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CnHtERs

AMÉntQuEs LA CARTOCRAPH IE, çA SERT


AU SSIA FAIR EL A C U ER IL L A
REPRES IQU ES
ENTATION S STRATEC
LnTtNEs DU TERRIT9IRENICARACUAYEN
(ANN EES1970-1980)

AlnrruMussEr*

t .. LAcÉocRRpHtrsertd'abord à faire la guerre>, pour reprendrele


titre du livrebien connu d'YvesLacoste,son usagen'est pasréservé
aux seulscadresdesarméesofficielles. Eneffet,malgréson appa-
renceinoffensive, la carted'état-major(dont le nom està lui seultout un
programme)est un véritableinstrumentde combat,au même titre que
le fusil-mitrailleur
ou le chard'assaut.Puisquela connaissance du terrain
est souventla clefdesgrandesbatailles, tous lesbelligérants ont besoin
de représenterl'espacequi servirade cadreà leur action. Leslongues
annéesde guerrecivilequi ont ensanglanté l'Amérique centrale,entreles
années1960 et le début des années1990, n'ont pasfaillià la tradition.
Cependant,lesseulsà avoireu un accèsdirectà l'informationcartogra-
phique étaientà l'époqueles militaires.Souventaidéspar des experts
nord-américains, qui fournissaient l'indispensablecouverturephotogra-
phique aérienne,ainsique lestechniques,lesméthodeset les instru-
mentsdestinésà l'élaboration descartes,ils bénéficiaientd'un avantage
cerLain sur leursadversaires.
Pourtant,du côté de la guérilla,on ne restapasinactifdans ce domai-
ne. Privésde documentsofficiels,lescombattantsde l'ombre ont élaboré
leurspropresreprésentations du territoirenational,afin de préparerleurs
attaques, de choisirleursciblesou tout simplementde retrouverleurche-
min dansdeszonesqu'ilsne connaissaient pas.Cesbrouillons sommaires,

IFlHrl[.
exécutéssur dessupportsfragiles, ont rarementsurvécuau baptêmedu

*EHESS,
Paris pq3
feu, au climat humide de la forêt, à la vie quotidiennedes troupesen Eneffet,Iamiseenvaleur,|,omissionouIadéformationdecertainsélé-
perceptionparticulièrede
marcheou au retourà la paix civile.La guerreleur donnait un sens,la ments peuventêtre la conséquenced'une
paix lesrendaitinutiles. |,espace,liéeauxconnaissancespratiquesetthéoriquesmaisaussià|a
Lorsd'un séjourréaliséau Nicaragua,au début des années'l99O, lesmembresde
et de leurshéritiers,
culturedescombattantssandinistes
dans le cadrede mon travailsur le déplacementdes viilesà l'époque Ence SenS,la carten,estpasseu|e-
|a croisadenationaled,alphabétisation.
coloniale,j'ai été accueillipar leschercheurs de l'lnstitutd'histoire(lHN), mentunéchodéformédumonderée|:e||eestlerefletdesonconcepteur
à un moment donné de
qui m'ont ouvert les portesde leur bibliothèque.En fouillantdansles et, en fin de compte, l'image d'une société
archivesde l'époquecontemporaine,j'ai eu la surprisede découvrir son histoire.
diversplans,dessinset croquisélaborésà rafin des années1970 par la
guérillasandiniste. Lacartographie desguérilleros n'avaitdonc pascom-
plètementdisparudansla tourmenterévolutionnaire. Héritierde l,ancien LEC U ÉR IT | T N O, ET LET ER R IT OIR E
LA C AR T E
Institutd'histoiresandiniste, l'lHN avaitreçuen dotationdesdizainesde
manuscrits qui, sansson intervention, recensétoutesles
auraientété dispersés ou détruits. Au coursde mes différentsséioursà Managua'i'ai
La collectionétait complétéepar une autresériede cartes,tout aussipas-
cartesdel,lnstitutd,histoirequiconcernaientlafindesannées1970etle
sionnantes, qui avaientété composées en 1980,quand lesjeunesrévolu- débutdesannéesl980,afind'endresseruninventairecompletetde
tionnaires,vainqueursen 1979 desforcesgouvernementales, avaient voirquelleétait|aproportionduterritoirenationa|couvertepar|acarto.
lancéleurgrandecroisadenationaled'alphabétisation de
pour éduquerles graphiesandiniste.On peut ainsiidentifierlesgrandeszonesd'action
populations ruralesoubliéespar l'ancienrégime. présente'fautede combat-
L guérillaet lesespacesoù elle n'étaitpas
Ce vasteensemble,richeen informationssur resméthodesde combat pasd'intérêtstratégique'
tantsou parceque cesrégionsne présentaient
des guérilleros, maisaussisur leur perceptionde lespaceet sur la géo-
Danscedomaine,i|nefautcependantpasfaired,erreurd,interprétation
graphie nicaraguayennedes annéesde guerre, n,a pas encore été exclusifdes cartesde la guérilla,dont
car l,lhnca,n,estpasle dépositaire
dépouilléni analysé. ll s'agitpourtantd'un extraordinaire gisementpour au coursdes actionsde
tous ceuxqui s'intéressent une grande partiea été détruiteou dispersée
aux étudesgéopolitiques en général,et à leur partieest conservée
applicationen Amériquecentraleen particulier. gu"ri", ou aprèsla défaitede Somoza'Une autre
L'aspectqualitatifd,une (au ministèrede la
telle étude ne doit pasêtre négligé,et lesquestionsqui se posentpour dans des archivesauxquellesje n'ai pas eu accès
comprendreà la fois lesméthodesutilisées et lessystèmesde représenta- ParexemPle).
Défense,
tion choisispar lesguérilleros,sont nombreuses.on peut en effet se
demandersi lescombattantsdisposaient Une dominante : les villes du littoral Pacifique
d'une sémiorogiegraphique
commLIne,ou bien si chaquegroupeconfectionnaitde manièreisolée
son propre matérielen utilisantdessymboles,des signeset des dessins Autotal,l'lhncapossèdedix-septcartesutiliséespardesguérilleros
la façade
qui lui étaientpropres.La questionde l'échelleutiliséepour représenter sandinistesentreI 978 et 1979.Ellescouvrentessentiellement
Pacifiquedu pays,et plus particulièrementlescentresurbains'ce qui
lesterritoires, essentielle pour lesgéographes comme peut l,êtrela chro- économiquede base'En
nologie pour leshistoriens, occupeici une placecentrale: euelle était correspondà une donnéedémographiqueet
en valeur le versant
l'échellela plusadaptéeaux besoinsde la guerre,si cettenotionabstrai- effet, malgré de récentestentativespour mettre
te avait un sens pour des hommes et des femmes qui, en théorie, Atlantiquedupays,tardivementrattachéauterritoirenationa|,|esdépar.
concentrentl'essentielde la popu-
n'avaientpasde connaissances particulièresdansce domaine? tementssituéssur le versantPacifique
o/o totaIe s,entassent près
Dansla même perspective, il apparaîtnécessairede voir jusqu,àquel |ationet des activités: sur 15 de la superficie
siècle,le réseau urbain
point les indications topographiques, lesdétailsarchitecturaux ou la dis- des deux tiersde la population.À l'aubedu XXl"
proximité des lacsde la dépres-
tribution spatialedes différentsobjetsportéssur la cartecorrespondent à restedomine par.quutiuvillessituéesà
la réalitédu terrain.En casde différences notabres,ils'agit de savoirsi I sioncentra|e:Managua(unmil|iond,habitantssanscompter|es|oca|ités
(72 000)'
celles-ciont une signification autreque la simplemaladresse du dessinateur.
l Le6n(124 000),Masaya(90 000) et Cranada
périphériques),
35
94
sur cesdix-septcartes,six concernent
directementdes quartiersde ra
capitare' Deux représe.ntentre
gros bourg de Tisma (CNr-0071
PNI-0092),sirué dans re déparrËm.ni et
o"izuruyu. ;";; àutres, r",
villesde Le6n(ravire et re Fortin,
gurnirànde ra carde nationare)
Masaya.Lesautrestocalités.";;r;;;;.sont et de
Nandasmo,Bonanzaet Diria(figure : Cranada, Matagalpa,
n" 1;. Dun, cet ensemble,seules
Matagarpa'Esteri et Bonanzauppirti"nnuntà un autre
phique que le ri*orar pacifique, domainegeogra-
."rui J" tu cordirero;;ri;;r:;pour
deux premières,et re piémont au res
n èoriittrrarsaberia(versant pacifique)
pour la troisième.Saufexception,
ce sont
dupavs,
reprus
,ouuun,
capitares
dereur
Jilli"î1,ï,ti:ïilrïï,:î
entendu, ta prépondérancede
cescroquisne signifie
armées'estrimitéeaux centres à;;;;; la lutte
urbains: Ëlretraduitseurement ra
te, pour lesguérilreros, nécessi_
d'étabrirdesrerevés

