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A Le, ET MICU a C5 SS fp See Re uty Me Pp ee Se Eee rae ct KET S EL ha PLOT a M SCI rt \Te= OSE ee ee ku) PUR eae Cera ULL DEEPA RT bites at or. L'univers quantique VL Fa Parry Ty ‘ Meerut \ ANU Marat) ated ine Peo ~GRENOBLE SCIENCES . Cee ae se POE BLT pes SUPRACONDUCTIViTE INTRODUCTION BTN eu Phi mana. CA enn a cenn cd "ent KAN Pe ice ene COC RCC ae ct Peak eee Bed ee eC ues BPR ke ean ee PR Ucliec cutee ee ed aD TRC eee val eM eT a Crear US Ra ecw lta) PAR GRENOBLE SCIENCES Gronoble Sciences, Université Joseph Fourler, Bat, B de Physique, feiieyo STR ee ee eo eee 4 ‘Tél. (3394 76 51 46 95 - Fax. (33)4 76 514579 SCIENCES For ie oc tates PRR ere) Pitts Vet ‘e pourta SCIENCE MEDITORIAL mama re rn 2 Pm E06 ¢ physicien allemand Rudolf Peierls raconte cette anecdote. Wolfgang eee Pauli ec Paul Dirac voyagent ensemble dans un train. Le silence régne, Stet serena ‘car le second, fidéle& sa réputation de taiscux, reste mutique. Alors que le Ie et oes Re Bo : Nahai re train traverse la campagne, Pauli cherche & engager la conversation: « Regar- dz Dirac, on dirait que ces moutons one &¢é fraichement tondus. » Son sin regarde par la fenéte, rfléchie et reépond: « Oui, au moins de ce ebxé-ci.» Iya plusicurs fagons d’interpréter cet épisode. Lune d’elles met en avant la nécessicé d’explorer routes les facettes d’un objet avant de précendre en avoir une connaissance globale que l'on pourrait, éventuellement, exploiter. C'est bien le cas de la matitre, de ses constituants et de leurs propriétés. Dirac, la matiére et les moutons Par exemple, l'électronique se développe a partir du débur du XX" sigcle A mesure que le savoir sur I'lectricité et les électrons Saceroit. S'en sont suivis les multiples appareils numériques que nous utilisons aujourd'hui et qui sone devenus omniprésents. Mais la miniaturisation, indispensable A Taugmentation des performances, a ses limites, lesquelles seront bientot atteintes. Comment les dépasser? En examinant autre coté.. dela matiére. Le méme Dirac a ouvert quelques pistes. En 1930, alors qu'il étudiait electron, il postula existence de son antiparticule—le positron -, que l'on découvrit deux ans plus tard. Le comportement de ces particules explique les spectaculaires propriétés du graphéne. De méme, toujours & propos de'élec- Se er om tron, le physicien britannique théorisa 'idée de monopdle magnétique (un eget: Mewes pole Nord ou Sud isole). Depuis peu, les physiciens savent eréer et controler Strate de tels monopéles. Le graphéne et les monopdles magnétiques sont deux des trés nombreux candidats pour remplacer les composants électroniques es to a ee T t8, SCEXTWE AMERICAN j eave actuels. Loxytronique, la spintronique, la magnonique, la plasmonique, a ei a etc., sont aussi en lice pour se substituer & électronique ‘Steve Wis, Michael Mayer, George Muss, si, contre toute attente, les moutons n étaiet tor le l'autre cote? sree ce __Brsi,contre roureattente, les moutons nétaient pas tondus de autre cite? Per: ty Siles plastiques avaient deux « faces », lune isolante et l'autre conductrice? ate ean ten eta oc ' 2Et sid Emmet Sia Tintar des sss biclogiques, ls matériaux cicatissient?Exsid autres cri en ie a Porn. rendaientinvisibles? Comme Dirac, faisons le silence afin de vous lisser eee nearer ae découvrir les surprises de la matiére. hares SARL fos ots ere fan Zale serpents ier te ene cme tic a sree ee ec eee {Grace ou is te et ot fhe ase peer es eo 5 ‘losin ties or err eel ‘deta 2 ned ceuge BLP 20 28 34 Des ondes de spin pour I’électronique M.CAZAYOUS, Y, GALLAIS et A. SACUTO Des bits quantiques en diamant David AWSCHALOM, Ryan EPSTEIN et Ronald HANSON Aprés l’électronique, Poxytronique ? Marc GABAY et Jean-Marc TRISCONE Le graphéne, un nouvel eldorado? Andre GEIM et Philip KIM Des aimants qui perdent le Nord H.-B. BRAUN, R.HUGLI et L. HEYDERMAN 42 Un nouvel état de la matiére David CARPENTIER et Laurent LEVY Reh ae aie sa ad 50 Les cristaux photoniques naturels Serge BERTHIER 58 Les promesses de la plasmonique Harry ATWATER, 64 en Metamatériaux et cosmologie G65 Les experts en escamotage S. GUENNEAU, S. ENOCH et R. McPHEDRAN 72 Ala recherche de la superlentille John PENDRY et David SMITH Des comportements PARADOXAUX 80 La plasticite des nanocristaux F MOMPIOU, M. LEGROS et D. CAILLARD LES PARADOXES DE LA MATIERE © 0 Ls SDENCE Avant-propos de Gérard FEREY Teer Les nanotubes: des fibres d’avenir! C. ZAKRI, A. PENICAUD et Ph. POULIN 92 Eni Le grand prix de nanoformule 1 La respiration des cristaux Gérard FEREY Les matériaux autocicatrisants S. WHITE, J. MOORE, N. SOTTOS, B. BLAISZIK, S. KRAMER et S. OLUGEBEFOLA Plastiques et conducteurs a la fois ‘Stéphanie REYNAUD Des surfaces qui ne veulent pas se mouiller Mathilde REYSSAT et David GUERE A UIRE EN PLUS (OSSERW79/ AUR JaN/@ OUR LASDENEE > www.pourlascience.fr/emplois ‘Connectez-vous au service d'offres d’emplois scientifiques sur “Seo 9s SCIENCE en partenariat avec jobs ™ Chaque semaine, plus de 8000 offres d'emploi dans le secteur des sciences. ™ En un clic la sélection des postes & pourvoir en France et dans les pays francophones ou voisins. ®™ Une équipe Naturejobs spécialisée, au service des recruteurs francophones. Contact : Muriel Lestringuez E-mail : mlestringuez@nature.com Tél. : +44 20 7843 4994 mm SCIENCE: i Le site de référence de lactualité scientifique Les matériaux du futur DE a ee ee eee ea ney US CU We Ua US ue a sd Cesar Cee oc Tes ae eect Cue ors de mes fréquentesvisites dans les lycées pour mientre- | ae avec les jeunes, 'ai souvent occasion de leur dire, parlant de la science: « Les mathématiques ordonnent le monde, la physique Fexplique, et la chimie erée de nouveaux tunivers, mais elles ont toutes besoin les unes des autres, » Rien Pe ee etna aorta ented 4qui fagonneront notre quotidien demain, les « matériaux du futur». Lassociation de ces deux mots nécessite un commen- ‘aire pour mieux comprendre ce quielle recouvre et préparer & Ia lecture des articles de ce