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questions
de Ville
Les mémos du secrétariat national à la politique de la ville

repères
sur l’Anru

Parti socialiste août 2009 - n°1


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«Il faut améliorer le


financement du
renouvellement urbain»,
«l’État se désengage»,
«Au cœur des quartiers
le renouvellement urbain
doit permettre la mixité
sociale»....
A partir des questions et
formules récurrentes,
il nous semblait essentiel
de proposer des repères sur
l’état réel d’avancement du
programme national de
rénovation urbaine et sur
les « vices et vertus» de
son bras armé : l’ Anru,
pour comprendre et
convaincre...
Jean-Alain Steinfeld
Corinne Bord

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Le bilan désastreux du comité interministériel des villes (CIV), les attaques


systématiques contre le monde associatif, le manque de visibilité sur l’avenir de
l’ Anru, les tentatives de réduire un peu plus les péréquations financières sont
autant de signaux négatifs qui alertent les nombreux élus, militants, profes-
sionnels, impliqués dans les enjeux de solidarité et de développement urbain.
La crise accroît le décrochage des territoires les plus précarisés.
Les questions de solidarité urbaine reviennent violement au cœur de
l’actualité. Ce ne sont pas les quelques annonces du «plan espoir banlieues»
qui peuvent constituer une réelle action de solidarité urbaine. Quant à l’ Anru,
après 6 ans d’existence, elle est au bord de l’impasse.
Le parti socialiste a présenté son «plan d’urgence contre la crise», il s’agit de
réponses immédiates pour protéger nos concitoyens et pour relancer la
consommation, l’investissement et la croissance. Les questions de solidarité
urbaine y ont trouvé toute leur place dans les mesures de solidarité immédiate
et de relance par l’investissement public qui constitue le cœur du renouvelle-
ment urbain. Ces actions sont absolument nécessaires.
Mais face à une crise structurelle, nous devons aussi prendre le temps de
l’analyse pour permettre la construction d'un nouveau modèle, plaçant
renouvellement urbain et développement humain dans une même dynamique.
C’est dans le cadre de ce travail : l’urgence, pour résister et tenir ET
le moyen terme, pour élaborer notre projet, que j’ai souhaité, sujet
par sujet, proposer des supports à la réflexion.
Ce premier mémo consacré à l’ Anru, a été préparé avec Jean-Alain Steinfeld,
délégué national au renouvellement urbain et Corinne Bord,vice-présidente de
Léo Lagrange. Vous le retrouverez aussi sur le blog du secrétariat national à la
politique de la ville, n’hésitez pas à l’enrichir.

Marianne Louis
Secrétaire nationale chargée
de la politique de la ville

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Il y a quelques semaines, le programme national de rénovation urbaine


(PNRU) fêtait son sixième anniversaire et marquait déjà des signes
d’essoufflement inquiétants.
Pourtant, la loi du 1er août 2003 «d’orientation et de programmation pour la
ville et la rénovation urbaine», prévoyait un effort national sans précédent de
transformation des quartiers fragiles classés en «Zones Urbaines Sensibles
(ZUS)» ou «présentant les mêmes difficultés socio-économiques.»
Sa programmation budgétaire initialement prévue pour 5 ans (2004 – 2009)
s’étend, après avenant, jusqu’à 2013.
Le PNRU n’est pas le premier dispositif de renouvellement urbain, il
succède aux contrats de ville et aux GPV créés en 1989. Les objectifs
du PNRU se voulaient plus simples et orienté massivement sur les inter-
ventions urbaines pour «réduire les inégalités sociales et les écarts de
développement entre les territoires» tout en respectant «l’objectif de mixité
sociale et de développement durables».
Le PNRU touche quatre millions d’habitants avec une prévision financière
initiale de 40 milliards d’euros. Il repose majoritairement sur opérations
de «démolition reconstruction», de réhabilitation des logements et des
espaces publics.Les socialistes qui l’avaient voté de bonne foi, sont
légitimes à en vérifier avec exigence la bonne application.
Il est naturellement question d’argent et de moyens, mais aussi
des impacts environnementaux, sociaux et humains du renouvel-
lement urbain.
On verra au travers de ces quelques pages d’abord les différentes formes
du désengagement financier de l’État, mais aussi les contradictions et
les impasses dans la mise en œuvre du renouvellement urbain qui
traduisent une politique de relégation.

