Pour comprendre l'anti-matière

Jacques Bergier

La matière a probablement mille autres qualités que nous ne

connaissons pas. V O L T A IR E : L eure i L a Contamine.

L’ID ÉE DES UNIVERS PARALLÈLES

On en parle, comme on parlait de la fission nucléaire en 1938. Des

rapports de transfuges politiques, des indiscrétions recueillies par
l ne certitude : des journalistes, des sous-entendus de savants ou d’hommes d ’État,
Tanti-particule des récits de science-fiction créent une atmosphère assez semblable
à celle de l’époque où le monde commençait à croire la bombe
atom ique possible. On parle d’armes plus puissantes non seulement
l ne hypothèse : que toutes celles qui ont jam ais été utilisées, mais encore que toutes
l'anti-m onde celles existant dans les arsenaux secrets, de fusées interstellaires
propulsées par l’annihilation totale de la matière, de catastrophes
qui se seraient déjà produites dans les laboratoires expérimentaux.
Récemm ent, un communiqué signé de dix-sept grands savants amé­
ricains a mis l’accent sur le retard que l’Amérique aurait pris dans
le domaine des recherches sur l’anti-matière. La presse russe, dans le
même temps, accuse les savants américains de chercher à réaliser
l’arme absolue capable de détruire des continents entiers. En France,
la science officielle a adopté l’attitude de l’autruche et affirme que
l’anti-m atière n’existe pas.
S’agit-il d’une réalité comme on le pense à l’étranger, ou d’un mythe
comme on le croit en France? Quelle est la part de l’imagination et
de la science-fiction dans les rumeurs qui circulent?
En 1932, le physicien anglais Paul Dirac, prix Nobel de
physique1, énonça une théorie nouvelle de l’électron. D ’après ses
travaux, le monde observable —les atomes, les hommes et les étoiles —
1. Voir te « D ictionnaire des Responsables », dans Planète i r 12.

Du fond de l’océan de Dirac.. Les ouvertures de la science

(Illustration de Picard).
n’est qu’une mince pellicule à la surface de la
vraie réalité. Cette véritable réalité est un océan
composé de particules. Il est extrêm em ent dense,
et les particules qui le com posent sont, par
rapport à nous, dans un état où leur énergie est
plus petite que zéro: elles ont des énergies
négatives. Cette ultime réalité, cet océan de
Dirac, n’est pas détectable. M ais les rayons cos­
miques ou les particules extrêm em ent énergé­
tiques produites par des accélérateurs peuvent y
faire des trous ou des bulles.
ÉLECTRON ET POSITRON
Imaginons un radeau flottant à la surface de la
mer. A partir de ce radeau, un tuyau plonge dans
l’eau. Ce tuyau est relié à une pompe. En faisant
fonctionner la pom pe on peut faire apparaître à
la surface, et même au-dessus, de l’eau qui n’y
était pas précédem m ent. En même temps, à
l’intérieur, se form ent des bulles d ’air, car une
pompe n’est jamais com plètem ent étanche et
vide d’air. Si une goutte d’eau rencontre un trou
ou une bulle d’air, elle le remplit, tous les deux
disparaissent et il n’y a plus à nouveau que la
surface plane de la mer. De même, des particules
ou des rayons, naturels ou artificiels, peuvent
arracher à l’océan de D irac des particules nou­
vellement créées: ce sont des électrons, et des
particules qui ne sont en réalité que des trous
dans l’océan, des trous qui apparaîtraient à nos
sens et à nos instrum ents comme des anti-parti-
cules: des électrons chargés positivem ent1 et qui,
au contact d’électrons normaux, se détruiraient.
L’expérience a confirmé cette vision fantastique.
Les électrons accélérés dans des machines, les
rayons cosmiques, les rayons gamma se sont
révélés capables d’arracher au vide des paires de
particules composées d ’un électron normal et
d’un anti-électron chargé d’électricité positive.
Ce dernier a été baptisé positron. L’électron et
le positron se détruisent lorsqu’ils entrent en
contact (la goutte d’eau est retom bée dans le
1. Rappelons que l’électron normal a une charge électrique négative.
Pour comprendre l'anti-matière
trou) en libérant leur énergie sous forme de
rayons gamma.
On a fait mieux. Il y a une quinzaine d’années
environ, on a réussi, grâce à des accélérateurs
puissants, à extraire également de l’océan de
Dirac des anti-protons, puis des anti-neutrons.
On a constaté peu à peu que toutes les particules
connues ont leur anti-particule: dans l’océan
de Dirac un trou correspond à chaque particule.
Au contact d’une particule, l’anti-particule se
détruit et l’énergie de la matière est totalem ent
libérée. Cette loi paraît être absolument générale.
Chaque fois que les physiciens nucléaires
trouvent une particule, l’anti-particule est assez
rapidem ent découverte. Nous sommes restés,
jusqu’à présent, sur le terrain des faits. A partir
de m aintenant, et il faut s’en souvenir à chaque
instant, nous entrons dans le domaine des
hypothèses.
