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En Relisant Ce Que Je Viens Tout Spontanément D
En Relisant Ce Que Je Viens Tout Spontanément D
Je
le remarque aprs coup, ces deux mots furent, ces deux dernires annes, au centre d'un
dbat entre Paul Ricoeur et moi, sur le mal et le pardon (...). A ma proposition d'allure
aportique selon laquelle le pardon est, en un sens non-ngatif, l'im-possible mme (on ne
peut pardonner que l'impardonnable ; pardonner ce qui est dj pardonnable, ce n'est pas
pardonner ; ce qui ne revient pas dire qu'il n'y a pas de pardon mais que celui-ci,
pour paratre possible, devrait, comme on dit, faire l'impossible : pardonner l'impardonnable),
Ricoeur opposa plus d'une fois une autre formule : "Le pardon n'est pas impossible, il est
difficile."
Quelle diffrence y a-t-il, et o passe-t-elle, entre "l'im-possible" (non-ngatif) et le "difficile", le
trs-difficile, le plus difficile possible, la difficult, l'infaisable mme ? Quelle diffrence entre ce
qui est radicalement difficile et ce qui parat im-possible ? La question reviendrait peut-tre,
pour le dire tlgraphiquement, celle de l'ipsit du "je peux" . Plonasme que l'tymologie
confirme. L'ipse est toujours le pouvoir ou le possible d'un "je" (je peux, je veux, je dcide). L'impossible dont je parle signifie peut-tre que je ne peux ni ne dois jamais prtendre qu'il est en
mon pouvoir de dire srieusement, de faon responsable "je pardonne" (ou "je veux" ou "je
dcide"). C'est seulement l'autre, moi-mme comme un autre, qui en moi veut, dcide ou
pardonne, sans m'exonrer d'aucune responsabilit, au contraire (...).
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