Vous êtes sur la page 1sur 14

Les caractéristiques du milieu familial des auteurs des infractions

d’homicide. Etude de cas: Le Pénitencier de Sûreté Maximale de


Craiova, Roumanie

Simona Ionela MIHAIU51


Assistant Professeur PhD
La Département de Sociologie
L’Université de Craiova, Roumanie

La présente étude sociologique se concentre sur les homicides et vise l'esquisse


d'un modèle étiologique. La recherche s'est déroulée dans le Pénitencier à
sécurité maximale de Craiova et a consisté dans l'enquête sur les personnes
définitivement condamnées purgeant une peine d'emprisonnement pour le crime
dʼassassinat. 184 questionnaires ont été soumis, 16 études de cas ont été menées
sur la base de l'analyse des dossiers de détenus et des entretiens personnels.
Nous avons identifie identifié un certain nombre de facteurs de risque pour les
infractions d'homicide, en relation avec le profil socio- démographique, le milieu
et les conditions de vie et avec les relations au sein de la famille de l'auteur des
faits. Sur la base de ces résultats, nous pouvons proposer un modèle de
prévention visant l'intervention des autorités sur les familles roumaines ou
apparaissent des comportements à haut risque. Les propositions avancées
soulignent la nécessité de mettre en corrélation les mesures prises en Roumanie
pour protéger la vie et l'intégrité de la personne avec celles qui sont mises en
œuvre en Europe.

Introduction

Le délit d’homicide représente la plus grave forme de manifestation de la


criminalité violente. Indépendamment de la relation entre l’agresseur et la
victime, de l’espace où il vient d’être commis et des moyens utilisés, celui-ci est
incriminé dans toutes les sociétés, puisqu’il affecte « les relations sociales
relatives au droit à la vie, droit reconnu et protégé par les normes pénales pour
toute personne » (Toader 2007, p. 30). En partant du critère de la gravité des faits,
le législateur roumain, en matière pénale, classifie l’homicide en homicide
qualifié et homicide particulièrement grave. Nous retenons les deux formes
aggravantes de l’homicide, mais, on juge approprié de faire référence au terme
d’homicide dans une acception générale a supprimer tel quʼil est connu dans la
doctrine à travers la notion d’homicide simple.
L’analyse des données fournies par l’Inspectorat Général de la Police Roumaine,
sur l’évolution des délits d’homicide dans notre pays, dans la période 2000 - 2011
a souligné le fait que ceux-ci représentent 8,3% du total des actes de criminalité
violente. Dans le contexte donné, notre démarche apparaît comme la réponse au
51
PhD Simona Ionela MIHAIU - téléphone:+40743087371; email: simonamihaiu@yahoo.com;
adresse de correspondance: N° 13, A.I.Cuza Rue, Craiova, Roumanie.

PROBATION junior ● 115


besoin de la société roumaine de mieux connaître les particularités de ce
phénomène social. L’argument en faveur de l’approfondissement de ce thème
s’appuie sur le fait qu’en Roumanie, les études de spécialité ne parviennent à
couvrir que certains aspects de la réfléxion, portant sur les formes de
manifestation, les facteurs déterminants et les caractéristiques des auteurs et des
victimes.
Les investigations sociologiques dont les résultats sont présentés en partie dans
cette étude, se sont déroulées sur la période octobre 2012 - janvier 2013. Nous
avons inclus dans la recherche 184 personnes de sexe masculin, âgées de plus de
18 ans, dont 35,3% ont des antécédents pénaux, condamnées pour avoir commis
des actes d’homicide.
Cette étude présente les caractéristiques de la famille d’origine et de la famille
constituée des sujets et les facteurs de risque identifiés au niveau de la majorité
des personnes interviewées.
Dans les prochaines publications, seront présentés des résultats concernant les
facteurs de risques liés à l’homicide, associés au milieu étudiant, la relation avec
la victime, le groupe d’amis, les antécédents pénaux des sujets et le contexte de la
perpétration du délit.

Objectifs et méthodologie de la recherche

L’objectif de la recherche sociologique consiste en la connaissance des éléments


étiologiques de l’homicide, associés à la famille d’origine et à la famille
constituée par l’agresseur, c’est à dire la famille fondée par ce dernier.
Dans une première étape de la recherche nous avons soumis on a appliqué 184
questionnaires et l’interprétation des données obtenues a impliqué l’utilisation de
techniques et procédés statistiques comme l’analyse des distributions, les tableaux
de fréquences, le coefficient de corrélation r - Pearson’s, le test two-sides, de
comparaison de deux proportions et l’analyse unidirectionnelle des variations ou
des dispersions - ANOVA.
Dans la seconde étape de notre démarche d’investigation, à partir du lot entier,
nous avons sélectionné 16 personnes que nous avons inclus dans l’analyse
qualitative. Ainsi, on a étudié leurs dossiers de pénaux réalisés par le Service de
Rééducation et Réintégration Sociale de l’institution et nous avons appliqué des
interviews individuelles semi-structurées.
En vertu des résultats obtenus, nous avons réalisé 16 études de cas, présentées
partialement dans à supprimer et exposé.

