étalées devant les portes. Des amas de
champignons métalliques pendaient au plafond, et une moisissure laiteuse
recouvrait les murs. Par endroits, le pont et les murs de métal étaient aussi
mous que la peau. Et parmi tout ce décor, la porte et son chambranle
restaient obstinément propres et solides.
+Où est la porteuse de la clé ?+ lança sèchement Ahriman en voyant
Ctesias arriver par l’une des ouvertures du tunnel.
Des coups de feu et des hurlements retentissaient toujours dans les
passages menant aux autres sections du vaisseau. Dans les ponts inférieurs,
Ctesias avait lâché une partie de sa ménagerie de Désengendrés sous l’œil
de son apprenti, et les démons agissaient selon leur nature. Ahriman avait
écarté le contrecoup psychique de la tuerie, mais il sentait encore les
fantômes de griffes tranchantes effleurer l’enveloppe de son esprit et
ressentait les frissons de terreur et de douleur.
+Avec Ignis,+ répondit Ctesias.
Ahriman sentit la méfiance de son frère.
+Ils arrivent.+
Ahriman réprima sa colère sous un vernis de calme. Ses pensées s’étaient
égarées l’espace d’un instant.
Maehekta était avec Ignis, bien évidemment… Il lui fallait se concentrer.
Passer en revue les actions nécessaires pour régler le problème. Il ferma
les yeux.
Un clignement de paupières.
Les ténèbres.
Un horizon incandescent au loin, d’un bout à l’autre de son champ de
vision intérieur. Avait-il avancé ? Un goût de poussière et de cendres lui
envahit la bouche…
Non, se força-t-il à penser.
Un clignement de paupières.
+Cette protection est incroyablement puissante,+ déclara Ctesias en se
rapprochant des portes de la chambre forte.
Ahriman se força à se concentrer sur ce que disait Ctesias.
+Nous les forcerions si nous en avions le temps. Aucune garantie que cela
ne déclencherait pas quelque piège. Nous pourrions les surcharger, mais
nous prendrions le risque d’abîmer ce qui se trouve derrière. Nous pourrions
aussi bien laisser Ignis les faire sauter avec ses charges à fusion, mais le
résultat serait le même.+
Ahriman sentit Ctesias braquer son regard sur lui. Leur lien télépathique
s’étrécit, de sorte qu’ils furent seuls à s’entendre.
+Qu’y a-t-il à l’intérieur, Ahriman ? Le temps n’est-il pas venu de partager
ton secret ?+
— Nous… commença Ahriman à voix haute.
Un clignement de paupières.
L’horizon incandescent était toujours là. Une migraine se profilait.
Contrôle. Il devait continuer d’avancer. Il le devait. Pour eux tous.
— Nous n’avons pas besoin de briser ces portes, déclara-t-il.
— Pourquoi ? demanda Ctesias en se renfrognant.
— Pourquoi briser une porte quand on en a la clé ? fit la voix froide
d’une femme.
Maehekta apparut à l’entrée du passage. Ignis et Ptollen la suivaient en
gardant leurs distances, mais leurs gestes trahissaient le dégoût qu’elle leur
inspirait. Ctesias eut un mouvement de recul lorsqu’elle passa devant lui
pour s’approcher des portes de la chambre forte. Ahriman resta concentré et
ne bougea pas, même lorsque Maehekta étendit des ombres à l’orée de ses
pensées. La clé qu’elle avait en main était de fer noir et pendait à un anneau
suspendu au bout d’une chaîne terne. Elle fit glisser son doigt sur la surface
de la porte, trouva ce qui ressemblait à une profonde fissure et y enfonça la
clé. Un déclic se fit entendre, elle la tourna et les portes coulissèrent dans
les murs. Une vapeur réfrigérante s’échappa de la pièce.
Une pièce entièrement plongée dans le noir. L’affichage du casque
d’Ahriman tenta de construire une image avec le peu de lumière dont il
disposait en produisant des grésillements. Ses sens lui permirent de sentir
les protections tissées dans la géométrie de la pièce et qui tentaient de
repousser son esprit.
— Une chambre inhibitrice… dit Ctesias. Habilement construite…
Il s’approcha du seuil et tendit la main dans la pièce. Ahriman sut que
Ctesias allait faire pression au moyen de son esprit contre l’effet
psychique inhibiteur.
— Puissante, et très habilement construite. Les misérables qui utilisaient
ce vaisseau n’en sont pas les créateurs.
— Lumière, dit Ahriman.
Credence émit un bourdonnement, et un rayon lumineux jaillit du canon
monté de l’automate. C’était une grande salle. Le sol était jonché de ce qui
ressemblait à des débris. Ahriman se fraya un chemin parmi des tas
d’armures énergétiques brisées, une pile de casques cornus et d’os, et de
récipients en pierre remplis de morceaux de cristal qui reflétaient l’éclat du
lumen. Il sentit l’écho de la colère, de la douleur et de la rancune se dégager
de chaque objet devant lequel il passait.
— Ce n’est qu’un tas de butin, pas un trésor, affirma Ctesias.
Lui, Ignis, Ptollen et Maehekta étaient entrés eux aussi, tandis que les
Rubricae montaient la garde à la porte. Dans le reste du vaisseau, les bruits
de lutte s’estompaient.
— Ce ne sont que des déchets. Ils ont franchi le voile et récupéré tous les
déchets imprégnés de warp qu’ils ont trouvés.
Il désigna une espèce de gantelet énergétique grossièrement couvert
d’épines osseuses.
— Qu’ils aient pu imaginer que ce genre de choses méritait d’être enfermé
dans un coffre en dit long, cracha-t-il. Par les dieux, les légions de l’Œil
méritent de disparaître.
— Nous ne sommes venus que pour une chose, dit Ahriman, qui avança en
embrassant la pièce du regard.
Une forme anguleuse semblait avoir été abandonnée près d’une pile de
chaînes en argent oxydées. Il s’en rapprocha. La forme en question était un
bloc de cristal aux contours réguliers, long de près de deux mètres
cinquante, et large de moitié. Sa surface était couverte de fissures, d’usures
et de poussière, mais une petite fenêtre avait été sculptée en son sommet.