T.
précisafinde combattredans
un mirieusouventmarconnu,étroitemenf
contrôrépar resforcesarmées
somozistes.

TNSLIAU N. I : rq POPULATION
DES VILLESCNRTOCRNPHIÉIS
PAR LA CUÉRILLA

)",

Lommunecrééeaprès1921 .:q
ir ia ( Cr anada ) pnRLncuÉRrrLe
Ftcumx'l : Lts tspncrscnRrocRepHtÉs tt pARLES
BRIcADES
DEsAUVETACE
HtsroRtour.
Esteli(cap.)' tourist ique de la ville de Crenade (PNl-0095). Quant au plan de
anada ( c ap.) Bonanza,il avaitété réalisé, dansle cadrede son travailde prospection,
Le6n(cap.) par un ingénieurd'une entreprisenord-américaine, la NeptuneMining
anagua(cap.d,Etat) Company.La présence de telsdocumentsdanslesarchives de la guérilla
montreque certainscommandants avaientaccèsaux informations théo-
riquementréservées aux autoritéssomozistes. ll estcependantrévélateur
M at agalpa ( c ap .) de constaterque ces carteset planssont des documentsde travailet
N andas m o ( M a s a y a ) d'urbanismeélaboréset utilisésà l'échellelocale.Jen'ai pastrouvéde
rsma(Masaya) carted'état-majordétournéepar la guérilla,ce qui sembleraitprouver
1 cap.: cadltè que le contrôlede l'informationcartographique étaitplusstrictà l'échel-
le nationale qu'au niveaumunicipal.
5ur cesdix-septcartes,quatre ll faut ajouterà cet ensembleun certainnombrede documentsde tra-
sont desdocumentsofficiersdérobés
par ta quérita aux services vail (croquis,figures,tableaux)qui, sansêtredes cartesà proprementpar-
de r'État.c'esr re casde tr;;J;;,
villeau I : B 000, où apparaissent prande ler,ont serviaux guérilleros sandinistes.ll s'agitparexempled'une rapide
des indications ,unur.it", u,
rouge ou au crayon bleu (pNr-0gg). .ruyon description de l'intérieurde la Banquecentralede Managua(PNl-0078);
Desfrèchessignarentrespoints
d'accès et les objectifs à attaqr"r. deszonesdesservies par lesémissions de RadioSandino(PNl-0083);ou
Oï,rouve de même un plan
Masaya au I ;5 000 et un plan de des plansd'un appareilrécepteurTSH(CNl-0066).Deux dessinsrudi-
de la ville d,Esteliau I : Z 500,
aucunesurcharge,ainsiqu'une sans mentaires représentent desterrainsqui appartenaient à la familleSomoza,
cartede Masayaréarisée a p*ti," d,une
photographieaérienne.Lessandinistes l'un à ChicoPel6n(CNl-0067),l'autre à SanRafaeldel Sur(CNl-0068).
ont par aiteursdétournéun pran

96
'v+
)CKl AUJJI A r^lnc LA !UCtrlLLA
LA L An l v!KAr nlE çA

del commando cN o au nord-estde l'église,de l'autrecôté de la rue


Cartographie et cibles de guerre principale.Lescommentaires écritsau versoexpliquentla présencede
.", ,.rin"r,qui sont le résultatd'une attaqueantérieure de la guérilla.lls
L'espaceétudié par les cartesde la guérillaest très variable(on le mettenten causedeux habitantesdu villagequi entretenaient desliens
verra dans le cas de Tisma, qui proposeune lectureemboîtéede la privilégiés aveclesautoritéslocales; * [xxx], iunto con su hermanaque
région,du bourg et de sa placecentrale).L'échelleest le plus souvent sefue àel puebloson lasresponsables de habercomunicadoal comando
cellede la villeou du quartier,car lescartessont conçuespour atteindre GN Masayade la quemadel comandodel pueblo,asicomo de listade
un objectif limité. On trouve ainsides plansd'édificespublicsou de nombresdadosa la patrulla.Somocistas acérrrimas por herencia,.
ciblesprivilégiés.C'est le cas,pour Managua,des laboratoiresSolka,des La légendequi accompagnela cartefait aussile portraitd'un poten-
installations du premierbataillonblindéou de l'Ecoled'entraînement de tat local, qui a bâti sa fortune en servantfidèlement le régime des
l'infanterie,situéeà côté de l'hôtelIntercontinental (PNl-0099).ll s'agit somoza: o [xxx]. otrora el hombre masfuerte, " El cornelitotismefro",
de plansà grandeéchelle(1 : 200) où, à côté des principales construc- el que logro mayoresprebendasy se aprovechoeconomicamentede
tions, sont figurésde manièrepréciselesvoitures,leschars,lesgardes, todaslasactividades del partidosomocista,siendoincondicional prota-
ainsique tous lesdétailsde la vie quotidienne. Lesplansportentsouvent gonizadorde losfraudeselectorales. Fue juez del pueblo,alcalde, tesore-
des indicationsmanuscrites qui explicitentles buts recherchés par les ro, buscandosiemprelos puestosde mas jugososingresos>. Un autre
guérilleros : attaqued'une caserneou d'un postede la Gardenationale, partisande la dictatureest lui aussimis à l'index,à causede sespratiques
éliminationd'un somoziste, préparation d'un attentat... coupables(maistraditionnelles dansun systèmepolitiquecorrompu):
On retrouvetouscesélémentsdansle plandessiné en 1979pour pré- Ha tenidofuncionesde iuezlocal.Peleando nuevamente elpuesto
" [...]. sobre todos
parer une attaque contre les membresde la Garde nationaleà Le6n a iooà costay por tal motivoanduvorecogiendoinformaci6n
(PNl-0079).Le documentdonne même lesnomsdesmembresdu grou- los participantes a la quemadel comando.Padrede tenientecafdoen
pe d'assaut,avecleur position(avant-garde, arrière-garde,flanc droit, SanCarlos".
flanc gauche).Despetitesfigurinesreprésentant un corpshumainstylisé, Toutescesindications, avecleurcaractèreparfoisoutrancier, ne sont
barréd'unecroix,semblentindiquerque l'opérationavaitpour but d'éli- que le refletd'une sociétédéchiréepar plusieurs décennies de dictature'
miner douzepersonnes. Surla feuillede Nandasmo(PNl-0'l15), lesbuts flles participaient à une rhétorique de la haine soigneusement étudiée
de l'opérationsontclairementindiqués: < trespatruyaspasantodoslos pour entretenirle feu sacrédes combattants. on notera cependant le
dia - de 6 a71l2dela noche/El,objetivo,se arialos,sabadode 6 a:7 caractèreassezmesurédes accusations pOflées contre lessomozistes, et
lncluyendo/La, eliminacionde, un Paramilitar y una orejay/Recuperacion l,humourou l,ironiequi se dégageparfoisde leursportraits(somocistos
de Arma donde Arsemio" (l'orthographeet la syntaxeoriginalesont été océrrimaspor herencio,Elcornelitotismefio),preuveque lesauteursdes
pasaveugléspar leurengagement
conservées). Au dos de la carte,on a porté le nom de trois ennemisde la -carteset/ou des légendesn'étaient
révolutionqu'il fallaitliquider.Pourlesidentifier,un portraitsommaire politique.En revanche,le potentieldéfensifde la garnisonmontre que le
était proposéaux membresdu commando: le premierest un blanqui- coùp àe main projetén'étaitpasorganisé'contre desenfantsde chæur:
"
to gordito " (un petit gros de couleur blanche),le deuxièmeest un outre leursvieuxfusilsCarands,héritésde la deuxièmeguerremondiale
, (chauve),le troisième,un o chicovisco,sombre16n et des plagesdu débarquement, leshuit ou dix soldatsinstallés à Tisma
" pel6n >2(un mec
pour
visqueux,à l'airsombre). étaientéquipésd'un redoutablefusil-mitrailleur. Heureusement,
Le plan de l'édificeViajesAereoCuadra,.. lugar de trabajode Luis êtregardesnationaux,ils n'en étaientpasmoinsdeshommes, avec leurs
SomozaA. " (PNl-0096), porte aussidesremarques non équivoques, qui faiblesses et leurspetitstravers,ce qui les rendaitplusvulnérables. On
montrent quelleétait la cible choisiepar lesrévolutionnaires du FSLN: apprendainsique, toutesles fins de semaine, la moitiéde quit-
l'effectif
o En este lugar trabajaLuisSomozaAbrego/SuhermanoLeonelllega gardesallaientfréquemmentse désaltérer
tait le village,et que plusieurs
esporadicamente, se/adjuntalistade amigosde Leonel,q'son posi/bles dansl'un desnombreuxbarsde la localité.Quantau commandantde la
lugaresdonde puedelocalizarce Leonel". De la même manière,le cro- place,selonles auteursdu croquis,il adorait jouer au football sur la
quis de Tismacodé CNI-0071(1979), signde la présencedes ( ruinas place,le dimancheaprès-midi.cette indicationest surprenantequand
4[ s1
on sait que le sport nationardu Nicaraguan,estpas
re footbailmaisre la diversitéet la complexité des paysagesurbains,l'auteur du plan
base-ball. ElleIest d'autantplusque refilet représenté sur le dessincor_ préfèresignalerpar écrit les particularités de chaquemaison : <<casa
respondvisibrement à un jeu de voiley.L'erreurvient probabrement
du de cafra " (maison de cannes), casa adobe " (maison d'adobe),
*
commentateur/ sansdoute prusattirépar res du home protequepar
.ioies
cefles du cornereTdu penolty. " rancho ", " ladrillos" (briques)," tapia de bloque " (mur de par-
paings).La médiocritédes matériauxde constructionmontre que les
habitantsdu quartier n'appartiennentsansdoute pas aux couches
L'ébauche d'une géographie urbaine
socialesles plusfavorisées de l'agglomération.Certainsdétailssont à
cet égard révélateurs.La mention <<exc > pour o excusado >, pâr
certainsdesdessins éraboréspar ra guériilane se rimitentpasà offrir
exemple,montre que les W-C sont installéshors de la maison,dans
des indicationsd'ordre stratégiqueet Àilitaire.Lesplus
perfectionnés le patio.
évoquentde manièrepréciserespaysages traditionners et |organisation En ce qui concernela représentation et l'interprétation des territoires
socialeet spatiare
caractéristique desviilesnicaraguayennes. c,est recas urbains,l'un desdocumentslesplusintéressants de l'lhncaconcernele
du plan de Nandasmo, dont ra quarité iconogruphique
est assez secteurde Waspan(PNl-0080).ll s'agitd'un documentde grandetaille
médiocre,maisqui s'avèreintéressant car,conscientde sesrimites,son (91,5x 70,7 cm),quifigureun secteurpériphérique de Managuasituéà
auteur a soulignéd'une brèvemention manuscrite
respointsforts de l'estde la ville,au sud de l'actuelleavenueChamorroet de sa prolonga-
l'espaceurbain: parc, église,école,mai sondu
maire,iélégrapfre.fn tion, /o carretero norte(figuren" 2). Plusieursindicationsmanuscrites per-
périphérie,quelquesvaguestraitsde prumesont
à reurtour expricités : mettentde comprendredansquelleintentionla cartea été élaborée: il
ce sont descaféiers prusroin,rescommentaires
(cafetores). montrentque s'agissait sansaucundoute de préparerl'attaquedesentrepôtsdu grand
l'on entredansIe monde rural: < Montafray algunas
casas,cafetales , magasinappeléBodegos de Amacentro, représentés au centredu docu-
(montagne et querquesmaisons,caféiers).pàur
des guiriileros qui ment. On noteraen outreque plusieurs maisonsétaientoccupées pardes
devaientatteindrere rieudu combat sanssefaire
remar-quer, puiss,en membresde la Cardenationale (CN),et que l'auteurdu documenta indi-
échapperle plusrapidementpossibre, ir était indispensabre i,identifier qué leurgrade(tenienteCN),pour mieuxidentifierlesciblespotentielles
lesprincipalesroutesde ra région.C'estpourquoi
rescheminsqui sortent desguérilleros.
de Nandasmosont crairementidentifiés,afin d,éviter
aux combattants Hormiscesindicationsde caractèrestratégique, qui permettentde
de commettredeserreursfatales: . haciaMasatepeo
(versMasatepe), mieuxcomprendrecommentétaientconçueslesopérations de la gué-
" a Nandasmo>, ( crusede camino, (carrefour), . haciavistaalegre,, rilla, le plan de Waspandresseun état des lieux de l'urbanisationde
< carreteracarrazo> (route pour Carrazo).
Managua à un moment donné de son histoire.En effet, à la fin des
Le plan d'un quartier de Leôn évoqué plus haut (pNl_0029),
est années1970,tout ce secteur(aujourd'hui densément peuplé)étaitenco-
lui aussi riche en indications non seurement
sur Iorganisation de re un espacepériurbainen coursde consolidation. La légendeétablit
l'espace urbain, mais encore sur Iarchitecture
rocareet sur ra vie clairementl'opposition entre,d'une part les" prediosconstruidos (par-
quotidienne des habitants.Comme dans "
re pran de Nandasmo,res cellesbâties)et, d'autrepart, les< camposmontosos" (terrainsvagues):
édifices, les monuments ou resérémentsd'urbanité
qui comptent on estsur le front d'urbanisation de la capitale,là où alternentnouveaux
dans la ville sont accompagnésd'une courte
régende: < escuera> lotissements et espaces ruraux.Certainsélémentsdu milieu.. naturel,,
( école),< casadel obrero , (maisonde l,ouvrier;,""
iglesiao (église), qui jouent un rôle important dans la topographie locale, sont
" pila " (fontaine)," jardin o, ,, arboresde marrone, J l,nurronniers), mentionnés:< monte " (colline),< cauce(agua) (lit d'une rivièreou
< cementerio (cimetière), < carretera o "
" (route). La ville ne se d'un ruisseau). Signedestempset symboledes mutationsde ce quartier
conçoit que par les signesqu,elledonne d,elle_même.
De l,égliseau périphérique,on note la présenced'une CasaModelo )>,maison
cimetière,en passantpar l'écore,re jardin et ra "
Maison de [ouvrier, témoind'urrlotissement dont leslogementssont proposés à la vente.
les guérillerosde l'arméesandinistedoivent parcourir
un jeu de Ioie Malgrésondéveloppement récent,le secteurde Waspandisposedéjà
qui est une véritabre synthèse du système
sociar nicaiaquayen. d'un certainnombred'infrastructures rudimentaires qui sontau cæurde la
comme re crayon et re papier ne rui permettent
pas de refiésenter sociétéurbaine: une écoleprimaire,une stationessence (surla corretero
'l 00 404
soiren allantau " dansy" (le dancing).L'ensemble est biendesservipar
d'importantesvoiesde communication: la correteranorte(route à deux
chaussées séparées qui se dirigeversl'aéroport)et la lignede chemin-de-
fer, dont la voie apparaîtici clairementsurdimensionnée. Deschemins
de dessertepénètrentà l'intérieurdu quartier,maislesguérillerosont
notésoigneusement lesobstaclesqui pourraientralentirou entraverleur
passage, comme les ponts ou lesgrillages(moyaau lieude mallo).La
densitédes réseauxde transporten cet endroit s'expliqueparceque
nouss ommesà proximitéd'une grandezone industrielle, où plusieurs
entreprises d'importancenationaleet internationale sesontinstallées
: la
Pepsi,lcadesa,lmusa (lndustria Metalica SA: aluminium), Nimac
(NicaraguaMachinery: importationde tracteurset de machinesagri-
coles),Hielera(fabriquede glace).Vingt ans plustard,ce couloirmanu-
facturier est devenu le lieu de concentration privilégiédes usines
d'assemblage attiréesau Nicaragua par la politiquelibérale desgouverne-
mentsqui, depuis1990 et la victoirede la droiteaux électionsprésiden-
tielles,ont prisla placedessandinistes à la tête de l'Etat.