PROBATION junior ● 116


Résultats de la recherche

La famille d’origine des auteurs des délits d’homicide

Dans 64,5% des cas, la famille d’origine des auteurs de crimes d’homicides
occupe un domicile en milieu rural et seulement à supprimer 35,5% des cas celle-
ci habite en milieu urbain. 75,5 % des sujets sont issus de familles légalement
constituées, où les deux parents sont présents. Le restant à savoir de 14,1% des
sujets ont grandi au sein d’une famille monoparentale ou reconstituée (4,3%),
auprès des grands-parents (5,9%), d’autres membres de la famille (oncles, tantes,
cousins) et dans des centres de placement. Puisque la plupart des personnes
enquêtées ont grandi dans une famille nucléaire, nous pouvons affirmer que le
type de la famille n’est pas forcément un prédicteur du comportement
homicidaire. Un exemple concluant repose sur le fait que les sujets évoluant au
sein d’une famille nucléaire, monoparentale ou reconstituée ont commis le délit
d’homicide dans une proportion d’approximatif 50%.
De même, l’analyse a révélé le fait que la majorité des sujets est issue à hauteur de
32,9% de familles ayant 2 enfants, 25,2% de familles composées de 3 enfants et,
enfin, 17,4% de familles ayant 4 enfants. Etant donné que la proportion de
familles dans lequelles ont été élevés 3 ou 4 enfants est élevée, nous considérons
qu’il y a un lien entre le contrôle parental réduit et le risque de manifestations
délinquantes, chez les personnes de notre échantillon. Par exemple, parmi les
sujets qui ont plus de cinq frères, 70,4% ont commis des actes d’homicide, et
parmi ceux qui ont deux frères, seulement 44,8% ont commis ce type d’infraction.  
En vue de connaître le mode par lequel la famille d’origine a influencé le
comportement criminel des personnes enquêtées, nous avons jugé nécessaire
d’obtenir des informations concernant aussi le niveau d’instruction, le statut
occupationnel et les sources de revenus des tuteurs (voir Tableau 1).

Tableau 1. Niveau d’instruction des tuteurs et des personnes condamnées pour


homicide
Niveau Niveau d’instruction Niveau d’instruction Niveau d’instruction
d’instruction sujet tuteur de sexe féminin tuteur de sexe masculin
% % %
Bas* 35,7 48,3 46,1
Moyen** 49,5 16,9 28,0
Supérieur*** 4,3 3,4 7,0
Sans études 10,0 20,1 8,1
NS/NR 0,5 11,3 10,8

*Ecole primaire, secondaire (premier cycle) **Lycée, école professionnelle *** Ecole post-
secondaire, université, master.

Dans le tableau 1, nous présentons la comparaison entre le niveau d’instruction


des sujets et des tuteurs, auprès desquels les premiers ont évolué jusqu’à l’âge de
18 ans.

PROBATION junior ● 117


Les données obtenues nous indiquent que le niveau d’instruction des tuteurs et des
sujets est majoritairement bas ou moyen. Corrélé au niveau d’instruction, le statut
occupationnel des sujets et celui des tuteurs est également bas. Par exemple, en ce
qui concerne les tuteurs de sexe féminin, la majorité a un statut occupationnel bas
(46,4%), et au pôle opposé seulement 2,8% d’entre eux présentent un statut
occupationnel supérieur. Est-ce que le statut occupationnel bas des tuteurs est un
prédicteur d’un certain type de comportement criminel? D’un point de vue
statistique, pour les deux variables, il en résulte un coefficient de corrélation r =
0,02 et p = 0,71 (insignifiant). Par conséquence, il n’y a pas de lien direct entre le
statut occupationnel du tuteur de sexe féminin et le type des infractions commises
par les personnes incluses dans notre lot, affirmation valable aussi dans la
situation où la corrélation concerne le statut occupationnel des tuteurs de sexe
masculin.
Selon les prévisions, le niveau économique de la famille est apprécié comme étant
moyen (61,4%) ou bas (28,8%), seulement 8,7% des personnes enquêtées
considérent qu’elles ont bénéficié, pendant leur enfance, d’un niveau économique
élevé. En ce qui concerne les sources de revenus, la majorité est constituée des
salaires (55,4%) ou des gains obtenus par le travail agricole / dans le propre foyer
(37,0%). Le reste consiste dans les aides de chômage, pensions, actes illicites,
indemnités sociales, allocations ou affaires de famille. L’absorption réduite sur le
marché du travail des tuteurs et la prestation de travaux non qualifiés ou
occasionnels, ont mené à une situation économique précaire, reflétée dans le
développement éducationnel réduit des sujets et dans leur mécontentement
concernant la satisfaction de certains besoins primaires, comme la nourriture ou
les vêtements.
Les études de cas réalisées complètent l’image statistique de nos résultats, en
mettant en évidence une enfance marquée par la nécessité de l’implication
précoce des personnes enquêtées afin de supplémenter les sources de survie de la
famille. Ci-après, nous présentons la perception qu’un des agresseurs porte sur
son enfance.

