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Fundamenta Scent, Vol 2. Nos 3/4. pp 381-398, 1981 (0160-78471 O38 -195K0.00°0 Pnted in Great Britain Pergamon Press Lid Pour une Sociologie des Controverses Technologiques MICHEL CALLON" Résumé — Partant des acquis récents de la soiologie des sciences. cet article propose un cadre général po ¢érodier les controverses qui surgissent pendant et non aprés)la ceabon technologique. L'accent es! mi sur Fimportance des diflerentes categories de négocabons qui prennent place au cous de ces ontroverses Est 'abord en jew la delimitation entre ce qui est acquis el ce Gui ne Test pas, quills aisse de savoirfaure. de connaissances ov de débouches économiques. La separabon ene scence fondamentale et acence ap. phquee, aussi bien que les modalités de leur mise en relation, résultent des rappors de force quis instaurent lente les acteurs et non de la nature des acovites concernées. La distnction entre des facteurs sociaun et de= facteurs techniques esi également un enjeu permanent, de meme que Tidenbfication des acteurs parborpant ‘aun controverses ainsi que l définibon de leurs reset des sujet quls débattent, Des exemple: sont donnes [pour montrer Timportance de ces mégociatons Son! mises en evidence les limites d'une sodalogye qui ‘entrerat pas dans le coeur de b création technique ‘Abstract — This article takes into account recent achievements inthe sociology of science inorder to develop a general framework of analysis for controversies which occur duning (and not alter technological creation ‘The accent ix stressed on different categories of negotiations which ube place during these controversies The first type of negotation concerns what is cenain and what isnot, i VanioU! fields sich at know-how. Jnowledge or economic markets. The distincuon between fundamental sence and applied saence as web as {heir relationships and hierarchy result from a power balance between actors ang not from the nature ofthe activites concemed. The delimitabon between socal factors and tecnica factors, the identification of actors cho take part im controversies, the definition of ther rolex and the subjects debated are constantly nego- ‘bated. This article gives examples showing the importance of these negobations. It points out he lis of & sociology which would not enter into the content ofthe technical prediction. Au cours des cing demiéres années la socologie des sciences a accompli un immense travail. Délaissant pour un temps l'étude des institutions ou celle de I’organisation dela communauté scientifique, elle s'est progressivement intéressée & la science en train de se faire. Cest ainsi que, multipliant les études de aas, les sociologues ont montré que Fien n’échappait & la négociation depuis interprétation des résultats jusqu’a le repro- duction des expériences en passant par administration de la preuve.' Ils ont mis en évidence que dans la délimitation des problemes aucune séparation definitive ne “Centre de Socologe de Tinnovation.Ezole des Mines de Paris. 62B.d St Michel, Par 700, France. + HM COLLINS, “The seven sexes:a study ofthe sociology ofa phenomenon, or replication of experiments in physics", Sonology 9. 205-224. 1975. A. PICKERING, “The role of interests in high-energy pliysicr the ‘choice between charm and colour”, in KARIN D. KNORR. ROGER KROHN, RICHARD WHITLEY, eds, Tae ‘Serial Process of Scientific Imveshgation Socology of the Sciences. Vox, TV Reidel, Dordrecht. 1980, pp. 207-138 1). PINGH, “Theorebcans and the producton of experimental nama: the case of solar nevtninos”, Buz pp 77-10. 381 382 Michel Cation Pouvait étre opérée entre le cognitil et Je social Us sont entrés dans les laboratoires our étudier la construction sociale des faits scientifiques,* pour analyser les strategies des chercheurs qui rédigent un article ou rendent compte d'un résultal.* Mls ont mis en lumiere le rble des intéréts dans les controverses scientifiques suivant leur influence jusque dans les détails de argumentation * Le résultat de ce travail collectif est remarquable. Cest ainsi que le vocabulaire de Tépistémologie ou de la philosophie des sciences est devenu de moins en moins adapté 4 la description du travail scientifique. Des mots comme rationalité, logique, preuve, démonstration, cachent, comme de nombreuses études empiriques I'ont deja montré finie variété des stratégies et des rapports de force a travers lesquels les sciences se fabriquent réellement.