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Tristes fichages
Le Monde | 05.11.09
Au pays de Claude Lévi-Strauss, où on juge qu'il n'y a rien de plus urgent que de débattre de l'identité
nationale, on discrimine tranquillement, et souvent impunément, en fonction des origines "ethniques". Le
rapport rendu public par SOS-Racisme, mercredi 4 novembre, met en lumière d'incroyables et honteuses
pratiques discriminatoires dans le domaine de l'emploi et du logement. Malgré une législation de plus en
plus sévère - le fichage ethno-racial est interdit par la loi depuis 1978 - et une vigilance quotidienne de la
Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), créée en 2004, ces tristes
fichages perdurent.
Il y a un an, le 13 novembre 2008, le délégué interministériel pour l'égalité des chances des Français
d'outre-mer, Patrick Karam, a signé une convention avec SOS-Racisme pour traquer ces pratiques de
"fichage territorial ou ethnique et les discriminations à l'embauche" qui pourraient en découler. Une
initiative bienvenue. Avec l'aide de l'Etat, l'association a pu agir plus efficacement, convaincre des victimes
de discriminations de se porter partie civile, sortir de l'ombre des dossiers qui s'enlisaient et même rouvrir
certaines affaires. SOS racisme a ainsi demandé au parquet de Strasbourg de revenir sur un non-lieu
prononcé en 2008 envers une agence immobilière qui retenait uniquement des locataires français et
métropolitains.
Au-delà de ces résultats, réels mais modestes, SOS-Racisme dresse un état des lieux accablant des
discriminations en France, dévoilant des pratiques qu'on croyait définitivement proscrites. Ici, une
entreprise s'est livrée à un classement "ethnique" de ses intérimaires, la mention BBR (bleu-blanc-rouge)
étant réservée aux seuls Blancs. Là, à l'OPAC de Saint-Etienne, les locataires de ses HLM étaient classés
en trois catégories : Maghreb, Afrique, Asie. Ici encore, sur le site Internet de recrutement du cabinet
Huxley, les candidats résidant en France devaient cocher une des cases suivantes : "Black caribbean",
"Blackother", "Asian" ou "White".
En dénonçant ces discriminations, le rapport de SOS-Racisme est salutaire. Mais il souligne la difficulté qui
demeure à les réprimer, surtout quand elles éclosent sur la Toile. L'association évoque la frilosité de la
Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), de l'inspection du travail et des magistrats.
Au titre d'une convention de 2007, ces derniers devaient suivre une formation sur les discriminations qui
n'a jamais eu lieu. Pour lutter contre ces tristes fichages, il faut des moyens, or ceux-ci sont loin d'être à
la hauteur.
Un huissier s'est rendu mercredi 4 novembre chez Euro Disney, à Marne-la-Vallée, pour saisir d'éventuels
fichiers de salariés à caractère ethno-racial, à la suite d'une décision de la justice saisie par l'association
SOS Racisme, selon des sources concordantes.
L'association, qui a donné cette information lors d'une conférence de presse à Paris, accuse le groupe de
loisirs d'avoir utilisé de tels fichiers pour cibler ses recrutements. Pour sa part, la direction d'Euro Disney a
confirmé avoir reçu la visite d'un huissier, en précisant qu'elle commenterait le fond de l'affaire plus tard
dans la journée.
Le président du tribunal de grande instance de Meaux avait ordonné le 28 octobre cette saisie d'huissier,
pour permettre à SOS Racisme de prouver ses accusations, tout en "émettant les plus expresses réserves
sur la pertinence du raisonnement factuel et juridique" de l'association, selon le texte de son ordonnance.
Les responsables de SOS Racisme s'exprimaient lors de la présentation d'un rapport remis mercredi 4
novembre à Patrick Karam, délégué interministériel pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer.
Selon un rapport de SOS Racisme sur des pratiques discriminatoires d'entreprises, l'association a
découvert, à la suite de témoignages de salariés d'Adecco-Restauration, prestataire d'Euro Disney, que
"dans le bilan social 2007, les salariés sont classés suivant des catégories suivantes : 'Afrique hors
Maghreb', 'Afrique Maghreb', 'Autres Antilles', 'Europe (Ouest) dont français'". Selon SOS Racisme, "pour
Disney, l'essentiel de la clientèle est européenne, en conséquence les salariés 'cast members' doivent être
majoritairement européens".
Eurodisney pratique-t-il le fichage ethnoracial de ses salariés pour cibler ses recrutements ? C'est en tout
cas l'accusation portée par SOS Racisme à l'encontre du groupe de loisirs. Un huissier s'est rendu
mercredi matin à Marne-la-Vallée, en Seine-et-Marne, pour vérifier l'existence de tels fichiers à la suite
d'une décision de la justice saisie par l'association. "L'huissier a pu constater que nous n'avons aucun
document comportant de telles catégories ou informations" et "l'ensemble des éléments demandés a été
communiqué, nous n'avons rien à cacher", se défend la direction d'Eurodisney.
De son côté, l'association affirme avoir lancé une enquête sur Disneyland Paris à la suite de témoignages
de salariés d'Adecco-Restauration, prestataire du parc de loisirs, et avoir engagé plusieurs procédures
pour discrimination. Dans le bilan social 2007 d'Eurodisney, indique SOS Racisme, les salariés sont classés
suivant des catégories suivantes : Afrique hors Maghreb, Afrique Maghreb, autres Antilles, Europe
(Ouest), dont Français. "Pour Disney, l'essentiel de la clientèle est européenne. En conséquence, les
salariés cast members doivent être majoritairement européens." Selon Samuel Thomas, vice-président de
SOS Racisme, "l'huissier n'a obtenu qu'une partie de ce qu'il a demandé, à savoir le registre du personnel
(...) Mais nous n'avons pas obtenu le fichier ayant permis de faire apparaître dans le bilan social 2007 les
différentes catégories. Nous allons voir comment on peut y avoir accès". L'association de lutte contre le
racisme s'alarme enfin du fait que lors de la création d'un CV sur le site de l'entreprise, il est demandé de
remplir une case "pays" qui, outre la France, peut être la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, la
Polynésie française, la Guyane et la Nouvelle-Calédonie.
Le président du tribunal de grande instance de Meaux a ordonné le 28 octobre la saisie d'huissier, pour
permettre à SOS Racisme de prouver ses accusations, tout en "émettant les plus expresses réserves sur la
pertinence du raisonnement factuel et juridique" de l'association, selon le texte de son ordonnance.
Plus largement, dans un rapport rendu public mercredi, SOS Racisme dénonce l'inaction des pouvoirs
publics contre le phénomène de fichage ethnoracial. "La Cnil, l'Inspection du travail et les autorités
judiciaires se sont montrées peu enclines à collaborer avec SOS Racisme et à apporter une réponse
répressive aux pratiques dénoncées", accuse l'association. Elle souligne que bon nombre de victimes "ne
connaissaient pas leurs droits" et estime que "cette absence de prise de conscience résulte d'un discours
obscur sur les thèmes tels que la diversité ou que l'idée de l'instauration de statistiques ethniques
permettrait de lutter efficacement contre les discriminations".
Le délégué interministériel à l'égalité des chances pour les Français d'outre-mer, Patrick Karam, à qui a
été remis le rapport, a confirmé qu'il fallait faire reculer le sentiment d'impunité face au délit de fichage
ethnique encore trop courant. "Tant que les entreprises auront le sentiment qu'elles ne risquent rien,
certaines continueront", a-t-il dit
Dans son rapport, SOS Racisme recense une quinzaine de dossiers où l'association a constaté la
constitution de fichiers à caractère ethnique, racial ou géographique.
Mais Patrick Karam n'entend pas pour autant légiférer : "L'arsenal judiciaire est complet et suffisant. Ce
qui manque, c'est la volonté", affirme le délégué, qui doit remettre des préconisations à Nicolas Sarkozy.
"Il faut une intervention au sommet de l'État, il faut mieux faire connaître cette loi sur le fichage ethnique.
Tout doit commencer par les procureurs, les policiers et les juges", estime-t-il. Depuis 1978, le fichage
ethnoracial est illégal et passible de 5 ans de prison et de 300.000 euros d'amende (personnes physiques)
à 1,5 million d'euros (personnes morales), mais la jurisprudence est quasiment inexistante
Le délégué interministériel à l'Outre-mer Patrick Karam a affirmé mercredi qu'il fallait faire reculer le
sentiment d'impunité face au délit de fichage ethnique pratiqué par certaines entreprises ou offices HLM,
alors que SOS Racisme lui remettait un rapport sur ce thème
Nous publions le rapport remis par l'association anti-raciste à Patrick Karam, délégué
interministériel pour l'Egalité des chances des Français d'Outre-mer. Parmi les entreprises
citées : Air France, Daytona, Eurodisney, Nissan-Europe et Noos-Numéricable. Elles pourraient
faire l'objet d'actions en justice lancées par SOS Racisme.