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«L’ANRU A-T-ELLE LES MOYENS DE SES AMBITIONS ?»


- CLAIREMENT NON !
L’année 2009 a été marquée par les plus vives inquiétudes des élus et
des professionnels du renouvellement urbain sur l’avenir de l’ Anru.
A l’heure des bilans on est loin des engagements d’origine.

2009 : le non respect des engagements financiers


devient «officiel»
En 2003, le PNRU prévoyait, pour sa programmation budgétaire consé-
quente de 40 milliards d’euros, un financement quasiment équilibré entre
l’État et les partenaires du renouvellement (1%, bailleurs, collectivités
locales, caisse des dépôts...), sans pour autant «boucler son budget».
Détail de la répartition financière initiale
•6 milliards d’euros du budget de l’État (plan Borloo de 2003), prétendu-
ment«sanctuarisés» sur plusieurs années.
•6 milliards d’euros apportés par les partenaires sociaux via le 1% Logement
selon une règle «du 1 pour 1» : 1 € de l’État déclenche 1€ du 1%.
•Enfin, il restait à trouver 28 milliards (=40-12), dans les plans de financement
de chaque projet porté localement, auprès des collectivités locales, dans les
fonds propres des organismes HLM ou encore par l’intermédiaire des prêts
aidés de la caisse des dépôts, ou des prêts classiques.

Mais très vite la droite a brisé la parité du financement et déporté


sur le 1% et les autres partenaires la charge financière.
Première atteinte, la loi du 18 janvier 2005 pour la cohésion sociale pour
le logement a porté la contribution de l’État à 4 milliards d’euros au lieu
des 6 initialement prévus. A peine un an plus tard, la loi dite d’«engage-
ment national pour le logement(ENL)» relève à grand bruit ce montant
à 5 milliards d’euros.
Enfin la loi mobilisation pour le logement dite loi MOL, du 25 mars 2009,
a mis fin brutalement au débat sur la participation de l’État, en transférant

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ses engagements sur le 1%, doublant ainsi sa participation initiale


et la portant à 12 milliards d’euros.
Devant la violence du procédé, le désengagement est présenté comme
une mesure exceptionnelle et simplement annuelle...«en report».
Mais derrière cette approximation se cache un danger dramatique
pour le «1% Logement». Créé en 1943 par des employeurs du Nord
de France pour offrir des logements à leurs salariés, et financé à l'époque
par 1% de la masse salariale, il a été généralisé après guerre et participe
au financement du logement social, de crédits immobiliers des particu-
liers, de crédits pour travaux...
Malgré la réduction de ses moyens, le 1% Logement reste un outil
essentiel pour favoriser le logement des salariés, en accession et en
location, partout en France.
Si les «reports» et les «mesures techniques» devaient évoluer en
transfert définitif, ils constitueraient une charge insoutenable pour le 1%
Logement.

2004 -2008 : la lente érosion


Avant le transfert massif vers le 1%, la droite avait déjà largement réduit
la participation de l’État et l’ampleur de ses objectifs.

Le compte n’y est pas : même la droite le dit !


Le député UMP François Goulard dans un rapport de la commission des
finances rappelle les faits : «En définitive, l'État qui s'était engagé par la
loi, il y a un an, à financer le Programme national de rénovation urbaine
à hauteur de 6 milliards d'euros avec un minimum annuel de
465 millions, n'a versé au total à l'Anru, au titre de ce programme, que
307,2 millions d'euros, entre 2004 et le 31 août 2008». Manque à gagner
annuel pour les quartiers: 157,8 millions d’euros.

Un problème de crédits et de trésorerie


Les conventions Anru signées représentaient au 1er avril 2009,

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34,8 milliards d’euros d’engagements de travaux dont 9,885 milliards


financés sur les 12 milliards État/1%. Mais le tableau suivant sur l’état
d’avancement des projets de rénovation urbaine au 1er juin 2008,
montre que ¾ des fonds ont été engagés pour la réalisation de
seulement 50% des objectifs : peu de chemin parcouru avec une
consommation d’une part importante des crédits.

Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de


démolitions reconstructurations réhabilitations résidentialisations logements
Total des logements programmés 113 214 104 981 217 417 249 745 685 357
Objectifs de la loi de 2005 205 000/130 000 250 000 400 000 400 000 1 300 000
Taux d’avancement du PNRU en % 45,3 / 87 42 54,4 62,4 52,7

Source : Anru 2008. Traitement pour le comité d’évaluation et de suivi (CES) de l’ Anru.
Lecture : 45,3 % des démolitions prévues par la loi du 18 Janvier 2005 avaient été programmées (ramené à 130 000) dans les conventions
pluriannuelles validées en Comité d’engagement au 31 Janvier 2007, et 87 % des objectifs revus à la baisse par la loi de cohésion sociale.

De l’aveu même du sénateur UMP de Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier,


rapporteur du budget Ville et Logement au Sénat «dès 2011, la trésore-
rie de l’ Anru sera négative de plus de 100 millions d’euros».

Du côté des objectifs, c’est un violent coup de frein, qui vaut aveu de
l’impasse financière
Dès 2005, alors que le PNRU a à peine 2 ans, la loi de cohésion sociale
révise à la baisse les objectifs du renouvellement. Des 250 000
démolitions – reconstructions initialement prévues, on est passé
brutalement à 130 000.
Même s’il est légitime de s’interroger sur l’opportunité de telle ou telle dé-
molition et sur les conditions sociales qui l’accompagnent, un tel renon-
cement n’est guidé que par des raisons de stricte restriction budgétaire.
Le rapport du comité d'évaluation et de suivi de l’Anru (CES) présidé par
Yazid Sabeg avoue que «ces 120.000 démolitions manquantes vont
mécaniquement réduire la surface foncière disponible pour la
construction de nouveaux logements et pourraient entraver la
diversification de l'habitat».

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La machine infernale à faire des plans de «relance »


Dernière technique bien rôdée pour limiter les dépenses réelles : la ma-
chine infernale. Tous les opérateurs le savent, la machinerie adminis-
trative Anru est d’un extrême formalisme et d’une grande
complexité. A dessein ?
Le règlement financier de l’ Anru évolue perpétuellement : en mars dernier
les professionnels recevaient sa 5ème mouture, immédiatement applica-
ble.
Pour réponde à l’objectif politique de réalisation rapide, le système a créé
ses propres contraintes et notamment la règle du «dégagement
d’office»: tout dossier qui ne connait pas un début de réalisation dans les
deux ans à partir du planning présenté lors de l’examen du dossier en co-
mité d’engagement de l’ Anru est sorti du dispositif.
Il s’agissait clairement pour la droite, en 2003 de «garantir» des projets
visibles lors de l’élection présidentielle de 2007. Une fois de plus, la
stratégie du désengagement financier a été la gagnante.
Le rapport d’évaluation du CES de l’ Anru estime à une première tranche
de 400 millions d’euros l’objectif de «récupération» sur les dégagements.
La communication est bien rodée et juste après le nuage de fumée qui
lui a permis d’escamoter 400 millions, le gouvernement propose à grand
coup d’annonce un plan de relance de …350 millions d’euros.

Qu’est devenue «la mobilisation sans précédent pour casser les


ghettos» du PNRU ?
«Avec le PNRU, on atteindra moins de 15 000 démolitions par an sur la
période 2005-2013, ce qui représente un renouvellement moyen annuel
du parc HLM d’environ 0,35% et de 1,5 à 2%, si on fait référence au seul
parc des «quartiers Anru». Il s’agit donc d’une rénovation d’une ampleur
modérée».