Ahriman s’y pencha, resta immobile un long moment, puis s’écarta de sorte
que Maehekta puisse voir elle aussi. Elle se raidit et regarda Ahriman.
— C’est celui-là, dit-elle.
Ahriman se sentit vaciller en acquiesçant de la tête. Il cligna des yeux.
L’horizon incandescent était là, plus près que jamais.
Non, pensa-t-il. Non. Un peu plus longtemps. Il avait la bouche sèche. Il
sentait la chaleur. Ne la sentaient-ils pas eux aussi ? Ils avaient forcément
vu. Il devait… dire… quelque chose. Mais il en était incapable. Il ne
pouvait pas parler, ne pouvait pas ouvrir les yeux, ne voyait rien d’autre que
l’horizon de feu qui se rapprochait.
Non, pas ici. Pas maintenant… Qu’il s’empare de lui maintenant, et les
autres ne pourraient pas sortir. Ils n’en auraient pas le temps…
— Qu’y a-t-il ? demanda Ctesias, qui s’approcha lui aussi pour examiner
le cristal.
Ctesias avança et regarda ce qui se trouvait dans le bloc de cristal. La
substance polie était parfaitement transparente, au point qu’il eut
l’impression de regarder par une fenêtre. Une forme humanoïde y était
allongée. On aurait dit un squelette d’acier brossé et de carbone. Une sphère
noire figurait au centre de son front. Par endroits, sa surface était cousue de
fils d’or qui formaient des cercles et des droites.
— Un xenos ? fit-il en se retournant. Et il est censé nous sauver ?
Ahriman ne répondit pas. Ctesias tenta alors d’établir un lien télépathique.
Ahriman leva la main. Ses doigts tremblaient.
— Il… arrive… dit-il.
Ctesias le sentit alors : une chaleur qui envahit son esprit et son corps,
comme lorsque l’on inhale l’air d’un fourneau.
Ignis ne bougeait plus. Les Rubricae restés près de la porte furent
parcourus d’un frisson. Ptollen tomba à genoux.
Ctesias eut une fraction de seconde pour aspirer une goulée d’air.
Puis les événements se précipitèrent.
Une explosion dans son crâne.
Une vive lumière blanche.
Un son rugissant.
Une chaleur insupportable.
Il ne vit alors plus que les flammes.
On l’appelait le Pyrodomon. C’est ainsi que l’avaient nommé les démons
que Ctesias avait invoqués. Tout avait commencé lorsque Ahriman et ses
Exilés avaient fui la Planète des Sorciers après avoir tenté d’invoquer le
Rubric pour la deuxième fois. Pour commencer, les devins et les augures
avaient perdu leur capacité de voir l’avenir. L’obscurité avait recouvert leur
œil intérieur, au point qu’ils ne voyaient pas plus loin que quelques
secondes au-delà du présent. Puis ils avaient vu l’horizon embrasé.
Gilgamos, le plus puissant augure après Ahriman, l’avait décrit comme une
ligne dorée tracée sur une feuille noire. D’autres s’étaient mis à la
distinguer, fussent-ils ou non capables de voir l’avenir. Un jour, Ctesias
avait fermé les yeux de fatigue et l’avait vue alors, vive et douloureuse.
Bientôt, elle fut là tout le temps, telle une brûlure derrière ses paupières.
Ahriman avait réuni le Cercle de ses lieutenants. Ils avaient longuement
débattu, mais aucun ne savait ce dont il s’agissait. Ahriman avait quant à lui
gardé le silence. Ctesias avait trouvé cela particulièrement troublant ; non
pas qu’Ahriman ne sût pas ce qui se passait, mais bien qu’il le soupçonnât
de savoir. Puis il était venu les chercher.
D’abord la chaleur. Ctesias l’avait sentie grandir en lui, émaner du tréfonds
de son être jusqu’à sa peau. Puis la douleur qui le transperça. Et la lumière,
hurlante depuis l’horizon obscur. Tout fut si rapide. Le fossé entre un
battement de cœur et le suivant. Il fut submergé. La douleur, la brûlure et le
rugissement d’une tempête de feu. Cela lui avait paru durer une éternité.
Une fois la tempête passée, Ctesias se rendit compte qu’il était tapi au sol,
la bouche remplie du goût de la poussière et des cendres.
Tous en avaient été victimes. Chacun des Thousand Sons avait, ne fût-ce
qu’un instant, vécu la même chose. Cela avait aussi affecté les Rubricae.
Quelle que fût leur tâche à ce moment-là, ils s’étaient figés. La flamme
spectrale avait brûlé dans leurs yeux. Certains, sembla-t-il, avaient même
parlé, appelé d’une voix chevrotante leurs anciens camarades, leur
demandant de l’aide, suppliant que le feu cesse. Cela était pourtant
impossible. Les Rubricae étaient enfermés dans des armures qui contenaient
l’ombre des âmes des Thousand Sons qui les avaient portées. Le Rubric
qu’Ahriman avait lancé avait fait d’eux des coquilles de poussière vides.
Tout ce qu’il en restait était les échos de leur nom et de leur vie pris dans
une cage éternelle. Ils ne pouvaient pas agir, seulement obéir. Mais dans les
flammes, quelque chose avait changé.
La panique s’était alors installée. Les théories et les meilleures marches à
suivre s’affrontaient dans l’esprit des Exilés. C’était une attaque. Une
malédiction de Magnus le Rouge pour punir les Exilés revenus dans son
royaume. C’était le fruit des changements intervenus dans l’Œil de
la Terreur.
Puis cela s’était reproduit. Encore et encore. Plus intensément à chaque
fois, en prévenant de moins en moins. Et voilà que cela ne se contentait plus
d’arriver. Des choses disparaissaient désormais.
Le feu s’était abattu du warp et après son passage, l’un des Rubricae était
tombé en poussière. Il ne restait nul écho de son âme. D’autres avaient
suivi. Ahriman avait demandé à Ctesias de découvrir ce que savaient les
démons du warp. Il était revenu avec un nom : Pyrodomon, une apothéose,
une métamorphose dans les flammes. Le premier vivant avait été pris
peu après.
