Le Marketing ost mort, Vive la Marketing !
Les 6 super-pouvoirs
des nouveaux marketers
Richard Bordenave
Directeur Innovation & Services Clients ~ BVA
Richard Bordenave, Directeur Marketing & Innovation du groupe
‘BVA, est Cavteur du tive « marque & consommataur : le divorce »
(Editions Management & société) qui annongaitdés 2006 les muta-
ons des métiers marketing & études aujourhui & Faeuvre.
‘Aptés plus de 15 ans en marketing (Diections mareting et Inno-
vation chee Danone, Kraft, United Biscuits...) ita choisl accom.
pooner la transformation des sovorfire « études et consumer
insights » chez 8YA. 1 conseille aujourhui avec son équge les
grands cients de institut et co-développe avec eux ls innovations
Iméthodologiques et technologiques de demain. Richrd contrbue
en outre @ lo difesion des demi¢res connaissances en mative 4e
comportement cu consommateur dans de nombreuses revues aca
émiques at professionnelles (RAM, ESOMAR, Marketing Mogazine,
Influencia, et lo plateforme lab.bva.f..). Richard est membre du consel scientifique de tAdetem,
Pour faire écho au chapitre précédant (Economie comportementale et Neuros-
iences : le chainon mang rez dans cette suite que a
mattrise de la conn passe par lacquisition de nouveaux savoirs,
Mais elle nécessite aussi de développer de nouvelles compétences.
Pour ilustrer cette évolution du métier de marketer et d’homme d'étude de
maniére opérationnelle, nous avons chez BVA de les symbotiser par
‘ix super-pouvoirs qui, demain, permettront aux marketers de concevoir des
programmes marketing plus efficaces et plus responsables.
Convaincus quiil s‘agira d'un travail d'équipe, od tous les acteurs des projets
(études, R&D, qualité, relation client...) apporteront leur talent, nous n’avons
le super-héros marketing qui concentrait tous les pouvoirs. AU
ince client devant atre Laffaire de tous, nous parions
comptémentarité des talents pour une approche plus empathique
par Lensemble de Vorganisation.
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Chapitre 2 : Visions dexperts
4
Découvrez la famille des nouveaux marketeurs et leurs
six super-pouvoirs !
1/ Le maitre observateur
Comme Saint Thomas, le maftre observateur est avant
< tout obsédé par aller voir de lui-meme la réalité des
circonstances de choix. Il déconstruit le chemin vers l'achat avec ses moments
de vérité et la succession des points de contact décisifs, en prenant le point
de vue d’exploration du shopper. Cest dans Uobservation jn situ du consomma-
teur quil comprend aussi la valeur dusage réelle d'un prototype. Et cest tout
au long du parcours de vie avec le produit quit identifie les colts impticites
ou explicites susceptibles d’infiuencer la décision de ré-achat.
=105—Le Marketing est mort, Vive le Marketing !
2/ Le champion de ta premiare impression
Expert des mécanismes attentionnels, et du systéme
1, le champion de la premiére impression sait avant
tout identifier tes premiers signes qui forment le
Jugement consommateur : les visuels, couleurs et
formes clefs, avant les mots. Grice aux technologies
de mesures implicites (type eye-tracking, tachytos-
cope...), il identifie les points d’ancrages visuels qui
assurent la reconnaissance d'un produit ou d'une
marque méme avec une attention limitée, Il est
passé maftre dans Yusage des métaphores visuelles
qui créent des associations émotionnelles positives
instantanées... Et sl veut faire apparaitre sa propo-
sition sous son meilleur jour, il prendra pour
la réalité de ce qu’il propose. Designer, il sait mettre en scéne les informations
utiles qui passeront les filtres attentionnels du consommateur en créant des
points d'attraction. Il sait higrarchiser les informations suivant une séquence
ui répond aux buts de recherche du consommateur, et non & ses propres
lontés de marketer. Maftre du temps : il sait concevoir des messages dont
isance de traitement cognitif fera mouche en quelques secondes. Il est celui
qui posséde les « lunettes consommateur » dont a besoin Ventreprise, et il sait
‘aider ses collegues a adopter ce point de vue dans leurs propres jugement : car
pour choisir un stimuli marketing efficace, encore vaut-il mieux connattre la
maniére dont le consommateur va le lire en contexte réel !
3/ Le designer d’expérience
Le designer dexpérience sattache avant tout a
rendre la vie du consommateur plus agréable, plus
simple ou plus ludique. Et ce, avant de peaufiner des
promesses marketing. Il privilégie le vécu
gible, et ‘assure de tenir ses promesses. Spé
du prototypage, il incarne ses idées avec des stimuli
sensoriels plutot que des concepts. I apprend de
observation des comportements utilisateurs. sur
la base dexpérimentations plutét que d'interroga-
tions. Ik sattache & mesurer V'expérience de marque
‘comme une succession de moments de vérité, plutét
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Chapitre 2: Visions cexperts
que penser son mix en 4P marketing. Il sait créer la connexion émationnelle
mémorable aux moments clefs de La relation : sa gestion des points de contact,
vient d’une connaissance intime des lieux et occasions consommateurs od sa
Proposition de marque peut s‘avérer pertinente.
tionnel : en passant du
et de citconstance a’
client » sans observatior
. IL ne se contente pas de la « voix du
et sait analyser les différentes facettes
tame de ses utilisateurs qu'il sait imaginer des cercles vertueux pour eux et
pour sa marque.