Dossier. Pa ig Quiest-ce qu'un matériau? C'est d'abord une composition chimique, parfois complexe, oit les atomes sont ordonnés selon tune structure le plus souvent périodique: un motif dit ristallin est répété. Cet ordre peut ére parfait, t est lecas du graphene (voir Le graphene, un nouvel eldorado? par A.Geim, page 28), See ee ee een ggométriques (lacuncs, dislocations) ou chimiques (impuretés) ‘On ne doit ni mépriser ni mésestimer ces imperfections, mais, Pd etre eee eee ar ee aera spectaculaire,telles la supraconductivité& haute température, Perey ce ‘Cet assemblage porte également en germes une ou plusieurs propriétés, qu’elles soient électriques, magnétiques, optiques, €tc., qui trouveront des applications dans de nombreux domaines. Le chercheur devra non seulement les découvrir cet les caractériser, mais surtout, par des op ms judi- cicuses les utiliser au micux une fois la synthése maitrsée. ee eg eee le solide devienne un matériau: celle d'une mise en forme adaptée pour que la propriété recherchée sexprime. Ce peut tre sous forme de fibres, de films minees, ainsi que, de plus cn plus, de nanoparticules. Ces derniéres ont des propriétés spectaculaires qui tiennent en particulier au fait qu’elles contiennent, a Vinverse du solide massif, plus d’atomes en surface qu’a 'intérieur. En laboratore, un solide ne devient ‘un matériau prometteur que lorsque ces étapes (découverte des propriétés, maitrise de la synthése et mise en forme) sont franchies, Reste encore ile produire en quantités, Cest-i-dire A passer au stade du développement industriel. Au cours de cette étape, les contraintes économiques se font jour et clles finissent par imposer la poursuite ~ ou Pabandon ~ du Ps een ees en nee ee Teed eens eR That OS ee ela ea ee ed Lointain? Tous sont concernés & en croire les articles de ce numéro, Loptimisme a certes tendance a vouloir raccourcir les délais, mais force est de constater qu’au moins pour certa des matériaux décritsici, quelques années seront encore néces- saires pour qu'une éventuelle application soit & la portée du plus grand nombre. D’autres existent déja et sont en cours de développement industriel. Ce furur dépendra de nombreux facteurs, au premier plan desquels le développement et'acuité des moyens d’observation adaptés. Pour que naissent de tels ee eee ee erga Male Tse ee De ree e ieee doivent se joindre la rigucur, Phabileté et la déontologie de tous les acteurs concernés par un avenir plus sain, plus sir... Alors le progrés de la connaissance académique sera relayé par Findustrie pour lui donner toute sa dimension sociétale. o plus vite, plus loin, plus haut et plus profondément, rupture épistémologique, pout satisfaire sa curiosit tuelle, repousser les limites du savoir et donner a possibilité au plus grand nombre de vivre mieux plus longtemps. Lhistoire ct la philosophic y ont leur part, mais aussi, paradoxalement, Peer ret cee ea ened es rey ‘onducteurs sont un bon exemple (voir Platiques et conducteurs ‘tla fois, par S. Reynaud, page 108): is évélent comment une «erreur de manipulation peut conduire au prix Nobel! Pour le mythe, certains métamatériau donnent corps au casque d invi- Pert eee eC eter invisibilié d Harry Potter (voir Les experts en escamotage, pat 'S.Guenneau, page 66)... Ces promesses de 'invsibilité doivent, tout a la virtuosité des physiciens théoriciens, a leur maitrise des ondes, quelles sient ectriques, magnétiques, sismiques. Oe ee A Vorigine de beaucoup de ces matériaux, on trouve... Dae ete eek ea ey avee peu. Pour paraphraser une parabole célébre:« Ils ont des yeux, mais ne regardent pas assez. » Bien des solides dont il est question aujourd’hui étaient autour de nous depuis toujours. Ainsi les oxydes, dont on croyait tout jr! Ils ressurgissent pour annoncer, grice 4 une chimie cet une technique qui prouvent que les scientifiques sont les, nouveaux architectes de la matiére, une nouvelle branche de la physique, Voxytronique (voir Aprés électronique, Faxytronique?, par M.Gabay, page 20), appelée & prendre le relais des semi-conducteurs qui ont atteint les limites physiques de la miniaturisation! line Ancien, en 77, puis Johann Leidenfrost en 1756, avaient constaté que l'eau ne mouille par certaines surfaces, (les feuilles de lotus, par exemple), mais leurs yeux n’avaient alors qu'une vision macroscopique. Pour expliquer, puis ees rereeeete tenes eRe ane eeearsett ce que les microscopes électroniques autorisent aujourd’h Lavisualisation nanométrique de ces surfaces, la compréhen- sion des interfaces avec la goutte d'eau permettent désormais > MQUANTIGUE ‘ES RUBANS feromagnétiques peuretcnsttverun Interupteur poor es andes ce sin, Quand es aimartations etousles rans sont iets arse mime ns) ne onde de sia ' pope nrmalenent. ‘Sonampitue en violet) est pasaffecte nist lorgueur onde él airarementalalarger de ‘quatre rubs) ais ors es amartatons es abans sent atiparales (site ‘A appbcatin éunchanp magnétique dan unruban sur ‘eur, fonde de spin atten jus’ spare), ‘Jopcatin dn chap maptiqne ans un oan st eat ou YioeserFaiantaon Ferromagnétiques paralléles (voir la figure page précédente), Quand Faimancation derous es rubans poince dans le méme sens, e cristal magnonique se comporte comme un matériau ferromagné- tique queleonque et Vonde de spin sy propage de facon ordinaite. En revanche, quand orientation magnétique des rubans alterne, les mouvements de précession des spins sont perturbes. Londe de spin incidente pend sa cohérence, ¥arténue et fnit par séieindre: elle est bloquée. Ainsi, le disposicif. laisse ou non passer onde, & volonté. La recherche de nouveaux matériaux soriente vers les matériaux multiferroiques. Ce sone des matériaux redécouverts il y a moins de dix ans qui présentent aui moins dewx proprietés cites ferroiques, parmi le ferromagnétisme (existence une aimantation spontanée), la ferroélectricité PSN ae a ‘epuis peu, la magnonigue s‘oriente vers le contrdle des ondes de spins ‘dans les films minces.Is'agit de déposer par pulvérisation des