* Celles-ci nous apparaissent comme des enchevétrements de ficelles habilement nouées,* comme des fictions étavées les unes sur les autres et Progressivement consolidées, comme un mélange de sentiments, d'argent. de chan- tages, d’intéréts et de socio-logiques durablement cimentés.” Sion commence a savoir comment sont fabriquées les connaissances scientifiques, on ignore tout ou presque tout de la production technologique. On continve & parler de solutions techniques, d’efficacté, de rentabilité, de filiéres ou de systémes techniques sans critiquer une seule de ces expressions, c’est--dire sans montrer comment Jes acteurs sociaun négocient la signification de chacun de ces mots avant de les asséner aux autres comme des vérités premieres, Certes les discussions et controverses ne mangquent pas. Elles sont méme plus bruyantes que dans les sciences: det conflits surgissent un peu partout, exploités et entretenus par de nombreux protagonistes Mais ceux-ci pénetrent rarement jusqu‘au coeur de la création technique et envisagent essentiellement les conditions de la mise en oeuvre des technologies existantes, s'inté- Jessant en particulier & leur intégration et a leurs conséquences sociales, culturelles et Politiques." Que sait-on sur les mécanismes par lesquels se définissent des familles de 2M CALLOK, “Struggles and negations todeine what problematic and wha isnot. the sone of kyansobon, in KARIN K, KNORR. ROGER KROHN. RIGIARD WHITLEY. eds. ‘The Seca! Pras of Sortie ieesigation Solos of te Scenes, Val 1V-RevelDordred, 1980 pp 19-238 ZBULATOUR and S. WOOLEAR Lari Lif Sage, Bevery Hil. 399, M CALLON, “Lagonie dun [bboratcire universitaire sis parle démon de la teouoioge apart 4+ BLLATOURetP. FABBRI,“Larhttoriqu dels sence powtret devou dans un ride de sence Cac, ‘Actes dele Recherche en Seka Secs, No. 13, 81-95, emer 1977} LAW, Sera Suc fed Laan Practic, (a para): §, WOOLGAR, “Dacover’ logic and sequence in» ssentine txt, sn KARIN D KNORR ROGER KROHN, RGARD WHITLEY, fe Thesecl Poss of sac imran Sooo ofthe Sdences, Vol IV. Reidel, Dordrecht 1960. py 5-368 * Voir en particule B. BARNES, ines andthe Orth of Knot Roald and Kegan Pas. London 3971, MACKENZIE. “Stahshial ton andancal eens sas stud, Sa Shes scrmer 6 9 8} LAW, op of. §. SHAPIN. “The puta of Sheraton cowbral ancians and socal eters i tie Eainturgh Phrenolog, Debates in R. WALLIS. Othe Marg of Sma In Sou consort eed Kalai, Socologeat Review Monograph No. 27 Univers ot Keele 193 + Les scentiiques eun-mémes content &cetval de Bemystivnion en ouvTant leurs borat, en Lussant enegisiner leurs conversations ewe conan! comment le coven! qs on tess Le prone © 1a matire ent bien évidennent | D. WATSON, The Dos Hota. A Prva! cor of he Derry af DNA Weidenteld and Nicolson, London, + Gomme supe a mésphore du tes dans hou, desopee pus COLLINS.) * Voir ies artides de KNORR, LATOUR, CALLON, PINCH. HARVEY, PICKERING et TRAVIS in K KNORR Ia eds op * Crest e point de vue adopte par des auleurs aussi differents que: D. NELKIN, Contrary. Polite of Pour une Seciologic des Controverses Technologiques 363 problémes dits techniques, s’élaborent puis se négocient des solutions et s‘imposent certains choix qui deviennent de plus en plus irréversibles? Rien ou presque rien.” Sociologues, économistes et technologues se retrouvent ensemble pour présenter les arbitrages & opérer entre des techniques ou des filigres techniques deja fabriquées, concoctées dans le secret des laboratoires et des centres de recherche. Dans cet article nous allons montrer que pour développer une sociologie des tech- nologies il faut commencer par oublier ce que les sciences sociales se sont achamées 8 Nous apprendre et accepter de remettre en cause les catégories qui nous conduisent 5 décrire un monde déji fait, avec sa science, s0 culture, ses institutions, sa technologie, plutot qu'un monde en train de se faire. Comme nous allons le voit, & Vépicentre des controverses technologiques, li ob la technique prend forme, les acteurs sont plus audacieux que les sociologues ou les économistes, puisqu'ils n’hésitent pas & remettre en cause el a réagencer toutes ces notions “fondamentales”” que nous utilisons pour décrire la société. C'est en ce point de fusion de la réalité que nous allons nous rendre. BIEN CHOISIR LA CONTROVERSE Lintérét des controverses technologiques est double. D'abord elles révelent Fexistence des nombreuses négociations qui précédent et délimitent les choix techniques prop- Fement dits, tout en montrant le caractize limité de ces négociations. Ensuite elles constituent un terrain privilégié pour étudier les mécanismes par lesquels certaines solutions, qui s'imposent d'abord localement, finissent par s'étendre a toute la société Dans ce texte nous envisageons essentiellement les controverses techniques comme des Lieux de négociations et nous nous contenterons de donner quelques indications sur la fagon dont le succes toujouss provisoire est obtenu et diffuse. Le sociologue désireux d'érudier une controverse technologique semble n’avoir que Vembarras du choix. Partout surgissent des alternatives technologiques. Ic on oppose Je TGV a Yavion, ailleurs Vautobus quatre-vingt cing av véhicule spécifiquement urbain, Ia le solaire au nucléaire, ov encore les égoiits séparatifs aux bassins de retenue des eaux de pluie, I’annuaire papier a Tannuaire électronique. © Ces débats s‘insinvent dans les détails les plus menus de la vie quotidienne et nous n’en finissons jamais, adapter, de modifier ou d'arbitrer." Force est de reconnaitre cependant que les Technizl Deisims. Sage, Bevery Hils, London, 197, ELLUL, Lsyténtchnuin, Calmann-Levy, 1977: LE-MISSIKA ty WOLTON ee Deg pores eS 1574 ~ Signalons cependant quelques brilantes excepoons.C. DUPLY. La drcusire Caquot, mimeo, 197 H VAMOS | Ordmarar as pues LeSeul THN C RATLINE oko ae ae A nn 1973: ¥. STOURDZE. Genéalope deTinnovation en mabere de commutation, mimeo. 