C’était un sorcier du nom d’Iskiades, un devin onirique et guerrier des arts
subtils. Ils l’avaient retrouvé après que le Pyrodomon se fut manifesté. Les
jointures de son armure étaient scellées. Les lentilles de son casque
brillaient d’une lueur terne. Dedans, ils n’y trouvèrent que de la poussière et
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separation for years; then this sudden need to meet him again in
order to side-track some ‘embarrassments’: obviously she had
married him, and needed a divorce if she was to marry again. I wish
most problems were as simple.”
“And, of course, if she married Staveley in 1915, as she seems to
have done, he committed bigamy in marrying Mrs. Fleetwood?”
“Which means that Mrs. Fleetwood is Mrs. Fleetwood, and that
she's legally married now. She won't be sorry to hear it. That's why I
sent Mme. Laurent-Desrousseaux up there now. First-hand evidence
is better than documents; and, of course, the documents will be
forthcoming if they're required in future. Evidently those three
scoundrels didn't know this latest twist in the affair, or they wouldn't
have tried the trick they did last night. They'd have done worse,
probably, when they got hold of her. If she'd been dead and out of
the way, there would have been no one except old Miss
Fordingbridge to contest that impostor's claim—and she was so
besotted with him that she'd never have dreamed of doing so.”
He paused for a moment or two, as though considering the case;
but when he spoke again it was on a different point.
“You sometimes jeer at me for playing the mystery-man and
refusing to tell you what I infer from the facts that turn up. It's
sometimes irritating, I admit; and now and again I suppose it makes
me look as if I were playing the superior fellow. But it's really nothing
of the sort. In affairs of this kind, one never can tell what the next
turn of the wheel may be; and one might quite well blurt out
something which would give the cue to the very people you want to
keep in the dark.”
“You do irritate me often enough, Clinton,” Wendover admitted. “I
can't see why you shouldn't put your cards on the table. A fact's a
fact, after all.”
“I'll give you just one example,” said Sir Clinton seriously.
“Suppose I had blurted out the fact which I'd inferred about Mme.
Laurent-Desrousseaux's marriage. It was implicit in the story she told
us; but luckily no one spotted the key except myself. Now, just think
what would have happened to-night if that had been common
property. These scoundrels would have known that Mrs. Fleetwood
was legally married to young Fleetwood, since the ceremony with
Staveley was illegal. Therefore, instead of trying the business of the
forced marriage, they'd simply have pitched her over the cliff at the
Blowhole. She'd have been dead by this time; for their only interest
in keeping her alive was to force this marriage with the claimant and
side-track difficulties in that way. Suppose I'd blurted out my
inference, and sent that girl to her death by my carelessness, how
should I be feeling at this moment? None too comfortable, so far as I
can see.”
Wendover had to admit that the secrecy policy had justified itself.
“It would have been a dreadful business,” he confessed.
Inspector Armadale's figure appeared from one of the corridors,
and, catching sight of Sir Clinton, he came over to where they were
standing. His face showed that he had good news to tell.
“I've got practically the whole business out of them, sir. Billingford
gave everything away that he knew about; and the other chap's
nerve was completely gone, so that he couldn't resist questioning.
It's as clear a case as one could wish for.”
He paused, as though puzzled by something, and then added:
“It beats me how you tumbled to the fact that Cargill was one of
the gang, though.”
Sir Clinton ignored the underlying inquiry.
“Was he the brains of the show?” he asked. “I've only a suspicion
to go on there.”
“Yes, he did the planning for them.”
“And the gentleman with no face collaborated with Aird in the
actual murders? That's a guess, I may say, so far as the Staveley
affair's concerned, though I'm fairly sure of my ground in the other
cases.”
“You're right in that case too, sir. Aird and the impostor fellow
were the actual murderers. Aird'll hang for certain.”
“It'll make a very nice case for you, inspector; and I'm sure you'll
work it up well for the Public Prosecutor. I can seen a laurel wreath
somewhere in the background.”
“But it's you who did most of it, sir. Nobody understands that
better than I do,” the inspector objected, evidently afraid lest Sir
Clinton thought him capable of accepting the credit without protest.
“I came into the thing on a strict understanding that I was to be a
pure spectator, you remember. I'm afraid that at times I got a shade
too zealous, perhaps; but it's your case and not mine. If we'd made a
mess of it between us, you'd have had to stand the racket; so
obviously a success goes down to your account. The subject's
closed.”
Wendover, seeing the inspector's difficulty in framing a suitable
reply to this, intervened to change the subject.
“I see the main outlines of the affair easily enough, Clinton,” he
said, “but I'd like to hear just how you worked it out as you went
along. Any objections to telling me? It'll go no farther, of course.”
The chief constable's face betrayed a tinge of boredom.
“You've lived with this case for the best part of a week. Haven't
you had enough of it by this time?”
Wendover persisted in his demand; but Sir Clinton, instead of
complying, glanced at his watch.
“There's one detective story I'm very fond of, squire: The Hunting
of the Snark. I rank it high in the scale, especially on account of the
number of apt quotations one can make from it. Here's one:

The method employed I would gladly explain


While I have it so clear in my head,
If I had but the time and you had but the brain—
But much yet remains to be said.

It's far too late to start a long story to-night. I'm dead sleepy. If
you remind me about it to-morrow, I'll do my best; but I will not sit up
all night even to please you.”
The inspector seemed as much disappointed as Wendover at his
superior's decision.
“I'd like to hear it too, sir, if you don't mind.”
Sir Clinton suppressed a yawn with difficulty.
“I don't mind, inspector. Meet us at Neptune's Seat at eleven
o'clock to-morrow morning. It'll be interesting to hear how far wrong
I've gone in some of my guesses; and you can tell me that, since
you've got so much out of these two precious scoundrels to-night.
And now I'll drive you into Lynden Sands—save you the trudge. After
that I really must get to bed.”
Chapter XVII.