DES ANTI-PARTICULES
A L’A NTI-M ATIÈRE
Que sait-on de la constitution de la matière
normale? A utour d’un noyau positif, composé
de protons et de neutrons, tournent des électrons
négatifs disposés en couches. Le vocabulaire
qui exprime la réalité nucléaire est souvent
im propre: le mot «couche» se rapporte en fait
à des niveaux d’énergie. Il ne s’agit pas d’orbites
semblables à celles des planètes tournant autour
du Soleil. Les mots «positif» et «négatif» se
rapportent à des charges électriques. On a décidé
arbitrairem ent d’appeler négative l’électricité de
l’électron, positive celle du proton. Une autre
terminologie aurait mieux convenu: électricité
nord et électricité sud, ou encore électricité
rouge et électricité bleue. La terminologie
actuelle risque de provoquer une confusion chez
les lecteurs non spécialisés. Je répéterai donc, au
risque d’irriter le physicien nucléaire: la matière
est composée de noyaux portant de l’électricité
positive entourés d’électrons portant de l’électri­
cité négative. Les noyaux, comme les électrons,
ont une énergie positive, le mot « positif » étant
cette fois pris dans le sens de supérieur à zéro.
Les noyaux, comme les électrons, flottent sur un
océan de particules d’énergie négative, le mot
« négatif » étant pris dans le sens de inférieur à
zéro et n’étant plus une désignation arbitraire.
Les trous, dans ce niveau d’énergie négative,
apparaissent comme anti-particules: électrons
positifs, protons négatifs, anti-neutrons, anti-
mésons, anti-hypérons, anti-particules sigma,
anti-particules ksi et ainsi de suite.
La matière peut se form er à partir des particules.
A vrai dire, on n’a jam ais réussi, du moins à ma
connaissance, à fabriquer de l’hydrogène lourd
par convergence de faisceaux de neutrons et de
protons. M ais en bom bardant de l’hydrogène
liquide avec des neutrons, il se forme de l’hydro­
gène lourd dont le noyau est composé d’un
proton et d’un neutron. Le physicien a donc
toutes les raisons de croire que, par capture en
chaîne de neutrons, tous les éléments peuvent
se former à partir d’un chaos fondam ental
com prenant uniquem ent des protons et des
neutrons.
Le même phénom ène existe-t-il en ce qui
concerne une hypothétique anti-matière? Des
anti-protons et des anti-neutrons peuvent-ils se
combiner pour fournir des noyaux autour
desquels graviteraient des positrons? Est-il pos­
sible de fabriquer de l’anti-hydrogène, de l’anti-
fer, de l’anti-m ercure? Certaines des galaxies
de l’univers sont-elles composées d’anti-matière?
Existe-t-il un anti-univers, situé dans un autre
espace-temps ou situé dans notre continu à nous,
mais se déplaçant de l’avenir vers le passé? Telles
sont les formidables questions que la science
commence à se poser.
Un positron ou électron positif, tournant autour
d’un noyau composé d’anti-neutrons et d’anti­
protons, ém ettrait de la lumière; la même lumière
que celle émise par la matière la plus banale.
Le télescope ne peut donc pas nous renseigner.
S’il existe des galaxies composées d’anti-matière,
elles dispersent une luminosité identique à celle
des galaxies normales. Par contre, si une galaxie
d’anti-matière rencontre une galaxie de matière
normale, une formidable explosion doit se
produire puisque m atière et anti-m atière se
détruisent mutuellement. Des étoiles d’anti­
matière peuvent également être perdues dans un
univers de matière et entretenir leur énergie
parce que la m atière normale cosmique qui
frappe leur surface se détruit automatiquement
à leur contact.
Nous ne sommes donc pas certains que l’anti­
m atière existe. Mais certains scientifiques
pensent que, par raison de symétrie, l’anti­
m atière doit nécessairement exister. D ’autres
pensent que l’univers n’est pas symétrique. Dans
ce cas, l’anti-matière n’existerait pas, et les
anti-particules seraient uniquement des évé­
nements tout à fait exceptionnels produits par
de grandes concentrations d’énergie locale et
faisant un trou dans la distribution des parti­
cules d ’énergie négative qui constituent l’océan
de Dirac. Ce point de vue est défendu notamment
par un des inventeurs de la fission nucléaire, le
professeur O tto R. Frisch, qui dirige actuel­
lement la section Physique nucléaire de l’illustre
laboratoire Cavendish de Cambridge.
Par contre, d’autres physiciens tout aussi éminents
pensent qu’il existe non seulement un univers
parallèle d’anti-matière, mais d’autres univers
parallèles de m atière normale dans d’autres
dimensions. C’est ainsi que Pascual Jordan estime
que les supernovae proviennent d’autres univers
et apparaissent brusquement dans le nôtre.
