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Septembre 2009

LES FOCUS SOLUCOM

iPhone :
un nouveau challenger en entreprise ?

The power of simplicity


« Ce qui est simple est fort »
iPhone

iPhone : un nouveau challenger en


entreprise ?
Fort de son succès sur le marché tion des débits, navigateur internet avancé, locaux…) et de gestion de parc, tandis que
grand public, le téléphone d’Apple clavier physique, résolution) tend à assurer l’iPhone satisfait les besoins des utilisateurs,
suscite un intérêt croissant auprès une convergence des usages fixes/mobiles il ne répond pas intégralement aux exigences
des cols-blancs. De nombreux dont l’entreprise peut tirer pleinement pro- des DSI d’une grande entreprise.
clients professionnels envisagent fit. Ces innovations sont parfois apparues
l’adoption de l’iPhone, soulevant sur un marché grand public porteur d’inno- iPhone : quel niveau de performance
ainsi la question de l’adéquation du vations, comme l’usage massif du GPS par en entreprise ?
terminal avec le marché exigeant exemple. L’expérience utilisateur se situe au cœur des
et concurrentiel du smartphone motivations d’achat d’un iPhone. En termes
d’entreprise. L’iPhone saura-t-il Le marché des smartphones, en plein essor, d’ergonomie globale, l’iPhone surclasse ses
séduire les DSI aussi bien que les représente 14% des ventes mondiales de concurrents (Source : JDPower, 09/2008).
utilisateurs ? téléphones mobiles (Source : Symbian). Il Son grand écran et sa connectivité 3G posent
est aujourd’hui partagé entre trois acteurs, cependant de réelles contraintes sur l’autono-
Un succès retentissant auprès du dont les stratégies diffèrent sensiblement. mie du téléphone lors d’un usage profession-
grand public… RIM, le créateur du Blackberry, est la seule nel, alors qu’un Blackberry sera plus perfor-
Fin 2008, Apple avait écoulé plus de 17 société proposant une solution intégrée com- mant. En conjonction avec un usage décuplé
millions d’exemplaires de son smartphone prenant terminaux, système d’exploitation et lié aux bénéfices du téléphone, l’utilisateur
dans le monde. Commercialisé par une serveurs alors qu’Apple et Microsoft ne maî- peut ressentir une forte inadéquation entre
entreprise résolument tournée vers le marché trisent pas l’intégralité de la chaîne de valeur. la qualité du service rendu et l’autonomie
grand public, le succès du téléphone repose trop faible du terminal même si l’iPhone 3GS
essentiellement sur une ergonomie avancée
et des technologies évoluées ainsi que sur
l’App Store, véritable boutique mobile de télé- « L’iPhone a de facto ouvert une brèche sur
chargement de logiciels. En outre, l’image
culte de la marque, associée à une promotion le marché du smartphone en entreprise  »
importante, confère un rôle de status enhan-
cer au produit. Les Blackberry et iPhone ciblent principale- récemment lancé propose une autonomie
ment le marché de la mobilité des cols blancs améliorée. En outre, le client mail embarqué,
…et les premières tentations en tandis que l’approche de Microsoft se veut service indispensable de chaque smartphone,
entreprise plus générique, en visant également les appli- n’est pas à la hauteur de la concurrence, ses
En proposant des applications standard cations de terrain (outils de vente en mobi- fonctions de visualisation des pièces jointes
comme la gestion des contacts, du calendrier lité, télé-relève, gestion des tournées, …). étant basiques, sans possibilité d’édition des
ou de la messagerie, l’iPhone a de facto ouvert documents.
une brèche sur le marché du smartphone Usages et attentes
d’entreprise : l’idée d’un terminal hybride, L’utilisateur col-blanc en situation de mobi- Des éditeurs tiers (Sybase, DataViz) propo-
conjuguant exigences professionnelles, fonc- lité doit être en mesure de retrouver ses sent des solutions pour combler ces lacunes,
tionnalités grand public et un positionnement applications bureautiques standard comme mais uniquement dans la limite du modèle
résolument branché. Les entreprises débutè- la messagerie, internet, ou le traitement de cloisonné des applications sur iPhone.. Ainsi,
rent ainsi des expériences pilotes d’adoption texte. un logiciel d’édition de documents ne sera
de flottes iPhone dès 2008. Kraft Foods a pas en mesure d’éditer les documents reçus
ainsi pourvu ses collaborateurs de 2000 ter- Les perspectives de l’entreprise vis-à-vis des en pièce jointe par le client mail embarqué.
minaux tout comme Oracle (4000 exemplai- smartphones sont doubles et peuvent être En définitive, l’iPhone présente des fonction-
res). En dépit de ces exemples d’adoption antagonistes. Les utilisateurs ont des attentes nalités satisfaisantes en termes de PIM et
en entreprise, l’iPhone peut ne pas être en en termes d’ergonomie, de fonctionnalités de d’ergonomie mais souffre d’une autonomie
totale adéquation avec les exigences profes- performances et de fiabilité. Les DSI possè- faible et d’un manque d’applications bureau-
sionnelles, qu’il convient d’abord de qualifier. dent quant à elles des exigences strictes en tiques intégrées. Le Push Mail présente des
termes de sécurité du SI (chiffrement des fonctionnalités basiques et des lacunes
Le smartphone en entreprise : quels mar- communications, authentification de l’uti- importantes au regard de la concurrence.
chés et quels enjeux ? lisateur), sécurité du terminal (authentifica-
L’émergence de nouvelles technologies au tion locale, chiffrement des données, protec- En termes de synchronisation, l’iPhone
service de l’expérience mobile (augmenta- tion de la configuration, gestion des droits nécessite en standard la solution Exchange