Une dizaine d'entreprises épinglées. C'est ce qui ressort du rapport sur les systèmes discriminatoires de
recrutement remis ce mercredi par Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme, à Patrick Karam,
délégué interministériel pour l'Égalité des chances des Français d'Outre-mer. Nous publions ce document
en intégralité. Il est consultable en cliquant ici. Il fait suite à une convention signée le 13 nombre
2008. Patrick Karam avait alors donné mission à l'association anti-raciste de "rechercher par tous moyens
dans les entreprises et professions intermédiaires de l'emploi, mais aussi chez les employeurs publics et à
travers les annonces publiées sur Internet, les pratiques de fichage territorial ou ethnique et les
discriminations à l'embauche qu'elles pourraient entraîner ou qu'elles sous-tendent".
Le rapport cite cinq grandes entreprises: Air France, Daytona, Eurodisney, Nissan-Europe et Noos-
Numéricable. Figurent aussi des intermédiaires de l'emploi: le cabinet de recrutement Huxley et des
agences et filiales du groupe Adecco. "Le fichage ethno-racial constitue un délit inscrit au Code pénal
depuis 1978, rappelle Samuel Thomas. La première condamnation à une amende ferme ne date pourtant
que de juin dernier". La Cour d'appel de Versailles a alors condamné Daytona, société d'externalisation
des fonctions commerciales du groupe DDB, à 20.000 euros d'amende pour avoir fiché sans leur accord
les origines ethniques de ses vacataires.
"En prenant appui sur la convention signée avec Patrick Karam, SOS Racisme compte proposer aux
victimes individuelles de réclamer une réparation financière devant une juridiction civile. D'autres
procédures sont en cours ou vont être engagées", indique Samuel Thomas. Selon lui, la diffusion de ce
rapport répond à un double objectif. "Il s'agit avant tout d'interpeller les pouvoirs publics, explique-t-il. Il
faut une véritable politique pénale répressive vis-à-vis de ces pratiques. Des organismes comme la Cnil ou
La Halde doivent se saisir de ce type de dossiers. Policiers, inspecteurs du travail et magistrats doivent
être formés sur ces sujets".
Autre ambition: rappeler qu'il n'y a pas de fichage ethnique vertueux. « Même instaurés sous prétexte de
promouvoir la diversité, ces systèmes sont mis en place pour pratiquer une distinction en fonction des
personnes sur des motifs discriminatoires », déplore Samuel Thomas. Un message à l'attention du Comité
pour la mesure et l'évaluation de la diversité et des discriminations (Commedd). Mis en place par Yazid
Sabeg, commissaire à la Diversité et à l'égalité des chances, il doit rendre ses conclusions prochainement.
Un huissier chez Eurodisney
Un huissier s'est rendu mercredi matin chez Eurodisney, à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) pour saisir
d'éventuels fichiers de salariés à caractère ethno-racial, à la suite d'une décision de la justice saisie par
l'association SOS Racisme. L'association accuse le groupe d'avoir utilisé de tels fichiers pour cibler ses
recrutements. La direction d'Eurodisney, citée par l'AFP, a confirmé la visite d'un huissier, expliquant qu'il
est venu "prendre connaissance du fichier du personnel et du site internet du recrutement" afin de
déterminer "si ils comportent des informations ou des classifications ethno-racial". "L'huissier a pu
constater que nous n'avons aucun document comportant de telle catégorie ou information" et "l'ensemble
des éléments demandés a été communiqué, nous n'avons rien à cacher", a poursuivi la direction.
L’association SOS Racisme a remis ce jour au gouvernement, un rapport sur le fichage ethnique et ses
dérives. Cette pratique est pourtant interdite depuis 1978. Une quinzaine d’entreprises sont ainsi
épinglées dont Air France. C’est à la suite d’une convention signée le 13 novembre 2008 avec Patrick
Karam, délégué interministériel à l’Egalité des chances des Français d’outre-mer, que des initiatives
dénonçant ces pratiques ont pris forme.
Dans ce rapport intitulé « Le fichage ethno-racial, un outil de discrimination », réalisé par la Fédération
nationale des maisons des potes de SOS Racisme, Air France est pointée du doigt. Elle aurait dressé une
typologie raciale de ses hôtesses et stewards en distribuant aux personnes postulant à ces postes, un
questionnaire comportant la mention : type racial, couleur des yeux. Sos Racisme a saisi la CNIL,
(Commission informatique et liberté). Mais Air France s’est défendue en invoquant l’accord de ces
personnes.
L’association rappelle que la première condamnation pour délit de fichage ethno-racial est intervenue en
octobre 2008. Ayant fait appel, l’entreprise incriminée Daytona, a été condamnée à 20 000 euros en juin
2009. Cette entreprise avait établi un fichier désignant les origines de son personnel : européen blanc,
maghrébin, africain, Dom-Tom et asiatique.
En février 2009, à Saint-Etienne, l’OPAC (Office Public d’Aménagement), a été condamné pour fichage
ethnique et discriminatoire. Les fichiers étaient utilisés pour répartir les locataires dans les immeubles.
SOS racisme reproche à la CNIL, l’inspection du travail et les autorités judiciaires leur manque de
collaboration à « apporter une réponse répressive aux pratiques dénoncées ». Or, ajoute t-elle, « il est
primordial que les autorités qui se sont engagées dans la lutte contre les discriminations se saisissent de
dossiers portant sur le fichage de données ethno-raciales ».
Lors de la remise ce mercredi du rapport sur le fichage ethnique, Patrick Karam, le délégué interministériel
à l’Outremer, a estimé « nécessaire de faire reculer le sentiment d’impunité. Car, tant que les entreprises
auront le sentiment qu’elles ne risquent rien, certaines continueront ».
Interdit depuis 1978, le fichage ethno-racial est passible de cinq années de prison, assorti d’une amende
de 300 000 euros pour les personnes physiques, et de 1,5 million d’euros pour les personnes morales
Ce rapport fait suite à la signature le 13 novembre 2008 d'une convention de partenariat entre Patrick
Karam, délégué interministériel pour l'Egalité des chances des Français d'outre-mer, SOS-Racisme et la
Fédération nationale des Maisons des potes relative au fichage territorial ou ethno-racial.
Le document, remis mercredi à M. Karam par le vice-président de SOS-Racisme Samuel Thomas, pointe
une quinzaine de grandes entreprises, parmi lesquelles figurent le numéro un mondial de l'intérim Adecco,
la compagnie aérienne Air France, le parc d'attractions Eurodisney ou encore le constructeur Nissan en
Europe.
Selon SOS-Racisme, "le fichage ethnique semble être une marque de fabrique chez Adecco". L'association
rapporte plusieurs affaires de catégorisation ethno-raciale au sein de l'entreprise, avec les codifications
BBR (bleu, blanc, rouge) pour la France et BBB (bleu, blanc, belge) pour la Belgique. Ces codes ont
notamment été utilisés pour L'Oréal en 2000. La Cour de cassation a d'ailleurs confirmé en juin la
condamnation des laboratoires Garnier, d'Adecco et de sa filiale Ajilon à 30.000 euros d'amende chacun
pour discrimination raciale à l'occasion du recrutement de démonstratrices en 2000.
Chez Eurodisney, les salariés de type européen sont privilégiés "afin de ressembler à la clientèle", ajoute
SOS Racisme. Ainsi, le site Internet de la société établit une distinction entre les Français de la métropole
et ceux des DOM-TOM, la rubrique "pays" mentionnant la France, la Guadeloupe, la Martinique, La
Réunion, la Polynésie française, la Guyane française et la Nouvelle-Calédonie.
La compagnie Air France est également épinglée, SOS-Racisme l'accusant d'avoir dressé une typologie
raciale des hôtesses et stewards utilisés pour les vols spéciaux. Sur des fiches, la taille, la couleur des
cheveux ou des yeux, mais surtout la typologie raciale (africain, antillais, asiatique, eurasien, indien,
méditerranéen, occidental), devaient être mentionnées.
Cette pratique est également observée dans le domaine du logement, "tant par les bailleurs sociaux HLM
que par les organismes privés, et notamment les agences immobilières", note le rapport, précisant que
"les logiques de fichage, de dosage et de ségrégation sont les mêmes que dans le domaine de l'emploi".
Par exemple, à l'OPAC de Saint-Etienne, le fichage était utilisé comme "outil de dosage des locataires en
fonction de leur patronyme", avec un code de couleurs: vert pour les personnes présumées d'origine
maghrébine, rouge pour celles d'origine africaine et jaune pour celles dont on supposait qu'elles étaient
originaires d'Asie. Pour l'office, "au-delà de 7% de noms à consonance étrangère sur les boîtes aux lettres,
cela engendrait le départ des locataires d'origine européenne".
Le 3 février dernier, l'OPAC de Saint-Etienne, poursuivi par SOS-Racisme, a été condamné à 20.000 euros
d'amende avec sursis par le tribunal correctionnel de la ville pour fichage ethnique et discrimination dans
l'accès au logement.
