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Telquel
Telquel
Un despote oriental
Aux yeux des historiens européens, Moulay Ismaïl fait
figure de sultan fastueux certes, mais aussi sadique et
colérique. Henri Terrasse, qui a étudié les registres tenus
par les franciscains au service des prisonniers chrétiens,
rapporte qu’ils notaient tous les décès parmi les captifs.
Ceux survenus de la main du sultan étaient marqués
d’une petite croix. Total : 127 détenus ou esclaves
chrétiens tués par Moulay Ismaïl entre 1684 et 1727 !
Quand il demande à Louis XIV la main de sa fille, la
princesse de Conti, en précisant qu’elle aura le droit de
garder la foi chrétienne, c’est logiquement toute la cour de
Versailles qui se gausse et répond que Moulay Ismaïl n’a
qu’à se convertir. Les relations franco-marocaines pâtiront
quelques années de cet épisode quelque peu burlesque.
La naissance du Makhzen
Si Moulay Ismaïl est resté dans les annales comme un
grand sultan, c’est que l’homme a eu ses heures de gloire.
Il obtient notamment des résultats substantiels dans la
reconquête des places fortes de la côte occupées par les
puissances étrangères. En 1681, il reprend la Maâmora,
Tanger en 1684, et Larache en 1689. Sur le front
intérieur, il fait de Meknès sa capitale, rompant de fait
avec la tradition des Alaouites qui lui avaient jusqu’alors
préféré Fès ou Marrakech. La nouvelle capitale abrite le
palais que le sultan s’est fait bâtir sur le modèle des
grandes œuvres de l’architecture arabo-andalouse. Moulay
Ismaïl s’attache également à moderniser son armée. Il
réorganise ainsi le guich (agrégation des auxiliaires
militaires arabes des dynasties précédentes) que lui ont
légué ses prédécesseurs. L’ensemble des contingents
constitué prend le nom de guich des Oudayas. Moulay
Ismaïl crée également le corps des Abid Al Boukhari,
esclaves noirs qui constituent sa garde personnelle après
avoir prêté serment sur le recueil de Hadiths d’Al
Boukhari.