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1.

L’objet du Cours sur les Organisations


internationales
Pourquoi un cours sur le « Système des Nation unies
»?
Deux raisons essentielles :

1. L’importance du phénomène d’
« institutionnalisation » des relations internationales.

2. L’importance du Système des Nations unies


particulièrement : d’où vient-t-il ? Comment
fonctionne-t-il ? Que fait-il et à quoi sert-il ?
Malgré sa son caractère récent, le phénomène d’
« institutionnalisation » des relations internationales
touche tous les aspects de la vie internationale :
sécurité, commerce, investissements, environnement,
droits de l’homme, désarmement, santé, mers et
océans, culture, sciences, développement …
Tous ces secteurs des R.I. se trouvent enserrées dans un
réseau de règles, de procédures et d’institutions qui
en assurent la stabilité, l’efficacité et la bonne
gouvernance dans l’intérêt des États et des individus
Les premières Institutions internationales datent de la
fin du 19ème siècle
Mais c’est le 20ème siècle qui va connaître leur essor et
leur épanouissement
Mais c’est surtout au lendemain de la seconde guerre mondiale
que le phénomène d’ « institutionnalisation » de la société
internationale a connu son plein développement et a atteint
sa maturité
En effet, presque toutes les grandes organisations
internationales universelles (et régionales) d’aujourd’hui
constitutives du Système des Nations unies sont nées entre
les années 1945 et 1960
C’est une période faste et exceptionnelle de construction et
d’institutionnalisation avec un effort sans précédent
d’organisation du monde que l’humanité n’a jamais connue
auparavant
Il s’agissait de mettre en place un vaste réseau de coopération
internationale afin de maintenir la paix et la sécurité
mondiales, réaliser le développement économique et social
et proclamer les droits fondamentaux de l’homme
 Pendant plus d’un demi siècle, depuis la fin de la seconde guerre
mondiale, la communauté internationale a été régulée par un
appareil de règles et de traités internationaux, une sorte de toile
d’araignée tissée autour des Nations Unies et des organisations qui
en dépendent.
Cette organisation du monde a permis l’émergence d’un ordre
international doté de normes, d’institutions et de juridictions dans
des différents domaines transnationaux allant de la préservation de
la paix et de la sécurité internationales au trafic aérien en passant
par le commerce, la monnaie, les investissements, le terrorisme, le
blanchiment des capitaux et la promotion des droits de l’homme.
Par conséquent le champ d’intervention du Système des Nations Unies
est extrêmement vaste.
Toutefois, en dépit cette extension à l’infini de ce champ d’intervention,
le Système des N.U. a réussi à mettre en place un réseau complexe
de normes, d’organisations et de procédures de règlement pacifique
des différends jamais entrepris ni réalisé auparavant dans le monde.
Une autre façon de concevoir l’utilité des Institutions
internationales notamment pour les grandes puissances
vient d’être récemment exposée

Il s’agit de la théorie de l’institution internationale conçue


comme source du pouvoir en douceur ou « soft power »
D’aprés cette théorie, les États, notamment les grandes puissances,
peuvent exercer une influence dans les relations internationales avec
le concours des institutions internationales
Dans cette optique les institutions internationales constituent une
source de pouvoir en douceur : le « soft power » par opposition au
pouvoir autoritaire ou « hard power » (la puissance économique ou
militaire)
Le pouvoir en douceur provient de la capacité pour un pays à fixer un
ensemble de règles et d’institutions nécessaires à la réglementation
des domaines qui relèvent de l’activité internationale
Ce pouvoir sera d’autant plus fort que les institutions internationales
véhiculeront la culture et l’idéologie d’un État ou d’un groupe d’États
Ex : USA au lendemain de la seconde guerre mondiale
L’ex URSS avec le camp socialiste entre 1945 et 1989
Les USA sous la présidence Clinton entre 1992 et 2000
Les USA sous la présidence B. Obama
Le « pouvoir institutionnel »

Il provient de :
1. De la création d’ordres économiques internationaux
libéraux et souples
2. De l’élaboration de normes et de règles acceptables par
tous les partenaires
3. La mise en place d’institutions de coopération et de
coordination des activités des États dans les différents
domaines de la vie internationale
Dans ce cas précis, l’Institution internationale devient un
vecteur de la puissance et de l’exercice de l’hégémonie
mondiale
Un bref rappel de l’utilité des Institutions
internationales dans différents secteurs de la vie
internationale permet de s’en rendre facilement
compte
A .On voit mal comment aujourd’hui on puisse évoquer la
mondialisation économique sans parler du GATT de l’OMC, du FMI
ou encore de la Banque mondiale
De 1947 à 1994 le GATT a contribué à réduire les obstacles aux échanges de
manière très significative (réduction des droits de douane de 90% environ
B. On voit mal comment on puisse parler de la paix ou de la sécurité
dans telle ou telle partie du monde sans évoquer l’ONU
Les opérations de maintien de la paix de la 1ère, 2ème et 3ème Génération
C. On voit mal comment peut-on traiter de la question du
développement sans évoquer des institutions comme l’ONU, la
Banque mondiale, la CNUCED, le PNUD ou l’ONUDI…
D. On voit mal comment peut-on proclamer et garantir les Droits de
l’homme ou les Droits humains sans rendre compté du rôle joué
par l’ONU dans les proclamations successives de tous les droits
dont doit jouir l’individu (hommes, femmes,enfants,
handicapés,soldats, travailleurs de par le monde,prisonniers de
guerre ou de droit commun) et la mise en place de multiples
mécanismes de garantie des droits proclamés
Les Institutions internationales sont extrêmement utiles dans
la mesure où elles constituent le cadre adéquat pour des
négociations entre les États en vue de parvenir aux buts
poursuivis
Exemples :
1. Les négociations commerciales internationales à
l’intérieur du GATT et de l’OMC.
2. Les négociations internationales relatives au Droit de la
mer dans le cadre de l’ONU
3. Les négociations internationales relatives à
l’environnement dans le cadre de l’ONU : la CCNUCC
4. Les négociations internationales relatives aux droits
humains
Indications bibliographiques

1. Madeleine GRAWITZ
Méthodes des sciences sociales
Précis Dalloz
10ème édition
1996
Notamment pp : 366-408
(ns : 330-395 avec les références bibliographiques)