Depuis janvier 1978, la loi réprime le fichage ethno-racial de cinq ans de prison et de 300.000 euros
d'amende pour les auteurs personnes physiques, et 1,5 million d'euros pour les personnes morales. Mais
ce délit n'a été que récemment sanctionné, à Saint-Etienne, mais également à Versailles, avec la
condamnation en appel de la société Daytona en juin 2009 à 20.000 euros d'amende.
Cette filiale du No1 mondial de la communication et du marketing DDB sélectionnait les personnels,
essentiellement des hôtesses de vente et d'animation, selon un critère "pure white", et fichait les origines
ethniques de ces salariés mis à disposition de sociétés comme Dior, Guerlain ou Gillette.
Ironie de l'histoire, certaines des entreprises mises en cause dans ce rapport participent à
l'expérimentation du CV anonyme relancée mardi par le gouvernement. Il s'agit notamment d'Eurodisney
et de L'Oréal.
SOS Racisme, qui dénonce le manque de poursuites contre le fichage ethnique, a remis mercredi un
rapport au gouvernement.
Ce document, intitulé "Le fichage ethno-racial: un outil de discrimination", a été remis à Patrick Karam,
délégué interministériel à l'égalité des chances des Français d'Outre-mer, qui a mandaté en 2008
l'association pour rechercher et accompagner les victimes de fichage à caractère ethnique, racial ou
géographique.
Dans ce rapport, l'organisation épingle cinq offices HLM et une dizaine d'entreprises. Deux dossiers ont
donné lieu à des condamnations définitives. L'Opac de Saint-Etienne (février 2009) et le cabinet de
recrutement d'hôtesses et d'agents de vente Daytona (juin 2009 en appel) ont été condamnés pour avoir
constitué des fichiers avec des catégories telles que "européen blanc", "maghrébin" ou "africain et Dom-
Tom".
Le rapport dénonce aussi Air France pour des fichiers d'hôtesses mentionnant par exemple les types
africain, indien ou méditerranéen. La Cnil a enquêté et établi que les hôtesses avaient donné leur
consentement. Air France a néanmoins supprimé ces données.
Dans un communiqué, la Cnil a exprimé "son plus vif étonnement face à des accusations infondées". Elle
rappelle que depuis qu'elle a des pouvoirs de contrôle renforcés et un pouvoir de sanction (2004), elle "n'a
jamais hésité à en faire usage, notamment dans le cadre de plaintes transmises par SOS Racisme".
Concernant les suspicions de fichiers ethno-racieux, "l'huissier a pu constater que nous n'avons aucun
document comportant de telles catégories ou informations" et "l'ensemble des éléments demandés a été
communiqué", a assuré la direction.
SOS Racisme a lancé une enquête sur Eurodisney, à la suite de témoignages de salariés d'Adecco-
Restauration, prestataire du parc de loisirs, et engagé plusieurs procédures pour discrimination. Dans le
bilan social 2007 d'Eurodisney, selon l'organisation antiraciste, les salariés sont classés suivant des
catégories suivantes: Afrique hors Maghreb, Afrique Maghreb, Autres antilles, Europe (Ouest) dont
Français et "pour Disney, l'essentiel de la clientèle est européenne, en conséquence les salariés 'cast
members' doivent être majoritairement européens".
Selon Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme, "l'huissier n'a obtenu qu'une partie de ce qu'il a
demandé, à savoir le registre du personnel, ce qui nous indique l'identité des victimes présumées. Mais
nous n'avons pas obtenu le fichier ayant permis de faire apparaître dans le bilan social 2007 les
différentes catégories. Nous allons voir comment on peut y avoir accès."
Revue de presse de Patrick Karam | Discriminations ethno-raciales | 05/11/2009
L'association de lutte contre le racisme s'alarme aussi du fait que lors de la création d'un CV sur le site de
l'entreprise, il est demandé de remplir une case "pays" qui outre la France, peut être la Guadeloupe, la
Martinique, la Réunion, la Polynésie française, la Guyane et la Nouvelle Calédonie, ce qu'a aussi constaté
une journaliste de l'AFP.
Le président du Tribunal de grande instance de Meaux avait ordonné le 28 octobre une saisie d'huissier,
pour permettre à SOS Racisme de prouver ces accusations, tout en "émettant les plus expresses réserves
sur la pertinence du raisonnement factuel et juridique" de l'association, selon le texte de son ordonnance
qu'a obtenu l'AFP.
Depuis 1978, le fichage est illégal et passible de 5 ans de prison et 300.000 euros d'amende (personnes
physiques) à 1,5 million d'euros (personnes morales), mais la jurisprudence est quasiment inexistante.
Le délégué interministériel à l'Outre-mer Patrick Karam a affirmé mercredi qu'il fallait faire
reculer le sentiment d'impunité face au délit de fichage ethnique pratiqué par certaines
entreprises ou offices HLM, alors que SOS Racisme lui remettait un rapport sur ce thème.
"Il faut faire reculer le sentiment d'impunité car tant que les entreprises auront le sentiment qu'elles ne
risquent rien, certaines continueront", a déclaré Patrick Karam, délégué à l'égalité des chances pour les
Français d'Outre-mer.
Dans son rapport qu'il lui a remis, SOS Racisme recense une quinzaine de dossiers où l'association a
constaté la constitution de fichiers à caractère ethnique, racial ou géographique.
"L'arsenal judiciaire est complet et suffisant, ce qui manque c'est la volonté", a poursuivi M. Karam qui
doit remettre des préconisations à Nicolas Sarkozy. "Il faut une intervention au sommet de l'Etat, il faut
mieux faire connaître cette loi sur le fichage ethnique, tout doit commencer par les procureurs, les
policiers et les juges", a-t-il dit.
Le fichage est depuis 1978 illégal et passible de 5 ans de prison et de 300.000 euros d'amende (personnes
physiques) à 1,5 million d'euros (personnes morales), mais la jurisprudence est quasiment inexistante.
A ce sujet, Patrick Karam s'est félicité de la condamnation récente de l'Opac de Saint-Etienne (février
2009) et du cabinet de recrutement d'hôtesses et d'agents de vente Daytona (juin 2009) pour des fichiers
avec des catégories telles que "européen blanc", "maghrébin", "africain et Dom-Tom".
Interrogé sur le cas d'Eurodisney, qui a reçu mercredi la visite d'un huissier à la demande de SOS Racisme
pour saisir des fichiers, M. Karam a répondu: "La procédure commence, et la règle est de ne pas
commenter une affaire en cours, mais je dois dire qu'en tant que Guadeloupéen, je n'accepte pas
qu'Eurodisney recrute des Français d'un coté, des Martiniquais ou des Guadeloupéens d'un autre".
PARIS, 4 novembre (Reuters) - Malgré ses tentatives pour démontrer la réalité du fichage des personnes
par type ethnique ou par origine, SOS Racisme peine à faire condamner les entreprises ou établissements
publics incriminés.
Le fichage ethno-racial est puni depuis 1978 de cinq ans de prison et 300.000 euros d'amende pour les
personnes physiques, contre 1,5 million d'euros pour les entreprises.
Une seule entreprise, le cabinet de recrutement Daytona, a fini par être condamnée à 5.000 euros
d'amende en octobre 2008. L'Opac (Office public d'aménagement et de construction) de Saint-Etienne a
écopé d'une amende avec sursis en février dernier.
SOS Racisme a reçu il y a un an le soutien politique et financier de Patrick Karam, délégué interministériel
pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer, pour enquêter et convaincre la justice d'entamer des
poursuites judiciaires.
Mais "dans la grande majorité des cas, nous avons dû faire face à de sérieux obstacles tenant notamment
à la réticence des autorités publiques peu enclines à sanctionner ces pratiques", écrit l'association.
SOS Racisme dénonce notamment l'inertie de la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations
et pour l'égalité) et de la Cnil (Commission nationale informatique et libertés), cette dernière étant jugée
"très conciliante avec les entreprises privées épinglées" car elle demande simplement la destruction des
fichiers litigieux.
Elle éprouve aussi des difficultés à mobiliser la justice "en raison du manque de jurisprudence et de
formations juridiques approfondies des magistrats et des enquêteurs sur les questions de fichage
ethnique".
Le ministère de la Justice a bien nommé des magistrats référents anti-discrimination dans les parquets
mais sans leur offrir aucune formation, dénonce SOS Racisme. Le partenariat signé en décembre 2007
entre le ministère et l'association n'a pas été suivi des enseignements prévus.
Beaucoup de procédures font l'objet d'un classement sans suite.
SOS Racisme a alors choisi d'emprunter la voie des juridictions civiles, formant des requêtes auprès des
tribunaux de grande instance afin qu'un huissier saisisse les fichiers incriminés, comme au siège
d'Eurodisney (EDLP.PA: Cotation) mercredi.