Quoi qu’il en soit, et même si l’anti-matière
n’existe pas dans l’univers, rien ne prouve que
l’homme n’arrivera pas à la fabriquer. L’acé­
tylène ou le plutonium n’existent pas dans la
nature, ce qui n’empêche pas l’homme d’avoir
des industries de plastiques ou de fabriquer des
bombes atomiques. Il est donc tout à fait légitime
de se dem ander ce qui arriverait si l’industrie
humaine arrivait à fabriquer de l’anti-matière.
LE PLUS FORM IDABLE
ACCUM ULATEUR D ’ÉNERGIE
Il faut 1014 kWh pour fabriquer dix tonnes
d’anti-matière; ce chiffre représente la consom­
mation mondiale d’énergie pendant dix ans. Pour
pouvoir produire et concentrer de telles énergies,
Les ouvertures de la science
il faudrait probablem ent utiliser non pas l’élec­
tricité actionnant des accélérateurs de particules,
mais quelque réaction nucléaire tout à fait
nouvelle: par exemple la fission d ’un noyau
synthétique trans-plutonien1 en un noyau normal
de plutonium et un anti-noyau. Des chercheurs
qui ont quitté l’U.R.S.S. prétendent que de telles
réactions y ont été découvertes. Ce genre d’infor­
mation n’est évidemment pas facile à vérifier.
En adm ettant que la science arrive à fabriquer de
l’anti-m atière comme elle fabrique de l’acétylène
ou du plutonium, l’opération serait équivalente à
la réalisation du plus prodigieux accum ulateur
d’énergie qui se puisse concevoir. Car tout porte
à croire que, au contact de la matière normale,
l’anti-matiere se détruirait en libérant toute
l’énergie de la m atière avec laquelle elle est en
contact et toute son énergie propre. Une tonne
d’an tim atière plus une tonne de matière égalent
deux tonnes d’énergie, soit 2 ,1 0 13 kWh, soit
encore vingt milliards de milliards de kWh! Pour
em pêcher cette destruction et conserver l’anti­
matière, il faudrait la m ettre à l’abri dans une
bouteille magnétique, c’est-à-dire dans un champ
magnétique de forme spéciale tout comme le
plasm a2. La bouteille magnétique seule serait
sans doute insuffisante et devrait probablem ent
être renforcée par des champs électriques ou
électro-magnétiques. Ce problème technique ne
paraît pas du tout insoluble : si le savant arrive
a fabriquer de l’anti-m atière, il arrivera à la
conserver. D ’autant qu’il est possible que le
fameux principe d’exclusion de Wolfgang Pauli,
selon lequel deux particules d’un système ne
peuvent être dans le même état, jo u e 3.
Quelques calculs basés sur cette idée paraissent
dém ontrer que chaque anti-élém ent ne pourrait
détruire que l’anti-élément correspondant: l’anti-
m ercure détruirait le m ercure, mais ne détruirait
par le fer normal. Dans ces conditions, la conser­
vation de l’anti-m atière serait plus facile qu’on
ne le pense. Elle n’exigerait pas même de bou­
teille magnétique. Le manifeste des savants
américains fait peut-être allusion à une décou­
verte de ce genre lorsqu’il signale de sensationnels
travaux russes dans le domaine de l’anti-matière.
Pour comprendre l'anti-matière
En tout cas, les progrès récents de la physique
nucléaire rendent parfaitem ent concevables à la
fois la découverte d ’un procédé de synthèse des
anti-noyaux dans une réaction nouvelle et la mise
au point des procédés de conservation. Il est donc
imaginable que certains États disposent prochai­
nement de réserves d’anti-matière en quantité
pondérable. L’humanité va ainsi entrer dans une
phase nouvelle, acquérir des pouvoirs qu’elle
n’osait guère envisager. Que va-t-elle en faire?
LA LAM PE VOLANTE
A LA CONQUÊTE DES ÉTOILES
Le professeur Stanioyoukovitch, de Moscou,
répond à cette question: elle va conquérir les
étoiles! Ce professeur et les chercheurs de son
Institut ont imaginé, et commencé à étudier dans
le détail, un engin propulsé par l’anti-matière et
qu’ils ont baptisé : « la lampe volante ». A bord de
cet engin, qui se déplacerait à une vitesse voisine
de celle de la lumière, des hommes pourraient
explorer l’univers tout entier: toutes les étoiles de
notre galaxie, et peut-être même d’autres galaxies.
Voici le principe général de la «lampe volante»:
plus les particules émises par une fusée vont vite
et plus celle-ci peut accélérer rapidement. Le
professeur Stanioyoukovitch a donc pensé que
s’il pouvait construire une fusée qui ém ettrait de
la lumière et non pas des gaz incandescents, une
lampe volante en quelque sorte, celle-ci pourrait
atteindre des vitesses perm ettant, grâce à la
contraction du temps prévue par la théorie de la
relativité, de visiter les étoiles les plus lointaines.
1. On appelle élém ents trans-plutoniens les éléments au-delà du plu­
tonium , c ’est-à-dire au-delà du num éro atom ique 94 de la liste de
M endéléev. Ces élém ents sont connus jusqu’au num éro 102. Il y a des
raisons théoriques de croire qu’ils vont jusqu’au num éro 137 (cosmium).