matériaux, par exemple des matériaux multiferroiques, sous la forme d'une couche lextrémement fine sur un support nommé substrat. Cette technique cite {'« épitaxie» est notamment utlisée pour fabriquer les films de protection de ‘quelques nanométres ¢'épaisseur des écrans des smartphones. Un matériau sous la forme d'un film mince est intéressant, car on peut le déposer ol! on le sounaite sachant qu'l va épouser la forme du support Toutefois, le substratinfive notablement sur les propriétés du fim déposé aurdessus de ui dansla mesure olla une structure cristaline distinct. En parti= ule a distance entrees tomes composant le substrates ferent de celle qui _sépare les atomes du fim mince (a). Ce dernier doit alors sadapter la distance entre atomes imposée parle substrat. Cette adaptation forcée déformeles liaisons entre atomes et introduit dans le film mince des contraints. Or ces contraintes ‘moaitient directement ies propriétés des ondes de spins dans lefilm mince a ongueur conde de fonde de spin, ici équvalente& cing atomes, dépend de cette contrainte. Des Equipes ont récemment montré que pour un méme matériau rultferoique déposé sur divers substrats la contrainte créée permet de fi varie I'énergie (la fréquence) des ondes de spins dans le domaine du terahertz. Ds lors, on peut imaginer des dispositifs dans lesquels un film mince est ‘déposé sur un substrat piézo-électrique dont la distance entre atomes est contrdiée par 'application d'une tension. si, en mocifiant les contrantes, {ans fe fim mince, on contrdlerait a longueur d'onde des ondes de spins (6. la longueur cfonde est raccource) : on aurait alors un dispostif versatile pour les télécommunications dans le térahertz. os oe 2 (polarisation électrique spontanée) et la ferro- élasticité (deformation spontanée). Ils ont éé découverts et étudiés dans les années 1950 en Union sovierique, avant dere qualifiés en 1994 de :multiferroiques par Hans Schmid, de Université de Genéve. Pui, grice aux progres des techniques ddesymthise, ces matériaux ont été obtenusavec une ‘grande pureté ce qui a renforcé leurs propriéés et suscité un regain d’intérét des chercheurs. Les matériaux multiferroiques qui nous ineé- resent sont ceux ot ferromagnédsme et ferroglect cité sont couples. En clair les ondes de spin intera- sisentavec a polarisation lecrique macroscopique clu matériau (due un décalage des ions par rapport Aleurs positions intiles danse réseau crsallin), On parle de couplage magnéto-dletrique, qui ouvre une nouvelle voie pour contrdlr les ondes de spin, non plusseulement aide fun champ magnéique, mais aide d'un champ dectrique. En effet, applica un champ électrique modifi la polarisation, ce qui influe sur les ondes de spin (vor la figure page c-contr). Lutilisation dun champ électrique a deux avantages. D'une part le coi énergétique es faible Diaurre part, Vextension spatiale de ce champ est infériure 4 celle d'un champ magnétique, ce qui ‘stun atout pout la miniaruisation, Un interrupteur magnonique En 2010, nous avons montré qu'un champ élec- srique appliqué & un matériau mulsiferroique module la fréquence des ondes de spin de plus de 30 pour cent température ambiance ‘Un empilement de tels composes multifer- roiques peut faire office dintertupteur magno- nique. Comment? Lempilement, nous avons vu, erée une bande de feéquences incerdites. Une conde de fréquence permise peut e propager dansla seructure. Maisen appliquant un champ électrique, oon augmente la fréquence de onde de 30 pour cent. Siellea été bien choisi, elle entre alors dans Ja gamme des fréquences interdites et Ponde est bloquée. Lorsque le champ électrique disparat onde peut & nouveau traverser le dispositif, qui fai done office d incerrupreur. Les physiciens ont aussi congu des portes logiques, briques fondamentales du traitement de information. Un premier disposiifa base d’ondes ddespin até claboré en 2005. L’équipe de Mikhail Kostylev, de Université d'Australie occidentale, 4 mis au point un dispostif pour faire incerférer les ondes de spin et ainsi moduler le signal de sortie. Une structure semblable a permis en 2008 de mettre au point des portes logiques de type set», «oui» et « non». Ces différentes réalisations font prouvé que la magnonique dispose des outils essentiels pour forger électronique de demain, Dans la détection des ondes de spin, la principale diffculeé est de faire correspondre la LES PARADONES DE LA MAIERE © PLR LA SoENTE fréquence des ondes utilisées en guise de sonde A celle des ondes de spin, Les premiéres mesures ‘ont été realises par absorption de micro-ondes. Des micro-ondes sont envoyées sur le matériau, ot elles sont en partie absorbées, puis ressortent et sont enregistrées. Les fréquences du spectre absorption oben correspondent aus fréquences propres des ondes de spin. Les ondes de spin présentes dans les disposi- tif magnoniques nanométriques sont de courte Jongueur d'onde, done de fréquence élevée (de ordre du térahertz). Or les micro-ondes ont, en comparaison, une longueur donde crop grande pour étre utiles dans cete situation. Parailleurs, on peut détecter des ondes de spin igrice & des techniques optiques, mais elles sont égalementlimitées des fréquences tres inférieures au térahert. Le principe de ces sondes optiques est le suivant. De a lumigte de fréquence connue est envoyée sur le matériau, oft les photons inter- agissent avec les magnons et quittent le marériau avec une fréquence inférieure. On en déduit la fréquence des ondes de spin. Mais & ce jour, la résolution spatiale d'une sonde oprique est de quelques centaines de nanométres, ce qui est trop grand pour des dispositifs nanométriques. En ‘outre, aude’ de 100 gigahertz le couplage entre onde lumineuse et les magnons est insuffisant. La detection de magnons dans le domaine du térahertz devra done faire appel & d'autres techniques... Il reste que, pour des dispositifs pas trop petits, on peut exciter ou détecter des magnons 8 Paide de micro-ondes ou dondes lumincuses du domaine visible. C'est