Elle s'est en outre rapprochée des salariés ayant dû procéder au fichage des données pour qu'ils soient
auditionnés et des victimes pour qu'elles se constituent parties civiles. (Clément Guillou, édité par Sophie
Louet)
SOS Racisme a remis mercredi un rapport dans lequel elle dénonce des pratiques de fichage
illégales, mais trop souvent impunies.
SOS Racisme a décidé de pointer du doigt le fichage ethnique. L’association a remis mercredi au
délégué interministériel l à l’égalité des chances Patrick Karam un rapport dans lequel elle dénonce cette
pratique. L’organisation, présidée par Dominique Sopo, donne des dizaines d’exemple, parmi lesquels des
agences immobilières, des agences d’intérim, voire des offices HLM.
L’association de lutte contre les discriminations épingle également des grandes entreprises, comme
Eurodisney, où elle a envoyé un huissier mercredi pour saisir un fichier dans lequel le personnel est classé
en différentes catégories en fonction de l’origine raciale : Maghreb, Afrique Noire, Caraïbes et Europe.
Les pratiques de Nissan sont également dénoncées dans ce rapport. Les candidats à un emploi
doivent en effet cocher une case lors de leur inscription sur internet, afin de déterminer leur origine
ethnique. En outre, les quatre départements français d’outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane,
Réunion) apparaissent séparément de la nationalité française.
Toutes ces pratiques sont évidemment parfaitement illégales en France. Mais pas dans les pays
anglo-saxons. Et c’est souvent derrière cet argument que s’abritent les entreprises internationales.
Une justification que Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme, réfute formellement :
Patrick Karam a promis de défendre le rapport de SOS Racisme devant Michèle Alliot-Marie et Brice
Hortefeux, ministres de la Justice et de l’Intérieur. Car ces affaires sont trop souvent classées sans suite
et ne débouchent sur aucune indemnité en justice. Le gouvernement a assuré que désormais la tolérance
zéro sera appliquée face à de telles pratiques.
"Accablant". C'est avec ce qualificatif que SOS Racisme a accompagné, mercredi, devant la presse, la
présentation de son rapport sur la discrimination en entreprise. En 48 pages, l'association présidée par
Dominique Sopo épingle une quinzaine de grandes entreprises, coupables à ses yeux d'opérer un fichage
ethno-racial en vue de leur recrutement. Le document, qui vise, entre autres, des groupes comme Air
France, EuroDisney ou Nissan mais également des offices HLM, a été remis à Patrick Karam, délégué
interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre mer. Jugeant à son tour "accablantes" les
conclusions du rapport, celui-ci a alors promis une "tolérance zéro" de la part des pouvoirs publics contre
ce genre de pratiques.
Hasard du calendrier, ce mercredi matin, suite à une décision de la justice saisie par SOS Racisme, un
huissier s'est rendu au siège d'EuroDisney, à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) afin d'y saisir d'éventuels
fichiers de salariés illégaux. Dans son rapport, l'organisation anti-raciste reproche au groupe d'établir, via
son site internet, une distinction entre les Français de métropole et les autres. L'onglet "pays", à
renseigner pour chaque salarié, mentionnerait en effet - en plus de la France - la Guadeloupe, la
Martinique, La Réunion, la Polynésie française, la Guyane française et la Nouvelle-Calédonie. But de la
manœuvre, dixit SOS Racisme: que le personnel "ressemble à la clientèle". "Déplorable", a réagi la
direction du célèbre parc d'attractions, qui, ironie du sort, participe à l'expérimentation du CV anonyme.
"24% de nos salariés sont étrangers, dont 36% hors Union européenne", a-t-elle ajouté en rejetant
fermement les critiques.
Attaques et ripostes
D'autres entreprises n'ont d'ailleurs pas manqué de riposter aux attaques de SOS Racisme,
essentiellement fondées sur des plaintes syndicales. Air France en fait partie. La compagnie aérienne est
accusée de réclamer son origine ethnique (africain, antillais, eurasien, etc.) à toute hôtesse au steward se
portant candidat à un poste sur des "vols spéciaux" (voyage présidentiel, équipe de football, etc.).
Contactée par Le Parisien, la direction d'Air France se défend à son tour de toute discrimination.
S'appuyant sur un courrier de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), elle affirme
"que le consentement express des salariés était recueilli en toute connaissance de cause". En outre, et
"afin de faire taire toute polémique, Air France a décidé de supprimer les données sensibles qui figuraient
initialement dans le fichier", poursuit-elle.
Addition des deux exemples qui précèdent, le constructeur Nissan, lui aussi épinglé par le rapport, se
défend en expliquant que le candidat n'est "pas obligé de révéler son origine ethnique". Toutefois, ajoute
un porte-parole français de la firme japonaise filiale de Renault - dont l'ancien P-DG, Louis Schweitzer
préside actuellement la Halde (*), "cette mention est systématique lorsqu'on travaille aux Etats-Unis et au
Royaume-Uni. Etant donné qu'il s'agit d'un portail global permettant de postuler dans le monde, la
question figure sur notre site." Un argumentaire battu en brèche par SOS Racisme. "Si on recrute sur le
territoire national, on doit recruter avec les critères prévus par le code du travail, martèle Samuel
Thomas, vice-président de l'organisation, interrogé par Europe 1. Et en France, on n'a pas le droit de
recruter sur critère ethno-racial. Fichier ethnique égale discrimination", conclut-il.
(*) Haute autorité de lutte contre les discriminations et l'exclusion
RACISME - «Dosage d'Antillais» par cage d'escalier, BBR pour dire «bleu blanc rouge»... SOS Racisme a
passé au crible dix-huit cas de discriminations...
Depuis janvier 1978, la loi française punit le fichage ethno-racial (cinq ans de prison et 300.000 euros
d’amende pour les personnes physiques et 1,5 million euros pour les entreprises). Une loi trop rarement
appliquée, la première condamnation obtenue par SOS Racisme datant d'octobre 2008, contre l'entreprise
Daytona. Fortes de ce constat, l'association et la Fédération nationale des maisons des potes ont
rassemblé dans un rapport, remis ce mercredi au gouvernement, dix-huit cas de fichage ethno-racial,
aussi bien en entreprise que dans le secteur du logement ou de l'intérim. Objectif: relancer ou entamer
des poursuites judiciaires, avec le soutien du délégué interministériel pour l’égalité des chances des
Français d’Outre-mer. Palmarès.
- Hôtel Campanil: Un logiciel qui affecte une origine ethnique en fonction de la consonance du
nom du client
En août 2008, SOS Racisme a été saisi par un fonctionnaire français, qui porte un nom et un prénom à
consonance maghrébine. Ce dernier avait découvert sur une facture de l’Hôtel Campanil de Saintes qu’il
était mentionné sous son nom et prénom, la mention «morocco». Réponse du responsable de l’hôtel: le
logiciel de gestion de la chaîne attribue systématiquement une origine, en fonction du prénom inscrit sur
la facture pour «les statistiques touristiques». La plainte de SOS Racisme a été classée sans suite.
En 2000, L’Oréal demande à Adecco des jeunes femmes blanches pour la présentation de ses produits.
Selon SOS Racisme, l'agence de recrutement utilise alors sa codification «BBR» (bleu blanc rouge) et «non
BBR». Sur la base de preuves matérielles apportées par une salariée de la filiale d’Adecco, Districom, SOS
Racisme saisit l’inspection du travail et le procureur de la République et gagne en appel en juillet 2007.
Adecco, Districom et L’Oréal se pourvoient en cassation. Le jugement est confirmé mais la question des
dommages-intérêts est renvoyée devant la Cour d’Appel de Versailles.
Le rapport rappelle que le fichage ethno-racial est depuis 1978 illégal et passible de 5 ans de prison et de
300.000 euros d'amende (personnes physiques) à 1,5 million d'euros (personnes morales).
Or, «les dispositions de la loi de 1978 n'ont trouvé une application jurisprudentielle que très récemment
avec les décisions rendues dans les affaires Daytona et Opac de Saint-Etienne», écrit SOS Racisme.
La première condamnation pour le délit de fichage ethno-racial est intervenue en octobre 2008 à
l'encontre du cabinet de recrutement d'hôtesses et d'agents de vente Daytona, condamnée à 5.000 euros
d'amende. En appel, l'entreprise a été condamnée à 20.000 euros en juin 2009. Daytona avait établi un
fichier désignant les origines de son personnel (5.000 vacataires) selon quatre «types»: européen blanc,
maghrébin, africain et Dom-Tom, et asiatique.
L'Opac de Saint-Etienne a lui été condamné en février 2009 pour fichage ethnique et discrimination et n'a
pas fait appel. L'office utilisait des fichiers ethniques pour répartir les locataires dans les immeubles.
L'association de lutte contre le racisme souligne que «bon nombre de victimes ne connaissaient pas leurs
droits» et estime que «cette absence de prise de conscience résulte d'un discours obscur sur les thèmes
tels que la diversité ou que l'idée de l'instauration de statistiques ethniques permettrait de lutter
efficacement contre les discriminations».
