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‘Le 18 septembre 1965, le pape Paul VI nommait M. Pellegrino & larchevéche ‘de Turin, le age de stint Maxime. Dés le I octobre suivant, le nouvel archevéque feisait sa Concile Vatican TI une intervention remarquée, pour insister sur Timportance. d Ia recherche historique dans l'eessor de la culture» et sur Tnispensable liberté de la recherche, tant pour les cleres que pour les Ics (texte rant dans La Documentation Catholique, £1, 1965, n°1460, col. 2101-2104). Les ya ‘amendements qu'il proposait ont été adoptés dans le texte définitif de la Constitution Lumen Gentium (§ 57 et 62). Le 26 octobre il clotarit les débats du Concile par un pressént appel au soutien du travail intllectuel dans VEglise (La Documentation Catholique, 48, 1966, 2° 1465, col. 343-345). ” Revue des Etudes Augustiniennes 32 (1986) 207-231 3 L'historicité des Dialogues cardial Te 21 mai 1967, M Pellegrino fut un pastear mes selon cour de Cassiciacum see rem du pot peuple comme du clegé,s'tiaquant vigoureuement CALLE, Prete ot A ocales du dioctse difficile quil avait en charge. La aux mishreg moras savattpourtantquil ne Tava mullement abandon. Le seaie 196s cegbait a Steenbrugge la publication du 50® volume du Corpus Christianorum (le De Trinitate d'Augustin), par une conférence intitulée : «Saint en eneril gating Tented sa vie». Ses bombreux disciples ets ams I Again a tin beats volume de Mélanges: Forma fut, Studi in nore dl often or cies Pellegrin, Ton, Boitega @Erasme, 1142. ; een 1982, un Cardinale Mile ro een Ricerche patrstche (1938-1980), Prefaione & eeaet Conia, Torino, Botzga dEasmo, 2 volumes, 703 e742 p. 386 - 1986 (On poura bent, a suite du sezitme centenaire de Ag ’ seiaitme centenie de la conversion August fer le center dela controverse sur ete conversion. Ces, en ee, en 1888 Es pret es wav tres de Adolf von Hama, Aupuins Confessiones ! jaston Boissier, La conversion de saint Augustin ®. I sient lie [emma des Dintopues do Cassia eds Conesins. Le cardinal Pellegrino honorait de son amitié Institut 4Etudes Augus- siniennes, Lom: da Congres Augustinien de 1954, il avait bien voulu se charger dy cert sarle problsme des sources: Augustinus Magister, ML, p. SI- 63; i futdes Tiubvier colltborateurs de la Revue des Etudes Augustiniennes (2, 1956, 1195-229) ; 5, 199, p. 439-446 ; 9, 1963, p. 103-110; 9, 1963, p. 217-220 ; 10, 1964,3 155.44) ef das Recherches Augustintennes (I, 1958, p- 317-355 5 3, 1965, p 179-206). Nous gardons de Iui le souvenir éma d'un chercheur et dun pasteur, dont la simplicté et la générosité égalaient Ia noblesse de intelligence. la fin de 8 | Dix ans apts, Jules Martin décrivat la mentalité du convert de Mi : sivait a mentalté du converi de Milan, av lent et sérénité, en prenant nettement position contre G. Boissier : ee : eee si ae ee ei en eo So ei dpa cates errata Ca ams aaeee aE ies Cats ee epee acme sae i ua or ip toe sata tn apn lege le ene tte Pe lee of xo lg Tih ue Pane go Vest Cup et, sepia rend simples o éndrosi feat ceo De cute Det DK 19), Bene See a oo emg bas ert ee conferees de Senate oe Jove de sa vie spinel eset ee ee kas Catan Come ee ru Aree pet Tayonnement «Quam ob rem otium sanctum quaeritcaritas ueritats ; negotium: fae’ 2 ail Sot oe va usu suscipit necessitas caritatis ; quam sarcinam si nullus imponit, percipiendae tque intuendse vacandum est uertati; si autem imponitur, suscipienda est prop: sng end uacndun Ut ert coat desreds eS Subtrahatur illasuauitas et opprimat ista necessitas». le point de vue «critiques : platonisme qu'(Augustin) stest 1. Repris dans Reden und Auftize, «1, Giessen, 1904 2 Revue der dots mondes, Spas ans Ld fin psa 505 3-0 reps ans Lf cd pogo, 11 Pass 19), ‘MARTIN, «Saint Augustin A Cassciacom. Veille et rug Cai et lendemain dn conversion», Annales jer 3198 5-164. 