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Quand «1» ne vaut pas «1»


Lorsque les volontés politiques se réduisent telle une peau de chagrin et
se combinent aux procédures administratives décourageantes et
mouvantes, le résultat est sans surprise : la reconstitution de l’offre
de logement social est en inférieure aux estimations du PNRU.
Même si les démolitions s’avèrent souvent plus compliquées que
prévues, force est de constater que les reconstructions, pourtant bien
plus aisées à réaliser, vont moins vite que les démolitions.
Fin 2007 on observait déjà un déficit de 20 000 logements en
termes de reconstructions après démolitions à l’échelle de la
«France entière».
Mais à l’heure des bilans il faut aussi pointer le risque d’inadéquation
de l’offre nouvelle de logements sociaux aux besoins des habitants.
«On observe en effet une réduction de la taille des logements recons-
truits en T5, une part trop faible de l’offre très sociale de logements T6 et
une majorité – 82 % – de logements collectifs. Au 31 décembre 2007,
63,5 % des logements reconstruits comprenaient trois pièces ou moins,
alors que les démolitions portaient le plus souvent sur des logements
sociaux de cinq pièces et plus. »

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Les logements des grandes familles sont souvent remplacés par des
petites surfaces avec pour première conséquence d’évincer les familles
nombreuses : «1 pour 1» à la mode Borloo, ce n’est pas nécessai-
rement le même «1». Sous couvert de restructuration urbaine, c’ est
une restructuration démographique et sociale des quartiers et des villes
qui est parfois menée.
La même volonté politique, à l’œuvre sur les niveaux de loyers accen-
tue l’éviction des familles les plus paupérisées vers l’habitat le plus ancien,
le plus dégradé et vers les grandes banlieues.
Le phénomène est connu mais l’ Anru, au travers des différentes conventions
n’a pas su apporter de réponse à ces questions de démographie, de
peuplement et d’aménagement durable et solidaire du territoire.

Des manques criants


L’ Anru est gérée depuis sa création, d’une façon extrêmement centrali-
sée. Non seulement, l’engagement et l’instruction initiale des dossiers
ont été gérés de manière centralisés avec la volonté avouée de se
«protéger des pressions des élus», ressenties comme une menace.
Mais elle a aussi été gérée de manière descendante d’une façon
«technicisée» qui a donné un sens très «déshumanisé» aux projets.

L’urbain sans l’humain.


Le volet «social» du renouvellement urbain a été confié à l’ACSE au
travers des CUCS (contrats urbains de cohésion sociale).La coordination
des deux dispositifs n’est pas acquise, les calendriers de mise en œuvre
diffèrent.
La gestion urbaine de proximité (GUP) fait souvent office de «5ème
roue du carrosse» dans les plans de financement.

Et l’emploi, l’activité ?
Malgré l’existence d’une charte nationale d’insertion qui vise à faciliter
l’accès des habitants des ZUS aux emplois engendrés par la mise en

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œuvre des opérations de rénovation urbaine, le PNRU ne contient pas


de réel volet emploi. Les locaux d’activités sont peu intégrés au
dispositif et mal financés. Et les territoires qui ne sont pas en ZFU
disposent de peu de leviers pour encourager et soutenir les initiatives
économiques locales et développer réellement des circuits courts de
production de biens et services. Le commerce local est traité de façon
très variable en fonction de la mobilisation des acteurs locaux.

Développement durable ?!?


Les aspects environnementaux ne sont abordés que depuis très peu de
temps, essentiellement dans les modes de construction; tandis que
les questions d’étalement urbain sont ignorées et qu’aucun financement
efficace n’est proposé pour la prise en compte spécifique des aspects
environnementaux.

Ton quartier, tu y es tu y restes !


Il faut 2 ans pour construire un d’immeuble, 5 ans pour les équipements,
15 ans pour les transports en commun.
Sans aucun volet «désenclavement » dans les 4,45 milliards d'euros du
budget transports et urbanisme, Jean-Louis Borloo a encore fait
prendre du retard au désenclavement nécessaire des quartiers
périphériques.

Y’a pas que les HLM dans la vie


Mais dans les quartiers en renouvellement urbain il n’y a pas que des
«HLM», et souvent l’on découvre des copropriétés isolées et dégradées.
Les interventions de l’ Anru dans les plans de sauvegarde des copro-
priétés restent très insuffisantes pour aider des propriétaires devenus
incapables d’entretenir leur patrimoine et pour gagner la partie contre les
marchands de sommeil.