2. Voir à ce sujet l’article de Jacques Bergier sur L e quatrième état de la
matière dans Planète n* 10.
3. Le principe de Pauli, découvert p ar cet ém inent savant alors qu’il
assistait à une représentation de Faust, revient à dire que rien n’est iden­
tique dans l’univers. N ous savons p ar observation directe qu’il n ’y a pas
deux hommes, deux animaux ou deux plantes qui soient rigoureusem ent
identiques. Le principe d e Pauli dit qu’il en est de même dans le m icro­
univers; en particulier dans un atom e, deux électrons ne peuvent
occuper le même niveau d ’énergie car alors ils seraient identiques.
C ’est ce qui explique la table périodique des éléments. Si le principe
de Pauli s’applique à Panti-m atière, la conservation de l’anti-m atière
serait beaucoup plus facile qu’on ne le croit.
Un prem ier et formidable obstacle est aussitôt
apparu. La réflexion de la lumière, ou d ’une
radiation magnétique quelconque par un miroir,
n’est jamais totale. Un pourcentage infime
d’énergie est absorbé par le miroir. Mais, sur des
milliers de milliards de milliards de calories,
même un pourcentage infime suffirait pour
fondre n’importe quel miroir.
Stanioyoukovitch et son équipe ont éliminé cette
difficulté. Ils ont montré qu’il existe un cas où les
radiations sont réfléchies avec un rendem ent
extrêm em ent voisin de 100%, disons avec moins
d’un milliardième d ’absorption par le réflecteur.
C’est le cas où la réflexion concerne des ondes
d’un dixième de millimètre de longueur (à la
frontière de la radio et des rayons infra-rouges)
par un bloc épais de cuivre poli. Des mesures
extrêm em ent délicates ont montré que le phé­
nomène est tellem ent proche de la réflexion
totale qu’il serait possible, à l’aide d’un miroir
épais en cuivre pur poli, de renvoyer dans
l’espace un faisceau de rayons de Î/IO?"* de mm.
cinq millions de fois plus intense que le soleil,
sans que le miroir fonde.
Le second obstacle qui s’est élevé sur la route
menant à la « lampe volante » est l’étude des
moyens susceptibles de convertir l’énergie
d’annihilation de la m atière par l’anti-m atière en
ondes de 1 dixième de millimètre. Le professeur
Stanioyoukovitch et son équipe se com portent
actuellem ent comme si ces problèmes avaient été
résolus. Je ne pense pas qu’il s’agisse simplement
d’optimisme béat.
Le troisième obstacle est le bom bardem ent cos­
mique. Une fusée qui se déplace à la vitesse de la
lumière, ou presque, reçoit évidemment beaucoup
plus de rayons cosmiques qu’une fusée qui se
déplace simplement à 10 ou 15 km seconde. La
densité du rayonnem ent cosmique étant sensi­
blement la même dans l’espace, une fusée qui
se déplace très vite en intercepte plus dans un
temps donné: c’est de l’arithm étique élém en­
taire. Le calcul m ontre que les voyageurs
recevraient très vite une dose mortelle. Il faut
donc un dispositif de protection, protégeant la
fusée à l’extérieur. Stanioyoukovitvh et son
équipe ont publié les plans d’une telle barrière
de protection. Il s’agit d’un barrage magnétique
artificiellement créé.
Bien entendu, la lampe volante devrait être cons­
truite dans l’espace et lancée de façon que le jet
de radiations n’atteigne jamais la Terre. Sinon,
de vastes étendues de la surface terrestre
fondraient. Le professeur Agrest pense 1 que lés
tectiques sont justem ent dues à des réacteurs de
lampes volantes ayant visité la Terre dans le passé
ou ayant été lancées par des civilisations ter­
restres d’un passé extrêm em ent lointain et ayant
eu une technique extrêmement avancée. Une
formule relativement simple donne la durée du
trajet, dans le temps propre des passagers de la
« lampe volante » 2.
Si on l’applique à un astronef qui parcourt la
moitié de sa trajectoire avec une accélération
égale à la pesanteur terrestre et qui ensuite
commence à freiner avec la même accélération
jusqu’à son arrêt, on arrive à des résultats fantas­
tiques. Les passagers voyageant dans ces condi­
tions dans une lampe volante ne s’apercevraient
de rien. La pesanteur à l’intérieur de l’engin
resterait égale à la pesanteur terrestre. Le temps
leur paraîtrait s’écouler normalement. Mais en
quelques années ils auraient atteint les étoiles
les plus proches. En vingt et un ans (de leur
temps), ils atteindraient le noyau dense de notre
galaxie qui se trouve à vingt-sept mille années-
lumière de nous. En vingt-huit ans, ils rejoin­
draient la nébuleuse d’Andromède qui est la
galaxie la plus proche, à deux millions deux cent
cinquante mille années-lumière de nous.
Insistons bien: il ne s’agit pas de science-fiction.
