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ÉCONOMIE CHRONIQUE

L'économie de la réalisation personnelle


Article paru dans l'édition du 15.10.06
omment vaincre le pessimisme ? Comment redonner la foi en l'avenir à des peuples qui ont le sentiment de
vivre une dégradation de leurs conditions de vie ? Comment faire comprendre que l'économie du XXIe siècle
peut ne pas être celle des gros bénéfices pour quelques-uns et de la précarité pour tous les autres, mais peut
donner une réelle chance à chacun ?

Impossible a priori. On a beau dire et redire que la mondialisation sort de la misère des centaines de millions
d'Asiatiques, que la croissance mondiale n'a jamais été aussi forte et que, contrairement aux discours des
Cassandre tarifées, le capitalisme actuel s'en sort plutôt bien que mal, il reste que les arguments chiffrés ne
vainquent pas le pessimisme. L'inquiétude demeure au fond des esprits.

La course « folle » des technologies, la « financiarisation » du capitalisme et la mondialisation « ultralibérale


», ces trois acteurs du changement accéléré que nous vivons, sont accusés d'engendrer un monde
impitoyable. La classe moyenne, coeur du modèle social au XXe siècle, voit ses revenus plafonner et la
perspective de promotion de ses enfants rétrécir ( Les Classes moyennes à la dérive, Louis Chauvel, Seuil,
10,50 €). Même un Ulrich Beck, le philosophe allemand social-démocrate, broie du noir en écrivant : « Les
Etats voient leur marge d'action réduite au dilemme suivant : payer d'un chômage élevé une pauvreté
croissante (comme dans la plupart des pays européens) ou accepter une pauvreté criante sur le fond d'un
chômage un peu mieux circonscrit (comme aux Etats-Unis) » ( Le Monde du 5 octobre).

Edmund Phelps a obtenu cette semaine le prix Nobel d'économie. C'est un esprit très libre, mais il est classé
comme néokeynésien, donc disons de gauche, pour avoir pourfendu les thèses libérales sur bien des points.
Dans le Wall Street Journal (10 octobre), il a écrit un article incroyablement optimiste sur le monde du XXIe
siècle, intitulé « Le génie du capitalisme ». Nous entrons dans une ère où les usines et les machines
compteront moins que l'innovation, la conception et le marketing des biens nouveaux. Cela change tout. Les
emplois délocalisés seront largement compensés par les gains de productivité qui permettront aux pays

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