La mixité sociale et la solidarité, ce n’est pas à l’échelle d’une ville,


d’un bassin de vie ?
Le PNRU est un programme exclusivement centré sur le bâti, le logement et

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même si les projets ont évolué le plus souvent grâce


à l’action des élus locaux, l’État n’a pas voulu imposer des logiques
d’aménagement, pour intégrer les projets Anru dans les SCOT, dans
la programmation des transports, des équipements et infrastructures
publics, des activités économiques.

Échec à la mixité dans les territoires de la rénovation urbaine !


«Elles ont fait les gros titres du week-end : dans les grands ensem-
bles emblématiques des 4000, des « armes de guerre » ont fait leur
apparition contre les forces de l'ordre. Cet évènement dramatique ne
vient-il pas questionner la politique de rénovation urbaine en vigueur
depuis 2003 et qui cantonne l'amélioration de ces quartiers à l'in-
tervention sur le bâti et son environnement ?
Sur le terrain, les architectes et urbanistes le constatent tous les jours :
il n'y a pas de volonté politique pour une ville diversifiée, une ville
mixte partagée avec l'ensemble de ses couches sociales, même les
plus pauvres.
Ce qui veut dire qu'aujourd'hui, cinq ans après la création de l' Anru
et du lancement du Programme National de Rénovation Urbaine,
il est de plus en plus évident que dans ces quartiers, le statu quo est
prorogé : ce sont toujours les mêmes poches de pauvreté ethnici-
sée, les mêmes enclos de populations discriminées. Certes les
barres sont tombées à grand fracas médiatique. Des murs neufs ont
été reconstruits, les logements sont devenus conformes aux stan-
dards actuels, le rapport à la rue s'est amélioré, de nouveaux
arbres ont été plantés. Les architectes, urbanistes et paysagistes
ont fait leur travail. »
Philippe Vignaud, architecte - urbaniste -Le Moniteur – 19/05/2009

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LES SOCIALISTES PROPOSENT DE SAUVER LE PROGRAMME


ET DE PASSER À LA VITESSE SUPÉRIEURE !

Éviter les risques majeurs : la panne des chantiers et les


blocages financiers tout de suite
Les collectivités locales sont les principaux financeurs de l’investissement
public. Malgré les contrats souscrits, les appels de fonds en 2008 ont été
limités et les collectivités ont mobilisé leurs capacités en 2009 pour
poursuivre le financement des projets engagés. Dans ce contexte,
l’engagement de nouveaux chantiers a été pour le moins ralenti. Les
procédures de financement et paiement complexes de l’ Anru n’ont pas
permis de créer un climat de confiance propice au maintien d’un
rythme de travail soutenu et l’on constate que dans plusieurs sites,
les partenaires hésitent à s’engager dans un dossier complet de renou-
vellement urbain, faute d’un partenariat confiant avec l’Etat.

Mobilisation immédiate pour le logement les infrastructures


Pour «Agir vraiment contre la crise», nous proposons :
- La mise en chantier de 300 000 logements sociaux (PLAI et PLUS) sur les deux
prochaines années ;
- Un véritable pacte de relance entre l’État et les collectivités : en contrepartie
d’une enveloppe de 4,8 milliards d’euros visant à compenser le paiement de ce que
l’État leur doit au titre des charges transférées et du manque à gagner sur les
dotations, les collectivités accroîtront leurs investissements (v oi rie, bâtimen t,
équipements, infrastructures transport, haut débit, énergies renouvelables,
et économies d’én ergie…) et pourront atténuer les hausses de prélèvements
auxquelles elles ont été contraintes
- Le doublement de la Dotation Globale d’Équipement (DGE) et son inscription
à la section « investissement » du budget des collectivités ;
- Le doublement du Fonds National d’Aménagement et de Développement
du Territoire (FNADT) ;
- Le développement massif des infrastructures de transport propre, en parte-
nariat avec les régions.

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Respect de la parole donnée


Le 1% est essentiel dans la diversité de l’offre de logement et des
parcours résidentiels nous avons fermement condamné le transfert de
charge opéré par l’État et nous nous sommes engagés à rétablir la
part prévue du financement de l’État et ainsi préserver le 1%
Logement d’un avenir incertain.