La formule à laquelle nous faisons allusion a été
1. Voir Planète n° 7
2. Pour nos lecteurs ayant quelques connaissances de mathém atiques
supérieures, nous donnons la formule à laquelle nous nous référons:
,= ( Ï ) arcch( i+S )
Il est extraordinaire q u 'un phénom ène aussi étonnam m ent fantastique ev
dépendant de propriétés aussi subtiles de l'espace et du temps que la
contraction relativiste de durée puisse s’exprimer par une équation aussi
simple. D ans cette formule c est la vitesse de la lumière, a l’accélération,
S la longueur du parcours en centim ètres, t le temps seconde. A rcch
veut dire arc de cosinus hyperbolique: c’est une fonction m athém atique
dont il existe des tables com me des tables de logarithmes.
Les ouvertures de la science
vérifiée expérim entalem ent en laboratoire. A
partir de cette formule, le calcul peut être fait
et refait p ar quiconque sait se servir d ’une table
de logarithmes. Il n’est guère possible de se
trom per et d’ailleurs tous les résultats obtenus
dans ce domaine co n co rd en t1. Il est donc
essentiel de réfléchir à la signification humaine
des phénom ènes qui vont se produire.
Les explorateurs qui iront en lampe volante
jusqu’à la nébuleuse d’A ndrom ède reviendront
dans cinquante-six ans, plus le temps de séjour
dans les planètes qu’ils auront explorées; mettons
soixante-dix ans (soixante-dix ans de leur temps).
Mais quatre millions cinq cent mille ans se seront
écoulés sur la Terre. Le voyage aux vitesses
voisines de celle de la lumière est une conquête
non seulement de l’espace mais du temps. Non
seulement l’univers mais l’avenir deviennent
accessibles. Seuls les auteurs de science-fiction
ont songé à ces conséquences. Mais il est
peut-être temps de ne pas leur laisser le m ono­
pole de ce genre de réflexion, de réfléchir aux
conséquences pour l’humanité. Bien entendu,
une fois que les voyageurs ont atteint l’avenir,
le retour dans le passé est tout à fait impossible :
nous sommes dans le monde réel, et non dans un
roman. La «machine à voyager dans le temps»,
de Wells, reste et restera à jamais im possible2.
Mais la possibilité d’explorer l’univers et de
revenir ensuite des siècles, des millénaires ou des
millions d’années plus tard, est déjà suffisamment
étonnante. Si, comme certains le pensent, l’his­
toire est cyclique, si les civilisations s’écroulent et
renaissent, le voyage en lampe volante perm ettra
peut-être de m aintenir la continuité, à une civi­
lisation décadente de recevoir une transfusion de
sang par l’apport d’une science avancée pro­
venant de son passé, en même temps qu’elle
recevra ce que les explorateurs auront pu
découvrir sur les planètes des autres étoiles.
Cette colonisation, non seulement de l’espace
mais du temps, est un phénom ène tout à fait
nouveau dans l’histoire de l’humanité. On a
beaucoup parlé de travailler pour la postérité,
de préparer des «lendemains qui chantent», de
lutter pour les hommes de l’avenir. La lampe
Pour comprendre l'anti-matière
volante, la fusée anti-matière, nous donne le
moyen réel, physique, de prendre contact avec la
postérité. Il est probable que les hommes de
l’avenir voyageront dans l’espace non seulement
pour explorer les galaxies, mais pour transm ettre
aux civilisations futures le meilleur de ce qu’ils
auront pu réaliser. Rien qu’à ce titre, la décou­
verte de l’anti-matière com ptera comme celle
du feu.
LE CÔTÉ N O IR DE L’ANTI-M ATIÈRE
L’anti-matière est une promesse, mais elle est
aussi une menace. Une bombe anti-matière,
cinquante ou soixante-quinze fois plus puissante
que les plus grosses bombes à hydrogène, une
bombe anti-matière d’une puissance de mille ou
de cinq mille mégatonnes pourrait provoquer la
fin de notre civilisation. Une telle bombe
explosant à haute altitude, selon une technique
étudiée par l’ingénieur militaire français Camille
Rougeron, incendierait le continent américain ou
l’Europe. Sur des étendues de l’ordre des États-
Unis, ou des six pays de la Communauté euro­
péenne réunis, tout brûlerait. Dans une réalité
physique, ce serait le déluge de feu de l’Apo­
calypse, Hiroshima multiplié par cent mille.
L’angoisse de Khrouchtchev déclarant qu’il
tremblait devant le contenu de la serviette des
savants est alors compréhensible.
En supposant qu’il existe un stock d’anti-matière
et qu’il soit possible de le conserver — l’anti­
matière n’est pas radio-active et doit en principe
se conserver indéfiniment —, il est facile pour
un ingénieur de dessiner les plans d’une bombe
anti-matière. Il suffit de m ettre en présence de
l’anti-matière et de la matière normale de même
numéro atomique pour qu’une effroyable
explosion se produise.
Allons-nous apprendre un jour qu’un pays X a
des bombes à anti-matière tournant autour de la
1. Les calculs aboutissant à la formule ont été faits avec des méthodes
différentes et des raisonnem ents différents par Esnault-Pelterie, Sagan,
Sânger, Schlovsky...