Tisma, une carte gigogne


J
ù
\1-
.{l a Certainsmembresde la guérillasandinistepossédaient un véritable
)l
'
-v
sensde l'illustration et de la représentation cartographique, qui dénote
ffi *''t"* sansaucundoute un niveaud'instructionélevé.On peutle constateren
\v examinantla cartemanuscritede Tisma,petit bourgsituéentrela capita-
le et la villede Cranada,dans la régioncentralede la plainePacifique.
Cette carte est datée de1979, annéede la victoiresandinistesur les
JJ
/. troupesde Somoza,maisil semblerait qu'elleait étédessinée en octobre
/"{,/ 4i' 1977, au moment où les révolutionnairesont tenté de s'emparerde
/ -/' ,0
J Masayapour couper la garde nationalede sa place-forte,Managua.
L'insurrection a été noyéedans le sang par lestroupesfidèlesau dicta-
k-/o' teur,maisellea joué un rôleessentiel dansl'évolution desstratégies mili-
tairesjusqu'alors appliquéespar la guérilla.Dessinée sursesdeux faces,
la feuilleconservée à l'lhncaest de grandedimension (72,5sur 57,4 cm),
ce qui rend difficilesa reproduction.
Sur le recto, deux espacesse chevauchent: celui de la région de
Tisma(environtrentekilomètres d'esten ouestet unevingtainedu nord
au sud),et celuide la placecentrale,qui s'organise autourde l'égliseet du
ot WnspnN(PNl-0080).
No2 : Prnr.rDUsECTEUR
FTGURT quartiergénéralde la gardenationale(figuren' 3). Surla carterégionale,
norte),une épicerie (ventoou pulperio),et même un manègepour les orientéecurieusement versl'ouest(sansindicationdespointscardinaux),
enfantsdu lotissement.Lesadolescentsdisposentquant à eux d'un c'esttoutel'organisation du territoirequi représentée,avecdes indications
et lesadultespeuventsedistrairele
immenseterrainde base-ball(beisbo[), topographiques, économiques et stratégiques.L'échellechoisieest proche
{oL tas
trèspréciseaveccellesde la cartographie J,aiainsipu retrouver
officielle.
tous lestoponymesindiquéssur la cartesandiniste:ils étaientoarfaite-
ment localisés. De la même manière,lesdistanceset les positionsrela,
tivesde chaquepoint sont respectées et lesdistorsions spatiales restent
minimes.on peutdoncse demandersi lessandinistes n'ont paseu à leur
disposition unecarted'état-major,théoriquementréservée aux seulsmili-
taires,m ême s'ilsont été obligésde ra reproduiremanuellementpour
préparerleurattaque.
Lesindicationsportéessur le croquiset la forme qu,ellespeuvent
prendre(signes, symboleset commentaires manuscrits) sontrévélatrices
de sa fonction(il s'agitde fairela guerre),même si ellesprésententpar
ailleursun grand intérêtsur le plan historiqueet géographique. Eneffet,
le but principaldu cartographesembleavoirété de recenser toutesres
voiesd'accèsau villagede Tisma(pistes,routes,aérodromes). Lesdis-
tancessont notéesen kilomètresalorsque/ sur re verso,on ne trouve
qu'uneseuleindicationde ce type,formuléeen <<varas, (environ0,90 cm).
Lesmeilleurs axesde circulationne sontidentifiables ni par l,épaisseur du
trait ni par l'usaged'une couleurparticulière, maisgrâceau dessind,une
,4 ;tl  ) petitevoituredestinéeà montrerque leurrevêtementestd,assez bonne
qualitépour permettrele passagedesvéhicules. De manièreplustradi-
J
d