pourquoi des disposi- tifs magnoniques peuvent siintégrer aisément & électronique photonique, par exemple dans les disques magnéto-optiques. Des électromagnons plus dociles Les défis de la magnonique ne manquent pas. Le principal réside dans le passage de la tech- nologie développée & l’échelle micrométrique, opérationnelle aujourd'hui, vers une technologie fonctionnant 8 échelle nanométrique. Cette rminiaturisation se heurte aux limites des outils actuels de nanolithographie. On dispose toutefois autres techniques promerteuses, par exemple la crisallisation de colloides, quil faudra combiner avec les techniques classiques d’élaboration des dispositifs magnétiques, telles la lithographie Alectronique, cest-i-dire la gravure avec un faisceau d'électrons, ou bien Pépitaxie par jets ‘moléculaires qui consiste &déposer des couches sous vide a Taide de faisceaux de molécules (voir Vencadré page c-contr). {Unautre défi majeur concerne lacompréhension ddesphénoménes en jeu. La propagation des ondes de spin est complexe, en particulier quand des ierégula- (SER 170/AMRAJaN 209 © FOUR LA SNE Fitéssont présentesou quand ces ondes interagissent avec d'autres types d'excitations présentes dans le ‘matériau (phonons, plasmons, électrons, ec) Ds recherches fondamentalesnéservent peut- Gere encore des surprises, & la hauteur de celle & un O, un spin horizontal représente (TION TUNNEL, formant une sorte d'échelle aux échelons iregu- ligrement espaces. Dans les semi-conducteurs, les deux bandes importantes sont la bande de valence, ‘quiestIa plushaute bande d’énergie contenant des lectrons, et, juste au-dessus, la bande de conduc- tion, qui est vide, mais oi des électrons peuvent circuler librement silsy accédent. Lépaisseur de la bande d’énergi interdite, ou gap, séparant ces deuxbandes aut 5,5 éectronvolts dansle diamant est environ ledouble del'énergie d'un photon de lumiére visible et cing fois la hauteur de la bande interdie du slicium. Une propriété clef du diamant pour électronique quantique est l’énergie requise pour qu’un électron soit délogé et puisse circuler dans le matériau. 16 Les dectronsd'un semicconducteur ne peuvent pasavoir une énergie appartenanci la bande dner- gic interdite. Toutefois, les atomes d'impuretés ajoutés au matériau peuvent incroduire dans la bande incerdite des états discrets, comparables de fins échelons intermédiares surl'échelle, La bande incerdite du diamantes suffisamment grande pour ‘que deux de ces ératsintermédiaires diffrent d'une énergie aussi importante que celle d'un photon de lumiére visible. Un tel photon peuralorsexcter un ectron au niveau d'un atome dimpureté: electron passe d'un état discret un autre sans acoéder & la bande de conduction. Quand I'lectron retombe dlansson étard énergie infrieure, il met un photon dnc a fréquence est proportionnele la difference des Energies: Cestle processus de fluorescence. Sous un éclairage continu, ceite fluorescence ne Sarréte pas. Une impureté peut ainsi émettre des millions de photons par seconde. En 1997, tune équipe dirigée par Jong Wrachtrup, alors & Université de Chemnitz, en Allemagne, a détecté dans du diamant des impuretés isolées qui émet- taient ainsi par fluorescence. Cela a déclenché tune vague de recherches portant sur la detection optique des impuretés isoles Limpureté particuligre que 'équipe de J. Wrachtrup avait détectée consistaiten un atome d'azore & la place d'un arome de carbone et en tune lacune adjacente, ois devrait normalement se trouver un autre arome de carbone. Cette ‘configuration porte le nom de centre N-V (de Vanglais mitragen-vacancy pour azote-lacune). Le centre N-V du diamant a un certain nombre de proprietés remarquables qui en font un objet de prédilection pour de nombreuses équipes de recherche. Il estinéressant de norer que la lacune joue un rle crucial: le centre N-V est és diférent d'un simple arome d'azote sans lacune dans son voisinage. Les électrons du centre N-V évoluent sur des orbites qui recouvrent la lacune et ses trois tomes de carbone voisins evils ne pase que pet LES PARADONES DE LA MATERE © POR LA SoENTE de temps h proximicé de 'axome d'azore. A cause de ces orbites moléculaire, i et commode de se représenter le centre N-V comme une impureré unique plurde que comme un éxrange couple formé dun atome d'azote et d’une lacune. Impuretés bienfaitrices Lesimpuretés soles, tel un centre N-V,r'émettent ‘quunseul phocon ala fois. Cest une proprietéessen- tillepourle domaine de a cyptographiequantique. En effet, les systtmes de cryptographie quantique sécurisent la transmission de information gre des phocons uniques transportantchacun un qubit. Les lois de la physique garantisent qu'un espion ne peut pas intercepter les photons sins perturb les qubits de fagon détectable parle destinataire du message. En 2002, Philippe Grangier et ses collgues, AV Ins- ut d optique d'Orsay, ont fait la démonstration ddu premiee protorype de systtme de eryprographie ‘quantique fondé sur une source pulsée de photons uniques. Certe peroée Sappuyait sur une source de photons uniques extrémement stable et fable: un ‘entre N-V dans du diamant. Les élecerons d'un centre N-V ont également un état de spin, que l'on peut commodément polariser avec de la lumiére. Alors que les autres systtmes de spins dans un solide doivent généra- lement étre refroidisa de tts basses températures pour étre polarsés, le spin d’un centre N-V se met nacurellement dans un état de spin déterminé sous édlairage optique, méme a température ambiant. DOS 1 QUANTIGUE Sa De plus, les expérimentateurs ont rapidemene découvert que la fluorescence de l'un des érats de spin est bien plus forte que celle des autres eats, On peuc ainsi utiliser 'incensité dela Ruorescence pour lire les états de spin: brillante pour Péat ‘1 ible pou l'état «> Notre équipe a développé une technique imagerie pour observer, via les photons quiils émettent, ce spins isolés ct leur orientation dans le réseau crstallin du diamant, ainsi que pour les ‘manipulet. Nous avons