19% Parles divergences quelle revelentau sein el ommuaute des specalistes ie con reverse fon te Titlusion d'une pure necessitetedvugor el rendentacessibles an panes ten parsrule ain les contenu tecnniques eun-memes. Ce poin mathodclogqur el rongue see developpe aur Voir les nombreuses et passionnantes tudes dA NICOLON, ® Sil dt suri nue ena docs polar ener atonal ne ps ie ures rminuscules controverses quobaennes qu envahiseet les atciers de producoonetles marons porbcleres Bricole une machine, modifier un plan est poursuvreFintennatic mouvement or lcreaton techie LL distinction entre le produceur et be consornmates, be teGuaogue et le Profane est en unde pare astbatraire. Ce qu varie € est Tampleu des modifcatons et des bansformations qui peurent ee operees 4 | * \ duprophétisme. ( 384 ‘Michiel Cation marges de manoeuvre dont disposent les acteurs sont en général faibles car ils se trouvent face a des techniques déja constituées et confrontés 4 des choix qui ont produit des irréversibilités déja fortes." Les situations Jes plus courantes conduisent & distinguer, d'un cbté, des technologies alternatives, fruit d'un long travail spécialisé et, de Yautre cbté, leurs mises en oeuvre et leurs avantages socio-économiques respectifs. Les controverses qui naissent alors n‘ont de technologiques que le nom; elles sont plutdt post-technologiques car la technique s'y trouve completement réifiée.* L’éventail des choix encore possibles a été progressivement restreint et la relative diversité qu'il laissent apparaitre ne témoigne plus que de maniére appauvrie du caractére ouvert de la création technique. D’arbitraire i] n’est plus question; celui-ci a laissé place 8 une forteresse technologique dans les interstices de laquelle s'insinue un social réduit comme une peau de chagrin, parcouru par des acteurs sociawn condamnés 3 comparer les mérites relatifs des filiéres existantes sous peine de sombrer dans l'irréalisme et Vaventure. Cette situation est bien décrite, mais mal interprétée, par A. Touraine qui montre le face a face tragique des technocrates tout-puissants et des citoyens amoindris, et met en scene Je conflit de la technologie et de la conscience, du sérieua et Pour ne pas rester prisonnier de cette vision d'un monde préconstruit ov les machines surplombent la société et structurent Fespace social, Je sociologue doit partir 4 Ja recherche d'une controverse suffisamment ouverte dans laquelle les négociations ‘sont multiples, la nature des choix encore discutable, les acteurs impliqués nombreux et variés, les exclusions non définitives. C’est pour satisfaire ces exigences que nous avons étudié dans le détail l'ensemble des débats et négociations aunquelsa donne liew le véhicule électrique (VEL) entre 1960 et 1975. Pendant ces quinze années, et pour des raisons que nous avons exposés ailleurs, le VEL revient & Yordre du jour dans tous les pay’s industrialisés." La France n’échappe pas a ce mouvement et, pendant plus de quinze ans, font rage d’apres discussions sur les mérites relatifs du VEL. Des actions sont engagées, des rapports de force se nouent, des strategies compliquées s'élaborent dont certaines conduisent ala failite. Ramenée a Yessentiel, cette controverse présente quatre caractéristiques. (1) Elle porte sur un objet technique (le VEL); mais dans certaines de ses phases et pour certains des acteurs engagés les problemes ne se réduisent pas & de la pure et simple technique; des recherches scientifiques de base sont envisagées et parfois mises en oeuvre: la science et Ia technique sont en compétition durant toute la controverse. (2) Les solutions envisagées sont multiples. Selon les Périodes et les protagonistes, il est question de véhicules spécifiquement urbains, de véhicules utilitaires, de voitures de tourisme tous usages; pour certains, Vessentiel est de faire porter effort sur les genérateurs électrochimiques tandis que d'autres estiment ** Ce godt pour I uréversbité es bien rangassi¥on en roitY STOURDZE, “Dela vapeur a éleceicte", Culture e1 Technique tevtier 1981 © Cesta caracterstique essenbelie de lo maorité des controverss études par D. NELKTN. * Comme le dit trés bien P. ANDELOT “Ds (A, Touraine o1«”) analvsent ce qui se passe apres que les ‘connaissances ont ét¢produites, une fis déliité et determing Tensemble ds chow posses Crest le ‘spectacle désolant des endemains de bata qu'ls nous decrvent. est une soatie motile, amputee de $0n labeur scientiique et technique qu'il nous often en pature’- A propos du bvve GA TOURAINE, La Prophetic entinucleie. Le Sexi, 19) in Prine 9,39. ‘ Four