Pour une vraie politique de cohésion territoriale


Parceque nous savons que l’avenir de la République, de sa diversité et
de sa créativité dépend aussi de la façon dont nous envisageons la
banlieue, nous ne nous renoncerons pas pour nous satisfaire, d’un
système établi dans lequel, les élus locaux, les agents publics et les
militants associatifs de banlieue, gèrent «pour le compte de la société»
des territoires de 4 millions d’habitants, sans autre perspective que de
désamorcer la violence.
Nous appellons à un engagement effectif de toutes les politiques
gouvernementales : aménagement et transports, finances, développement
économique, emploi et insertion, éducation, sécurité et prévention...
au-delà de la seule politique réparatrice «de la ville».
Nous voulons un engagement de société qui offre sans détour et
derrogations, le droit commun du service public aux quartiers, droit
dont ils sont clairement privés aujourd’hui d’une façon insupportable
pour leurs habitants. La République partout, pour tous.

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DEMAIN : LE VOLET URBAIN D’UN PROJET HUMAIN


Puisque l’heure est à la réflexion sur le PNRU II, l’après Anru, nous affirmons
clairement que nous voulons un programme urbain pensé pour répondre
aux besoins humains.
A l’écoute des réseaux associatifs et du travail des élus , nous mettons
en débat 5 enjeux et 26 propositions dans une réelle démarche de
développement urbain durable.

La solidarité territoriale pour donner du sens à l’aménagement


du territoire

1. Redonner explicitement leur place aux périphéries urbaines,


notamment par un volet «aménagement équitable» dans les projets
de territoire et les contrats d’agglomération.
2. Profiter du «bouclage» des intercommunalités pour renforcer la
redistribution des ressources et la mutualisation des dépenses socio-
urbaines en enrayant le phénomène de contournement social à l’œuvre
notamment en Ile-de-France.
3. Faire des communes de banlieue et des quartiers ayant le plus souffert du
mal-développement, les sites des mesures favorisant l’innovation et
l’expérimentation dans les domaines de l’éco-construction, de la haute
performance énergétique, des transports durables, de la valorisation des
déchets…
4. Priorité à la desserte et au désenclavement des villes de banlieue :
Rendre obligatoire dans les PDU un chapitre «Modes durables de
désenclavement et de transports », avec son financement.
5. Renforcer la péréquation financière nationale et locale pour que les
villes de banlieue ayant sur leur territoire les populations les plus pauvres,
puissent offrir à leurs habitants un service public local comparable à la
moyenne des villes françaises.

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Equipements, activités, formation :


pour une discrimination positive des territoires

6. S’appuyer sur les leviers que constituent les équipements de


transports, les équipements universitaires, culturels ou sportifs à fort
rayonnement, pour provoquer de nouvelles dynamiques économiques,
urbaines et sociales au sein des agglomérations… Pour inverser la ten-
dance au mal développement et à la disqualification urbaine nous
en appelons à une «discrimination positive des territoires».
7. Élaborer dans chaque bassin d’activité, une stratégie concertée de
développement pour adapter l’offre de compétences à l’offre d’em-
ploi et réinsérer les personnes sans emploi, avec l’ensemble des ac-
teurs : service public de l’emploi, collectivités, entreprises, centres de
formation, missions locales, chambres consulaires.
8. Amplifier les moyens de l’EPARECA en simplifiant ses procédures d’in-
tervention pour faciliter la relance du commerce dans les ZUS.
9. Étendre les ZFU.

Mettre les besoins des populations et les outils du peuplement


au cœur des dispositifs

10.Développer des conventions de peuplement ville / Préfecture / bail-


leurs pour lutter contre l’effet de «ghettoïsation» accentuée.
11.Prévoir la reconstitution de l’offre «un pour un» à l’échelle des
territoires de vie (bassin de vie, d’emplois, agglomération).
12. Contrôler la maîtrise des loyers et des charges dans les logements
issus de la rénovation.
13. Généraliser la réalisation de diagnostics de Gestion Urbain de
Proximité.
14. Dépasser la conception technique et fonctionnelle de la Gestion

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Urbaine pour lui donner un rôle social en multipliant le recours aux régies
de quartiers et la recentrer sur la notion de «cadre de vie durable ».
15. Améliorer la qualité de service dans les transports (cadences, confort,
sécurité), favoriser les alternatives à l’usage de la voiture particulière
(intermodalité, covoiturage) et développer la tarification sociale.