étudig comment un spin interagie avec son environnement de diamant, un sujet d’importance fondamentale pour le développement d’applications quantiques. Les teractions des centres N-V avec les atomes environnants nous ont révelé les spins ditsombres dans le diamant: des impuretés d'atomes azote sans acune associge, qui, tous seuls, sont invisibles ula détection optique. Ces mesures ont mis en évidence un point crucial: les spins au sein du diamant sont extré ‘mement stables face aux perturbations de leur environnement. De fait, 'un des aspects les plus fascinants des centres N-V est quils présentent un comportement quantique méme & température ambiante. Or les phénoménes quantiques ont tendance & éere gommés par les excitations ther- miques, et de nombreux effets quantiques dans lessolides nécessitent des températures trés basses, ce qui les end diffciles & érudier et encore plus diffciles& exploiter. star des semi-conducteurs de électronique ordinair, la clef du succes pour rendre le diamant utile la spntronique ‘uantique est de le oper par desimpuretés, dans ce cas des centres azote-lacune, notés N-v. Dans un tel centre -v, deuxsites adjacents du réseau tétraécrique des atomes de carbone sont modifiés: dans le premier, un atome d'azote (2, en violet) remplace un carbone; le second est inoccupéetconstitue une lacune en blanc). Les éectrons voluent dans la lacune et autour des quatre atomes adjacents, et lis sont porteurs d'un spin qui peut étre exploits (a fléche nore). Pr exemple, un laser peut excter de fagonrépétée un électron ‘au niveau du centre wv; cet électron émet un photon dans un état {uantique déterminé & chaque fois quil redescend dans son état ‘on excité. Ce phénomne est exploité dans des prototypes de cxyptographie quantique. LVinsertion @'un second atome c'azote & proximité du centre Nev (0) donne un systéme de deux qubits couplés qui permet deffectuer des opérationslogiques. La fréquence racionécessaire pour inverser le qubit du centre Nev est, dans cette situation, légerement inférieure ou supérieure, selon état du second atome azote, En utilisant la fréquence supérieure, on peut donc faire basculer le qubit Nv seulement si autre qubt est dans état 1 Cette opération correspond & une porte logique cNor (un non contre). En combinant de tees portes, on pourrait effectuer ‘vimporte quel calcul quantique. [DSR 1-78 Ran 209 © FOUR LA SNE 7 | UN MICROPROCE: Acer égard, les spins dans les matériaux solides présencent deux problémes. Le premier est une interaction spin-orbite, qui fait intervenirle spin de'decron erson mouvement orbital. Le second estV'interaction magnétique avec les autres spins, notamment les spins des noyaux atomiques qui constituent le réseau cristallin. Dans le diamant, ces deux effets sont ts faibles. Par exemple, les noyaux de carbone 12, qui constituent 99 po cent du carbone naturel, ont un spin nul et vont done aucun effet sur le spin d'un centre N-V. état quantique du spin de ce dernier peut donc cre utilisé pour coder de Pinformation méme & température ambiante. Bien sti, cette insensibilité aux perturbations cextéricures est relative. Dans un diamant cs pur ec température ambiante, information quantique stockée dans état de spin d'un centre N-V es perdue aubourd’environ une millseconde. Cette pert est . dee J “EXER ERE s > << SSE oe < > PY a ae KS Bae hood > 2 . AS vo: Te Lh ae 4 e = vo Lo, € -, Cs 5 , en ee & etataete KEK EKER ee Re) Ca ee ee a ee EK EK a Os i € 2 processeurs multiceurs. On peutaussi modifier les ‘aractdristques des FET : Cest ainsi quest née la spintronique (voir Des bits quantiques en diamant, par D. Awschalom, page 14). Le spin est une propriété quantique de la matiéxe qui Sapparente au mouvement de rotation d'une toupie autour de son axe. Cette rotation se fait dans deux sens possibles(horaie ou antihoraire) et définitdonc un bit deux états (2é10 ou un) que on contréle avec tun champ magnétique. Le spin peur ére transporté cet véhiculer de information d'un composant’ un autre, On pourrait exploiter les spins pour déve- lopper des composants plus performants que ceux foncrionnant sur le principe traditionnel re piste est utilisation de nouveaux mate riaux, par exemple le graphéne (voir Le graphine, un noweleldorado?, par A. Geim, page 28), ou bien des oxydes, qui nous intéresseront ici. De rémergence de cette demitre catégorie de matériaux dont les propriétés pourraientrévolutionnerla technologie cexistante, conduisant ge de Foxytronique, Ces a-dire de ’aectronique & base d'oxydes. Nous en déaillerons les ressorts, mais voyons auparavant le fonetionnement d'un transistor FET fait, ces dernigres années ont vu Le transistor FET ex un composant emi-conducteur de'le,enrecistrant ainsi un tou un ‘Unmorceau de graphiéne nnométrique peut const tuer un transistor 8 un seul électron (on parle de boite quantique). Le iagramme (a) montre ‘comment deux électrodes, une «source» et Lun «drain, sont relies par une «ile, fite ‘unmatériauconducteuc quir’aque 100 nanométres de iamétre. Le, qui apparalt au centre de a micrographie électronique dun tel dspositit(, gross environ 40.000 fos), est trop petite pour _accuelr plus d'un éectron: les autres sont tenus &'écart par ‘répulsion électrostatique. Un électron de la source entre dans Me par eet tunnel et la quite vers le drain parle méme méca- rnisma, La tension appiquée & une trolsidme élactrode, la grile {non représentée ci détermine sun électron peut entre ousortir, Plusieurs matériaux peuvent étre comb ‘és pour associer leurs propriétés en tune méme structure. Par exemple, les coques de bateaux sont consistuées dun plastique renforeé par des fibres de vere. Des équipes sintéressent& des polyméres renforeés par des matériaux & base de ‘graphene tel Foxyde de graphene, une version chimiquement mocifiée rgide et solide. Tinverse du graphene simple, les ‘feulles» oxyde de graphene (¢) sont plut6t facies & obtenir et fon pourrait bientét voir des composites stratifié (). Labarre blanche rerésente un micrométre. cexdotéd'une