une analyse detilée de cette innovation voir la série des apport: que nous avons consacrés av VEL: M.CALLON, Le VEL. un enka socal. Cordes, 1979 Pour une Sociologie des Controverses Technologiques 385 qu'il fout d'abord maitriser la technologie densemble du VEL (transmission, moteur). (GB) Les groupes sociaux impliqués et leurs{fiterét3 sont aussi nombreux et variés que possible. Se cotoient, s‘opposent, s‘excluent puis ressurgissent tour tour, des scienti- fiques fondamentalistes ou appliqués, des technologues, des fonctionnaires, des agences de I'Etat, des industriels, des usagers, des entreprises publiques. Chacun défend des intéréts spécifiques, sujets 3 négociations, qui l'amenent & privilégier tel probleme technique, tel usage, tel programme de développement. (4) Enfin les forces qui s‘opposent tout au long de la controverse s'équilibrent en permanence; méme si 3 certains moments un acteur particulier parvient 4 faire taire les autres, 8 s'ériger en porte-parole du plus grand nombre, il est bien vite contesté et débordé de tous cotés. Cet équilibre rend peu efficaces les arguments d'autorité et perme! a la controverse de demeurer ouverte, mélangeant sans cesse considérations scientifiques, techniques, politiques ou économiques. L’étude de cette controverse montre que les principales catégories utilisées pour <écrire la réalité sociale sont en permanence construites el déconstruites par les acteurs Cest ce que nous allons montrer en décrivant les quatre types de négociations que nous. avons pu observer. OU SONT LES CERTITUDES? L’examen attentif de le production scientifique a permis d’en finir avec une mythologie bien ancrée dans nos esprits. Un des aspects importants de cette mythologie est Fidée que la science conduit @ des connaissances certifiées qui font l'objet d'un consensus. Or non seulement, et le mérite d’avoir souligné ce point revient & Popper, aucun résultat rest assuré contre les remises en cause, mais en plus, et ceci est crucial, ce qui est considéré # un moment donné comme certain el comme incertain varie 3 intérieur de la communauté scientifique. T. Pinch a bien mis en évidence cette situation dans le cas des recherches sur les neutrinos solaires: chaque groupe de spécialistes en fonction de ‘eS origines, de ses positions et de ses intéréts interpréte différemment les résultats acquis, ne doute pas des mémes choses et placent les certitudes 3 des endroits différents.” Les controverses suscitées par le VEL montrent le caractére conflictuel de ce que scientifiques et technologues appellent tat de la question. Deux exemples permettront diillustrer ce point En 1960, soutenus par la DGRST, quelques scientifiques, électrochimistes de for mation, imposent les piles 4 combustible cornme théme de recherche prioritaire. Un des débouchés envisagés est constitué par le véhicule électrique. Les piles a combustible connues depuis longtemps, ont été encore peu étudiges. Ce que les chercheurs savent est qu’entre les performances théoriques et les performances réelles subsiste un écar! quis se proposent de combler. Mais sur la définition des problemes a résoudre, sur es TJ. PINCH, “The sun-set. the presentation of certainty”, Secs! Shui of Sciences, 11, 131-156, 198); voir également M. CALLON, op. cit, note Q) 386 Michel Calion limites entre le certain et Vincertain, les scientifiques manifestent rapidement 'ampleur de leurs désaccords Pour les uns il s‘agit avant tout d'étudier et de maitriser le Gnétique des reactions dont les Electrodes sont le siege. Is considérent les életrades et Félectrolyte dans lequel elles Plongent comme des entités naturelles indiscutabies. Leur objectf est de repérer Jes _écanismes par lesquels les réactis sont transporte et évacués de maniére & connaitre les [Paramétres qui définissent ls cinétique de la réaction. De ce point de vue la catalyse F’apparail pas comme un probléme en soi et le catalyseur n’est pas problématique en tant {que tel i! suffit de bien le choisir et de bien le répartr dans Vélectrode. ‘Tous les électrochimistes ne Fentendent pas de cette oreille la. Un petit groupe de jeunes cchercheurs conteste violemment Vidée que la catalyse ne soit pas problematique. Forme: & Ja physique du solide, peu enclins & passer des accords avec les industriels ls affirment bruyammentque le probleme du fonctionnement des piles & combustible c’est d'abord celui de! lectzo-catalyse. La cinétique. le transfert des réactiset des produits de la réaction sont de ordre du coninu et du prévisibe: ce qui est incerta ce sont les faibles connaissances sur Ves resorts de! lectrocataly se La controverse entre les deux camps commence en 1960. Rapidement T'ancienne ‘génération fai taire les jeunes électrochimistes. En dehors des spécialistes personne ne ‘saura rien de cette controverse dont I'issue entraine le lancement d'un projet technico- industriel ambitieux qui va durer dix ans. Vis-3-vis de la DGRST la communauté des spécalistes apparait unie et d’accord sur les