2. Les équations m ontrent que pour voyager dans le passé, il faudrait
une quantité d ’énergie infinie, une quantité d ’énergie plus grande que
celle dont on p eut disposer dans to u t l’univers.
T erre dans des satellites, prêtes à être
déclenchées à la réception d’un signal? C’est ce
que craignent les dix-sept savants américains qui
ont signé le récent manifeste C’est ce que craint
le docteur Linus Pauling, prix Nobel. Recevant
ce prix pour la deuxième fois — la prem ière fois
pour la chimie et la seconde fois pour la paix —,
Pauling parla d’armes plus terribles que la bombe
atomique, actuellem ent en construction. Il
demanda une intervention immédiate des Nations
Unies. Pour le m oment, le danger de la bom be à
anti-matière est « un nuage pas plus gros qu’une
main d’hom m e2». Quand ce danger deviendra-
t-il réel? Il est évidemment difficile de le préciser,
mais cela peut être rapide, très rapide. En 1938,
toutes les richesses du m onde étaient nécessaires
pour acheter un gramme de plutonium. En 1964,
un gramme de plutonium est estimé à 12 dollars
dans les études technico-commerciales des
centrales nucléaires3.
Nous sommes probablement, en ce début de
l’année 64, au point où toutes les richesses du
monde ne suffiraient pas pour acheter un gramme
d’anti-matière. Combien d’années vont s’écouler
avant qu’un gramme d ’anti-matière vaille 12 dollars
- 60 francs —comme c’est le cas m aintenant pour
le plutonium? Très peu, peut-être.
L’A NTI-M A TIÈRE ET LA SCIENCE
L’anti-matière est une promesse quand elle est
vue par des techniciens de l’astronautique, et une
menace lorsque des techniciens militaires l’envi­
sagent. Pour le chercheur de laboratoire, c’est
une possibilité fascinante, pouvant conduire à des
découvertes sans précédent. Parmi ces décou­
vertes, l’une a été déjà faite expérim entalement
par l’Américain M artin Deutsch. Il a constaté
qu’avant de se détruire m utuellem ent le positron
et l’électron forment pendant un très bref instant
une m atière nouvelle, le positronium.
Dans le positronium, l’électron et le positron
tournent autour de leur centre de gravité
commun. Il s’agit d’un élém ent plus léger que
l’hydrogène: ce que l’on aurait cru impossible
à priori. Il ne rentre pas dans la table périodique
de M endéléev4. On peut beaucoup rêver sur le
positronium. S’il y avait seulement un moyen
de le stabiliser! On se prend à rêver de ballons
remplis d ’un gaz 920 fois moins dense que
l’hydrogène, de métaux et d’alliages flottant dans
l’air: les villes volantes de Swift dans « Les
Voyages de Gulliver» à Laputa. Une science
future arrivera peut-être à stabiliser le posi­
tronium: peut-être en le gelant au voisinage du
zéro absolu, peut-être en l’emprisonnant dans
un champ magnétique structuré. L’étude de la
matière s’enrichira alors prodigieusement.
Le positronium n’est pas encore l’anti-matière.
C’est un élément intermédiaire, à la frontière
de deux mondes, celui de la m atière et celui de
l’anti-matière. Si l’on arrive à fabriquer de l’anti­
matière, on créera peut-être de la matière avec
des noyaux doubles, l’un positif, l’autre négatif,
au-delà de toutes les tables périodiques. A utour
de ce noyau graviteront des électrons et des
positrons, sur des orbites ne se rencontrant
jamais, comme les fous noirs et les fous blancs
aux échecs.
L’anti-matière perm ettra encore bien d’autres
recherches plus extraordinaires encore.
En 1957, une expérience faite à l’Université de
Columbia par une physicienne chinoise, Mme Wu,
bouleversa le monde scientifique. Elle consistait
1. Sans que l’événem ent ait semblé attirer l’attention de la presse
française, VAssociated Press diffusait le 11 novem bre dernier (singulière
date !) l’inform ation suivante :
« D ix-sept savants, professeurs et militaires américains, groupés sous la
direction de l’am iral en retraite Arleigh Burk, ancien chef des opé­
rations navales, viennent de rédiger un m ém oire sur la stratégie
nucléaire soviétique. Ce mémoire a aussitôt été publié p ar le C entre des
Etudes stratégiques de l’U niversité de G eorgetow n. Interprétant le
contenu de ce texte, les m embres du C entre estim ent que les savants
russes s’efforcent en ce m om ent de parvenir à une découverte dans le
dom aine de l’anti-m atière. » Planète fut violemment attaquée pour avoir
annoncé, en avril 1962, que les Russes poursuivaient activem ent une
telle réalisation, et que tout portait à croire que les prem iers essais
s’étaient soldés par un accident grave. Un des plus ém inents scientifiques
officiels français déclara dans un hebdom adaire, à ce propos, qu’il
n’était et q u ’il ne pouvait être nullem ent question d’envisager la
réalisation d ’une bom be anti-m atière. Russes et Américains affirment
aujourd’hui le contraire, sachant de quoi ils parlent.