2. Marcel MERLE
Sociologie des relations internationales
Dalloz, 4ème édition
Notamment, pp : 359-383
(avec les références bibliographiques citées)
Dans cette perspective, l’étude des Organisations internationales,
universelles( ou régionales), doit tenir compte de la place et du rôle
des États dans leur création et leur fonctionnement, leur réussite ou
leur échec dans la réalisation des objectifs qui leur sont assignés
par leurs fondateurs (et maîtres de leur destinée)
Tout le système reste animé par les représentants des gouvernements
qui ont la qualité pour agir au de ces États
Le Cours tiendra compte de cette réalité géopolitique et son impact à
tous les niveaux du Système des Nations unies
(création, structure, fonctionnement, rôle)
Dans ce cas de figure le Système institutionnel ne sera finalement
que le prolongement de l’action des États dont il reproduira les
rapports de force, les rivalités et les tensions
Il constituera une aide à la diplomatie des États et il constituera un
instrument au service de ces États
Il n’aura ni autonomie ni dynamique propre
La terminologie utilisée trahit cette main mise de l’État sur la
mise en place et la destinée des organisations appelées
« intergouvernementales » (OIG)
Les OIG ne sont pas autre chose que la projection, sur le plan
institutionnel, de la nature de la société internationale
traditionnelle constituée par la juxtaposition d’États
souverains et, théoriquement, égaux en droit.
La Charte de l’ONU proclame qu’elle est fondée sur l’égalité
souveraine de tous ses membres
(on ferme les yeux sur les inégalités de puissance entre les
États)
Chapitre I
La fondation du Système des Nations
unies
Avant de procéder à l’étude approfondie de
l’architecture institutionnelle et le
fonctionnement du système des Nations
unies,
il convient d’abord de rappeler les différentes
étapes qui ont aboutit à sa fondation et à
sa mise en place.
Les étapes qui ont précédé la fondation du
système des Nations unies
Les conférences préparatoires

« L’idéologie des Nations Unies »


(la genèse du système des Nations
unies)
Le point de départ du processus de formation du système des
Nations unies se trouve dans la volonté du président américain
Franklin Delano Roosevelt de mettre en place une Organisation
internationale des Nations unies qui devait gérer les affaires d’un
monde uni
(« One World »).
Joignant le geste à la parole, son secrétaire d’État, Cordell Hull,
décide de réunir, dès le mois de février 1942, un Comité
consultatif, composé d’éminentes personnalités représentatives
des divers secteurs de l’Administration et de toutes les élites
américaines, avec la mission d’élaborer une politique étrangère
de l’après guerre.
L’une des premières conclusions de ce Comité de réflexion a été
d’instituer un nouveau système mondial de sécurité.
Les pays qui débarrasseront le monde de la menace nazie devait en
constituer le noyau.

D’où son nom d’Organisation des Nations Unies.


L’idéologie des Nations unies a précédé la fondation du
système des Nations unies
Cette idéologie a constitué le fondement du système
des Nations unies
Cette idéologie s’est progressivement élaborée dans le
cadre de conférences diplomatiques qui ont précédé
la création officielle de l’Organisation des Nations
Unies en 1945
Cette idéologie des Nations Unies peut être définie de
la manière suivante :

C’est la volonté affichée des États alliés (notamment les États-


Unis, la Grande Bretagne et l’ex URSS notamment)
d’instaurer un ordre international qui sera basé sur l’union
de tous les États et le respect du droit international et de la
Charte des Nations unies qui va être rédigée et
officiellement adoptée en juin 1945 à San Francisco (USA)
Cette idéologie des Nations unies trouve ses origines
dans une série de Conférences diplomatiques
internationales qui se sont tenues entre 1941 et
1945.
Ces conférences ont permis l’adoption, par les États
participants, de documents (Chartes, Déclarations…)
qui ont contribué à la formation du système des
Nations unies
Cette idéologie a un contenu qui s’incarne dans
principes fondamentaux des Nations unies qui sont
en réaction avec ceux de la Société des Nations
(SDN)
Deux questions sont à examiner :

1. Les origines de l’ « idéologie des Nations


Unies »

2. Le contenu de l’ « idéologie des Nations


Unies »
1. Les origines de l’idéologie des Nations
unies
(Les conférences diplomatiques
internationales)
Il s’agit des conférences internationales suivantes :

1. La conférence et la Charte de l’Atlantique


2. La conférence et la Déclaration des Nations Unies
3. La conférence de Moscou
4. La conférence de Téhéran
5. La conférence de Casablanca
6. La conférence de Dumbarton Oaks
7. La conférence de Yalta
8. La conférence de San Francisco
1. La conférence et la Charte de l’Atlantique

La conférence réunit les États-unis et le Royaume uni


Elle se tient le 14 août 1941 dans l’Atlantique à bord d’un navire de
guerre anglais (Prince of Wales)
Les États-unis ne sont pas encore en guerre
C’est le 7 déc. 1941(à la suite de l’attaque de Pearl Harbor) que les
États-unis entrent en guerre à côté des Alliés
Les deux pays adoptent un document sous la forme de Déclaration
dans laquelle ils s’engagent à créer un système international de
sécurité générale fondé sur la renonciation à l’usage de la force
dans les relations internationales
2. La conférence et la Déclaration des Nations Unies

La conférence se tient le 1er janv. 1942 à Washington


Elle réunit les représentants de 26 États alliés en guerre contre les
puissances de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon)
Ils adoptent une Déclaration exprimant leur intention de créer une
Communauté de Nations unies pour « défendre la vie, la liberté,
l’indépendance et la liberté religieuse aussi bien pour conserver
les droits humains et la justice »
C’est à partir de cette Déclaration de principes que différentes
études et plusieurs projets furent entrepris pour mettre au point
un projet d’organisation internationale
Cette Déclaration est importante car elle utilise pour la première
fois l’expression « Nations unies » pour désigner les pays
associés à l’œuvre commune
Cette expression est celle de F.D. Roosevelt
Elle évoque celle d’États-Unis pour évoquer l’idée d’un avenir de
collaboration internationale de plus en plus étroite
Cette Déclaration a été préparée en accord avec l’ex URSS
Elle a été signée par 26 nations
La technique utilisée de la Déclaration à la place de la technique du
traité (d’alliance) permet d’éviter les risques d’un débat au Sénat
Les Nations sont « unies » et non « alliées »
L’engagement pris, en vertu de la Déclaration, n’est pas un traité
C’est un accord international en forme de Déclaration que le Président
des États unis peut constitutionnellement conclure seul en vertu des
pouvoirs qu’il détient comme chef de la diplomatie et des forces
armées
3. La conférence de Moscou

Elle se tient du 1er au 30 octobre 1943


Elle réunit les États unis, le Royaume uni, l’ex URSS et la Chine (en
l’absence de la France)
Au cours de cette conférence, a été adoptée la Déclaration de Moscou
par laquelle les 4 puissances s’engagent à édifier la paix et la
sécurité dans le cadre d’une organisation générale fondée sur une
égale souveraineté de tous les États pacifiques et ouverte à tous
les États grands et petits
4. La conférence de Téhéran

Elle se tient le 1er décembre 1943


Elle réunit les États-unis, le Royaume uni et l’ex URSS
Les trois puissances débattent de la question de l’organisation du
monde de l’après guerre sur la base des principes adoptés dans la
Charte de l’Atlantique de 1941
5. La conférence de Dumbarton Oaks