J’ai eu une enfance difficile. Nous étions sept frères, et papa avait une maladie
du cœur. Mes frères ont commencé à travailler avec maman durant la journée,
chez les voisins, depuis qu’ils avaient six, sept ans. Moi, étant le benjamin, je
restais plutôt à la maison avec papa, je cuisinais et faisais le ménage. A onze ans
j’ai commencé aussi à travailler sur les champs et chez les voisins. Je recevais
de l’argent ou des vêtements que leurs enfants ne mettaient plus. Même ainsi, on
n’était jamais à l’aise. L’argent ne suffisait pas, on était nombreux, les
médicaments de papa nous coûtaient trop cher, il devait aller souvent au
dispensaire et à l’hôpital. Lorsqu’ils ont grandi, mes frères ont commencé à
boire l’argent gagné et à fréquenter des filles et ça a été de plus en plus difficile
pour nous. Toute mon enfance j’ai dû travailler dur pour chaque bouchée de
pain et pour chaque chemise que je mettais. Rien n’a pas été facile pour moi.

Pourquoi n’êtes-vous allé à l’école?

PROBATION junior ● 118


J’ai voulu y aller mais maman a dit qu’il n’y avait personne pour soigner papa.
Certains enfants se moquaient de moi quand j’ai grandi, parce que je ne savais
pas lire, écrire, eux, ils regardaient la télé et moi je travaillais sur les champs.
C’est maintenant, ici, que j’ai réussi à apprendre l’alphabet et lorsque je
regarde la télé, j’arrive à lire quelques mots.

Mais vos parents combien d’années d’études avaient-ils?

Ni maman ni papa ne sont pas allés à l’école. Eux aussi ont vécu durement leur
enfance, ils n’avaient pas d’argent, leurs parents les ont aussi mis à travailler
dans les champs et durant la journée chez les voisins. Maman ne savait même
pas lire les boîtes de médicaments de papa, elle devait aller chez une voisine qui
lui disait quoi et comment les prendre.

L.A., sans antécédents pénaux, 45 ans

Ce cas présenté, comme d’autres analysés dans la présente recherche mettent en


lumière l’existence de plusieurs facteurs associés à la famille d’origine, ce qui
peut favoriser la manifestation d’un comportement homicidaire. Le niveau réduit
d’instruction des tuteurs conduit souvent à la diminution ou, même l’annulation
du rôle important que joule l’école dans le développement des enfants. Cela est
corrélé aussi avec un niveau de vie réduit. Dans la situation où il n’y a pas de
ressources suffisantes pour assurer la subsistance, l’éducation scolaire n’est pas
une priorité, mais plutôt un désidérata. Le travail non qualifié accompli par les
sujets pendant leur enfance représente aussi un facteur de risque. Il s’agit de
remplacer certaines activités qui ne représentent pas une source d’acquisition et
qui marque le saut de la période de l’enfance à la maturité précoce.
Dans la littérature de spécialité, un rôle important dans la manifestation du
comportement criminel violent est attribué aussi au climat affectif, respectivement
au modèle parental transmis aux enfants. En partant de ces considérations, nous
avon tenté d’analyser les façons dont personnes interviewées perçoivent le climat
de la famille d’origine. Nous avons inclus, ainsi, dans les instruments de
recherche, des questions concernant les relations entre les tuteurs, les relations
entre les tuteurs et les sujets, les explications des sujets relatives à ces relations, et
les aspects positifs et négatifs repris de la famille d’origine (voir Tableau 2).