The Threads in the Case
“This hasn't been a tidy case, in the strict meaning of the words,”
Sir Clinton mused, as he chose a comfortable spot on Neptune's
Seat and settled down on it. “It's really an omnium gatherum. It
began long before we appeared on the scene; and the inspector has
the facts about the earlier stages, whilst I've nothing better than
guesswork.”
“What we're interested in, chiefly, is what you thought about it at
different stages in the game,” Wendover pointed out. “If you start
with the Peter Hay case and go on from there, you can tell us what
you saw and what we missed. And at the tail end you can give us
your guesses about the earlier stage. The inspector can check them
from the confessions he got.”
Sir Clinton agreed with a gesture, and began without more ado. It
was evident that he was by no means eager to recapitulate, and was
doing so merely out of good nature.
“The Peter Hay case was crystal clear so far as one side was
concerned. It required no marvellous insight to see what had
happened. It wasn't by any possibility a one-man murder. At least
two men must have been on the spot to overpower Peter and tie him
up. They—or at least one of them—was a better-class fellow, or
Peter Hay would have been in his shirt-sleeves instead of having his
jacket on. And the jacket implied that he knew they were coming that
evening, too. Further, the fact that they had amyl nitrite ready in their
pockets is enough to prove two things. They weren't casual
strangers, for they knew about his liability to cerebral congestion.
And they premeditated killing him in certain circumstances. We
worked out pretty definitely the course of events which led to his
death, so I needn't go over that again. I suppose we were right in the
main points, inspector?”
Armadale, primed with the information he had extracted from
Aird, was able to confirm this.
“They used surgical bandages because they hoped to leave no
marks on the skin, I suppose?” Sir Clinton inquired.
“That was the idea, Aird admitted, sir. He thought they'd
succeeded, and he was surprised to find they'd made a mess of it.”
Sir Clinton smiled, apparently at the thought of Aird's
discomfiture.
“Well, if they bungled one side of the affair, they certainly
managed to leave us in the dark about the second side: the motive
behind the murder. It wasn't robbery, obviously. It wasn't bad feeling
—everyone we examined had a good word for Peter Hay. It couldn't
be homicidal mania—not with two of them mixed up in it. That left, so
far as I could see, only one probable motive at the back of the thing.
Either they wanted to force Peter Hay into something he didn't like,
or else he knew something about them which they were afraid of.
“Peter Hay wasn't the blackmailing type, from all we learned
about him. That notion wouldn't hold water for a moment. So, if he
had to be silenced, then the information he had must have been
something he'd come across quite innocently. What it was I couldn't
guess. In fact, the whole idea was very vague in my mind, since
there didn't seem anything definite to support it. That was the stage
I'd reached when we sat in the garden and discussed the thing.
“But there was one thing that seemed to lead on to something
fresh—the silver we found in Peter Hay's drawer. That silver was the
murderers' mistake—the silly thing that gives them away. No
sensible person would ever have tried to throw a suspicion of breach
of trust on Peter Hay. The thing was absurd on the face of it, from
what we learned of his character. But these fellows weren't looking at
it objectively. They would have abused their trust in Hay's shoes; and
naturally they saw nothing outré in faking a petty theft and trying to
throw it on his shoulders. That made me think.
“Why suggest a robbery at Foxhills? For that was what they
evidently intended the police to swallow. As a matter of fact, they'd
have been much better to have left the thing alone. It was a mistake
to fake evidence; it always is. However, they'd done it, and I wanted
to know why they'd done it. So, when the Fordingbridges arrived, we
went off to Foxhills.
“I wasn't surprised to find that the murderers had tried to make
the thing convincing by filling that sack with silver odds and ends. I'd
almost expected something of the sort. But I don't suppose any of us
were misled to the extent the murderers hoped. They thought we'd
be delighted to find confirmation of Peter Hay's dishonesty—stuff
ready packed up for transport. But what one obviously asked oneself
was the question: ‘What's all this meant to cover?’ And the answer
was, so far as I could see: ‘The removal of some inconspicuous
object whose absence won't be noticed in the excitement over the
silver.’
“It wasn't long before I got an inkling of what that inconspicuous
object was. Miss Fordingbridge was able to tell us. But, notice, if
Miss Fordingbridge hadn't happened to come up to Foxhills when we
paid our visit, we'd never have known that the diary was missing.
We'd have missed the main clue in the whole affair. That was where
we were really lucky, and where Aird & Co. had very hard lines.
“There was the diary gone a-missing, anyhow; and the obvious
question to ask was: ‘Cui bono? Who stands to score by its
removal?’
“You heard the story of the missing nephew and the power of
attorney given to Paul Fordingbridge. You could hardly help drawing
the obvious conclusion that here at last was a possible motive
appearing behind the Peter Hay case. The stake on the table was
the assets of the Fordingbridge estate; and that was quite big
enough to make murder worth while, if you happened to have a turn
for that sort of thing.
“But when you come to ask: ‘Cui bono?’ you find that the
problem's like one of those quadratic equations we used to get at
school, where there are two answers and one seems just as good as
the other.
“Suppose the claimant was an impostor, and see where that
leads you. Derek Fordingbridge had spent a lot of time with Peter
Hay in earlier days. The chances were that Peter Hay was the only
man who could give evidence about their joint doings, and that
evidence might form the basis of a damaging examination of the
impostor. Further, the diary would be a priceless thing for an
impostor to lay his hands on. It would supply him with any amount of
irrefutable evidence which he could draw on for his sham
recollections. Clearly enough, if the claim was a fraudulent one, then
the theft of the diary and the silencing of Peter Hay would fit in very
neatly.
“On the other hand, suppose the boot's on the other foot.
Assume that Paul Fordingbridge had some very strong reason for
wishing to retain control over the funds, and see where that leads
you. Remember that he showed no desire whatever to investigate
this claim. He simply denied straight off that the claimant was his
nephew, without waiting for any evidence on the point. That seemed
to me a curious attitude in a trustee; perhaps it struck you in the
same way. And he appeared to be very little put out by Peter Hay's
death, if you remember—treated it very much as a matter of course.
It doesn't take much thinking to see that what holds good for a
fraudulent claimant would hold good for a fraudulent trustee also.