4/ Le manager d'habitudes
Le Manager dhabitude une parfaite mattrise des
routines d'achat et de consommation des consomma-
‘teurs de sa categorie. Il sait ce qu'il faut faire pour
par exemple.
tudes quand
il agit c’émerger avec un nouveau message et un
‘nouveau produit, sans toutefois ne jamais faire sortir
le produit du champ des buts de recherche du client.
Il sait que la rupture pour la rupture n'est souvent
onnait les cycles de répétition et de renouvellement générationnels
els s'appuyer, tore Les habitudes des consommateurs de sa
catégorie dans une sphere élargie, Cela lui permet d'ancrer de nouvelles
sitions de marque sur des usages ou occasions existantes, et di
ses propositions dans le répertoire quotidien. Au-dela de lindividi
les habitudes du foyer et comment elles
largement, les usages culturels du pays oi il intervient et comment les mettre
fen tésonance avec son offre.
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5/ optimiseur de contexte
Le spécialiste du contexte sait que la différen-
ciation d'un mix n’existe que par rapport a un
cadre de référence. Aussi, il cherche d’abord
‘identifier les points d’ancrage a la catégorie
‘implicite, avant dexpiorer les opportunites
de differenciation, Car les consommateurs
achétent d’abord une catégorie avant un
produit. Pour ui, un positionnement:réussi,
ce sont des signes d’appartenance au set des
solutions recherchées, et une somme de diffé-
rences sensorielles susceptibles de créer une saillance sensorielle : visuelle,
tactile, gustative... Car une différence doit se ressentir, pas uniquement
carte de Linctation douce : « Le nudge ». Un concept développé par Thaler
et Sustein, deux économistes comportementaux dont les travaux font grand
bruit dans le monde anglo-saxon. Le « nudge » (ou coups de pouce) i
une voie médiane entre le marketing de la persuasion et celui de la pe
sion. En choisissant de reconstruire un environnement favorabl
possible de modifier Vinclinaison initiale de individu sans faire appel a sa
rationalité, Par exemple, pour inciter & réduire la vitesse sur une route dange-
reuse, si le panneau davertissement ne suffit pas, les bandes rugueuses 2u
sol seront un nudge efficace. Car tout est souvent question de mobilisation de
attention au bon moment. Dans un parcours d'achat, ou dans le design d'un
les nudges sont des incitations comportementales qui facilitent la vie
hat. Quit s'agisse d'incentives affichés ( délai supplémentaire si
fépondez sur Internet plutOt que par courrier), dfergonomie (une prise en
main facile, une réservation express) ou bien dastuces de présentation (sous
forme de jeu, par exemple). Lidentification d'un nudge pertinent commence
En déconstruisant les facteurs d‘influence du choix ou de
eu en contexte : le marketer renforcera ceux qui susctent
‘ou encouragent approche et, au contraie, réduira ceux qui la freinent voire
mettent le consommateur & distance,
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Chapitre 2: Visions dexperts
6/ Vexpérimentateur autodidacte
Pour conclure, notre marketer sera aussi
‘eur et un autodidacte, A défaut davoir eu des cours
économie comportementale et de neurosciences
2 Uécole, il se tournera vers la littérature acadé-
mique aujourd'hui accessible au grand public (voir
les auteurs cités dans le chapitre précédant). Vous
tetrouverez, par exemple, ici les syntheses des prin-
cipaux ouvrages réalisées par BVA http://lab.bva.fr/
blog/category/be-behavioral/
Nous vous recommandons aussi Vexcellent cours &
\ distance de Dan Ariely.
hhttos://www,coursera,ora/ticourse/behavioralecon
Les politiques dans le monde anglo-saxon ne sont
as passés a cété de Yopportunité : les équipes dObama et Cameron ont
constitué des «behavioral insights teams » chargées d'amétiorer les poti-
tiques publiques. Beaucoup de leurs travaux sont déja accessibles sur internet
‘minulnudoscra Et cette nouvelle connaissance inspire déja des
ions dans la santé, Uéducation, ou le développement durable
‘b/c ideas2 ora Alors 4 quand le marketing ?
Mais pour se lancer dans ces approches, il est bon d’en maitriser les concepts
fondamentaux : framing, default, priming, salience, loss aversion, status-quo,
overtoad, social norms... autant de noms anglo-saxons barbares qui feront le
vocabulaire de base du « behavioral marketer ». Car le marketer de demain
sinspirera de (a théorie pour nourrir ses hypothéses. Tout comme le chercheut,
‘sera avant tout un expérimentateur : en testant différents scenarii et en
observant les comportements au plus prés de la vraie vie, Car, pour révéler les
‘insights comportementaux (ceux qui ne peuvent étre verbalisés), il convient
de les explorer dans Venvironnement réel de sa catégorie. Et pour savoir oD
chercher et commen ‘ne faut pas hésiter& travailler avec des parte
naires conseil spéciali
oooee
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