PROBATION junior ● 119


Tableau 2. Perception sur la relation entre les membres de la famille
Tranquillité Violence Soumission Distance NS/NR
Relation et verbale et et et %
compréhension physique subordination indifférence
% % % %
Relation entre 58,1 35,7 3,3 1,6 0,7
tuteurs

Relation entre 59,1 33,6 4,4 1,7 1,2


tuteurs et
enfants

Relation entre 56,7 31,2 5,1 5,6 1,1


sujets et frères

Pour comprendre si les trois variables (la relation entre tuteurs, sujets et tuteurs,
sujets et frères/soures) sont différentes ou similaires en tant que forme, nous avons
utilisé l’analyse des dispersions ANOVA (Tableau 3), dont les résultats sont
présentés ci-après:

Tableau 3. La relation entre tuteurs, sujets et tuteurs, sujets et frères/soures


SS df MS F p
1.644 2 0.822 0.688 0.503

Le niveau de signification p = 0,50 indique l’existence de similitudes entre les


trois variables, dans le sens qu’elles ont une nature commune. Ainsi, les
personnes inclues dans l’échantillon ont appris et ont reproduit le comportement
des parents et des autres membres de la famille. Cela est souligné aussi par Davis
Farrington et Rolf Loeber, qui retiennent que, parmi les facteurs familiaux qui
peuvent influencer l’apparition d’un comportement délinquant chez l’enfant. Se
retrouve « la communication déficitaire entre les parents et l’enfant et le
désaccord marital grave » (Farrington et Loeber 2003, p.9).
Aussi, Maria Voinea associe l’apparition des comportements délinquants avec la
famille dans laquelle les enfants se développent. « L’enfant a besoin de famille,
mais pas de n’importe quelle famille: d’une famille compléte, en plein exercice de
ses fonctions reconnues par la société. Ainsi, dans les familles où il y a des
problèmes créés par le décès ou l’abandon d’un des parents, divorce, autorité
parentale réduite, relations conflictuelles entre partenaires, des manifestations
prédélinquantes et délinquantes peuvent apparaître chez les mineurs. Ces
comportements déviants indésirables et rejetés par la société, sont, en fait, des
échecs de la socialisation » (Voinea 2005, p.33).
Nous reproduisons ci-après un cas que nous jugeons représentatif dans la
description de la liaison entre le type des relations intrafamiliales et le
comportement délinquant des sujets.

PROBATION junior ● 120


Nous avons vécu dans une violence terrible, papa était alcoolique et tapait
maman. Chaque jour, maman se réfugiait quelques fois chez les voisins et la
famille. Il trouvait n’importe quelle raison pour la frapper. Nous (les enfants),
lorsqu’on voyait que le scandale commençait, nous fuyions chez les voisins, la
famille et nous rentrions quand on savait qu’il était allé se coucher. Maman
n’est jamais allée à la police parce que c’était différent pendant l’époque de
Ceausescu. Elle partait parfois chez ses parents, à Arad et elle rentrait après
quelques mois. Nous restions à la maison avec lui. Lorsqu’on a grandi, il la
tapait moins souvent, parce qu’on prenait sa défense, à elle. Après la mort de
maman, j’ai commencé aussi à boire, même si toute ma vie j’ai évité d’être
comme lui, d’être alcoolique. Maman était la seule qui ne buvait pas, mais nous
avons hérité de papa. La vie me semblait plus facile ainsi. Tous mes frères
buvaient, ils faisaient des figures à l’occasion, ils se disputaient entre eux.  
J.G., sans antécédents pénaux, 40 ans

Même si 58,8% des personnes enquêtées considèrent que dans la famille d‘origine
ont prédominé les relations basées sur la tranquillité et la compréhension, nous ne
pouvons pas apprécier si celles-ci ont bénéficié durant leur enfance d’un climat
adéquat pour le développement psychique, émotionnel et social. Suite aux
dialogues avec les sujets, nous avons constaté qu’il y a eu des épisodes de
violence même dans le cas de ceux qui pensent avoir vécu dans un milieu basé sur
la tranquillité et la compréhension.
Nous pouvons affirmer qu’avec le temps, ils se sont habitués à certaines actions
violentes, qu’ils sont parvenus à considérer comme naturelles.

J’ai vécu dans une famille tranquille. Mes parents s’entendaient bien, papa
frappait quelques fois maman mais seulement lorsqu’il était fâché. On était
beaucoup d’enfants, papa était le seul qui travaillait et maman s’occupait de la
maison et de nous. Papa nous tapait aussi quelques fois, mais également, à
l’occasion ou lorsqu’il était ivre. Alors il s’énervait et c’était assez grave si lʼon
était dans son chemin.

S.C., sans antécédents pénaux, 45 ans

De plus, ces relations peuvent être décrites avec une note positive, dans la mesure
où plus de ¾ des sujets sont visités seulement par les membres de la famille, en
particulier les parents ou les frères.