SOS Racisme juge «primordial que les autorités (Halde, inspection du travail, autorités de police et de
justice, etc.) qui se sont engagées dans la lutte contre les discriminations se saisissent de dossiers portant
sur le fichage de données ethno-raciales».
Un rapport de SOS Racisme et de la Fédération des maisons des potes sur le fichage ethno-
racial montre que cette pratique discriminante est largement répandue dans l’Hexagone.
Pour la première fois, l’Etat, via la délégation interministérielle à l’Egalité des chances des
Français d’outre-mer, a prêté main forte aux associations.
« Eurodisney et Nissan sont des entreprises qui considèrent que les Guyanais, Martiniquais, Réunionnais
et Guadeloupéens ne sont pas des Français », indiquait, hier matin, Patrick Karam, délégué
interministériel à l’Egalité des chances des Français d’outre-mer, en s’appuyant sur le rapport que Samuel
Thomas, président de la fédération nationale des maisons des potes et vice-président de SOS racisme,
venait de lui remettre. Un rapport réalisé dans le cadre de la convention relative au fichage territorial ou
ethnique pouvant conduire à des pratiques discriminatoires de recrutement dans les entreprises. Une loi
de 1978 interdit le fichage ethno-racial et pourtant, ce rapport prouve qu’un certain nombre d’entreprises
en quête de recrutement le pratiquent. « L’arsenal judiciaire existe, avance Patrick Karam, ce qui manque
c’est la volonté ; » Ainsi, un certain nombre de plaintes déposées par SOS racisme ont été classées sans
suite, d’où pour MM. Karam et Thomas l’importance de ce rapport. Il y a eu toutefois deux condamnations
effectives à l’encontre de la société Daytona en région parisienne et de l’OPAC de Saint-Etienne. Dans le
premier cas, la société avait publié une annonce d’embauche en exigeant du candidat une apparence «
pur white », dans le deuxième cas, il s’agissait de discrimination raciale au logement opérée en raison de
l’appartenance vraie ou supposée à une ethnie, avec un code de classification indécelable pour le non-
initié… Logirep, une société d’HLM a été mise en examen en juin 2009 pour fichage ethnique des locataires
et discrimination raciale. Non seulement, cet office HLM distinguait les locataires entre les catégories
Afrique, Maghreb, DOM-TOM et Europe. Mais plus fort encore, les Réunionnais noirs étaient rangés dans
une case Réunion pour le « pays du lieu de naissance », et les Réunionnais blancs dans la case « France
».
Fort de ces jurisprudences, le délégué a pris rendez-vous avec Michèle Alliot-Marie, garde des Sceaux, et
Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur, pour que les policiers ou gendarmes prennent les plaintes et que
les procureurs y donnent suite. Car, explique Samuel Thomas, « les autorités, tant la CNIL que l’inspection
du travail et même la justice, sont peu enclines à sanctionner ces pratiques ». Pourtant les exemples
recensés par le rapport sont parlant. Ainsi Nissan West Europe, sur sa page internet dédié au recrutement
a mis en place une rubrique « Country » que le candidat doit renseigner. Dans ce champ figure une liste
de pays, en dehors de la France. Parmi ceux-là on trouve la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion et la
Martinique… Le service des ressources humaines de Nissan va même plus loin puisqu’il demande aux
candidats : « What’s your ethnic origin ? » Les réponses proposées sont, au choix : « African, Asian,
Carribean, European, Latin, Middle East, Oriental, other… » Un comble quand on sait que le président de la
HALDE, Louis Schweitzer était encore au mois de mai dernier le président du conseil d’administration de
Renault, société qui a absorbé Nissan… Autre exemple : le cabinet de recrutement Huxley demandait aux
candidats de renseigner leurs origines ethniques. La CNIL, sollicitée sur ce sujet affirmait que « aucune
donnée à caractère ethno-raciales n’est enregistrée sur cette base de données, ni collectée sur le site
Internet » tout en ajoutant que la fenêtre permettant de collecter l’origine ethno-raciale des candidats
n’était plus proposée… Pas à un paradoxe près, la CNIL a classé le dossier. SOS Racisme et la délégation
interministériel comptent sur ce rapport pour que la formule tolérance zéro ne soit pas une vaine parole.
Mais surtout, pour Patrick Karam, ce rapport est la démonstration du danger des statistiques ethniques.
L’affaire Eurodisney
En octobre 2008, une résidente de la Réunion, Marie-Lucie Génardière, résidente de la Réunion, mises en
ligne sur le site consulte les offres d’emploi disponibles dans l’Hexagone, mises en ligne sur le site Internet
de Disneyland Resort Paris à l’adresse hisneylandparis-casting.com. Elle constate alors que, dans la
rubrique « postulez », puis « créez votre CV », le candidat doit indiquer obligatoirement son pays de
résidence dans le champ marqué d’un astérisque. Elle note alors que, résidente de la Réunion, elle doit
non pas inscrire France mais Réunion. C’est ainsi qu’elle s’aperçoit que le site opère une distinction entre
France et Guadeloupe, Polynésie française, Réunion, Guyane française, Nouvelle-Calédonie… Or, une telle
"A moins de vouloir continuer à discriminer les Français d’origines différentes", Patrick Karam estime que
le rapport qui vient d’être rendu public clôt définitivement le débat de la mise en place de statistiques
ethniques en France.
Ce rapport est le résultat d’une mission confiée à la Fédération Nationale des Maisons des Potes et SOS
Racisme par le biais d’une convention signée le 13 novembre 2008. Le but était de rechercher, par tous
moyens, dans le secteur des entreprises et le marché locatif, les pratiques de fichage territorial ou
ethnique et les discriminations à l’embauche qu’elles pourraient entraîner ou qu’elles sous-tendent. Ceci
pour engager ensuite des actions devant les tribunaux après avis de la délégation interministérielle.
Le soutien de l’État a été obtenu après que ces deux associations aient montré au délégué interministériel
que, sur le site internet de l’entreprise Eurodisney, il est demandé au candidat à l’embauche de préciser
son pays en distinguant la "France" de la "Martinique", de la "Guadeloupe", de la "Guyane" ou de "La
Réunion".
Des pratiques illégales en toute impunité
Pourtant, Eurodisney avait déjà été poursuivi pour des discriminations raciales fondées sur la politique des
quotas. Mais les sanctions, lorsqu’il y en a, sont trop légères pour être véritablement dissuasives. Soit
pour faire prévaloir des intérêts économiques, soit pour ne pas nuire à la réputation de l’entreprise.
Ainsi en 2008, Daytona est la première entreprise en 30 ans à être condamnée à une amende ferme qui
ne s’élèvera qu’à 5.000€ pour 5.000 vacataires concernés.
De son côté Air France, qui classait ses hôtesses de l’air selon leur typologie raciale, s’en est sorti sans
être poursuivi, contre la promesse de cesser cette pratique.
C’est précisément contre cette tendance laxiste que souhaitent ardemment se battre Patrick Karam et
Samuel Thomas, président de la Fédération nationale des Maisons des potes et vice-président de SOS
Racisme. Et le rapport révélé hier matin, qui épingle une quinzaine d’entreprises, est une étape décisive. A
la fois un message et un premier pas, ils l’espèrent, vers une forte mobilisation et une levée de barrières.
Pour les deux responsables, "l’arsenal judiciaire est suffisant". La loi de janvier 1978 interdit en effet la
collecte et le traitement de certains types de données à caractère personnel faisant notamment apparaître
directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, tandis que l'article 226-19 du Code pénal
vient sanctionner certains actes de traitement de ces données.
"C’est la pratique qui pose problème" souligne le délégué interministériel. La pratique des procureurs et
des juges trop timorés selon lui, celle des gendarmes et des policiers qui se contentent d’une main
courante, et celle de la CNIL qui rechigne trop souvent à saisir les fichiers incriminés alors qu’elle en a le
pouvoir.
Par ailleurs, afin de faciliter les démarches des victimes, un système sera mis en place par SOS Racisme.
L’association paiera les frais de justice et aidera les victimes à se porter partie civile. Le Délégué
interministériel appréciera de son côté les suites à donner parallèlement, le cas échéant sur le plan
administratif.
D’ici là il a prévu de se réunir avec l’ensemble du gouvernement pour qu’il fasse de la lutte contre les
discriminations une priorité.
PARIS - Des offices HLM et des agences d'immobilier et d'intérim sont épinglées pour leurs pratiques de
fichage ethno-racial dans un rapport rendu public mercredi par SOS Racisme.
Plusieurs grandes entreprises, dont Air France, établissent également une typologie raciale de leurs
salariés, selon SOS Racisme, qui éprouve les plus grandes difficultés à faire condamner ces pratiques.
L'association déplore en outre que les victimes ne soient pas toujours au fait de l'illégalité de ces
pratiques.