The diary and Peter Hay would be two weak spots for him too.
They'd help a genuine nephew to establish an almost irrefutable
case if he could pass tests applied both by the diary and by Peter
Hay's recollections.
“So, whichever way one looked at it, there seemed to be
something to be said. And, consequently, I got no further at that
stage than being able to say that three things were possible. First,
the claimant might be a fraud, and Paul Fordingbridge merely an
obstinate old beggar. Second, the claimant might be genuine, and
Paul might be a dishonest trustee. Or, third, both the claimant and
Paul might be wrong 'uns.
“Miss Fordingbridge had known her nephew intimately, and she
had identified him straight off, it's true. But we've heard of that kind of
thing before. You remember how Roger Tichborne's mother identified
Arthur Orton as her son, and stuck to it through thick and thin.
Hallucinations of that sort do occur. And one couldn't help noticing
Miss Fordingbridge's talk about spiritualism and so forth, all tending
to show that she had a sort of fixed idea that her nephew would turn
up sooner or later. That discounted the value of her identification a
good deal, but it didn't discredit it completely, of course.
“Now go back a stage. The thing was a two-man job at Peter
Hay's. Therefore, whether the claimant or Fordingbridge was our
man, we had to find a second fellow for the accomplice's part. The
claimant we knew nothing about at that stage; and I proposed to look
into his affairs later. If Paul Fordingbridge was one of the murderers,
on the other hand, then, who was his accomplice? ‘Cui bono?’ again.
If the claimant could be kept out of the succession, who was next on
the list? Stanley Fleetwood's wife.”
Careless of the inspector's feelings, Wendover broke out at this
point:
“You won't persuade me you were such an ass, Clinton, as to
suppose that young Fleetwood helped in a murder merely for the
sake of cash or any other reason?”
“It wasn't my business to make pets of anyone, and exclude them
from suspicion merely because I liked them in private life, squire.
Many murderers are most amiable persons—Crippen, for example.
‘A fair field and no favour’ is the only motto for a conscientious
detective.
“Before we had time to delve further into the Peter Hay case,
however, the Staveley murder occurred. There's no need to go into
the whole business; it's fresh in your minds; but I'll tell you the main
points that struck me when we'd finished our examination of the
scene of the murder.
“First, Staveley had banged his wrist and stopped his watch at
11.19. But, of course, that didn't prove he'd been killed at that
moment. Second, his clothes were wet under his rainproof; and, he'd
been shot through both rainproof and jacket, it must have rained
before he was shot. Third, since the car-tracks had gone back on a
dry road for a while before the rain came on and made them clearer,
Staveley was killed after the car had gone off; and the people in the
car weren't mixed up in the actual killing. Fourth, there was only one
cartridge-case to be seen—the one on the rock. There was no
cartridge-case at the groyne when I searched the place. Besides,
that track at the groyne belonged to the man in the car, and he was
cleared completely by the rain question. If I was right in my
inferences, then the murder must have been committed by one of
three people: the woman with the neat shoes, Billingford, or
someone who had left no tracks on the sand.
“The letter we found in Staveley's pocket showed the business;
and you worked up the case against them that Mrs. Fleetwood had
been to meet him on the previous night at the rock; and, as she was
acting in conjunction with a man, there wasn't much trouble in
inferring that young Fleetwood might have been on the spot also, as
soon as we heard that the Fleetwoods' car had been out all night:
You, inspector, jumped to the conclusion that the Fleetwoods were at
the back of the business; and you worked up the case against them
very convincingly. But, as I told you at the start, the case wasn't
sound. I wanted all the data I could get, of course, so I didn't
discourage you too much; and you eventually dragged out a lot of
interesting material about the events of the night.
“Meanwhile, we'd come to a blank end with the Fleetwoods and
had turned to Billingford. My impression was that he seemed
genuinely surprised by the news of Staveley's murder; but he might
have been acting, for all one could tell. What we did get out of him
was the general impression that Flatt's cottage was inhabited by a
gang of rogues. How many were there? Three, if one took Billingford
at face value; four, if one believed the story the claimant blurted out
when we questioned him at the cottage.
“Anyone could see that the fourth man was a dark horse. He
might be the murderer whom they were shielding, possibly. But there
was another explanation of his disappearance; he might be someone
well known to the local people, and whom it was desirable to keep
under cover. How would that fit in with things? Suppose the claimant
was an impostor; he wouldn't be very anxious to meet the villagers
more than he could help, for fear of dropping on someone who might
trap him and expose him. The less he saw of his neighbors the
better; and his disfigurement gave him a fair excuse for keeping
indoors in the daytime. Staveley was well enough known to the
villagers also; and perhaps he had good reason for not wishing his
presence known. If the fourth man was in the same boat, then none
of them would care to go shopping and so forth, and yet supplies
had to be got daily. Hence it might be convenient to have a man like
Billingford as the nominal host, to act as go-between for them in their
public transactions. That's how it appeared to me. Naturally, I was
curious about the fourth man, and I got you, inspector, to set a watch
and see if he could be recognised.
“That left me with a fair suspicion that these fellows were
hatching some devilment or other at the cottage. Then I noticed the
card-index; and I saw light to some extent. A card-index implies the
need for ready reference. The claimant, if he were a fraud, would
need to cram himself with all the available facts about the doings of
the real Derek Fordingbridge—just as Arthur Orton crammed up all
the facts about Roger Tichborne. And a card-index would be the
handiest repository of all the news they could collect. As you saw for
yourself, squire, that guess of mine was right.
“Assume that state of affairs—I had no certain knowledge then—
and things begin to fall into their places. I've given you my notion of
why Billingford was needed. What about the other three?
“The claimant was obviously needed to represent Derek
Fordingbridge; and he'd been cast for the part on two grounds. First,
his face was so much damaged that no one could swear to his
original appearance. He might quite well have been Derek or anyone
else, so far as that went. Then the loss of his fingers made him
invaluable also, because he couldn't be expected to write like the
real Derek nowadays, with a mutilated hand. All that was wanted in
addition was a good memory to cram up the immense amount of
facts that they needed in order to meet questioning.