La famille est la seule qui vient me visiter. Lorsque j’étais dehors et que je
pouvais aider et donner de l’argent à tous ceux qui en avaient besoin, j’étais
bien, maintenant je ne le suis plus. Dans des situations comme celle-ci, on
réalise que rien nu personne ne se compare avec la famille. Eux t’aiment quoi
qu’on fasse, même si l’on s’est trompé.

S.R.C., sans antécédents pénaux, 29 ans

PROBATION junior ● 121


Nous avons comme important d’observer ci-après quels sont les aspects positifs et
les aspects négatifs repris par les sujets, dans le cadre de la famille d’origine.
Ainsi, 27,1% d’entre eux considèrent qu’ils ont appris à apprécier la famille,
20,4% ont appris à aimer l’école et le travail, 9,9% pensent avoir appris à n’avoir
plus des vices, et 10,5% déclarent à supprimer qu’ils n’ont rien appris de bon. Les
autres, ils ont appris des choses concernant la foi en Dieu, l’amour pour ses
semblables, le respect des règles sociales et légales.
En ce qui concerne les aspects négatifs, 19,3% déclarent qu’ils ont appris à être
violents, 8,8% ont appris à mentir, à tromper et à ne à supprimer respecter
personne, 7,6% ont appris à gagner leur existence illégalement, et 8,3% ont appris
à avoir des vices. Les autres considèrent qu’ils ont appris à être égoïstes,
autoritaires avec les personnes proches, impulsifs, ne pas aller à l’école, etc.
Un autre aspect qui nous a intéressé, en ce qui concerne la famille d’origine,
repose sur le passé infractionnel de ses membres. Selon les résultats obtenus,
6,6% des sujets ont des tuteurs de sexe féminin avec des antécédents pénaux,
14,9% ont des tuteurs de sexe masculin avec des antécédents pénaux, et 31,9%
ont des frères avec des antécédents pénaux. Le tuteur de sexe féminin a commis,
en prépondérance, des vols (66,7%) et, en 33,3% des cas, des délits violents
(homicide, tentative d’homicide, lésions corporelles graves, coups violents ayant
entrainé la mort). Le tuteur de sexe masculin a commis 39,3% des cas de vol, et
elles ont commis 60,7% des actes d’homicide et tentatives d’homicide, lésions
corporelles graves, coups violents ayant entrainé la mort. En ce qui concerne les
délits commis par les frères des sujets, 18,0% sont des vols et 68,1% sont des
actes violents. Dans des proportions insignifiantes d’un de point de vue
statistique, les frères des sujets présentent ont des antécédents en matière de trafic
de drogues, infractions informatiques, infractions contre les bonnes mœurs et
trouble à la tranquillité et l’ordre public En conclusion, les membres de la famille
d’origine des personnes investiguées ont commis, à leur tour, des délits violents.
Cette relation de causalité peut être expliquée, selon nous, notamment par
l’apprentissage du comportement délinquant dans le cadre de la famille. Par
exemple, Albert Bandura aborde l’agressivité de manière différente par rapport à
Sigmund Freud, en considérant que c’est une conduite qui s’apprend. « Les gens
ne ils naissent pas avec des répertoires préformés du comportement agressif; eux
doivent les apprendre d’une manière ou d’une autre » (Bandura 1973, p.61).
L’auteur a repris et réactualisé la théorie de l’imitation initiée par Gabriel Tarde,
en partant de la présomption que les individus sont des êtres sociaux qui
apprennent par la compréhension cognitive du monde dans lequel ils vivent et par
les renforts et les punitions qu’ils reçoivent, en emmagasinant une série
d’informations par lesquelles ils développent des attitudes complexes, comme par
exemple, les comportements violents.
Si l’on tient compte des caractéristiques de la famille d’origine des sujets inclus
dans notre lot de recherche, nous constatons l’existence de plusieurs éléments qui
peuvent être associés à l’apprentissage du comportement homicidaire, en
particulier par rapport aux antécédents pénaux des tuteurs et des frères, de la

PROBATION junior ● 122


nature des relations existantes et du jugement de type patriarcal, selon lequel les
épisodes violents ont pu avoir un rôle éducatif.