principales questions. Les conflits sur Tétat de la question, le certain, et incertain ne se limitent pas aun domaines scientifiques. L’histoire du VEL montre qu'il concerne également Videnbifi- cation des marchés et la définition des actions 3 entreprendre pour les créer ov pour les maitriser. En 1975 le VEL est devenu une affaire d’Etat. Ministéres et administrations sovtiennent ouvertement certaines initiatives. Cec n'interdit pas le foisonnement des analyses et points de vue contradictoires. LIEDF, escorté par plusieurs petits innovateurs, jouele carte des créneatn successifs, Dant tun premier temps, les marchés visés correspondent i des utlisations spécalisées (bennes. autobus) que les performances modestes des genérateurs connus permettent de satisfaire, Jes seuls problemes & résoudre concement la conception d'ensemble du véhicule (cardosserie) ou la chaine de traction. D'autres débouchés seront envisageables lorsque des énérateurs nouveau seront disponibles. Ce qu’ convient de souligner dans analyse EDF ce sont es éléments qu'elle tient pour acquis el certains. Pour EDF automobile nest remise en cause ni dans so conception générale, ni dans ses modes d'utilisation. Le substitution de Fénengie électnque a Fénergie thermique n’introduit pas de bouleverse: ‘ment: un organe et ses annexes sont modifies, un point c'est tout ‘Av méme moment, un innovateur indépendant débnit de fagon radicalement nouvelle les caractéristiques du VEL et les problemes qui doivent éue résolus pour réaliser. Pourluice qui est en couse c'est la conception méme de Tautomobile et de sa conduite, D soutient quientre le conducteur et sa machine Greulent des fin d'mformations, des ordres, des interventions et des rétroactions. Il estime que ces interactions sont gérées de facon ~anarchique et désordonnée: ke conducteur ne dispose pas des bonnes informations au bon moment, ses délais de réponse sont en général trés longs. ses moyens de modifier le fonctionnement de la mécanique trés rudimentaires, Des le fin des années 60, cet inno- vvateur se bat pour introduire électronique qui pourrait, selon lui, améliorer et raionaliser Pour une Sociologie des Controverses Technologiues cette relation diffe du conducteur et de s2 machine. Promouwvoir le véhicule électrique est rendre possible I électronisation totale de Tautomobile histoire du VEL et des controverses qui lentourent montre que les protagonistes s‘opposent constamment pour définir ce qui est certain et ce qui ne T'est pas, ce quieest problématique et ce qui ne Vest pas. Cette organisation de la réalité s‘applique également a des aspects cognitifs, techniques ou sociaux: certitudes ou incertitudes quant aux désirs des conducteurs, aux besoins des usagers, aux modes d'insertion sociale des véhicules mais aussi quant aux stratégies industriellement payantes; cert- tudes ou incertitudes sur la nature des processus catalytiques ov importance de la cartosserie. A travers le VEL et I’élaboration de ses éléments chaque acteur défiit selon une logique propre, ce que dans son univers il considére comme stable, acquis et ce qu'il veut transformer QUI EST THEORICIEN ET QUI EST TECHNOLOGUE? Les sciences et les techniques n’en finissent pas d'écrire une histoire paradoxale. D'un ‘cOté, elles semblent s‘inscrire dans un projet global et original de compréhension et de transformation de la Nature (méme les sodologues les plus relativistes se laissent parfois aller & parler des sciences en général comme d'une entité saisissable et aisément repérable) tandis que, d'un autre cbté, elles ne cessent de se fragmenter en multiples spécialités. Comment rendre compte simultanément de cette unité et de cette diversité? Pour répondre a cette question on a multiplié des classifications™ qui sont durement critiquées mais constamment utilisées. Si Yon s’en tient aux distinctions dassiques force est de reconnaitre Jeur inadéquation. Pour séparer la recherche de base de la recherche appliquée, quels critéres utiliser? Doit-on tenir compte des intentions des chercheurs, des stratégies technico-cognitives déployées, de la nature des résullats, des contentes institutionnels? Aucun critére n'est satisfaisant car sur des cas précisil est impossible d'aboutir 4 des réponses tranchées. Quant a la trinité Sciences, Tech- nologies, Techniques, elle n’est pas plus satisfaisante. Veut-on définir la science pout Topposer a la technique? I faut un critere de scentficté, Or, et ceci est un acquis des vingt demiéres années, aucun critére (vérifiabilte,falsifiabilité, simplicté, fécondité, progressivité) ne permet d’établir en général le caractére scientifique d'une pratique intellectuelle. Les socologues nous I'ont appris:iln’y a d'autres moyens de repérer les fluctuations de la science que de suivre les scientifiques dans leurs luttes pour délimiter le terrain de la production scientifique ** De méme Vanalyse de la technique nous * Ceci commence & change mais tant qu'on paren de secilope des acences au bew pater dune