“Then there was Staveley. What was he doing in the affair? Well,
obviously, he had a lot of information about the Foxhills people which
he must have picked up while he stayed there with the real Derek on
leave, and also some more facts which he must have learned from
Mrs. Fleetwood from time to time.
“And, finally, there was the fourth man. I suspected that he might
turn out to be a second information-mine; and when I heard the
report you gave me, inspector, about the fishermen and Sapcote
having recognised him as an ex-valet at Foxhills, I felt I was getting
on to fairly sure ground.
“Well, there were four of them to share in the loot if they pulled it
off. But a third's better than a quarter-share any day. If they had
pumped Staveley dry of his information, and had got notes of it all on
that card-index, what further need had they for friend Nicholas?
None whatever.
“And suppose they could involve the Fleetwoods in a murder
case and get them hanged, wouldn't that remove one possible set of
objectors to the claimant dropping into the funds? So I didn't exclude
the possibility that they knew—although they denied it—that
Staveley was going to meet Mrs. Fleetwood at Neptune's Seat that
night. When I say ‘they,’ I really mean the faceless fellow and Aird.
“There was a further long shot possible. I'm not sure if it really
entered into their plans; but I give it you for what it's worth. Suppose
they suggested a walk along the sands to Billingford that evening,
and arranged matters so that he would reach the rock just after the
murder had been committed and they had cleared out. Wouldn't that
have been a tight corner for Master Billingford? With any luck he
might have been hung for the murder, since he'd no evidence but his
own to rely on to prove he wasn't on the spot when the shot was
fired. And then there would be only two of them, instead of four, to
share out the loot if they got it.
“You see now how I was beginning to look at the affair. But I was
considerably worried by the woman with the neat shoe. Her part in
the business would have to be cleared up eventually; but for the
moment I had to put it aside.
“And then our friends made their second blunder—trying to prove
too much, as usual. Friend Cargill came on the scene, innocently
going down to bathe. He sat down on the groyne and proceeded to
dig up a .38 cartridge-case, which he presented to me like an honest
fellow anxious only to help the police. Well, all three of us had been
over that particular bit of sand and had seen no cartridge-case
before he arrived on the scene. Also, as I pointed out to you, squire,
an automatic ejects its cartridge-case sharply and jerks it well behind
you, especially on hard sand where the thing can jump along. It was
obvious that no one could fire a shot from Fleetwood's position at the
groyne and leave his ejected shell lying close under the groyne,
where Cargill assured me he'd kicked it up. So naturally I began to
look at Mr. Cargill with more than common interest; and, as you saw
yourselves, he's got a build rather like the claimant's, so I wondered
if they were related.
“Then our friend Cargill told us his yarn about meeting Derek
Fordingbridge in the war; and off he went to meet his dear old friend.
And later on he volunteered eagerly that he'd had a talk with the
dear old fellow. By that time I was more than a bit suspicious of the
dear old friend; and naturally some of that suspicion spilled over on
to Cargill. If the claimant was an impostor, then the man who
recognised him was a liar; and, as I had no use for aimless liars in a
case of this sort, I inferred that Master Cargill was one of the gang,
posted at the hotel for intelligence purposes—to keep an eye on the
Fordingbridge group. And that cleared up one of the main difficulties
I'd had—namely, how the murderer had known to use a .38
automatic so as to match the Fleetwood pistol. Of course, if you
assume that Cargill had taken the opportunity of rummaging in
Fleetwood's room, or had drawn him into talk about pistols, they
would be sure of their ground on that point. That had been a
troublesome point to me; for I didn't like to stretch coincidence to the
extent of assuming it was mere accident that made the Fleetwood
pistol and the bullet in the body both of the same calibre.
“It remained to check Billingford's story as far as possible, and
you know how the runnel helped us in that. What the facts of the
case proved beyond any reasonable doubt was that at 11.19 p.m.
Billingford was about three-quarters of a mile from Neptune's Seat.
With the sound of the sea in his ears, it's most unlikely that he could
hear a pistol-shot at that distance. And his tracks showed him
walking along quite steadily there. Then, at a point far nearer the
rock—a point that I suppose he may have reached about 11.35 p.m.
—the trail showed that he began to run. Now that fitted in with his
story. At that second point he might quite well have heard a shot
fired on the rock, just as he said he did. He couldn't possibly, on the
facts we established, have reached the rock before about 11.37 or
11.38; and by that time the murder was done and the murderer had
got away.
“By that time I felt fairly sure of my ground; and I got that digging
in the sand started, just on the off-chance that we might get hold of
the shell of the cartridge which really did kill Staveley. It wasn't
absolutely necessary for the case; but, if it turned up, then it would
help to confirm my notions. As it was bound to be below tide-mark,
there was no point in trying to locate its exact position, since it might
have been washed about by the waves in the falling tide after the
shot was fired. So I simply had the whole strip of sand dug up and
dumped down above the high-water mark for future examination.
“Meanwhile, I'd been on the hunt for the dame with the neat shoe
—a No. 4, as you remember. There were several of the guests
wearing shoes of that size; but I picked out Mme. Laurent-
Desrousseaux first of all because she seemed likeliest. Staveley had
served in France; she was a Frenchwoman; she was at Lynden
Sands Hotel, where she most obviously was out of place and knew
no one. It seemed best to find out something about her.
“I talked to her. She was a bit lonely, it seems, and quite ready to
go for a walk now and again. I know my own length of pace; so, by
counting hers in a given distance and comparing with the numbers of
my own, I made a fair guess at her step-measurement. It fitted in
with the prints of the neat shoe on the sands. Gentle treatment did
the rest, as you saw. She told us her story quite honestly, and it
threw a good deal of light on the affair. I inferred from it just what you
yourself inferred later on, squire: the shot fired by Mrs. Fleetwood at
11.19; Staveley's fall on the rock; and the bolt in the car to the hotel.
And, in turn, this checked Billingford's story quite neatly, because he
couldn't have heard the shot at 11.19, being so far away. It was the
second shot, about 11.35, that he heard.