La famille constituée des auteurs des délits d’homicide

La plupart des personnes investiguées n’avaient pas de une famille constituée au


moment de la commission de l’infraction (26,1%), étant suivies par les personnes
mariées (23,9%), ceux en relations de concubinage (20,7%), divorcées (17,9%) et
veuves (11,4%). En outre, la moitié de celles-ci ont des enfants (55,4%). 43,0%
ont deux enfants et 24,1% ont trois enfants, ce qui nous permet d’affirmer qu’au
moins, en ce qui concerne la dimension de la famille, ils ont reproduit le modèle
parental.
Puisque nous avons présenté antérieurement la relation entre le niveau
d’instruction et le statut occupationnel des tuteurs et des agresseurs, nous nous
sommes proposé ci-après d’observer si les personnes interviewées ont un statut
occupationnel divers ou semblable à celui de la partenaire de couple (voir Tableau
4).

Tableau 4. Le statut occupationnel du sujet et sa partenaire de couple


Statut occupationnel Statut occupationnel agresseur Statut occupationnel partenaire
% %
Bas* 49,9 53,6
Moyen ** 26,6 18,9
Supérieur *** 2,1 4,4
Elève/étudiant 3,8 3,7
Pensionnaire 6,4 0,7
Au foyer/Sans 11,2 16,1
occupation
NS/NR 0,0 2,6
*Ouvriers non qualifiés; ouvriers agricoles/dans le propre foyer. **Ouvrier qualifiés (techniciens,
contremaîtres, fonctionnaires, emploi administratif). *** Occupations intellectuelles ; managers;
dirigeants d’entreprise.

Nous remarquons, comme dans le cas de la famille d’origine, que le statut


occupationnel des sujets et des partenaires de couple est réduit dans la plupart des
cas. Cette situation nous indique un niveau économique bas de la famille
constituée et en même temps, un risque élevé d’implication dans des actes
infractionnels. Dans le contexte donné, nous précisons que 51,1% des sujets
considèrent que le niveau économique de la famille constituée est satisfaisant,
40,8% sont d’opinion qu’il est bas et au pôle opposé, seulement 7,1% apprécient
que celui-ci est élevé.
En ce qui concerne les principaux sources de revenus, la plupart énoncent qu’elles
proviennent des salaires (43,5%) ou des gains obtenus des travaux agricoles/dans
le propre foyer (35,3%). Dans les autres cas, il s’agit des actes illicites, indemnités
de chômage, pensions, aides sociales, allocations, soutien financier de la part de la
famille d’origine. Un fait nous a particulièrement attiré l’attention, parmi ceux qui
gagnaient leur existence par les jeux d’hasard, affaires usurières etc. (plus

PROBATION junior ● 123


précisément 6,5%), la majorité (83,3%) ont commis des délits d’homicide, par
rapport à ceux qui gagnaient leur existence des revenus salariales et qui ont
commis des homicides dans une proportion plus réduite (52,6%).
Par exemple, un cas qui confirme l’hypothèse du choix d’un mode de vie
délinquant est rencontré dans le cadre de la recherche déroulée dans le Pénitencier
de Sureté Maximale de Craiova.

Ma mère et mon père ont travaillé toute leur vie dans le pénitencier. Mon père a
été directeur du pénitencier des mineurs et maman était comptable en chef.
Lorsque j’étais petit, ils me prenaient avec eux au boulot parce qu’ils n’avaient
personne pour prendre soin de moi à la maison. J’entrais dans les sections, je
sortais dans la cour, je trainais derrière les gardiens, et c’est ainsi que j’ai
grandi, parmi les infracteurs. Après avoir fini le lycée, ils m’ont obligé à aller à
une école pénitentiaires et j’ai été embauché avec eux, au pénitencier.
Maintenant, adulte, j’ai commencé à parler avec les détenus, à lier des amitiés et
on a créé des réseaux. Moi à l’extérieur, eux à l’intérieur. Tout allait très bien,
eux, ils me mettaient en contact avec les gens et moi, je résolvais le problème. Je
faisais divers échanges, je prenais et donnais de l’argent avec intérêts, j’étais
aussi récupérateur, je faisais tout. Ainsi, au boulot comme dans le temps libre, je
ne faisais que ça, des affaires, et je gagnais dix fois plus que mon salaire (il
sourit).

M.J., avec des antécédents pénaux, 34 ans

En ce qui regarde le climat socio-affectif existant dans la famille constituée des


personnes enquêtées, nous remarquons l’existence des proportions diverses entre
le type de relation entre l’agresseur et sa partenaire et entre enfants et agresseurs,
dans le sens que la relation que ces derniers avaient avec les propres enfants était
fondée en principe sur la tranquillité et la compréhension. Ainsi, les résultats
mettent en évidence le fait que la relation que les personnes interviewées
entretenaient avec leur partenaire de couple est caractérisée, dans une plus grande
mesure, par la violence verbale et physique que la relation entre leurs tuteurs (voir
Tableau 5).