Elle se tient du 21 août au 7 oct. 1944


C’est la conférence des juristes experts en provenance des États-
unis, du Royaume Uni, de l’ex URSS, de la Chine
Ces experts ont rédigé des propositions sur la nouvelle organisation
internationale connues sous le nom de
« Propositions de Dumbarton Oaks »
Ces Propositions sont rédigées en 12 chapitres portant sur la
création d’une organisation générale
Elles sont reprises dans la version définitive de la Charte des Nations
Unies
6. La conférence de Yalta

Cette conférence se déroule du 3 au 11 fév. 1945 à Yalta (en ex URSS)


Cette conférence est très importante car elle a permis de régler des
questions relatives au fonctionnement de la nouvelle organisation
internationale et plus particulièrement la procédure de vote au
sein du nouveau Conseil de sécurité ( le veto auquel les deux
superpuissances, USA et ex URSS, étaient attachés)
La Déclaration de Yalta décide, en outre, de convoquer une
conférence des Nations Unies qui se réunira le 25 avril 1945 aux
États-unis (à San Francisco)
7. La conférence de San Francisco
Elle commence ses travaux le 25 avril 1945 en pleine guerre mondiale
Elle termine ses travaux le 26 juin 1945 avec la signature de la Charte de
l’Organisation des Nations unies
(la victoire est acquise en Europe le 8 mai 1945 avec la capitulation de
l’Allemagne)
Cette Charte comporte 111 art. avec une Annexe relative au Statut de la Cour
internationale de Justice avec 70 art.
La Charte des Nations unies entre en vigueur le 24 octobre 1945 avec le dépôt
des instruments de ratification des membres permanents du nouveau
Conseil de Sécurité et de la majorité des autres États signataires
(quand elle entre en vigueur la seconde victoire est acquise en Asie avec la
capitulation du Japon du mois d’août 1945 à la suite de l’utilisation par les
États-unis des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki)
Bibliographie : Cot et Pellet « Commentaire de la Charte, article par article »
Édition Economica et Bruylant, 1991.
Une nouvelle Organisation internationale est née avec
l’entrée en vigueur de la Charte constitutive le 24 oct.
1945.
Politiquement cette nouvelle institution internationale était
nécessaire dans la mesure où la Société des Nations qui
avait précédé l’ONU avait manifesté son impuissance et son
efficacité
Il convient, à présent, d’étudier le système des nations unies
créée par la Charte en présentant sa structure, son
fonctionnement, ses missions, ses moyens humains et ses
ressources financières
 Les travaux de la Conférence de San Francisco furent
dominés, du début jusqu’à la fin, par le principe
fondamental selon lequel toute proposition qui revêtirait
un caractère inacceptable aux yeux des Grandes
puissances – futurs membres du Conseil de Sécurité- ne
serait pas adoptée car l’appartenance des Grands à
l’Organisation était considérée comme une nécessité
primordiale.

 Par exemple, s’agissant du Conseil de Sécurité, toutes les


dispositions relatives à la paix et à la sécurité et
notamment celles qui concernent les responsabilités, les
fonctions, les pouvoirs, les membres et la procédure au
sein du Conseil doivent être interprétées et jugées à l’ aune
et à la lumière de ces considérations.
2. Le contenu de l’idéologie des Nations unies

Il se manifeste dans 4 domaines différents :

A. Juridique
B. Politique
C. Économique
D. Militaire
A. Sur le plan juridique

Contrairement à la SDN, l’ONU se veut réaliste et abandonne la règle de


l’égalité absolue des États membres et son corollaire la règle de l’unanimité
Cette règle de l’unanimité permettait à tous les États membres d’empêcher la
Société d’adopter une recommandation ou une mesure qui n’avait pas leur
faveur
Cette absolue égalité de droit était contraire aux conceptions soviétiques et
américaines qui voulaient reconnaître une position particulière aux grandes
puissances
Ils voulaient la création d’un organe restreint doté de pouvoirs forts au sein
duquel les grandes puissances siégeront en permanence
L’idée est la suivante : la direction du monde doit appartenir aux États qui ont
subi le poids de la guerre et qui auraient à le subir, à l’avenir, en cas
d’action collective contre un agresseur
C’est le Conseil de Sécurité composé de 5 États : USA, URSS, GB, France, Chine
Les décisions les plus graves du Conseil exigeront, pour leur validité, un vote
unanime des 5 Grandes puissances
Il en résulte l’admission du droit de veto des 5 Grands admis à la conférence
de Yalta (Fév. 1945)
L’abandon de la règle de l’unanimité à la fois au Conseil de Sécurité
et à l’Assemblée Générale de l’ONU
C’est plutôt la règle de la majorité qui se trouve consacrée par la
Charte des Nations Unies

1. Les mesures prises par l’Assemblée Générales le sont toujours à la


majorité des votants : majorité des 2/3 pour les questions
importantes ei majorité simple ( moitié plus une voix des
votants) pour les autres questions ( Art. 18 alinéas 2 et 3 de la
Charte)
Les questions importantes sont celles que la Charte déclare telles et
celles aussi qui sont déclarées importantes par un vote
simplement majoritaire de l’Assemblée Générale
Sur ce point la Charte s’écarte des principes du Droit international
qui exigent l’unanimité
Ainsi on peut dire que l’activité de l’ONU est totalement dominée par
le principe majoritaire
2. Les mesures prises par le Conseil de Sécurité sont
dominées aussi par le principe majoritaire de 9 voix sur 15

Mais parmi les 9 membres sur 15 de la majorité la Charte exige le


vote affirmatif des 5 membres permanents du Conseil

Autrement dit, les membres permanents détiennent le pouvoir de


dire « non » à une mesure que le Conseil veut adopter notamment
dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité
internationales ( Chapitre VII de la Charte des Nations Unies).
B. Sur le plan politique

L’ONU est la traduction institutionnelle de l’accord politique


existant entre les Grandes puissances qui ont vaincu celles de
l’Axe.

Il en résulte que le bon fonctionnement de cette organisation


restera perpétuellement subordonné au maintien de cet accord.

Cette règle se vérifiera dans les faits lorsque l’ONU sera paralysée
en l’absence de cet accord politique entre les Grandes
puissances notamment les USA et l’URSS pendant la guerre
froide ( par une utilisation du veto) et retrouvera sa vigueur
lorsque l’accord se réalisera à la fin de la guerre froide (1989-
1990-1991)
C. Sur le plan économique, social, culturel et scientifique

L’ONU se veut plus réaliste dans les domaines économiques


qui ont été négligés par la SDN.

La Charte des Nations Unies inaugure une extension de la


coopération internationale dans les domaines économique,
social, technique, sanitaire, commercial, monétaire,
financier…

D’où l’importance accordée aux différentes Institutions


spécialisées et aux Organes subsidiaires de l’Assemblée
Générale et du Conseil de Sécurité.
On peut distinguer 4 domaines d’intervention du
Système des Nations Unies :

1. Le domaine de l’action économique : Banque mondiale (BIRD,


SFI, CIRDI, AID), CNUCED, FAO, GATT (et OMC) FMI…

2. Le domaine de l’action sociale : OIT, OMS, OACI, OMM


(Organisation météorologique mondiale)

3. Le domaine de l’ action scientifique et culturel : UNESCO.

4. Le domaine de l’action juridique et de la promotion du Droit dans


les relations internationales : la CNUDCI.
D. Sur le plan militaire

L’ONU peut prendre des mesures cœrcitives de type militaire contre tout État
qui menace la paix, provoque une rupture de la paix ou commet un acte
d’agression contre un autre État membre des Nations Unies (Art. 39 de la
Charte).