“Now, let's reconstruct what really happened; and remember that,
although it was full moon, it was a cloudy night, and the light was
bad all through. We'll begin with Staveley leaving the cottage. He's in
a bad temper; been drinking as well as playing poker. He gets to the
rock and waits for Mme. Laurent-Desrousseaux. She's late; and his
temper gets worse. She arrives and tells him she wants to get a
divorce arranged. Between his temper and the chance he sees of
making her pay sweetly for the favour she asks he treats her brutally,
and sends her off both pained and angry. Then Mrs. Fleetwood
arrives, and that meeting culminates in the shot she fired at 11.19 by
accident. Then you get the talk between the Fleetwoods at the car,
overheard by Mme. Laurent-Desrousseaux; their drive back to the
hotel; and her hurry to get away from what she thinks is the scene of
a murder. That leaves Staveley on the rock, stunned by his fall; and
Billingford sauntering across the sands towards the runnel. In the
meantime, Aird and the gentleman without a face have got out the
boat belonging to Flatt's cottage and are rowing for Neptune's Seat,
which is just above tide-level.
“Down comes the rain. Staveley gets soaked; and perhaps the
chill revives him. He staggers up and puts on his rainproof. Then in
comes the boat, and they shoot him without having to land on the
rock at all. The ejector jerks the cartridge-case into the water, where
it sinks into the sand and gets covered up by the wash of the waves.
The murderer and his pal row off into the dark. Meanwhile Billingford
has heard the shot, and he, not knowing anything about this little
plot, rushes up—rather pluckily—to see what it's all about, and he
finds the body on the rock. That explains the two shots and the
general chronology of the affair.
“Now, by this time friend Cargill had made his second error. He'd
been keeping his eye on things at the hotel, and he'd got hold of that
envelope which Mme. Laurent-Desrousseaux addressed to Staveley
and dropped in the waste-paper basket. He thought he could give
me a fresh scent to follow up, and he was just going to produce it
when he realised that Mme. Laurent-Desrousseaux herself was with
us; so he suppressed it then and handed it over later on. All it did
was to confirm me in the idea that he was one of the gang.
“Up to that point everything seemed plain sailing. I had, as I
believed—and as it turned out in the end—got the thing cut and dried
against the gang at the cottage. The case wasn't complete; but,
short of getting some direct evidence from one of the two actual
murderers, I didn't see how I was to make it absolutely water-tight.
They'd been a bit too clever for a jury, I feared. And, of course, the
Peter Hay case was getting clearer also, once you could assume
that these fellows would stick at nothing.
“Then, out of the blue, came the shooting of Cargill. That wouldn't
fit in with the rest of the business. Cargill wasn't a pawn like Staveley
and Billingford. He was watching one end of the business for them—
keeping an eye on us for one thing; and, besides, I was becoming
more and more sure that he was a brother of the faceless fellow, and
possibly the brains of the gang. They had a use for him; they
wouldn't shoot him. But, then, who did?
“And at that point I took a long cast back and raked up again a
possibility I'd dismissed at an earlier stage. Suppose that both the
claimant and Paul Fordingbridge were wrong 'uns, what then?
Suppose friend Paul had been at some hanky-panky with the funds
he held in trust for his nephew. Then, whether the claimant was an
impostor or not, it would be very convenient for friend Paul if the
claimant left this vale of tears. And the claimant and Cargill were
much alike in build; and Cargill was shot after leaving the cottage.
There might be something in it. And when I found that friend Paul
carried a pistol in his pocket, and didn't care who knew it, by the look
of his jacket, I began to think furiously.
“I didn't blame Paul for carrying arms. In his position, with that
gang at the cottage in the offing, I think it was a wise precaution; for
he must have known that he was the main stumbling-block in the
claimant's road. But I don't think that he kept within the limits of
precaution. I think he decided to get ahead of them by knocking out
the claimant—and after that he would be able to live in peace as
heretofore.
“However, I never had time to probe that matter any further, for
the next business was the disappearance of friend Paul. I think I
have a fair notion how that was managed.
“They approached him and asked for an interview. He sent the
claimant a scrap of paper:

‘Meet me at the Blowhole to-night at 11 p.m. Come alone.’

The last two words give you the key to friend Paul's feelings
about them. One man he could keep an eye on, and he didn't
propose to have any more present. Of course, they filed that note
and used it again later, as you'll remember.
“Probably the claimant met him at the Blowhole and suggested a
walk over the open sands as a good way of avoiding eavesdroppers.
Paul would feel safer in the open. By the time they reached the old
wreck the claimant would have got him interested, or else his natural
fears would be dissipated. At the hulk the claimant obviously turned,
as though to go back across the sands, and Paul turned with him.
Then, from behind the hull, Aird stole out and did le coup du Père
François.”
“What's that?” Wendover demanded. “You talked a lot about Père
François and Sam Lloyd's ‘Get off the Earth’ puzzle, I remember.”
“If you happen to be in Paris late at night, squire, and a rough-
looking customer asks you the time or begs for a match, you'd better
look out for his friend—le Père François, they call him—who may be
coming up behind you with a long strip of flannel in his hand. While
the first man holds you in talk, the Père François lassoes you with
his flannel rope and pulls the two ends so that it catches your throat.
Then he sinks down suddenly and turns his back to you, slipping the
rope over his shoulder as he turns. This pulls you down back to back
with him; and when he rises to his normal height again, there you are
on his back like a sack on a coal-heaver's back, with your feet off the
ground. The first man then goes through your pockets at his leisure,
and if you choke to death before he's done, so much the worse for
you. You can't struggle with any effect.
“That I suspect, was how they caught friend Paul; and Aird just
carried him on his back to the quicksand and dumped him in. From
Aird's footmarks it was clear he'd been carrying a heavy weight; the
prints were deep and the feet almost parallel after he'd done his
Père François trick. See now what I meant by ‘Get off the Earth’?