2. C ’est ce que le savant anglais Eddington disait de la bombe atomique
en 1938 dans son livre Nouveaux sentiers de la Science (H erm ann, édit.).
3. Voix M odem Nuclear Technology, édité par M ac G raw Hill, page 134.
4. Il existe deux variétés de positronium : l’ortho-positronium et le para­
positronium, de même qu’il y a deux variétés d ’hydrogène, l’ortho et le
para-hydrogène. D ans les deux cas intervient une propriété ésotérique
des électrons, le spin.
Les ouvertures de la science
à geler du cobalt radio-actif. Une fois gelé, le
radio-cobalt aurait dû, théoriquem ent, ém ettre
des électrons dans toutes les directions de façon
symétrique. Or, l’expérience m ontra que les
électrons étaient envoyés de préférence vers le
pôle nord d ’un fort électro-aim ant qui mobilisait
les noyaux. Ce résultat déconcertant montrait
que, conform ém ent à l’idée fantastique de deux
autres Chinois, T.D. Lee et C.N. Yang, la m atière
n’était pas symétrique. A utrem ent dit, les lois
naturelles changent si on se place dans un
univers symétrique au nôtre; les lois naturelles
de l’image de l’univers dans un miroir ne sont
pas les mêmes que dans l’univers lui-même !
C’est une des idées les plus fantastiques qui
aient jamais été émises. Elle revient à dire que la
matière, jusque dans ses plus infimes particules,
et que l’espace lui-même ne sont pas symé­
triques. L’espace, l’espace réel où nous vivons, et
non pas celui des m athém aticiens, serait non
seulem ent non-euclidien mais tordu. Dans
l’univers où nous vivons, dans la réalité quoti­
dienne, non seulement les parallèles se rencon­
treraient, mais encore les objets ne seraient pas
les mêmes lorsqu’ils feraient un voyage dans
l’espace et qu’ils reviendraient à leur point
de départ.
Il est tentant de penser, puisqu’il y a deux variétés
de torsion de l’espace: la droite et la gauche,
que notre matière est tordue à droite et l’anti­
m atière est tordue à gauche.
Le grand physicien russe Lev Landau, prix
Nobel, a montré par le calcul que telle paraît
bien être la réalité: c’est ce qu’il appelle le
principe de la symétrie absolue. Depuis, tous les
physiciens du monde rêvent de fabriquer de
l’anti-radiocobalt et de refaire l’expérience de
Mme Wu. Si les positrons émis par le noyau de
l’anti-radiocobalt sont eux aussi asymétriques,
la théorie de la symétrie absolue est exacte. Des
expériences ont été faites en Hollande avec
des noyaux de m atière normale mais qui ém ettent
des positrons. Ces expériences ont l’air de
m ontrer que Landau a raison. Cependant seule
l’exp érience avec l’a n ti-ra d io c o b alt serait
convaincante.
Pour comprendre l'anti-matière
AUSSI LOIN QUE LA PENSÉE
PEUT ATTEIND RE
Si la théorie de la symétrie absolue est vraie, elle
a des conséquences devant lesquelles l’imagi­
nation la plus échevelée s’arrête. Einstein a
montré qu’on ne peut pas séparer l’espace du
temps. L’espace étant tordu, le temps doit l’être
aussi! Si le principe de la parité, c’est-à-dire celui
de la symétrie de l’espace, s’effondre, le principe
de la symétrie entre le passé et l’avenir s’effondre
aussi. La relativité du temps était jusqu’à présent
une des grandes bases de la physique. En rela­
tivité, le passé d’un observateur était l’avenir de
l’autre, suivant leur position et leur vitesse. Si
cette relativité du passé et de l’avenir est enlevée
au physicien, il en tirera des conséquences extrê­
mement inquiétantes. Si, dans l’univers réel, le
temps est tordu, si, même pour des micro-
particules, l’avenir est différent du passé, si
le temps est composé non pas d ’instants mais
de flèches, toutes dirigées vers le même horizon,
tout au moins dans le même univers, la physique
est à réviser.