A la conférence de Téhéran en 1943, le président des États-unis, F.D.


Roosevelt avait proposé la création, au sein du Système des Nations Unies,
d’un organe composé des grandes puissances chargé de faire respecter la
paix dans le monde (c’est ce qu’il appelait les 4 policemen).

A la conférence de Dumbarton Oaks (USA) l’accord se réalisa sur la création


d’un Comité d’état-major et la formation d’une force internationale
composée de contingents nationaux mis à la disposition du Conseil de
Sécurité
Les articles 43 à 47 de la Charte des Nations Unies consacrent ces solutions
 Tout l’édifice institutionnel qui va être mis en place à San Francisco, en
1945, repose sur le principe fondamental selon lequel la puissance
militaire doit constituer le critère qui va permettre non seulement de faire
le choix les membres permanents au sein du Conseil de sécurité (à qui est
confiée la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité
internationales) constitués par les « Grandes Puissances » (dans le sens
militaire de l’expression) c’est-à-dire, au fond, celles qui ont apporté une
contribution majeure à la victoire contre les puissances de l’ Axe
( Allemagne, Italie et Japon notamment), et qui devaient, en conséquence,
apporter une autre contribution, non moins importante, au maintien de la
paix et de la sécurité internationales au besoin par l’utilisation de la force
armée dont elles détiennent une part non négligeable.

 Le choix des membres non permanents devant siéger au Conseil de


Sécurité, à côté des 5 Grands, devait également être déterminé par les
ressources et les capacités des Etats candidats à occuper ce poste de
responsabilité : seuls les Etats capables, militairement, de contribuer à
l’œuvre des Nations Unies dans le maintien de la paix peuvent espérer être
élus par l’Assemblée Générale au poste de Membre non permanent .
En vertu de l’Art. 47 de la Charte le Conseil de sécurité est assisté
d’un Comité d’état-major qui constitue l’ébauche d’une force
armée internationale.

Il se compose des chefs d’état-major des membres permanents du Conseil de


sécurité ou de leurs représentants.
Le Comité d’état-major est responsable, sous l’autorité du Conseil de sécurité,
de la direction stratégique de toutes les forces armées mises à sa
disposition par les États membres et notamment les 5 Grandes puissances.
Mais la pratique des « Nations Unies » est restée très en deçà des dispositions
expresses de la Charte des Nations Unies pour plusieurs raisons qui
tiennent notamment à l’existence de traditions militaires différentes et
opposées ce qui empêche la cohérence qu’implique une action militaire.
L’échec de la mise en œuvre de ces dispositions de la Charte a entraîné la
création des Opérations de maintien de la paix (OMP).
L’ ONU a organisé, depuis sa création, diverses opérations de
maintien de la paix
Elles présentent les caractéristiques suivantes :

1. Elles sont non violentes.


2. Elles reposent sur le consentement des parties concernées.
3. Elles ont pour mission de surveiller, d’apaiser et de créer un climat
favorable à la négociation.
4. Elles ne sont pas instituées contre un adversaire.
5. Elles sont placées sous le commandement du Secrétaire Général de l’ONU
agissant sous le mandat du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée
Générale.
6. Elles sont temporaires.
7. Elles sont légèrement armées aux seules fins de légitime défense.
8. Elles n’entrent ni dans le cadre du Chapitre VII qui est destiné à constater
une menace contre la paix, une rupture de la paix ou une agression, ni
dans le Chapitre VI qui est consacré aux procédures de règlement
diplomatique des différends entre États membres des Nations Unies.
L’établissement du Système des
Nations unies
L’établissement du système des nations unies s’est effectué
en 2 étapes :

1. La fondation de l’ONU
2. La fondation des autres éléments du système
1.La fondation de l’Organisation des Nations
unies
La Charte des Nations unies du 26 juin 1945
(entrée en vigueur le 24 oct. 1945)
Les États fondateurs de l’ ONU

Ils sont 50 États : les 5 « Grands » (USA,URSS,GB,Chine,France)


Les autres États qui s’étaient rangés du côté des Alliés
Ils se réunissent à San Francisco (USA) : 2 mois de discussion
(du 25 avril au 26 juin 1945)
Deux mois de discussion ont permis aux représentants des États
présents qui n’ont pas été associés à l’élaboration des propositions
arrêtées dans les conférences précédentes de faire connaître leur point
de vue
Le texte de la Charte est adopté le 26 juin 1945 à l’unanimité
Il a été ratifié le 24 oct. 1945 par les Cinq Grands et par la majorité des
autres États signataires (art. 110 de la Charte)

Une nouvelle organisation est née


La fondation de l’ Organisation des Nations
Unies

Le texte fondateur :

La Charte des Nations Unies et la naissance


de l’Organisation des Nations Unies.
La Charte des Nations Unies présente les 3
caractères fondamentaux suivants :

1. C’est un texte « fondateur » constitutif d’un nouvel ordre


politique et juridique international

2. C’est un texte « énonciateur » de principes et de règles


devant régir les relations internationales
C’est un Code de bonne conduite sociale qui crée des droits
et des obligations réciproques pour les parties
contractantes (c’est un contrat synallagmatique)

3. C’est un texte « créateur » d’une nouvelle institution


internationale : l’ONU
(c’est une Constitution écrite créatrice d’organes politiques
dotés de compétences précises)
I. C’est un acte fondateur d’un nouvel ordre
international

La Charte des Nations Unies marque une rupture fondamentale avec le système
des relations internationales qui prévalait antérieurement.
Dans cette optique on peut dire que les pères fondateurs de l’ ONU voulaient
accomplir un acte fondateur constitutif d’un nouvel ordre international fondé
sur la prévalence du droit sur la force dans les relations entre les États.
Le style comme le contenu de la Charte manifestent l’engagement moral,
introduit dans la norme juridique, de renier les aberrations du passé pour
engager l’avenir sur des bases radicalement nouvelles.
La Charte apparaît ainsi comme un « Livre fondateur » qui fixe la norme
comme objectif vers lequel les États doivent s’efforcer d’aller sans, peut
être, jamais pouvoir l’atteindre totalement.
Cette lecture de la Charte est importante car elle permet de comprendre le
divorce (ou le hiatus) entre la lettre de la Charte et les nombreuses
méconnaissances pratiques dont elle fait l’objet souvent (violations de la
charte par les États).
La célébration solennelle annuelle de l’acte constitutif des Nations
Unies au mois de septembre en ouverture des travaux de
l’Assemblée Générale où tous les États sont représentés sur la
base d’un siège, une voix.