grande énergie, de eréer une tele paire de particules virtuelles. Cet paire émerge du vide ‘Ce phénoméne est la conséquence de l'une des nombreuses versions du principe dincertitude «Heisenberg selon lequel plus un événement est ddéfini avec précsion dans le temps, plus! incerttude augmente quant la quantté énergie associge cet vénement. Aussi des écheles de tempsextréme- ment coures énergie peut prendre nimporce quelle valeur. Or Iénergie éant équivalente une masse, selon la formule E= mc’, énergie correspondant 2a masse d'une particule er de son antiparticule put surgi du néant. Par exemple, un decrton et un positron virtuels et fugaces peuvent soudainement apparaitre en «empruntant» de Vénergie au vide. Des particules surgies du néant Lintrigante dynamique du vide dans le cadre de Teectrxiynamiquequantique conduit de nombreux ffs éonnantsdonteparadoxe de Klein est un bon ‘exemple, Il décrit es conditions dans lesquelles un objet relatviste peut passer travers une bariére de potentielénergtique (voir lencadré page préctdente). Uneimageaide’a comprendre. maginez une colnet sonird'une vag. Un camion quitantavalée gagne det énergie potentiellea mesure quilgrimpe lacie, audécrimentde cele quiet ibéée parla combustion du carburant. Une fois au sommet, le véhicule peut seas alleret descendre, au point mort, de autre bx: énerge porentielleaoquie pendan ascension cst converte en énergie de mouvement. De méme, les partcules peuvent faclement «descendre» des régions & énergie potentelle levée vers celles oit cxtte énergie est inférieure. En revanche, quand une particule pauvre en énergie est placée dans une valléeentourée de pics «énergie porentele, elle es dans la situation d'un ‘amion en panne d'essence coineé dans une vallée reclle. Cepenlant, cette conclusion rest valableque dans le monde de la mécanique quantique ordinate. Eneffet, une deusitme version du principe d’incer- situde d'Heisenbergaffirme quil et impossible de connaitre la position exacte d'une particule. On ne peur donc la décrire que de fagon probabilste. Une conséquence étrange est quune particule de faible Energie en apparence « piégée» par une bartitre énergétique a une certaine probablité de franchir spontanément cert barrie. Lorsque Cest eas, son passage Fantomatique & travers la barrzre d énergie est nommeé effet tunnel quantigue En mécanique quantique non relative. aproba- bilité qu'une particule de fable énergie traverse par effec tunnel une haute bartire d'énerge varie, mais elle rest jamais de 100 pour cent. Cette probabilcé dliminue quand la hauteur et épaisseur de Pobstacle augmentent. Leparadoxe de Klein change ladonne: il indique que les partcules relativistes peuvent traverse limporte quelle baited énergieavec une probabil de 100 pour cent. Prés dune bari les particules Sapparienc avec leurs antiparticules qu vivent dans un monde «8 Tenvers», un antimonde 6it les collines du monde réel correspondent & des vallées. Les antiparticules es parcourentfaclement, puis se reconvertisenten particule de Fautre ete ‘Au final, les particule ont ravers a barritre. ‘Méme pour un physicien, cette prédiction dérange et réclame au moins une validation expérimentale. Toutes, la posbilité de reser le paradoxe de Klein estlongtemps retée une énigme. Le graphéne et ses quasi-particules de Dirac sans ‘mase sont venus la recousse. Dans ce matérau, le paradoxe de Klein a des effets dont les conséquences sont faclement observables. En tant que porteurs de charges, les quasi-particules de Dirac sans masse se déplacent dans un cristal de graphéne auquel ‘on applique une tension. On peut alors mesuter la LES PARADOKES DE LA MATIERE © Pon a SoeNTE cconductvité Aectrique du matétiau. Uabsence de resistance observée Sexpique par un effet tunnel ayant Tiew avec une probabilté de 100 pour cent, confor- ‘mémentau paradoxe de Klein. Selon les physiciens, legraphéne aidera érudierd'autrescomportements . Ai chaque animal sa stracsure: Némmoing, on peut identifier quelques grandes carégoris struct rellesen déterminant dans combien de directions de Tespace les périods de ces structuresse développent (wor a figure page 53). On distingue ainsi es struc- tures unidimensionnelles, périodiques dans une seule direction de espace: ce sont par exemple les cmpilements périodiques de couches ou les réseaux inéaires simples. Viennent ensuite le structures bicimensionnelles, plurt rares dans la nature, périodiques dans cleus directions de Fespace, comme les réseau croisé Er enfin les structures tridimensionnelle, semblables—a échelle prés~ ala structure cristallin ‘minérale, Toutes ces structures sone des crstaux phoconiques et constituent Ia brique émentaire dela photonique. ‘Avance envisager une transposition deces structures au monde industriel, il importe de Simervogersurleu intérétet leur rledans a vie (DOSER 178 / RA JaN 2019 © FOUR LA SCENE de Tanimal. Le plus évident et le plus irectement «phoroniques estla production de couleurs. Contrairement aux couleurs dues des pigments, celles engendrées par les scructures sone reltivementsacurées,brillantes et souvent tres ditectionnelles (voir Fencadré ‘page suivante). Files partiipent notamment 3 communication intraspecifq femelle) ou interspéifique (couleurs avertissants) (entre mileet LE PAPILLON MoRPHO GoDKRT estblev Fair pu nice de réhctionn = vert Plusieurs niveaux d’organisation (Qutrela production de couleurs ls structures photo- tia ee veer Socio, niques des animaux assurent de nombreuses autres: Wetiaaeare Fon wales pur er ongne tlle Ta Sesame Geet ale pul opin ha ‘richlorodthyiéne (p= 148), cation & la température extérieure, la protection duu Lastructure interne dele corps ou hydrophobie (wir fencadné pages 54 et 55) intercale couches dar et Sion procéde & un rapide bilan des moyens Couches sods les vapeurs chanent ini optique des couches si modtiele spectre fic pr ale ris en ccuvre par la nature pour réliser Tenscmble de ces fonctions, on ex frappé par extraordinaire Economie de matériaux utilisés: une phase