"Cette absence de prise de conscience résulte d'un discours obscur sur des thèmes tels que 'la diversité'
ou de l'idée que l'instauration de statistiques ethniques permettrait de lutter efficacement contre les
discriminations", écrit-elle.
Plusieurs motifs mènent au fichage ethno-racial. Le marketing pousse à choisir les individus car leur
couleur de peau ou leur origine s'associerait mieux, dans l'esprit d'un employeur, à la clientèle ou au
produit.
Ainsi, pour répondre aux requêtes de L'Oréal, qui souhaitait faire présenter ses produits par des jeunes
femmes blanches, les agences d'intérim du groupe Adecco codaient ces dernières "BBR" (pour Bleu Blanc
Rouge).
Les "non BBR", qui composaient près de 40% des intérimaires vendeuses de produits pour cheveux,
n'étaient plus que 5% à présenter un produit de L'Oréal.
Eurodisney fixait à 20% maximum le pourcentage d'intérimaires "non BBR" pour son activité de
restauration. Sur le site internet de recrutement, le candidat doit indiquer son pays d'origine en
distinguant la métropole et les Dom-Tom.
QUOTAS DANS LES IMMEUBLES
Dans le secteur du logement, le fichage "est directement fondé sur l'idéologie raciste qui affecte aux
individus des comportements en fonction de leur origine", écrit SOS Racisme.
Certaines personnes sont victimes d'une politique de quotas, visant à ce qu'il n'y ait pas trop d'étrangers
dans un même immeuble.
"La politique des 'quotas' est à son tour fondée sur l'idéologie raciste qui proclame 'c'est quand ils sont
nombreux qu'il y a des problèmes'", ironise SOS Racisme, en référence à une phrase prononcée en
septembre dernier par Brice Hortefeux. Le ministre de l'Intérieur avait alors dit évoquer les Auvergnats et
non les Maghrébins.
L'Opac de Saint-Etienne, condamnée en 2009, classait les personnes selon un code couleur attribué en
fonction de la consonance des noms des locataires: vert pour l'origine maghrébine, rouge pour l'africaine
et jaune pour l'asiatique.
A partir de ces fichiers, ordre était donné de "stopper" ou "d'infiltrer à dose homéopathique" les locataires
dotés d'un code couleur pour qu'il n'y ait pas plus de 7% de noms à consonance étrangère dans les
immeubles les plus prisés.
"En conséquence de quoi, 90% des locataires d'origine extra-européenne étaient concentrés dans les
immeubles ghettos de l'organisme HLM", note SOS Racisme.
La société gérante de logements Logirep, mise en examen en juin 2009, allait même jusqu'à classer les
Réunionnais blancs de peau dans le fichier "France" et les noirs dans le fichier "Réunion".
SOS Racisme a aussi enquêté sur un fichage ethno-racial dans une entreprise dont l'Etat est actionnaire:
Air France.
La compagnie aérienne, dénoncée par la CFDT en 2008, a mis en place un formulaire pour identifier les
personnels navigants aptes à servir sur les vols spécialement affrétés pour les voyages officiels ou les
clubs sportifs.
Quinze entreprises ont été épinglées par l’association SOS Racisme et la Fédération nationale des Potes,
qui militent contre les discriminations raciales en France, dans un rapport publié mercredi sur leurs
procédures de recrutement discriminatoires. Parmi elles, le groupe de loisirs Eurodisney qui a reçu la visite
dans ses locaux de Marne-la-Vallée, ce jour, d’un huissier chargé de saisir d’éventuels fichiers salariés à
caractère ethno-racial, suite à une décision de justice. Cette dernière a été saisie par l’association SOS
racisme. Une démarche que « déplore » la direction d’Eurodisney qui rappelle « son engagement en
faveur de la diversité ». La société participe à l’expérimentation du CV anonyme relancé mardi par le
gouvernement.
SOS Racisme révèle pourtant que sur le site Internet du groupe, dans la rubrique « postulez » puis « créer
son CV », le candidat doit indiquer obligatoirement son « pays », la France, mais aussi son département
d’origine, à savoir la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, la Polynésie française, la Guyane française et
la Nouvelle Calédonie. Eurodisney fait clairement une distinction entre les Français de la métropole et ceux
des DOM-TOM. Autre fait accablant, d’après le bilan social 2007 de la société que SOS Racisme a réussi à
se procurer, il semblerait que les salariés soient classés en fonction de leurs nationalités : « Afrique hors
Maghreb », « Afrique Maghreb », « Autres Antilles », « Europe (Ouest) dont Français »… Le recrutement
prend en compte les différentes nationalités des visiteurs, précise un rapport d’Eurodisney intitulé "
Tourisme et Emploi : l’apport de Disney Resort Paris". « Une stigmatisation qui, de l’avis du vice-président
de SOS racisme Samuel Thomas, sous-entend des différences de traitement des demandes de ses
candidats ».
Une démarche soutenue par l’Etat
La découverte de ce système de fichage ethno-racial est à l’origine du travail sur les discriminations mené
par la société civile et le gouvernement français. Conformément à la convention du 13 novembre 2008 «
relative au fichage territorial ou ethnique et les discriminations à l’embauche qu’elles pourraient entraîner
ou qu’elles sous-tendent ». Le délégué interministériel pour l’Egalité des Français d’Outre-mer, Patrick
Karam, a chargé SOS Racisme et la Fédération nationale des Maisons des Potes de mener l’enquête sur les
sociétés. « Le soutien du délégué interministériel a été décisif car c’était la première fois que l’Etat nous
apportait son aide, explique Samuel Thomas. Nous avons reçu une subvention de 20 000 euros et,
surtout, nous avons pu, dans les courriers que nous adressions aux procureurs ou aux juges, nous
prévaloir de ce soutien et indiquer que nous agissions dans le cadre d’une convention avec l’Etat ». Grâce
à cet appui, l’association a pu approfondir ses recherches notamment sur le groupe de loisirs Eurodisney.
Mais le royaume de Blanche Neige n’est pas le seul à être concerné par cette pratique. De nombreuses
sociétés françaises et internationales auraient eu recours au fichage ethno-racial. Des grandes entreprises
comme l’agence Adecco restauration, le constructeur automobile Nissan et des bailleurs sociaux HLM,
seraient dans la ligne de mire des autorités françaises. « Le président Nicolas Sarkozy m’a dit qu’il fallait
instaurer la tolérance zéro pour les discriminations, ça sera fait. Si les entreprises commettent des
infractions, on les trouvera et on les sanctionnera », avertit Patrick Karam. Le délégué interministériel
invite les procureurs, les magistrats, les forces de l’ordre et l’Inspection du travail à « se renseigner sur le
code Pénal de 1978 », qui traite « du droit à la protection des données personnelles qui directement ou
indirectement, font apparaître les origines raciales ou ethniques ». « On a un appareil judiciaire complet,
ce qui manque c’est la volonté », précise-t-il, de sanctionner une infraction pénale. Depuis 1978, le
fichage ethno-racial est illégal et passible de 5 ans de prison et de 300 000 euros d’amende (personnes
physiques) à 1,5 million d’euros (personnes morales), mais la jurisprudence est quasiment inexistante.
La justice est à la traîne
SOS Racisme dévoile un rapport qui épingle plusieurs entreprises... dont Air France.
Air France a mis en place une typologie raciale des hôtesses de l'air: des "recrutements spéciaux" ont été
effectués pour les vols de footballeurs ou des "vols exceptionnels". La typologie raciale est précisée dans
un formulaire: africain, antillais, asiatique, eurasien, indien...
C'est puni par la loi, rappelle France Info, qui cite l'article 229-19 du Code Pénal: “la mise ou
conservation en mémoire informatisée sans le consentement exprès de l'intéressé des données à
caractère personnel qui, directement ou indirectement, font apparaître [notamment] les origines raciale
ou ethniques”.
Oui, mais, toujours d'après France Info, SOS Racisme a contacté la CNIL qui lui a répondu que "les
hôtesses étaient consentantes". C'est aussi la réponse qu'adresse Air France, d'après Le Parisien-
Aujourd'hui en France. La compagnie ajoute aussi qu'"afin de faire taire toute polémique, Air France a
décidé de supprimer les données sensibles qui figuraient initialement dans le fichier".
Le rapport a été demandé par le délégué ministériel à l'égalité des chances des Français d'Outre-Mer,
Patrick Karam. D'autres entreprises sont concernées, comme Nissan, Eurodisney ou l'office HLM du
Kremlin Bicêtre, précise RMC.
Un huissier s'est rendu mercredi matin chez Eurodisney, à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) pour saisir
d'éventuels fichiers de salariés à caractère ethno-racial, à la suite d'une décision de la justice saisie par
l'association SOS Racisme, selon des sources concordantes.
L'association, qui a donné cette information lors d'une conférence de presse à Paris, accuse le groupe de
loisirs d'avoir utilisé de tels fichiers pour cibler ses recrutements.