On peut donc affirmer que la Charte n’est pas seulement un acte


juridique énonçant des droits et des obligations pour les États
parties mais un engagement politique fortement marqué
d’idéologie et de religiosité

La Charte présente 2 caractères fondamentaux :


Juridique
et
Politique (idéologique)
Cette double dimension de la Charte se trouve exprimée
dans le préambule de la Charte qui proclame
solennellement :

« Nous, peuples des Nations unies, résolus à préserver les


générations futures du fléau de la guerre qui, deux fois en
l’espace d’une vie humaine, a infligé à l’humanité d’indicibles
souffrances, à proclamer à nouveau notre foi dans les droits
fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la
personne humaine…, à créer les conditions nécessaires au
maintien de la justice…, à pratiquer la tolérance, à vivre en
paix l’un avec l’autre dans un esprit de bon voisinage, à unir
nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales
»
Une lecture attentive de ce texte montre très clairement que tout le système de
la Charte était conçu essentiellement dans l’optique du règlement des
questions liées au maintien de la paix et de la sécurité internationales et à
l’éradication de la guerre auxquelles le monde avait été confronté depuis les
vingt années précédentes (1ère et seconde guerres mondiales)

C’est pour cela que les rédacteurs de la Charte ont cherché à mettre en place le meilleur
système de Gouvernance mondiale possible en s’appuyant sur le précédent de la Société
des Nations tout en s’efforçant de l’améliorer afin de la rendre plus performante.
De toutes les négociations qui ont précédé la mise en place du Système du système sont
nées les Institutions multilatérales qui allaient modeler les Relations politiques et
économiques pendant les six décennies suivantes (de 1945 à aujourd’hui)
A la tête de cet échafaudage institutionnel mondial se trouve l’ Organisation des Nations
Unies avec ses organes principaux (notamment le Conseil de Sécurité et l’Assemblée
Générale), ses organes subsidiaires ainsi que toutes les nombreuses Institutions
multilatérales spécialisées et dont l’ensemble constitue la Famille des Nations Unies.
Cette structure de Gouvernance mondiale, où quelques pays qui dominaient la politique et
l’économie mondiale, est devenue le modèle de l’après guerre.
Les 3 dimensions du Système de Gouvernance
mondiale

Le Système actuel de Gouvernance mondiale actuel


découlant de la Charte repose sur 3 piliers
fondamentaux :

1. Le pilier normatif : les règles de conduite internationale des Etats dans


les relations internationales (une grande partie de ces règles se trouvent
formulées dans le texte de la Charte et dans certaines Résolutions
adoptées dans le cadre de l’ ONU et notamment la Résolution 2625(XXV)
2. Le pilier institutionnel ou organisationnel : le cadre permettant les
négociations entre les Etats afin d’améliorer le système de Gouvernance
3. Le pilier judiciaire : le système des règlement des différends
internationaux avec la création de la Cour Internationale de Justice (CIJ)
qui a succédé à la Cour Permanente de Justice internationale (CPJI)
II. La Charte est un texte « énonciateur » de droits (subjectifs) et
d’obligations juridiques

Notamment celles de l’interdiction du recours à la force pour régler les différends


entre États et l’obligation de règlement pacifique de ces différends soit par les
modes diplomatiques (médiation, négociations, bons offices) soit par les modes
juridictionnels (arbitrage international ou justice internationales : C.I.J)
L’interdiction du recours à la force est proclamée par l’art. 2 § 4 de la Charte des
Nations Unies.
Sur ce plan, la Charte apparaît comme un « Contrat social » si cher aux philosophes
du siècle des Lumières puisque la renonciation de tous (les États) à la force
(exception faite du cas de légitime défense prévue par la charte dans son art. 51)
s’accompagne du transfert de la compétence coercitive entre les mains d’un
organe centralisé, le Conseil de sécurité.
De ce point de vue la Charte tend à normaliser la société internationale (comme
l’idée de contrat social tend à normaliser la société interne) pour triompher de la
justice privée comme le recours anarchique à la force armée.
Pour cela un pouvoir a été institué qui bénéficie seul du monopole de la violence
légitime.
Ce pouvoir est le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Les normes substantielles contenues dans le Charte se
trouvent dans les art. 1 et 2.

Elles sont 8 règles fondamentales :

1. Le maintien de la paix et de la sécurité internationales.


2. L’ interdiction du recours à la force dans les relations internationales.
3. L’ obligation de règlement pacifique des différends internationaux.
4. Le respect de l’égalité souveraine de tous les États membres de l’ ONU et
leur intégrité territoriale.
5. Le respect de l’égalité de droit des peuples et leur droit de disposer d’eux-
mêmes.
6. L’ obligation de coopération dans les domaines économique, social et
culturel.
7. Le respect et la promotion des droits de l’homme et des libertés
fondamentales sans distinction de race, de sexe, de langue et de religion.
8. L’interdiction de l’intervention dans les affaires intérieures des États
membres.
III. La Charte est un texte « créateur » d’une nouvelle
organisation internationale dotées de plusieurs organes
investis de missions précises dans les différents domaines
de la vie internationale

Ces Organes sont les suivants :

L’Assemblée Générale
Le Conseil de sécurité
Le Conseil économique et social
Le Conseil de tutelle
Le Secrétariat général
La Cour internationale de justice
A ces Organes principaux il convient d’ajouter les nombreux
organes
« subsidiaires » crées par les organes principaux afin
d’accomplir une mission particulière dans les domaines de
leur compétence.
Enfin pour couronner cet édifice il convient de citer les
nombreuses institutions spécialisées créées soit au
moment de la fondation de l’ONU soit après.
L’ensemble des ces structures constitue le
Système des Nations Unies
 Références bibliographiques :

1. Marie-Claude Smouts
Les Organisations internationales
Édition
A.C.
2. Charles Zorgbibe
Les Relations internationales
Édition
P.U.F
3. C.A. Colliard et L. Dubuis
Institutions internationales
Dalloz
L’étude du Système des Nations Unies doit aborder les
aspects suivants :

I. Les caractères fondamentaux du système des Nations unies.

II. L’architecture institutionnelle du système des Nations unies.

III. Les moyens (humains, financiers et matériels) du système


des Nations unies.