solide, de la chine cher les insectes ou de La kératine cher les oiseaux, les poissons et les reptiles, deux polyméres trés proches, et une phase fluid, liquide (cau ou fuide biologique) ou gazeuse (at). D'un point de wue optique, ces matériaux se eomportent dans le visible comme des composant deletriques présentant un fale contrast d'indice de réffaction par rapport air (de 1 pour fair 41,6 environ pout la chitine). En fautres termes, ce sont des matérianx transparents 51 ¢ d’aucant plus le rajet des rayons lumineux qui les traversent que eur indice exc lev. Pourtant, chez animal, les couches de chitine ou de kératine suffisent&assurer de maniére opti la survie de lorganisme en apporte la pi mble des fonctions. Comment un tel exploit il possible? Grice & a structure bien partiulitre ddumatériau sur plusieurs échelles. C'est ce que nous allons explorer maintenant. A chaque phénoméne physiqu miner une taille car approximativement 4 échelle minimale laquelle ilse produit. En optique, parexemple,cetealleest celle dela longueur d’onde A de Tonde lumineuse considérée. Tour objet de taille sensiblement égale AA ouN2, V4... interagic foremencavecl'onde et ‘moles propagation. Danse domaine du visible hhumain,échelleestlacencaine denanoméeres. Pour Phydrophobie, ces la dizaine de micrometres: une goutte de diamétre ne on peurdéter- istique, qui correspond ‘au de plusieurs centaines de micro oit» pas une rugosité micromé- trique, mais est fortement afectée par une rugosité plus grande. Une surface hydrophobe et colorée par effee physique présente donc es deux échelles dans sa structure: elle et mult-échelle La structure de Vaile du papillon Morpho ‘menelaus, par exemple, comporte cing niveaux organisation (evr la figure page c-contreen bas): les pigments de gossesmoléculesqueon peut mesurer en nanométres - des lamelles de 100 nanomécres dl épaisseur, des stries distances d'un microm PUR ae (constiuées des lamelles empilées), des éailles d'une ‘envaine de micrometres (formées par Fassemblage des stries), et Tale elle-méme, qui peut ateindre eur. D'un point de vue ‘optique. chacun de ces niveauxd organisation influe sur la couleur de Panimal ou plutée sur certaines composantes du si sont aussi dédigs& une fonction particuli Vhydrophobie ec lisolation thermi Des structures photoniques multi-échelle et :multifonctionnellessemblables sont observes chez cde nombreux organismes vivants. Les couleurs du colibri, par exemple, sont créées par des interérences Al’éhelle de quelques centaines de nanométes, puis rmodulées aux échelles supérieure (ls barbules de ses plumes sont hémieylindriques, ee quidonne une tnés grande direcivité& la couleur) Seconde caractérstique et seconde legon ~ des seructures photoniques naturelles: elles sont mal ‘ordonnées, ce qui optimise les diverses fonctions associées aux différentes échelles de structure. Optimiser un ystéme monofonctionnel estsimple danse principe, car to vadans lebon sens. IInien es plusde méme lorsquil agitdaméiorer de font plusieurs fonctions, parfois antagonistes. Quel este bon équilibre? Etcomment Yy parvenir? Leconcepe nest pas simple et nous nous appuicrons sur un postulat: a redoutable efficacitéde laslection naturelle. Pendant des millions années, lesorganismes ont évolué et testé de nouvelles seruc- tures, de nouveaux dispostf, etseules les structures cing centimetres de lon, ‘oloré, mais quelques-uns cs tells undlioraion du disposi ‘cristal photonique est un matériau ériodique dans une, deux ou trois. dimensions de espace dont la période est un muttiple de celle de onde lumi- reuse qui le traverse. Cette relation des périodes confére au cristal photonique des propriétés particuliéres de éfraction et de réflexion quifont apparaitre des couleurs. Voyons comment. Une bonne facon c'apprécier comment tune onde électromagnétique se propage dans un matériau est de calculer ce que Fon nomme la «relation de dispersion, Cotte fonction établit une relation entre énergie € du photon - ou la pulsation w de onde associée-, et la quantité de mouve- ment du photon - ou le vecteur onde k de onde associ a). ans un milieu homogéne indicen, cette relation prend la forme une ligne continue, indiquant ainsi que toute onde peut se propager dans le matériau, quelle {que soit sa fréquence b) Lasituation est complétement cittérente ‘dans un milieu stratifié - un cristal hoto- nique -, olla cohabitation de deux périodes, Celle de onde électromagnétiqueet celle de la structure, perturbe la propagation ().0n montre alors que lorsque ces périodes sont ales ou multiples une de Faute, la ligne se brise (d en blew), faisant apparaitre des andes de fréquence interites (en rouge). Les ondes correspondantes ne peuvent se propager dans la structure: elles sont réfé- cies asa surface lui conférant une couleur En outre, le pas (noté p) apparent du réseau (la distance entre deux éléments de base) dépend de angle sous lequel on le regarde. A chaque pas correspond une longueu donde rétiéchie et donc une couleur, ou Taspect risé de certains cristaux photo- niques: selonangle sous lequelonles regard, con ne vot pas la méme couleur 52 ‘optimales ont perduré jusgu’a aujourd’hui ‘Cerceévoluton ses faite vers une plus grande ccomplexité, vers des structures multi-échelle parfois meme fractales et mal ordonnees (vir lafigure page 57), ledésondrecopologique Loin d’ére un inconvenient, ce désordre ‘st un atout majeur dans la multifonction- nalité et partcipe & la robustese des effes cxéés, Cesedire 3 leur relative insensibilité aux conditions extérieures. Ce désordre peut {tre précsément quantifé par une grandeur nommée entropie de configuration, et misen rapport avecoptimisation global dela struc- tur On observe ainsi que dansles structures naturelles, désordre et optimisation globale sont corélés: ledésordre assure optimisation ‘moyenne des fonctions, quise aitau dériment dde optimisation de chacune dlls. ime multi-échelle Imiter le vivant Les structures biologiques tendent vers la ‘complexité pour pallier le