108 patos Lev cs toe ‘ohtion ieee dose Aagusi: Pas 918, p38 208 GOULVEN MADEC “Alfred Loisy Tui répliquait avec acribie nen creer hiptece soi et ete Dormer Wes Cassius et deny no-one 25 glee is We ce ieee rein rater ctor SS ede cr See elatienan EL ese es eee eee nes i a ee ae premigres @uvres d/Augustin et étre prises en compte dans le probléme de leur 1. —BTATDELA QUESTION pt ide mp sme se an ul i oe te adurserting gen rns ta ‘cum, fin 386 ®? Les huit conversations du Contra academicos ’, Jes trois du De feata uita®, Jes quatre du De ordine ?, ontelles eu lieu réellement,telles quelles, i ame ee notes sur des controverses quil venait de soutenir. En effet, les interlocuteurs de 25 Dialogues étaient effectivement présents 4 Cassiciacum et se livraient aux exercices qui y sont décrts» Partisans et adversaires de Vhistoriité des Dialogues sorienteraient en somme ers une sorte de bon désaccord, circonscrit par des concessions mutuelles. En ‘éfintive, on aurat le choix entre deux formules : ou bien, les Dialogues sont historiques tout en contenant des éléments fictifs ; ou bien ils sont fictfS tout en fontenant des éléments historiques ; et Foption en faveur de Tune ou de l'autre serait 1m peu futile. Cest peut-éire vai dans lordre des généraltés ; mais les difficulés risquent de resurgir entires dans étude détaillée des Dialogues. On peut imaginer que Taccord se fasse sur les épisodes historigues et les épisodesfictfé ;mais ily a ‘quantté autres éléments dont le sens est modifié, suivant quils servent dargu- 15. E, BJ. Postma, Augustinus, De beata wita, Diss, Amsterdam, 1946, p. 30-40 ex Dialogen “ised 5 16... MEVLENBRECK, «The historical character of Augusite'sCassciacum Dialogues», “Mnemosyne, 13, 1947, 203.209. “Las vovages de saint Augustin Pass, 1963, p. 179-196: «Casicigcums, 18. Saint Augustin Liaventure de la raison et dela prdce, Pris, 1968, p. 130-131. Voici asst Itvis de H. HAGENDAHL + «Man hat 2a Unsecht bezweifet, df es sich om tateicliche, ber die Dialoge bilden ach bei weitem nicht bole foasprowokoie. Ste snd von Grong aut kieraische’ Warke Augustine, von seinen lrungswillenbeherscht und von Ciceros Horensius und Academica stk beauty (-Die “Bedeutung der Stenographic fr ce spalaeinscheehisiche Lieratar, Jahrbuch fr Antitsund ya IW p aes ecraltcela p99, 19. dane Vigiie cirtsianae, 5195159. 103. 20.1.1. OMEARA, La jeunesse de tint Augustin, Pais, 1958, p. 254 (= The young sp 198). Dans Viger 7 nt ane lt sted by al tha te Dione ot Esau ante vd They seo seme een any tte red aes ie fost he lnuracuon wer sch ai iy sc spente oe aa eine tnqusoon wee yin Casscieam, engaged in exercices such sre deverbed inthe Dialogues, 210 \GOULVEN MADEC le problime de Mistoricite ‘ments pour ou contre Vhistoricté. Autrement it, iil me para utile engage Tinterprétation globale des Dialogues. Crest pourquoi CTenreprenae la clarification du probldme a discrimination des arguments ete Giscomement des intentions qui animaient Augustin dans les activités intelectueles et lttéraires de Cassiciacum, — CLARIFICATION DU PROBLEME Du point de vue de In conversion et de T'tinéraire imtellectuel Augustin, rinteét capital des Dialogues tient au fait quils ont é écrit & la fin de Vannée 386, {quelques mois apres les 6vénements décisifs racontés, une dizaine ou une dowzaine ‘Fennées pls tard, dans les livres VIL et VIII des Confessions: la lecture des Libr >platonicorum, la réflexion sur la personne du Christ médiateu, la sobne du jardin Peeicelsion de recevoir le baptéme. A ce titre ils fourissent un