sossloge géntiale de abycox ation, on aden mpiement unt deeb rade Ee sop arabe b Furic dx pat octane urs part de atee de recherche J} SALOMON. La Seienor etl puro Leal 197), de nstemes symbobgars(vauT ovr de A. KOYRE, ECASSIRER et E- PANOPSRY) encore de proj! scence techraq ( THULLTER, Lr est Seven tute Le Seu 861) Cova sont senses ot dierencabons meen enavant es notions Comme tells de RF/RA/D, Science’Tecinalogie Soot, sdpines,spécaltes (vor en partcober de> cur sede gue: DE GOLLA PGE nC FREEMAN POR COLLINS eT}. FING, “The constrcton of he paranormal: nothing unscientific happening” R.WALLS,@7 386 ‘Michel Callon renvoie-t-elle constamment sur ses marges comme le prouve la notion inévitable de ‘connaissance technique qui permet de repérer dans ce que certains appellent la pensée technique ce qui la rapproche de la pensée scientifique.* En 'absence de frontiéres claires, et compte tenu du fait que ces frontiéres sont des enjeux pour les acteurs, il est illusoire d'introduire une catégoric intermédiaire comme celle de Technologie qui redouble les difficultés de classement au lieu de les simplifier. Si ces classifications sont 4 ]a fois inutilisables par les observateurs et indispensables aux acteurs, cest qu’elles désignent pour ces demiers une réalité cruciale, celle des stratégies complexes et des actions ininterrompues par lesquelles ils définissent et négocient leur identité et les relations qu’lls établissent entre ews. C'est ce que montrent de facon exemplaire les controverses autour du VEL Retournons au seuil des années 60 et la question épineuse de la catalyse. On v voit 8 Yoeuvre, & réchelon local, cette lutte généralisée pour définir les réles et les compé- tences respectives du technologue et du fondamentaliste. Leenjeu est d'abord de localiser le travail théorique. Pour les uns il s'agit d'explorer la ‘Gnengue des réactions électrochimiques en uiilisant des instruments conceptuels éprou- vés. La strategie de ces chercheurs est d'appliquer & un secteur non encore invest des themes ou des sevoirs déja constitués. quitte 2 introduire les quelques remaniements jugés nécessaires. Aw yew. de leurs adversaires une tele démanche manque Voriginalité du frobleme de Mélectrocatalyse. Celui-c ne peut étre cemé et élucidé a l'aide des connais: sances existantes car i prend en défaut les théories disponibles qu'il fournit Voccasion de completer ou de réorganiser. Ce sont dewn définitions de Ia recherche de base et deus rmaniéres de localiser les “taches théoriques” qui s opposent. fl va sans dire que les seconds “accusent” les premiers de faire de la recherche appliquée et que les premiers dénoncent les impasses dans lesqueles, selon eux, se fourvoient les seconds Cette controverse sur Ia nature et Jes enjews de lb pensée théorique a partie bée avec lo Le forum constituan! ou officiel inclut la théorisation scientifique, I'expérimentation ainsi que les publications dans des revues spécialisées ou des congrés: c'est la que se discute et Se publie la science considérée comme orthodoxe et Kgitime. Au forum constituant S'oppose le forum afficeux dans lequel rculent “Ies articles des revues populaires ou ‘semi-populaires, les discussions et les ragots, les actions visant & réunir des fonds ou Se faire de la publicite”. La différence entre ces deux forums, selon Pinch et Collins, ne ent pas 3 opposition entre la science (ow la technique) pure et la vulgarisation, mais. au fait que les acteurs, les strategies, les ressources, Jes intéréts ou les régles du jeu ne sont pas les mémes.L'intérét de cette distinction est de mettre en évidence le caractére construit et négoci€ de l'organisation du travail scientifique. En effet, Pinch et Collins © TJ. PINCH et. COLLINS, op. cit 3M ‘Michel Cation soulignent ce point, la frontiére entre les deus forums est un enjeu permanent, elles acteurs passent leur temps a se battre pour savoir qui participe & Tun des deux forums, ‘quels sont les arguments et les sujet recevables dans chacun d‘entre eux. D’ailleurs les Stratégies internes & chaque forum ne sont pas distinctes des stratégies pout controler Jes entrées et les sorties. Nous allons utiliser cette distinction pour montrer que dans une controverse rien West plus important que les mécanismes par lesquels se fixent Videntité des partici- pants, les réles qu’ils jouent et les sujets qu’ils abordent. C'est ainsi que certains acteurs sont réduits au silence, d’autres cantonnés dans un forum officieux soigneusement séparé du forum constitutif ob se trouvent les quelques acteurs qui déterminent les problemes, les arguments et les intéréts légitimes. C'est ce que nous allons montser en Prenant le cas des controverses sur le VEL aun alentours des années 73 eten suivant les Variations des différents forums. ‘Au terme d'un long travail préparatoire EDF parvient & imposer en 1973 le projet socio-technique que nous venons de présenter dans le paragraphe précédent. Tout abord, et ceci est fondamental, le VEL est devenu progressivernent