t
tionnelledansla sémiologie cartographique, lespistesd,atterrissage sonr
indiquéespar le dessind'un avion et d'une mancheà air. La route du
sud, qui rejointMasayaen passantpar le lieu_dit.16 Montafrita, est
qualifiéede mejorentroda(meilleureentrée).
Curieusement cettecartene présente aucuneindication d,ordretopo-
,9,;i$1' graphique.Ni lesreliefs(certespeu accentués danscetterégion),ni les
pointsd'eau(d'autantplusprécieuxqu'ilssont rares)ne sontfigurés.De
*(4 4 -'
même,on ne trouveaucuneinformationsur lessurfaces cultivées nr sur
g't"A
lesespaces boisésqui pourraient,en casde besoin,servirde refugeaux
combattants.Lesvestigesde la forêt originellesont ici peu importants
car presquetouteslesterresdisponibles ont été misesen cultureou ser_
-t vent de pâturageau bétail.pour cesraisons,la guérillade la régionde
Masayaétaitavanttout une guérillaurbaine.Enfait, l'attentiondesgué-
\r rillerosse portaitsur un autretype de renseignement. comme la ptupart
t-
I deshaciendas appartenaità de grandesfamiiles,liéesde prèsou de loin
Frcunrn' 3 : Cnaruor LnRÉcroN
oe Ttsvn (pNl_0092). au régimede Somoza,il s'agissait de lesidentifier(leurnom est indiqué
sousceluide la propriété)pour mieux lescombattre.Enoutre,le dessi-
du 1 :40 000. si l'on comparece documentavecune carte
actuelrede nateuravaitpour tâchede répertorier lesprincipauxsoutiens de la dicta-
l'lneter (lnstitutoNicaragùense de EstudiosTerritoriales),
on constate ture, en particulierlesjuecesde mesta,cespetitsfonctionnaires
que lesdonnéestranscrites par le dessinateur ruraux
correspondent de manière qui étaientlesyeuxet lesoreillesdu gouvernement danslescampagnes.

l04 a^HtÊDC nrc r n r Éo r n r


4ô5
Deuxd'entreeux sont ici repéréset l'on peut penserque le premiertra-
vaildesguérilleros a été,au coursde leuroffensive, de leséliminer.
À une autre échelle,le verso de la feuille montre l'ensembledes
maisonsde Tisma (figure n" 4). Ellessont alignéesle long de deux
voiesparallèles reliéesl'une à l'autre,à intervallerégulier,par huit rues
ln
,H
perpendiculaires à l'axeprincipal.L'échelle choisie(prochedu I : 3 000)
I
Indrn
permetd'étudierla structurede l'agglomération, forméede neuf manzo-
nos(îlots)aux édificesnon-jointifs et de quelquesécartséparpillés sur les
cheminsd'accès. Tout autour,on note la présence de plusieurshaciendas
(Cristina,Berlfn,El Rodal,SanFernando)qui dénotentle caractèrerural
de la zonecartographiée.
Lesguérilleros ont soigneusement noté lesélémentsstructurants de
l'espaceurbain,ceuxqui avaientpour eux une signification particulière
(culturelle,symboliqueou stratégique)et dont la localisationprécise
pouvait leur permettrede s'orienter.C'est ainsique sont signalésla
Poste,l'église,le collège,le dispensaire, le cimetièreet la gallera(arène
+',--'-'*^
utiliséepour lescombatsde coqs).De la même manière,ilsont recensé
.{;+J'*;;4""r'*-
.i touslesétablissements susceptibles d'hébergerprovisoirement lessoldats
,i
t_. de la gardenationale: leurquartiergénéral,bien sûr(le comando),
. mais
, t_.
..'l aussilesbars(ElMango,laZurda,Ramirez, El Le6nDorado),une sallede
"1
.i .
billardset deux maisonscloses(prostibulo). Au coursde ces longues
,:,r
-
.' t' annéesde guerrecivile,l'économielocalesembleavoirété trèsdépen-
i'
.l
,1
dantede la garnisoninstallée dansleslocauxde la casacomunal...Surle
-i
l.
document qui nous intéresse,barset bordelsde Tismasont marqués
-t
I É*-:* d'un petit drapeaudont on peut devinerle sens(ciblesà frapperen prio-
; ff***
l- rité?maiscettehypothèse demandeà êtrevérifiée.
,l
-il

. *. t
D EL'EPSÀ L'EPA
,' ; i ' i
*. Lavictoirefinaledessandinistes Somozan'a pas
et la fuite d'Anastasio
1
mis un termeà l'élaboration, par de nouveauxacteursdu ieu révolution-
i,Jti naire,de cartesmanuelles ou . informelleso, qui correspondaientà de
nouveauxbesoinset qui permettaientde continuer la lutte engagée
:i
-t
'?
Sl contrela dictature.En passantprovisoirement de I'EPS(arméepopulaire
sandiniste)à l'tPA (arméepopulaired'alphabétisation),les héritiers
déclarésde 5andinoont tentéde démontrerque la politiquepouvaitêtre
la continuationde la guerrepar d'autresmoyens,maisilssesont heurtés
Ftcu ReN" 4 : Prn NDETr s M A( pNl- 0097) . à de nouvellesdifficultés,en partieprovoquéespar l'oppositionrésolue
Àz
desÉtats-Unis à la miseen placede leurprogrammesocio-économique.
r\./ k?
4bf
A l nrN Mussrr Ln cnR ro c R npH l E ç A 5E R TA U S S IA FA IR ËLA c U E R ILLA