témoignage direct wictétat desprit & Augustin, ses pensées et ses convictions, au moment oul vivaita Cassiciacum ; et cela, quils soient fictifs ou historiques, puisque, en tout état de Car ils ont été éerits 2 cette Epoque. Comme ceuvres linéraires composées fin 386; {es Dialogues sont donc des documents doctrinaux. Is se présentent aussi comme Jes documents narratifs, apportant des entretiens d'Augustin et de ses proches. I ‘Gapit de savoir il faut se fier aux déclarations d/Augustin sur ce second point Le problbme se fixe sur]a comparaison des Dialogues avec le gente litéraie du Degas gu ls carters de Cason Dilute slg eile Chg. Ais Bouman non dg sn een pp ah? Sap inn tam gn nen ie eo ae infpemen opti a anne emma Céxait aussi avis de Georges de Plinval = “aavee stint Angusta se produit un renouvellementremarguable de I tecbrique du dio an ta oar Teutentits presque itera du débst Ce nes pis un éxivain, a Pane erat ies phases dune controverse atificielle; «est un professeur, passion oi or cher dees ul gatvanisant parson autor et son enthousiasne que inelleenui ov reses A Teneseice dialogue: Quend lear enralnement est point 3 fi rec varous changes Gidées, Qoelles que sient ls retooches de style ot de fond quia seoorPis ic Teaition on le sentiment dun dialogue vel, quia gard 1s savcur del Pree Orecae,dune raleutgue expenmentale aver ses vigissitides psychololguss et ontngences, surprises et inciden's qui font rebonds Tenge» Ji ne croient pas & Uhistoriité fonciére des Dialog ce nlest servilement, a cen termes clairs ‘Au contraire, ceux qq ‘estiment gu'Augustin s'est conformé fidelement, Conventions dun genre litérare. J.J. O'Meara le dit 21, D. OMLMAN, op. cit p. 14; ct par J.J. OMEARA. Vig, chris. 155. 22.6, SE PLINVAL,oLa tosinigue du dialogue chez s, Abgusti ets, rome, Actes di conus abla aeration imernaionale des asociations d'édesclssiqes, Pass, 1951, p20 LNISTORICITE DES DIALOGUES 21 pi sr al hn ror it tn a se RS eae acm hi canes a sero to Pet Sie ec gh me BS Sy tk Degen rise ay ar ae RL ‘moreover, a dialogue approaches the traditional type, the more conscious, it may not unreasonably Tope Se ae corel tt pe ae peli teers inten enor" One Sra fn broad outline and also in wugustne’s early dialogues conform conscious reteset Se fever cay ues cote emer ee ‘We'cdaoe place confidence ia any cag ade inthe works themelves unless thee is extisic Soon amas? Les guantesdatbeniié qu Angst a rps dan set os Dialogue, es ‘mentions Gi sestetaie, d sylet et des tablets, es instaoes @ Augustin pour que wis dsclanion st suepesierlament tout ai oven e saentons | du genre et serait partantfrappé de suspicion. Le meilleur argument des partisans de _historicité serait ainsi radicalement infirmé. Gmc pneie pt ie ane do pn ere See ponte napa la oe ug ‘et Alypius et par les jeunes gens» *, On aussi relever 4 ce propos ge ae fo ois cee “dial de dialogue» 5. Augustin et ses amis, en effet, se travent enfin dans le lieu et Caer eats 4 Yotium philosophique*®. Augustin poursuit la ation littéraire des jeunes de son entc ze 77; il initie Licentius et tius ae Ce Gog Ste poet rces en organisant des entretiens philosophiques *. N'est-il pas normal qu'il Eisen saree cero por Somyercaascvne neta Se abe aca ‘Lhypothise semble raisonnable ; mais estelle vérifisble ? Un adversaire de joricité objecterait peut-#tre que nous ne disposons, pour cela, que des données Bo cpa re rr pn nn in Ba aa ese ere ee po pres Wa tetany aac me Soman, Ber Dy et dao Bet eeu ren rome ge und Untersuchungen, vol. 96, Berlin, 1966, p. 136-137. . [oegonie orca cade eps cm Horna ber Cee iam os ox magna ‘widereture jf. II, 4, 7. iar

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