Tableau 5. Le type des relations de la famille constituée des sujets


Tranquillité Violence Soumission Distance NS/NR
Relation et verbale et subordination et indifférence %
compréhension et physique % %
% %
Sujet et 49,6 45,1 3,0 1,5 0,8
partenaire
Tuteurs et 75,5 17,0 3,2 2,1 2,1
enfants

En partant de cette constatation, nous nous sommes proposés de comprendre


quelle est la nature des relations que les sujets avaient avec les tuteurs lorsqu’ils
étaient enfants et la relation qu’ils avaient avec leur partenaire de couple, avant

PROBATION junior ● 124


d’être condamnés. D’un point de vue statistique, de la corrélation des deux
variables (la relation du sujet avec ses tuteurs et la relation du sujet avec la
partenaire) il en résulte un coefficient de corrélation r = 0,15 et p = 0,01
(significativement élevé). Ce résultat nous indique qu’il y a un lien fort entre la
relation que le sujet avait pendant son enfance avec ses tuteurs et la relation qu’il
avait, en liberté, avec sa partenaire de couple. Il est caractérisé dans les deux
situations analysées (tuteurs, partenaire) par un comportement violent, manifesté
envers les membres de la famille.
Pour nous assurer de la véridicité de notre conclusion, nous avons inclus dans le
calcul statistique une tierce variable, c’est-à-dire, la relation que les sujets avaient
pendant l’enfance avec leurs frères.
Ainsi, l’analyse des dispersions ANOVA (Tableau 6) nous a permis de comparer
les trois relations que l’agresseur a eut jusqu’à présent: la relation avec les tuteurs,
les frères/soeurs et la partenaire de couple.
Tableau 6. La relation avec les tuteurs, les frères et la partenaire de couple
SS df MS F p
1.336 2 0.668 0.625 0.535

Le niveau de signification p = 0,53 indique la présence de certaines similitudes


remarquables entre les trois variables, démontrant que les sujets ont eu le même
comportement avec la partenaire de couple, comportement similaire à celui qu’ils
adoptaient dans leur famille d’origine, fait qui est pas du tout surprenant, les
habitudes acquises pendant l’enfance se perpétuant aussi dans la vie d’adulte.
Ainsi, les personnes condamnées pour avoir commis des délits d’homicide
manifestent dans leurs relations avec les membres de leurs familles un
comportement violent (tuteurs, frères, partenaire) par un comportement violent.
Puisque le sujet est l’élément commun des trois relations analysées ici, nous
considérons que celui-ci manifeste un comportement violent pendant la vie, et pas
seulement situationnel.
Notre hypothèse peut être confirmée, spécialement, dans le cas des délits
d’homicide commis dans l’espace familial. Par exemple, dans la littérature de
spécialité, l’homicide conjugal est associé à une série de facteurs favorisants
notamment le passé infractionnel des auteurs et des victimes, la consommation
d’alcool et les comportements violents répétés. Selon notre opinion, un individu
qui manifeste un comportement violent dans la majorité des relations dans
lesquelles il est impliqué, en particulier dans les relations de famille, peut aboutir
à commettre l’homicide de sa partenare. Cette affirmation est corrélée avec le
point de vue de Marc Le Blanc et de ses collaborateurs, qui apprécient que les
risques que dans le couple conjugal il y arrive un meurtre sont, d’habitude,
semblables à ceux qui génèrent la violence physique entre les partenaires de vie.
« Malgré La spécificité (les caractéristiques) de l’homicide conjugal, il ne faut pas
perdre de vue l’aspect suivant: la proportion des actes violents finalisés par le
meurtre est infime et elle n’exonère pas l’auteur du crime conjugal du fait que

PROBATION junior ● 125


celui-ci n’aurait pas frappé sa partenaire avant de la tuer » (Marc Le Blanc et al.
2010, p.96).
Nous présentons, brièvement, l’histoire de vie d’un des sujets. Ce cas nous a
interpellé parce que la relation entre les deux partenaires était caractérisée par la
violence, et son action a représenté par une fome de violence qui culmine par la
perte d’une vie humaine.

C’est vrai que j’étais coupable, mais pas seulement moi. On ne s’est jamais
entendu avec J., mon ex-femme. En fait, nous nous sommes mariés parce nos
parents avaient insisté. Moi, j’ai aimé une autre femme, pauvre aussi (la
victime) elle a aimé un autre. Parce cette femme-là était pauvre, et mes parents
avaient de l’argent, ils ne m’ont pas laissé l’épouser. J’ai eu avec J. deux enfants
et on a essayé de les élever le mieux possible. Mais on se disputait souvent, je
buvais assez beaucoup, elle, en échange, ne buvait pas et était tout le temps
absente de la maison. On s’est frappé plusieurs fois, même en présence des
enfants.
Je sais qu’il n’y a pas d’excuses pour ce que j’ai fait, elle avait une vie et
méritait de la vivre, mais quoique j’ai essayé, je n’ai pas réussi à m’approcher
d’elle, au contraire, chaque jour ensemble nous éloignait même plus. Notre
mariage me fatiguait, j’étais tout le temps irascible, moi ou elle, on trouvait
toujours des raisons pour se disputer et, je vous l’ai dit, pour nous frapper.