IV. Les fonctions et les missions du système des Nations unies.


I. Les caractères fondamentaux du système
des Nations Unies
Le système des Nations Unies est fondé sur les
caractères fondamentaux suivants :

1. L’ inter étatisme ou l’inter gouvernementalisme


2. L’ universalisme
3. Le volontarisme
4. Le multilatéralisme
5. La multi fonctionnalisme
I. L’ inter étatisme ou l’inter gouvernementalisme du
Système des Nations Unies

Le Système des Nations Unies consacre la réalité interétatique de la société


internationale.
Il s’inscrit dans le cadre du processus de « Mondialisation » de l’État Nation dont il
constitue la conséquence directe.
Il y a une relation dialectique entre l’inter étatisme qui caractérise les relations
internationales et le Système des Nations Unies.
En effet, d’un bout à l’autre de la planète un seul modèle d’organisation politique a
droit de cité : c’est l’État Nation.
Pour la première fois de l’Histoire, le monde est réellement la Société des Nations qu’il
a prétendu toujours être : le fait a rejoint le droit.
Le Système des Nations Unies a très largement contribué au processus de
« mondialisation » de l’État Nation.
Ce fait interétatique de la communauté internationale rejaillit sur la structure et le
fonctionnement de l’ensemble du Système des Nations
( l’ ONU et tous ses organes et Institutions spécialisées)
En entrant dans le Système des Nations Unies, les États
membres conservent leur indépendance.
Dans son art. 2, al. 1er, la Charte évoque l’expression
traditionnelle de souveraineté :
« L’ Organisation est fondée sur le principe de l’égalité
souveraine de tous ses membres »
Les États demeurent libres de déterminer leur régime politique, social
et économique.
L’indépendance des États membres implique leur égalité dans leurs
rapports respectifs
Mais cette égalité juridique n’exclut pas une participation inégale à
certains Organes des Nations Unies comme le Conseil de Sécurité
notamment.
Mais les États membres s’engagent à poursuivre séparément et
individuellement les buts assignés à l’Organisation des Nations
Unies
Ces « buts » sont définis par le Préambule, par les art. 1er et 55 de la
Charte des Nations Unies.
Les « buts » sont les suivants :

1. Contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationales en


s’abstenant de recourir à la force vis-à-vis des autres États membres (art. 2
§ 4 de la Charte et en procédant au règlement pacifique de ses différends
avec les autres membres du Système
2. Relèvement du niveau de vie de la population (art. 55 de la Charte)
3. Respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés
fondamentales (art. 55 et 56 de la Charte)
4. Contribution à la libéralisation des échanges commerciaux
5. Engagement vis-à-vis du Système des Nations Unies à coopérer en vue
d’atteindre les différents buts politiques, économiques et sociaux que la
Charte lui assigne (art. 55 et 56 de la Charte)
Charte
Admission des États au sein du Système des Nations Unies (ONU)
Conditions et procédure d’admission
La Charte des Nations Unies énumère les conditions requises

1. Il doit s’agir d’un État au sens du Droit international public


(importance des éléments constitutifs : territoire, population et
gouvernement)( importance de la neutralité du droit concernant
chacun de ses éléments)

2. Il doit s’agir d’ un État « pacifique » ou aimant la paix ( peace loving)


: l’ État candidat doit aimer la paix et doit s’engager à contribuer à la
réaliser (sur les plans militaires, financier, humain…)

3. L’ État candidat doit accepter les obligations qui découlent de la


Charte : cette condition résulte de la nature juridique de la Charte
qui est une Convention internationale.

4. Il faut que l’ État candidat soit disposé à remplir ces obligations :


c’est à l’Organisation d’apprécier cette condition par ses organes
compétents : le Conseil de Sécurité (majorité de 9 de ses membres y
compris ses membres permanents) et l’Assemblée Générale (qui
décide à la majorité des 2/3 des membres )
Retrait de l’Organisation des Nations Unies

Le droit pour un État membre de se retirer de l’ONU n’est pas


expressément prévu par la Charte.
Mais il a été reconnu par la Conférence de San Francisco.
D’une manière générale, ce droit appartient aux États membres de
toute organisation internationale dont la charte constitutive
n’interdit pas expressément le retrait.
Dans le cas du Système des Nations Unies, le retrait d’un État
membre est donc possible.
En se retirant l’État reste débiteur des différentes obligations
juridiques prévues par la Charte des nations Unies.
2. L’ universalisme du Système des N.U.
Le Système des Nations Unies s’étend à l’ensemble des peuples de la
planète organisés dans le cadre d’États Nations
La mondialisation de l’État nation et son universalisation ont entraîné
l’universalisation du Système des Nations Unies
En 1945, 50 États avaient signé et ratifié la Charte des Nations Unies
En 2010, 192 États sont membres de l’ONU
Le processus d’ universalisation du Système des Nations Unies a été précipité
par le processus de mondialisation de l’État
L’État a réalisé ce qu’aucune religion n’a réussi conquérir le monde
Au début du 20ème siècle, moins d’1/10 ème de la population mondiale vivait dans
un pays indépendant
Aujourd’hui en 2012 l’ ONU compte 193 États membres et pratiquement tous
les êtres humains vivent sous l’autorité d’un État souverain, indépendant et
reconnu par la communauté internationale
Mais le Système des Nations Unies a également contribué au succès mondial de
l’État de par le monde (dans le cadre de la stratégie de Décolonisation qui a
marqué les activités de l’ ONU dans les années 50 et 60 du siècle dernier)
3. Le volontarisme dans le Système des Nations Unies

L’aspect volontaire est très marqué dans le Système des Nations


Unies notamment en ce qui concerne l’accès et le retrait du
système.
Les États qui désirent faire partie de l’ONU posent leur candidature et
la procédure d’admission fait dépendre l’entrée d’un État de la
volonté de chacun des 5 membres permanents du Conseil de
Sécurité.
Le retrait du Système est également prévu par la Charte des nations
Unies.
4. Le « multilatéralisme » dans le Système des Nations Unies

Le Système des Nations Unies (l’ONU et les Institutions spécialisées qui lui sont rattachées)
fonctionne sur une base «Multilatérale» impliquant la participation de plus de 2 Etats.
Le Multilatéralisme s’oppose au « Bilatéralisme » et aux arrangements particuliers mettant
en relation 2 Etats.
Le mot « Multilatéralisme » apparait après la seconde guerre mondiale pour désigner les
caractéristiques du nouveau système qui va être mis en place au lendemain de la seconde
guerre mondiale notamment dans les domaines du maintien de la paix et de la sécurité
internationales (la sécurité collective) et dans celui de la nouvelle gouvernance
économique et financière.
Progressivement l’adjectif multilatéral s’est transformé en substantif « Multilatéral » ou «
Multilatéralisme » sont entrés dans le langage courant
Ils ont la même signification et visent la coordination de l’action dans les domaines
politiques et économique notamment.
Ils expriment l’aspiration à une organisation des relations internationales fondées sur des
mécanismes amenant chaque Etat à privilégier les rapports avec l’ensemble des Etats
plutôt que les initiatives unilatérales(Unilatéralisme) ou les accords directs d’Etat à Etat.
Les applications du Multilatéralisme : entre le
succès et l’échec