jeunes
En lançantune grandeCroisade nationale d'alphabétisation, au lende- Ministèrede l'éducation.Dansun premiertemps,centcinquante
main de leurarrivéeau pouvoir,lessandinistes poursuivaient plusieurs furent recrutés.Portéspar l'enthousiasme de la désireux
victoire, de
oblec-
tifs : renforcerleur légitimitépopulaireen montrantqu'ilss'intéressaient montrerleur valeuret de sacrifierleur confort matérielsur l'autel de la
en
prioritéaux populationslesplusdéshéritées; profiterde l'occasion pour dif- Révolution, tousd'êtreaffectésdansleszoneslesplusdif-
ils réclamèrent
fuserdansleszonesruralesun discours socialiste
" > qui n,allaitpaspartout ficiles.Pourrépondreà leurattentesansfairede jaloux,lespostesfurent
de soi; utiliserlescompétences desjeunesdiplômésde la viilepour menerà donc attribuéspar tirageau sort.Au total, 214 professeurs et étudiants
bien leurprojet;fairerencontrer desurbainset desruraux,et lesunirsurle ont participéà l'actiondesdifférentesbrigades.Chaque participant était
thème de la révolution,afin de renforcerle caractèrenationaletfédérateur lâchédansla nature,maisil restaitsousle contrôled'un chefd'escadron,
du sandinisme; donnerune leçonde réalisme socialauxjeunesgensissus de à qui il devaitrendrecomptede sesactivitésquotidiennes et des progrès
la bonne bourgeoisienicaraguayenne, enthousiasmés par la chute de de sa mission.Danscetteperspective, l'heureuxélu s'engageait à rédiger
somoza,maisqui n'avaitjamaisprisconscience de la gravitédesprobrèmes un journalde bord, destinéà être remisà seschefsimmédiats la fin de
à
rencontrés par lescommunautés rurales. sonséjour.
Le proletavaitaussipour but de sauvegarder la mémoiredes hauts- Même si leur intérêtest souventtrès inégal,cescarnetsgardentle
faitsde la révolution,en enregistrant sur bandemagnétiquelesrécitsde souvenird'une périodeparticulièrement nicaraguayen-
fastede l'histoire
tous ceux qui avaientparticipéà la lutte contre somoza.Au sein des ne. L'lhncaen a conservé une soixantaine.lls montrentà la foisla ferveur
équipesd'alphabétisation, on forma desgroupesbaptisés,. brigadesde d,unejeunesse prêteà se dévouer pour la Cause,maisaussilesdifficultés
sauvetagehistorique (brigodasde rescotehistorico). comme l'indiquait rencontrées par de ieunescitadinspour se faireaccepter dansun monde
"
le manuelà l'usagedesbrigadistes, éditéà cetteoccasionpour servirde dont ils ignoraientlescodes,lesrites,lestraditions.Quelquessemaines
guide et de modèleaux enquêtesde terrain:.. l'un des objectifsde la passées au fin fond de la montagneou de la forêtsuffirentsouventpour
croisadenationaled'alphabétisationest de préserverla mémoire de que viennentlespremiersdoutes(problèmesd'impréparation, accueilpar-
I'insurrection populairesandiniste Chaqueparticipant puislespremières
locales), désillusions (hosti-
". avaitpour tâche foismitigédespopulations
de remplirun questionnaire trèsdirectif,diviséen quatrechapitres: avecleshommesdela Contra)' Dès le 9
.l lité des!uyrunr,affrontements
. ldentification(n" de l'entrevue, ficheindividuelle,...) avri|198o,JosédeIaCruzBacanotaitainsidanssoniournaIqUeSes
du
2. Localisation (localité,quartier...) compagnonsde la régiond'Achuapa,petitevillesituéeaux confins
3. caractéristiques Managua, à la
démographiques et socio-economiques de la localité, domaineréellementèontrôlépar le pouvoir centralde
4. Antécédentset développementde l'insurrection populaire(attitude frontièreentre lesdépartementsde Leôn et d'Esteli,avaientrencontre
des habitantspendantla guerre,relations aveclessandinistes...). descontre-révolutionnaires' ll parled'attaqueset mêmede violscommis
Lespointstroiset quatreregroupaient à eux seulsquarante-cinq chargées de l'alphabétisationdespaysans du
ques- contrelesjeunesétudiantes
tions différentes, que chaqueenquêteurdevaitposeraux personnesinter- district.
rogées.Cette enquête,quand elle a été menéeà bien, est une source par-
Lesjeunesgensétaientlogéschezl'habitant,dansdesconditions
inestimable de renseignements sur l'économie,la sociétéet la culturedu Le chocculturela été immense pour ces étudiants,venus de
foisdifficiles.
Nicaragua au début des années 1 9g0. une étude systématiquede villesdu pays,qui devaient des
affronter diffi-
la capitaleou desprincipales
l'ensembledesarchives sonoresconservées à l'lhncase révèlerait richeen comme l'écrivait dans
Mariade la Cruzsilva,installée
cultésinattendues.
informations de premièremainsur la situationdu paysà un moment clé l,hacienda el Naranio(départementde Rivas),le 9 avril1980,quelques
de son histoire. joursaprèsson arrivée: .. Loscampesinosde estesector,y supon9oque
que
los de todo nuestropais,por lascondicionesde pobrezay hambre
c'est
Deux mondes se rencontrent han vivitjo,comen cualquiercosa >)(lHN-0040)' Le problème'
qu'elledevaitpartagerleursrepas"' Quant à SusanaBojorgeMayorga'
Lesgrandesmanceuvres liéesà ra croisadenationaled,alphabétisa- envoyéeà Elostional(villagede la Côte Pacifique situéà proximitéde la
tion commencèrentle 2 avril 1990. Un Institutd,étudessandinistes frontièrecostaricienne),elledoit se rendreà l'hacienda ElManzanilloen
(ancêtrede l'lhnca)fut fondé à cetteoccasion,en collaboration
avecle barque,moyende|ocomotionqu,e||eempruntepour|apremièrefoisde
4oû 4t9
sa vie. Là, elle est obligée de dormir dans un hamac, car sa famille Touslesbrigadistes notentdansleurscahiersqu'ilsont noué de véri-
d'accueilne disposepas d'un lit véritable(lHN-0044).Deuxmoisaprès tablesliensaffectifsavecleurshôtes- maison peut se demanderquelle
son arrivéedansleslieux,ellen'estpasencorehabituéeaux charmesde est la part du discoursconvenudanscestextessusceptibles d'être lus par
la vie rurale.Ëllenote ainsidansson cahier,à la date du 1 1 luin 1980 : lesdéléguéssandinistes. lls paraissent néanmoinssincères, notamment
quand Joséde la Cruz Baca, à la fin de son séjour, parlede sa famille
" Estedia no fue divertido.Comenzoque lasgallinasse metieronal cuar- pues
historia, estaml
to donde duermo y me ensuciarontoda la ropa de cama.Tuve que adoptive: " De mis padresyo quisieraescribiruna
lavarlo". De la même manière,JoséJaimeCorea,installéà Morillo,dans familiaes demasiada buenagentey estoyorgullosode estarentreellos,
le départementdu RioSanJuan,signalequ'il a été obligéd'apprendreà' (17-8-80).Ce n'estpassansémotionqu'arrivele momentde la séparation,
pêcher,à laverson linge et à faire la cui sine,activitésqu'il n'avaitpas unefoisterminéela tâched'alphabétisation et de recueildestémoignages
l'habituded'exercerchezlui. Conviépar safamilled'accueilà moudrele historiques : o Porfin y graciasa Diosestoyen Managua,sanoy salvo.
ma'isaveclesmoyensdu bord, il sort épuiséde l'expérience, lesmainsen Hoy sali de madrugadacon destino a Ledn y Managua.La alegriase
sang,lesmuscles desbrastétanisés (lHN-0050). combinocon llantoy tristezatanto mia como la mi gentea la que tanto
De fait, la vie quotidiennedans lescampagnesnicaraguayennes est estimo por lo bien que me trataron y el calorfamiliar que en todo
partout difficile: à ElWailo (régiond'Achuapa),Joséde la CruzBacadort momentosenti" (21-B-80).
peu car ily a un tuberculeuxcouchédans la pièceà côté, qui tousse
L'apprentissage d'une géographie mal connue
touteslesnuits.En outre, il doit allerpuiserl'eaudu puitspour se laver
chaquematin,ce qui n'estpasune tâcheagréablequandon est habitué
Cesjeunescitadinstransplantésdans ce qu'on pourraitappelerle
à tournerun robinetpour obtenirle précieuxliquide.De même,le jeune
o ruralprofond, ont du mal à sefamiliariser avecleurnouveaumilieude
brigadisteest effaréde voir comment conduisentles chauffeursde
vie. lls découvrentavec étonnement la et la complexité(géogra-
diversité
camionsqui assurentune grandepartiedu transportdesvoyageurs, dans
phique, sociale,culturelle,économique)de leur propre pays.Cette
ceszonesoù la voitureest un objet rareet ou lestransportspublicsres-
découverteempiriquede la géographielocalene se fait passanssouf-
tent peu développés, pour ne pasdire inexistants: Llegamosal Sauce
" francesphysiques,moralesou psychologiques. Quant aux autoritéschar-
con vida por milagrosya que la irresponsabilidad del choferde Ia Psicola ellesont en généralmal
géesd'organiserla Croisaded'alphabétisation,
a quienestacompafriale dio un armaparamatarcomo es el camionque régions,
évaluélesproblèmesposéspar le reliefou le climatde certaines
maneja,por nadala usacontranosotros,puesestesujetomanejaa 100
ainsi que par la faiblessegénéraledes infrastructuresde transport.
y 120 kms x hora,en caminocomo el de SauceAchuapa (lHN-00'19, des unset la maladresse desautresfont que la prisede
" L'impréparation
8-7-1980). contactse révèlesouventdélicate pour lesnouveauxarrivés.
Cependant,malgré lesdifficultés,des amitiésprofondesse nouent Expédiéà Achuapa,dansune zone ruralemontagneuse isolée,losé
entre les membres des brigadesd'alphabétisationet leursfamilles de la Cruz Bacane pouvaitque regretterles erreurscommisespar les
d'accueil.Passéquelquessemaines, Joséde la Cruz Bacacommenceà ( camarades techniciens de la brigade: ilsont élaboréson programme
"
apprécierleshabitantsde la régiond'Achuapa. Le28 juillet1980,c'estla d,alphabétisation sanstenir compte du temps nécessaire pour franchir
fête au village.De manièresansdoute naiVe,le jeune homme avoueà la desdistances qui semblentcourtessur une carte,maisque deschemins
fois son manquede connaissance des us et coutumesdes paysans, mais épouvantables rendentbeaucoupplus longues.Le 21 avril,il note à ce
aussisonattachementà la populationlocale,mêmes'il conserve pour la sujetque, pour se rendreau lieu-ditElWaylo(ElCuaylo),il a souffertmille
décrirele vocabulaire d'un entomologiste découvrantle fonctionnement maux : < paraestaren estelugar,pasémis aventuras,una de lascuales
d'une ruche ou d'une termitière: .. Me fije como es una fiestaen el me dejo como resultado variasampoyasy un dedo retorcidopor lo espe-
campo,analiseprofundamente el modo de bailarde estagente,la humilda cial que es estecamino.Ademasque me perdf en estamontaRa,pues
y su inmensaalegriaentremediode esteambientey tambienme di cuenta aqui la gentete dicesigala trochay alliva recto,el problemaes cuando
que no bastaun buen local,licoresde losfinosy mantelessumamente se presentanlosgauchosde caminoy los portonesallique de planohay
carosparateneruna granfelicidad". que ponerselaspilas,. Enfait, danscesparagesaccidentés, il fallaitsix
414
LA C AR T O G R A P H I E