Interrogé par l'AFP, la direction d'Eurodisney a confirmé la visite d'un huissier, expliquant qu'il est venu
"prendre connaissance du fichier du personnel et du site internet du recrutement" afin de déterminer "si ils
comportent des informations ou des classifications ethno-racial".
"L'huissier a pu constater que nous n'avons aucun document comportant de telle catégorie ou information"
et "l'ensemble des éléments demandés a été communiqué, nous n'avons rien à cacher", a poursuivi la
direction.
Selon un rapport de SOS Racisme sur des pratiques discriminatoires d'entreprises, l'association a
découvert, à la suite de témoignages de salariés d'Adecco-Restauration, prestataire d'Eurodisney, que
"dans le bilan social 2007, les salariés sont classés suivant des catégories suivantes: "Afrique hors
Maghreb", "Afrique Maghreb", "Autres antilles", "Europe (Ouest) dont français".
Selon SOS Racisme, "pour Disney, l'essentiel de la clientèle est européenne, en conséquence les salariés
+cast members+ doivent être majoritairement européens".
L'association de lutte contre le racisme s'alarme aussi du fait que lors de la création d'un CV sur le site de
l'entreprise, il est demandé de remplir une case "pays" qui outre la France, peut être la Guadeloupe, la
Martinique, la Réunion, la Polynésie française, la Guyane et la Nouvelle Calédonie, ce qu'a aussi constaté
une journaliste de l'AFP.
La direction d'Eurodisney a jugé "cette campagne médiatique déplorable" quand "on connaît notre
engagement en faveur de la diversité".
"Nous ne pratiquons aucune discrimination à l'embauche ou au quotidien", a précisé la direction, avant
d'ajouter que "24% des salariés sont étrangers, dont 36% hors Union Européenne".
Le président du Tribunal de grande instance de Meaux avait ordonné le 28 octobre cette saisie d'huissier,
pour permettre à SOS Racisme de prouver ces accusations, tout en "émettant les plus expresses réserves
sur la pertinence du raisonnement factuel et juridique" de l'association, selon le texte de son ordonnance
qu'a obtenu l'AFP.
Selon un rapport de SOS Racisme sur des pratiques discriminatoires d'entreprises, l'association a lancé
une enquête sur Eurodisney, à la suite de témoignages de salariés d'Adecco-Restauration, prestataire du
parc de loisirs, et engagé plusieurs procédures pour discrimination.
Dans le bilan social 2007 d'Eurodisney, indique SOS Racisme, les salariés sont classés suivant des
catégories suivantes: Afrique hors Maghreb, Afrique Maghreb, Autres antilles, Europe (Ouest) dont
Français et "pour Disney, l'essentiel de la clientèle est européenne, en conséquence les salariés
cast members doivent être majoritairement européens".
L'association de lutte contre le racisme s'alarme aussi du fait que lors de la création d'un CV sur le site de
l'entreprise, il est demandé de remplir une case "pays" qui outre la France, peut être la Guadeloupe, la
Martinique, la Réunion, la Polynésie française, la Guyane et la Nouvelle Calédonie.
La direction d'Eurodisney juge "cette campagne médiatique déplorable quand on connaît notre
engagement en faveur de la diversité".
"Nous ne pratiquons aucune discrimination à l'embauche ou au quotidien", a précisé la
direction, avant d'ajouter que "24% des salariés sont étrangers, dont 36% hors Union
européenne".
Le président du Tribunal de grande instance de Meaux avait ordonné le 28 octobre cette saisie d'huissier,
pour permettre à SOS Racisme de prouver ces accusations, tout en "émettant les plus expresses réserves
sur la pertinence du raisonnement factuel et juridique" de l'association, selon le texte de son ordonnance
Alors que l’association SOS Racisme remettait mercredi matin son rapport intitulé «Le fichage ethno-
racial: un outil de discrimination», le délégué interministériel à l'Outre-mer Patrick Karam a affirmé qu'il
fallait «reculer le sentiment d'impunité car tant que les entreprises auront le sentiment qu'elles ne
risquent rien, certaines continueront».
Dans son rapport, SOS Racisme cite un certain nombre de dossiers en cours ou ayant fait l'objet de
condamnations concernant des entreprises, des offices HLM ou des agences immobilières soupçonnées de
fichage ethno-racial, une pratique interdite par la loi de 1978. Pour l’association, il est «primordial que les
autorités (Halde, inspection du travail, autorités de police et de justice, etc.) qui se sont engagées dans la
lutte contre les discriminations se saisissent de dossiers portant sur le fichage de données ethno-raciales».
Elle rappelle en outre que «bon nombre de victimes ne connaissaient pas leurs droits» et estime que
«cette absence de prise de conscience résulte d'un discours obscur sur les thèmes tels que la diversité ou
que l'idée de l'instauration de statistiques ethniques permettrait de lutter efficacement contre les
discriminations». L’association dénonce également «la Cnil, l'Inspection du travail et les autorités
judiciaires [qui] se sont montrées peu enclines à collaborer avec SOS Racisme et à apporter une réponse
répressive aux pratiques dénoncées».
Ces pratiques sont également observées dans l’immobilier, et en février 2009 c’est l'Opac de Saint-Etienne
qui été condamné pour fichage ethnique et discrimination et n'a pas fait appel. L'office, qui n’a pas fait
appel, utilisait des fichiers ethniques pour répartir les locataires dans les immeubles.
Patrick Karam doit remettre des préconisations sur ce sujet à Nicolas Sarkozy. «Il faut une intervention au
sommet de l'Etat, il faut mieux faire connaître cette loi sur le fichage ethnique, tout doit commencer par
les procureurs, les policiers et les juges», a-t-il indiqué
Nissan, Air France, un office HLM sont mis à l'index pour avoir contrevenu à la loi du 6 janvier 1978 en
pratiquand le fichage ethnique. SOS Racisme remettra aujourd'hui au gouvernement un rapport explosif
sur ce sujet.
L'association a par exemple porté plainte contre Nissan Europe, car sur son site internet de recrutement,
les candidats doivent renseigner une rubrique sur leur pays d'origine (au choix : « France », « Martinique
», « Guadeloupe », « Polynésie française » et « France territoires du Sud »…)
Cette pratique pourtant considérée illégale depuis 1978 et passible de 5 ans de prison et de 300.000 euros
d'amende (personnes physiques) à 1,5 million d'euros (personnes morales), trouve encore des adeptes en
France, ajoute SOS Racisme dans un rapport rendu public.
Pour rappel, la première condamnation pour délit de fichage ethno-racial est intervenue en octobre 2008 à
l'encontre d'un cabinet de recrutement d'hôtesses et d'agents de vente condamné à 5.000 euros
d'amende en première instance, peine portée en appel à 20.000 euros en juin 2009, ajoute l'ONG.
Le cabinet en question avait établi un fichier spécifiant les origines de ses 5.000 vacataires classés en cinq
"catégories": Européen blanc, maghrébin, africain et Dom-Tom, et asiatique+.
L'autre condamnation est celle de l'Office public d'aménagement et de construction (Opac) de Saint-
Etienne en février 2009. Cette institution publique, intervenant dans le domaine du logement social,
utilisait des fichiers ethniques pour répartir les locataires dans les immeubles qui étaient classés en trois
catégories: Maghreb, Afrique, Asie.
Devant la persistance de ces pratiques, SOS Racisme juge "primordial" que les autorités compétentes se
saisissent de dossiers portant sur le fichage de données ethno-raciales.
Dans son rapport, SOS Racisme souligne que "bon nombre de victimes ne connaissaient pas leurs droits",
tout en estimant que "cette absence de prise de conscience résulte d'un discours obscur sur les thèmes
tels que la diversité ou que l'idée de l'instauration de statistiques ethniques permettrait de lutter
efficacement contre les discriminations".
"SOS Racisme", est une association française qui lutte contre le racisme et la discrimination depuis 1984.
Il s’agit là d’un délit inscrit au code pénal depuis 1978, et pourtant la première amende ne date que de
juin dernier !
Selon Samuel Thomas, le président de la fédération de la maison des potes et vice président de SOS
racisme « Il s'agit avant tout d'interpeller les pouvoirs publics, explique-t-il. Il faut une véritable politique
pénale répressive vis-à-vis de ces pratiques.
Des organismes comme la Cnil ou La Halde doivent se saisir de ce type de dossiers. Policiers, inspecteurs
du travail et magistrats doivent être formés sur ces sujets »
Affaire à suivre…
La liste noire de SOS Racisme comporte quinze noms. Ces entreprises françaises auraient tenu des fichiers
ethniques de leurs employés.
L'une d'elles, le recruteur d'hôtesses et d'agents de vente Daytona, a même été condamnée en 2008.
Mercredi, un huissier de justice s'est rendu dans les bureaux d'Euro Disney, à Paris, pour saisir des
documents.