2 « iPhone : un nouveau challenger en entreprise ?»


de Microsoft ou une compatibilité CalDAV. parc mobile, l’iPhone s’intègre difficilement mobile et que la procédure nécessite environ
L’impact sur le SI sera donc variable et fonc- dans une flotte d’entreprise. une heure. D’un point de vue de l’utilisa-
tion de l’existant. Une entreprise disposant teur, la gestion des droits locaux se limite
déjà de solutions Microsoft et d’une passe- Quel niveau de sécurité ? aux politiques de mots de passe et aux accès
relle VPN supportée verra un impact quasi- Un smartphone peut être la cible d’attaques distants.
nul sur le SI tandis qu’un client ayant recours pouvant menacer directement l’intégrité des
a des solutions Lotus Notes nécessitera des données d’une entreprise et de son SI. La Concernant la sécurité du SI, l’iPhone dispose
changements plus profonds. problématique sécurité d’une architecture des fonctions standard du marché concernant
mobile se décompose en deux axes : la sécu- la protection des communications (VPN et
Gestion de flotte et configuration rité résidente, sur le terminal, et la sécurité authentification standards). La concurrence
Le déploiement d’une flotte conséquente de distante, au niveau du SI. Blackberry offre des réglages de sécurité plus
terminaux mobiles peut nécessiter des outils pointus mais pose l’inconvénient d’un ser-
d’automatisation des tâches d’administra- L’iPhone présente une gestion raisonnable veur hors périmètre DSI, ce qui peut aller à
tion, de contrôle à distance, de déploiement de la sécurité : exécution en bac à sable1 l’encontre de certaines politiques de sécurité
de nouvelles applications ou de sauvegarde des applications, approbation préalable des en entreprise.

« L’utilisateur peut ressentir une inadéquation En définitive, l’iPhone présente des mesures
de sécurité satisfaisantes mais ne gère pas
entre la qualité du service rendu et efficacement les politiques de restrictions des
droits sur le terminal avec pour conséquence
l’autonomie trop faible du terminal  » une perte de contrôle de l’environnement
mobile fourni par la DSI et les problèmes de
des informations du terminal. Apple ne four- logiciels publiés, capacité de révoquer une sécurité afférents.
nit aucun outil d’administration centralisée application corrompue ou encore impossibi-
d’une flotte. Ainsi, les tâches d’installation lité pour l’utilisateur d’installer un logiciel Cas d’usages et mesure du TCO
de logiciels d’entreprise, de mise à jour des non signé numériquement. Il est possible de Lors de l’intégration de 600 iPhones au sein
terminaux ou d’assistance sont entière- chiffrer les données locales d’une application de la flotte d’un grand compte, l’inadéqua-
ment manuelles. Une flotte d’iPhone peut d’entreprise à l’aide de clés, de certificats, tion des services de synchronisation et de
cependant recevoir à distance des profils de et d’API tiers. Cependant, les informations sécurité de l’iPhone avec les exigences sécu-
configuration, mais ce mode de déploiement de PIM sont disponibles en clair par défaut ritaires de la DSI a entraîné un processus
n’est pas sécurisé et n’impose que peu de dans la mémoire du téléphone pour les ver- important de modification du smartphone. Le
restrictions d’usages. Le périmètre couvert sions antérieures à l’OS3, posant un véritable retour d’expérience s’est caractérisé par une
par le gestionnaire de configuration fourni risque en cas de perte ou de vol. La fonction satisfaction moyenne des utilisateurs et un
par Apple n’est pas aussi large que celui de d’effacement à distance ne constitue pas une sentiment d’avoir obtenu un terminal éloigné
la concurrence, qui autorise l’application de alternative intéressante, dans la mesure où de leurs attentes, pour un niveau de sécurité
profils sécurisés et très exhaustifs. En l’ab- le téléphone doit être accessible au réseau conforme aux politiques internes. En outre,
sence d’une solution crédible de gestion du 1 Dans un environnement isolé du reste du système l’absence d’un logiciel de gestion de flotte