Venjev d'une con- troverse organisée. Auparavant Turité des débats était problematique. certains acteurs discutaient du VEL, mais aussi de Yavenis des générateurs électrochimiques. Grice 8 une série d'activités décisives EDF unife en 1973 le champ des controverses et hui impose un objet: le VEL. A cette date les frontiéres entre les forums sont clairement étabbes, et pour chacun dentre eur sont formulés sans ambiguité Tidentité et les intéréts des acteurs impliqués ainsi que les problemes a résoudre. Cette danficabion dela situation, patiemment construite, s‘exprime symboliquement dans organisation par EDF de joumees d'études rassemblant tous ceux que la puissante entreprise publique a intéressés au VEL. C'est 4 Are €e1 Senans, que se tient ce qu'on peut appeler la reunion pléniére du forum constituant. Le pouvoir d'EDF est si grand qu'elle réussit & rassembler dans un méme bev, au meme moment des acteurs dument sélectionnés qu'elle fat parler sur des sujets préalablement definis > Son objectif est clair: donner consistance au projet socio-technique et pour cela, mobiliser des acteurs, distribuer les tiches, for Jes interéts de chacun, les de coopération, le calendrier des opérations, les problemes 3 résoudre et les résultats &obtenir, puis mettre tout le monde au travail. Le forum constitatif mérite bien son nom puisqu'il Slagit de constituer en objet le VEL. Sont convoques el assistent aux séances:la CGE quiest chargée de mettre au point le moteur électnque et d’élaborer la deuxiéme filiere de ‘générateurs (air/Zn); Renault & qui EDF propose sans rougir de monter les chissis et les Carrosseries du futur véhicule: des représentants de deux municipalités qui se sont montrées activement intéressées par ' application del traction électrique aun transports en commun; administration, ov plut6t certains ministéres comme le MQV qui est prét 3 débloquer des crédits parce qu'il voit dans le VEL le moyen d’avoir une influence sur une pees ndustile qu In ethappe compltterent et gu vetensit pourant url vie quilla mission de restaurer; des scentifiques spécalistes en électrochimie: des petits innovateurs qui visen! des créneaun tes spécalisés et qui seraien! changés d'adapter les modeles mis au point par les grands indusbiels. EDF distribue les roles, ie ensemble ces acteurs et montre ce que chacun doit faire pour s'adapter aux evolutions scientifiques et techniques prévues. A ce moment précis, grande est la capacité EDF d'imposer son analyse, de définir qui est acteur et de fxer les interéts de chacun puisque Renal, qui représente les constructeurs automobiles, nen conteste pas la justesse. > Lelong e patient taal préparaoe oie sont nang utes, chantages, operations frances pls 02 moins soutersinesaliances, expenmentatone doubt wn rnshat rmarqanc, EDF set ume Seaston ‘0% les mots ont une efficadité propre, oi i sufi de pari: pout convaincre ou de citer des ciffres pour fire aire Pour une Sociologic des Controverses Technologiques 395 Lropération ne se limite pas 3 organiser le forum constitutit. Simultanément est déumité forum officews, qui rassemble les acteurs non invités mais qui ont déje eu occasion de er du VEL. Sills ne sont pas c'est que, selon EDF, leurs strategies désorganiseraient ke Erman consstuth conchae meres en cause Ke VEL tel qu'elle le définit ‘ment et socialement. On trouve notamment dans le forum officeux les petits innovatears qi bate des pour une nevoltonEetoique dane ‘automobile et dénoncent le Programme trop prudent d'EDF. Dy a égalementT IFP qui ne croit pas aux accumuleteurs et Soutient quil faut tout miser, e tout de suite, sur la pile & combustible & hydrogene igurent également dans le forum officewx toutes les municipalites qui éflechissent setive. ment & leurs politiques de transport en commun mais qui ne croient pas 3 Vautobus Glectrique. Tous ces acteurs parlent haut et fort mais is agissen\ en ordre dispersé et sans u’entre ews soit établie une quelconque coordination. fs apparaissent comme des francs. fbreurs qui ne parlent que pour leut propre compte et qui semblent achamés 3 délendre leurs interés. ene sexprivent pastures se te iques ou sociaux délimités par EDF et n'écrivent pas dans des revues savantes. Le fat qu’ls appartiennent au forum offieus ne tient pas 2 la moindre “qualité” de leurs analyses mais résulte d'un repport de force quis Permis 3 EDF de les €carter du forum constitutt Av-dela du forum officew. c'est Fobscurié tole, le non dit, la non existence. On nien finirait pas de dénombrer les acteurs potentiels que n‘ont pas la possibiite d'étre acteurs dv forum constitutil prétendent parler au nom de toutes les muniipalités, que eties-c appartennent av forum offisews ou soientreuits au sence, le MOV par 36 oe Oe administration, . . . C'est organisation et ls consolidation de ces forums qui permet 3 certains acteurs et donc a certaines conceptions de traduire les interéts des ates acteurs uillstrahissent inévitablement. Toute la socte se trouve dans les forums, mais c'est une Societe simplifice pour occasion, réduite & quelques lignes de force, 4 quelques interés. 