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VERS UNE REDÉFITION DU MUSÉE ?

Mairesse- Desvallées, L’ Harmattan, 2007

COMMENTAIRE
Pierre Mayrand, Altermuséologue,
Membre fondateur du MINOM.

Parcourant avec beaucoup de retard le collectif Mairesse-Desvallées sur les hypothèses


de redéfinition possible du Musée, jamais une institution culturelle n’ ayant été aussi
longuement remise en question, j’ ai ressenti des maux de tête que je n’ avais jamais
éprouvé aussi intensément, frisant l’ angoisse, à la lecture, pourtant toujours fascinante
pour un connoisseur de vieille date, d’ écrits muséologiques s’ inscrivant dans un esprit
d’ analyse scientifique de l’ objet de la muséologie, de la véritable nature du Musée. La
Déclaration de Calgary m’ apparait comme un chien se débattant dans le courant qui
risque de l’ emporter. Une enterprise, certes louable, assortie de considerations
épistémologiques soigneusement documentées par les coordonnateurs qui ont toute ma
consideration, mais qui laisse visiblement transparaître le malaise qui persiste dans la
communauté muséale, héritier de la tradition d’ inertie et de conformisme qui
provoqua, en 1983 ( Londres ) l’ essèmement des Reines pour former le Mouvement
international pour une Nouvelle muséologie, revendiquant la libération de l’ expression
( crainte des mots ), le déclivage de l’ action et de l’ institution muséale, l’ avènement d’
une muséologie sociale encrée dans le social. Assez étonnament ce sont ces mêmes
préoccupations qui reviennent chez les essayistes du collectif dans leur tentative, un peu
désespérée, de trancher le noeud gordien de la definition. J’ ai apprécié les
commentaries de Gary Edson sur l’ usage et la signification des mots, soupoudrant ainsi
de piment une sauce trop fréquemment réchauffée.

Du balcon de mes 74 ans je voyais défiler nombre de penseurs illustres qui ont marqué
mon parcours de muséologue < pas comme les autres >, heureux de les retrouver dans
cet ouvrage qui n’ arrive qu’ à poser la question. Le titre n’ aurait-il pás suffi ? Trêve de
plaisanterie, pourquoi s’ acharner à vouloir imposer une définition concensuelle pour
englober une réalité plus que mouvante de la muséologie et de l’ anti muséologie, seul
point sur lequel tous s’ entendent ? Quelqu’ un ne disait ‘ il pas qu’ il n’ y avait pas d’
autre choix, une fois les questions ambivalentes du statut non intéressé et de l’
aliénabilité tranchèes, de laisser à chacun le choix de se définir, à travers l’ énoncé de sa
mission, à partir des fonctions et des formes privilégiées ?

C’ est ainsi que plusieurs, au sein du MINOM, également conscients de l’ impossibilite


d’ en arriver à une définition consensuelle, même à l’ intérieur de la muséologie sociale,
pressés d’ en finir avec avec la casuistique, se sont risques à faire valoir leurs positions
fermes à partir d’ un entendement de la typologie muséale actuelle et d’ une
terminologie qui ne cesse de s’ enrichir de néologismes ou d’ expressions imagées,
afdmettant le caractère symbolique et relatif du mot. Ce qui importe, n’ est ce pás de
dire, de passer à l’ action aussitôt dit ?

Pierre, mars 2009

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