L’habitat à l’échelle du bassin de vie

16. Maintenir la mutualisation des obligations de construction de


logements sociaux à l’échelle de l’agglomération (ainsi que le
prévoit la loi ENL), entre les communes soumises à l’article 55. Amplifier
la production de logements dans les secteurs bien desservis, sur les
axes majeurs, autour des gares et des nœuds de transports.
17. Encourager dans les sites complexes le regroupement des bail-
leurs et les actions de GUP «inter-bailleurs»
18. Développer les outils d’intervention foncière. Lutter contre
l’habitat indigne avec le concours de l’ANAH et de l’Anru, et des
procédures appropriées d’expropriation accélérées.
19. Réserver les PLS aux sites en renouvellement urbain et aux
secteurs tendus. Pour les autres communes relevant de l’article 55,
exiger la réalisation de 25% de logements très sociaux : PLAI et PLUS.
20. Transférer le Droit de Préemption Urbain à l’État si nécessaire et
donner aux préfets les moyens de se substituer aux maires
défaillants s’il y a double carence et si la commission nationale créée par
la loi ENL considère que les explications fournies par les communes ne
sont pas recevables.

Expériences, compétences, participation, bonne gouvernance

21. Faire reconnaître la valeur de la vie associative comme vecteur


privilégié de participation et d’animation.

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22. Amplifier l’observation des territoires, la capitalisation des


ressources d’ingénierie à l’échelle locale, nationale et internationale.
Améliorer l’alimentation des collectivités en données, méthodes et outils
d’ingénierie. Coordonner les travaux de l’Observatoire national des ZUS
et ceux de l’Observatoire des territoires animé par la DIACT.
23. Financer plus fortement l’ingénierie sur les sites ou elle est la plus
faible, selon des critères objectifs définis préalablement : recrutements,
mise à disposition d’ingénierie externe, formations action...
24. «Tout ce que tu fais pour moi sans moi n’est pas fait pour moi !» (proverbe
des paysans sénégalais face aux politiques du G8). Approfondir la démocratie locale
en donnant toute leur place aux citoyens dans la mise en oeuvre des
projets de renouvellement urbain.
25. Répondre à la complexité des enjeux des villes de banlieue par des
crédits d’études attachés au renouvellement urbain, via les agences
d’urbanisme ou grâce à de nouvelles marges de recrutement direct par
les collectivités.
26. Développer des outils spécifiques de portage foncier, immobilier et
d’aménagement pour prendre en compte la multiplicité des acteurs et
les spécificités du financement des opérations de renouvellement
urbain.

- « L’ Anru a-t-elle les moyens de ses ambitions ? » - Localtis.info – 14/11/2008


- Rapport AN n°1198, du 16 octobre 2008.
- Rapport d'information n° 456 (2005-2006) de MM. Philippe Dallier et Roger Karoutchi, fait au
nom de la commission des finances du Sénat
- Rapport du Comité d’Évaluation et de Suivi de l’ Anru–«Rénovation urbaine : 2004-2008. Quels
moyens pour quels résultats ?»
- Propositions de l’IRDSU, aux décideurs et acteurs de la politique de la ville dans le cadre de la
préparation du plan 2008 «espoir Banlieue »
- Villes et Banlieues : Manifeste des villes de banlieue - 6 Février 2007
- «Anru et plan de relance : quels leviers pour les collectivités ? - Les finances et les délais au
cœur des critiques» La Gazette des communes – 1er mars 2009

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La politique de la ville ne peut plus


être la compilation de multiples
actions de réparation, elle doit
devenir une stratégie de
développement, durable,
participatif et solidaire.

Naturellement le renouvellement
urbain n’en est pas l’unique enjeu
et au cours des mémos du
secrétariat national à la Politique de
la ville nous ouvrirons l’analyse
et le champ des propositions
aux autres sujets déterminants :
participation et démocratie locale,
emploi, formation,
éducation, lutte contre les
discriminations,
santé publique, tranquillité,
culture
et accès aux nouvelles
technologies.

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Août 2009

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