La notion de dlgation de pouvoir peut tre tudie la fois sous l'angle du
droit administratif et sous celui du droit constitutionnel. En droit administratif, il y a dlgation de pouvoir ou dlgation de comptence lorsqu'une autorit, laquelle certains pouvoirs ont t attribus, se dessaisit d'une partie de ces pouvoirs et les transmet une autorit subordonne. Sans doute, le principe est-il que le titulaire d'une comptence n'en dispose pas comme d'un droit, mais doive l'exercer lui-mme sans pouvoir la transmettre. Nanmoins, si elle remplit trois conditions, la dlgation de pouvoir sera lgale. Il faut d'abord et c'est le point fondamental que la facult de dlgation ait t prvue par un texte lgislatif ou rglementaire. Il faut, ensuite, que la dlgation ne soit pas, explicitement ou implicitement, prohibe par une loi. Il faut, enfin, que la dlgation ne soit que partielle, car comme l'a dcid le Conseil d'tat une dlgation complte et totale de pouvoir est contraire aux principes gnraux du droit franais . La dlgation de pouvoir, lorsqu'elle est rgulire, modifie la rpartition normale des comptences l'intrieur de l'administration. C'est ce qui la distingue de la dlgation de signature, par laquelle sans modifier cette rpartition le titulaire d'une comptence se dcharge, sur un fonctionnaire qui lui est subordonn, de la formalit matrielle des signatures de certaines dcisions. En droit constitutionnel, la notion de dlgation de pouvoir est plus abstraite. Elle signifie que, ds lors que l'on admet comme la Constitution du 3 septembre 1791 l'avait pos que la souverainet appartient la nation de qui seule manent tous les pouvoirs , il faut en dduire que les titulaires effectifs de ces pouvoirs ne les exercent pour le compte de la nation que dans la mesure o elle a bien voulu les leur dlguer. Ainsi, la puissance exerce par chaque organe excutif, lgislatif et judiciaire repose-t-elle sur une dlgation. Ce concept, devait crire Carr de Malberg, est devenu, aprs 1789, l'ide matresse du droit public franais.