Un Russe, Nikolaï Alexandrovitch Kozyrev, a
entrepris cette révision. Ce théoricien est vio­
lemment critiqué par les savants soviétiques
eux-mêmes et je ne suis pas com pétent pour
déclarer s’il s’agit d’un second E instein1. Je le
pense personnellement, mais sans pouvoir le
démontrer. Comme beaucoup de génies purement
intuitifs, Kozyrev cherche à révéler plutôt qu’à
convaincre, et ses démonstrations ne sont pas
rigoureuses2. Il est même un m athématicien du
dimanche, mais avec du génie. Ce n’est d’ailleurs
pas un physicien théorique professionnel, mais un
astronome dont les découvertes sont indis­
cutables. Elles com portent en particulier l’obser­
vation pour la première fois d’aurores boréales
sur Vénus et de jets de gaz enflammé dans le
cratère Alphonse, sur la Lune. Personne ne met
en doute les qualités de Kozyrev en tant qu’astro­
nome. Mais sa nouvelle physique, au-delà
d’Einstein, avec un temps composé de flèches,
1. Voir les inform ations dans Planète N° 7, page 148.
2. Ram anujan et G alois sont d’autres exemples de génie intuitif.
n ’est pas adm ise de fa ç o n g é n é ra le . C e tt e n o u ­
velle ph y siq u e c o n d u it en p a rtic u lie r à a d m e t tr e
q u e la s cien ce p o u r r a un j o u r tire r de l’én erg ie
de l’é c o u l e m e n t du te m p s to u t c o m m e elle tire de
l’é n e rg ie d e l’é c o u le m e n t des rivières. L a th é o r ie
de Kozyrev est aux fron tières m ê m e s de la pensée.
Il fa u d r a de s e x p é rie n c e s de la b o r a to ire avec des
rad ios a n ti-é lém en ts, des n o y a u x radio-a ctifs faits
d ’a n ti-m a tiè re , p o u r la co n firm e r. U n e fois
c o nfirm ée, il fa u d r a d e s esprits d ’u n e a u d a c e
e x tr a o rd in a ire p o u r p a ss e r aux c o n s é q u e n c e s p r a ­
tiques. Si le te m p s est ré e l le m e n t u n e rivière avec
des to urb illo n s, si la d ir e c tio n de son é c o u le m e n t
est m a r q u é e p a r des flèches fixées aux p a rtic u le s
les plus p e tites de la m a tiè re et d e l’an ti-m a tiè re ,
p e u t- ê tr e co n stru ira -t-o n un j o u r des b a rr a g e s JACQUES BERGIER
c a p te u r s d ’én erg ie sur le tem p s? A rrivé à ce point, ET LES PROBLÈMES
il v a u t m ieux s’a rr ê te r. ÉTRANGES EN PHYSIQUE
JACQUES BERG IER.

Jacques Bergier. dont vous avez pu

LIVRES A C O NSU LTER
En m atière de physique, il y a deux
variétés d'ouvrages: les livres pour
les lecteurs ne connaissant pas les
mathém atiques et les livres pour
les lecteurs ayant des notions de
m athém atiques. Ceux de la première
catégorie ne peuvent, comme d'ailleurs
l'article ci-dessus, que donner des
images n'ayant que peu de rapports
avec la réalité. Les livres de la
deuxième catégorie donnent une
vision m eilleure du réel, mais exigent
évidem m ent un effort plus grand.
Dans la première catégorie on peut
recom m ander :
L'U nivers dévoilé, par Charles-Noël
M artin (Pion).
A to m ic Physics Today, par O tto R.
Frisch (Oliver et Boyd, à Edinburgh
et London).
Dans la deuxième, il fau t lire :
Physique théorique, par Théo Kahan
(Presses U niversitaires de France)
et en particulier la page 2 5 8 où
l'auteur explique les effets de pers­
pective dans le monde à quatre
dim ensions. Quand on a com pris cet
exposé, on peut com prendre l'a n ti­
m atière et la sym étrie absolue.
M o dem Physics fo r the Engineer,
livre c o lle c tif sous la direction de
Louis N. Ridenour et édité par Mac
G raw Hill (N ew York).
Mais les événem ents vont tellem ent
vite dans ce dom aine que rien ne peut
rem placer la lecture des périodiques
spécialisés, tels que les com pte-
rendus de l'Académ ie des Sciences
de l’U .R.S.S. et le Physical Review
Letters. édité à New York.
lire ci-dessus l’article sur l’an ti­
matière, est fam ilie r des problèm es
étranges en physique. Il a réalisé en
19 38 la première synthèse du polo­
nium par volatilisation d'un fil de
bism uth dans une atm osphère de deu-
terium . Ce résultat a été retrouvé
par J. Robert Oppenheimer qui a pu
expliquer le mécanisme du phéno­
mène qui. à l'époque, paraissait plu tô t
bizarre. Jacques Bergier fu t le premier
à proposer l'eau lourde pour le ralen­
tissem ent des neutrons et la réali­
sation des réacteurs nucléaires. Il
dirige actuellem ent l'in s titu t français
de D ocum entation scientifique et
technique. C'est sous le patronage
de cet In stitu t que Jacques Bergier
a publié sa grande Encyclopédie des
Sciences et des Techniques qui fa it
le point des connaissances scien­
tifiques. à laquelle ont collaboré
soixante savants de l'Est et de l'Ouest.
Cette liste de savants com porte en
particulier le professeur Léonid Sedov.
directeur de la Recherche astronau­
tique en U.R.S.S., et François le
Lionnais, président des Ecrivains
scientifiques. Jacques Bergier dirige
actuellem ent la grande Encyclopédie
internationale des Sciences en 9 vo­
lumes, intitulée Galileo et publiée à
Florence.

Les o u ve rtu re s de la science 37