Selon SOS Racisme, «pour Disney, l'essentiel de la clientèle est européenne, en conséquence les salariés
"cast members" doivent être majoritairement européens».
La direction de Disney n'a pas souhaité réagir à ces attaques mais se réfugie derrière son
multiculturalisme (plus de cent nationalités différentes travaillent sur le parc d'attractions), précise Le
Parisien, qui a révélé l'existence de ce rapport.
L'agence AP désigne nommément une entreprise qui a son siège en Suisse: le numéro 1 du travail
temporaire Adecco. Contacté à son siège de Glattbrugg (ZH), la direction précise que cette affaire
concerne la France et dévoilera plus tard ses pratiques en Suisse.
D'après Le Parisien, c'est Adecco-Restauration, mandataire d'Euro Disney, qui a éveillé les soupçons. Dans
son bilan social 2007, les salariés sont en effet triés selon les catégories suivantes: «Afrique hors
Maghreb», «Afrique Maghreb», «Autres Antilles», «Europe (Ouest) dont français».
Air France est aussi sur la sellette. Pour ses vols spéciaux et ses manifestations à caractère exceptionnel,
la compagnie aérienne tenait des fiches de ses employés, comportant non seulement leurs compétences
linguistiques, mais aussi leur provenance ethnique.
La compagnie a été finalement lavée de ces accusations en août dernier, car ces fichiers douteux n'ont été
élaborés qu'avec le consentement express des salariés, précise lci.fr.
L'Opac de Saint-Etienne a également été condamné en février 2009 pour avoir réparti les locataires dans
des immeubles à partir de ces fichiers. Plusieurs autres actions sont en cours :
le 28 octobre 2009, SOS Racisme a porté plainte contre Nissan Europe, partenaire de Renault. Le site
internet dédié au recrutement demande en effet aux candidats de mentionner leur pays d’origine selon
des catégories bien particulières : « France », « Martinique », « Guadeloupe », « Polynésie française » et
« France territoires du Sud »… Une autre question demande de préciser son origine éthnique : Africain,
Asiatique, Carribéen, Européen, Latin, ou encore « Middle-East, Oriental, Other. » Egalement cité dans le
rapport, le groupe Air France a dressé une typologie raciale de ses hôtesses et stewards, utilisée à
l’occasion de vols spéciaux -transport des équipes sportives par exemple ou manifestations
exceptionnelles. SOS Racisme a saisi la Commission nationale informatique et libertés (CNIL ) sur le cas
d’Air France. Mais celle-ci a argué du fait que « les salariés avaient donné leur consentement ", pour ce
fichier. La compagnie a néanmoins décidé de « supprimer les données sensibles qui figuraient initialement
dans le fichier. Cette modification a été déclarée à la Cnil le 8 septembre2009», a indiqué la direction.
Si l’association a connu depuis 2008 plusieurs victoires judiciaires, des obstacles demeurent. Il faut en
effet convaincre les victimes de porter plainte, ce qui n’est pas toujours facile. Par peur de représailles, du
chômage ou de la longueur d’une procédure judiciaire à l’issue incertaine, certaines d’entre elles préfèrent
en effet abandonner. L’association critique par ailleurs le manque d’implication de la Cnil, de l'Inspection
du travail et des autorités judiciaires, qui selon elle « se sont montrées peu enclines à collaborer avec SOS
Racisme et à apporter une réponse répressive aux pratiques dénoncées".
Ce rapport est publié au moment où le gouvernement entend relancer le dispositif du CV anonyme,
aujourd’hui peu pratiqué par les entreprises. S’il figure dans la loi du 2 avril 2006 sur l'égalité des
chances, ce dispositif n’a pas été rendu obligatoire, malgré un amendement adopté par le Sénat pour les
entreprises de plus de 50 salariés. En décembre 2008, Nicolas Sarkozy avait lancé un plan en faveur de
l'égalité des chances et annoncé la mise œuvre du CV anonyme dans « 100 grandes entreprises en 2009
». « Il doit devenir un réflexe pour les employeurs », avait-il ajouté. Force est de constater aujourd’hui
que le compte n’y est pas… Bilan : le commissaire à la Diversité Yazid Sabeg a annoncé mardi 3 novembre
– au lendemain du lancement du débat sur "l'identité nationale" - , une expérimentation dans 50
entreprises volontaires et 7 sept départements, via les Pôles Emplois. Un bilan de cette expérimentation
doit être effectué dans 6 mois.
Cinq grandes entreprises sont dans la ligne de mire de l'association: Air France, Daytona, Nissan-Europe,
Noos-Numéricable, et Eurodisney. Ce dernier aurait notamment classé ses salariés selon leur "pays"
mentionnant la France, mais aussi des DOM-TOM et des collectivités territoriales d'Outre-mer comme la
Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, la Polynésie française, la Guyane et la Nouvelle-Calédonie!
SOS Racisme a remis ce rapport à Patrick Karam. Le délégué interministériel pour l'Egalité des chances
des Français d'Outre-mer lui avait demandé il y a un an de "rechercher par tous les moyens dans les
entreprises et professions intermédiaires de l'emploi, mais aussi chez les employeurs publics et à travers
les annonces publiées sur Internet, les pratiques de fichage territorial ou ethnique et les discriminations à
l'embauche."
Avec la diffusion du document, SOS Racisme souhaite donc interpeller les pouvoirs publics, mais aussi
mener des actions en justice, en incitant les victimes de ces discriminations à porter plainte.
"Des organismes comme la Cnil ou la Halde doivent se saisir de ce type de dossiers. Policiers, inspecteurs
du travail et magistrats doivent être formés sur ces sujets", estime Samuel Thomas, le vice-président de
l’association, dans La Tribune.
SOS Racisme veut aussi prouver que le fichage ethnique, même effectué sous prétexte de promouvoir la
diversité, est toujours susceptible d'être utilisé à mauvais escient.
L’association SOS Racisme est scandalisée face à certaines procédures de recrutement réalisées par
quelques grandes entreprises qui font preuve de discrimination ethnique en France.
Selon l’organisation SOS Racisme qui vient de rendre un rapport public, parmi les sociétés qui se
livreraient à ce genre de pratique se trouverait le groupe Eurodisney détenteur notamment du parc
d’attraction Disneyland Paris. Les ressources humaines du monde de Mickey utiliseraient des fichiers à
caractère ethno-racial au moment de recruter leur personnel! Sur le site du groupe par exemple, lors de
l’insertion de son CV en ligne, il est demandé de cocher une case ‘pays’: les habitants de la France
comptent une case, ceux des DOM-TOM en comptent une autre.
Suite à plusieurs témoignages de salariés d'Adecco-Restauration qui ont engagé des procédures avec le
groupe de loisirs, un huissier s’est rendu le 28 octobre dernier sur le site de Marne-la-Vallée pour ‘prendre
connaissance du fichier du personnel’. Avant de se prononcer sur le caractère discriminatoire des
procédures d’embauche, la justice attend d’avoir des preuves concrètes. Du côté de la direction
d'Eurodisney, il est estimé ‘cette campagne médiatique déplorable’ d’autant plus que ‘24% des salariés
sont étrangers, dont 36% hors Union européenne’.
Le mouvement SOS Racisme s’en prend également à d’autres firmes de renom telles qu’Air France,
L’Oréal ou encore Nissan et profite de l’effet médiatique pour rappeler aux autorités du pays que la lutte
contre les discriminations raciales n’est pas finie.
Le fichage ethnique serait en vigueur dans le domaine du logement. Un rapport rendu public par
l’association SOS Racisme indique en effet avoir « concentré [son] expertise et [son] action sur cinq gros
bailleurs sociaux, une chaîne d’agence immobilière, et une chaîne d’hôtel que nous avons épinglées pour
fichage ethno-racial des locataires et demandeurs de logements et ceci à fins probables de discriminations
».
L’Opac de Saint-Etienne établissait par exemple des distinctions ethno-raciales en fonction des couleurs
des populations. Des couleurs étaient ainsi attribuées aux diverses populations : « le vert pour les
personnes présumées être d’origine maghrébine, le rouge pour les personnes présumées être d’origine
africaine et le jaune pour les personnes présumées être d’origine asiatique. »
L’Opac avait en effet considéré qu’au-delà de 7 % de noms à consonance étrangère sur les boîtes aux
lettres, cela engendrait le départ des locataires d’origine européenne des « immeubles » pourtant « prisés
». En conséquence de quoi, 90 % des locataires d’origine extra européenne étaient concentrés dans les
immeubles ghettos de l’organisme HLM.
La société HLM Logirep a également été mise en examen en juin 2009 pour avoir refusé d’attribuer un
logement à un agent RATP afin de préserver la « mixité sociale ». Un employé de la société avait expliqué
à la personne que son origine ivoirienne menaçait l’équilibre de la Tour. « Sur cette tour là, ça pose un
problème, il y a déjà beaucoup de personnes d’origine africaine ou antillaise ».