Naturally there were no signs of a struggle, since all the struggle was
off the ground. And, of course, they'd take care to wear shoes that
left no clue—common type and largest size. And they got away
either in a boat or by wading along in the water, so as to leave no
tracks. I could see no way to bring the affair home to them. The only
sure method depended on our wringing evidence out of one of them
somehow; and I didn't see how it could be managed just then. Also, I
hadn't much of a case against Cargill beyond suspicion; and I
wanted him too, if it could be managed.
“The next thing was the arrival of the Fordingbridge lawyer; and
from him I learned that we might get on the track of any
malversations by Friend Paul if I went up to London. I wanted to
know definitely where I stood in that matter, because, if I was wrong
there, then the whole latter part of my notions would collapse. So I
made up my mind to go to town.
“But I was very uneasy. Now that Paul Fordingbridge was out of
the road for good, Mrs. Fleetwood was the only person between the
claimant and the cash. If she disappeared in her turn, then Miss
Fordingbridge would have welcomed her long-lost nephew with pure
joy and gratitude for his preservation, and there would have been no
one left alive to object to his coming into Foxhills and the rest.
Therefore, I was inclined to take some steps to see that she came to
no harm while I was away.
“The obvious thing to do would have been to warn her. But that
would have meant giving my case away to the Fleetwoods; and I
don't feel inclined to chuck confidences around if it can be avoided,
as I've pointed out before. Further, the police were not altogether in
good odour with the Fleetwoods; and I wasn't sure if I'd make much
impression on them by a mere warning, with nothing to back it. So I
hit on the notion of putting a man on to watch Mrs. Fleetwood; and,
as a further precaution, I fixed up that code-wire so that if I wanted it
I could have her arrested at a moment's notice, and then she'd be
safe in police hands and out of reach of the gang.
“I went up to London and found, as I'd expected, that friend Paul
had been playing ducks and drakes with all the securities he could
handle without exciting too much suspicion. He seems to have been
speculating right and left, most unsuccessfully. So I'd been right
about his motives, anyhow.
“But I couldn't get out of my mind the risk I was letting that girl
run; and at last—I suppose Miss Fordingbridge would say it was
telepathy or something—I got the wind up completely, and wired to
have her arrested. After that I felt safer.
“As you know, they'd been too quick for me. They fished out the
note that Paul Fordingbridge wrote to the claimant and they sent it to
her as if it came from Paul himself, after altering the hour on it. She
thought her uncle was in trouble; went to help him; dodged the
constable; and fell straight into the trap they'd set for her. You know
all the rest. And probably by now you understand why I was quite
content to let Mr. Aird have his full dose in the funnel of the souffleur.
There's nothing like a confession for convincing a jury, and I meant
him to hang if it could be managed. I didn't want to run any risk of his
getting off merely because it was all circumstantial evidence.”
“Thanks,” said Wendover, seeing that the chief constable had
finished his outline. “To quote from that favourite detective story of
yours:

In one moment I've seen what has hitherto been


Enveloped in absolute mystery.

There's just one point I'd like to hear you on. What about
Staveley's resuscitation after his being killed in the war? Did you get
to the bottom of that by any chance?”
Sir Clinton hesitated a little before answering.
“I don't much care about pure guesswork, squire; but, if you'll
take it as that, then I don't mind saying what I think. Suppose that is
what happened. Staveley and Derek Fordingbridge went into action
together; and Staveley was under a cloud at the time. He'd probably
had enough of the war, and was looking for a way out. Derek
Fordingbridge gets killed in that battle, and is probably badly
damaged in the process—made unrecognisable we may suppose.
Staveley sees him killed, and grasps at the chance offered. He takes
Derek's identity disc off the body and leaves his own instead.
Probably he takes the contents of the pockets too, and puts his own
papers into the dead man's pockets. They were friends; and, if
anyone saw him at work, he'd have his excuse ready. No one would
think he was robbing the dead. Then he goes on—and simply hands
himself over to the enemy. He's a prisoner of war—under Derek's
name.
“He manages to escape, and the escape is put down to Derek's
credit. But, of course, Derek never turns up again; and naturally
people suppose that he must have died of exposure in his last
attempt, or been shot at the frontier, or something of that sort.
Meanwhile Staveley, once out of Germany, drops his borrowed
identity, probably changes his name, and disappears. I suspect he
was in very hot water with the military authorities, and was only too
glad of the chance to vanish for good.
“After the war, he evidently got in amongst a queer gang, and
lived as best he could. Billingford's evidence points to that. And
somewhere among this shoal of queer fish he swam up against our
friend Cargill. My reading of the thing is that somehow Staveley gave
away—perhaps in his cups—something of what I've given you as my
guess; and Cargill, remembering his disfigured brother, saw a grand
scheme to be worked by putting forward his brother as claimant to
the Foxhills property.
“It wasn't half so wild a plan as the Tichborne business, and you
know how that panned out at the start. So the three of them set to
work to see the thing through. Staveley, I suspect, got hold of Aird,
who had invaluable information about all the affairs at Foxhills in the
old days. Then they went to work systematically with their card-index
and noted down everything that Aird and Staveley could remember
which would bear on the case.
“That accounts for the delay in the claimant turning up. It
probably was quite recently that Staveley fell in with Cargill. And
evidently the delay points to the fact that Staveley wasn't the
originator of the notion, else he'd have got to work much earlier. It
was only when he fell in with Cargill, who had a brother suitable to
play the part of the claimant, that anything could be done. Then they
must have spent some time in unearthing Aird.
“Well, at last they're ready. They come down to Lynden Sands
with their card-index handy. Now, the claimant doesn't want to
appear in public more than he can help, for every stranger is a
possible danger to him. He might fail to recognise some old friend,
and the fat might be in the fire. Nor does Staveley want to show
himself; for his presence might suggest the source of the claimant's
information. Aird's in the same position. And when they learn that the
Fordingbridges are at the hotel, Cargill is detached there to keep an
eye on them. Thus they need a go-between; and Billingford is
brought down to serve that purpose. Also, as soon as the claimant
makes his first move there will be sure to be a lot of gossip in the
village, anecdotes of the claimant's history floating round, and so
forth; and Billingford will be able to pick them up and report them to
the rest of the gang. They'd have been safer to leave Staveley and

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