petie nombre de matériauxdont cllesdisposent et leur faible contraste d'indice. A inverse, les physiciens disposent d'une large gamme de matériaux (ec done dindices), y compris complexes. Pourl’heure, cependant, les structures arti- ficielles produites par Fhomme restent assez simples, car on saitencore peu de choses sur ule les propriétés opriques de systémes échelle conscruits& partir de tels mat complexes. Voici quelques exemples de realisations bio- tres ouverte, Paile de Morpho se préte étonnamment bien 3 la détection de vapeurs, car Pair sinsinue facilement dans toute structure. Le spectre refléchi par Vaile, ou tout simplement sa couleur, dépend a la fois de la structure _géométrique ~l’épaisseur des couches. que Ton peut considérer comme constance ~, ex de Vindice de réfraction de ses compo- sancs, notamment de Pair incercalé entre les couches d’éailles ec entre les stres. En présence de vapeurd un produicquelconque, Tindice de ces couches dair est modifié, et la couleur varie. Une analyse des spectres de réflexion permet, aprés étalonnage, de distinguer la nature du produit, mais également sa concentration dans Fair. Des prococypesartificiels imicant la structure de Taile fonctionnent,rélisés notamment par Insti de recherche pour le génie physique cc la science des matériaux, & Budapest, en Hongrie. Il Sagit présent de concevoir des disposi réalisables A échelle industrielle cen «sapin de Nod! (DOSER 1-78 RUN 2019 © FOUR LA SNE ‘TROLS STRUCTURES PHOTONIUES chez es lnsectes:la structure unisinensonele eal duléidopir rani eis), lastructure idmensionnee de ale ‘uléidoptre Moho meteor ea structure rdimnsionei de écaile tucoléoptie Optus hancoi LUAILE DE MORPHO MENELAUS est organise selon ing niveau invent toussursa couleur haut en bos): les pigment absorbent lai 3 certains loquews onde ede pa leur gmétri et leur dimension, es lames créentdesintrtrences, es striescfratent a umire, ees calles ef ale ispersent es rayon urine. SM PERIODIQUES lama Une autre propriété convoitée est Phydrophobie extréme desailes dela plupart des papillons, souvent plus forte que celle dela feuille de lotus qui a donné son nom 2 cet effet (voir Des surfices qui ne veulent ‘passe mouiler, pat M. Reyssat, page 114). Dans les deux cas, elle est directement lie la nature mult-échelle de la structure. Avec le Laboratoire de Saint-Gobain Recherche, nous avons mis au point une technique pour imprimer cette structure sur verte ‘on applique ale sur le verre avant sa dification, ce qui transfére a ce dernier la superhydrophobie de ale. La structure de Traile du papillon Papilio uljsesimprimée surun verre i carreau ordinaire confere ce dernier une hydrophobie supérieure celle ‘obenue par traitement chimique. Dans un cout autre domaine, a struc- ture bidimensionnelle trés particuligre qui recouvre les yeux 2 facettes de nombreux papillons de nuit est & Vorigine dun trai- tement antireflet erésefficace auquel elle adonné son nom: la Moth eye structure (la structure de Veil du papillon de nuit). Le traitement antireflet classique de nos ‘optiques (lunetes, objectifs..) se fait par dépois successifs, sur la surface &traiter, de couches d'indice évoluant de celui de Pair (x 1) A celui du verre (7 = 1,5), ce qui minimise les rélexions & chaque interface. Eficace, cette technique présente cependant de nombreux inconvénients. Ces couches de matériaux différents, et done de coef ficients de dilatation thermique distiners, cont tend: décll variation de tempéracure. Il est également fe signal optique, en rétréissant sa lonqueur donde dau moins un facteu dis. On construit ainsi des guides dondes fente dont la lergeu minimaleateint quelque coy 50 nanométres & peu pres la méme taille que ls plus petits circuits lec Ironiques. Une tlle structure plasmonique peut transporter beaucoup plus de données qu'un fil ecrigue, mais ele est incapable de trans: mettre un signal plus de 100 micrometres de distance les guides dondes fente pourraient accrotre notablement ta vitesse des puces électroniques en canalisant rapidement de grandes ‘quanlités de données dans les circuits qui effectuent les opérations logiqus (Des guides dondes cidlectriqusretaivement gros amnent es signauxoptiques un réseau dinterrupteurs plasmoniques, surnam més eplasmonstors, qui leur tou distribuent es signaux 3 des transis tors ectroniques. Ls plasmonstrs sont consitués de guides dondes 3 {ene mesurant 100 nanométres aux endoits les plus large, et seulement 20 nanométres aux intersections (2 een el Prat cay rs pease Cres rperes Mon collégue Stefa d'or, mesurant chacun moins de 100 nanométres de diamére. Un fuisceau de lumitre visible d'une longueur d’onde de 570 nanoméres déclenchait des ‘oscillations rsonantes dans ls points dor etengen- dai des plasmons de surfice qui xe propageaient Te long des chains, en restant eonfinés dans une <épaisseur ne dépassant pas 75 nanométres, Léquipe dde Graz a obtenu des résultats similares et a pu ‘visualise allure des plasmons transporté le long des chaines. Cependant, ls pers parabsorption étaient relativement dees, sibien quele signal sévanouissit woir parcouru aut mieux quelques micrometres (Ces guidesd¥’ondes ne eonviendraient done que pour des interconnexions 418 courte portée. Toutefois,on a remarqué que 'on pouvait mini riser ces pertesen retourmant les guides d’ondes plasmoniquessureux-mémes,¢es--direen mertant le diectrique au centre et en Fentourant de metal Dans ce dispostf; nommé guide d’ondes plasmo- niques feme, Fajustement de Vépaisseur du exeur dliglcrique modifi lalongueur donde des plasmon. ‘Mon équipeainsi que celle de Mark Brongersma, de Maier a construit une nes lineaites de points DOSER 178 RUN 209 © FOUR LA SON Université de Stanford, ont montré que les guides «fondes plasmoniques: fente sone capables de trans- ‘mettre un signal sur plusieurs dizaines de microméaes. Hideki Miyazaki, de"inttucnational de science des ‘matériaux du Japon, a obtena un résultat &onnancen «

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