heurespour accomplirles quinze ou vingt kilomètresqui séparentEl


le relieftourmentéde la région,composéed'une succession de massifs
Waylo d'Achuapa.
abrupts,de plateauxdéchiquetés, de ravinset de pentesboisées,la rend
Lejournalde Joséde la CruzBacafourmiileà cet égardd,annotations particulièrement propiceà la guérilla.À une autreéchelle,d'autresse
qui permettentd'évaluerla mauvaisequalitédes cheminset de com-
rendentcompte que la notionde territoirenationalest une fiction dans
prendre lesdifficultésde communicationentre lesdifférentsvillages,
un paysoù, pour des raisonsculturelles,historiqueset politiques,les
hameauxet fermesisolées: Salirumbo a San Nicolas,lugar a2112
" deuxfaçadesmaritimesse tournentle dos depuisplusieurs siècles. Dans
horasde caminode Achuapaa paso lento. En realidad,que le truena
la zone de Morillo, sur les bords du rio SanJuan,les autochtonesse
este camino por la trepeday lo lodos del camino (.16-5-g0).À une
" méfientdes jeunessandinistes. On lessoupçonnede vouloirimposerla
autre occasion,le jeune brigadisterelatecomment il est allévoir Fidel
langue, les mæurs et les lois des " Espagnols" installéssur la côte
Castroen visiteà Le6n,ce qui lui permetd'évoquerlesdifficultésrencon-
Pacifique, et qui ont toujoursméprisélesMiskitos.A plusieursreprises,
tréespour revenirà Achuapa,en pleinesaisondes pluies: la camionnette
JoséJaimeCoreanote la mauvaise volontédesautoritéslocalesqui, après
glissaitdansla boue et manquaitde se renverserà chaquevirage.Des
avoirentretenudes relations courtoisesavecl'ancienrégime,ne veulent
ponts étroits,sansgarde-fou,enjambaientdestorrentsfurieux,et tous
passe compromettreavecdes représentants du pouvoirsandiniste.ll
les passagers craignaientde voir leur véhicuredisparaître au fond d,un s'attriste de voir que même lespaysans lespluspauvresne partagentpas
ravin(27-7-80).
sonidéalrévolutionnaire. A l'occasiond'un voyageà SanJuandel Norte,
Par manque de moyens de transport, c,est donc à pied que les
il remarqueà quel point lesdeux populationssont différentes : <<lo que
volontaires du programmed'alphabétisation et de sauvetage historique me llam6fue la forma que comen los negrosaceitede coco. El bailees
ont fait leurapprentissage de la géographienicaraguayenne : * lo mas diferenteal nuestro.Lascomidastienen diferentesnombres" (lHN-
relevantede estedia ha sido la partidaal sAUCE,la que tuvimosque
0050,f. 30). Enfait, il apparaîtclairementque leshabitantsde la région
hacera piesporqueno habiatransportey nos sirvioparaconocertoda la
du RioSanJuanentretiennent plusde relationsavecle CostaRicavoisin
serrania comprendida entreAchuapay el sauce.son muy dificilde esca- qu'avecle restedu pays: " el problemaes el transporte,por tanto toda
lar estoscerrosya que hay pasadasen lasque solamenteuna persona
la producci6nla exportanhaciaCostaRica.Otra cosaobserveque la
puede pasarpor el principio> (4-4-19g0).Le problème,c,estqu,ilsne
asistenciaen salud la reciben de un pueblo de Costa Rica, Barra
disposaientpasdu matérieladaptépour marcher de longuesheures
Colorada.La educaci6nlo mismo,especialmente en la Bocade Sarafiqui.
dans la montagne: Entre los problemasque se nos aflige a todos
" Tambienla mercaderiaen su mayor partees tica " (ibidem).À l'usage,er
son los zapatos,pues/nos venimoscon un tipo del que no es adecua-
malgréle discoursvolontariste desautoritéssandinistes, la coupuregéo-
do paraestazonay estanhechosafricos (5-4-1990).
" graphiqueet culturelleentrelesdeux versantsdu paysest une évidence
De leur côté, les participantsenvoyéssur la côte caraTbedu pays
qui finit par s'imposeraux yeuxdesrévolutionnaires lesplusenthousiastes.
découvrentque le climat de la région est complètementdifférentde
celui qui règnesur le littoralpacifique.l ls se plaignentde la chaleur,de
l'humiditéet des myriadesde moustiquesqui, de jour comme de nuit,
LA C AR T OC R APHDIE
ESBR IC AD IST ES
leur infligentde douloureuses piqûreset lesrendentmalades(lHN-0050,
f - 3-4). Pour se déplacer,ils doivent emprunter des barquesou des
Afin de se repérerdanscesterritoiresmal connus,lesjeunesbriga-
pirogues,dont ils ne maîtrisentpas le comportementcapricieux, ce qui distes,sur les conseilsde leur encadrement,ont composédes cartes
leur vaut de nombreuxbainsforcés.pour ailerd'une fermeà l,autre,le
schématiques représentant pour eux de
leurterraind'action.ll s'agissait
chevalest encorele moyen de transportle pluscommode,à condition
se repérer,de retrouverleurchemin,maisaussid'identifierles maisons
de savoirle guider.Lesplusaudacieux sevoientcontraintsde traverser à despersonnes à interroger.Comme l'écrivaitJoséJaimeCoreadansson
la nagedesrivières tumultueuses, agrippésà la crinièrede leurmonture. journal: realicéun mapade la comarcapara ubicara loscompafreros
Dansce contexteincertain,où l'on hésitaitencoreentrela querreet "
que lleguena dicha comarcay para orientar mejor a los companeros
la paix, une visiongéographique,maisaussistratégique, se dévetoppe > (lHN-0050,f.'10).Digneshéritiersdescombattantsde la
campesinos
p?rfoischezlesbrigadistes. losé de la cruz Bacasignale par exempleque révolution,ils devaientpréparersoigneusementleur offensivecontre
ItL 413
l'analphabétisme. Le magnétophoneet le crayonremplaçaient le fusil,
mais il s'agi ssait
toujoursdu même combat.Pourreprendrelestermes
d'un desmembresde la Croisade, AlfredoLobato,aujourd'huiprofesseur
d'histoireà l'Universiténationaleautonomedu Nicaragua(Unan),ces
cartesétaientaussiconçuespour tenterde donner une visionconcrète
du lieude travaildes brigadistes.Ellesétaientensuitetransmises au chef
d'escuodra. Leurcaractère rudimentaire,
leserreurset lesapproximations
dont ellessont trufféess'expliquentparcequ'il s'agissaitd'un travail
empirique,r éaliséle plussouvent" à vue de nez " par desjeunesgens
inexpérimentés. Pourrécolterdesinformations, chaqueétudiantparcou-
rait le terrainavec un informateur,le plus souventun des chefsde la
communautérurale(lideres qui lui montraitce qui lui parais-
comunoles),
saitle plusimportant.
Lescartesde la Croisaded'alphabétisation conservéesà l'lhncacou-
vrent plusieurséchelles.Certainesconcernentune région (Achuapa,
Concepci6n,région Rama,région de Boaco...); d'autrestentent de
s'adapteraux limitesadministratives existantes (municipede Nagarote,
municipede SantaTeresa, départementdu rio SanJuan);on trouveaussi
des plansde ville(Posoltega, ElOstional,Sapoa...).Au total,j'ai réperto-
rié trente-quatrecartes,qui couvrentune grande partiedu territoire
national(figuren"1).Contrairement aux documentsélaboréspar la gué-
rilla,plusieursdocumentsconcernentle centreet l'estdu pays,c'est-à-
dire la côte Atlantique(zonede la Mosquitia).Cette pénétrationdes
membresde la Croisade dansdeszonesjusqu'alors
d'alphabétisation iso-
léess'explique par la volontédes sandinistes d'intégrerau restede la
!
I
Nation les populationsde la côte du Colfe. En revanche,le nord et le i \
I
nord-estdu pays,le long de la frontièreavecle Honduras, n'estpascou- --' ' '-1
', 1 {
vert. Ce n'estsansdoute pasun hasardquand on saitque cesespaces,
peu peuplés,ont trèstôt servide baseaux groupesarmésde la Contra.

Un plan de ville : Posoltega I


I
-t I

Parmi les cartesles plus représentativesde cette période,on peut


|. ,-
retenircellesqui ont été composéesparAlfredoLobatoà Posoltegaet 1 ,-
t .'
"-
Chinandega,ainsique la carte d'Achuaparéaliséepar Joséde la Cruz I Jr
r''l '-
i
.Jl
Baca.La cartede Posoltega est un plande villesommaire,confectionné ;'-"\* 1
Ii \ \ r\ -
en un seul iour avec l'aide des chefsde la communauté,sansutiliser tt
aucun outil cartographique (figuren'5). Lessystèmes de représentation i\;
et la sémiologiegraphiquemiseen ceuvrepar Lobatosonttrèsrudimen-
taires,maisl'ensemble fonctionnecommeun tout cohérent.Enlocalisant
sur
(CNl-0042).
Frcuntu' 5 : PrnNor PosoLrucn
la cartetouslesélémentsqui lui permettaientde comprendrel'organisation
rr5
Ittl
socialeet spatialede ce petit bourg du départementde Chinandega JacintoBacaJeres,dont le nom évoquel'un des hérosde la révolution.
(1 100 habitantsen 1971, 4 200 en -1995),il a mis en évidencece De la même manière, Lobato a figuré le " centro experimentaldel
qui paraissait essentiel aux yeux de sesinterlocuteurs. algod6n" (CEA),établissement de pointedansla recherche agro-indus-
Parmices points,on noterad'embléele tracé des rues,qui corres- trielleet fer de lancedu projet de
sandiniste de
modernisation l'agriculture.
pond à un planen damierclassique, ainsique la présence desprincipaux
symbolesde la vie urbainetraditionnelle : l'église(disproportionnée par Un plan de zone : Chichigalpa
rapportau restede l'agglomération), le parcqui lui fait face(lieucentral
de sociabilité et d'urbanité),le cimetière(ponteon).Lesindicationsarchi- La cartede Chichigalpaporte le nom de la troisièmeagglomération
tecturales sont rares,maisune brèvelégendepermetd'évoquerlespay- du départementde Chinandega(15 000 habitantsen 1971,29 000 en
sagesurbains,puisqueLobatoa estiménécessaire de signalerla seule 1995),maisce n'estpasà proprementparlerun plan de ville: il s'agit
constructionà deux étages(casode o/fo)de l'agglomération. L'espace d'un plan de zone couvranttout le territoirede l'ingenioSanAntonio,
périphérique s'organise en fonctiondesactivités agricoles quifournissent immenseinstallation sucrièreinstalléeau sud du chef-lieu(figuren" 6).
du travailaux habitantsde Posoltega.Lesgrandesexploitationssont L'intérêtdu documentestde montrercomment,au début de la décen-
représentées(Quinta entre rios, haciendasSan Pablo,El Trianon,El nie sandiniste, s'organise un grand complexeagro-industriel, maisaussi
Porvenir,ElTanque,SantaClara),cependant,rien ne permetd'identifier de mettre en valeurlesstructuressocialessocialequi en découlent.En
le type de culturepratiquédanscettezone,alorsque noussommesdans effet, la part de la populationruraledans le municipede Chichigalpa
une granderégionde plantationsde canneà sucreet de bananiers. En reflètel'importancedes activitésagricoles:36,3o/oen 1971, et encore
revanche, lesvoiesde communication sontparfaitement représentées.
Au 31,2o/oen 1995.
nord, la route principale(carretero)relie Posoltegaa Le6n(sud-est)et à Le plan dessinépar Lobatose situeà chevalsur deux cartesau 1 : 50 000
Chinandega(nord-ouest).Vers le nord, plusieursembranchements (Chinandegaet Corinto)et couvreun espaced'environ100 km'z.ll est
conduisentversleszonesqui ont été détruitesen 1998 par le cyclone orienté(norte,sur),maison ne trouveaucuneindicationd'échelle.Or,
Mitch (entrodaa Argelio,entrada a Io comunolosé de lo CruzFlores,entrodo plus on s'éloigne de Chichigalpa,plus les localisationsdeviennent
a la comarcaLosSanjones). Une importanceparticulièreest accordéeà la approx imatives, preuveque la reconnaissance du terrains'estfaitede
ligne de cheminde fer, dont le tracés'accompagnede commentaires manièretrèsempirique.Cesdéformations sont sansaucundouteen par-
manuscrits . tie liéesà des contraintesmatérielles:enrespectantlesdistancesini-
" losrieles', lineaferrea,, " estaci6n". Lavoiea été emportée
en -l982par un cycloneet, depuis,n'a jamaisété remiseen service. tiales, il aurait fallu une feuille beaucoup plus grande pour situer
La cartedessinéepar Lobatoest avanttout politique.C'estpourquoi correctementlescolonlos situéesle plusau sud (ElPolvon,Santalsabel,
la topographien'estpas miseen valeur,outre le fait que le reliefest ici SantaTeresa).Afin de tout fairerentrerdans le cadreétroitde safeuille
peu accentué(noussommessur la plainelittoraledu Pacifique). Seulle (30,4 x 21,5 cm), Lobatoa donc été contraintde réduirelesintervalles
coursdu rio Posoltega est tracé,car ce petitfleuvecôtierest un élément dans cette partie de la carte. D'autreserreurssont moinsfacilement
essentiel de la géographielocale,comme l'indiquele pont du cheminde explicables car ellesne semblentpas liéesà des distances mal calculées,
fer et la présenced'un réservoir(presoviejo),qu'il faut sansdoute mettre maisplutôt à des problèmes d'orientation(SanLuis,Amalia,El Carmen).
en relationavecIavocationagricolede la région.Surla carteau 1 : 50 000 On noteracependantque le centrenévralgique del'ingenioest dessinéà
de la zone,on voit que lesespacescultivéssont sillonnésde canauxet plusgrandeéchelle,afin de mettreen valeurlesinstallations qui intéres-
parsemésde nombreux bassins.Si l'échellemanque,l'orientationest sent plusparticulièrement le jeunebrigadiste.
néanmoinsprésente:.<norte (versle volcan),<<sur >>(versl'océan). En effet,comme pour Posoltega, la carterévèlelesélémentsessentiels
"
Malgrécesapproximations géographiques, la cartemontrecommentla de l'organisation socialeet spatialede la zone étudiée.En premierlieu
régionde Posoltega, largementacquiseaux idéesdu mouvementsandi- apparaissent lesvoiesde communication et lesinfrastructures
de transport:
niste,a évoluéentre 1979 eT- 1980. Faceà l'église,le localde la Carde routesprincipales, voiesde desserte locale,aérodrome (oterrizaie.
Lespoints
nationale(comandoC.N.) est toujoursprésent,mêmes'il est désormais fortsde l'organisationsocialeet politiquesontsoulignés(comondo, casosondi-
occupé par les soldatsde l'EPS.En face de la gare apparaîtl'institut nisto,sindicato,hospitol,escuelo, estodio),tout comme les bâtimentsliésà