C.C., sans antécédents pénaux, 38 ans

Concernant les explications données par les personnes interviewées, la majorité


des relations fondées sur la tranquillité et la compréhension sont dues, selon elles,
à l’amour et à la passion, au respect et à la confiance, à l’amour pour les enfants et
la famille. En échange, les relations fondées sur la violence verbale et physique, la
soumission et la subordination ou l’attitude distante et indifférente, sont
expliquées par l’incompatibilité de caractère, la consommation d’alcool d’un ou
des deux partenaires, la jalousie, les difficultés financières, l’attitude autoritaire et
le manque d’amour.

Conclusions et implications pratiques

La famille d’origine et la famille constituée des personnes investiguées sont


caractérisées, en général, par un niveau d’instruction, statut occupationnel et
niveau économique bas. Aussi, les relations intrafamiliales sont souvent fondées
sur la violence verbale et physique, l’attitude distante et indifférente ou la
soumission et la subordination. Les antécédents pénaux pour les délits commis
avec violence sont présents tant chez les tuteurs que chez les frères des sujets. Ces
éléments indiquent le rôle primordial que l’espace familial joue dans l’étiologie
du comportement homicidaire.
En partant des résultats obtenus, nous présentons deux axes principaux
d’intervention dans la prévention des délits d’homicide.

PROBATION junior ● 126


La première direction est liée à la proportion élevée des sujets qui proviennent du
milieu rural. Dans ce contexte donné, les stratégies d’implémentation doivent
viser également les familles de ces zones d’habitation.
Le second axe repose sur le développement de certaines stratégies qui proposent
la prévention de la violence intrafamiliale, en plus de l’intervention dans les
situations de crise. Par exemple, avec l’aide de la police de proximité et des
membres de la communauté, on peut identifier les familles où le risque de la
manifestation d’une forme de violence semble élevé.
Le principe selon lequel doivent se baser les stratégies de prévention des
comportements homicidaires se fondent sur l’intervention spécifique. Il s’agit de
respecter les particularités des auteurs et des victimes (hommes, femmes, enfants,
personnes âgées, personnes immobilisées ou avec des troubles mentaux,
personnes sans domicile, personnes qui ont exécuté une peine privative de
liberté).
En même temps, les éventuelles limites que les institutions et les organisations de
profil devraient tenir compter, sont liées aux individus (santé mentale,
consommation élevée d’alcool et l’état au moment de la perpétration du délit);
l’impossibilité du contrôle direct de la vie de famille, l’insuffisance des ressources
financières octroyées au niveau national ; les valeurs et les pratiques sociales,
favorables dans certains contextes, à la production des actes de criminalité
violente.
Notre démarche nécessite également la connaissance de certains éléments
étiologiques provenant du domaine de la psychologie, de la criminologie et de la
psychopathologie, puisque la perspective sociologique ne peut offrir
d’explications pour les cas moins représentatifs de notre échantillon. A l’avenir,
notre démarche consistera à compléter le présent dispositif d’analyse, par la mise
en oeuvre de recherches qui inclueraient les témoignages des membres de la
famille des sujets, du groupe d’amis, et, là c’est possible, d’autres personnes
présentes au moment de commission de l’infraction.

Bibliographie

Bandura, A. (1973). Aggression: a social learning theory. New Jersey: Prentice -


Hall Inc.
Loeber R., Farrington D. P. et Petechuk D. (2003). Child Delinquency: Early
Intervention and Prevention, U.S. Department of Justice Office of Justice
Programs Office of Juvenile Justice and Delinquency Prevention, [Online]
Disponibil la: https://www.ncjrs.gov/pdffiles1/ojjdp/186162.pdf
Le Blanc, M. et Cusson, M. (coord.) (2010). Traité de criminologie empirique,
quatrième édition. Montréal: Les Presses de l´Université de Montréal.
Toader, T. (2007). Drept penal. Partea specială, ediția a II - a. București:
Hamangiu.
Voinea. M. (2005). Familia contemporană. Mică enciclopedie. Bucureşti: Focus.

PROBATION junior ● 127

Vous aimerez peut-être aussi