Vous êtes sur la page 1sur 2

Institut des Libertés et de la Citoyenneté Numérique

Site web: http://ilcn.asso.st

Faut-il défendre le libre à tout prix?

Je ne vous le cacherai point, j'ai de la sympathie pour des mouvements politiques atypiques, tel que le
Parti Pirate. J'ai d'ailleurs participé à leur première campagne électorale, au côté de Maxime Rouquet,
pour les législatives partielles de la 10eme circonscription des Yvelines à l'automne 2009. J'adhère
pleinement au combats menés par l'April et la Quadrature du net, soutenue par Richard Stallman, père
fondateur du logiciel libre, qui a donné une conférence ce Mardi 10 Janvier à la Libraire Eyrolles .
Le point commun entre tous ces mouvements, vous l'aurez deviné, est la défense et la promotion du
logiciel libre pleinement affichée et assumée.

Effectivement, il faut défendre et contribuer au développement du logiciel libre, qui permet d'utiliser
les même fonctions (voire plus) qu'un logiciel propriétaire, lequel est pour la majeure partie payant.
Néanmoins, libre n'est pas non plus synonyme de gratuité, et nous nous devons de soutenir les
développeurs ayant choisis ce concept, financièrement s'entend, afin de le faire perdurer et contribuer
à son expansion.

Depuis 2007, l'administration française s'est progressivement tournée vers le logiciel libre,
Notamment grâce à l'intégration de la suite OpenOffice, concurrent direct de la suite bureautique de
Microsoft, et ce probablement pour 2 raisons majeures. D'une part la fiabilité de cette suite, qui n'a pas
à rougir devant son concurrent propriétaire et qui donne accès aux même fonctions que cette dernière.
D'autre part, le coût d'acquisition et d'installation le la licence, qui est pour ainsi dire nulle, puisque
répondant à la charte du logiciel libre, cette suite est duplicable à volonté, sans devoir acheter une
licence spécifique pour chaque poste, à l'inverse de la suite Office de Microsoft.

Prenons maintenant un autre exemple, le logiciel de visio-conférence Skype, semi-payant (la version
gratuite étant majoritairement diffusée)
Lors de son arrivée en 2003 sur la toile, Skype s'est très vite imposé en tant que principal outil de
video-conference pour les particuliers, au grand dam d'un autre rival tout aussi propriétaire, MSN
Messenger. Skype permet de contacter gratuitement et de correspondre par chat texte, audio et video
avec n'importe quel autre utilisateur possédant le même logiciel, et permet en outre (moyennement
tarif forfaitaire) d'appeler des numéros de téléphone tant sur le plan national qu'à l'international. Skype
utilise donc son propre système de communication dit "fermé, dont le code n'est pas ouvert au public.
Le protocole de communication de type ouvert, SIP permet uniquement les communications audio via
IP, et ce système est essentiellement répandu dans le milieu professionnel. On reproche souvent à
skype son défaut de compatibilité avec ce protocole, en plus d'être propriétaire.

Pourtant force est de constater que si Skype reste un outil propriétaire, il n'en est pas moins fiable ni
complexe d'utilisation pour le grand public. A l'heure actuelle, Skype n'a pas de réel concurrent libre
qui permette d'utiliser les même fonctions en tout point. Faut-il pour autant considérer que ce logiciel
est un outil néfaste pour les internautes parce qu'il est propriétaire ? Certes on pourrait lui reprocher
des défauts de sécurisation des données stockées, tout comme l'on peut reprocher à des sites
communautaires comme Facebook d'accorder peu de crédit à la vie privée de ses utilisateurs. Skype et
Facebook ont ceci en commun, ils ont reçus un accueil favorable du public parce qu'ils répondent
efficacements à leurs attentes, tout comme OpenOffice répond pleinement aux besoins du grand
Institut des Libertés et de la Citoyenneté Numérique

Site web: http://ilcn.asso.st

public sans que ce dernier ait besoin de mettre la main dans la poche pour accéder à une suite
logicielle efficace.

J'en reviens maintenant à la question posée, faut-il à tout prix défendre le libre, et je rajouterai fut-ce
au dépend de logiciel propriétaire qui ont fait leurs preuves?
A mon sens, l'erreur serait de tomber dans un manichéisme logiciel, en attribuant le beau et le mauvais
rôle à chacun des deux camps. Je me permettrai d'être utopique en espérant un juste équilibre entre ces
deux parties, une entente profitable pour l'un comme pour l'autre, tout comme il me semble normal
que chacun d'entre puisse être rétribués équitablement afin que l'un cesse d'exister en tirant profit de
l'autre.

Enfin et j'en concluerai sur une petite note qui prêterait certains à sourire. J'ai élaboré cet article via un
outil collaboratif, dont le nom n'est pas sans évoquer un mouvement politique évoqué plus haut ;)
(piratepad.net pour ne pas le nommer). Cet outil est similaire en tout point à son homologue non-libre
depuis peu, dont il est issu, etherpad. Ce dernier vient d'être racheté par Google, grande firme basée à
Mountain View en Californie (USA). Autrefois simple moteur de recherche, celle-ci a élargi son
champ de compétences en proposant une solution d'hébergement de mail gratuite, blog, gestion
communautaire d'agenda et de documents.. Plus récemment , la société vient tout juste d'annoncer le
lancement de leur navigateur (Chrome), le dévelopement prochain de leur système d'exploitation sur
mini-pc, ainsi qu'un Google Phone (en concurrence directe avec une marque fruitière dont je ne citerai
pas le nom)
Maintenant qu'etherpad vient d'être acquis par Google, faudrait-il nécessairement condamner les
internautes qui continuent de l'utiliser? Faut-il nécessairement que piratepad.net prenne le dessus sur
son aîné, afin de démontrer que le libre est "meilleur" même si ses possibilités actuelles ne le
dépassent pas toujours? Bref, faut-il nécessairement dénigrer le logiciel propriétaire, juste parce qu'il a
été conçu dans un but commercial, ou parce qu'il appartient à une société?

Cordialement,

Laurent LE BESNERAIS
Porte Parole ILCN

Vous aimerez peut-être aussi