3 quelques projets et quelques problémes, lent des argumentations et des sujets spécifiques. Dans le appuyée sur Son analyse sociologique et technologique (voi: plus tonomiser les problemes techniques (Bliéres) et les problemes ‘sociaux pour faire porter les discussions excusivement sur Tun ou Tautre de ces themes {mesure des performances, de tel ou te! générateur, cout d'utilisation de tel véhicule Les acteurs du forum officeux dénancent La séparation entre les deux forums indique non seulement tin rapport de force mais ement des modalités différentes de construction de la réalité. C'est ainsi que Toppo- sition entre le forum constituti et le forum offiieux peut étre vécue et imposée comme La distinction entre, d'un cété, les spécialisies compttents interessant 3 des limites et dairement définis et, de Fautre cblé, le bruit, la fureur et la confusion de débats socio-politiques animés par les profanes Une telle situation dure aussi longtemps qu'est maintenu le rapport de forces qui ks 2 donné naissance. Renault, comme nous Tavons montré dans le paragraphe precedent, Courbe d abord Féchine, Puis la Régie remonte la pente qu'EDF lua fait dévaler, vedefnat ke social et le technique, redonne un avenir au moteur thermique et reconquiert un espace gu {al est propre. La controverse se réorgarse: le forum constitu! vole en ca ets recten Pose aulleurs; des alliances nouvelles se créent. les intéréts sont renégocés, des acteurs Ghangent de forum; des exclus se découvrent des porte-parole et voient apparaitre des discours conformes & leurs intéréts. Les catégones socio professionnelies qu’EDF avait transformées en fictions statistiques, se remettent 4 exsier avec leurs besoins et leurs 3% Michel Callon statuts, les classes moyennes sortent de ombre. A vrai dire a technique elles controverses changent de terrain, se réorganisent autrement; le debat se déplace el son contenu se modifie. Dans une controverse limportant c'est ce qui est refoulé ou réduit au silence. Le ‘sociologue doit se demander: quels sont le arguments illégitimes? Qui est exclu ou empéché de s‘exprimer? Qui prétend étre un porte-parole et au nom de qui? Ces interdits et ces exclusions peuvent étre explicités lorsque certains participants du forum constitutif interviennent pour maintenir ou rejeter certains acteurs dans le forum officieux;> ils peuvent étre implicites quand ils conduisent au silence des exclus. Mais comme le disent les psychanalystes, on n’échappe pas constamment au retour du refoulé. Crest alors que se dit ce qui avait été tu et qui permettait a la controverse technique d’étre un lieu d'exclusion des acteurs et d’imposition des problemes legitimes.* ENJEUX D'UNE SOCIOLOGIE DES CONTROVERSES TECHNIQUES Dans cet article nous avons essayé d'esquisser la perspective générale dans laquelle devait se situer une analyse des controverses techniques. Nous avons donc implicite- ment éliminé plusieurs autres interprétations envisageables. La premiere objection serait de dire que toutes les argumentations qui s‘éhangent dans la controverse (et en particulier celles d'EDF) ne sont au pire que de banales idéologies ou au mieux des rationalisations destinées & camoufler des intéréts éco- ‘omiques bien compris (par exemple: vendre de Vélectricité). L’analyse que nous Proposons est ’opposé dune telle interprétation, et pour deux raisons. Reconnaissons, tout d’abord, qu'il est impossible de déduire le contenu du projet d°EDF & partir des seuls intéréts économiques. On pourrait montrer sans difficulté qu'un grand nombre de projets autres que le véhicule électrique permettent I'accroissement des ventes d’électricité. Et comme nous lavons vu, une fois admise 'idée du VEL, une grande varité de strategies socio-techniques sont encore possibles, qui sont toutes également ‘compatibles avec les intéréts supposes d'EDF. La deuxieme difficulté qu’entraine le recours 8 la catégorie d’intérét est plus grave, car elle conduit a une incompréhension totale des mécanismes de la controverse. En effet dans une controverse, ce qui est en jeu Cest non seulement l'identification des acteurs impliqués mais également la définition de leurs intéréts. Par exemple un des enjeux du débat en 1973 est de fixer les intéréts de Renault. Dans son programme EDF impute Renault certains interéts et en déduit les pratiques 2 mettre en oeuvre. A partir de la, seule une modification du rapport des forces en présence permet & la Régie de définir autrement ses propres intéréts. Ce ne sont pas les actions entreprises qui sont une conséquence des intéréts, & Ceest cette analyse qui a été brillamment réalisée par PINCH et COLLINS, ™ Notons au passage une conséquence importante 'eistence des controverses nest pat névessairement ‘synonyme de démocratie puisque les conoverses sont avant tout des lew d'excusion des acteurs et

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