\tr tt7
l'industriesucrière(bodegade azucor,fabrico).Tout autour de cet espace
consacré à la productionet à la sociabilité,se distribuentleslieuxde rési-
dencedesemployéset desouvriersagricoles,lescolonias. À la hauteurde
la colonioAmalia,l'indication,. tiroteosfuertes> prouveque la guerre
avaitlaissédes marquesindélébiles sur lesmaisonsde la communauté.
Encoreune fois,lesélémentsdu reliefsont inexistants, mis à part le
tracé d'un cours d'eau (el rio),qui est peut-êtrele rio Carbonara.Le
contexte géographiqueexplique là encore ce défaut d'information,
puisquel'ingedoestsituédansune plainecôtièrepeu accidentée qui s'incli-
ne légèrementdu nord au sud,pour rejoindreune zonebasseamphibieoù
dominela mangrove.Lesaltitudesmoyennesne dépassent pasuneving-
taine de mètres,même si on atteintsoixante-dixmètresà Chichigalpa.
Certes,comme on l'a vu plushaut,la géographiephysiquen'étaitpasle
pointfort de Lobato(ni celledesautresmembresde la Croisade nationa-
le d'alphabétisation).On peut cependants'étonnerde voir que desélé-
mentsimportantsde l'aménagement du territoirerégionalne sont pas
figurés.C'est notamment le cas de la ligne de chemin de fer reliant
Chinandegaà PuertoEsparta,en passantpar SanAntonio.De même,
aucuneindicationne permetde repérerles nombreuxcanauxd'irriga-
tion qui, dans un espaceconsacréà la culturede la canneà sucre,for-
ment un réseauparticulièrement dense.
Cesoublisou cesmaladresses apparentes s'expliquentpar la nature
même du document.Eneffet,la cartographiemilitantedesbrigadistes
ne prétendaitpasreprésenter des paysages urbains(ou ruraux),ni établir
des relevés topographiques précis,ni dresserun tableauéconomiqueen
règlede la régionvisitée. pour leursauteurs
ll s'agissait <<men-
de localiser
talemento les maisonsdes personnes interrogées dansle cadrede leur
campagnede rescate histôrico.Plusque des cartes,leurscroquisétaient
donc, avanttout, desaides-mémoires dont le contenuspatialpassaitle
plussouventau secondplan.

Une carte régionale : Achuapa

Danscette perspective, la carterégionaled'Achuapaest particulière-


ment intéressante car elle couvreun vasteespacemontagneuxoù, o
priori,lereliefjoue un rôleessentiel dansla miseen valeuret l'organisa-
tion du territoire,commele montreà plusieurs le journaldeJosé
reprises
de la CruzBaca.Endatedu 8 avril1980,celui-cinotait: n Elcompafrero
Jesus y Yo nos repartimosla zonaque nos correspondela investigacion
oral.Hicimosun mapac/u de la regiony ya sabemosconcretamente que
lugaresvamosa visitar". Cette indicationsembleraitprouverque les
(CNl-060).
FrcunrN' 6 : PrnNor CHtcHtcnLpe
ILE
semblenéanmoinscontredirele textedu journal,puisqu'il est indiqué:
< presentalaszonascubiertas y que estânen puntosnegroso. Or, si cer_
taineslocalités ont déjàété visitées,il ne s'agitplusd'un docurnentpré-
paratoire.La contradictions'effacenéanmoinssi on considèreoue cette
phrasea été ajoutéeaprèscoup,ou bien s'il s'agitd'une versiondéfiniti-
t&.
I ù ve de la carteévoquéedansle journal(figuren" Z).
L'ensemble couvreune zone particulièrement étendueet faiblement
\J
ô a ti peuplée(en 1971, la populationdu municipeatteignaità peine 9 500
o habitants,dont seulement.l4 %od'urbains).La partieoù se concentrent
.x" leslocalitésvisitéespar le brigadiste(fortedensitéde cerclesnoirs)cor-
-l
ù-i
respondà un espacede 300 km'z(vingt-cinq kilomètresd'esten ouestet
quatorzekilomètresdu nord au sud, entre les points extrêmesde la
carte).Cesdistances,à vol d'oiseau,ne prennent pas en compte les
tourset lesdétoursque le piétondoit accomplirpour allerd'un point à
un autre/en contournantlesravins,lescoursd'eauet lespassages trop
3 escarpés. La régiond'Achuapase caractérise en effetpar des altitudes
"""..t" *o 'J
-' J., -1 médiocres(de l'ordrede 300 à 500 mètres),marquéespar de profonds
>t,
r dénivelés. La partieest du territoireconfiéaux bonssoinsde Joséde la
t: 1<- --.-è cruz Baca(régionde san Nicolaset d'El Guaylo)appartientà un autre
domaine,celuide la moyennemontagne(lesaltitudesdépassent déjàles
milledeux centsmètres).curieusement, la cartene donneaucuneindi-
r .u
f cationsur la topographiede la région,ni sur le réseauhydrographique,
alorsque le journaldu brigadisteregorgeà ce sujetd'informations pré-
cises.outre lesaltitudes,la carteau 1 : 50 o0o indiqueainsila présence
d'élémentsparticuliers du relief(rochessaillantes, corniches, falaises...),
qui auraientsansdoute méritéune plusgrandeattentionde la part de
l'apprenticartographe.
L'informationcartographiquese borne ici à localiser,de manière
assezcorrecte,l'emplacement desvillages, hameauxet fermesisolées qui
font partiedu < terrainde chasse du jeunesandiniste. Ellerecensepar
"
la mêmeoccasionlesprincipauxcheminsqui lesrelient(unerigneconti-
nue pour lespistescarrossables, un traitdiscontinupour lessentiers). Ce
premierdocumentse doublecependantd'un graphequi permetde rela-
tiviserl'informationcartographique et d'introduirele facteurtempsoans
la représentation spatiale(figuren" 8). Eneffet,au lieude sefonder sur
FtcuneNo 7 : Cnnreo'AcuunpR(CNl-0043). une échellekilométrique,lespointssont placéslesuns par rapportaux
autresen tenantcomptedu tempsnécessaire pour parcourirla distance
deux jeunesgens ont composéleur carteavant d'entreprendreleurs qui lessépare.c'est pourquoil'espaceinitialde la cartesedilateet subit
visitessur le terrain.ll s'agiraitdonc d'un croquispréparatoire,
fondésur unevéritable anamorphose. sansqu'ilsoitnécessaire de le dire,sansavoir
des renseignements glanésauprèsde la popuration,ou sur la consulta- besoinde figurerle relief,on comprendfacilementquellessont leszones
tion d'un documentplusofficiel.La légendepracéeau basde la feuille lesplusdifficilement accessibles,
lesplusisolées, cellesqui échappentau