Le maintien de la paix et de la sécurité Le stabilité de l’ordre économique et


inter. financier
L’action collective en cas de menace et de
L’action collective de tous les Etats
rupture de la paix internationale et en
cas d’agression militaire d’un Etat contre
membres du Système des Nations
un autre Etat Unies dans les domaines commercial,
financier et des investissements
Cette action nécessite la participation de
tous les Etats de l’ONU membres ou non Le Multilatéralisme se manifeste dans 3
du Conseil de sécurité domaines différents mais
Elle se manifeste dans les domaines complémentaires :
diplomatique, économique et surtout Le multilatéralisme monétaire : le FMI
militaire (1944)
Sur la base du Chapitre VII de la Charte des Le multilatéralisme financier : la BIRD
Nations Unies (art. 39 et suiv.) (1944)
Le multilatéralisme a été mis en échec Le multilatéralisme commercial : le
sous l’Administration de G.W. Bush GATT et l’OMC (1947 et 1994) sur la
(2000-2008) Le retour au
base de la Clause de la nation la plus
Multilatéralisme avec le Président
favorisée
Obama (2008-2016)
Références bibliographiques
1. Joseph NYE
Le Leadership américain
Quand les règles du jeu changent
Presses universitaires de Nancy (1992)

2. Jean-Jacques ROCHE
Relations internationales
LGDJ, 2005

3. Pierre de SENARCLENS
Mondialisation, souveraineté et relations internationales
Armand Colin, 1998
5. Le « multifonctionnalisme » du Système des N.U.
Le Système des Nations Unies s’étend à plusieurs domaines
d’activités dont notamment :
I. La paix et sécurité internationales.
II. Les droits de l’homme : domaine de prédilection des Nations Unies.
III. Le développement économique, social et culturel des peuples des
États membres ( le rôle du PNUD : Programme des Nations Unies
pour le développement.
IV. La coopération économique internationale dans les domaines
commercial (GATT et OMC), monétaire (FMI)…
V. Le désarmement
VI. La codification et le développement progressif du Droit
international
II. L’architecture institutionnelle du Système
des Nations Unies
Les différents éléments composants le
Système des Nations unies
Le Système des Nations Unies est composé :

1. D’organisations internationales universelles à compétence


générale comme l’ONU.
2. D’organisations internationales universelles à compétence
spéciale les institutions spécialisées ( OIT, OMS, UNESCO,
FAO, OACI…).
3. D’organes intergouvernementaux pléniers composés de
représentants d’États et de Gouvernementaux : Assemblée
Générale ou Conseil de Sécurité de l’ONU.
4. D’organes restreints et intégrés comme les organes
administratifs, judiciaires, militaires, techniques.
5. D’organes subsidiaires crées par les organes principaux
comme l’ Assemblée Générale ou le Conseil de Sécurité.
L’ Organisation internationale universelle à
compétence générale
L’ ONU

(la « maison mère » du Système des Nations


Unies)
En vertu de la Charte fondatrice, l’ONU est composé de
6 Organes principaux ( art. 7 de la Charte) :

1. L’ Assemblée Générale
2. Le Conseil de sécurité
3. Le Conseil économique et social
4. Le Conseil de tutelle
5. La Cour internationale de Justice
6. Le secrétariat
A l’exception du Secrétariat et de la Cour internationale, les autres
organes présentent la caractéristique d’être composés d’ États
membres de l’organisation.
Les représentants de chaque État sont désignés et révoqués
librement par l’ État lui-même.
Ce sont les Gouvernements qui nomment les représentants à l’ ONU.
Cependant rien n’empêcherait un État de décider que ses
représentants à l’ ONU soient élus au suffrage universel par
exemple en leur laissant une totale liberté de décision au sein de
l’Assemblée Générale
Dans ce cas chaque représentant de l’ État à l’ AG serait dans la
même situation qu’un sénateur américain
Mais aucun État n’ a franchi ce pas ( pas d’élection mais nomination
des représentants au sein des Nations Unies)
Les représentants des États participent aux décisions de l’Organe au
sein ils siègent.
1. L’ Assemblée Générale
L’ étude de l’ AG nécessite l’examen des questions
suivantes :

A. La composition, l’organisation et le fonctionnement


B. Le domaine de compétence
C. Les pouvoirs juridiques conférés à l’ AG par la Charte
et leur limite
A. Composition, organisation et fonctionnement de l’
AG.
Aux termes de l’ art. 9 de la Charte, l’ AG reflète, dans sa
composition, le principe d’égalité entre tous les États
membres puisque tous ces États siègent sur un pied
d’égalité : 1 État, 1 siège, 1 voix
quelle que soit
l’ importance de cet État sur les plans géographique,
démographique, économique ou militaire.
Chaque délégation ne comprend, en principe, que 5 membres
avec des suppléants, des experts, des conseillers, des
parlementaires en mission
L’ AG n’est pas un organe permanent : elle se réunit une fois
par an en session ordinaire (en principe le 3ème mardi de
septembre de chaque année)
Cependant, à le demande, soit du Conseil de Sécurité, soit de
la majorité des États membres, elle est convoquée en
session extraordinaire par le Secrétaire général.
L’ AG statue à la majorité simple et pour les questions
importantes à la majorité des 2/3 (deux tiers)
Les questions importantes qui requièrent un vote à la majorité des
2/3 sont les suivantes :
1. Les question relatives au maintien de la paix et de la sécurité
internationales
2. L’élection des membres non permanents du Conseil de sécurité
3. L’élection des membres du Conseil économique et sociale
(ECOSOC)
4. L’admission de nouveaux membres de l’ ONU
5. La suspension des droits et privilèges des membres
6. Le régime de la tutelle
7. Les questions budgétaires
L’ AG vote à la majorité des deux tiers des États présents et votants
(le vote « pour » ou « contre », les « abstentions » ne comptent pas)
L’ AG établit son règlement intérieur.
Elle nomme un Bureau comprenant un Président, élu tous les ans, sur la
base du critère de la répartition géographique équitable, assisté
de 21 vice-présidents élus sur la même base de la répartition
géographique équitable.
Le président de l’ AG prononce l’ouverture et la clôture de la session,
dirige les débats, donne la parole aux orateurs inscrits, assure le
maintien de l’ordre au sein de l’ assemblée.
L’ AG délibère sur les questions inscrites à son ordre du jour dont la liste
est souvent longue et peut comprendre des sujets très divers (paix
et sécurité, désarmement, développement, environnement,
droits de l’homme, coopération économique et sociale…)

L’ AG nomme six Commissions principales


Les 6 Commissions sont les suivantes :

1ère Commission : Questions politiques et de sécurité


2ème Commission : Questions économiques et financières
3ème Commission : Questions sociales, humanitaires et
culturelles
4ème Commission : Questions de décolonisation, de tutelle et
des territoires non autonomes
5ème Commission : Questions administratives et bidgétaires
6ème Commission : Questions juridiqyes
Les textes adoptés par l’ AG des Nations Unies portent le nom
de Résolutions
Sur le plan juridique, il faut faire la distinction entre les
Résolutions qui portent sur le fonctionnement interne de l’ONU et
les Résolutions qui portent sur des affaires politiques,
économiques et sociales.
Les premières Résolutions sont obligatoires pour les États
membres : fixation du barème des contributions budgétaires,
élection de membres dans divers organes restreints nécessaires au
bon fonctionnement de l’organisation.
En revanche les autres Résolutions qui sont adoptées sous le forme de
Déclarations elles n’ont que la valeur de Recommandations qui
ont pour objet la formulation de souhaits, de vœux, des incitations à
agir ou à s’abstenir d’agir sans être obligatoires pour les États
membres de l’ONU.
En vertu de la Charte, l’ AG jouit d’une compétence extrêmement vaste
puisque elle est habilitée de débattre et d’adopter des Résolutions
dans le sens de Recommandations, sur plusieurs questions parmi
lesquelles on peut citer notamment :