« iPhone : un nouveau challenger en entreprise ? »3


iPhone

a rendu fastidieux le déploiement des ter- En conclusion


minaux et des applications, au travers d’un L’iPhone gagne progressivement du terrain
processus entièrement manuel. en entreprise, en raison d’une demande forte
de la part des utilisateurs pour un smart-
En termes de coûts, une étude Solucom por- phone largement médiatisé. Loin d’être
tant sur 500 terminaux tenant compte des segmenté « corporate », le produit exerce
coûts récurrents, d’achats et projet évalue le une attraction sur les cols blancs tant par
TCO (tocal cost of ownership, coût d’un pro- son ergonomie et ses fonctionnalités que
duit intégrant tous ses éléments et services par son image très éloignée des terminaux
Thibault Degieux est consultant sénior,
spécialiste du marketing technologique constitutifs) par utilisateur sur 3 ans à près Blackberry et consorts. Si cette orientation
et de l’innovation. Après son diplôme de 1800 euros pour iPhone, contre 1600 grand-public est un moteur d’adoption pour
ESSCA (école de commerce), il intègre le euros pour une solution Windows Mobile et l’iPhone, il s’agit également d’un réel frein
groupe France Télécom à l’international 1300 euros pour un Blackberry. Ces différen- pour tout déploiement en entreprise. En
et travaille durant 2 ans au déploiement ces constatées relèvent essentiellement de l’absence d’une vraie infrastructure de ges-
d’un opérateur mobile au Moyen Orient. coûts récurrents (abonnements plus élevés, tion de flotte, Apple ne propose aucune offre
En 2000, il rejoint le cabinet Solucom, support plus coûteux, en raison d’une plus intégrée à destination des entreprises, et ne
et réalise plusieurs missions longues au
large liberté accordée à l’utilisateur). permet pas aux éditeurs tiers de combler les
sein d’opérateurs télécoms en France et
lacunes de son approche.
à l’étranger.
iPhone OS 3 : de nouvelles fonctions pro-
Thibault a une longue expérience sur les fessionnelles pertinentes mais limitées Apple, au travers de sa récente mise à jour,
services de communication mobiles, et La mise à jour de l’iPhone OS vers la ver- s’oriente toujours trop peu vers une straté-
l’offre de services mobiles. Thibault a par sion 3 entraîne un certain nombre de béné- gie de conquête de l’entreprise, en offrant
ailleurs travaillé sur des projets d’étude fices pour le monde de l’entreprise : mode certes de nouvelles fonctions à destination
pour les DSI de grandes entreprises ainsi modem,copier-coller, recherche de docu- des professionnels, mais tout en conservant
que sur les projets liés à la conduite du ments et mémos vocaux constituent une son modèle fermé peu favorisé par les DSI.
changement dans le domaine des tech-
mise à niveau attendue pour un smartphone Toutefois, les éditeurs tiers comme Sybase
nologies de l’information.
professionnel. ou Citrix proposent des solutions apportant
Il collabore désormais au développement
de la practice Télécoms & innovation de des réponses croissantes aux clients profes-
Solucom En outre, les DSI se voient désormais dotées sionnels souhaitant adopter le terminal en
de fonctions de notification push étendues, entreprise.
permettant d’envoyer des notifications ins-
tantanées à des applications d’entreprise. Le En garantissant une liberté d’action plus
Comparatif TCO par utilisateur calculé support des services Exchange est amélioré forte à l’utilisateur professionnel tout en
sur 3 ans pour 650 terminaux et permet désormais l’envoi d’invitations ou améliorant la sécurité du terminal, Apple
la synchronisation des notes. Le contenu risque de cantonner son produit au marché
d’un iPhone et ses sauvegardes peuvent être du smartphone VIP d’entreprise ou aux peti-
chiffrés. Enfin, il est possible de localiser un tes structures dont la taille n’entravera pas
téléphone perdu et d’en effacer le contenu le déploiement de la solution. L’adoption
à distance. croissante de l’iPhone pour des usages
personnels pousse cependant les grands
Ces fonctions ne sont toujours pas aisé- groupes à converger vers des solutions d’in-
ment déployables au sein d’une flotte et tégration de produits grand public dans leur
les problématiques propres à la gestion de SI, quitte à les considérer comme des « ter-
parc demeurent intactes, ceci en dépit de minaux non maîtrisés » à usage personnel
profils de configurations étendus. La mise à et professionnel.
jour 3.0 réalise des progrès trop modestes
à destination de l’entreprise et ne constitue
donc toujours pas une alternative viable aux
solutions professionnelles concurrentes.

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