1 20 a^HIED( n Ec
tL4
^ ^ r i ô '^ ',r
contrôleréeldu chef-lieu et où vont rapidementprospérer lesfoyersde la
guérillaanti-sandiniste. On apprendainsiqu'en partantd'Achuapail faut
1
ll quatreheureset demiepour atteindreSantaCruz(au nord-ouest) et seu-
lementdeux heurespourserendreà SanNicolas(à l'est),alorsque,surla
cartemanuscrite, SanNicolasparaîtplus éloignéque SantaCruz.Une
comparaison avecla feuilleau 1 : 50 000 nous permetde constaterque
la distanceAchuapa-SanNicolasest d'environ cinq kilomètresà vol
d'oiseau,contretreizekilomètrespour Achuapa-Santa Cruz.Le graphe
paraîtdonc ici plusconformeà la réalitéque la carteinitiale.
Cependant,malgrétous sesefforts,l'auteurdu graphene respecte
t'. pas les règlesde représentation qu'il s'estimposées,puisquelesseg-
i 1: ç-
i* ''
I
mentsde droiteutiliséspour matérialiser les tempsde parcoursvarient
souventd'un point à l'autre.En effet,s'il faut bien une heure,soit un
segmentde 4,5 centimètres,pour allerd'Achuapaà Wisquiliou à Rio
Arriba,le trait ne mesureplusque 3,5 centimètres (pourla même durée)
i
tI - . en ce qui concerneOjo de Agua, et seulementtrois centimètrespour
Achuapa-Sabanade la Villa. Or, logiquement, les quatre localités
I
r-
t-
t
devraientêtre représentées
Cettedifférence
à égaledistance< temporelle" du chef-lieu.
s'expliqueparceque la représentation isochronique est
ici pondéréepar la priseen compte des distancesréelles.En effet,à
I
peinedeux kilomètres séparent Achuapad'Ojo de Aguaou de Sabana de
la Villa,alorsqu'il faut franchirentre5,5 et six kilomètres pour atteindre
Wisquiliou RioArriba.Ce déphasage dansle tempset dansl'espaceest
en partie provoquépar l'état des voiesde communication,qui influe
directementsur lestemps de parcourseffectifs:alorsque Wisquiliest
placéesur la principaleroutede la région,qui mèneà Leônyio El Sauce,
seulun étroitsentierrelieSabanade la Villaau restedu monde.
La remarqueestvalablepour l'ensemble des localités
répertoriéessur
la carte et sur le graphe.Ainsi,onze centimètresmatérialisentles six
heuresde marchenécessaires pour allerà Ël Cuaylo,alorsque lescinq
heurestrentequi séparentAchuapade LosAraditos,à l'ouestde la zone
étudiée,sont représentées par un segmentde droitelong de -l9,5 centi-
mètres.Ce déséquilibreapparentcorrespondà la priseen considéra-
tion de donnéesspatiales objectives:LosAraditossesitueen fait à treize
kilomètresà vol d'oiseaud'Achuapa,alorsqu'ElCuayloest à moinsde
dix kilomètres.Cetteperceptiondu territoire,biaiséepar lestempsde
parcourseffectifs, expliqueen grandepartielesdéformations subiespar
la carte initiale.En effet,on constateque les pointssituésà I'estde la
ii feuille,c'est-à-dire dansla partiela plustourmentéede la région,appa-
. L l" raissenten proportion plus distants d'Achuapaque les localitésde
FrcuRE
B : cRApr'rE (CNl-004
D'AcHUApA l'ouest,pourtantpluséloignées en valeurskilométriques. Moinsacciden-
4t9
122
LA LAK IUUKAYNIT çA 5TK I AU55I A I-AIKI LA UUEKILI A
tVtu ) ) El
^ L Ai l \

tées,d'accèsplusfacile,lesmargesoccidentales du municipesubissent RÉsutvtÉ - Aasrnncr


- RÉsutvttN
l'effetd'unevéritablecontractionspatio-temporelle
qui lesattireirrésisti-
blementversle centrede la carte.ll sembleraitque lesampouleset le P ri vésde car t esof f icielles( r éser vées m o m oner o,en 1980,los iôvenesest u'
à l ' armé e r équlièr e et à la Car de dionLes m ondodos en zonasr ur oles por a
doigt de pied tordu récoltéspar Joséde la Cruz Bacasur les sentiers y r escot orlo
nati ona le)les"guér iller os sandinist es olfobet izora loscom pesinos
Horno Crande,quand il essayaitde se rendreà El
boueux de la cordillero qui , à l a f in d?s années 1970, lut - memoriode losofrosdeguerra,dibuiaron
Guaylo,ont joué un rôle décisifdanssa représentationcartographique tài ent cont r e les f or ces f idèles à la m uchosm oposr epr esent ondo su r egict n
fami l l e Som oza, ont ét é obligés de a<ogido. econo-
Lost lot osest r ot ègicos,
du districtd'Achuapa... d' él abor er des r epr ésent at ionsar t i-
micos y culturoles recopilodos en estettpo
sanal esdu t er r it oir e nat ional, af in por a
de prép ar erleur s at t aques,de choi- de docum enlos sont 'undom ent oles
si r l eurs cibles ou t out sim plem ent ent enderm ejor los m ecanism inler
os nos
de retrouver leur chem in dans des de la sociedod nicaragùense en un momen'
endroi t squ'ils ne connaissaient pas. t e- llovede su hist oua. *
D e l a m êm e m anièr e, en 1980, les
Bienentendu,touteslescartesde la guérillasandiniste ne présententpas i eunes é t udiant s envoyés dans les Wit hout of f icial m aps ( r eser vedf or
le mêmeintérêt que qui
cellede Tisma, offrela particularitéde juxtaposer 2ones ru r ales pour alphabét iserles
paysan snicar aguayenset sauvegar - t he r egular ar m y and t he Nat ional
sur le mêm e espacetrois échellesdifférentes. De la même manière,les dei l a mém oir e des annéesde guer - Cuar d) , t he Sandinistguer illat r oops,
cartesde la Croisadenationaled'alphabétisation ne sont pastoutesdes re ont dessinéde nom br eusescar t es who at t he end of t he sevent ieswer e
représent antla r éqion où ils ét aient f ight ing t lr e f or ces f ait hf ul t o t he
chefs-d'æuvre, loin de là. Pourtant,tous cesdessins, tous cescroquis,sont afl ectés.Lesindicaiionsst r at égiques, Som oza f am ily, had t o dr aw ar t isa-
le refletd'uneépoqueque lescartesofficielles au 1 : 50 000 ne peuventpas économ iques ou cult ur ellescont e- nal m aps of t he nat ional t er r it or y in
nues dans ces docum ent s Sont or der t o pr epar et heir at t acks,choo-
reconstituer car ce n'estpasleur rôle.Lesindicationsstratégiques, écono- essentielles pour com pr endr e le or sim ply f ind t heir
miquesou culturelles contenues danscettecartographie de circonstance foncti on nem ent de la sociét é nica- se t heir t ar get s
raquay enne à un m om ent clef de way back in ar eas t hey did not know.
sont donc précieuses pour comprendrele fonctionnementde la société I n t he sam e way, in 1980, t he Young
soÉ hi i t oir e.
nicaraguayenne à un momentdonnéde son histoire.À un autreniveau, *** st udent ssent t o t he r ur al dist r ict st o
ellespermettentde réfléchirsurle sensque l'on doit donnernon seulement P uestoque losm apasof icioles est obon t each t he Nicar aguancount r y people
r e s e r v a d o ps o r a e l u so d e l e i e r ti to o d e l o and pr eser ve t he m em or Y of t hese
à la notionde territoire,maisaussià la perceptionet à la représentation juordia Nacional,ol final de losanos 70, year s of war , dr ew num er ous m aps
d'un espacevécu.Le fait que cesdocumentsont été produitsdansun losguerillerossandinistasen lucha contra of t he dist r ictt o which t hey had been
moment de crisene fait qu'accroîtreleur valeur,car ils révèlenttoutesles los f uerzasde lo familio Somozotuvieron post ed. The st r at egic,econom ic or
que disefiar suspropias representactones
fractures d'un paysen pleinemutationsocialeet politique: à défautde pou- cult ur al inf or m at ion of t hese docu-
del territorionocionol,con el propôsitode
p r e p a r o r su s e m b o sca d o s,e sco g e r su s m ent s ar e essent ial
t o under st andt he
voir refairele monde,guérilleros et brigadistesont tenté de le redessiner f unct ioning of t he Nicar aguansociet y
bloncos, o mas sencillamente,buscsr su
mais,surle terraincommesurle papier,leurprojetn'a jamaispu dépasser comino en lugaresdesconocidos. De la mis' at a t ur ning point of it s hist or Y.
le stadedu brouillonou de l'esquisse.

Notes
I L'lnstitutd'Histoiredu Nicaraguas'appelledésormais
l'lnstitutd'histoiredu Nicaraguaet
d'Amériquecentrale(IHNCA).
, nom s ne s ont pa sd o n n é si c i . Q u a n d i l ss o n t i n d i q u é ss u r
2 Pou rd es ra is onsév ident esles
une carte,ilsont été masqués.

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