1. La coopération dans le domaine politique.


2. Le développement et la codification du Droit international.
3. La coopération internationale dans les domaines économique, social,
culturel, sanitaire, humanitaire.
4. La promotion et le développement des droits de l’homme.
5. Le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
6. L’ examen et l’ étude des rapports annuels du Conseil de sécurité
relatifs aux mesures prises par le Conseil pour maintenir la paix et la
sécurité internationales.
7. L’examen et l’étude des Rapports des autres Organes de l’
Organisation.
8. L’ examen et l’ approbation du budget de l’ Organisation des Nation
Unies
Dans certains domaines l’ AG partage ses compétences
avec le Conseil de sécurité
Il en est ainsi en matière :

1. Admission et exclusion de membres de l’ Organisation.


2. Élection des juges de la Cour internationale de Justice (dans ce
cas le « droit de veto » ne s’exerce pas au sein du Conseil de
sécurité).
3. Élection du Secrétaire général de l’ Organisation.
Les limites aux compétences de l’ AG

1. L’ AG ne doit pas s’immiscer dans les affaires relevant


essentiellement de la compétence nationale des États
conformément aux dispositions de l’art. 2 § 7 de la Charte.
2. Elle doit s’abstenir d’adopter toute Recommandation à propos d’un
différend ou d’une situation dont le Conseil de sécurité est déjà
saisi conformément aux dispositions de l’art. 12 § 2 de la Charte.
3. Elle doit renvoyer au Conseil de sécurité toute question qui
concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales
qui appelle une action car seul le Conseil de sécurité peut décider
d’une action conformément aux dispositions de l’ art. 11 § 2 de la
Charte.
2. Le Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité a reçu « la responsabilité principale du
maintien de la paix et de la sécurité internationales »
Dans ce domaine le Conseil de sécurité agit au nom de tous les
membres de l’ Organisation des Nations Unies.
(art. 24 de la Charte)
Il est le bras séculier de l’ Organisation.
L’ existence et l’ efficacité de l’ organisation reposent sur lui.
Il convient d’ étudier

1. La composition
2. Le fonctionnement
3. Les compétences

du Conseil de Sécurité
1. La composition du Conseil de sécurité
La composition du Conseil de Sécurité reflète le caractère de sa tâche.
5 membres permanents représentent les principales puissances.
Leur accord unanime est nécessaire pour permettre au Conseil de
fonctionner normalement et utilement.
Les membres permanents sont : la République populaire de Chine (la
RPC), la France, la Fédération de Russie, le Royaume Uni de Grande
Bretagne et d’Irlande du Nord et les États-unis d’ Amérique.
A ces 5 membres, s’ajoutent 10 autres États membres non
permanents élus pour 2 ans par l’ Assemblée Générale.
Le critère de la répartition géographique équitable donne
3 sièges au groupe africain
2 sièges au groupe latino américain
2 sièges au groupe asiatique
2 sièges au groupe de l’Europe occidentale
1 siège au groupe ex socialiste
2. Le fonctionnement du Conseil de sécurité
A la différence de l’ Assemblée Générale le Conseil de sécurité peut se réunir
à tout moment de l’année compte tenu du fait qu’il assume la
responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité
internationale
Il se réunit sur la convocation de son président.

En vertu de l’art. 27 de la Charte de l’ ONU, chaque État membre dispose d’ 1


voix, que les décisions sur les questions de procédure sont prises par un
vote affirmatif de 9 membres, c’est-à-dire une voix de plus que la majorité
simple et que les décisions sur toutes autres questions (autres que de
procédure) sont prises par un vote affirmatif de 9 membres dans lequel(le
vote affirmatif) sont comprises les voix de tous les membres permanents.
Le « veto » a été voulu par les Grandes puissances notamment les États-unis
qui y voyaient un progrès par rapport à la SDN où la règle de l’unanimité
était de mise et surtout ils y voyaient la justification des responsabilités
primordiales que les grandes puissances doivent assumer dans les
relations internationales.
Le « veto » est donc un atteinte au principe de l’ égalité des États
membres des Nations Unies proclamé par la Charte dans son art.
2, I, qui proclame que
« L’ Organisation des Nations Unies est fondée sur le principe
de l’égalité souveraine de tous ses membres »
Cette atteinte à un principe fondamental est de plus en plus mal
supportée par plusieurs États sans que les diverses propositions
envisagées pour y remédier aient pu aboutir en raison précisément
du veto dans la mesure que sa suppression impliquerait une
révision de la Charte qui n’est possible qu’avec l’accord des
membres permanents
En effet, l’art. 109 de la Charte précise que « Toute modification à la
présente Charte… prendra effet lorsqu’ elle aura été ratifiée… par
les 2/3 des membres des Nations Unies y compris tous les
membres permanents du Conseil de sécurité »
3. Les compétences du Conseil de sécurité
Trois principales compétences du Conseil de sécurité peuvent être
envisagées

1. Les compétences en matière de règlement pacifique des


différends : il doit favoriser ce règlement par des
recommandations incitant les parties à recourir soit à la
négociation, l’enquête, la médiation, la conciliation, l’arbitrage,
le règlement judiciaire ( la CIJ).
2. Les compétences relatives au maintien de la paix et de la
sécurité internationales
3. Les compétences qu’il exerce conjointement avec l’ Assemblée
Générale : admission et exclusion de membres de l’
Organisation, élection du Secrétaire Général des Nations Unies,
élection des juges à la Cour internationale de Justice ( CIJ)
En vertu de l’art. 39 de la Charte de l’ ONU
C’est le Conseil de sécurité qui constate l’existence d’une menace
contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression
et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront
prises afin de faire face à ces situations.
Les mesures qu’il peut décider dans ces 3 cas sont de deux types :
1. Les mesures non cœrcitives : interruption des relations
économiques et des communications ferroviaires, maritimes,
aériennes, postales… et rupture des relations diplomatiques avec
l’ État responsable de la menace contre la paix ou de la rupture
de la paix ou bien d’ un acte d’agression.
2. Les mesures coercitives par le recours à la force armée
(aérienne, navale et terrestre) : dans ce cas tous les membres
des Nations Unies s’engagent à mettre à la disposition du
Conseil de sécurité les forces armées, l’assistance et les facilités
En vertu de l’art. 49 de la Charte les membres des Nations Unies s’associent
pour se prêter mutuellement assistance dans l’exécution des mesures
arrêtées par le Conseil de sécurité.

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